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ICConline - 2025

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Ça suffit ! Face aux attaques, développons un mouvement massif, uni et solidaire

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Les cartes sont sur la table : les gouvernements fédéral et régionaux veulent imposer des dizaines de milliards d’économies chacun dans le cadre de leurs compétences respectives afin de rendre l’économie belge plus compétitive et plus rentable. Tous les secteurs de la classe ouvrière seront fortement touchés par ce large programme d’austérité.

Alors que les travailleurs des entreprises privées sont licenciés en masse, l’indexation automatique des salaires et des allocations continue d’être contestée, les primes pour les heures supplémentaires et le travail de nuit diminuées, la flexibilité du travail augmentée, le droit aux allocations de chômage restreint, des coupes sombres opérées dans les pensions et l’assurance maladie, le nombre total de fonctionnaires réduit, la titularisation du personnel enseignant mise en péril, etc.

Et ce alors que les conditions de travail deviennent partout de plus en plus insupportables : sous-emploi, accélération des cadences, effacement de la frontière entre vie professionnelle et vie privée, augmentation des prix due à l’inflation, réduction de toutes sortes de subventions, catastrophes environnementales croissantes, dépression, burn-out. Ça suffit !

Refusons de payer pour la crise du capitalisme

Le gouvernement affirme qu’il n’y a pas le choix. Dans la logique de chaque classe dirigeante en effet, il faut accroître la compétitivité pour faire face à la baisse de la croissance économique et à la guerre commerciale accentuées par les politiques économiques protectionnistes de Trump, mais aussi par le coût croissant des dépenses militaires liées aux tensions et guerres impérialistes. Dans tous les pays, les classes dirigeantes tentent de répercuter sur les travailleurs les conséquences de “leur” crise de surproduction, c’est-à-dire des biens qu’ils ne peuvent plus vendre avec un profit suffisant sur les marchés disponibles. Le travail doit coûter moins cher. Une fois de plus, ce qui est au centre des préoccupations n’est pas le bien-être ou les besoins des travailleurs , mais la vente rentable de biens et de services. Refusons cette logique délétère et suicidaire de la bourgeoisie.

Nous ne sommes pas seul à réagir ! En 2022-23, en Grande-Bretagne, des dizaines de milliers de travailleurs d’entreprises de secteurs différents, ont développé leurs luttes pendant près d’un an. En 2023, en France, les travailleurs ont participé en masse à 14 “journées d’action” contre les attaques sur les retraites du gouvernement. En Belgique même, dès les premières « fuites » concernant les mesures envisagées, la force et le dynamisme des mobilisations lors de la manif intersectorielle du 13 janvier ou de la manif des enseignants du 27 janvier se sont concrétisés par une participation massive de plus de 30.000 manifestants, bien plus que ce qui était “attendu” ou plutôt “espéré” par les syndicats. Des manifestants se sont rassemblés à Bruxelles en provenance de toutes les régions et le mouvement s’est étendu à d’autres secteurs que l’éducation et le rail, au mépris de l’intention initiale des syndicats. La mobilisation a ainsi montré que le mécontentement va au-delà d’une mesure particulière ou d’une “réforme” spécifique : elle exprime la volonté de résister aux intentions du patronat et du gouvernement de faire payer la classe ouvrière pour la crise.

Ça suffit ! Refusons de subir passivement cette avalanche d’attaques contre nos conditions de vie. Notre première victoire, c’est la lutte elle-même. Mais pour contrer véritablement ces attaques, nous devons mener la bataille le plus largement possible de manière unitaire, au delà de l’entreprise, du secteur ou de la région dans lesquels nous travaillons. Tous les travailleurs sont “dans le même bateau. Tous ces groupes ne sont pas des mouvements séparés mais un groupe collectif : ouvriers et employés, syndiqués et non-syndiqués, immigrés et autochtones”, comme l’a dit un enseignant en grève à Los Angeles en mars 2023.

Notre force réside dans l’unification des luttes dans un seul et même mouvement

Contre toute manœuvre et division

La bourgeoisie n’a que trop bien compris que ses plans provoqueraient des réactions dans de larges parties de la classe. C’est principalement aux syndicats qu’il incombe d’encadrer et de détourner cette résistance attendue. Ils ont vu l’inquiétude et le mécontentement des travailleurs grandir de semaine en semaine et occupent préventivement le terrain afin d’empêcher le mécontentement de se manifester par des actions “incontrôlées”.

Des tactiques éprouvées sont à nouveau utilisées : isoler et diviser les différents secteurs alors que les mesures touchent tout le monde ! Une manifestation uniquement pour le personnel de la santé et de l’aide sociale en novembre; puis le 13 décembre une journée d’action en protestation contre les “mesures d’austérités Européennes”. Pour la journée d’action du 13 janvier, seule une grève contre la “réforme des pensions” a été annoncée dans les chemins de fer. Ce n’est que bien plus tard, sous la pression sociale, que les syndicats ont décidé que l’enseignement y participerait également et plus tard,  d’autres secteurs, s’y sont joints. En Wallonie, les syndicats ont organisé de leur côté des journées de grève séparées pour les enseignants de la communauté française les 27 et 28 janvier, évitant ainsi une participation massive de leur part à Bruxelles le 13 janvier. La manifestation du 13 février porte pour sa part sur la “défense du service public”, comme si les travailleurs du secteur privé ou les chômeurs ne devaient pas être défendus ! Bref, l’objectif est de planifier une série de journées d’action sans avenir, comme ils l’ont fait en France, ou en essayant à chaque fois de limiter les mobilisations en les concentrant sur certains secteurs, comme ils l’ont fait en Grande-Bretagne, ou sur des aspects particuliers des plans d’austérité, pour finalement épuiser la volonté de se battre et ouvrir la voie à des concessions de grande envergure envers les mesures d’austérité sous l’argumentation fallacieuse « que les sacrifices sont inévitables, à condition qu’ils soient justement répartis ».

Pour éviter les pièges tendus par les syndicats, ces saboteurs des luttes au service des classes dirigeantes et pour développer la riposte, être nombreux est important mais ne suffit pas : il faut aussi prendre nos luttes en main. Pour ce faire, il faut:

- créer des lieux de discussions et de décisions, tels que des assemblées générales souveraines et ouvertes à tous et s’unir derrière des revendications unificatrices;

- surmonter les divisions régionales, celles entre les travailleurs du secteur public et ceux du secteur privé et les chômeurs;

- contrer chaque tendance au saucissonnage des luttes, en envoyant des délégations massives vers d’autres travailleurs pour qu’ils rejoignent la lutte ;

 - refuser de payer pour la crise et les guerres du capitalisme.

C’est cette dynamique de solidarité, d’expansion et d’unité qui a toujours ébranlé la bourgeoisie au cours de l’histoire.

Courant Communiste International

10.02.2025

Venez en discuter lors la réunion publique le samedi  1er mars à Bruxelles: rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles de 14h à 18h

Vie du CCI: 

  • Interventions [2]

Situations territoriales: 

  • Lutte de classe en Belgique [3]

Récent et en cours: 

  • Belgique [4]
  • Coupes budgétaires 2025 [5]
  • Plans d'épargnes 2025 [6]
  • Gouvernement De Wever I [7]

Rubrique: 

Tract sur les luttes en Belgique

ICConline - janvier 2025

  • 35 lectures

L’élection de Trump va accélérer la décomposition du capitalisme

  • 240 lectures

Samedi 25 janvier, de 15h à 18h (heure française)

L’élection de Trump est un produit clair de la décomposition progressive de la société capitaliste, mais elle sera également un facteur actif de l’accélération de ce processus, apportant avec elle des conflits plus aigus au sein de la bourgeoisie américaine, des tensions impérialistes accrues, un nouveau plongeon dans la crise économique et une nouvelle preuve de l’incapacité du capitalisme à faire face à la crise environnementale.

Par-dessus tout, elle annonce de nouvelles attaques brutales contre la classe ouvrière internationale :

  • au niveau économique, par la montée de l’inflation et du chômage

  • Au niveau politique, à la fois par les divisions engendrées par le populisme et par les campagnes pour la « démocratie » contre la menace de l’extrême droite.

La discussion visera donc à approfondir la compréhension des perspectives concrètes pour le capitalisme et la classe ouvrière dans la période à venir.

Le CCI donne ainsi suite à la réunion publique internationale en ligne qu’elle a organisée en novembre (voir : « Un débat international pour comprendre la situation mondiale et préparer l’avenir [8] ») avec une deuxième réunion sur la signification de la victoire de Trump. Le format sera le même que celui de la réunion d’octobre, avec des traductions en anglais, français et espagnol.

Si vous souhaitez participer, écrivez-nous à [email protected] [9]

Des rassemblements physiques sont également prévus à :

- Paris au CICP, 21ter rue Voltaire (métro « rue des boulets »)

- Lyon (Villeurbanne), au CCO La Rayonne, Salle les jeunes ouvrières, 28 rue Alfred de Musset, (Métro A. Arrêt  Vaulx-en-Velin la Soie)

- Marseille, local Mille Bâbords, 61 Rue Consolat (métro « Réformés »)

- Nantes, Salle des Hauts Pavés (salle C), 42 rue des Hauts Pavés (Accès par le tramway : ligne 3, direction Marcel Paul, arrêt Viarme-Talensac)

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]

Rubrique: 

Réunion publique internationale du CCI (en ligne et dans plusieurs villes)

Ni populisme, ni démocratie bourgeoise … La seule véritable alternative c’est le développement mondial de la lutte de classe contre toutes les fractions de la bourgeoisie

  • 187 lectures

Trump est de retour à la tête de l’Etat américain, quatre ans après sa défaite électorale face à Biden. Cela représente un échec cuisant pour la bourgeoisie américaine qui intervient malgré tous les efforts déployés depuis 2020 par une partie de celle-ci pour isoler Trump et son camp, avec l’implication de l’administration Biden, du parti démocrate, d’une partie du parti républicain, d’une partie de l’intelligentsia américaine. En fait, la récente victoire électorale contre Harris, encore plus nette que la précédente contre H. Clinton en 2016, n’a rien de fortuit mais est typiquement le produit de la décomposition de la société capitaliste, dont le Trumpisme est un rejeton. Trump ayant déjà clairement démontré son pouvoir de nuisance à la tête de l’Etat lors de son premier mandat et son irresponsabilité délirante lors de l’assaut du capitole qu’il a encouragé face à l’élection de Biden, tout cela illustre l’impasse dans laquelle se trouvent le capitalisme américain et sa bourgeoisie, incapables de juguler, durant les 4 ans du mandat de Biden, l’emprise du populisme. Si bien que celle-ci s’est encore accrue, avec pour effet un Trump2 encore plus délirant que Trump1.

Le programme du populisme, une abomination et une aberration sociale et économique

Le programme de Trump exprime une radicalisation aberrante du populisme, notamment à travers ses promesses électorales les plus délirantes du point de vue même de la gestion du capital national : Expulsion par l’armée de millions d’émigrants illégaux ; licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires, dont en particulier ceux qui, dans l’accomplissement de leur fonction, avaient été amenés à se positionner contre Trump, notamment pour son rôle dans l’assaut du Capitole suite à l’élection de Biden.

Pour renouveler l’administration, Trump procède à une sélection des candidats aux postes clés à la tête des ministères et agences stratégiques au moyen de deux critères déterminants mais ne prenant pas en compte la compétence des candidats : «être un fidèle de Trump» et «s’engager dans l’offensive contre l’État fédéral». Parmi les propositions de Trump, la plus stratégique -puisque concernant la tête du Pentagone- et emblématique de la «rupture radicale» promise lors de sa campagne électorale, figure un ancien militaire (Pete Hegseth, très loin de faire l’unanimité dans le camp républicain) et présentateur de Fox News qui, de surcroît, fait l’objet d’accusations d’agression sexuelle et de consommation excessive d’alcool. Cette méthode qui garantit la plus grande incompétence aux postes stratégiques pour la défense des intérêts du capital américain est un très bon indicateur de là vers où Trump2 emmène l’Amérique.

Une fois encore se trouve vérifié ce fait que la politique des populistes, lorsqu’elle n’est pas encadrée à la tête de l’État par d’autres fractions de la bourgeoisie, plus responsables dans la gestion du capital national, s’est toujours avérée préjudiciable aux intérêts de celui-ci. C’est ce qu’avait illustré, par exemple, la gestion désastreuse de la crise du Covid par Trump aux États-Unis, par Bolsonaro au Brésil. Et que peut-il sortir du Tandem Trump/Musk au sommet de l’État américain? Tous deux partagent sans nul doute les valeurs les plus immondes du populisme, de même qu’ils sont profondément en accord sur un certain nombre de questions comme le besoin d’opérer une purge profonde dans l’administration mais tous deux se montrent indifférents aux graves dysfonctionnements de l’appareil d’État pouvant en résulter. De surcroît, derrière leur accord, il existe des motivations différentes qui constitueront tôt au tard un facteur de rivalités et de fragilité au sommet de l’État : Trump voulant délibérément se venger d’institutions qui lui ont été hostiles, Musk voulant, quant à lui, améliorer la rentabilité du capital américain à travers un dégraissage de l’administration. Ce même désaccord existe également à propos de l’immigration légale que Trump veut bloquer totalement, contrairement à Musk qui veut faire une exception pour les ingénieurs étrangers.

Les conséquences mondiales de la politique de Trump au pouvoir

Elles sont prévisibles de la direction qu’elles vont prendre, car annoncées dans sa campagne électorale. Elles sont imprévisibles quant aux décisions finales.

Ce qui aurait pu paraître inconcevable à toute autre époque et à tout autre endroit du globe, à l’exception toutefois de quelques républiques bananières, s’est produit dans la première puissance mondiale, quelque temps avant la deuxième investiture de Trump. Le futur nouveau président s’est mis à rêver à haute voix d’une étoile supplémentaire sur le drapeau américain, correspondant de fait à l’annexion du Canada voisin! Même si ce n’est qu’un « trait d’humour populiste», celui-ci prend toutefois une tout autre coloration lorsque Trump menace également de récupérer le canal de Panama (cédé au Panama par Carter en 1979) par la force si nécessaire au prétexte que la Chine exerce une influence croissante sur cette voie maritime cruciale. Idem pour le Groenland (appartenant au Danemark) que Trump envisage d’annexer car nécessaire à sa sécurité. Personne ne peut dire si cela sera ou non suivi d’effet, toujours est-il que cela a certainement soulevé un vent de panique dans les chancelleries. De même certaines d’entre elles auront certainement été saisies d’un certain effroi face au harcèlement par Musk du premier ministre britannique Keir Starmer, l’accusant notamment de complicité avec les réseaux pédocriminels.

Une nouvelle crise migratoire ?

Si Trump parvient à mettre à exécution l’expulsion par l’armée des centaines de milliers d’émigrants illégaux sur le territoire américain, le risque est grand de provoquer une nouvelle crise migratoire, à l’image de ces populations dans d’autres parties du monde qui, par centaines de mille, fuient la guerre. L’arrivée «forcée» de ces masses de déportés dans les pays d’Amérique latine les condamnera à croupir dans une misère noire -qu’une partie d’entre eux avait tenté de fuir-, vulnérables aux persécutions et au chantage de la police, des gangs, ... et constituera un risque de déstabilisation des pays de destination, etc.

Une impulsion supplémentaire à la crise économique

Le monde est face à la perspective d’un développement historique de la récession économique mondiale, d’une gravité au moins équivalente à celle des années 1930. Ni Trump ni aucun autre représentant de la bourgeoisie n’en est responsable en tant que tel, ce sont les contradictions insurmontables du mode de production capitaliste qui sont à l’œuvre. Mais loin de différer ou atténuer les effets de la crise, la poursuite et l’amplification des doctrines « America First » et «Make America Great Again» ne font que les précipiter, notamment à travers un ensemble de mesures déjà prises par l’administration Biden visant au démantèlement tous les organismes internationaux chargés de soutenir le commerce mondial. Plus globalement, l’objet de la politique des États-Unis est la concentration sur son territoire des capitaux et des industries modernes du monde entier, au détriment du reste du monde dont une partie croissante est appelée à ressembler de plus en plus à une friche industrielle. Une telle politique n’est pas propre à une administration populiste, mais ce qui distingue cette dernière c’est la violence irrationnelle des mesures protectionnistes. Les principales puissances économiques mondiales en Europe et Asie sont bien conscientes de cette situation et se préparent à s’organiser du mieux qu’elles le peuvent pour faire face à une nouvelle étape de la guerre commerciale annoncée par Trump. Quoi qu’il en soit, il faut s’attendre aux conséquences de la guerre commerciale et de la crise, dont le solde se traduira immanquablement par une attaque considérable des conditions de vie de la classe ouvrière et un appauvrissement de la population en général.

Un atout supplémentaire en faveur … de l’aggravation de la crise climatique

On peut mesurer l’implication de Trump à l’égard du changement climatique à travers sa récente prise de position sur les incendies à Los Angeles, attribuant publiquement la responsabilité de ceux-ci au gouverneur de cet État. Cette manière éhontée d’éviter le fond du problème laisse présager du pire quant à l’impact futur sur le climat de la seconde présidence Trump.

L’aggravation des tensions impérialistes

Depuis l’effondrement du bloc de l’Est, les États-Unis, le gendarme du monde s’est avéré constituer le pays le plus gros fauteur de chaos au monde. Il n’y a pas de raison que cela change, vu que c’est une condition du maintien de leur leadership mondial. Les deux principaux foyers de guerre actuels au monde, en Ukraine et au Moyen Orient, vont constituer des illustrations de la défense des intérêts impérialistes de l’Amérique de Trump.

En Ukraine

La guerre en Ukraine a pour contexte la poursuite de l’ancienne politique d’encerclement de la Russie dont l’OTAN était le fer de lance. Elle est une réponse de la Russie aux efforts de l’impérialisme américain pour faire entrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN. Biden ayant assuré que les États-Unis n’interviendraient pas face à une invasion de ce pays par la Russie, celle-ci tomba dans le piège et la guerre en Ukraine a effectivement abouti, après trois ans de massacres et de barbarie, à ce qui était souhaité par l’impérialisme américain, à savoir l’épuisement militaire et économique de la Russie en vue de priver la Chine d’un éventuel allié doté d’un puissant arsenal nucléaire dans une confrontation future avec les Etats-Unis. Mais aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans une situation qui, sur le terrain, n’est pas meilleure, voire pire, que celle de la Russie et qui ne pourra que se dégrader d’autant plus rapidement que le soutien des États-Unis, à travers la fourniture de matériel militaire, est appelé à disparaître, Trump ayant toujours été en désaccord avec un tel soutien. Par ailleurs, ce dernier n’a cessé de fanfaronner que, s’il était élu, il «mettrait un terme en deux jours au conflit» sous-entendu en construisant un accord avec les deux parties. Cela parait aujourd’hui très peu probable. Si l’Ukraine s’effondre et que la Russie chancelle l’Union Européenne ne va-t-elle pas être amenée à intervenir pour figer une situation de statut quo en protégeant une Ukraine agonisante vulnérable à un baroud d’honneur de la Russie ? Et comment? Avec quels pays et moyens? C’est l’inconnu et aucune issue ne peut être exclue.

Dans cette optique et aussi face à la très probable réitération par Trump pour imposer à l’Union Européenne de prendre en charge le coût de sa propre défense, en augmentant sa contribution à l’OTAN et les budgets militaires de tous ses pays membres, ceux-ci n’auront pas de choix autre que de s’incliner.

La situation au Moyen Orient offre plus de visibilité. Il est en effet très vraisemblable que Trump poursuivra la politique de soutien inconditionnel aux menées impérialistes d’Israël ; il est même possible qu’il encouragera ouvertement certaines d’entre elles, notamment celles visant à l’anéantissement de la puissance militaire de l’Iran.

