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ICConline - 2025

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Ça suffit ! Face aux attaques, développons un mouvement massif, uni et solidaire

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Les cartes sont sur la table : les gouvernements fédéral et régionaux veulent imposer des dizaines de milliards d’économies chacun dans le cadre de leurs compétences respectives afin de rendre l’économie belge plus compétitive et plus rentable. Tous les secteurs de la classe ouvrière seront fortement touchés par ce large programme d’austérité.

Alors que les travailleurs des entreprises privées sont licenciés en masse, l’indexation automatique des salaires et des allocations continue d’être contestée, les primes pour les heures supplémentaires et le travail de nuit diminuées, la flexibilité du travail augmentée, le droit aux allocations de chômage restreint, des coupes sombres opérées dans les pensions et l’assurance maladie, le nombre total de fonctionnaires réduit, la titularisation du personnel enseignant mise en péril, etc.

Et ce alors que les conditions de travail deviennent partout de plus en plus insupportables : sous-emploi, accélération des cadences, effacement de la frontière entre vie professionnelle et vie privée, augmentation des prix due à l’inflation, réduction de toutes sortes de subventions, catastrophes environnementales croissantes, dépression, burn-out. Ça suffit !

Refusons de payer pour la crise du capitalisme

Le gouvernement affirme qu’il n’y a pas le choix. Dans la logique de chaque classe dirigeante en effet, il faut accroître la compétitivité pour faire face à la baisse de la croissance économique et à la guerre commerciale accentuées par les politiques économiques protectionnistes de Trump, mais aussi par le coût croissant des dépenses militaires liées aux tensions et guerres impérialistes. Dans tous les pays, les classes dirigeantes tentent de répercuter sur les travailleurs les conséquences de “leur” crise de surproduction, c’est-à-dire des biens qu’ils ne peuvent plus vendre avec un profit suffisant sur les marchés disponibles. Le travail doit coûter moins cher. Une fois de plus, ce qui est au centre des préoccupations n’est pas le bien-être ou les besoins des travailleurs , mais la vente rentable de biens et de services. Refusons cette logique délétère et suicidaire de la bourgeoisie.

Nous ne sommes pas seul à réagir ! En 2022-23, en Grande-Bretagne, des dizaines de milliers de travailleurs d’entreprises de secteurs différents, ont développé leurs luttes pendant près d’un an. En 2023, en France, les travailleurs ont participé en masse à 14 “journées d’action” contre les attaques sur les retraites du gouvernement. En Belgique même, dès les premières « fuites » concernant les mesures envisagées, la force et le dynamisme des mobilisations lors de la manif intersectorielle du 13 janvier ou de la manif des enseignants du 27 janvier se sont concrétisés par une participation massive de plus de 30.000 manifestants, bien plus que ce qui était “attendu” ou plutôt “espéré” par les syndicats. Des manifestants se sont rassemblés à Bruxelles en provenance de toutes les régions et le mouvement s’est étendu à d’autres secteurs que l’éducation et le rail, au mépris de l’intention initiale des syndicats. La mobilisation a ainsi montré que le mécontentement va au-delà d’une mesure particulière ou d’une “réforme” spécifique : elle exprime la volonté de résister aux intentions du patronat et du gouvernement de faire payer la classe ouvrière pour la crise.

Ça suffit ! Refusons de subir passivement cette avalanche d’attaques contre nos conditions de vie. Notre première victoire, c’est la lutte elle-même. Mais pour contrer véritablement ces attaques, nous devons mener la bataille le plus largement possible de manière unitaire, au delà de l’entreprise, du secteur ou de la région dans lesquels nous travaillons. Tous les travailleurs sont “dans le même bateau. Tous ces groupes ne sont pas des mouvements séparés mais un groupe collectif : ouvriers et employés, syndiqués et non-syndiqués, immigrés et autochtones”, comme l’a dit un enseignant en grève à Los Angeles en mars 2023.

Notre force réside dans l’unification des luttes dans un seul et même mouvement

Contre toute manœuvre et division

La bourgeoisie n’a que trop bien compris que ses plans provoqueraient des réactions dans de larges parties de la classe. C’est principalement aux syndicats qu’il incombe d’encadrer et de détourner cette résistance attendue. Ils ont vu l’inquiétude et le mécontentement des travailleurs grandir de semaine en semaine et occupent préventivement le terrain afin d’empêcher le mécontentement de se manifester par des actions “incontrôlées”.

Des tactiques éprouvées sont à nouveau utilisées : isoler et diviser les différents secteurs alors que les mesures touchent tout le monde ! Une manifestation uniquement pour le personnel de la santé et de l’aide sociale en novembre; puis le 13 décembre une journée d’action en protestation contre les “mesures d’austérités Européennes”. Pour la journée d’action du 13 janvier, seule une grève contre la “réforme des pensions” a été annoncée dans les chemins de fer. Ce n’est que bien plus tard, sous la pression sociale, que les syndicats ont décidé que l’enseignement y participerait également et plus tard,  d’autres secteurs, s’y sont joints. En Wallonie, les syndicats ont organisé de leur côté des journées de grève séparées pour les enseignants de la communauté française les 27 et 28 janvier, évitant ainsi une participation massive de leur part à Bruxelles le 13 janvier. La manifestation du 13 février porte pour sa part sur la “défense du service public”, comme si les travailleurs du secteur privé ou les chômeurs ne devaient pas être défendus ! Bref, l’objectif est de planifier une série de journées d’action sans avenir, comme ils l’ont fait en France, ou en essayant à chaque fois de limiter les mobilisations en les concentrant sur certains secteurs, comme ils l’ont fait en Grande-Bretagne, ou sur des aspects particuliers des plans d’austérité, pour finalement épuiser la volonté de se battre et ouvrir la voie à des concessions de grande envergure envers les mesures d’austérité sous l’argumentation fallacieuse « que les sacrifices sont inévitables, à condition qu’ils soient justement répartis ».

Pour éviter les pièges tendus par les syndicats, ces saboteurs des luttes au service des classes dirigeantes et pour développer la riposte, être nombreux est important mais ne suffit pas : il faut aussi prendre nos luttes en main. Pour ce faire, il faut:

- créer des lieux de discussions et de décisions, tels que des assemblées générales souveraines et ouvertes à tous et s’unir derrière des revendications unificatrices;

- surmonter les divisions régionales, celles entre les travailleurs du secteur public et ceux du secteur privé et les chômeurs;

- contrer chaque tendance au saucissonnage des luttes, en envoyant des délégations massives vers d’autres travailleurs pour qu’ils rejoignent la lutte ;

 - refuser de payer pour la crise et les guerres du capitalisme.

C’est cette dynamique de solidarité, d’expansion et d’unité qui a toujours ébranlé la bourgeoisie au cours de l’histoire.

Courant Communiste International

10.02.2025

Venez en discuter lors la réunion publique le samedi  1er mars à Bruxelles: rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles de 14h à 18h

Vie du CCI: 

  • Interventions [2]

Situations territoriales: 

  • Lutte de classe en Belgique [3]

Récent et en cours: 

  • Belgique [4]
  • Coupes budgétaires 2025 [5]
  • Plans d'épargnes 2025 [6]
  • Gouvernement De Wever I [7]

Rubrique: 

Tract sur les luttes en Belgique

ICConline - janvier 2025

  • 37 lectures

L’élection de Trump va accélérer la décomposition du capitalisme

  • 241 lectures

Samedi 25 janvier, de 15h à 18h (heure française)

L’élection de Trump est un produit clair de la décomposition progressive de la société capitaliste, mais elle sera également un facteur actif de l’accélération de ce processus, apportant avec elle des conflits plus aigus au sein de la bourgeoisie américaine, des tensions impérialistes accrues, un nouveau plongeon dans la crise économique et une nouvelle preuve de l’incapacité du capitalisme à faire face à la crise environnementale.

Par-dessus tout, elle annonce de nouvelles attaques brutales contre la classe ouvrière internationale :

  • au niveau économique, par la montée de l’inflation et du chômage

  • Au niveau politique, à la fois par les divisions engendrées par le populisme et par les campagnes pour la « démocratie » contre la menace de l’extrême droite.

La discussion visera donc à approfondir la compréhension des perspectives concrètes pour le capitalisme et la classe ouvrière dans la période à venir.

Le CCI donne ainsi suite à la réunion publique internationale en ligne qu’elle a organisée en novembre (voir : « Un débat international pour comprendre la situation mondiale et préparer l’avenir [8] ») avec une deuxième réunion sur la signification de la victoire de Trump. Le format sera le même que celui de la réunion d’octobre, avec des traductions en anglais, français et espagnol.

Si vous souhaitez participer, écrivez-nous à [email protected] [9]

Des rassemblements physiques sont également prévus à :

- Paris au CICP, 21ter rue Voltaire (métro « rue des boulets »)

- Lyon (Villeurbanne), au CCO La Rayonne, Salle les jeunes ouvrières, 28 rue Alfred de Musset, (Métro A. Arrêt  Vaulx-en-Velin la Soie)

- Marseille, local Mille Bâbords, 61 Rue Consolat (métro « Réformés »)

- Nantes, Salle des Hauts Pavés (salle C), 42 rue des Hauts Pavés (Accès par le tramway : ligne 3, direction Marcel Paul, arrêt Viarme-Talensac)

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]

Rubrique: 

Réunion publique internationale du CCI (en ligne et dans plusieurs villes)

Ni populisme, ni démocratie bourgeoise … La seule véritable alternative c’est le développement mondial de la lutte de classe contre toutes les fractions de la bourgeoisie

  • 193 lectures

Trump est de retour à la tête de l’Etat américain, quatre ans après sa défaite électorale face à Biden. Cela représente un échec cuisant pour la bourgeoisie américaine qui intervient malgré tous les efforts déployés depuis 2020 par une partie de celle-ci pour isoler Trump et son camp, avec l’implication de l’administration Biden, du parti démocrate, d’une partie du parti républicain, d’une partie de l’intelligentsia américaine. En fait, la récente victoire électorale contre Harris, encore plus nette que la précédente contre H. Clinton en 2016, n’a rien de fortuit mais est typiquement le produit de la décomposition de la société capitaliste, dont le Trumpisme est un rejeton. Trump ayant déjà clairement démontré son pouvoir de nuisance à la tête de l’Etat lors de son premier mandat et son irresponsabilité délirante lors de l’assaut du capitole qu’il a encouragé face à l’élection de Biden, tout cela illustre l’impasse dans laquelle se trouvent le capitalisme américain et sa bourgeoisie, incapables de juguler, durant les 4 ans du mandat de Biden, l’emprise du populisme. Si bien que celle-ci s’est encore accrue, avec pour effet un Trump2 encore plus délirant que Trump1.

Le programme du populisme, une abomination et une aberration sociale et économique

Le programme de Trump exprime une radicalisation aberrante du populisme, notamment à travers ses promesses électorales les plus délirantes du point de vue même de la gestion du capital national : Expulsion par l’armée de millions d’émigrants illégaux ; licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires, dont en particulier ceux qui, dans l’accomplissement de leur fonction, avaient été amenés à se positionner contre Trump, notamment pour son rôle dans l’assaut du Capitole suite à l’élection de Biden.