Les tensions avec la Chine ne peuvent que s’accentuer, ce pays étant le plus à même de menacer le leadership mondial des États-Unis. Ces derniers vont continuer de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir la Chine en maintenant sur elle une pression militaire croissante, en entravant son commerce avec les autres pays industrialisés.

Face aux attaques de la bourgeoisie, face à la guerre, face aux fausses alternatives populisme/anti-populisme, fascisme/anti-fascisme, un seul choix, celui de la lutte de classe.

Produit de la décomposition du mode production capitaliste, le populisme constitue en retour un facteur aggravant de celle-ci. Ainsi, la situation mondiale va évoluer vers une aggravation de la décomposition du capitalisme, vers encore plus de chaos, plus de guerres, vers une aggravation drastique des conditions de vie de la classe ouvrière comme conséquence de la crise et de la guerre. Les attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière favorisent les luttes défensives ouvrant la possibilité d’une riposte de plus en plus unie et consciente. Néanmoins les conditions dans lesquelles cette lutte va se développer présentent des dangers mortels que la classe ouvrière doit éviter :

  • Le contexte même de la décomposition –en particulier avec le chacun pour soi et l’absence de perspectives- est un obstacle au développement d’une pratique et d’un projet uni et conscient ;
  • C’est en permanence que la classe ouvrière sera appelée par les différentes fractions de la bourgeoisie à se positionner en faveur de la démocratie contre le populisme, comme elle a pu l’être dans le passé à soutenir le camp de la démocratie contre celui du fascisme.

La classe ouvrière aurait tout à perdre à succomber au champ du désespoir, du «no futur», …. : Le seul terrain de lutte qui lui est propre et porteur d’avenir c’est celui la défense de ses intérêts économiques de classe en riposte aux attaques du capitalisme en crise, propice à la politisation de ses luttes et donc porteur de la perspective de renversement du capitalisme.

Sylunken (10/01/2025)

 

Rubrique: 

Les élections, un piège pour la classe ouvrière

Hommage du CCI au camarade Jean Jacques

  • 149 lectures

Dans son numéro 554 du Prolétaire, le PCI rend un hommage au camarade Jean Jacques décédé le 4 juin 2024. Dans son article, le PCI rappelle que Jean Jacques a été un sympathisant du CCI après avoir rompu avec la LCR avec laquelle il avait des désaccords. Convaincu que le communisme est la seule perspective pour l’humanité, se questionnant sur l’effondrement du stalinisme en 1989, il est alors entré en contact avec le CCI dont les positions étaient une réponse à ses questions sur la nature de l’URSS et pour la défense de la perspective révolutionnaire, rompant ainsi avec l’idéologie trotskiste de la défense « critique » de ce régime de terreur contre la classe ouvrière.

Fin des années 1990 début des années 2000, il avait été un animateur d’un cercle de discussion qui réunissait des éléments sur Toulouse et Marseille. L’objectif de ce cercle était de discuter de l’histoire du mouvement ouvrier, acquérir les bases du marxisme et de s’ouvrir aux organisations révolutionnaires, le CCI et le PCI. Sa participation aux réunions des organisations du prolétariat était toujours très dynamique, n’hésitant pas à développer son point de vue, ses accords et désaccords. C’est lors d’une réunion publique du PCI qui se tenait à Aix en Provence que le camarade s’est davantage rapproché des positions bordiguistes, plus particulièrement sur la question du parti. Il n’hésitait pas à les défendre dans les réunions publiques du CCI auxquelles il assistait de manière régulière. Les débats se faisaient dans une ambiance de fraternité, sans sectarisme, il était ouvert à la confrontation des arguments. Dans les manifestations à Marseille, dans des réunions politiques, dans les Assemblées Générales ouvrières comme dernièrement lors des manifestations massives contre la réforme des retraites en 2023, la Gauche communiste était présente. Le CCI et le PCI diffusaient les tracts et, malgré les désaccords entre les deux organisations, en particulier sur la question syndicale, il y avait de part et d’autre, le même souci, que la classe prenne ses luttes en main, il arrivait souvent que Jean Jacques et le militant du CCI sur place discutaient sur les orientations de la lutte.

Militant infatigable, connu du milieu politique local, l’absence de Jean Jacques dans les réunions politiques et notamment celles du CCI, a suscité une inquiétude. C’était un camarade discret sur sa vie personnelle, nous savions qu’il avait des problèmes de santé, mais il affirmait tellement sa présence qu’on pensait qu’il était « indestructible ». C’est avec tristesse que nous apprenons son décès. Jean Jacques nous manquera et il manque déjà pour la Gauche communiste !

Adieu camarade, nous poursuivons le combat auquel tu as participé durant une grande partie de ta vie.

CCI

Vie du CCI: 

  • Hommage aux militants [12]

Rubrique: 

Hommage

Même mort, Le Pen continue de nourrir le piège de l’anti-fascisme

  • 93 lectures

Jean-Marie Le Pen aura incontestablement connu un destin hors du commun. C’est à la fac de droit, juste après la guerre, que cet individu a fait ses débuts en politique dans des opérations coups de poing tabassant à la fois les forces de police et les étudiants « communistes ». Après ces épisodes peu reluisants de petite frappe, menant son bonhomme de chemin, il intègre l’Union et fraternité française de Poujade ; c’est sous cette étiquette qu’il devient, à 27 ans, le plus jeune député d’alors.

La vie de parlementaire ne lui convient pas et c’est dans le déroulement de la guerre d’Algérie qu’il va pouvoir activement défendre son obsession : maintenir « l’Algérie française ». Il défendra jusqu’à la fin de sa vie l’usage de la torture et mettra au profit des services spéciaux coloniaux son savoir-faire où, notamment au service du général Massu, il se livrera avec zèle à des assassinats.

Fondé en 1972, avec un ramassis d’anciens du groupe d’ultra-droite, Ordre nouveau, le Front national rassemble divers courants de l’extrême droite (parmi lesquels d’anciens poujadistes, un ancien SS et un ancien de l’OAS) (1) qui désirent conquérir les foules et s’offrir une vitrine présentable. Cependant, les résultats ne sont pas au rendez-vous. S’ensuivra une longue période jugée « difficile » pour ce barbouze devenu gênant et dont l’extrême-droite voulait faire une marionnette juste utile à intervenir dans les médias au moment des scrutins. Sauf que dans les médias, il n’est pas franchement accueilli à bras ouverts.

Il faudra attendre l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, qui, par opportunisme, va obliger les grandes chaînes de télévision à le recevoir en interview, pensant ainsi affaiblir le parti de droite et, au passage, faire diversion sur son propre passé à l’extrême droite et ses fonctions de ministre de la Justice durant la guerre d’Algérie. En polarisant sur le FN, la gauche utilisait cet l’épouvantail pour tenter de dédouaner ses attaques croissantes contre le prolétariat, notamment avec « le tournant de la rigueur » à partir de 1983. Mitterrand espérait surtout utiliser la montée en puissance soigneusement organisée de l’extrême droite pour détourner la classe ouvrière, alors particulièrement combative, de son terrain de lutte en la poussant dans les bras de la « défense de la démocratie » et des partis de gauche face au prétendu « danger fasciste ». Main dans la main avec le FN, avec qui le PS organisa alors de nombreuses « réunions de travail », Mitterrand va ainsi « créer » l’homme politique Le Pen qu’il pense pouvoir utiliser pour ses propres dessins. Et dans un premier temps, la tactique va fonctionner : le FN et ses obsessions racistes sortent de l’anonymat et deviennent le centre de gravité du débat politique. Le Pen déployait des trésors de propos nauséabonds et provocateurs : les chambres à gaz ? « un détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Quelques mois plus tard, c’est le ministre Durafour qui est rebaptisé en « Durafour-crématoire ». La mise en place de la proportionnelle aux législatives de 1986 va installer 35 députés frontistes à l’Assemblée nationale.

Tout en favorisant sa montée en puissance, la gauche ne va cesser d’utiliser Le Pen et ses outrances pour impulser des campagnes idéologiques visant à embrigader la jeunesse dans des luttes anti-racistes et pousser tout le prolétariat vers les urnes. Ce n’est pas un hasard : la classe ouvrière était, depuis Mai 68, particulièrement combative, développait ses luttes, nourrissait sa réflexion sur le système capitaliste et sa concurrence de tous contre tous, son nationalisme et ses avatars ouvertement racistes. La bourgeoisie et ses partis de gauche ont utilisé le FN pour tenter de couper le prolétariat de son terrain de classe, de sa perspective révolutionnaire. Bref, de le réduire à l’impuissance sur un terrain totalement piégeux, celui des élections. C’est ainsi que parallèlement à la montée du FN, la gauche initiera, là encore avec l’assentiment de Mitterrand, le mouvement « SOS racisme » et toute sorte de groupes « anti-fa ». Tout cela, au nom de la défense de la « démocratie française »… qui a pourtant depuis longtemps et à de nombreuses occasions fait la preuve de la pire xénophobie.

Ces campagnes vont culminer dans les gigantesques manifestations de 2002 lorsque Le Pen réussit à se qualifier au second tour de l’élection présidentielle. Cet événement traduisait déjà une certaine perte de contrôle de la bourgeoisie sur son appareil politique, qui ne va cesser de se confirmer les décennies suivantes avec l’ascension de la fille, Marine. Le « monstre », nourri des pires miasmes de la décomposition, commençait à échapper à tout contrôle. Mais ce fut aussi pour le reste de la bourgeoisie, droite et gauche confondus, une formidable occasion pour refourguer sa camelote « démocratique », alors que l’abstention battait des records. Entre la diabolisation du FN et les campagnes de culpabilisation, la bourgeoisie a martelé ses mensonges sur la démocratie et l’unité nationale.

Au moment de sa mort, alors qu’une large partie de la bourgeoise et de ses médias colportent désormais sans vergogne une large partie de son programme politique et ses idées les plus immondes, la gauche s’est une dernière fois servi du « diable » Le Pen pour alimenter ses campagnes « antifascistes ». Si l’héritière est désormais aux portes du pouvoir, choisir entre l’extrême droite et un « moindre mal » reste toujours un piège destiné à désarmer la classe ouvrière.

Rosalie, 20 janvier 2025

 

 

1Organisation armée secrète, organisation terroriste d’extrême droite favorable au maintien de l’Algérie dans le giron tricolore.

Situations territoriales: 

  • Vie de la bourgeoisie en France [13]

Personnages: 

  • Le Pen [14]

Rubrique: 

Populisme et antipopulisme

ICConline - février 2025

  • 14 lectures

Bayrou, Valls, Darmanin… Un nouveau gouvernement, pour un monde sans avenir!

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« La France entre dans l’inconnu », titrait le journal britannique The Economist, au moment où le gouvernement Bayrou était nommé. On ne saurait mieux dire ! La bourgeoisie française se débat aujourd’hui dans une situation de plus en plus inextricable. Non contente de révéler, à des fins idéologiques, son abyssale dette et déficit budgétaire, elle se retrouve avec un nouveau gouvernement faiblard, que le Président Macron cherche déjà à entraver contre son mentor Bayrou, incapable d’impulser et d’imposer une direction claire à la politique de l’État.

L’instabilité de la vie politique de la bourgeoisie française se traduit assez simplement par le fait que l’année 2024 a vu passer quatre gouvernements différents. Au-delà des divisions de plus en plus profondes, et oppositions souvent frontales entre les diverses fractions bourgeoises, on assiste en permanence à des luttes intestines suicidaires : les dernières troupes des Républicains (LR) se sont déchirés de façon grotesque au sujet de l’alliance avec le Rassemblement national (RN). La France Insoumise (FI), tout comme les partis autour de Macron, voient s’affronter les ambitions pour 2027. Même le Parti socialiste (PS), l’une des formations les plus expérimentés et intelligentes de la bourgeoisie française, bien que contraint de maintenir le gouvernement en place en ne votant pas la censure, se divise de plus en plus en deux camps irréconciliables, entre ceux qui voudraient retourner aux affaires y compris avec les macronistes, et une fraction « de gauche » contrainte de faire alliance avec La France insoumise de Mélenchon.

Dans ce contexte, les fractions bourgeoises les plus responsables) peinent de plus en plus à endiguer la montée en puissance de forces populistes incapables d’assumer une orientation politique cohérente pour défendre au mieux les intérêts de l’État. Une partie de la bourgeoisie française semble d’ailleurs se résigner à envisager l’arrivée au pouvoir présidentiel du tandem Le Pen/Bardella, même si elle cherche, à empêcher cette issue potentiellement désastreuse pour le capital national, sans y parvenir pour l’instant. Tout cela montre l’incapacité de plus en plus grande de la bourgeoisie à maîtriser les processus électoraux et permettre une plus grande cohérence dans la conduite de l’État.

L’influence du vote populiste et l’affaiblissement des fractions « de gouvernement » de la bourgeoisie française aboutit aujourd’hui à une situation d’impasse, avec une absence de majorité parlementaire chronique. Toute alliance gouvernementale à droite mais surtout à gauche, pour le Nouveau Front populaire, ne peut aller que vers une décrédibilisation accélérée. Car face à la crise économique et politique, tout gouvernement, de droite comme de gauche, devra assurer les pires attaques contre la classe ouvrière sans assise parlementaire stable.

Une crise loin d’être française

On pourrait croire qu’on a, là, affaire à une crise spécifiquement française, une « crise de la Ve République » comme le répètent les partis de gauche. Or, dans la plupart des pays développés, le même processus se développe sous des formes parfois singulières, mais de nature similaire. L’expression la plus important et dangereuse de ce processus réside dans le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. (1) La crise politique en Allemagne et le développement de l’AfD et du mouvement autour de Sara Wagenknecht, le poids du populisme en Angleterre, en Hongrie, en Pologne, en Italie, aux Pays-Bas notamment, sans parler de fractions en embuscade comme celles de Bolsonaro au Brésil ou de Milei en Argentine, sont aussi l’expression des difficultés de toutes les bourgeoisies à maîtriser leur propre jeu politique et à empêcher l’émergence de groupes ou leaders politiques à l’égo démesuré, centrées sur leurs petits intérêts immédiats de cliques bourgeoises. Ces factions fonctionnent généralement comme des clans, voire de plus en plus comme des gangs, dont le but est d’utiliser l’État à leurs propres fins.

Les causes de ce phénomène sont à chercher, non en soi dans le personnel politique et ses chicaneries habituelles, qui ont toujours existé, mais dans des racines politiques que nous avions mis en avant il y a déjà 35 ans : « Parmi les caractéristiques majeures de la décomposition de la société capitaliste, il faut souligner la difficulté croissante de la bourgeoisie à contrôler l’évolution de la situation sur le plan politique. À la base de ce phénomène, on trouve évidemment la perte de contrôle toujours plus grande de la classe dominante sur son appareil économique, lequel constitue l’infrastructure de la société. L’impasse historique dans laquelle se trouve enfermé le mode de production capitaliste, les échecs successifs des différentes politiques menées par la bourgeoisie, la fuite en avant permanente dans l’endettement généralisé au moyen de laquelle se survit l’économie mondiale, tous ces éléments ne peuvent que se répercuter sur un appareil politique incapable, pour sa part, d’imposer à la société, et particulièrement à la classe ouvrière, la “discipline” et l’adhésion requises pour mobiliser toutes les forces et les énergies vers la guerre mondiale, seule “réponse” historique que la bourgeoisie puisse offrir ». (2)

Ce qui se développe sous nos yeux est la conséquence de l’incapacité de plus en plus grande de la bourgeoisie de contrôler son propre système politique, économique et social.

Pourtant les institutions de la Ve République ont été conçues pour assurer une stabilité politique qui manquait à la IVe République, mais aussi à d’autres pays comme la Belgique ou l’Italie… On avait déjà vu apparaître les premières difficultés lors des « cohabitations » entre un Président obligé de composer avec une Assemblée nationale d’un autre bord politique. Mais aujourd’hui, c’est bien autre chose : la bourgeoisie française, l’une des plus anciennes et expérimentées au monde, a d’immenses difficultés pour assurer le fonctionnement normal de l’État. La France a obtenu aux forceps le budget pour l’année 2025 et avait dû reconduire en catastrophe celui de 2024. Cette difficulté illustre certaines faiblesses qui ne peuvent qu’avoir un impact important sur l’Europe entière du fait du rôle moteur de la France sur le continent.

La mystification démocratiste bat son plein

En votant la censure du précédent gouvernement Barnier, la Gauche a poursuivi sa sale besogne idéologique contre la classe ouvrière, en mettant en avant toutes les mystifications démocratiques : de la dénonciation dénonçant l’article 49.3 de la Constitution (que le PS n’a pourtant jamais hésité à utiliser sous Mitterrand ou Hollande), à l’appel appelant à la démission de Macron, en passant par la proposition d’une VIe République, ou la revendication par LFI d’une meilleure « redistribution sociale » à travers une augmentation des impôts. Toutes les tromperies possibles autour du système électoral y sont passées ! La stratégie et le partage du travail sont clairs, même s’ils tendent à s’user : une partie de la Gauche va se présenter comme « responsable », capable de gérer l’État, tandis qu’une autre partie va jouer la radicalité pour mieux tromper la classe ouvrière, face au mécontentement ouvrier énorme qui s’annonce suite aux attaques en cours et à venir.

Des licenciements comme s’il en pleuvait…

La crise politique actuelle s’accompagne d’une vague de licenciements comme le pays n’en a pas connu depuis longtemps : au moins 180 plans de licenciements recensés entre septembre 2023 et octobre 2024 par les syndicats, et il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Cela comme un peu partout en Europe et dans le monde.

Dans trois académies de l’Éducation nationale, les contrats de dizaines de contractuels n’ont pas été renouvelés en décembre pour « raisons budgétaires », contraignant le ministère à intervenir. La chaîne de télévision Canal+ a annoncé 250 licenciements. La Fonderie de Bretagne qui fournissait Renault va fermer définitivement. Michelin, Auchan, Casino, le chimiste Vencorex, Valéo, Arcelor-Mittal, General Electric, Airbus Defense and Space, Stellantis vont licencier voire fermer des sites. Les syndicats estiment au bas mot 150 000 suppressions d’emploi. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car ces grands groupes font travailler des sous-traitants qui vont subir l’effet domino de ces plans sociaux et devoir licencier à leur tour.

Ces attaques contre le prolétariat, inévitables vu le développement de la crise capitaliste, pousseront les prolétaires à lutter et se confronter au piège corporatiste systématique des syndicats, à prendre conscience du lien entre les attaques qu’elle subit et la crise historique du capitalisme et ses guerres.

HD, 14 février 2025

 

 

 

1Cf. « Triomphe de Trump aux États-Unis : Un pas de géant dans la décomposition du capitalisme ! [15] », publié sur le site web du CCI.

2« La décomposition, phase ultime de la décadence capitaliste », Revue internationale n° 62 (1990).

Situations territoriales: 

  • Vie de la bourgeoisie en France [13]

Personnages: 

  • François Bayrou [16]
  • Emmanuel Macron [17]
  • Marine Le Pen [18]

Récent et en cours: 

  • Gouvernement Bayrou [19]

Rubrique: 

Les élections, un piège pour la classe ouvrière

ICConline - mars 2025

  • 13 lectures

L’importance historique de la rupture entre les États-Unis et l’Europe

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Réunion publique internationale en ligne le samedi 5 avril 2025 de 15h à 18h

L’accélération des événements depuis l’avènement de Trump 2 aux États-Unis se poursuit.

  • Nous assistons aux dernières étapes de la rupture de « l’ordre mondial » inauguré par la guerre impérialiste de 1939-45. Lorsque le bloc impérialiste russe s’est effondré au début des années 1990, le CCI a prédit que le bloc occidental s’effriterait également. Ce processus a été immédiatement signalé par les conflits entre les États-Unis et leurs anciens alliés à propos de la guerre en ex-Yougoslavie et confirmé par les profondes divisions sur l’invasion de l’Irak en 2003. Mais aujourd’hui, le divorce entre les États-Unis et les puissances européennes est devenu définitif.

  • Cela ne nous conduit pas vers un monde de paix et de réconciliation. Loin de là ! La course à la guerre du capitalisme s’intensifie, mais elle prend une forme chaotique d’autant plus dangereuse qu’il n’y a pas de discipline de bloc. L’avenir même de l’humanité est menacé par un tourbillon de guerres impérialistes, de destruction écologique et de désintégration sociale.

  • La croissance du militarisme ne peut que signifier de nouvelles attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière, déjà sous le coup de décennies de crise économique. Les politiciens, en particulier en Europe occidentale, sont tout à fait ouverts à ce sujet et ont décidé de mettre en œuvre de gigantesques programmes d’armement : c’est « les armes ou le beurre » une fois de plus.

C’est pourquoi la CCI organise une troisième réunion publique internationale en ligne consacrée à la situation mondiale. Il est essentiel que tous ceux qui comprennent la nécessité de débarrasser le monde d’un système capitaliste en décomposition reconnaissent exactement ce à quoi la classe ouvrière est confrontée. Nous encourageons donc tous ceux qui sont engagés dans la recherche de la « vérité de ce monde » et de la manière de surmonter le capitalisme à assister à cette réunion et à prendre part au débat.

Si vous souhaitez participer, écrivez-nous sur [email protected] [9]

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Rubrique: 

Réunion publique internationale en ligne

ICConline - avril 2025

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Argentine : le combat des retraités est aussi le nôtre

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Le mercredi 12 mars, la presse bourgeoise rapportait que : «La manifestation des retraités devant le Congrès s'est à nouveau terminée par une intervention de la police fédérale qui a utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques. C'était la troisième répression consécutive : les forces de sécurité en ont déjà pris l'habitude. Malgré la chaleur accablante et le chaos provoqué par les coupures de courant dans la ville de Buenos Aires, des centaines de manifestants ont répondu à l'appel lancé chaque mercredi par des groupes tels que Jubilados Insurgentes («Retraités insurgés», l'Union des travailleurs retraités en lutte (UTJEL) et le Plenario de Trabajadores Jubilados (l’Assemblée des travailleurs retraités). Cette fois-ci, des partis de gauche, l'Association des travailleurs de l'État (ATE) et même des «supporters de l’équipe de foot «Chacarita Juniors» se sont joints à eux»[1].

Crise économique, plans d’austérité et conditions de vie des retraités

Contrairement aux partis de la gauche du capital et aux organisations gauchistes qui prétendent que les causes des programmes d’austérité, des coupes à la tronçonneuse dans les budgets sociaux, des réductions de salaire et des attaques contre les conditions de vie des travailleurs (et des anciens travailleurs) sont la faute de tel ou tel dirigeant, qu’il soit  de gauche ou de droite, le CCI soutient qu'elles sont dues à la situation de crise mondiale du capitalisme, quelle que soit  la clique au pouvoir, dans le but de protéger les profit de leurs bourgeoisies respectives. C’est cette crise mondiale du capitalisme qui est à l’origine   des mesures qui sont assénées comme des coups de massue s’abattant sur le dos de la classe ouvrière.[2]

Comme nous l’affirmions déjà dès 2022, «Cette crise s'annonce plus longue et plus profonde que celle de 1929 [...] car l'irruption des effets de la décomposition de l'économie tend à semer la pagaille dans le fonctionnement de la production, provoquant de constants goulots d’étranglement et des blocages dans une situation de développement du chômage. (...) Elle se traduit surtout par une inflation effrénée que les différents plans de sauvetage n'ont fait qu'alimenter à travers une fuite en avant dans l’endettement»[3].

Depuis que Javier Milei a pris le pouvoir le 10 décembre 2023, il est arrivé à la Casa Rosada en déclarant : «Il n'y a pas d'autre choix que l’austérité et il n'y a pas d'alternative à un électrochoc». Ce plan d'austérité brutal laisse des milliers de familles sans nourriture et des milliers de travailleurs sans emploi. Il fait aussi plonger une large masse de retraités dans la misère. Le décret d'urgence (DNU), parmi ses points les plus importants, établit des déréglementations du commerce, de l'industrie et des services dans tout le pays.

Cela implique la libéralisation des prix, comme celle pratiquée par les entreprises commerciales de sécurité qui ont enregistré des hausses de 100%, et la suppression des subventions aux transports, entraînant des augmentations de 65% à 150% des prix pour les usagers. En outre, cela a entraîné une hausse des tarifs de l'électricité de 270%. La réduction du budget de l'État, la fermeture d’administrations et la suppression de postes dans les ministères, s'est traduite par des licenciements dans le secteur public avec plus de 75,000 emplois supprimés et d'autres sont prévus. La réduction brutale des travaux publics a provoqué l'effondrement de la construction, générant davantage de licenciements de travailleurs dans ce secteur.

La dévaluation du peso de plus de 50% a fait grimper les prix des produits et des services de plus de 100%, pulvérisant le pouvoir d'achat des salariés et bien plus encore celui de la majorité des retraités. Un salaire minimum qui couvre à peine un tiers du prix des produits de consommation de base. En Argentine, dont l’économie traditionnelle repose sur l’élevage, les prolétaires ne peuvent plus consommer de viande rouge, celle-ci ayant été remplacée par le poulet ou les pâtes.

Tout cet ensemble de mesures a provoqué une flambée de la pauvreté, qui existait déjà sous les gouvernements de Kirchner et du péronisme, et qui est passée de 49,5% en décembre 2023 à 57,4% en janvier 2024.

«Il y a un énorme amoncellement de personnes pauvres ou presque pauvres, une classe moyenne laminée et quelques privilégiés. C'est la nouvelle reconfiguration des revenus en Argentine, qui n'a pas été provoquée par le gouvernement de Javier Milei, mais qui s'est encore accélérée depuis que Milei est arrivé au pouvoir.» (déclaration à l'agence de presse EFE de l'économiste Alfredo Serrano Mantilla, directeur exécutif du Centre stratégique latino-américain de géopolitique (CELAG)).

Ces coups de massue brutaux sur le dos des travailleurs, des chômeurs et de la population non exploitée sont subis avec des conséquences terribles pour les retraités et les pensionnés argentins de toute nature. Les mesures d’austérité ont entraîné une amputation de plus de 38% du budget pour les chômeurs, justifiée sous le cynique prétexte de «faire des économies «pour permettre  la réduction  de… 14 milliards de dollars du montant de la dette nationale !

L'Argentine compte près de 7 millions et demi d'anciens salariés. 63% d'entre eux perçoivent une retraite de misère estimée en moyenne à 280,000 pesos (environ 340 dollars mensuels). Les autres vivent avec moins de 400,000 pesos par mois, alors que le coût des dépenses courantes par foyer dépasse 1,200,000 pesos. Beaucoup de personnes âgées errent désespérément dans la rue et sont réduites à faire la queue dans les quelque 230 soupes populaires que compte le Grand Buenos Aires. Non seulement l’aide sociale de l'État bourgeois est largement insuffisante pour assurer leur survie mais en plus, près de la moitié des retraités (3 des 7,5 millions existant dans le pays) ont été exclus de la couverture d’obtention gratuite de médicaments, ce qui est dramatique si l'on considère que les prix de ceux-ci ont augmenté de 119% en 2024! Tout cela a poussé les anciens ouvriers, exaspérés et lassés des attaques incessantes qu’ils endurent, à se rassembler dans les rues pour clamer «On en a assez d’être affamés et réduits à la misère!».

La lutte face à la répression brutale du gouvernement

C'est dans ce contexte d'attaques contre les conditions de vie de cette partie de la classe ouvrière que s’est déroulée la répression violente du 12 mars. Ce jour-là, comme tous les mercredis, les retraités s’étaient réunis pour manifester devant le Congrès. Le même jour, la centrale syndicale CGT, contrainte par les événements, avait appelé à une marche de «solidarité» avec les retraités, à laquelle se sont jointes d'autres organisations de la gauche du capital (toutes les organisations trotskistes, comme dans le PTS-Front de gauche (FIT), Polo Obrero ou, dans une autre coalition, le MST). Des collectifs et des organisations citoyennes se sont également joints à eux, et surtout les «barras bravas», c’est-à-dire les supporters des principales équipes de football d'Argentine, comme Boca, River, Rosario Central, car quelques jours auparavant, un retraité portant un maillot de l'équipe de Chacarita avait été frappé lors des charges policières et ils étaient là pour «régler leurs comptes», pour «en découdre» en s’affrontant à la police.

La ministre de l’intérieur chargée de la répression, Patricia Bullrich, avait déjà mis en garde contre les «désordres et la violence des piqueteros et des barras bravas» et avait juré de ne pas tolérer le moindre désordre ni leur permettre de passer. Des contingents de nombreux policiers armés jusqu'aux dents et utilisant des tactiques quasi-militaires ont déclenché une répression féroce dès le début de la marche vers le Congrès. Aux coups de matraque, aux balles en caoutchouc et aux bombes lacrymogènes de la police, les supporters ont notamment répondu en jetant des pierres et en brûlant des véhicules de police et des poubelles. Une retraitée a été blessée à la tête après avoir été poussée et frappée par un policier et un caméraman a reçu une bombe lacrymogène en plein visage. Au total, le bilan de la journée a été de 50 blessés et il y a eu plus d’une centaine d’arrestations.

Quel est le bilan de la lutte des retraités ?

La politique d'austérité, d’amputation des salaires et des retraites, la réduction drastique des budgets de la santé et des services sociaux de Milei et de son gouvernement font partie de l'offensive de la bourgeoisie pour maintenir en place l'ordre capitaliste en pleine putréfaction. À l'origine de tout cela se trouve la crise économique mondiale, accélérée par la décomposition, qui conduit toute camarilla arrivant au pouvoir à appliquer des féroces mesures d'attaque contre les conditions de vie de la classe ouvrière. Encore une fois, ce sont les travailleurs qui doivent payer la note de la crise pour que la bourgeoisie tente de sauver les intérêts du capital national.

La lutte des retraités et leurs revendications s'inscrit dans la défense d’un terrain de la classe, car elles sont une forme de résistance aux mesures que la bourgeoisie et son État imposent à toute la classe ouvrière. Par conséquent, la lutte des retraités en Argentine est aussi la nôtre. C'est un combat des travailleurs retraités pour résister aux attaques permanentes contre leurs conditions de vie déclenchées par l'État bourgeois dans le contexte de la crise économique mondiale et de ses politiques d’austérité draconienne. Et ils n'ont pas été seuls. Ils ont défilé accompagnés de jeunes travailleurs, d'adultes, et même d'enfants (certains enfants et petits-enfants de ces anciens travailleurs) qui sont descendus dans la rue pour se battre à leurs côtés. À chaque moment de la mobilisation, les retraités appelaient d'autres jeunes travailleurs à se joindre à la mobilisation avec des pancartes et des slogans, comme lorsqu'une personne les a interpellés : «Vous serez un jour vieux et vous sortirez vous aussi dans la rue pour lutter comme nous aujourd'hui». Par conséquent, la lutte des retraités et des chômeurs en Argentine est aussi celle de la classe ouvrière dans son ensemble.

Malgré sa combativité, le mouvement a montré de sérieuses faiblesses. Par exemple, les difficultés que rencontrent les travailleurs pour se reconnaître comme exploités, comme faisant partie d'une même classe et, en ce sens, pour unir leurs luttes à celles d'autres secteurs de la classe ouvrière qui subissent également les attaques brutales du gouvernement populiste. Nous avons déjà évoqué dans un article précédent la vague de grèves qui, depuis 2022-2024, a fait de ce territoire celui où il y a eu le plus de luttes en Amérique latine l'année dernière[4]. Nous avons déjà parlé des coups très durs que les travailleurs et les retraités ont reçus avec le gouvernement de Milei, mais qui avaient déjà commencé bien avant, en particulier avec les gouvernements de gauche successifs d’obédience péroniste-kirchneriste. Cependant, le mouvement des retraités n'a pas tenté de se connecter avec les travailleurs actifs qui sont en lutte (enseignants ou travailleurs des douanes ou des chemins de fer qui, à cette même période, préparaient des grèves contrôlées par les syndicats et soigneusement isolées, chacune dans son coin) et la plupart des dirigeants syndicaux n’ont cessé d’alimenter l’illusion que le syndicat était la seule organisation possible de «la lutte» pour les travailleurs. À cet égard, il est révélateur qu'une dirigeante de la gauche du Capital, Myriam Bregman (figure de proue du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), trotskiste et ancienne députée représentante du Front de la Gauche unie, ait affirmé que les retraités se plaignaient que la CGT ne vienne pas les soutenir et exigeaient que la centrale syndicale convoque une grève nationale[5].

Les supporters d’équipes de football qui ont participé à la mobilisation des retraités se sont exprimés en tant que «supporters» et non en tant que travailleurs, en tant que classe, mais en tant que membres d'un groupe de la société bourgeoise, comme les hooligans ou les Kops ultras fanatisés en Europe, pour manifester leur soutien inconditionnel à une équipe de football. Les méthodes utilisées par ces derniers ne sont nullement  celles de la tradition de lutte de la classe ouvrière, mais une pratique qui lui est totalement étrangère, de lumpen,  proclamant et revendiquant une soif de vengeance et un déchaînement nihiliste de  violence aveugle comme l’incendie de voitures et la destruction de vitres et de vitrines, une situation qui a rappelé le vandalisme des piqueteros[6] lors des émeutes du «corralito» au début de ce  siècle à Buenos Aires et dans d'autres villes. Toutes ces actions ne sont que des expressions désespérées d’un no future, propres à la petite bourgeoisie et non à la classe ouvrière [7].

C'est pourquoi, en pleine manifestation, on a pu entendre à nouveau des slogans tels que «Milei à la poubelle», «SOS dictature !», «La patrie n’est pas à vendre» ou le désormais classique «Qu'ils s'en aillent tous» qui, au lieu d’appeler à une mobilisation de l’ensemble des travailleurs pour défendre leurs conditions de vie face aux attaques du capitalisme,    dévoie la colère  sur le  terrain bourgeois en l’enfermant dans les pièges d’une lutte pour la défense de la démocratie, contre la dictature ou l’autocratie et finalement derrière l’impasse du nationalisme en s’attaquant ou en faisant obstacle au développement de leur conscience de classe.

Les syndicats et les organisations de la gauche du capital, de la CGT péroniste aux organisations trotskistes et citoyennes, ont joué leur sale rôle de diviser les travailleurs pour affaiblir leur lutte. À contrecœur et pour «bien faire», ils ont convoqué une marche censée être de solidarité avec les retraités, puis appelé à une grève nationale de 36 heures le 9 avril dernier, mais qui, en réalité, ne cherchait qu'à récupérer le sentiment de colère et d’exaspération de plus en plus largement répandu au sein de la classe ouvrière et partagé dans tous les secteurs, chez les retraités, les chômeurs ayant perdu leur emploi comme chez les travailleurs encore en activité, en exploitant les fortes illusions et toutes les faiblesses et les confusions qui se sont exprimées dans ce mouvement  pour mettre en avant une fausse unité interclassiste autour du seul dénominateur commun, l’opposition à Milei et à son gouvernement  ou carrément autour de revendications bourgeoises. Péronistes, syndicats, partis de gauche, organisations gauchistes sont ainsi tous main dans la main pour maintenir les ouvriers divisés, chacun dans son secteur, sa catégorie sociologique et avec sa propre revendication : les chômeurs d'un côté, les actifs de l'autre, les retraités ou pensionnés encore d'un autre. Les autres organisations «citoyennes»,  allant de la cause féministe aux défenseurs de telle ou telle minorité  comme LGTB+ jusqu’aux aux supporters «radicaux» de clubs de foot ont également apporté leur part  pour contribuer à cette entreprise de boycott ou de sabotage de l'auto-organisation des travailleurs et de l'extension des luttes, en le dénaturant, en le transformant soit en appels «au «peuple» ou «aux citoyens» à «se venger de Milei» lors des prochaines élections», soit pour les plus «radicaux»   en préconisant  «l'abstentionnisme politique» pour cette échéance, afin de masquer et d’empêcher la prise de conscience de  la nécessité de se battre unis sur un terrain de classe en se mobilisant contre les attaques  d’un système capitaliste moribond en pleine putréfaction qui n’a plus rien à offrir à ses exploités que toujours plus d’exploitation et de misère.

Tr.


[1]  Un clásico de los miércoles: palos y gases para los jubilados en el Congreso [20]

[2] En Argentine, la crise frappe les travailleurs [21] ;  ICConline - mai 2023 [22]

[3] L’accélération de la décomposition capitaliste pose ouvertement la question de la destruction de l’humanité [23], Revue Internationale 169, 2e semestre 2022.

[4] Agence de presse en espagnol spécialisée dans les informations économiques destinées aux entreprises.

[5] En Argentine, comme ailleurs… Les travailleurs doivent tirer les leçons de leurs luttes passées pour préparer celles de l'avenir [24]

[6] Argentine : la mystification des "piqueteros" (NCI [25])

[7] Propos rapportés dans une interview accordée dans le journal La Izquierda.

Géographique: 

  • Argentine [26]

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Javier Milei [28]
  • Cristina Kirchner [29]
  • Alfredo Serrano Mantilla [30]
  • Myriam Bregman Patricia Bullrich [31]

Questions théoriques: 

  • Populisme [32]
  • Décomposition [33]

Face à la militarisation et aux guerres, opposons la lutte de classe!

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Les États concurrents et leurs dirigeants, qu’ils soient présentés comme «autoritaires» ou «démocrates», cherchent partout à imposer des «sacrifices» aux prolétaires au nom de «l’indispensable économie de guerre».

Que ce soit la Russie de Poutine, la Chine de Xi Jinping, les États-Unis de Trump ou l’Union européenne de Von der Layen, «l’heure est au réarmement» ! Le nouveau Chancelier allemand l’affirme : «il faut désormais appliquer à notre défense la règle suivante : quoi qu’il en coûte !» Le Président Macron veut quant à lui «renforcer nos armées le plus rapidement possible» tout comme le Premier ministre britannique Keir Starmer qui annonce des dépenses militaires «inédites depuis la fin de la guerre froide».

Une propagande belliciste et militariste intense

Pour imposer ces sommes colossales, en pleine crise économique et financière, sur fond de déficits publics faramineux, la stratégie la plus efficace reste la manipulation par la peur : «Qui peut croire que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ?» (Macron). Ne faut-il pas à tout prix «dissuader des tyrans comme Vladimir Poutine ?» (Starmer).

En réalité, dans ce capitalisme obsolète, tous les États sont impérialistes, petits ou grands, agresseurs comme agressés, tous ne défendent que les froids intérêts du capital national. Tous sont des gangsters, des monstres cupides croupissant dans un panier de crabes qui, lorsqu’ils ne se vautrent pas déjà dans le sang de civils qu’ils répandent sans vergogne, se préparent aux futures boucheries qu’ils auront froidement décidées. Et comme toujours, ces va-t-en-guerre prennent des précautions d’usage pour justifier cyniquement la monstruosité de leurs entreprises barbares, toujours au nom de la «paix» et de «valeurs» ! Poutine ne combat-il pas lui-même des «nazis» ? Le ministre français de l’économie, Eric Lombard, ne défend-il pas une «économie de paix» démocratique pour acheter ses instruments de mort ?