Pour renouveler l’administration, Trump procède à une sélection des candidats aux postes clés à la tête des ministères et agences stratégiques au moyen de deux critères déterminants mais ne prenant pas en compte la compétence des candidats : «être un fidèle de Trump» et «s’engager dans l’offensive contre l’État fédéral». Parmi les propositions de Trump, la plus stratégique -puisque concernant la tête du Pentagone- et emblématique de la «rupture radicale» promise lors de sa campagne électorale, figure un ancien militaire (Pete Hegseth, très loin de faire l’unanimité dans le camp républicain) et présentateur de Fox News qui, de surcroît, fait l’objet d’accusations d’agression sexuelle et de consommation excessive d’alcool. Cette méthode qui garantit la plus grande incompétence aux postes stratégiques pour la défense des intérêts du capital américain est un très bon indicateur de là vers où Trump2 emmène l’Amérique.

Une fois encore se trouve vérifié ce fait que la politique des populistes, lorsqu’elle n’est pas encadrée à la tête de l’État par d’autres fractions de la bourgeoisie, plus responsables dans la gestion du capital national, s’est toujours avérée préjudiciable aux intérêts de celui-ci. C’est ce qu’avait illustré, par exemple, la gestion désastreuse de la crise du Covid par Trump aux États-Unis, par Bolsonaro au Brésil. Et que peut-il sortir du Tandem Trump/Musk au sommet de l’État américain? Tous deux partagent sans nul doute les valeurs les plus immondes du populisme, de même qu’ils sont profondément en accord sur un certain nombre de questions comme le besoin d’opérer une purge profonde dans l’administration mais tous deux se montrent indifférents aux graves dysfonctionnements de l’appareil d’État pouvant en résulter. De surcroît, derrière leur accord, il existe des motivations différentes qui constitueront tôt au tard un facteur de rivalités et de fragilité au sommet de l’État : Trump voulant délibérément se venger d’institutions qui lui ont été hostiles, Musk voulant, quant à lui, améliorer la rentabilité du capital américain à travers un dégraissage de l’administration. Ce même désaccord existe également à propos de l’immigration légale que Trump veut bloquer totalement, contrairement à Musk qui veut faire une exception pour les ingénieurs étrangers.

Les conséquences mondiales de la politique de Trump au pouvoir

Elles sont prévisibles de la direction qu’elles vont prendre, car annoncées dans sa campagne électorale. Elles sont imprévisibles quant aux décisions finales.

Ce qui aurait pu paraître inconcevable à toute autre époque et à tout autre endroit du globe, à l’exception toutefois de quelques républiques bananières, s’est produit dans la première puissance mondiale, quelque temps avant la deuxième investiture de Trump. Le futur nouveau président s’est mis à rêver à haute voix d’une étoile supplémentaire sur le drapeau américain, correspondant de fait à l’annexion du Canada voisin! Même si ce n’est qu’un « trait d’humour populiste», celui-ci prend toutefois une tout autre coloration lorsque Trump menace également de récupérer le canal de Panama (cédé au Panama par Carter en 1979) par la force si nécessaire au prétexte que la Chine exerce une influence croissante sur cette voie maritime cruciale. Idem pour le Groenland (appartenant au Danemark) que Trump envisage d’annexer car nécessaire à sa sécurité. Personne ne peut dire si cela sera ou non suivi d’effet, toujours est-il que cela a certainement soulevé un vent de panique dans les chancelleries. De même certaines d’entre elles auront certainement été saisies d’un certain effroi face au harcèlement par Musk du premier ministre britannique Keir Starmer, l’accusant notamment de complicité avec les réseaux pédocriminels.

Une nouvelle crise migratoire ?

Si Trump parvient à mettre à exécution l’expulsion par l’armée des centaines de milliers d’émigrants illégaux sur le territoire américain, le risque est grand de provoquer une nouvelle crise migratoire, à l’image de ces populations dans d’autres parties du monde qui, par centaines de mille, fuient la guerre. L’arrivée «forcée» de ces masses de déportés dans les pays d’Amérique latine les condamnera à croupir dans une misère noire -qu’une partie d’entre eux avait tenté de fuir-, vulnérables aux persécutions et au chantage de la police, des gangs, ... et constituera un risque de déstabilisation des pays de destination, etc.

Une impulsion supplémentaire à la crise économique

Le monde est face à la perspective d’un développement historique de la récession économique mondiale, d’une gravité au moins équivalente à celle des années 1930. Ni Trump ni aucun autre représentant de la bourgeoisie n’en est responsable en tant que tel, ce sont les contradictions insurmontables du mode de production capitaliste qui sont à l’œuvre. Mais loin de différer ou atténuer les effets de la crise, la poursuite et l’amplification des doctrines « America First » et «Make America Great Again» ne font que les précipiter, notamment à travers un ensemble de mesures déjà prises par l’administration Biden visant au démantèlement tous les organismes internationaux chargés de soutenir le commerce mondial. Plus globalement, l’objet de la politique des États-Unis est la concentration sur son territoire des capitaux et des industries modernes du monde entier, au détriment du reste du monde dont une partie croissante est appelée à ressembler de plus en plus à une friche industrielle. Une telle politique n’est pas propre à une administration populiste, mais ce qui distingue cette dernière c’est la violence irrationnelle des mesures protectionnistes. Les principales puissances économiques mondiales en Europe et Asie sont bien conscientes de cette situation et se préparent à s’organiser du mieux qu’elles le peuvent pour faire face à une nouvelle étape de la guerre commerciale annoncée par Trump. Quoi qu’il en soit, il faut s’attendre aux conséquences de la guerre commerciale et de la crise, dont le solde se traduira immanquablement par une attaque considérable des conditions de vie de la classe ouvrière et un appauvrissement de la population en général.

Un atout supplémentaire en faveur … de l’aggravation de la crise climatique

On peut mesurer l’implication de Trump à l’égard du changement climatique à travers sa récente prise de position sur les incendies à Los Angeles, attribuant publiquement la responsabilité de ceux-ci au gouverneur de cet État. Cette manière éhontée d’éviter le fond du problème laisse présager du pire quant à l’impact futur sur le climat de la seconde présidence Trump.

L’aggravation des tensions impérialistes

Depuis l’effondrement du bloc de l’Est, les États-Unis, le gendarme du monde s’est avéré constituer le pays le plus gros fauteur de chaos au monde. Il n’y a pas de raison que cela change, vu que c’est une condition du maintien de leur leadership mondial. Les deux principaux foyers de guerre actuels au monde, en Ukraine et au Moyen Orient, vont constituer des illustrations de la défense des intérêts impérialistes de l’Amérique de Trump.

En Ukraine

La guerre en Ukraine a pour contexte la poursuite de l’ancienne politique d’encerclement de la Russie dont l’OTAN était le fer de lance. Elle est une réponse de la Russie aux efforts de l’impérialisme américain pour faire entrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN. Biden ayant assuré que les États-Unis n’interviendraient pas face à une invasion de ce pays par la Russie, celle-ci tomba dans le piège et la guerre en Ukraine a effectivement abouti, après trois ans de massacres et de barbarie, à ce qui était souhaité par l’impérialisme américain, à savoir l’épuisement militaire et économique de la Russie en vue de priver la Chine d’un éventuel allié doté d’un puissant arsenal nucléaire dans une confrontation future avec les Etats-Unis. Mais aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans une situation qui, sur le terrain, n’est pas meilleure, voire pire, que celle de la Russie et qui ne pourra que se dégrader d’autant plus rapidement que le soutien des États-Unis, à travers la fourniture de matériel militaire, est appelé à disparaître, Trump ayant toujours été en désaccord avec un tel soutien. Par ailleurs, ce dernier n’a cessé de fanfaronner que, s’il était élu, il «mettrait un terme en deux jours au conflit» sous-entendu en construisant un accord avec les deux parties. Cela parait aujourd’hui très peu probable. Si l’Ukraine s’effondre et que la Russie chancelle l’Union Européenne ne va-t-elle pas être amenée à intervenir pour figer une situation de statut quo en protégeant une Ukraine agonisante vulnérable à un baroud d’honneur de la Russie ? Et comment? Avec quels pays et moyens? C’est l’inconnu et aucune issue ne peut être exclue.

Dans cette optique et aussi face à la très probable réitération par Trump pour imposer à l’Union Européenne de prendre en charge le coût de sa propre défense, en augmentant sa contribution à l’OTAN et les budgets militaires de tous ses pays membres, ceux-ci n’auront pas de choix autre que de s’incliner.

La situation au Moyen Orient offre plus de visibilité. Il est en effet très vraisemblable que Trump poursuivra la politique de soutien inconditionnel aux menées impérialistes d’Israël ; il est même possible qu’il encouragera ouvertement certaines d’entre elles, notamment celles visant à l’anéantissement de la puissance militaire de l’Iran.

Les tensions avec la Chine ne peuvent que s’accentuer, ce pays étant le plus à même de menacer le leadership mondial des États-Unis. Ces derniers vont continuer de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir la Chine en maintenant sur elle une pression militaire croissante, en entravant son commerce avec les autres pays industrialisés.

Face aux attaques de la bourgeoisie, face à la guerre, face aux fausses alternatives populisme/anti-populisme, fascisme/anti-fascisme, un seul choix, celui de la lutte de classe.

Produit de la décomposition du mode production capitaliste, le populisme constitue en retour un facteur aggravant de celle-ci. Ainsi, la situation mondiale va évoluer vers une aggravation de la décomposition du capitalisme, vers encore plus de chaos, plus de guerres, vers une aggravation drastique des conditions de vie de la classe ouvrière comme conséquence de la crise et de la guerre. Les attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière favorisent les luttes défensives ouvrant la possibilité d’une riposte de plus en plus unie et consciente. Néanmoins les conditions dans lesquelles cette lutte va se développer présentent des dangers mortels que la classe ouvrière doit éviter :

  • Le contexte même de la décomposition –en particulier avec le chacun pour soi et l’absence de perspectives- est un obstacle au développement d’une pratique et d’un projet uni et conscient ;
  • C’est en permanence que la classe ouvrière sera appelée par les différentes fractions de la bourgeoisie à se positionner en faveur de la démocratie contre le populisme, comme elle a pu l’être dans le passé à soutenir le camp de la démocratie contre celui du fascisme.

La classe ouvrière aurait tout à perdre à succomber au champ du désespoir, du «no futur», …. : Le seul terrain de lutte qui lui est propre et porteur d’avenir c’est celui la défense de ses intérêts économiques de classe en riposte aux attaques du capitalisme en crise, propice à la politisation de ses luttes et donc porteur de la perspective de renversement du capitalisme.

Sylunken (10/01/2025)

 

Rubrique: 

Les élections, un piège pour la classe ouvrière

Hommage du CCI au camarade Jean Jacques

  • 151 lectures

Dans son numéro 554 du Prolétaire, le PCI rend un hommage au camarade Jean Jacques décédé le 4 juin 2024. Dans son article, le PCI rappelle que Jean Jacques a été un sympathisant du CCI après avoir rompu avec la LCR avec laquelle il avait des désaccords. Convaincu que le communisme est la seule perspective pour l’humanité, se questionnant sur l’effondrement du stalinisme en 1989, il est alors entré en contact avec le CCI dont les positions étaient une réponse à ses questions sur la nature de l’URSS et pour la défense de la perspective révolutionnaire, rompant ainsi avec l’idéologie trotskiste de la défense « critique » de ce régime de terreur contre la classe ouvrière.

Fin des années 1990 début des années 2000, il avait été un animateur d’un cercle de discussion qui réunissait des éléments sur Toulouse et Marseille. L’objectif de ce cercle était de discuter de l’histoire du mouvement ouvrier, acquérir les bases du marxisme et de s’ouvrir aux organisations révolutionnaires, le CCI et le PCI. Sa participation aux réunions des organisations du prolétariat était toujours très dynamique, n’hésitant pas à développer son point de vue, ses accords et désaccords. C’est lors d’une réunion publique du PCI qui se tenait à Aix en Provence que le camarade s’est davantage rapproché des positions bordiguistes, plus particulièrement sur la question du parti. Il n’hésitait pas à les défendre dans les réunions publiques du CCI auxquelles il assistait de manière régulière. Les débats se faisaient dans une ambiance de fraternité, sans sectarisme, il était ouvert à la confrontation des arguments. Dans les manifestations à Marseille, dans des réunions politiques, dans les Assemblées Générales ouvrières comme dernièrement lors des manifestations massives contre la réforme des retraites en 2023, la Gauche communiste était présente. Le CCI et le PCI diffusaient les tracts et, malgré les désaccords entre les deux organisations, en particulier sur la question syndicale, il y avait de part et d’autre, le même souci, que la classe prenne ses luttes en main, il arrivait souvent que Jean Jacques et le militant du CCI sur place discutaient sur les orientations de la lutte.

Militant infatigable, connu du milieu politique local, l’absence de Jean Jacques dans les réunions politiques et notamment celles du CCI, a suscité une inquiétude. C’était un camarade discret sur sa vie personnelle, nous savions qu’il avait des problèmes de santé, mais il affirmait tellement sa présence qu’on pensait qu’il était « indestructible ». C’est avec tristesse que nous apprenons son décès. Jean Jacques nous manquera et il manque déjà pour la Gauche communiste !

Adieu camarade, nous poursuivons le combat auquel tu as participé durant une grande partie de ta vie.

CCI

Vie du CCI: 

  • Hommage aux militants [12]

Rubrique: 

Hommage

Même mort, Le Pen continue de nourrir le piège de l’anti-fascisme

  • 94 lectures

Jean-Marie Le Pen aura incontestablement connu un destin hors du commun. C’est à la fac de droit, juste après la guerre, que cet individu a fait ses débuts en politique dans des opérations coups de poing tabassant à la fois les forces de police et les étudiants « communistes ». Après ces épisodes peu reluisants de petite frappe, menant son bonhomme de chemin, il intègre l’Union et fraternité française de Poujade ; c’est sous cette étiquette qu’il devient, à 27 ans, le plus jeune député d’alors.

La vie de parlementaire ne lui convient pas et c’est dans le déroulement de la guerre d’Algérie qu’il va pouvoir activement défendre son obsession : maintenir « l’Algérie française ». Il défendra jusqu’à la fin de sa vie l’usage de la torture et mettra au profit des services spéciaux coloniaux son savoir-faire où, notamment au service du général Massu, il se livrera avec zèle à des assassinats.

Fondé en 1972, avec un ramassis d’anciens du groupe d’ultra-droite, Ordre nouveau, le Front national rassemble divers courants de l’extrême droite (parmi lesquels d’anciens poujadistes, un ancien SS et un ancien de l’OAS) (1) qui désirent conquérir les foules et s’offrir une vitrine présentable. Cependant, les résultats ne sont pas au rendez-vous. S’ensuivra une longue période jugée « difficile » pour ce barbouze devenu gênant et dont l’extrême-droite voulait faire une marionnette juste utile à intervenir dans les médias au moment des scrutins. Sauf que dans les médias, il n’est pas franchement accueilli à bras ouverts.

Il faudra attendre l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, qui, par opportunisme, va obliger les grandes chaînes de télévision à le recevoir en interview, pensant ainsi affaiblir le parti de droite et, au passage, faire diversion sur son propre passé à l’extrême droite et ses fonctions de ministre de la Justice durant la guerre d’Algérie. En polarisant sur le FN, la gauche utilisait cet l’épouvantail pour tenter de dédouaner ses attaques croissantes contre le prolétariat, notamment avec « le tournant de la rigueur » à partir de 1983. Mitterrand espérait surtout utiliser la montée en puissance soigneusement organisée de l’extrême droite pour détourner la classe ouvrière, alors particulièrement combative, de son terrain de lutte en la poussant dans les bras de la « défense de la démocratie » et des partis de gauche face au prétendu « danger fasciste ». Main dans la main avec le FN, avec qui le PS organisa alors de nombreuses « réunions de travail », Mitterrand va ainsi « créer » l’homme politique Le Pen qu’il pense pouvoir utiliser pour ses propres dessins. Et dans un premier temps, la tactique va fonctionner : le FN et ses obsessions racistes sortent de l’anonymat et deviennent le centre de gravité du débat politique. Le Pen déployait des trésors de propos nauséabonds et provocateurs : les chambres à gaz ? « un détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Quelques mois plus tard, c’est le ministre Durafour qui est rebaptisé en « Durafour-crématoire ». La mise en place de la proportionnelle aux législatives de 1986 va installer 35 députés frontistes à l’Assemblée nationale.

Tout en favorisant sa montée en puissance, la gauche ne va cesser d’utiliser Le Pen et ses outrances pour impulser des campagnes idéologiques visant à embrigader la jeunesse dans des luttes anti-racistes et pousser tout le prolétariat vers les urnes. Ce n’est pas un hasard : la classe ouvrière était, depuis Mai 68, particulièrement combative, développait ses luttes, nourrissait sa réflexion sur le système capitaliste et sa concurrence de tous contre tous, son nationalisme et ses avatars ouvertement racistes. La bourgeoisie et ses partis de gauche ont utilisé le FN pour tenter de couper le prolétariat de son terrain de classe, de sa perspective révolutionnaire. Bref, de le réduire à l’impuissance sur un terrain totalement piégeux, celui des élections. C’est ainsi que parallèlement à la montée du FN, la gauche initiera, là encore avec l’assentiment de Mitterrand, le mouvement « SOS racisme » et toute sorte de groupes « anti-fa ». Tout cela, au nom de la défense de la « démocratie française »… qui a pourtant depuis longtemps et à de nombreuses occasions fait la preuve de la pire xénophobie.

Ces campagnes vont culminer dans les gigantesques manifestations de 2002 lorsque Le Pen réussit à se qualifier au second tour de l’élection présidentielle. Cet événement traduisait déjà une certaine perte de contrôle de la bourgeoisie sur son appareil politique, qui ne va cesser de se confirmer les décennies suivantes avec l’ascension de la fille, Marine. Le « monstre », nourri des pires miasmes de la décomposition, commençait à échapper à tout contrôle. Mais ce fut aussi pour le reste de la bourgeoisie, droite et gauche confondus, une formidable occasion pour refourguer sa camelote « démocratique », alors que l’abstention battait des records. Entre la diabolisation du FN et les campagnes de culpabilisation, la bourgeoisie a martelé ses mensonges sur la démocratie et l’unité nationale.

Au moment de sa mort, alors qu’une large partie de la bourgeoise et de ses médias colportent désormais sans vergogne une large partie de son programme politique et ses idées les plus immondes, la gauche s’est une dernière fois servi du « diable » Le Pen pour alimenter ses campagnes « antifascistes ». Si l’héritière est désormais aux portes du pouvoir, choisir entre l’extrême droite et un « moindre mal » reste toujours un piège destiné à désarmer la classe ouvrière.

Rosalie, 20 janvier 2025

 

 

1Organisation armée secrète, organisation terroriste d’extrême droite favorable au maintien de l’Algérie dans le giron tricolore.

Situations territoriales: 

  • Vie de la bourgeoisie en France [13]

Personnages: 

  • Le Pen [14]

Rubrique: 

Populisme et antipopulisme

ICConline - février 2025

  • 16 lectures

Bayrou, Valls, Darmanin… Un nouveau gouvernement, pour un monde sans avenir!

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« La France entre dans l’inconnu », titrait le journal britannique The Economist, au moment où le gouvernement Bayrou était nommé. On ne saurait mieux dire ! La bourgeoisie française se débat aujourd’hui dans une situation de plus en plus inextricable. Non contente de révéler, à des fins idéologiques, son abyssale dette et déficit budgétaire, elle se retrouve avec un nouveau gouvernement faiblard, que le Président Macron cherche déjà à entraver contre son mentor Bayrou, incapable d’impulser et d’imposer une direction claire à la politique de l’État.

L’instabilité de la vie politique de la bourgeoisie française se traduit assez simplement par le fait que l’année 2024 a vu passer quatre gouvernements différents. Au-delà des divisions de plus en plus profondes, et oppositions souvent frontales entre les diverses fractions bourgeoises, on assiste en permanence à des luttes intestines suicidaires : les dernières troupes des Républicains (LR) se sont déchirés de façon grotesque au sujet de l’alliance avec le Rassemblement national (RN). La France Insoumise (FI), tout comme les partis autour de Macron, voient s’affronter les ambitions pour 2027. Même le Parti socialiste (PS), l’une des formations les plus expérimentés et intelligentes de la bourgeoisie française, bien que contraint de maintenir le gouvernement en place en ne votant pas la censure, se divise de plus en plus en deux camps irréconciliables, entre ceux qui voudraient retourner aux affaires y compris avec les macronistes, et une fraction « de gauche » contrainte de faire alliance avec La France insoumise de Mélenchon.

Dans ce contexte, les fractions bourgeoises les plus responsables) peinent de plus en plus à endiguer la montée en puissance de forces populistes incapables d’assumer une orientation politique cohérente pour défendre au mieux les intérêts de l’État. Une partie de la bourgeoisie française semble d’ailleurs se résigner à envisager l’arrivée au pouvoir présidentiel du tandem Le Pen/Bardella, même si elle cherche, à empêcher cette issue potentiellement désastreuse pour le capital national, sans y parvenir pour l’instant. Tout cela montre l’incapacité de plus en plus grande de la bourgeoisie à maîtriser les processus électoraux et permettre une plus grande cohérence dans la conduite de l’État.

L’influence du vote populiste et l’affaiblissement des fractions « de gouvernement » de la bourgeoisie française aboutit aujourd’hui à une situation d’impasse, avec une absence de majorité parlementaire chronique. Toute alliance gouvernementale à droite mais surtout à gauche, pour le Nouveau Front populaire, ne peut aller que vers une décrédibilisation accélérée. Car face à la crise économique et politique, tout gouvernement, de droite comme de gauche, devra assurer les pires attaques contre la classe ouvrière sans assise parlementaire stable.

Une crise loin d’être française

On pourrait croire qu’on a, là, affaire à une crise spécifiquement française, une « crise de la Ve République » comme le répètent les partis de gauche. Or, dans la plupart des pays développés, le même processus se développe sous des formes parfois singulières, mais de nature similaire. L’expression la plus important et dangereuse de ce processus réside dans le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. (1) La crise politique en Allemagne et le développement de l’AfD et du mouvement autour de Sara Wagenknecht, le poids du populisme en Angleterre, en Hongrie, en Pologne, en Italie, aux Pays-Bas notamment, sans parler de fractions en embuscade comme celles de Bolsonaro au Brésil ou de Milei en Argentine, sont aussi l’expression des difficultés de toutes les bourgeoisies à maîtriser leur propre jeu politique et à empêcher l’émergence de groupes ou leaders politiques à l’égo démesuré, centrées sur leurs petits intérêts immédiats de cliques bourgeoises. Ces factions fonctionnent généralement comme des clans, voire de plus en plus comme des gangs, dont le but est d’utiliser l’État à leurs propres fins.