Partout, la classe ouvrière est soumise à cette intense propagande, au rouleau compresseur médiatique qui tente de persuader par des discours nauséabonds que les dépenses militaires s’avèrent «nécessaires» et que la production d’armes doit «inévitablement augmenter». Cela, pour des raisons présentées partout comme «éthiques» ! Fleurissent alors des sondages destinés à jauger, manipuler, alimenter les mêmes discours cherchant à persuader qu’il faut «défendre sa patrie» !

Mais prétendre que la guerre et la militarisation de la société sont un «mal nécessaire», quelque chose qui tomberait sous le sens, contre lesquels on ne pourrait rien au risque de plus grands massacres encore, est un odieux mensonge. La militarisation et la guerre sont toujours les fruits des décisions barbares de la classe dominante et l’expression même de l’impasse dans laquelle s’enfonce de plus en plus le système capitaliste en décomposition. Les guerres mondiales hier, comme les massacres abominables dans la bande de Gaza ou en Ukraine aujourd’hui, sont les produits non pas de la «folie» de tel ou tel dirigeant, mais l’expression de l’impasse historique dans laquelle se trouve le système capitalisme, de son incapacité à proposer autre chose que d’entraîner la classe ouvrière et l’humanité entière dans des destructions toujours plus vastes, apocalyptiques. Ce qui se cache derrière tous les beaux discours de «paix», ce n’est ni plus ni moins que la transformation de zones de plus en plus étendues en champs de ruines, en nouvelles Ukraine, Syrie ou Palestine ![1]

Encore des attaques anti-ouvrières

Toute cette agitation belliqueuse alimente à son tour la même course aux armements et partout les dirigeants demandent à la classe ouvrière d’en payer la facture. Les budgets militaires prévus en Europe dépassent déjà les 2 % du PIB en vigueur. Le plan européen «ReArm Europe» envisage de débloquer 800 milliards d’euros pour l’achat d’armes de guerre. L’Allemagne prévoit à elle seule d’engager 1000 milliards d’euros pour sa défense. La loi de programmation militaire 2024-2030 en France prévoit une somme de 413 milliards !

Tout cela, les exploités commencent à le ressentir en termes d’attaques contre leurs conditions de vie. En nous martelant qu’on ne peut plus compter sur les «dividendes de la paix», la bourgeoisie prépare le terrain pour faire accepter des sacrifices au service des meurtres de masse. Soufflant le chaud et le froid, enrobant les discours ou prônant un langage de «vérité», les perspectives sont celles d’attaques massives sur le plan social : santé, retraites, éducation… Pour le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, «cela ne peut pas attendre […]. Les pays investissent jusqu’à un quart de leur PIB dans les pensions, les systèmes de santé ou la sécurité sociale. Nous avons besoin d’une petite fraction de cet argent pour renforcer notre défense». Ce qu’il se garde bien de dire, c’est que cette «petite fraction», prélevée sur des systèmes déjà exsangues, ne peut que paupériser davantage des millions de personnes. Il s’agit d’un cynique euphémisme qui signifie en réalité des coupes claires à la hache dans les budgets sociaux, de la sécurité sociale, de l’assurance-chômage ou maladie. Ce qu’on nous présente comme une source de «relocalisation industrielle» pour «promouvoir l’emploi» est également une sinistre tartufferie qui vise à justifier une intensification de la production d’armements qui ne se fera qu’au prix d’une fuite en avant dans la dette, une plongée dans la récession mondiale, mais aussi d’une intensification de l’exploitation et d’une dégradation générale des conditions de vie des prolétaires. Si des entreprises d’armements pourront certes en retirer de substantiels bénéfices au passage, l’économie, elle, du point de vue du capital global, sera plombée par un immense gaspillage de ressources et de capitaux stérilisés dans des stocks d’armes improductifs. Ces armes ne pourront au mieux que rouiller, au pire tuer et détruire, généraliser la politique de la «terre brûlée» ! Bref, cela signifie une dévalorisation fortement accrue du capital qui génère déjà inflation, attaques et misère ouvrière !

La lutte de classe, une nécessité vitale

Cette situation cauchemardesque ne doit pas être acceptée par la classe ouvrière. Nous ne pouvons, comme classe, que dénoncer tous les préparatifs guerriers et tous les discours visant à mobiliser le prolétariat et la population derrière la «nation» pour une prétendue «paix» et la défense de prétendues «valeurs démocratiques». La classe ouvrière doit se méfier et combattre notamment ses faux amis à gauche et à l’extrême gauche qui multiplient les discours les plus sournois. Ces derniers accumulent ainsi les obstacles à la prise de conscience ouvrière en proposant de fausses alternatives qui sont autant de pièges idéologiques : soit par des mobilisations pacifistes, couvrant ainsi d’un voile la responsabilité du capitalisme, soit en prônant carrément le soutien d’un camp militaire, justifiant le massacre au nom du «moindre mal([2])».  Dans les deux cas, ces poisons idéologiques ont pour principes essentiels la division ouvrière et la défense du capital et cela, toujours au nom de la «démocratie» ! Les pièges de la mystification démocratique sont d’autant plus dangereux qu’ils exploitent un réel sentiment de colère en réaction aux diverses attaques, telles les nombreuses manifestations du 5 avril aux États-Unis, canalisées sur une mobilisation anti-Trumpiste ou anti-Musk. Ces mêmes pièges se déploient en s’appuyant sur une série de mouvements populaires de protestation dans bon nombre de pays tels la Turquie, la Serbie ou la Corée du Sud. L’objectif est de pousser les ouvriers vers les urnes ou des partis bourgeois d’opposition en leur faisant croire qu’il serait possible d’organiser la société capitaliste de façon plus humaine et juste, ce qui est un grossier mensonge : le capitalisme ne peut plus être «progressiste», usé jusqu’à l’os, il n’a plus rien à offrir ! Il est bel et bien en faillite et toujours plus destructeur.

Les miasmes de sa décomposition et la fragmentation sociale qu’il engendre sont eux-mêmes utilisés à ces fins idéologiques par la classe dominante pour tenter de chloroformer, obscurcir la recherche de la seule perspective viable et possible, celle léguée par l’expérience du mouvement ouvrier et la lutte de classe : celle du communisme.

De toute évidence, la bourgeoisie tente de masquer que la militarisation va nécessairement de pair avec les attaques anti-ouvrières. Et précisément, ce n’est que sur un terrain de classe, dans la dynamique des luttes ouvrières contre les attaques en cours et à venir, que le prolétariat pourra développer sa force et sa prise de conscience de la faillite du capitalisme. La seule issue pour offrir la perspective d’une société alternative viable est donc de refuser et de rejeter en bloc les campagnes idéologiques bourgeoises, combattre toute la logique imposée par le capital et lutter contre ce monstre sanguinaire.

WH, 5 avril 2025


[1]Les manœuvres militaires et les provocations de la Chine début avril autour de Taïwan, en réponse aux décisions irrationnelles et aux provocations récentes de Trump à propos des droits de douanes et de ses intentions impérialistes, l’attestent avec brutalité.
[2]C’est ce qui amène, par exemple, des gauchistes à soutenir ouvertement les massacres du Hamas à Gaza au nom de « l’anticolonialisme ».

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Poutine [34]
  • Xi Jinping [35]
  • Trump [36]
  • Von der Layen [37]
  • Macron [38]
  • Keir Starmer [39]
  • Eric Lombard [40]
  • Mark Rutte [41]
  • Musk [42]

Questions théoriques: 

  • Décomposition [33]
  • Guerre [43]

L'importance historique du divorce entre les États-Unis et l'Europe

  • 56 lectures

Pour le CCI, ce divorce est la conséquence du chaos et de la décomposition de la société impulsés par l’effondrement du bloc de l’Est en 1989. Il constitue à son tour une impulsion supplémentaire à ce même chaos notamment sur les plans impérialistes et économiques.  

La classe ouvrière est confrontée aux implications de cette situation qui est synonyme pour elle de plus d’exploitation et de misère, de multiplication et aggravation des guerres, d’exposition à toutes les manifestations de la décomposition de la société[1]. Quelle réponse peut et doit-elle opposer à la guerre, aux conséquences d’une exploitation terriblement accrue ? … Comment les organisations révolutionnaires doivent elles contribuer au processus de développement de la conscience au sein de la classe ouvrière ? Ces questions ont été au centre de notre dernière réunion publique internationale.

La place des réunions publiques dans l’intervention du CCI

Pour le CCI, seul le développement de la lutte de classe, qui porte en elle la perspective de renversement du capitalisme, est à même d’offrir une alternative à la situation actuelle. C’est pourquoi, nous soulignons dans notre presse et en tout autre occasion d’intervention : « il revient aux minorités révolutionnaires, à tous les éléments en recherche, à tous ceux qui aspirent à une autre perspective que ce capitalisme décadent et barbare, de se regrouper, de discuter, de faire le lien entre la guerre, la crise économique et les attaques contre la classe ouvrière, d'indiquer la nécessité de lutter de façon unie, en tant que classe. [2] ». Les permanences et réunions publiques du CCI offrent des moyens d’assumer ce type d’intervention envers ces éléments en recherche, en particulier les réunions publiques internationales via internet qui présentent le gros avantage de permettre une discussion politique entre éléments répartis de par le monde.

Nous avons tenu notre dernière réunion publique internationale le 5 avril 2025. Signalons que d’autres réunions de ce type ont eu lieu antérieurement et toutes nous confortent dans notre opinion concernant l’importance de ce type d’intervention : 

  • Le 16 novembre 2024, sur le thème « Les implications mondiales des élections américaines ». Nous en avons publié un compte rendu dans notre presse, « Un débat international pour comprendre la situation mondiale et préparer l’avenir [8] ».
  • le 25 janvier 2025, autour des conséquences des élections américaines, « L’élection de Trump va accélérer la décomposition du capitalisme »  
  • le 2 mars, une nouvelle réunion est organisée dans le but de poursuivre certains débats engagés envers ces éléments en recherche lors de la réunion précédente du 25 janvier.

Nous avons pu constater que ces réunions internationales rassemblaient à chaque fois une assistance plus nombreuse tout en constituant un réel lieu de débat. Un contact nous a cependant fait part de certaines de ses critiques à cette formule qui, selon lui, présente des inconvénients.  L’essentiel de ces critiques relatives à notre réunion du 16 novembre a été publié dans notre presse sous la forme d’un courrier de lecteurs accompagné d’une réponse de notre part[3]. Ce camarade, tout en soutenant les initiatives du CCI pour susciter la discussion au sein de notre classe, soulignait qu’une réunion publique en ligne en différentes langues, avec une assistance nombreuse, pouvait ne pas présenter les meilleures conditions pour le développement et l’approfondissement des débats. Si cela est juste d’un point de vue technique, nous avons opposé à cet argument que, pour l’avenir, les réunions publiques internationales sont toutefois primordiales pour les raisons suivantes : « Se rassembler depuis plusieurs pays pour discuter, élaborer, confronter les arguments et ainsi comprendre au mieux la situation mondiale est un moment précieux pour rompre l’isolement de chacun, nouer des liens, ressentir la nature mondiale du combat révolutionnaire prolétarien. Il s’agit de participer à l’effort de notre classe pour sécréter une avant-garde. Ce type de réunion est ainsi un jalon qui présage de la nécessaire organisation des révolutionnaires à l’échelle mondiale. Ce regroupement des forces révolutionnaires est un long processus, qui nécessite un effort conscient et constant. C’est là une des conditions vitales pour préparer l’avenir, pour s’organiser en vue des affrontements révolutionnaires décisifs qui viendront. » (Courrier de lecteur: Pourquoi les réunions publiques internationales sont primordiales pour l’avenir? [44]). Quant à l’approfondissement des grandes questions soulevées et confrontées au sein de ces réunions internationales, nous ne pouvons qu’encourager les participants intéressés à participer -lorsque c’est possible- aux réunions publiques et permanences que le CCI organise en présentiel dans différentes villes. Nous sommes également disposés à organiser des réunions par Internet avec un nombre de participants plus restreint en vue de permettre des discussions plus développées. Par ailleurs, il existe toujours la possibilité d’écrire au CCI qui répondra soit directement, soit à travers un courrier de lecteurs publié dans la presse, ou qui proposera des rencontres, etc.

Le déroulement de la discussion

L’introduction du CCI a présenté le cadre suivant concernant la signification et les implications du divorce transatlantique pour introduire la discussion.

La dynamique mondiale, qui est à l'œuvre depuis 1989 et qui culmine aujourd’hui avec l’élection de et l’éclatement des alliances scellées à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a des implications à différents niveaux de la vie de la société. En témoignent, au niveau européen, les innombrables réunions au sein des états-majors politiques, les tentatives des États de se coordonner, d'établir une coopération militaire, l’engagement de la plupart de ces pays à investir massivement dans des programmes d’armements jamais vus en Europe, soutenus par un plan de 800 milliards d'euros dégagés par l’UE. Cette volonté de s’engager dans une politique de réarmement n'enterre cependant pas les intérêts contradictoires existant entre les pays européens.

Le programme que tous les capitalistes du monde entier réservent à la classe ouvrière, notamment face à la nécessité de financer de vastes programmes d'armement, est celui d'attaques brutales contre les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière : licenciements de fonctionnaires et coupes massives dans les aides aux handicapés par le gouvernement travailliste de Starmer en Grande-Bretagne, annonce d'une série d'attaques contre les retraites, la sécurité sociale, l’assurance maladie, les allocations logement, etc. dans la plupart des pays européens, suppressions d'emplois dans de nombreux secteurs industriels. Mais ces attaques vont également susciter la résistance de la classe ouvrière.

Même si celle-ci est confrontée à de grandes difficultés, elle n'est pas vaincue et a commencé à relever la tête... C’est ce qu’avaient permis de comprendre les luttes au Royaume-Uni en 2022 ainsi que bien d’autres depuis lors, en particulier aux Etats-Unis et en Europe, et à présent en Belgique[4]. Face à ces perspectives de lutte de classe, les révolutionnaires doivent être prêts à intervenir en vue de soutenir la résistance de notre classe, de défendre l'auto-organisation et l'unification des luttes.

Les participants étaient ensuite appelés à intervenir plus précisément sur les thématiques suivantes :

  • derrière les promesses de paix de Trump, pouvons-nous nous attendre à autre chose que plus de militarisme et d'escalade guerrière? La dynamique à l'œuvre depuis 1989 a-t-elle maintenant atteint un nouveau palier historique ?
  • la classe capitaliste n'a d'autre choix, afin de financer de vastes programmes d’armement, que d'attaquer les travailleurs partout et de la manière la plus impitoyable. La classe ouvrière sera donc attaquée aussi brutalement que dans les années 1930. Et cette offensive est imminente, elle a d’ailleurs déjà commencé dans de nombreux pays.
  • Face à cette situation, la classe ouvrière doit plus que ne jamais se battre sur son propre terrain de classe, à savoir la défense de ses intérêts économiques ; c’est à travers ce processus que se développeront sa conscience de la nécessité de renverser le capitalisme et la confiance en ses propres forces.

La prise en charge ces questions brûlantes a été assurée au moyen de deux discussions distinctes au sein de la réunion publique :

  • La compréhension de la dynamique mondiale du capitalisme ;
  • Les conséquences pour la lutte de la classe ouvrière.

Les camarades qui sont intervenus ont exprimé un soutien global aux positions défendues par le CCI sur la question des tensions guerrières, avec toutefois des nuances, voire chez un camarade une vision différente à propos de la manière dont le monde s’enfonce dans la barbarie guerrière. Il a exprimé l’idée qu’il y avait un renforcement de « trois » blocs impérialistes rivaux. Dans le cadre de cette RP, il nous a semblé préférable de laisser cette question très importante en suspens afin de privilégier plutôt l’analyse du sens profond du changement historique occasionné par le divorce entre les États-Unis et l’Europe. Nous reviendrons donc sur cette idée ultérieurement à l’occasion d’un autre article.

Concernant les perspectives de la lutte de classe, la discussion a manqué de temps, en particulier pour explorer la question de sa dynamique. Les interventions se basaient en général sur l’analyse selon laquelle « Le prolétariat n'est pas près d'être mobilisé pour la guerre », ce qui est effectivement très important et vérifié dans les parties du monde où le prolétariat détient la plus forte expérience historique. Mais qu’est ce qui permet de dire que, face aux attaques économiques du capital, il va pouvoir récupérer pleinement sa conscience d’être une classe historique aux intérêts opposés à ceux de la bourgeoisie, capable de renforcer son combat en vue du renversement du capitalisme ? La position du CCI est que ce processus a démarré, les luttes au Royaume-Uni de l’été 2022 ayant constitué une rupture dans la dynamique mondiale de la lutte de classe, jusque-là prisonnière des campagnes idéologiques de la bourgeoisie sur « la fin de la lutte de classe » et sur la « non-existence même de la classe ouvrière » bâties à partir de l’effondrement du bloc de l’Est présenté comme l’effondrement du communisme. Mais le recouvrement de l’identité et de la conscience de classe sera un processus long, de plus entravé par de nombreux pièges idéologiques tendus par la bourgeoisie pour tenter de l’en détourner.

Quel bilan de cette réunion publique ?

Introduisons ce bilan en citant une partie de l’intervention d’un participant, la dernière de la réunion : « Merci beaucoup, je suis très heureux de me joindre à vous. C'est une discussion très animée, avec un temps malheureusement limité. Je suis principalement d'accord avec les interventions et le point de vue du CCI. Je pense qu'il est très important de ne pas tomber dans les pièges « nationaux », mais plutôt d'être conscient de la nature internationale du problème auquel la Terre et l'humanité entière sont confrontées. Pour les discussions futures, « Que faire ?» est une question très importante (malheureusement, il ne reste plus beaucoup de temps), donc s'il y a une réunion de suivi à ce sujet, j'aimerais m'y joindre » (Robin)

Nous partageons son point de vue concernant les limitations induites par le temps imparti et sa mise en évidence de la question de « Que faire ? » dans la situation historique présente. Cette réunion a confirmé, de notre point de vue, l’importance des réunions publiques internationales, celle-ci ayant suscité un intérêt plus grand que les fois précédentes.

Pour terminer, nous voulons enfin signaler que, comme c’est son habitude, le CCI avait convié le milieu politique prolétarien (la Tendance Communiste Internationaliste et les groupes bordiguistes) à participer à cette réunion publique. Seul le groupe Internationalist Voice a pris en compte l’importance de telles réunions en participant activement à celle-ci. Il nous semble vital de prendre en compte l’importance de telles réunions, qui sont de rares lieux de vie du débat prolétarien et donc précieuses, en participant activement à celles-ci.

Le CCI (23 04 2025)

 

[1] Lire à ce propos Rapport sur la décomposition [45], Revue internationale 170.

[2] Quel monde allons-nous devoir affronter ? [46] Revue internationale 173.

[3] Un débat international pour comprendre la situation mondiale et préparer l’avenir [8] 

[4] Lire notre article « Belgique : la classe ouvrière face à la pression de la crise et du militarisme » [47].