Les causes de ce phénomène sont à chercher, non en soi dans le personnel politique et ses chicaneries habituelles, qui ont toujours existé, mais dans des racines politiques que nous avions mis en avant il y a déjà 35 ans : « Parmi les caractéristiques majeures de la décomposition de la société capitaliste, il faut souligner la difficulté croissante de la bourgeoisie à contrôler l’évolution de la situation sur le plan politique. À la base de ce phénomène, on trouve évidemment la perte de contrôle toujours plus grande de la classe dominante sur son appareil économique, lequel constitue l’infrastructure de la société. L’impasse historique dans laquelle se trouve enfermé le mode de production capitaliste, les échecs successifs des différentes politiques menées par la bourgeoisie, la fuite en avant permanente dans l’endettement généralisé au moyen de laquelle se survit l’économie mondiale, tous ces éléments ne peuvent que se répercuter sur un appareil politique incapable, pour sa part, d’imposer à la société, et particulièrement à la classe ouvrière, la “discipline” et l’adhésion requises pour mobiliser toutes les forces et les énergies vers la guerre mondiale, seule “réponse” historique que la bourgeoisie puisse offrir ». (2)

Ce qui se développe sous nos yeux est la conséquence de l’incapacité de plus en plus grande de la bourgeoisie de contrôler son propre système politique, économique et social.

Pourtant les institutions de la Ve République ont été conçues pour assurer une stabilité politique qui manquait à la IVe République, mais aussi à d’autres pays comme la Belgique ou l’Italie… On avait déjà vu apparaître les premières difficultés lors des « cohabitations » entre un Président obligé de composer avec une Assemblée nationale d’un autre bord politique. Mais aujourd’hui, c’est bien autre chose : la bourgeoisie française, l’une des plus anciennes et expérimentées au monde, a d’immenses difficultés pour assurer le fonctionnement normal de l’État. La France a obtenu aux forceps le budget pour l’année 2025 et avait dû reconduire en catastrophe celui de 2024. Cette difficulté illustre certaines faiblesses qui ne peuvent qu’avoir un impact important sur l’Europe entière du fait du rôle moteur de la France sur le continent.

La mystification démocratiste bat son plein

En votant la censure du précédent gouvernement Barnier, la Gauche a poursuivi sa sale besogne idéologique contre la classe ouvrière, en mettant en avant toutes les mystifications démocratiques : de la dénonciation dénonçant l’article 49.3 de la Constitution (que le PS n’a pourtant jamais hésité à utiliser sous Mitterrand ou Hollande), à l’appel appelant à la démission de Macron, en passant par la proposition d’une VIe République, ou la revendication par LFI d’une meilleure « redistribution sociale » à travers une augmentation des impôts. Toutes les tromperies possibles autour du système électoral y sont passées ! La stratégie et le partage du travail sont clairs, même s’ils tendent à s’user : une partie de la Gauche va se présenter comme « responsable », capable de gérer l’État, tandis qu’une autre partie va jouer la radicalité pour mieux tromper la classe ouvrière, face au mécontentement ouvrier énorme qui s’annonce suite aux attaques en cours et à venir.

Des licenciements comme s’il en pleuvait…

La crise politique actuelle s’accompagne d’une vague de licenciements comme le pays n’en a pas connu depuis longtemps : au moins 180 plans de licenciements recensés entre septembre 2023 et octobre 2024 par les syndicats, et il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Cela comme un peu partout en Europe et dans le monde.

Dans trois académies de l’Éducation nationale, les contrats de dizaines de contractuels n’ont pas été renouvelés en décembre pour « raisons budgétaires », contraignant le ministère à intervenir. La chaîne de télévision Canal+ a annoncé 250 licenciements. La Fonderie de Bretagne qui fournissait Renault va fermer définitivement. Michelin, Auchan, Casino, le chimiste Vencorex, Valéo, Arcelor-Mittal, General Electric, Airbus Defense and Space, Stellantis vont licencier voire fermer des sites. Les syndicats estiment au bas mot 150 000 suppressions d’emploi. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car ces grands groupes font travailler des sous-traitants qui vont subir l’effet domino de ces plans sociaux et devoir licencier à leur tour.

Ces attaques contre le prolétariat, inévitables vu le développement de la crise capitaliste, pousseront les prolétaires à lutter et se confronter au piège corporatiste systématique des syndicats, à prendre conscience du lien entre les attaques qu’elle subit et la crise historique du capitalisme et ses guerres.

HD, 14 février 2025

 

 

 

1Cf. « Triomphe de Trump aux États-Unis : Un pas de géant dans la décomposition du capitalisme ! [15] », publié sur le site web du CCI.

2« La décomposition, phase ultime de la décadence capitaliste », Revue internationale n° 62 (1990).

Situations territoriales: 

  • Vie de la bourgeoisie en France [13]

Personnages: 

  • François Bayrou [16]
  • Emmanuel Macron [17]
  • Marine Le Pen [18]

Récent et en cours: 

  • Gouvernement Bayrou [19]

Rubrique: 

Les élections, un piège pour la classe ouvrière

ICConline - mars 2025

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L’importance historique de la rupture entre les États-Unis et l’Europe

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Réunion publique internationale en ligne le samedi 5 avril 2025 de 15h à 18h

L’accélération des événements depuis l’avènement de Trump 2 aux États-Unis se poursuit.

  • Nous assistons aux dernières étapes de la rupture de « l’ordre mondial » inauguré par la guerre impérialiste de 1939-45. Lorsque le bloc impérialiste russe s’est effondré au début des années 1990, le CCI a prédit que le bloc occidental s’effriterait également. Ce processus a été immédiatement signalé par les conflits entre les États-Unis et leurs anciens alliés à propos de la guerre en ex-Yougoslavie et confirmé par les profondes divisions sur l’invasion de l’Irak en 2003. Mais aujourd’hui, le divorce entre les États-Unis et les puissances européennes est devenu définitif.

  • Cela ne nous conduit pas vers un monde de paix et de réconciliation. Loin de là ! La course à la guerre du capitalisme s’intensifie, mais elle prend une forme chaotique d’autant plus dangereuse qu’il n’y a pas de discipline de bloc. L’avenir même de l’humanité est menacé par un tourbillon de guerres impérialistes, de destruction écologique et de désintégration sociale.

  • La croissance du militarisme ne peut que signifier de nouvelles attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière, déjà sous le coup de décennies de crise économique. Les politiciens, en particulier en Europe occidentale, sont tout à fait ouverts à ce sujet et ont décidé de mettre en œuvre de gigantesques programmes d’armement : c’est « les armes ou le beurre » une fois de plus.

C’est pourquoi la CCI organise une troisième réunion publique internationale en ligne consacrée à la situation mondiale. Il est essentiel que tous ceux qui comprennent la nécessité de débarrasser le monde d’un système capitaliste en décomposition reconnaissent exactement ce à quoi la classe ouvrière est confrontée. Nous encourageons donc tous ceux qui sont engagés dans la recherche de la « vérité de ce monde » et de la manière de surmonter le capitalisme à assister à cette réunion et à prendre part au débat.

Si vous souhaitez participer, écrivez-nous sur [email protected] [9]

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Rubrique: 

Réunion publique internationale en ligne

ICConline - avril 2025

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Argentine : le combat des retraités est aussi le nôtre

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Le mercredi 12 mars, la presse bourgeoise rapportait que : «La manifestation des retraités devant le Congrès s'est à nouveau terminée par une intervention de la police fédérale qui a utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques. C'était la troisième répression consécutive : les forces de sécurité en ont déjà pris l'habitude. Malgré la chaleur accablante et le chaos provoqué par les coupures de courant dans la ville de Buenos Aires, des centaines de manifestants ont répondu à l'appel lancé chaque mercredi par des groupes tels que Jubilados Insurgentes («Retraités insurgés», l'Union des travailleurs retraités en lutte (UTJEL) et le Plenario de Trabajadores Jubilados (l’Assemblée des travailleurs retraités). Cette fois-ci, des partis de gauche, l'Association des travailleurs de l'État (ATE) et même des «supporters de l’équipe de foot «Chacarita Juniors» se sont joints à eux»[1].

Crise économique, plans d’austérité et conditions de vie des retraités

Contrairement aux partis de la gauche du capital et aux organisations gauchistes qui prétendent que les causes des programmes d’austérité, des coupes à la tronçonneuse dans les budgets sociaux, des réductions de salaire et des attaques contre les conditions de vie des travailleurs (et des anciens travailleurs) sont la faute de tel ou tel dirigeant, qu’il soit  de gauche ou de droite, le CCI soutient qu'elles sont dues à la situation de crise mondiale du capitalisme, quelle que soit  la clique au pouvoir, dans le but de protéger les profit de leurs bourgeoisies respectives. C’est cette crise mondiale du capitalisme qui est à l’origine   des mesures qui sont assénées comme des coups de massue s’abattant sur le dos de la classe ouvrière.[2]

Comme nous l’affirmions déjà dès 2022, «Cette crise s'annonce plus longue et plus profonde que celle de 1929 [...] car l'irruption des effets de la décomposition de l'économie tend à semer la pagaille dans le fonctionnement de la production, provoquant de constants goulots d’étranglement et des blocages dans une situation de développement du chômage. (...) Elle se traduit surtout par une inflation effrénée que les différents plans de sauvetage n'ont fait qu'alimenter à travers une fuite en avant dans l’endettement»[3].

Depuis que Javier Milei a pris le pouvoir le 10 décembre 2023, il est arrivé à la Casa Rosada en déclarant : «Il n'y a pas d'autre choix que l’austérité et il n'y a pas d'alternative à un électrochoc». Ce plan d'austérité brutal laisse des milliers de familles sans nourriture et des milliers de travailleurs sans emploi. Il fait aussi plonger une large masse de retraités dans la misère. Le décret d'urgence (DNU), parmi ses points les plus importants, établit des déréglementations du commerce, de l'industrie et des services dans tout le pays.

Cela implique la libéralisation des prix, comme celle pratiquée par les entreprises commerciales de sécurité qui ont enregistré des hausses de 100%, et la suppression des subventions aux transports, entraînant des augmentations de 65% à 150% des prix pour les usagers. En outre, cela a entraîné une hausse des tarifs de l'électricité de 270%. La réduction du budget de l'État, la fermeture d’administrations et la suppression de postes dans les ministères, s'est traduite par des licenciements dans le secteur public avec plus de 75,000 emplois supprimés et d'autres sont prévus. La réduction brutale des travaux publics a provoqué l'effondrement de la construction, générant davantage de licenciements de travailleurs dans ce secteur.

La dévaluation du peso de plus de 50% a fait grimper les prix des produits et des services de plus de 100%, pulvérisant le pouvoir d'achat des salariés et bien plus encore celui de la majorité des retraités. Un salaire minimum qui couvre à peine un tiers du prix des produits de consommation de base. En Argentine, dont l’économie traditionnelle repose sur l’élevage, les prolétaires ne peuvent plus consommer de viande rouge, celle-ci ayant été remplacée par le poulet ou les pâtes.

Tout cet ensemble de mesures a provoqué une flambée de la pauvreté, qui existait déjà sous les gouvernements de Kirchner et du péronisme, et qui est passée de 49,5% en décembre 2023 à 57,4% en janvier 2024.

«Il y a un énorme amoncellement de personnes pauvres ou presque pauvres, une classe moyenne laminée et quelques privilégiés. C'est la nouvelle reconfiguration des revenus en Argentine, qui n'a pas été provoquée par le gouvernement de Javier Milei, mais qui s'est encore accélérée depuis que Milei est arrivé au pouvoir.» (déclaration à l'agence de presse EFE de l'économiste Alfredo Serrano Mantilla, directeur exécutif du Centre stratégique latino-américain de géopolitique (CELAG)).

Ces coups de massue brutaux sur le dos des travailleurs, des chômeurs et de la population non exploitée sont subis avec des conséquences terribles pour les retraités et les pensionnés argentins de toute nature. Les mesures d’austérité ont entraîné une amputation de plus de 38% du budget pour les chômeurs, justifiée sous le cynique prétexte de «faire des économies «pour permettre  la réduction  de… 14 milliards de dollars du montant de la dette nationale !

L'Argentine compte près de 7 millions et demi d'anciens salariés. 63% d'entre eux perçoivent une retraite de misère estimée en moyenne à 280,000 pesos (environ 340 dollars mensuels). Les autres vivent avec moins de 400,000 pesos par mois, alors que le coût des dépenses courantes par foyer dépasse 1,200,000 pesos. Beaucoup de personnes âgées errent désespérément dans la rue et sont réduites à faire la queue dans les quelque 230 soupes populaires que compte le Grand Buenos Aires. Non seulement l’aide sociale de l'État bourgeois est largement insuffisante pour assurer leur survie mais en plus, près de la moitié des retraités (3 des 7,5 millions existant dans le pays) ont été exclus de la couverture d’obtention gratuite de médicaments, ce qui est dramatique si l'on considère que les prix de ceux-ci ont augmenté de 119% en 2024! Tout cela a poussé les anciens ouvriers, exaspérés et lassés des attaques incessantes qu’ils endurent, à se rassembler dans les rues pour clamer «On en a assez d’être affamés et réduits à la misère!».

La lutte face à la répression brutale du gouvernement

C'est dans ce contexte d'attaques contre les conditions de vie de cette partie de la classe ouvrière que s’est déroulée la répression violente du 12 mars. Ce jour-là, comme tous les mercredis, les retraités s’étaient réunis pour manifester devant le Congrès. Le même jour, la centrale syndicale CGT, contrainte par les événements, avait appelé à une marche de «solidarité» avec les retraités, à laquelle se sont jointes d'autres organisations de la gauche du capital (toutes les organisations trotskistes, comme dans le PTS-Front de gauche (FIT), Polo Obrero ou, dans une autre coalition, le MST). Des collectifs et des organisations citoyennes se sont également joints à eux, et surtout les «barras bravas», c’est-à-dire les supporters des principales équipes de football d'Argentine, comme Boca, River, Rosario Central, car quelques jours auparavant, un retraité portant un maillot de l'équipe de Chacarita avait été frappé lors des charges policières et ils étaient là pour «régler leurs comptes», pour «en découdre» en s’affrontant à la police.

La ministre de l’intérieur chargée de la répression, Patricia Bullrich, avait déjà mis en garde contre les «désordres et la violence des piqueteros et des barras bravas» et avait juré de ne pas tolérer le moindre désordre ni leur permettre de passer. Des contingents de nombreux policiers armés jusqu'aux dents et utilisant des tactiques quasi-militaires ont déclenché une répression féroce dès le début de la marche vers le Congrès. Aux coups de matraque, aux balles en caoutchouc et aux bombes lacrymogènes de la police, les supporters ont notamment répondu en jetant des pierres et en brûlant des véhicules de police et des poubelles. Une retraitée a été blessée à la tête après avoir été poussée et frappée par un policier et un caméraman a reçu une bombe lacrymogène en plein visage. Au total, le bilan de la journée a été de 50 blessés et il y a eu plus d’une centaine d’arrestations.

Quel est le bilan de la lutte des retraités ?

La politique d'austérité, d’amputation des salaires et des retraites, la réduction drastique des budgets de la santé et des services sociaux de Milei et de son gouvernement font partie de l'offensive de la bourgeoisie pour maintenir en place l'ordre capitaliste en pleine putréfaction. À l'origine de tout cela se trouve la crise économique mondiale, accélérée par la décomposition, qui conduit toute camarilla arrivant au pouvoir à appliquer des féroces mesures d'attaque contre les conditions de vie de la classe ouvrière. Encore une fois, ce sont les travailleurs qui doivent payer la note de la crise pour que la bourgeoisie tente de sauver les intérêts du capital national.

La lutte des retraités et leurs revendications s'inscrit dans la défense d’un terrain de la classe, car elles sont une forme de résistance aux mesures que la bourgeoisie et son État imposent à toute la classe ouvrière. Par conséquent, la lutte des retraités en Argentine est aussi la nôtre. C'est un combat des travailleurs retraités pour résister aux attaques permanentes contre leurs conditions de vie déclenchées par l'État bourgeois dans le contexte de la crise économique mondiale et de ses politiques d’austérité draconienne. Et ils n'ont pas été seuls. Ils ont défilé accompagnés de jeunes travailleurs, d'adultes, et même d'enfants (certains enfants et petits-enfants de ces anciens travailleurs) qui sont descendus dans la rue pour se battre à leurs côtés. À chaque moment de la mobilisation, les retraités appelaient d'autres jeunes travailleurs à se joindre à la mobilisation avec des pancartes et des slogans, comme lorsqu'une personne les a interpellés : «Vous serez un jour vieux et vous sortirez vous aussi dans la rue pour lutter comme nous aujourd'hui». Par conséquent, la lutte des retraités et des chômeurs en Argentine est aussi celle de la classe ouvrière dans son ensemble.

Malgré sa combativité, le mouvement a montré de sérieuses faiblesses. Par exemple, les difficultés que rencontrent les travailleurs pour se reconnaître comme exploités, comme faisant partie d'une même classe et, en ce sens, pour unir leurs luttes à celles d'autres secteurs de la classe ouvrière qui subissent également les attaques brutales du gouvernement populiste. Nous avons déjà évoqué dans un article précédent la vague de grèves qui, depuis 2022-2024, a fait de ce territoire celui où il y a eu le plus de luttes en Amérique latine l'année dernière[4]. Nous avons déjà parlé des coups très durs que les travailleurs et les retraités ont reçus avec le gouvernement de Milei, mais qui avaient déjà commencé bien avant, en particulier avec les gouvernements de gauche successifs d’obédience péroniste-kirchneriste. Cependant, le mouvement des retraités n'a pas tenté de se connecter avec les travailleurs actifs qui sont en lutte (enseignants ou travailleurs des douanes ou des chemins de fer qui, à cette même période, préparaient des grèves contrôlées par les syndicats et soigneusement isolées, chacune dans son coin) et la plupart des dirigeants syndicaux n’ont cessé d’alimenter l’illusion que le syndicat était la seule organisation possible de «la lutte» pour les travailleurs. À cet égard, il est révélateur qu'une dirigeante de la gauche du Capital, Myriam Bregman (figure de proue du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS), trotskiste et ancienne députée représentante du Front de la Gauche unie, ait affirmé que les retraités se plaignaient que la CGT ne vienne pas les soutenir et exigeaient que la centrale syndicale convoque une grève nationale[5].

Les supporters d’équipes de football qui ont participé à la mobilisation des retraités se sont exprimés en tant que «supporters» et non en tant que travailleurs, en tant que classe, mais en tant que membres d'un groupe de la société bourgeoise, comme les hooligans ou les Kops ultras fanatisés en Europe, pour manifester leur soutien inconditionnel à une équipe de football. Les méthodes utilisées par ces derniers ne sont nullement  celles de la tradition de lutte de la classe ouvrière, mais une pratique qui lui est totalement étrangère, de lumpen,  proclamant et revendiquant une soif de vengeance et un déchaînement nihiliste de  violence aveugle comme l’incendie de voitures et la destruction de vitres et de vitrines, une situation qui a rappelé le vandalisme des piqueteros[6] lors des émeutes du «corralito» au début de ce  siècle à Buenos Aires et dans d'autres villes. Toutes ces actions ne sont que des expressions désespérées d’un no future, propres à la petite bourgeoisie et non à la classe ouvrière [7].

C'est pourquoi, en pleine manifestation, on a pu entendre à nouveau des slogans tels que «Milei à la poubelle», «SOS dictature !», «La patrie n’est pas à vendre» ou le désormais classique «Qu'ils s'en aillent tous» qui, au lieu d’appeler à une mobilisation de l’ensemble des travailleurs pour défendre leurs conditions de vie face aux attaques du capitalisme,    dévoie la colère  sur le  terrain bourgeois en l’enfermant dans les pièges d’une lutte pour la défense de la démocratie, contre la dictature ou l’autocratie et finalement derrière l’impasse du nationalisme en s’attaquant ou en faisant obstacle au développement de leur conscience de classe.

Les syndicats et les organisations de la gauche du capital, de la CGT péroniste aux organisations trotskistes et citoyennes, ont joué leur sale rôle de diviser les travailleurs pour affaiblir leur lutte. À contrecœur et pour «bien faire», ils ont convoqué une marche censée être de solidarité avec les retraités, puis appelé à une grève nationale de 36 heures le 9 avril dernier, mais qui, en réalité, ne cherchait qu'à récupérer le sentiment de colère et d’exaspération de plus en plus largement répandu au sein de la classe ouvrière et partagé dans tous les secteurs, chez les retraités, les chômeurs ayant perdu leur emploi comme chez les travailleurs encore en activité, en exploitant les fortes illusions et toutes les faiblesses et les confusions qui se sont exprimées dans ce mouvement  pour mettre en avant une fausse unité interclassiste autour du seul dénominateur commun, l’opposition à Milei et à son gouvernement  ou carrément autour de revendications bourgeoises. Péronistes, syndicats, partis de gauche, organisations gauchistes sont ainsi tous main dans la main pour maintenir les ouvriers divisés, chacun dans son secteur, sa catégorie sociologique et avec sa propre revendication : les chômeurs d'un côté, les actifs de l'autre, les retraités ou pensionnés encore d'un autre. Les autres organisations «citoyennes»,  allant de la cause féministe aux défenseurs de telle ou telle minorité  comme LGTB+ jusqu’aux aux supporters «radicaux» de clubs de foot ont également apporté leur part  pour contribuer à cette entreprise de boycott ou de sabotage de l'auto-organisation des travailleurs et de l'extension des luttes, en le dénaturant, en le transformant soit en appels «au «peuple» ou «aux citoyens» à «se venger de Milei» lors des prochaines élections», soit pour les plus «radicaux»   en préconisant  «l'abstentionnisme politique» pour cette échéance, afin de masquer et d’empêcher la prise de conscience de  la nécessité de se battre unis sur un terrain de classe en se mobilisant contre les attaques  d’un système capitaliste moribond en pleine putréfaction qui n’a plus rien à offrir à ses exploités que toujours plus d’exploitation et de misère.

Tr.


[1]  Un clásico de los miércoles: palos y gases para los jubilados en el Congreso [20]

[2] En Argentine, la crise frappe les travailleurs [21] ;  ICConline - mai 2023 [22]

[3] L’accélération de la décomposition capitaliste pose ouvertement la question de la destruction de l’humanité [23], Revue Internationale 169, 2e semestre 2022.

[4] Agence de presse en espagnol spécialisée dans les informations économiques destinées aux entreprises.

[5] En Argentine, comme ailleurs… Les travailleurs doivent tirer les leçons de leurs luttes passées pour préparer celles de l'avenir [24]

[6] Argentine : la mystification des "piqueteros" (NCI [25])

[7] Propos rapportés dans une interview accordée dans le journal La Izquierda.