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Trump [36]
  • Keir Starmer [39]

Courants politiques: 

  • Influencé par la Gauche Communiste [48]

Rubrique: 

Réunions publiques internationales du CCI…

La bourgeoisie tente d’enfermer la classe ouvrière dans le piège de l’antifascisme

  • 84 lectures

Ces derniers mois, Trump a été constamment sous les feux de la rampe : il ne se passe pas un jour sans qu’il ne fasse une déclaration qui déconcerte la planète entière : volonté d’annexer le Groenland ou le Panama, humiliation publique de Zelensky, purge de l’administration, licenciement sans ménagement de milliers de fonctionnaires fédéraux, intimidation de journalistes… En quelques semaines, ses accents de chef de gang et sa pratique brutale du pouvoir ont tant défrayé la chronique que la presse américaine et mondiale entonne désormais en chœur ses plus hypocrites refrains démocratiques : la «plus grande démocratie du monde» serait en train de se transformer en «régime illibéral», voire en «dictature». La bourgeoisie pousse d’ailleurs le bouchon très loin, puisqu’il a déjà été publiquement décrié comme un «traître», un «despote» et un «fasciste». Certains font même des parallèles entre Trump et Mussolini !

Trump, un fasciste ?

Plus l’ineptie et la brutalité de Trump s’étalent au grand jour, plus il est facile pour le reste de la bourgeoisie, Démocrates en tête, de rejeter sur le Président et sa bande de pieds nickelés la responsabilité du chaos économique et impérialiste et des attaques contre la classe ouvrière. La campagne assourdissante autour de ses «folles décisions» et de son «autoritarisme» relève d’une stratégie classique de la bourgeoisie pour faire croire que le chaos, les destructions barbares et les massacres sont la faute d’individus «irresponsables» ou «délirants» (Trump ou Poutine aujourd’hui ; Hitler, Mussolini ou Staline hier…) et non l’expression de la faillite historique du système capitaliste.

En réalité, l’élection de Trump aux États-Unis, comme celle de Milei en Argentine, et la montée du populisme un peu partout dans le monde, particulièrement dans les pays européens, ne sont que la manifestation de la difficulté croissante des diverses bourgeoisies nationales de garder le contrôle de leur appareil politique sous la pression du pourrissement sur pied du capitalisme.

La situation est aujourd’hui bien différente des années 1930. À la fin de la Première Guerre mondiale, une impressionnante vague révolutionnaire a touché l’ensemble de l’Europe. Dans certains pays en particulier, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, le prolétariat fut particulièrement combatif et parvint même à s’emparer du pouvoir politique en Russie. À tel point qu'après avoir pris le pouvoir politique lors de la révolution d'octobre 1917 en Russie, il avait contraint les bourgeoisies belliqueuses à mettre fin à la guerre pour affronter leur ennemi mortel, non seulement en Russie, mais aussi et surtout en Allemagne.

Malheureusement, cette vague révolutionnaire s’est soldée par un échec, et par une féroce répression de la bourgeoisie.

En Allemagne, où la classe ouvrière a subi plus qu’ailleurs (à l’exception de la Russie) les conséquences d’une terrible défaite physique et idéologique infligée par la social-démocratie, le nazisme, comme le fascisme en Italie dans les années 1920, est finalement apparu à la bourgeoisie allemande comme le moyen le plus efficace pour finaliser l’écrasement du prolétariat et conduire au pas de charge les transformations sociales radicales et la militarisation la plus extrême de la production, nécessaires à la marche vers la Seconde Guerre mondiale.

Dans les pays «démocratiques», où la bourgeoisie était contrainte de maintenir l’arsenal de mystification parlementaire et électorale, elle a embrigadé la classe ouvrière pour la préparer à la guerre et lui faire accepter tous les sacrifices nécessaires en l’enfermant dans un faux-choix, opposant à la menace du fascisme, la défense de la démocratie : c’est là toute l’idéologie antifasciste qui enferme la classe ouvrière dans des combats qui ne sont pas les siens et l’amène à accepter de se ranger derrière un prétendu «moindre mal» : la bourgeoisie «démocratique».

L’antifascisme est donc, tout comme le fascisme, une conséquence de l’écrasement physique et idéologique du prolétariat. Ils s’inscrivent dans une période de contre-révolution laissant le champ libre à la bourgeoisie pour mener les travailleurs vers la guerre mondiale.

Le contexte est-il comparable aujourd’hui ? Depuis la fin de la contre-révolution, qui s’est manifestée avec les événements de Mai 1968 en France et d’autres luttes partout dans le monde (de l’Italie en 1969 jusqu’en Pologne en 1976 et 1980), la classe ouvrière n’a pas subi de défaite significative ouvrant la voie à une période de contre-révolution. Il y a eu des moments d’avancées de la conscience, des piétinements et des reculs plus ou moins importants, mais jamais de défaite définitive. Aucune comparaison possible donc avec les années 1930, d’autant plus qu’aujourd’hui, en rupture avec une période de désarroi et de passivité, une lente reprise de la combativité et du développement de la maturation de la conscience s’opère depuis fin 2022, qui s’est manifestée par des mouvements de lutte importants à l’échelle internationale, en Grande-Bretagne, en France ou aux États-Unis.

Populisme et campagnes antifascistes

Contrairement au fascisme, qui était un produit de l’écrasement du prolétariat, la vague populiste actuelle est l’expression du pourrissement du capitalisme. Ce n’est nullement un hasard si les partis populistes se sont réellement développés et ont atteint de tel impact depuis le début du XXIe siècle. Leur développement coïncide avec l’expansion des effets néfastes de la décomposition de la société capitaliste. À mesure que la crise économique s’intensifie, que les confrontations impérialistes s’embrasent, les tensions entre factions de la bourgeoisie s’exacerbent, les rivalités en son sein deviennent de plus en plus incontrôlables et, en conséquence apparaît une perte de contrôle croissante de l’appareil politique. Les cliques populistes dénoncent les élites politiques et les factions dominantes qui monopolisent le pouvoir et propagent des politiques de petites frappes qui déstabilisent et rendent encore plus irrationnelle la politique des différents États. Le populisme exprime donc une réalité radicalement différente de celle du fascisme : s’il déstabilise l’appareil politique de la bourgeoisie, il est bien incapable, face à une classe ouvrière qui résiste aux attaques, d’imposer les sacrifices nécessaires à la préparation de la guerre, et encore moins à celle d’un conflit mondial.

C’est pourquoi la bourgeoisie utilise l’idéologie antifasciste, par l’intermédiaire de ses factions de gauche, en faisant du populisme un épouvantail, assimilé au fascisme. Les partis de gauche visent ainsi à détourner la dynamique de lutte ouvrière vers l’impasse électorale en se positionnant comme le véritable «rempart» de la démocratie et de l’égalité, à même d’apporter une réponse à la crise du capitalisme.

L’identification du populisme au fascisme sert donc surtout à la gauche pour lancer une intense campagne visant à dénoncer Trump comme la source de la débâcle économique et des dérives guerrières, occultant ainsi la faillite historique du mode de production capitaliste. Elle dissimule cette vérité crue que les attaques contre la classe ouvrière ne pourront que se multiplier.

Le piège des manifestations en faveur de l’État bourgeois

C’est dans cette perspective que les Sanders, les Ocasio-Cortez, les Warren, les fractions les plus «radicales» du parti Démocrate ainsi que les syndicats ont poussé les ouvriers à descendre massivement dans les rues de nombreuses villes américaines en les encadrant derrière le mouvement baptisé «Hands off !» («Bas les pattes !») pour dénoncer «l’autocratie» de Trump. Ces fractions de la bourgeoisie ont pris la tête et canalisé la protestation alors que se dessinait une colère ouvrière grandissante, non seulement contre les licenciements de dizaines de milliers de fonctionnaires mais aussi face aux coupes à la tronçonneuse dans tous les budgets sociaux comme dans les services de l’éducation ou de la santé en passant par la hausse spectaculaire du coût de la vie. Pour faire bonne mesure et noyer davantage la réaction des prolétaires à ces attaques, se sont ajoutées et juxtaposées des revendications parcellaires, du mouvement LGTB aux associations caritatives, toutes de nature idéologique bourgeoise, sous la bannière de la défense des «droits des citoyens» et de la «démocratie».

Il s’agissait, en fin de compte, de dévoyer la combativité ouvrière, d’éloigner les prolétaires de la mobilisation sur leur véritable terrain de classe, celui où se construit la solidarité, la réflexion collective et l’unité du prolétariat. C’est aussi la raison pour laquelle les syndicats appellent les fonctionnaires licenciés à se mobiliser, seuls et coupés du reste de la classe ouvrière, contre Elon Musk, érigé en «incarnation du mal», source de tous les maux. Le mouvement «Hands off !» a d’ailleurs promis d’amplifier la «riposte» sur ce terrain idéologique pourri et miné d’avance ces prochaines semaines, tandis que Sanders et Ocasio-Cortez multiplient les meetings et les rassemblements.

En opposition aux campagnes pour la défense de l’État démocratique, la classe ouvrière américaine doit mener la lutte contre les licenciements dans les administrations fédérales et dans l’enseignement, tout comme dans les entreprises, contre la baisse des retraites indexées sur les indices boursiers qui s’effondrent, contre la baisse des aides sociales et le démantèlement de la sécurité sociale sur son propre terrain de classe, en refusant les divisions entre secteurs. Face à l’intensification de la crise, de «l’effort de guerre» et de l’ensemble des attaques imposées par la bourgeoisie, face aux effets de la décomposition, il est essentiel que la classe ouvrière, aux États-Unis comme ailleurs, développe sa lutte unie contre les attaques et les sacrifices que la crise et la guerre lui imposent. Le système capitaliste n’a rien à lui offrir. Les promesses vides de la bourgeoisie ne sont là que pour mieux l’enchaîner à l’exploitation.

Camille, 21 avril 2025

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Trump [36]
  • Zelensky [49]
  • Poutine [34]
  • Hitler [50]
  • Mussolini [51]
  • Staline [52]
  • Javier Milei [28]
  • Bernie Sanders [53]
  • Alexandria Ocasio-Cortez [54]
  • Elizabeth Warren [55]

Questions théoriques: 

  • Démocratie [56]

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • Les soi-disant partis "ouvriers" [57]

Rubrique: 

Manifestation pour la défense de la démocratie aux États-Unis

La classe ouvrière en lutte face à la crise et à la pression du militarisme

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Après la manif du 13 février qui avait rassemblé plus de 100,000 manifestants, la grève générale de 24 heures du 31 mars a confirmé une fois de plus que l’indignation et la colère contre les plans d’austérité du gouvernement fédéral[1] sont profondément ressenties par un nombre croissant de travailleurs de tous les secteurs et de toutes les régions en Belgique, et que la combativité reste élevée. Cependant, la fragmentation sectorielle et régionale imposée au mouvement illustre que la bourgeoisie a lancé sa contre-offensive par l’entremise de ses syndicats, et ceci dans un contexte de guerre commerciale et d’explosion des budgets de défense qui annoncent de nouvelles attaques massives contre la classe ouvrière, en Belgique comme partout dans le monde.

Une rupture avec la passivité et le désarroi

Cette importante vague de luttes en Belgique n’est pas isolée mais constitue une expression de la rupture avec des années de soumission passive des travailleurs aux attaques de la bourgeoisie, d’atomisation, mais aussi la maturation souterraine, le processus de réflexion en cours. «La résurgence de la combativité ouvrière dans un certain nombre de pays est un événement historique important qui n’est pas le résultat des seules conditions locales et ne peut s’expliquer par des circonstances purement nationales. Portés par une nouvelle génération de travailleurs, l’ampleur et la simultanéité de ces mouvements témoignent d’un véritable changement d’humeur de la classe et d’une rupture avec la passivité et la désorientation qui ont prévalu de la fin des années 1980 à aujourd’hui[2]«.  L’été de la colère au Royaume-Uni en 2022, le mouvement contre la réforme des retraites en France à l’hiver 2023, les grèves aux États-Unis, notamment dans l’industrie automobile, à la fin de l’été 2023, restent les manifestations les plus spectaculaires du développement des luttes ouvrières dans le monde. Les mouvements actuels en Belgique illustrent aussi dans quel contexte se développeront les combats ouvriers plus particulièrement dans les pays industrialisés, avec des attaques tous azimuts du fait de l’accélération de la crise économique, interagissant comme dans un tourbillon avec l’expansion du militarisme et du chaos.

Le programme du nouveau gouvernement De Wever prévoit un total de près de 26 milliards d’euros de réduction budgétaire afin de réduire la dette de l’État (105% du PNB). Le programme gouvernemental inclut une forte réduction des budgets sociaux, en particulier les économies sur les retraites (en pénalisant toute retraite anticipée et en s’attaquant aux régimes de retraite des fonctionnaires et des enseignants), ainsi que la limitation des droits au chômage à un maximum de deux ans, ce qui entraînerait l’exclusion de 100,000 chômeurs cette année. Par ailleurs, un demi-million de malades de longue durée risquent de perdre leurs prestations en raison d’efforts «insuffisants ou non coopératifs» pour reprendre le travail. Les paiements pour les heures supplémentaires et le travail de nuit sont également drastiquement réduits. Les «partenaires sociaux» devraient proposer une réforme de l’indexation automatique des salaires et des prestations (c’est-à-dire une réduction !) d’ici à la fin de 2026. De plus, moins de deux mois après l’annonce de ce programme, les plans de réarmement généralisés de l’Europe entraîneront pour la Belgique, à la traîne au niveau des budgets de défense, un quasi doublement de celui-ci dans les prochaines années.

Dès les premières fuites concernant ces plans, l’opposition aux mesures s’est manifestée. Pour ne pas perdre le contrôle de la situation, les syndicats ont décidé d’organiser une première journée d’action le 13 décembre 2024, dans le but de détourner le mécontentement vers les directives de l’Union européenne. Cette première journée a réuni quelque 10,000 manifestants. La manœuvre n’a cependant pas réussi et le mécontentement a continué de croître, comme en témoigne la deuxième journée d’action du 13 janvier, où les syndicats ont tenté à nouveau de restreindre la mobilisation à «la défense des retraites dans l’enseignement». En réalité, la participation a atteint environs 30,000 manifestants issus de secteurs de plus en plus nombreux et de toutes les régions du pays. Le 27 janvier, une manifestation sectorielle régionale «historique» du personnel l’enseignement francophone a rassemblé 35,000 participants contre les coupes sombres imposées par le gouvernement régional. Puis, la constitution du nouveau gouvernement fédéral et la communication de son programme d’austérité n’a fait qu’aviver la contestation et la troisième journée d’action du 13 février, organisée avec le slogan trompeur de «défense des services publics», a réuni plus de 100,000 manifestants de tous les secteurs qui ont exprimé leur volonté de transgresser le saucissonnage sectoriel et régional du mouvement organisé par les syndicats. Les manifestants ont appelé à mener un combat global contre les attaques du gouvernement.

La contre-attaque syndicale : encadrer, fragmenter, épuiser la combativité ouvrière

Face à la montée de la combativité ouvrière et de la poussée vers l’unité, les syndicats ont engagé une contre-attaque visant à empêcher toute mobilisation de masse dirigée contre la globalité des projets gouvernementaux : le sentiment d’appartenir à une seule classe, de lutter ensemble et solidairement pour construire un rapport de force, devait être contré ! Alors que la solidarité dans la lutte devenait de plus en plus claire, les syndicats ont organisé la fragmentation et la division des mouvements entre secteurs, avec des revendications spécifiques et entre les syndicats eux-mêmes. En lieu et place des manifestations communes, des grèves éparpillées d’un ou de plusieurs jours ont été organisées dans l’enseignement, les transports urbains et régionaux, dans les chemins de fer, avec un planning étalé sur 6 mois ! Une grève générale d’un jour a été déclarée six semaines plus tard, le 31 mars, sans aucun appel à manifester. Le message est désormais de rester passivement chez soi, avec une multitude de petits piquets de grévistes centrés sur leur entreprise ou leur secteur, bien séparés les uns des autres. La soi-disant grève «générale» a été utilisée comme moyen de paralyser les mobilisations et d’isoler les travailleurs, d’épuiser la combativité contre toute tendance à l’unification.

La contre-offensive du gouvernement et des syndicats tente donc d’épuiser le mouvement avant la période estivale. Ainsi, un appel à une nouvelle «grève générale» est lancée pour le 29 avril. Le fait que des secteurs comme les transports ferroviaires et l’éducation aient encore des grèves et des journées d’action prévues en avril, mai et juin, soulignent que les syndicats «mettent le paquet» afin d’isoler les secteurs combatifs et surtout, en fin de compte, de les épuiser dans des actions coupées du reste de la classe ouvrière[3]. Si, le 22 mai (soit trois mois après la précédente mobilisation!), une nouvelle manifestation nationale est annoncée par les syndicats, évidemment autour des revendications spécifiques aux secteurs public et associatif, c’est clairement avec l’espoir de pouvoir constater que la combativité est en recul et que le découragement s’installe.

L’offensive syndicale est d’autant plus nécessaire que de nouvelles attaques se profilent à l’horizon : «Regardez le contexte international» indiquait le président des socialistes flamands (le parti «Vooruit»). La bourgeoisie a de moins en moins de marge de manœuvre pour faire face aux effets de la guerre économique et du militarisme croissant. La décision d’augmenter significativement le budget de la défense de 1,3 % à 2 % du PIB dès cette année en est une preuve éloquente et ce n’est qu’un premier pas vers un niveau de 3 % du PIB, financé par des mesures d’austérité plus brutales encore. D’autre part, l’investissement massif dans les budgets militaires a été ressenti comme une provocation par beaucoup de ceux qui se sont mobilisés contre les plans d’économies de 5,1 milliards sur le chômage et les retraites.

Les gauchistes tentent évidemment d’empêcher la radicalisation de la réflexion et de la ramener dans le cadre idéologique de la bourgeoisie : ainsi, des groupes trotskistes appellent à se battre pour un «véritable» gouvernement de gauche et contribuent à renforcer les campagnes démocratiques et pacifistes. Pour sa part, le parti populiste de gauche Parti du Travail de Belgique (PTB/PvdA) organise une marche le 27 avril sur le thème «De l’argent pour les travailleurs, pas pour l’armement». Il alimente ainsi l’illusion qu’un choix «démocratique» au sein du capitalisme est possible.

Le contexte actuel tendra donc de plus en plus à exiger de la classe ouvrière un niveau de lutte plus politisé pour réussir à faire reculer la bourgeoisie, comme l’illustre la situation en Belgique. Face à une nouvelle aggravation de la crise économique, face à la pression du militarisme et à la menace toujours plus présente de la barbarie guerrière, nous devons résister au discours trompeur et mensonger de la bourgeoisie qui nous demande toujours plus de sacrifices. La crise économique, la destruction écologique, les guerres meurtrières, les flux massifs de réfugiés jetés sur les routes du désespoir et de la mort sont le produit du capitalisme en décomposition. Seules la solidarité et l’unité dans la lutte contre les attaques de nos conditions de vie nous permettront de développer des revendications qui uniront les différents secteurs de la classe ouvrière. Dès à présent, l’utilisation des mobilisations syndicales pour engager une discussion entre travailleurs la plus large possible sur les besoins généraux de la lutte au lieu d’écouter passivement les discours de ceux qui organisent notre division et notre impuissance peut constituer un premier pas dans ce sens.

Lac, 15 avril 2025.


[1]Cf. « Une nouvelle expression du militantisme international de la classe ouvrière », Révolution internationale n°503, et « La coalition “Arizona” prépare une attaque frontale contre les conditions de travail et de vie », Internationalisme n° 381.

[2] « Résolution sur la situation internationale du 25e congrès international du CCI », Revue internationale n° 170 (2023).

  1. En particulier, les actions de grève impopulaires des chemins de fer, avec 19 jours de grève lors du mois de mars et des dizaines d’autres dans les mois à venir, illustrent cette volonté d’organiser l’usure et l’isolement par rapport au reste de la classe.