Géographique: 

  • Argentine [26]

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Javier Milei [28]
  • Cristina Kirchner [29]
  • Alfredo Serrano Mantilla [30]
  • Myriam Bregman Patricia Bullrich [31]

Questions théoriques: 

  • Populisme [32]
  • Décomposition [33]

L'importance historique du divorce entre les États-Unis et l'Europe

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Pour le CCI, ce divorce est la conséquence du chaos et de la décomposition de la société impulsés par l’effondrement du bloc de l’Est en 1989. Il constitue à son tour une impulsion supplémentaire à ce même chaos notamment sur les plans impérialistes et économiques.  

La classe ouvrière est confrontée aux implications de cette situation qui est synonyme pour elle de plus d’exploitation et de misère, de multiplication et aggravation des guerres, d’exposition à toutes les manifestations de la décomposition de la société[1]. Quelle réponse peut et doit-elle opposer à la guerre, aux conséquences d’une exploitation terriblement accrue ? … Comment les organisations révolutionnaires doivent elles contribuer au processus de développement de la conscience au sein de la classe ouvrière ? Ces questions ont été au centre de notre dernière réunion publique internationale.

La place des réunions publiques dans l’intervention du CCI

Pour le CCI, seul le développement de la lutte de classe, qui porte en elle la perspective de renversement du capitalisme, est à même d’offrir une alternative à la situation actuelle. C’est pourquoi, nous soulignons dans notre presse et en tout autre occasion d’intervention : « il revient aux minorités révolutionnaires, à tous les éléments en recherche, à tous ceux qui aspirent à une autre perspective que ce capitalisme décadent et barbare, de se regrouper, de discuter, de faire le lien entre la guerre, la crise économique et les attaques contre la classe ouvrière, d'indiquer la nécessité de lutter de façon unie, en tant que classe. [2] ». Les permanences et réunions publiques du CCI offrent des moyens d’assumer ce type d’intervention envers ces éléments en recherche, en particulier les réunions publiques internationales via internet qui présentent le gros avantage de permettre une discussion politique entre éléments répartis de par le monde.

Nous avons tenu notre dernière réunion publique internationale le 5 avril 2025. Signalons que d’autres réunions de ce type ont eu lieu antérieurement et toutes nous confortent dans notre opinion concernant l’importance de ce type d’intervention : 

  • Le 16 novembre 2024, sur le thème « Les implications mondiales des élections américaines ». Nous en avons publié un compte rendu dans notre presse, « Un débat international pour comprendre la situation mondiale et préparer l’avenir [8] ».
  • le 25 janvier 2025, autour des conséquences des élections américaines, « L’élection de Trump va accélérer la décomposition du capitalisme »  
  • le 2 mars, une nouvelle réunion est organisée dans le but de poursuivre certains débats engagés envers ces éléments en recherche lors de la réunion précédente du 25 janvier.

Nous avons pu constater que ces réunions internationales rassemblaient à chaque fois une assistance plus nombreuse tout en constituant un réel lieu de débat. Un contact nous a cependant fait part de certaines de ses critiques à cette formule qui, selon lui, présente des inconvénients.  L’essentiel de ces critiques relatives à notre réunion du 16 novembre a été publié dans notre presse sous la forme d’un courrier de lecteurs accompagné d’une réponse de notre part[3]. Ce camarade, tout en soutenant les initiatives du CCI pour susciter la discussion au sein de notre classe, soulignait qu’une réunion publique en ligne en différentes langues, avec une assistance nombreuse, pouvait ne pas présenter les meilleures conditions pour le développement et l’approfondissement des débats. Si cela est juste d’un point de vue technique, nous avons opposé à cet argument que, pour l’avenir, les réunions publiques internationales sont toutefois primordiales pour les raisons suivantes : « Se rassembler depuis plusieurs pays pour discuter, élaborer, confronter les arguments et ainsi comprendre au mieux la situation mondiale est un moment précieux pour rompre l’isolement de chacun, nouer des liens, ressentir la nature mondiale du combat révolutionnaire prolétarien. Il s’agit de participer à l’effort de notre classe pour sécréter une avant-garde. Ce type de réunion est ainsi un jalon qui présage de la nécessaire organisation des révolutionnaires à l’échelle mondiale. Ce regroupement des forces révolutionnaires est un long processus, qui nécessite un effort conscient et constant. C’est là une des conditions vitales pour préparer l’avenir, pour s’organiser en vue des affrontements révolutionnaires décisifs qui viendront. » (Courrier de lecteur: Pourquoi les réunions publiques internationales sont primordiales pour l’avenir? [34]). Quant à l’approfondissement des grandes questions soulevées et confrontées au sein de ces réunions internationales, nous ne pouvons qu’encourager les participants intéressés à participer -lorsque c’est possible- aux réunions publiques et permanences que le CCI organise en présentiel dans différentes villes. Nous sommes également disposés à organiser des réunions par Internet avec un nombre de participants plus restreint en vue de permettre des discussions plus développées. Par ailleurs, il existe toujours la possibilité d’écrire au CCI qui répondra soit directement, soit à travers un courrier de lecteurs publié dans la presse, ou qui proposera des rencontres, etc.

Le déroulement de la discussion

L’introduction du CCI a présenté le cadre suivant concernant la signification et les implications du divorce transatlantique pour introduire la discussion.

La dynamique mondiale, qui est à l'œuvre depuis 1989 et qui culmine aujourd’hui avec l’élection de et l’éclatement des alliances scellées à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a des implications à différents niveaux de la vie de la société. En témoignent, au niveau européen, les innombrables réunions au sein des états-majors politiques, les tentatives des États de se coordonner, d'établir une coopération militaire, l’engagement de la plupart de ces pays à investir massivement dans des programmes d’armements jamais vus en Europe, soutenus par un plan de 800 milliards d'euros dégagés par l’UE. Cette volonté de s’engager dans une politique de réarmement n'enterre cependant pas les intérêts contradictoires existant entre les pays européens.

Le programme que tous les capitalistes du monde entier réservent à la classe ouvrière, notamment face à la nécessité de financer de vastes programmes d'armement, est celui d'attaques brutales contre les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière : licenciements de fonctionnaires et coupes massives dans les aides aux handicapés par le gouvernement travailliste de Starmer en Grande-Bretagne, annonce d'une série d'attaques contre les retraites, la sécurité sociale, l’assurance maladie, les allocations logement, etc. dans la plupart des pays européens, suppressions d'emplois dans de nombreux secteurs industriels. Mais ces attaques vont également susciter la résistance de la classe ouvrière.

Même si celle-ci est confrontée à de grandes difficultés, elle n'est pas vaincue et a commencé à relever la tête... C’est ce qu’avaient permis de comprendre les luttes au Royaume-Uni en 2022 ainsi que bien d’autres depuis lors, en particulier aux Etats-Unis et en Europe, et à présent en Belgique[4]. Face à ces perspectives de lutte de classe, les révolutionnaires doivent être prêts à intervenir en vue de soutenir la résistance de notre classe, de défendre l'auto-organisation et l'unification des luttes.

Les participants étaient ensuite appelés à intervenir plus précisément sur les thématiques suivantes :

  • derrière les promesses de paix de Trump, pouvons-nous nous attendre à autre chose que plus de militarisme et d'escalade guerrière? La dynamique à l'œuvre depuis 1989 a-t-elle maintenant atteint un nouveau palier historique ?
  • la classe capitaliste n'a d'autre choix, afin de financer de vastes programmes d’armement, que d'attaquer les travailleurs partout et de la manière la plus impitoyable. La classe ouvrière sera donc attaquée aussi brutalement que dans les années 1930. Et cette offensive est imminente, elle a d’ailleurs déjà commencé dans de nombreux pays.
  • Face à cette situation, la classe ouvrière doit plus que ne jamais se battre sur son propre terrain de classe, à savoir la défense de ses intérêts économiques ; c’est à travers ce processus que se développeront sa conscience de la nécessité de renverser le capitalisme et la confiance en ses propres forces.

La prise en charge ces questions brûlantes a été assurée au moyen de deux discussions distinctes au sein de la réunion publique :

  • La compréhension de la dynamique mondiale du capitalisme ;
  • Les conséquences pour la lutte de la classe ouvrière.

Les camarades qui sont intervenus ont exprimé un soutien global aux positions défendues par le CCI sur la question des tensions guerrières, avec toutefois des nuances, voire chez un camarade une vision différente à propos de la manière dont le monde s’enfonce dans la barbarie guerrière. Il a exprimé l’idée qu’il y avait un renforcement de « trois » blocs impérialistes rivaux. Dans le cadre de cette RP, il nous a semblé préférable de laisser cette question très importante en suspens afin de privilégier plutôt l’analyse du sens profond du changement historique occasionné par le divorce entre les États-Unis et l’Europe. Nous reviendrons donc sur cette idée ultérieurement à l’occasion d’un autre article.

Concernant les perspectives de la lutte de classe, la discussion a manqué de temps, en particulier pour explorer la question de sa dynamique. Les interventions se basaient en général sur l’analyse selon laquelle « Le prolétariat n'est pas près d'être mobilisé pour la guerre », ce qui est effectivement très important et vérifié dans les parties du monde où le prolétariat détient la plus forte expérience historique. Mais qu’est ce qui permet de dire que, face aux attaques économiques du capital, il va pouvoir récupérer pleinement sa conscience d’être une classe historique aux intérêts opposés à ceux de la bourgeoisie, capable de renforcer son combat en vue du renversement du capitalisme ? La position du CCI est que ce processus a démarré, les luttes au Royaume-Uni de l’été 2022 ayant constitué une rupture dans la dynamique mondiale de la lutte de classe, jusque-là prisonnière des campagnes idéologiques de la bourgeoisie sur « la fin de la lutte de classe » et sur la « non-existence même de la classe ouvrière » bâties à partir de l’effondrement du bloc de l’Est présenté comme l’effondrement du communisme. Mais le recouvrement de l’identité et de la conscience de classe sera un processus long, de plus entravé par de nombreux pièges idéologiques tendus par la bourgeoisie pour tenter de l’en détourner.

Quel bilan de cette réunion publique ?

Introduisons ce bilan en citant une partie de l’intervention d’un participant, la dernière de la réunion : « Merci beaucoup, je suis très heureux de me joindre à vous. C'est une discussion très animée, avec un temps malheureusement limité. Je suis principalement d'accord avec les interventions et le point de vue du CCI. Je pense qu'il est très important de ne pas tomber dans les pièges « nationaux », mais plutôt d'être conscient de la nature internationale du problème auquel la Terre et l'humanité entière sont confrontées. Pour les discussions futures, « Que faire ?» est une question très importante (malheureusement, il ne reste plus beaucoup de temps), donc s'il y a une réunion de suivi à ce sujet, j'aimerais m'y joindre » (Robin)

Nous partageons son point de vue concernant les limitations induites par le temps imparti et sa mise en évidence de la question de « Que faire ? » dans la situation historique présente. Cette réunion a confirmé, de notre point de vue, l’importance des réunions publiques internationales, celle-ci ayant suscité un intérêt plus grand que les fois précédentes.

Pour terminer, nous voulons enfin signaler que, comme c’est son habitude, le CCI avait convié le milieu politique prolétarien (la Tendance Communiste Internationaliste et les groupes bordiguistes) à participer à cette réunion publique. Seul le groupe Internationalist Voice a pris en compte l’importance de telles réunions en participant activement à celle-ci. Il nous semble vital de prendre en compte l’importance de telles réunions, qui sont de rares lieux de vie du débat prolétarien et donc précieuses, en participant activement à celles-ci.

Le CCI (23 04 2025)

 

[1] Lire à ce propos Rapport sur la décomposition [35], Revue internationale 170.