Situations territoriales: 

  • Lutte de classe en Belgique [3]

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Bart De Wever [58]

Rubrique: 

Belgique

Le bouleversement des alliances engendre une exacerbation de la guerre de chacun contre tous

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Tandis que l’OTAN sur la page d’accueil de son site déclare : «L’Otan condamne avec la plus grande fermeté la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine. L’Alliance demeure résolument déterminée à soutenir l’Ukraine et à l’aider ainsi à exercer son droit fondamental à la légitime défense», Trump humilie et rudoie en public devant les médias du monde entier le président Ukrainien, le désignant même comme responsable de la barbarie en Ukraine, tout en renouant les liens et entamant des négociations avec la Russie de Poutine. Ces prises de position provocantes soulignaient publiquement et brutalement la rupture idéologique et stratégique de l’Amérique trumpienne avec l’axe central de la politique de l’Otan. En outre, Trump met en doute la solidarité entre les pays de l’Otan, la quintessence de l’Alliance Atlantique : "S'ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre", "Mon plus gros problème avec l'Otan (...), c'est que si les États-Unis avaient un problème et qu'on appelait la France ou d'autres pays que je ne nommerais pas en disant 'On a un problème', vous pensez qu'ils viendraient nous aider, comme ils sont censés le faire ? Je n'en suis pas sûr…» (France 24, 07.03.25). En quelques semaines, Donald Trump torpillait ainsi l’Alliance Atlantique, il démolissait politiquement le pacte de défense collective qui unissait les États-Unis et l’Europe depuis 1949. L’Amérique n’entendait plus appuyer leurs alliés dans la défense de l’Ukraine, elle ne garantissait même plus la solidarité inconditionnelle des États-Unis en cas d’agression d’un des partenaires.

La fin définitive des relations impérialistes instaurées depuis 1945

Ces évènements ont une signification historique profonde puisqu’il s’agit de l’éclatement au grand jour d’une complète remise en cause des relations impérialistes entre les grandes puissances en usage depuis 1945. En réalité, ils sont l’aboutissement de tout un processus initié par l’effondrement du bloc de l’Est fin 1989, qui marquait par ailleurs l’ouverture de la période de décomposition. A l’époque, le CCI avait indiqué que cet effondrement du bloc soviétique s’accompagnerait d’une désagrégation du bloc occidental : «La différence avec la période qui vient de se terminer, c'est que ces déchirements et antagonismes, qui auparavant étaient contenus et utilisés par les deux grands blocs impérialistes, vont maintenant passer au premier plan. La disparition du gendarme impérialiste russe, et celle qui va en découler pour le gendarme américain vis-à-vis de ses principaux partenaires d'hier, ouvrent la porte au déchaînement de toute une série de rivalités plus locales[1]».

La désagrégation s’est effectuée progressivement depuis cette époque, avec des hauts et des bas, pour aboutir aujourd’hui à la manifestation explicite du divorce transatlantique. Dans leur tentative de défendre leur statut d’unique superpuissance régissant le monde, les États-Unis ont initialement exploité l’Otan pour les appuyer dans leur rôle de gendarme du monde et leur permettre de maintenir leurs «partenaires» du bloc occidental sous contrôle (1ère guerre d’Irak, 1991, Afghanistan, 2001), pour intégrer les pays d’Europe de l’Est de l’ex-bloc soviétique dans leur zone d’influence et enfin récemment pour appuyer l’Ukraine contre l’attaque russe, ce qui permettait à Washington de contrer par la même occasion les velléités d’indépendance des pays européens. Celles-ci ont cependant surgi dès le début des années 1990 avec les manœuvres de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne lors de la guerre civile en ex-Yougoslavie et se sont accentuées avec le refus des principaux pays européens en 2003 de participer à l’aventure de la seconde guerre d’Irak sous Bush junior. Plus globalement l’autonomisation des pays européens (en particulier l’Allemagne) s’est exprimée par une réduction sensible de leurs contributions militaires à l’Otan et par leur large ouverture énergétique et commerciale vers la Russie et la Chine.

Confrontée à son déclin irréversible face à l’explosion du «chacun pour soi» et à l’émergence du challenger chinois, la première puissance mondiale entend aujourd’hui utiliser sa puissance militaire, économique et politique pour imposer la défense de ses intérêts par la force brute si nécessaire à tous les autres pays, adversaires comme alliés. Dès lors, derrière le lâchage par Washington de l'Ukraine, la mise en question de la solidarité transatlantique au sein de l’OTAN et le rapprochement avec la Russie, c'est bien la structuration du monde depuis 1945 qui est en train d'être définitivement balayée.

L’irréversibilité du divorce transatlantique

Le secrétaire général de l’Otan, M. Rutte, tout comme certains milieux militaires ou politiques européens espèrent encore que ces déclarations tonitruantes de Trump ont essentiellement pour but de faire monter les enchères dans le cadre d’une négociation «transactionnelle» sur le financement de l’Otan et que l’augmentation drastique des budgets militaires décidée par les pays européens calmera l’agressivité anti-européenne de Trump. Si la forme concrète et la vitesse de finalisation du divorce entre les «alliés de toujours» restent difficiles à prédire, l’irréversibilité du processus est cependant confirmée par divers éléments.

1. «Mais Trump a désarmé politiquement l’OTAN, il l’a vidée de ce qui fait la force d’une alliance de défense collective : la fiabilité.[2]». La garantie absolue d’une intervention militaire en soutien et du parapluie atomique américain en couverture au sein de l’OTAN n’est plus du tout assurée, bien au contraire, comme l’indique encore une note récente du Pentagone, la «Interim National Defense Strategic Guidance», basée sur des directives du ministre de la défense Pete Hegseth que le Washington Post (31.03.2025) a pu consulter. Elle précise qu’en cas d’agression, l’Europe ne pourra éventuellement compter que sur un renfort de troupes non indispensables face à la Chine. Par ailleurs, Trump continue de revendiquer le Groenland au Danemark, ainsi que l’annexion du Canada, pourtant deux pays partenaires au sein de l’Otan. Pas étonnant que le premier ministre canadien Mark Carney ait conclu que les Etats-Unis n’étaient plus un partenaire fiable ! Quels que soient les revirements ultérieurs, le doute sur l’indéfectibilité de l’Alliance Transatlantique et du soutien américain à l’Europe a été instillé.

2. L’irréversibilité du divorce est également soulignée sur un plan idéologique. La conclusion du Pacte Transatlantique et la fondation de l’Otan après 1945 avaient comme couverture idéologique la défense de la «démocratie occidentale». La mise en question du soutien indéfectible à l’Ukraine par Trump au profit d’un rapprochement avec le «dictateur Poutine» ainsi que l’attaque par le vice-président Vance au Forum de Munich de la conception de la démocratie défendue par les bourgeoisies européennes, alors que dans le même temps, l’administration Trump ne cesse d’apporter son soutien aux partis populistes et d’extrême-droite en Europe, déchirent complètement cette couverture idéologique commune. Trump enlève à l’Alliance Atlantique tout son ciment idéologique.

3. Alliée cruciale des États-Unis face à l'URSS pendant plus de cinquante ans, l'Europe a perdu de son importance géostratégique au fur et à mesure de la montée en puissance de la Chine, pour devenir surtout un concurrent économique et un pourvoyeur de pays contestataires, voire ennemis, lors de conflits armés. «Nous sommes également ici aujourd’hui pour exprimer clairement et sans ambiguïté une réalité stratégique incontournable : les États-Unis ne peuvent plus être principalement concentrés sur la sécurité de l’Europe. Les États-Unis font face à des menaces directes contre notre propre territoire. Nous devons -et nous sommes en train de- donner la priorité à la sécurité de nos propres frontières. (…) Cela nécessitera que nos alliés européens s’impliquent pleinement et prennent la responsabilité de leur propre sécurité conventionnelle sur le continent[3]«. L’Europe, et donc le pacte transatlantique, n’est plus une priorité, voire une nécessité, pour l’impérialisme américain et l’administration Trump l’exprime sans fioritures diplomatiques.

4. Entre pays européens, des divergences surgissent encore quant à une subsistance éventuelle de liens transatlantiques : certains, tels l’Italienne Meloni ou le Polonais Tusk, espèrent que l’effort d’armement conséquent des pays européens permettra de sauvegarder l’essence de l’alliance et calmera l’agressivité anti-européenne de l’administration Trump ; d’autres par contre constatent le délitement final du lien transatlantique et poussent au développement d’une politique alternative par rapport aux Etats-Unis. Ces derniers exploiteront sans nul doute la situation en accentuant la pression en vue de la dislocation du «pôle européen». Ainsi, Trump tendra à développer une politique «transactionnelle» plus favorable envers certains pays, tels la Pologne, ou moins favorables envers d’autres, comme l’Allemagne.

5. «Écoutez, soyons honnêtes, l’Union européenne a été conçue pour entuber les États-Unis» (déclaration de Trump, 26.02.2025). La multiplication des tarifs douaniers par les Etats-Unis envers les importations des «alliés» européens, accusés par Trump de traiter les Etats-Unis bien plus mal que certains «ennemis», tout comme les «représailles» européennes, ne feront qu’exacerber les tensions entre les deux rives de l’Atlantique et constituent le volet économique du divorce. Cette guerre commerciale illustre bien en quoi les «partenaires» européens d’antan sont vus aujourd’hui comme des rivaux de l’»America first». L’imposition aux pays européens d’un gigantesque effort d’investissements militaires à cause de la fin du parapluie militaire américain a notamment pour objectif d’imposer à tous les pays de l’UE un «gaspillage» d’une partie de leurs réserves économiques dans le développement de leurs moyens militaires afin que ces pays perdent en compétitivité vis-à-vis des États-Unis. En outre, la variation des tarifs douaniers est potentiellement aussi un moyen de semer la discorde entre pays européens.

Les Etats-Unis à la tête de la guerre de chacun contre tous

La remise en cause des relations impérialistes entre grandes puissances a non seulement une signification historique importante, elle débouchera surtout sur une accélération formidable du chacun pour soi, de l’irrationalité et du chaos au niveau mondial.

L’objectif prioritaire de l’administration Trump, dans le prolongement de la politique de Biden d’ailleurs, est d’empêcher par tous les moyens économiques et militaires le challenger chinois de menacer la suprématie déclinante des États-Unis. Dans ce but, Trump cherche à détacher la Russie de la Chine et pour ce faire, il est prêt à sacrifier l’Ukraine et la stabilité de l’Europe, voire la cohésion de l’UE. Cependant, Si la Russie ne peut que se réjouir du rapprochement opéré par les Etats-Unis alors qu’elle considère avec méfiance la mainmise économique croissante de la Chine sur la Sibérie, dans le même temps, elle se méfie du caractère fluctuant des décisions de Trump, d’où les réticences de la fraction Poutine à s’engager dans le processus de fin des combats sur la base du «deal» proposé par Washington. En fait, Trump tente un coup, sans être certain de la réussite de celui-ci et sans se préoccuper des conséquences. En ce sens Trump est la caricature de comment la bourgeoisie dans la décomposition développe sa politique impérialiste : «tenter un coup», avec une vision immédiate, sans se préoccuper des conséquences à plus long terme.

Une conséquence majeure du divorce transatlantique est sans nul doute l’explosion généralisée des dépenses d’armement et plus globalement du militarisme en Europe. Les rencontres entre grands pays européens se multiplient pour accroître la production militaire et assurer le soutien à l’Ukraine. Partout en Europe une augmentation des budgets militaires pour les années à venir est annoncée : c’est le cas de la Grande-Bretagne, de la France[4], de l’Allemagne[5], et l’UE annonce un soutien de 800 milliards d’Euros pour les 10 années à venir. L’Allemagne a voté une réforme de sa constitution pour supprimer un point qui lui interdit d’avoir des déficits publics afin de pouvoir s’endetter pour augmenter les dépenses militaires. Mais, des divergences apparaissent déjà entre les États : des nuances s’expriment entre la France et la Grande-Bretagne d’une part et l’Italie et la Pologne par exemple sur quoi faire par rapport à l’Ukraine ; de même, quelle sera l’attitude des autres puissances européennes face à l’Allemagne, 1ère force économique dans l’UE, qui veut aussi devenir la principale puissance de l’UE ; aux Pays-Bas, le premier ministre a été mis en minorité au sein de sa propre majorité par rapport aux engagements envers l’Ukraine, les populistes défendant l’idée que l’argent doit d’abord servir aux Hollandais. Si des rapprochements stratégiques se dessineront par rapport aux États-Unis et au sein de l'UE, la tendance est à ce qu’il n’y aura plus d’alliances militaires stables, une dynamique propre à l’exacerbation du «chacun pour soi» en période de décomposition et déjà largement constatable dans divers conflits dans le monde.

En lâchant l'Ukraine, en torpillant le Pacte transatlantique, en se tournant vers la Russie, bref en détruisant les dernières fondations de l’ordre international qui avaient survécu à la chute de l'URSS, les États-Unis feront face à un monde impérialiste qui leur sera encore plus hostile et moins contrôlable, car rien de stable ne sortira de ce «bouleversement des alliances» qui ne pourra jamais en engendrer de durables. En fait, Trump a indiqué face au monde : la parole de l'État américain ne vaut rien, vous ne pouvez pas nous faire confiance. De toute évidence, lui et sa clique ne cherchent pas à établir des alliances internationales solides, mais des «deals» bilatéraux ponctuels, valables «tout de suite maintenant». Ainsi, après les échecs successifs de la bourgeoisie américaine à imposer son ordre et à limiter le «chacun pour soi», Trump acte l’impossibilité d'enrayer cette dynamique, mais au contraire se place à la tête de celle-ci en déclarant ouverte la «guerre de chacun contre tous». Voilà la véritable «stratégie» vandaliste de la nouvelle administration américaine : «L’ordre mondial est devenu une arme utilisée contre nous. Il nous revient à nouveau de créer un monde libre à partir du chaos. Cela exigera une Amérique (…) plaçant ses propres intérêts au-dessus de tout le reste[6]«. Dorénavant, aucun véritable retour en arrière ne sera possible.

Pour la classe ouvrière, le divorce transatlantique et le «bouleversement des alliances» annoncent fondamentalement deux choses : une intensification significative des attaques contre leurs conditions de vie, provoquée par l’exacerbation du militarisme, et la multiplication d’horribles confrontations guerrière, telles que celles qui massacrent chaque mois des milliers de personnes en Ukraine ou en Palestine. Face aux campagnes visant à les mobiliser en défense de l’État démocratique, face à la «guerre de chacun contre tous», les travailleurs doivent au contraire maintenir leur unité sur leur terrain de classe pour lutter contre les attaques des différentes bourgeoisies.

R. Havanais
le 20.04.2025


[1] Texte d’orientation « militarisme et décomposition », Revue Internationale 64, 1991

[2] Chronique d’Alain Frachon, Le Monde, 06.03.2025.

[3] Discours de P. Hegseth, le 12.02.25 lors de la réunion du Groupe de contact pour l’Ukraine de l’Otan.

[4] « Les crédits votés dans la loi de programmation militaire 2024-2030 se montent à 413 milliards d’euros ».

[5] « Un fonds massif de 500 milliards d'euros est prévu pour positionner l'Allemagne en tant que leader de la défense européenne. »

[6] Le secrétaire d’État M. Rubio, commission du Sénat, 15.01.25, dans « Alliance atlantique ou schisme occidental ? » Le Monde diplomatique, avril 2025.

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]
  • Mark Rutte [41]
  • Pete Hegseth [59]
  • Mark Carney [60]
  • Vladimir Poutine [61]
  • James David Vance [62]
  • Giorgia Meloni [63]
  • Donald Tusk [64]
  • Alain Frachon [65]
  • Joe Biden [66]
  • Marco Rubio [67]

Questions théoriques: 

  • Décomposition [33]
  • Impérialisme [68]

Rubrique: 

Divorce transatlantique, lâchage de l’Ukraine par Trump et rapprochement avec la Russie

Le capitalisme n’a aucune solution à la crise économique mondiale !

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Après la surenchère folle des derniers mois sur les droits de douane et les la chute des bourses et du dollar qui en ont été la conséquence, le monde est suspendu aux décisions que Trump prendra ou ne prendra pas, celles sur lesquelles il reviendra ou pas, … Pour la grande majorité des factions de la bourgeoisie, la politique de l’actuelle administration américaine est «absurde», les décisions de Trump sont «folles» et elles menacent le développement d’une économie mondiale déjà chancelante, et en premier lieu d’ailleurs celui de l’économie américaine.  Selon les prévisions récentes du FMI, la croissance de l’économie américaine reculerait de près de 1% par rapport aux prévisions précédentes, l’économie chinoise de 0,6% et enfin l’économie mondiale de 0,5%. 

En réalité, ce qui menace fondamentalement l’économie mondiale et l’humanité, c’est le capitalisme décadent qui est entré dans sa phase finale de décomposition, où se combinent à présent les effets de la crise économique, des guerres, de la crise climatique, et de toutes les manifestations du pourrissement sur pieds de la société dans un monde à l’agonie. Trump, de même que le populisme, n’est autre qu’un produit de cette dynamique de la société.

Les fondements du grand désordre économique

Depuis la réapparition de la crise historique du capitalisme à la fin des années 1960, produit des contradictions fondamentales du capitalisme, la bourgeoisie a mis en œuvre des palliatifs pour essayer de reporter à plus tard les effets les plus lourds de la récession. L’efficacité de telles politiques reposait sur la capacité des principaux pays industrialisés à s’accorder sur un certain niveau de coopération internationale basée sur la mise en œuvre de mécanismes de capitalisme d’État qui, notamment, constituèrent la charpente de la mondialisation de l’économie et permirent, dans un premier temps, aux échanges économiques d’échapper au chaos sévissant par exemple sur les plans impérialiste ou de la vie politique de la bourgeoisie. Ainsi, au plus grave de la convulsion économique de 2007-2008, qui avaient déjà frappé durement les États-Unis, et celles de 2009-2011 avec la crise de la "dette souveraine", la bourgeoisie avait pu concerter ses réponses, ce qui a permis d’atténuer un peu les coups de la crise et garantir une "relance" anémique pendant la phase 2013-2018.

Mais une telle politique a trouvé ses limites dans la tendance croissante au «chacun pour soi» des différentes fractions nationales de bourgeoisie, les rendant de moins en moins capables d’apporter une réponse un minimum concertée, à travers des mesures palliatives, à la crise mondiale du capitalisme. Une telle «évolution» était la marque de l’expansion de la décomposition du capitalisme, en particulier du chacun pour soi à tous les niveaux de la société, y compris à celui de la gestion du capital par la bourgeoisie. Cela se confirma de manière éclatante avec la Pandémie de 2020 et ensuite les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, qui ont provoqué  une fermeture des frontières, suscité un courant très significatif en faveur de mesures de "relocalisation nationale" de la production, de préservation de secteurs clé dans chaque capital national, du développement d’entraves à la circulation internationale des marchandises et des personnes. Tout cela a contribué à semer la pagaille dans les politiques monétaires, financières, commerciales.

Trump2 comme facteur d’exacerbation de la déstabilisation de l’économie

C’est dans ce terrain miné que Trump revient aux affaires avec sa politique populiste décomplexée, irrationnelle au possible, changeante et complétement imprédictible. Tout en étant un produit du pourrissement sur pied du capitalisme, Trump est à son tour un facteur actif de celui-ci. C’est ce qu’illustre de façon on ne peut plus probante ses gesticulations à la tête de l’exécutif américain dans la guerre des droits de douane qu’il a enclenché contre le monde. Les justifications «économiques» avancée par l’administration Trump dans sa croisade pour augmenter les tarifs douaniers imposés sur la plupart des marchandises importées sont soit du bluff, soit absurdes, voire l’un et l’autre.