[2] Quel monde allons-nous devoir affronter ? [36] Revue internationale 173.

[3] Un débat international pour comprendre la situation mondiale et préparer l’avenir [8] 

[4] Lire notre article « Belgique : la classe ouvrière face à la pression de la crise et du militarisme » [37].

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Conscience et organisation: 

  • Courant Communiste International [27]

Personnages: 

  • Trump [38]
  • Keir Starmer [39]

Courants politiques: 

  • Influencé par la Gauche Communiste [40]

Rubrique: 

Réunions publiques internationales du CCI…

“Nouveau désordre mondial” : que faire ?

  • 162 lectures

L’élection de Trump aux États-Unis marque clairement une nouvelle étape dans la décomposition et le chaos du capitalisme. Le divorce historique entre les États-Unis et l’Europe et la « guerre des tarifs » qui est en cours sont tous deux le produit et des facteurs actifs de la tendance au « chacun pour soi » dans les relations internationales. Ils vont tous deux aggraver la crise économique mondiale et intensifier la tendance au militarisme et à la guerre.

Il ne fait aucun doute que cette situation obligera les capitalistes et leur État à intensifier les attaques contre la classe ouvrière, à exiger des sacrifices au nom de la défense nationale, à réduire les salaires, les emplois et les prestations sociales, tout en ravageant de plus en plus de régions de la planète par la guerre et la destruction écologique. Il ne fait aucun doute que les travailleurs devront se défendre contre ces attaques, mais il ne fait pas non plus de doute que la classe dirigeante tendra de nombreux pièges visant à empêcher une réponse prolétarienne massive et unie, notamment la fausse perspective de se ranger du côté de la « défense de la démocratie » contre la menace de l’extrême droite, des « milliardaires cupides » ou des autocrates avides de pouvoir. 

Les organisations révolutionnaires en particulier sont confrontées à une responsabilité croissante, à la fois pour analyser la direction des événements mondiaux et pour défendre les besoins de la lutte des classes face aux attaques économiques, à la barbarie croissante et aux illusions colportées par la classe dirigeante. Mais ces analyses et la manière de développer une réponse prolétarienne doivent être débattues et définies plus précisément. C’est l’objectif de la série de réunions publiques que le CCI partout où il est présent. Nous invitons tous ceux qui se posent la question « que faire face à ces défis ? » à participer à ces réunions.

En France, nos réunions publiques auront lieux à :

- Paris : samedi 26 avril 2025 de 15h à 18h. Adresse : CICP, 21ter rue Voltaire, Paris (métro « rue des boulets »).

- Lyon : samedi 26 avril 2025 de 15h à 18h. Adresse : CCO La Rayonne, Salle les jeunes ouvrières, 28 rue Alfred de Musset. Villeurbanne (Métro A. Arrêt  Vaulx-en-Velin la Soie)

- Marseille : samedi 26 avril 2025 de 14h à 17h. Adresse : La Ruche 28 Bd National, Marseille.


 

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Géographique: 

  • Etats-Unis [41]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]

Récent et en cours: 

  • Populisme [42]
  • décomposition [43]

Rubrique: 

Réunions publiques du CCI

ICConline - mai 2025

  • 10 lectures

Permanence en ligne samedi 17 mai 2025 à 15h

  • 48 lectures

Le Courant communiste international organise une permanence en ligne le samedi 15 mai à 15h. 

Les permanences sont des moments de débat ouverts à tous ceux qui veulent se rencontrer et discuter avec la CCI. 

Nous invitons chaleureusement tous nos lecteurs et tous nos sympathisants à y participer afin de poursuivre la réflexion sur la situation historique et de confronter les points de vue. Les camarades sont également invités à nous faire part des enjeux qu'ils aimeraient aborder. 

Si vous souhaitez assister à cette rencontre, vous pouvez envoyer un message à notre adresse internet ([email protected] [44]) ou dans la rubrique « nous contacter [45] » de notre site web, en indiquant les enjeux que vous aimeriez aborder, afin que nous puissions mieux organiser la discussion. 

Les modalités techniques de connexion au séjour seront communiquées ultérieurement aux camarades qui auront répondu à l'appel.

Vie du CCI: 

  • Permanences [46]

Rubrique: 

Permanence du CCI

“Black-out” dans la péninsule ibérique : Une illustration de la faillite du capitalisme

  • 60 lectures

Le 28 avril dernier, un «black-out» géant frappait toute la péninsule ibérique, soudainement privée d’électricité, son activité paralysée pendant près de huit heures, semant la pagaille et le chaos dans la circulation des métros, des tramways et des trains, bloquant les véhicules privés de signalisation, avec des pannes d’ascenseurs et des personnes enfermées à l’intérieur, provoquant l’annulation des vols dans les aéroports, générant la fermeture des magasins et une véritable galère pour toute la population.

Un phénomène additionnel…

Cet épisode spectaculaire est une illustration non seulement de la fragilité sur le plan énergétique des États les plus puissants, mais encore un des symptômes supplémentaires d’une accumulation de fléaux et de catastrophes qui frappent un monde lui-même de plus en plus désordonné et chaotique. Si cet événement est «sans précédent» en Espagne, il n’est évidemment pas unique et on pourrait rappeler que bien d’autres coupures géantes d’électricité ont eu lieu en différents endroits du monde auparavant. Ce fut le cas par exemple en Inde en 2012, une des plus importantes à ce jour, tout comme celle qui s’était produite aux États-Unis dans des parties du nord-est et dans le Midwest, jusque vers l’Ontario canadien en août 2003.

Bien que liés parfois à des aléas climatiques, comme de violents orages, les problèmes d’alimentation en électricité ont souvent eu pour origine les défaillances de réseaux vétustes ou plus ou moins bien entretenus du fait de maintenances déficientes, faute de crédits suffisants. La crise économique profonde, le manque d’investissement et les désordres croissants de la société, les tensions impérialistes entre États, ne pourront d’ailleurs que favoriser les conditions pour de futures coupures de courant aux conséquences imprévisibles, mais pouvant se révéler dramatiques. L’énergie, comme nous pouvons le constater avec la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine, est devenu davantage un enjeu stratégique que commercial, une arme de guerre par elle-même[1] [47]. 

Au moment de la rédaction de cet article, les origines de l’immense panne de courant en Espagne et au Portugal n’ont pas encore été établies (touchant aussi partiellement et momentanément la France, au Pays basque). Bien que la connexion des réseaux soit optimisée afin de permettre une régulation de la distribution d’électricité, le black-out sur la péninsule reste «inexpliqué» par les autorités. Nul doute que le fait d’une cyberattaque, même si l’hypothèse a été très vite écartée, était une éventualité crédible au vu de la dégradation des tensions géopolitiques actuelles.

En réalité, au-delà de notre ignorance sur les causes et de la prudence qui s’impose, la raison «technique» du black-out n’a pas plus d’importance que cela pour définir une lecture politique de ce qui s’est produit. Pris en lui-même, le phénomène de cette «panne» brutale pourra trouver une explication particulière. La question qui nous semble la plus pertinente est plutôt de souligner le contexte dans lequel s’est produit l’événement, en tant que phénomène illustratif d’un système à bout de souffle.

… dans la phase de décomposition du capitalisme

Comme pour d’autres phénomènes qui peuvent se produire et se traduire par de véritables tragédies, un tel black-out doit être compris dans un contexte où les accidents et les catastrophes s’accumulent, ou leur rythme d’apparition, leur intensité et leur ampleur ne cessent de croître depuis plus de trente ans. Une situation globale telle que Marx ne pouvait bien sûr pas imaginer à son époque, mais dont il avait été tout de même capable d’anticiper en révélant la dynamique historique du mode de production capitaliste. En percevant les contradictions internes du système et les germes de sa crise et sa décadence future comme de tout mode de production et d’exploitation devenu obsolète, Marx notait que le capitalisme a ceci de particulier qu’il fait surgir «une épidémie sociale, qui a toute autre époque aurait d’emblée semblé absurde, l’épidémie de la surproduction[2] [48]«. Bien entendu, il ne s’agit pas ici d’attribuer la panne d’électricité à une origine purement économique. Ce que nous voulons exprimer ici, c’est que l’obsolescence du capitalisme, en décadence depuis plus de cent ans, du fait de sa crise économique devenue chronique et surtout de l’absence de perspective autre que la misère et la destruction, plonge toute la société dans des convulsions qui sont aujourd’hui celles de sa phase ultime, sa décomposition.

En effet, «la phase de décomposition apparaît comme celle résultant de l’accumulation de toutes ces caractéristiques d’un système moribond, celle qui parachève et chapeaute trois quarts de siècle d’agonie d’un mode de production condamné par l’histoire[3] [49]». Avec une crise économique et sociale plongeant les prolétaires et les populations dans la pauvreté, les tensions guerrières accrues, la multiplication des catastrophes liées au changement climatique, les accidents industriels et phénomènes comme les pénuries, cette coupure d’électricité reste un symptôme comme d’autres qui ne peuvent qu’augmenter fortement.

C’est ce que nous n’avons cessé de mettre en évidence depuis plus de trente ans dans nos articles, alors que ces phénomènes étaient moins fréquents, plus étalés dans le temps et dans l’espace, permettant à la bourgeoisie de mieux faire passer ses propres explications «particulières» afin d’isoler les cas et de dédouaner son système. Ainsi, par exemple, à propos des inondations ou des sécheresses, les médias évoquaient de simple «catastrophes naturelles». Mais avec la multiplication des phénomènes, notamment la catastrophe planétaire du Covid-19, elle a été obligée d’invoquer plus nettement «l’irresponsabilité» des «hommes» ou de tel ou tel individu.

Aujourd’hui, à part culpabiliser en cherchant des coupables et des bouc-émissaires, la bourgeoisie trouve toujours un tas d’explications, comme elle pourra probablement le faire à l’issue de son enquête en cours pour ce récent black-out. Ce qu’elle ne pourra jamais nous dire, en revanche, c’est que son système est en faillite et qu’il ne pourra que générer de nouvelles tragédies. La cécité de la bourgeoisie est à l’image de son cynisme et de sa cupidité, une barbarie croissante que seul le prolétariat pourra surmonter et vaincre par la révolution.


[1] [50] Le cas du sabotage du Gazoduc Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne en 2022 en est une parfaite illustration.

[2] [51] Karl Marx, Manifeste du Parti communiste (1848).

[3] [52] Cf. « La décomposition, phase ultime de la décadence capitaliste », Revue internationale n° 107 (2001).

Géographique: 

  • Espagne [53]

Récent et en cours: 

  • Panne électrique [54]

Rubrique: 

Catastrophes du capitalisme

“Jour de la Victoire en Europe” contre le nazisme: Cette victoire n’est pas la nôtre!

  • 70 lectures

Les célébrations du 80e anniversaire de la «Victoire en Europe», le 8 mai, de Londres à Moscou, donnent toujours lieu à des défilés militaires, afin que personne ne pense que la Seconde Guerre mondiale (comme celle de 1914-1918) était la «der des ders» …

 On nous dit que le prix de la liberté se paie par une vigilance éternelle et que nous devons donc être armés jusqu’aux dents et toujours prêts à nous enrôler pour la cause nationale. N’est-ce pas cela ?