L’une d’entre elles, presque risible, est que jusqu’alors les Etats-Unis auraient été trop généreux avec leurs partenaires qui  ne se lassaient pas de profiter des largesses de l’oncle Sam («Le monde entier profite de nous»). Il fallait donc «remettre les pendules à l’heure» en se payant grassement avec des droits de douanes sur certaines marchandises importées.

Une autre justification invoque la lutte contre l’inflation, qui est un sujet sensible aux Etats-Unis puisque l’envolée des prix sous la présidence Biden avait largement contribué à la défaire électorale des  démocrates aux dernières élections. On ne voit pas trop comment le renchérissement des produits importés pourrait faire baisser les prix aux Etats-Unis, si ce n’est au moyen de mystérieux mécanismes compensatoires. Mais là n’est pas l’essentiel : il existe ici en réalité une tentative de masquer la cause réelle de l’inflation. En effet, ce n’est pas l’augmentation des droits de douane qui empêchera l’inflation, laquelle a une cause qui est tout autre : "Les causes fondamentales de l'inflation sont à rechercher dans les conditions spécifiques du fonctionnement du mode de production capitaliste dans sa phase de décadence. En effet, l'observation empirique nous permet de constater que l'inflation est fondamentalement un phénomène de cette époque du capitalisme ainsi que de constater qu'elle se manifeste avec le plus d'acuité pendant les périodes de guerre (1914-18, 1939-45, la guerre de Corée, 1957-58 en France pendant la guerre d'Algérie...), c'est-à-dire celles où les dépenses improductives sont les plus élevées. Il est donc logique de considérer que c'est à partir de cette caractéristique spécifique de la décadence, la part considérable des armements et plus généralement des dépenses improductives dans l'économie, qu'on doit tenter d'expliquer le phénomène de l'inflation." (Révolution Internationale, ancienne série n°6)[1].

En deux mots, si le coût de la vie augmente aux Etats-Unis comme ailleurs c’est en bonne partie pour payer le prix des dépenses militaires (improductives). En effet maintenir loin devant tous ses rivaux impérialistes une très grande avance sur le plan militaire -y compris le plus puissant d’entre eux, la Chine- a un coût qui est très loin d’être négligeable qu’il faut faire payer à la population.

Les conséquences de la guerre des droits de douane

La «guerre tarifaire» n’est qu’une illustration sur le plan économique de la remise en question de l’ordre mondial établi après 1945 et qui a déjà largement volé en éclat sur le plan impérialiste avec le «divorce transatlantique», au profit d’une politique de chacun contre tous totalement irrationnelle et imprédictible. Or, sur le plan économique, le manque de visibilités sur le futur est pour le capitalisme un facteur inhibiteur de l’activité économique. Dans le cas présent de la politique de Trump, c’est plus qu’un manque de visibilité dont il s’agit mais bien de l’impossibilité de prévoir de quoi que ce soit, puisqu’il est capable de changer de position du jour en lendemain et plusieurs fois de suite, et cela en fonction de ses intérêts immédiats. Sa démarche, qui est celle consistant à tenter des «bons coups» au détriment de ses adversaires du moment, ne concerne pas seulement les questions économiques avec les droits de douane, puisqu’on la voit également à l’œuvre sur le plan impérialiste dans les négociations autour de la paix en Ukraine.

Par ailleurs, réagir à la dépression économique par la levée de droits de douane constitue l’effacement total des leçons que la bourgeoisie a tirées de la Grande Dépression des années 1930, c’est-à-dire que le protectionnisme ne peut qu’aggraver la crise de surproduction en réduisant les marchés encore plus.

Enfin, les méthodes aberrantes et autoritaires de l’administration Trump,  souvent totalement irrationnelles eu égard non seulement au bon fonctionnement du capitalisme mais encore concernant les propres intérêts des Etats-Unis, renvoie l’image d’une première puissance mondiale aux comportements imprévisibles et à laquelle on ne peut plus se fier. S’agissant de la première puissance économique mondiale, distançant de loin toutes ses rivales, en particulier sur les plans économiques et militaires, l’impact de la politique de Trump sur les rapports entre nations au niveau de l’ensemble de la planète ne peut être que ravageur.

Les effets les plus lourds et dévastateurs de cette déstabilisation globale toucheront en premier lieu la classe exploitée dans le capitalisme : la classe ouvrière. Déjà directement par l’inflation qui va attaquer fortement son pouvoir d’achat et donc sa capacité à survivre dans la situation. Mais les capitaux nationaux vont aussi devoir trouver des compensations à l’augmentation des coûts liés à la reconfiguration des flux de productions issus de la mondialisation et aux relocalisations. Pour cela ils n’auront pas d’autre possibilité que d’attaquer les prolétaires, supprimer des emplois, dégrader les conditions de travail pour réduire les coûts marginaux et  réduire frontalement les salaires et les revenus indirects liés à la protection sociale. Les annonces des différents gouvernements européens sur les «efforts» à consentir pour «sauver» l’économie nationale ne sont rien d’autre qu’une préparation idéologique aux coups qui vont pleuvoir sur le prolétariat.

La classe ouvrière doit s’attendre, partout dans le monde, à être la première à payer cette plongée dans l’incertitude et le chaos. Les attaques vont s’intensifier et s’accompagneront forcément de campagnes idéologiques qui feront porter la responsabilité de la situation, qui à Trump, qui à la démocratie qu’on attaque, qui aux fauteurs de guerre en Amérique, en Russie et sans doute ailleurs quand ce sera nécessaire. La guerre commerciale servira aussi à amplifier le discours nationaliste pour la protection de «nos valeurs», la défense de «notre patrimoine économique» et de la «grandeur de notre nation». Il ne faudra pas tomber dans le panneau. La décomposition du capitalisme entraîne le système sous toutes ses dimensions dans l’abîme. Rien ne peut sortir l’humanité du gouffre, ni des mesures maintes fois essayées et ayant toujours généré plus de crises et de guerres, ni des «efforts» de la force de travail pour encore plus réduire ses coûts et donc ses conditions de travail et moyens de survie. Rien, sauf une remise en cause totale et radicale de ce système, son  renversement au profit d’une société débarrassée de la domination du capital et au seul bénéfice de l’humanité et de son environnement. Cette société, le communisme, est un projet entre les mains du prolétariat qui, en se battant contre les attaques portées contre lui par la bourgeoisie, pourra de plus en plus concevoir ce pouvoir et ses responsabilités historiques. Le chemin est sans doute encore très long mais les perspectives tracées par la situation actuelle ne font que signaler l’urgence d’un développement de la lutte.

Syl. D.

 

[1] Révolution internationale, ancienne série n° 6, cité dans notre «Rapport sur la crise économique pour le 25 Congrès du CCI [69]«.

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]
  • Joe Biden [66]

Questions théoriques: 

  • Populisme [32]
  • Décomposition [33]
  • L'économie [70]

Rubrique: 

Droits de douane américains, guerres commerciales, protectionnisme…

Les travailleurs ne doivent pas se laisser embarquer dans des mobilisations pour la défense de la démocratie

  • 95 lectures

Le monde connaît depuis le début de l’année une recrudescence spectaculaire de manifestations, à motivation politique bien souvent. Ces mouvements, comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, sont l’indubitable signe de crises politiques, sociales, générales dans divers pays : Corée du Sud, Turquie, Israël, Serbie et depuis peu, États-Unis[1]. Mais devons-nous forcément nous réjouir de voir ces événements se dérouler aux quatre coins du monde ? Les révolutionnaires savent que « tout ce qui bouge n’est pas rouge », et il est important de voir ce qui se cache derrière et d’analyser quel est le fond politique réel de ces mouvements.

Corée du Sud

Dans un pays où existe un prolétariat important avec une certaine expérience de lutte, où existe un groupe de la Gauche communiste[2], le coup de force du président Yoon Suk-yeol le 4 décembre dernier a entraîné des manifestations importantes, pour défendre le président putschiste d’un côté, pour soutenir sa destitution et son arrestation de l’autre. A la tête des manifestations, des députés des principaux partis de l’Assemblée coréenne ont rameuté leurs partisans, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle.

Les préoccupations sociales et prolétariennes sont à l’évidence totalement absentes de ces manifestations, qui ne sont d’un côté comme de l’autre que des manœuvres de soutien à une clique bourgeoise contre une autre. La cause de cette situation est le blocage politique entre cliques bourgeoises à l’Assemblée, incapables d’adopter un budget faute de majorité suffisante, ce qui a entraîné la tentative de coup de force du président. Le chaos politique qui en a résulté illustre bien la situation de la bourgeoisie coréenne, profondément divisée, fragmentée et le chacun-pour-soi de tous les partis, illustrés par la tentative d’assassinat en janvier 2024 du principal dirigeant du parti d’opposition et par le coup de force du 4 décembre. La radicalisation des fractions de droite vers une idéologie complotiste d’inspiration trumpiste, les épisodes ubuesques qui se sont déroulés lors de l’arrestation du président par la police, un épisode d’une destitution présidentielle qui s’est déjà produit trois fois depuis 2004, suivi de la destitution du président par intérim du fait de son manque de coopération avec l’Assemblée, montrent le poids de la décomposition sur la classe dominante de ce pays. « La coopération avec le Parti démocrate, une faction de la classe capitaliste, est l’enterrement de la lutte ouvrière. Proposer une réforme du capitalisme par une « réforme sociale » sans combattre le système capitaliste occulte le fait que la cause de la crise et de la tragédie actuelles est le système capitaliste et propage l'illusion d'un capitalisme plus sain » (ICP, The dismissal of Yoon Seok-yeol is the beginning of a class struggle against the capitalist regime and the capitalist system!, 04.04.2025). L’enjeu pour le prolétariat de Corée est de ne pas se laisser entraîner dans la défense d’un camp bourgeois ou de l’autre, dans un pays qui va nécessairement pâtir de la récession qui s’annonce avec les mesures prises par Trump et sa clique, dont l’économie sud-coréenne risque de particulièrement souffrir.

Turquie

L’arrestation le 19 mars d’Ekrem Imamoglu, chef de file du parti CHP d’opposition au président Erdogan et maire d’Istanbul, intervient comme point d’orgue d’un durcissement du pouvoir vis-à-vis de l’opposition du fait de l’échéance de la prochaine élection présidentielle – Imamoglu ayant été désigné candidat à cette élection par son parti, membre de l’Internationale socialiste. Une réaction immédiate a eu lieu dans les rues, la plus importante mobilisation depuis l’affaire de la tentative de destruction du parc Gezi à Istanbul en 2013 pour réaliser des projets immobiliers. Mais les mots d’ordre mis en avant montrent toute l’emprise du CHP sur ces manifestations : il s’agit de « défendre la démocratie turque » menacée par un « gouvernement autoritaire » qui mettrait en scène des élections-spectacles, où le président Erdogan choisirait ses adversaires en éliminant ses concurrents les plus dangereux. Il s’agit donc de défendre la légitimité du scrutin. Face à cela, nous soutenons la conclusion d’Internationalist Voice, un groupe du milieu prolétarien, qui a consacré un article bien documenté sur les mouvements en Turquie : « Ce n'est que par la lutte des classes, et depuis le terrain de classe, que nous pourrons repousser les attaques de la bourgeoisie. Nous devons étendre notre lutte indépendamment de toute faction et de tout mouvement bourgeois, en nous opposant directement au capitalisme. Notre intérêt ne réside pas simplement dans un changement au sein de la classe dirigeante – c'est-à-dire dans le remplacement d'Erdoğan par İmamoğlu – mais dans la lutte de classe elle-même. »  (Internationalist Voice, Neither Erdoğan nor İmamoğlu—Class Struggle is the Only Path Forward!, 24.03.2025)[3].

Là encore, il s’agit d’une lutte entre cliques bourgeoises, totalement étrangère aux intérêts de classe du prolétariat; la situation économique catastrophique de la Turquie entraîne le prolétariat turc dans une spirale infernale de pauvreté, qui va de toute façon être aggravée par les conflits impérialistes auxquels toute la bourgeoisie turque se prépare : affrontements avec Israël en Syrie, avec la Russie dans le Caucase et en Asie centrale, avec les Kurdes en Irak et en Syrie, avec la Grèce dans la rivalité pour la suprématie en Mer Égée… La spirale guerrière de la région et la volonté d’armement de la bourgeoisie turque ne seront aucunement modifiées par un changement démocratique de la faction au pouvoir en Turquie ; la figure tutélaire du CHP reste Kemal Atatürk. Se battre pour une clique bourgeoise contre une autre alors que c’est le capitalisme tout entier qui sombre dans une crise sans fin et le tourbillon de phénomènes liés à la décomposition de l’ordre capitaliste mondial, c’est demander au prolétariat de se battre pour savoir qui va le mener à la misère et à la guerre !

Serbie

L’effondrement du toit de la gare de Novi Sad (16 morts) en Serbie le 1er novembre dernier, à cause d’évidentes malfaçons liées à la corruption qui gangrène le pays, a entraîné une série de manifestations géantes dont les motivations étaient « la lutte contre la corruption » et « vivre dans un pays où la justice fonctionne et fait son travail ». Ces manifestations géantes comme celle du 15 mars ont rassemblé une foule aux motivations politiques hétéroclites, allant des démocrates opposés à l’autoritarisme du président serbe Vucic aux ultra-nationalistes pro-russes. Des paysans avec leur tracteur se sont même joints au cortège.

Le caractère hétéroclite des participants comme des motivations de ces manifestations, ainsi que le soutien de l’opposition au parti du président sous la forme d’actions au sein du Parlement (comme le lancement de fumigènes dans le Parlement le 4 mars), démontrent évidemment qu’il n’y est pas question de défendre les intérêts de la classe ouvrière, laquelle est noyée dans la masse des manifestants qui défendent de fait la démocratie et réclament une meilleure justice étatique pour le pays. Ce mouvement interclassiste à la base se trouve de fait entièrement sous la coupe des cliques bourgeoises qui entendent faire démissionner le président et organiser de nouvelles élections. Il est sur un terrain totalement étranger et opposé à la lutte prolétarienne. Dans un pays déstabilisé par une crise économique sans fond et qui est le champ de bataille de diverses influences impérialistes -les ultranationalistes soutiennent la Russie, l’opposition voudrait intégrer l’Union Européenne, et c’est la Chine qui construit la nouvelle voie de chemin de fer entre Belgrade et Budapest- la classe ouvrière doit plus que jamais imposer la défense de ses intérêts propres, indépendamment de toute faction bourgeoise ; l’enjeu pour le prolétariat en Serbie est de sortir de ce mouvement le plus vite possible : se battre contre la corruption dans le système capitaliste, c’est se battre contre une conséquence de sa faillite et non contre ce système.

Les luttes sont devant nous

Le prolétariat n’a que son unité et sa conscience à opposer à la bourgeoisie ; soutenir une fraction bourgeoise plus « progressiste » que les autres est certes une stratégie que Marx et Engels ont mise en avant lors de la révolution de 1848, mais le but était à cette époque avant tout de réaliser le projet national de la bourgeoisie pour développer et unifier la classe ouvrière dans un contexte où le capitalisme était dans une phase ascendante, en plein développement. Cette vision est aujourd’hui totalement obsolète au vu de la faillite historique du système capitaliste : toutes les fractions de la bourgeoisie sont maintenant réactionnaires, et le prolétariat n’a aucun intérêt à en soutenir l’une d’entre elles contre les autres. Le prolétariat doit garder son autonomie politique, défendre ses intérêts sans les mélanger avec ceux de fractions bourgeoises dont la raison d’être est d’empêcher la lutte de classe de se développer. Il est de toute façon illusoire de vouloir combattre la corruption ou réclamer plus de « démocratie » dans un monde où la règle est le profit maximal et où le pouvoir politique en place est partout une dictature de classe !

En Corée du Sud, Turquie, Serbie comme ailleurs, l’enjeu aujourd’hui est de défendre nos intérêts de classe face à la dégradation de nos conditions de vie et de travail, aux licenciements, à la mobilisation pour le réarmement et à terme pour la guerre de chacun contre tous. Aucune fraction bourgeoise ne défendra nos intérêts à notre place !

Les fractions les plus expérimentées de la classe ouvrière, en particulier celles d'Europe occidentale, devraient montrer la voie en s'unissant autour de la défense de leurs conditions de vie et de travail, contre les conséquences de la crise économique et des politiques bellicistes de toutes les bourgeoisies, à travers les manifestations pour chercher la solidarité, les grèves les plus étendues possible pour établir un rapport de force. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons avoir une claire conscience des enjeux réels de la situation, de qui sont nos amis et nos ennemis, de comment nous parviendrons à faire reculer l’État et la classe dominante, des perspectives politiques propres à la classe ouvrière. Et ce n’est certainement pas en défendant l’État capitaliste et la démocratie que nous y parviendrons !

HG (24 04 2025)


[1] Voire notre ’article « La bourgeoisie tente d’enfermer la classe ouvrière dans le piège de l’antifascisme »

[2] Le groupe International Communist Perspective (ICP), http://communistleft.jinbo.net/xe/index.php?document_srl=345841&mid=cl_b... [71]

[3] https://en.internationalistvoice.org/neither-erdogan-nor-imamoglu-class-... [72]

Géographique: 

  • Corée du Sud [73]
  • Serbie [74]
  • Turquie [75]

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Yoon Suk-yeol [76]
  • Ekrem Imamoglu [77]
  • Erdogan [78]
  • Kemal Atatürk [79]
  • Vucic [80]

Courants politiques: 

  • Influencé par la Gauche Communiste [48]

Questions théoriques: 

  • Populisme [32]
  • Démocratie [56]

Rubrique: 

Corée du Sud, Serbie, Turquie...

Quelle politique pour la classe ouvrière face au danger croissant de la guerre ?

  • 83 lectures

La barbarie guerrière en Ukraine et au Moyen-Orient semble se poursuivre sans fin, tout comme les nombreuses guerres en Afrique, en particulier au Congo et au Soudan. Pendant ce temps, les puissances européennes sont plus ou moins abandonnées par leur ancien «protecteur» américain et nécessitent une augmentation significative des dépenses militaires pour leur «défense», ce qui impliquera sans aucun doute des attaques croissantes contre le niveau de vie des travailleurs. Les tensions entre les États-Unis et la Chine s'accentuent également. La question de la guerre et de la lutte contre celle-ci se pose donc avec de plus en plus d'acuité pour tous ceux qui visent à défendre les intérêts internationaux de la classe ouvrière.

Cependant, toute tentative d’adopter une position claire contre la guerre aujourd'hui se confronte immédiatement à un certain nombre d'obstacles.

D'un côté, il y a les loups va-t’en guerre déguisés en agneaux «internationalistes» : les organisations de «l'extrême gauche» du capital qui se présentent comme d'authentiques révolutionnaires. Au premier rang de ces organisations figurent les organisations trotskistes, dont un certain nombre se sont encore déplacées vers la gauche pour «prendre en charge» toute remise en question réelle de la nature de la guerre aujourd'hui[1] . Les organisations gauchistes de la bourgeoisie se présentent aujourd'hui comme de véritables défenseurs de l'internationalisme. Mais leur internationalisme n'est qu'une couverture pour leur chauvinisme pur et dur. Ainsi, certains groupes gauchistes (y compris les anarchistes), appellent à soutenir l’Ukraine au nom du «moindre mal», de la «défense du plus faible agressé» dans la lutte contre la Russie de Poutine ; d'autres considèrent encore la Russie d'aujourd'hui comme une sorte de «force anti-impérialiste» et soutiennent sa guerre contre l'OTAN, comme le World Socialist Website (WSWS) publié par le Comité International de la Quatrième Internationale. Un groupe trotskiste plus «radical», le Revolutionary Communist Party (anciennement International Marxist Tendency), semble cependant adopter, en apparence, une position internationaliste : «Nous ne pouvons soutenir aucun des deux camps dans cette guerre, car il s'agit d'une guerre réactionnaire des deux côtés. En dernière analyse, il s'agit d'un conflit entre deux groupes d'impérialistes».  Mais face à guerre au Moyen-Orient, cet internationalisme du RCP a complètement disparu : «Dès le premier jour de cet horrible conflit, nous avons participé au mouvement de solidarité pour la libération de la Palestine». Ce que les gauchistes ne peuvent jamais mettre en avant, c'est la conclusion déjà tirée par Rosa Luxemburg pendant la Première Guerre mondiale : dans la période de décadence du capitalisme, l'ère de «l'impérialisme débridé», toutes les nations et toutes les guerres sont impérialistes. De plus, toutes les guerres sont les maillons d'une même chaîne de destruction : par exemple, ceux qui soutiennent les forces militaires luttant pour la «libération de la Palestine» soutiennent nécessairement l'«axe de la Résistance» soutenu par l'Iran, qui à son tour est un fournisseur de drones meurtriers à la Russie dans son attaque contre l'Ukraine.

Il y a aussi tout un paysage de forces politiques qui habitent une zone que nous appelons souvent le «marais», «cette zone intermédiaire qui rassemble tous ceux qui oscillent entre le camp du prolétariat et celui de la bourgeoisie, qui se dirigent constamment vers l'un ou l'autre camp»[2] .

Face à la guerre en Ukraine, un certain nombre de groupes, pour la plupart anarchistes, défendent sans ambiguïté, même si sans principes, une position internationaliste d'opposition aux deux camps, critiquant fortement les autres groupes anarchistes qui ont formé des «unités autonomes» au sein de l'armée ukrainienne. Cette position internationaliste a été le point de départ de la conférence «anti-guerre» de Prague à laquelle nous avons participé l'été dernier[3] . Mais comme nous l'avons également vu à Prague, ces anarchistes refusent de se donner un cadre politique cohérent basé sur la classe ouvrière comme seul sujet historique capable de renverser le capitalisme et donc de mettre fin à toutes les guerres. Ils sont souvent tentés par la recherche de résultats immédiats basés sur l'activisme de petits groupes (par exemple, la tentative d'obstruction ou de sabotage de la production ou de la fourniture d'armes). Et dans certains cas, ce type d'activisme déborde vers le gauchisme pur et dur, comme dans le cas du Groupe Communiste Anarchiste, qui a rejeté à la fois Israël et le Hamas dès le début de la guerre, mais qui en même temps a fait de la publicité pour des activités de «Palestine Action»[4], un «groupe activiste» qui a clairement choisi son camp dans un cadre nationaliste.  Les révolutionnaires doivent intervenir activement dans ce paysage politique, en mettant en évidence ses confusions et en le poussant plus avant vers un niveau de clarté supérieur à celui qu'il a atteint.

Enfin, qu'en est-il du «milieu révolutionnaire» lui-même : les organisations de la seule tradition qui a maintenu un internationalisme cohérent depuis plus d'un siècle, la Gauche communiste internationale ?

La guerre impérialiste et les tâches de la Gauche communiste

Comme le prolétariat dans son ensemble, que Marx appelait dans L'Idéologie allemande «une classe de la société civile qui n'est pas une classe de la société civile», les organisations révolutionnaires sont un «corps étranger» à l'intérieur de ce système, une expression vivante de l'avenir communiste, et pourtant elles vivent et respirent à l'intérieur de ce système, ce qui signifie qu'elles ne sont jamais à l'abri d'inhaler le poison de l'idéologie dominante.

La maladie que cette idéologie entraîne est connue sous le nom d'opportunisme - s'adapter aux hypothèses sous-jacentes de ce système, comme l'idée que les nations sont quelque chose d'éternel et au-dessus de la division de la société en classes, et celle d’édulcorer les principes afin d'obtenir un écho immédiat au sein des masses.

Les bordiguistes et la question nationale

La pénétration de l'opportunisme dans le milieu existant de la Gauche communiste est particulièrement évidente lorsque l'on examine la réponse des différents groupes bordiguistes, (les différents groupes se nommant PCI), face à la guerre au Moyen-Orient. Après avoir adopté une position claire sur la guerre en Ukraine, leurs déclarations sur Gaza et la question palestinienne, à l'instar de nombreux groupes dans le marais, sont souvent très ambiguës, tendant à soutenir la lutte des «masses palestiniennes» spécifiquement contre l'occupation israélienne, ou exigeant que les travailleurs israéliens se mobilisent d'abord pour soutenir les Palestiniens avant de pouvoir se joindre à une bataille de classe commune contre les exploiteurs des deux camps. Comme nous le montrons dans un article[5] de la Revue Internationale n° 173, les confusions des différents groupes bordiguistes sur la question nationale ont des racines historiques profondes, reflétant une réelle difficulté à reconnaître que le capitalisme n'est plus, et n'est plus nulle part, un système ascendant avec des possibilités de révolutions nationales ou bourgeoises comme il l'était à l'époque du Manifeste Communiste.

Les concessions à l'idéologie et aux pratiques bourgeoises, qui caractérisent l'«aile droite» du mouvement ouvrier, ont toujours été accompagnées d'un sectarisme à l'égard de l'«aile gauche» du mouvement, de ceux dont l'adhésion aux principes et dont la capacité à comprendre les changements historiques profonds de la situation du capitalisme et du prolétariat irritent ceux qui veulent poursuivre leurs schémas opportunistes. C'est clairement le cas des bordiguistes, qui ont presque toujours refusé de discuter avec les autres courants du mouvement révolutionnaire, un nouveau «principe éternel» en totale contradiction avec la pratique de la Fraction italienne de la Gauche communiste dans les années 1930, qui a toujours soutenu que la confrontation des positions politiques était une nécessité vitale pour le développement de la clarté et l'unification finale du mouvement révolutionnaire.

Lorsque la guerre d'Ukraine a éclaté en 2022, le CCI a appelé à une Déclaration commune de défense des principes internationalistes par tous les groupes authentiques de la Gauche communiste[6]. Cet appel a été suivi par d'autres (autour de la guerre au Moyen-Orient, les campagnes bourgeoises autour de la «défense de la démocratie» contre la droite populiste). À quelques exceptions près, dont nous ne voulons pas minimiser l'importance, ces appels ont été systématiquement rejetés par les autres groupes.

La réponse (ou dans la plupart des cas, la non-réponse) des bordiguistes était prévisible, puisqu'elle correspond à leur idée classiquement sectaire selon laquelle leurs différentes organisations ont déjà atteint la position ultime et indépassable d'être le seul et unique parti de classe. Mais il faut aussi noter que la Tendance Communiste Internationaliste, dont les positions programmatiques, notamment sur la question nationale, sont beaucoup plus proches des nôtres que celles des bordiguistes, a également rejeté notre appel, comme l'ont fait leurs prédécesseurs à d'autres moments de conflits impérialistes aigus, tels que l’invasion russe de l'Afghanistan, la guerre dans l'ex-Yougoslavie, etc. Une Déclaration commune de la Gauche communiste était rejetée pour diverses raisons : parce qu'elle était soi-disant «trop générale» et ignorait «d'importantes différences d'analyse», parce qu'elle n'a «pas été envoyée à des groupes que nous définissons comme parasites» mais qu'ils veulent accepter comme faisant partie de la Gauche communiste (par exemple le GIGC[7] ), et surtout parce que leur principale préoccupation était de réunir un plus large éventail de groupes et d'individus internationalistes au-delà de la Gauche communiste. D'où leur initiative No War But the Class War (NWBCW), consistant à constituer des groupes sur la base d'un ensemble réduit de principes et de large ouverture afin de faire de la propagande ou de l'agitation contre la guerre impérialiste.[8]

Pour nous, il s'agissait d'un nouveau cas de sectarisme envers la Gauche accompagné d'une approche opportuniste du marais - l'initiative du NWBCW était particulièrement destinée au milieu anarchiste, et avant la conférence de Prague, elle était proposée comme une voie à suivre pour toutes ses composantes très hétérogènes, dont la majorité voit l'opposition à la guerre d'une manière totalement activiste. En fait, comme nous l'avons souligné dans un article consacré à la conférence, l'un des éléments les plus positifs de cette réunion a été l'amorce d'une coopération politique entre le CCI et la CWO (Communist Worker’s Organisation, section anglaise de la TCI) en vue de présenter une critique de l'activisme individuel ou de petits groupes, fondée sur la reconnaissance claire du fait que l'opposition à la guerre impérialiste ne peut naître que de la lutte de masse du prolétariat pour la défense de ses propres intérêts de classe.[9]

Ce fragile moment d'unité entre les forces de la Gauche communiste (qui s'est heurté à une réelle hostilité de la part de certains «organisateurs» de la conférence) constitue à nos yeux une justification de l'approche adoptée par la Gauche, en particulier par Lénine et les bolcheviks, lors des conférences de Zimmerwald et de Kienthal pendant la Première Guerre mondiale. Les bolcheviks ont compris la nécessité de participer à ces conférences, malgré le fait qu'elles réunissaient des pacifistes et des centristes ainsi que des internationalistes conséquents. L'essentiel était d'être présent pour avancer une critique rigoureuse du pacifisme et du centrisme et pour esquisser une véritable position internationaliste (qui, à l'époque, s'exprimait le mieux par le slogan «transformer la guerre impérialiste en guerre civile»). La même conclusion s'applique aujourd'hui : oui, il faut aller à la rencontre de tous ceux qui veulent lutter contre la guerre impérialiste, se réunir avec eux, discuter avec eux, mais sans faire de concessions à la conception confuse de l'organisation des groupes, à leur incohérence politique et à leurs concessions à l'idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise. Pour ce faire, une position unifiée des groupes de la Gauche communiste est un point de départ essentiel.

Il ne s'agit pas de nier l'existence de désaccords importants entre les groupes de la Gauche communiste, par exemple sur la question de savoir si la dynamique guerrière actuelle voit la reconstitution des blocs impérialistes et se dirige vers une troisième guerre mondiale, ou si la tendance dominante est celle d'un chaos impérialiste non moins dangereux. Ce sont là des points de discussion sur lesquels nous reviendrons dans un deuxième article, qui portera sur la signification du «divorce» entre les États-Unis et l'Europe. Mais ce que la semaine d’action de Prague a montré, c'est que la Gauche communiste est bien le seul courant capable d'aborder le problème de la guerre dans une perspective de classe. Selon nous, l'application de cette perspective aux conditions actuelles conduit à la conclusion que la possibilité d'une opposition prolétarienne de masse à la guerre impérialiste viendra principalement des luttes des travailleurs contre les attaques sur leur niveau de vie exigées par la crise économique. Le fait que ces attaques s'accompagnent de plus en plus d'appels à des sacrifices pour construire l'économie de guerre sera certainement un facteur permettant aux travailleurs de faire le lien entre la lutte pour les revendications économiques et la question de la guerre impérialiste, et finalement de politiser leurs luttes, mais cela reste un processus de longue haleine qui ne doit pas conduire à des actions impatientes qui tendent à se substituer à la nécessaire lutte massive du prolétariat. Après des décennies de recul de la lutte de classe, la classe ouvrière ne peut retrouver son identité de classe - en tant que force mondiale qui n'a pas de patrie à défendre - qu'en passant par la dure école de la défense de son niveau de vie. Les organisations de la Gauche communiste joueront certainement un rôle clé dans la récupération de l'identité de classe et, en fin de compte, de la perspective de la révolution, mais elles ne peuvent le faire qu'en tant qu'organisations politiques distinctes basées sur une plate-forme cohérente, et non en tant que «fronts» lâches qui semblent offrir de manière trompeuse la possibilité d'un succès plus immédiat pour s'opposer à la guerre ou même pour l'arrêter.

D'nA


[1] Voir aussi notre article “Dispute entre “Révolution permanente” et “Lutte ouvrière”: Deux variantes trotskistes d’un même nationalisme! [81]”, Révolution Internationale 503.

[2] Citation extraite de notre article “Les deux mamelles auxquelles s’accrochent les communisateurs : négation du prolétariat révolutionnaire, négation de la dictature du prolétariat [82]”, Revue internationale n° 172.

[3] Lire «Action [83]W [83]eek [83]  à Prague : l'activisme est un obstacle à la clarification politique [83]«, Revue internationale n° 172.

[4] Anarchist Communist Group [84] et notre article «L’Anarchist Communist Group franchit une nouvelle étape en soutenant la campagne de guerre nationaliste [85]«.

[5] La question nationale selon la légende bordiguiste [86], Revue internationale n° 173.

[6] Deux ans après la déclaration commune de la Gauche communiste sur la guerre en Ukraine [87], Revue internationale n° 172.

[7] Lire : Attaquer le CCI : la raison d’être du GIGC [88].

[8] Pour une critique plus développée de cette initiative, voir La “Tendance Communiste Internationaliste” et l’initiative “No War But the Class War”: un bluff opportuniste qui affaiblit la Gauche communiste [89], Revue internationale spéciale “Lutte contre l’opportuniste”.

[9] Semaine d'action de Prague : quelques leçons et quelques réponses aux calomnies [90], Révolution internationale n° 502.

 

Vie du CCI: 

  • Débat [91]
  • Polémique [92]

Courants politiques: 

  • TCI / BIPR [93]
  • Communist Workers Organisation [94]
  • Bordiguisme [95]
  • PCI (Le prolétaire) [96]
  • L'anarchisme Internationaliste [97]
  • Gauchisme [98]
  • Trotskysme [99]

Questions théoriques: 

  • Guerre [43]

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • La question nationale [100]

Rubrique: 

Débat dans le milieu politique prolétarien

“Nouveau désordre mondial” : que faire ?

  • 156 lectures

L’élection de Trump aux États-Unis marque clairement une nouvelle étape dans la décomposition et le chaos du capitalisme. Le divorce historique entre les États-Unis et l’Europe et la « guerre des tarifs » qui est en cours sont tous deux le produit et des facteurs actifs de la tendance au « chacun pour soi » dans les relations internationales. Ils vont tous deux aggraver la crise économique mondiale et intensifier la tendance au militarisme et à la guerre.

Il ne fait aucun doute que cette situation obligera les capitalistes et leur État à intensifier les attaques contre la classe ouvrière, à exiger des sacrifices au nom de la défense nationale, à réduire les salaires, les emplois et les prestations sociales, tout en ravageant de plus en plus de régions de la planète par la guerre et la destruction écologique. Il ne fait aucun doute que les travailleurs devront se défendre contre ces attaques, mais il ne fait pas non plus de doute que la classe dirigeante tendra de nombreux pièges visant à empêcher une réponse prolétarienne massive et unie, notamment la fausse perspective de se ranger du côté de la « défense de la démocratie » contre la menace de l’extrême droite, des « milliardaires cupides » ou des autocrates avides de pouvoir. 

Les organisations révolutionnaires en particulier sont confrontées à une responsabilité croissante, à la fois pour analyser la direction des événements mondiaux et pour défendre les besoins de la lutte des classes face aux attaques économiques, à la barbarie croissante et aux illusions colportées par la classe dirigeante. Mais ces analyses et la manière de développer une réponse prolétarienne doivent être débattues et définies plus précisément. C’est l’objectif de la série de réunions publiques que le CCI partout où il est présent. Nous invitons tous ceux qui se posent la question « que faire face à ces défis ? » à participer à ces réunions.

En France, nos réunions publiques auront lieux à :

- Paris : samedi 26 avril 2025 de 15h à 18h. Adresse : CICP, 21ter rue Voltaire, Paris (métro « rue des boulets »).

- Lyon : samedi 26 avril 2025 de 15h à 18h. Adresse : CCO La Rayonne, Salle les jeunes ouvrières, 28 rue Alfred de Musset. Villeurbanne (Métro A. Arrêt  Vaulx-en-Velin la Soie)

- Marseille : samedi 26 avril 2025 de 14h à 17h. Adresse : La Ruche 28 Bd National, Marseille.


 

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Géographique: 

  • Etats-Unis [101]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]

Récent et en cours: 

  • Populisme [102]
  • décomposition [103]

Rubrique: 

Réunions publiques du CCI

ICConline - mai 2025

  • 1 lecture

Permanence en ligne samedi 17 mai 2025 à 15h

  • 17 lectures

Le Courant communiste international organise une permanence en ligne le samedi 15 mai à 15h. 

Les permanences sont des moments de débat ouverts à tous ceux qui veulent se rencontrer et discuter avec la CCI. 

Nous invitons chaleureusement tous nos lecteurs et tous nos sympathisants à y participer afin de poursuivre la réflexion sur la situation historique et de confronter les points de vue. Les camarades sont également invités à nous faire part des enjeux qu'ils aimeraient aborder. 

Si vous souhaitez assister à cette rencontre, vous pouvez envoyer un message à notre adresse internet ([email protected] [104]) ou dans la rubrique « nous contacter [105] » de notre site web, en indiquant les enjeux que vous aimeriez aborder, afin que nous puissions mieux organiser la discussion. 

Les modalités techniques de connexion au séjour seront communiquées ultérieurement aux camarades qui auront répondu à l'appel.

Vie du CCI: 

  • Permanences [106]

Rubrique: 

Permanence du CCI

URL source:https://fr.internationalism.org/content/11502/icconline-2025

Liens
[1] https://fr.internationalism.org/files/fr/2025_f-n-tract_belgique_fev2025.pdf [2] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/interventions [3] https://fr.internationalism.org/tag/situations-territoriales/lutte-classe-belgique [4] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/belgique [5] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/coupes-budgetaires-2025 [6] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/plans-depargnes-2025 [7] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/gouvernement-wever-i [8] https://fr.internationalism.org/content/11481/reunion-publique-ligne-debat-international-comprendre-situation-mondiale-et-preparer [9] mailto:[email protected] [10] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/reunions-publiques [11] https://fr.internationalism.org/tag/30/475/donald-trump [12] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/hommage-aux-militants [13] https://fr.internationalism.org/tag/situations-territoriales/vie-bourgeoisie-france [14] https://fr.internationalism.org/tag/30/371/pen [15] https://fr.internationalism.org/content/11463/triomphe-trump-aux-etats-unis-pas-geant-decomposition-du-capitalisme [16] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/francois-bayrou [17] https://fr.internationalism.org/tag/30/526/emmanuel-macron [18] https://fr.internationalism.org/tag/30/476/marine-pen [19] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/gouvernement-bayrou [20] https://www.pagina12.com.ar/808576-un-clasico-de-los-miercoles-palos-y-gases-para-los-jubilados [21] https://fr.internationalism.org/content/11010/argentine-crise-frappe-travailleurs [22] https://fr.internationalism.org/content/11003/icconline-mai-2023 [23] https://fr.internationalism.org/content/10876/lacceleration-decomposition-capitaliste-pose-ouvertement-question-destruction [24] https://fr.internationalism.org/content/11458/argentine-ailleurs-travailleurs-doivent-tirer-lecons-luttes-passees-preparer-celles [25] https://fr.internationalism.org/rinte119/piqueteros.htm [26] https://fr.internationalism.org/tag/5/55/argentine [27] https://fr.internationalism.org/tag/conscience-et-organisation/courant-communiste-international [28] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/javier-milei [29] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/cristina-kirchner [30] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/alfredo-serrano-mantilla [31] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/myriam-bregman-patricia-bullrich [32] https://fr.internationalism.org/tag/4/491/populisme [33] https://fr.internationalism.org/tag/questions-theoriques/decomposition [34] https://fr.internationalism.org/tag/30/534/poutine [35] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/xi-jinping [36] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/trump [37] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/von-der-layen [38] https://fr.internationalism.org/tag/personnages/macron [39] 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