On prétend que mai 1945 a été la victoire de la démocratie sur le fascisme, de la liberté sur la tyrannie et les massacres. Ce n’était cependant pas «tout à fait» la «Victoire» au Japon : les alliés démocratiques devaient encore commettre leurs propres massacres à Hiroshima et Nagasaki avec le largage des premières bombes atomiques, avec pour mission essentiel d’envoyer ainsi un avertissement à l’URSS, l’alliée d’hier et le nouvel ennemi totalitaire de demain. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale fut immédiatement suivie par les préparatifs de la Troisième à travers une «Guerre froide» qui ne fut pas si froide que ça pour les millions de personnes brûlées et massacrées par les guerres par procuration sans fin entre les deux blocs impérialistes mis en place au lendemain de la Guerre mondiale. Telle fut la véritable nature des conflits sanglants en Chine, en Corée, au Vietnam, en Afrique et au Moyen-Orient au cours des quatre décennies suivantes.

La «Guerre froide» a pris fin avec l'effondrement du «bloc de l'Est» mais, privée d'un ennemi unificateur, l'alliance occidentale a aussitôt, à son tour, commencé à se déliter. Certaines de ses institutions officielles, comme l'OTAN, subsistent encore. Mais le nouveau régime à la Maison-Blanche entend «dire les choses telles qu'elles sont» : comme l'avait dit Lord Palmerston, il n'y a «ni amis ni ennemis permanents, seulement des intérêts nationaux permanents». C'est donc désormais «l'Amérique d'abord», Trump et ses collaborateurs s'employant à démanteler les derniers vestiges de l'ordre mondial d'après-guerre.

Dans la lignée de la propagande qui a récemment ciblé l'Europe, Trump veut rebaptiser le «Jour de la Victoire en Europe» : «Jour de la Victoire de la Seconde Guerre mondiale» ; tandis que le «Jour de l'Armistice» deviendra «Jour de la Victoire de la Première Guerre mondiale». Trump minimise ainsi la contribution des puissances européennes à la défaite de l’Allemagne nazie, insistant sur le fait que «nous avons gagné les deux guerres, personne ne pouvait nous égaler en termes de bravoure, de force et de génie militaire». C'est un nouveau coup de pied calculé dans la fourmilière des puissances européennes, de ces «profiteurs», qui n’ont pu être sauvés que par la bienveillance des Américains dans les deux guerres mondiales. Trump ne mentionne pas que l’aide américaine n’était pas exactement gratuite : les Britanniques, par exemple, payèrent jusqu’en 2006 leurs dettes de guerre aux États-Unis ; plus lourd encore : ils ont été obligés d’abandonner leur Empire pour faire place à la nouvelle hégémonie mondiale des États-Unis.

Pour ceux qui rejettent les rituels en l'honneur de l'État-nation et qui adhèrent encore au mot d’ordre du mouvement, «les prolétaire n'ont pas de patrie», peu importe qui prétend avoir apporté la plus grande contribution à la boucherie inter-impérialiste des deux guerres mondiales et de la guerre froide. Pour la classe ouvrière, 1945 ne marqua pas une victoire mais le fond d’une profonde défaite historique. En 1917-1918, les révolutions ouvrières en Russie, en Allemagne et ailleurs mirent fin à la Guerre et, pendant un bref intermède, laissèrent entrevoir la perspective d'un monde sans États-nations concurrents ni belligérants. Mais la révolution fut vaincue par les efforts conjugués de la social-démocratie, du fascisme et du stalinisme, et la Seconde Guerre mondiale s'acheva avec les deux camps impérialistes écrasant la moindre menace d'opposition de la classe ouvrière à la guerre. Après les grèves massives du nord de l'Italie en 1943, où des slogans contre la guerre firent leur apparition, la menace fut suffisante pour que Mussolini soit destitué par ses camarades fascistes et que Churchill suspende l'avancée de son armée depuis le sud de l'Italie pour «laisser les Italiens mijoter dans leur jus», ce qui signifiait permettre aux forces hitlériennes de mener la répression nécessaire contre les travailleurs. Puis vinrent les bombardements incendiaires de Hambourg, Dresde et Berlin, pour étouffer tout risque de révolte prolétarienne en Allemagne.

Aujourd'hui, le divorce entre les États-Unis et l'Europe, ainsi que la poursuite des massacres en Ukraine, s'accompagnent de nouvelles exigences de la part de nos dirigeants : être prêts à offrir vie et travail pour la défense nationale. Mais ils sont également conscients de la nécessité de nous le marteler sans cesse, précisément parce que la classe ouvrière se montre aujourd'hui bien moins disposée à consentir à des sacrifices qui ne peuvent jamais servir ses propres intérêts ; elle l'a notamment démontré lors des grandes vagues de grèves mondiales en mai-juin 1968 en France et en Italie en 1969, culminant en Pologne en 1980, et avec les mouvements de classe moins spectaculaires mais néanmoins profondément significatifs qui ont débuté avec l'«Été du mécontentement» en Grande-Bretagne en 2022 et qui se dessinent aujourd'hui dans le monde entier.

Notre seule victoire sera le renversement du capitalisme mondial !

Amos (6 mai)

Questions théoriques: 

  • Guerre [55]
  • Impérialisme [56]

Rubrique: 

Campagnes idéologiques

Réunion publique sur la crise écologique (en ligne et physique)

  • 187 lectures
Le bombardement massif par les États-Unis, dans la nuit 21 au 22 juin, de cibles militaires en Iran constitue une nouvelle étape de l’aggravation des tensions et du chaos guerrier, de la désolation et la barbarie sans trêve dans la région.
Face la gamme étendue des différentes formes de soutien d’un camp impérialiste contre un autre qui vont occuper toute la scène médiatique et sociale, les prolétaires de tous les pays doivent rejeter toute prétendue « solution » au conflit qui vise à les enchaîner dans le soutien à tel ou tel pays, à telle ou telle fraction bourgeoise. Les révolutionnaires doivent combattre pour le seul principe qui mérite d’être défendu, l’internationalisme prolétarien. La seule lutte qui pourra délivrer l’humanité de la barbarie guerrière, c’est la lutte de classe, pour le renversement de ce système miné par la crise et les besoins de l’économie de guerre.
Face à la gravité de la situation et l’importance cruciale de défendre l’internationalisme prolétarien, nous modifions le thème de nos prochaines réunions publiques à Marseille et à Bruxelles, initialement prévues pour discuter de notre Manifeste sur l’écologie.

La CCI a récemment publié un Manifeste sur la crise écologique [57], répondant à la question « Est-il possible d’arrêter la destruction de la planète ? » du point de vue de la classe ouvrière et de l’avenir de l’humanité.

Toutes les « solutions » à la crise écologique proposées par la classe dirigeante sont vaines. Le capitalisme est un système fondé sur l’exploitation de la classe ouvrière et de la nature. Dès le début, il s’est fondé sur le saccage et la destruction de l’environnement naturel, mais aujourd’hui, il montre que sa survie est incompatible avec la survie de l’humanité. Le capitalisme est une forme de société obsolète et décadente depuis plus de cent ans. Ce long déclin a atteint une phase terminale, une impasse où la guerre, les crises de surproduction et les destructions écologiques agissent les unes sur les autres pour produire un terrible tourbillon de destruction.

Mais il existe une alternative au cauchemar que réalise le capitalisme : la lutte internationale de la classe exploitée pour le renversement du capitalisme et la construction d’une société communiste.

Pour discuter de ces questions importantes, nous organisons une réunion publique en ligne (en anglais) le samedi 21 juin de 15h00 à 18h00. Pour participer à cette réunion, contactez nous sur : [email protected] [9].

Des réunions publiques physiques sont également organisées à :

- Paris, le 14 juin au CICP 21 ter rue Voltaire 75011 Paris à 15h

- Marseille, le 28 juin à 15h à Mille Bâbords 61 Rue Consolât 13001 Marseille

Le Manifeste sur la crise écologique [57] a été produit en format papier pour être distribué lors des réunions et des manifestations. Il peut également être consulté sur notre site web

Rubrique: 

Réunion publique du CCI

Gaza, l’enfer d’un capitalisme en décomposition!

  • 113 lectures

Plus le temps s’écoule, plus les atrocités s’accumulent, plus les mots sont insuffisants pour décrire le mouroir à ciel ouvert de Gaza. Après le carnage mené par le Hamas, le 7 octobre 2023, la riposte israélienne dépasse tous les niveaux de barbarie. La plupart des plus de 50 000 morts causés par les bombardements et les raids de Tsahal sont des civils, des enfants, des prolétaires sans défense. L’armée israélienne vise délibérément des regroupements de civils et les infrastructures vitales et sanitaires, elle pousse volontairement la population à migrer d’un bout à l’autre du territoire de la gigantesque prison qu’est Gaza et à abandonner tout ce qu’elle possède pour essayer désespérément de se maintenir en vie. Maîtresse des frontières de l’enclave, elle affame cyniquement la population en limitant l’approvisionnement en eau et en nourriture, entrave l’entrée de médicaments et de matériel médical indispensable pour soigner les dizaines de milliers de blessés et détruit dans une orgie de violence méthodiquement tout ce qui y a été construit.

Les « grandes démocraties occidentales » multiplient les déclarations horrifiées face aux atrocités. Elles ont des paroles de plus en plus dures envers le gouvernement israélien, mais ne prennent aucune mesure, comme l’arrêt des livraisons d’armes et de munitions, pour arrêter le bain de sang. Ce ne sont que des cris d’orfraie et pour cause ! Des massacres en Irak, en Afghanistan ou au Vietnam aux bombardements au phosphore des villes allemande de Dresde et Hambourg ou les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, les pays occidentaux, comme tous les pays du monde, n’ont jamais reculé devant les massacres les plus atroces pour faire prévaloir leurs sordides intérêts. L’anniversaire du 8 mai 1945, fêté en grande pompe comme la « victoire sur la barbarie nazie », exprime toute l’hypocrisie des dirigeants de ces puissances démocratiques qui s’accommodent du génocide en cours, toujours prêtes à tous les mensonges et toutes les amnésies pour masquer qu’elles-mêmes ont les mains pleines du sang des victimes des massacres coloniaux et des deux guerres mondiales.

Derrière le génocide à Gaza : la barbarie du capitalisme

Cette barbarie déchaînée par les deux camps, même s’ils sont asymétriques, nous la voyons à l’œuvre partout dans le monde : en Syrie et au Liban, au Soudan et au Yémen, par Inde au Pakistan, en Ukraine ou au Congo. Certes, les massacres à Gaza trouvent leur source dans 75 années de confrontations entre bourgeoisies israéliennes et palestiniennes et de grenouillages impérialistes au Proche-Orient, mais ils ont pour fondement une origine commune à tous les conflits, clairement posée par Rosa Luxemburg et Lénine au début du XXe siècle : avec l’entrée du capitalisme dans sa phase de déclin historique, s’ouvrait l’ère de « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme ». Tous les États capitalistes doivent désormais défendre leurs intérêts au détriment direct de leurs concurrents internationaux. Aucun État ne saurait se soustraire à cette logique. Aucun État ne pouvant renoncer à défendre sa place sur le marché mondial, tous les coups, même les plus ignobles, les plus barbares, les plus répugnants, sont permis.

La période actuelle, celle de la phase ultime de décomposition du système, ne fait qu’accentuer l’escalade dans la barbarie. Il y a 35 ans dans nos Thèses sur la décomposition, nous écrivions déjà : « Ainsi [nous voyons] le développement du terrorisme, des prises d’otages, comme moyens de la guerre entre États, au détriment des “lois” que le capitalisme s’était données par le passé pour “réglementer” les conflits entre fractions de la classe dominante ». À Gaza, le Hamas utilise des otages comme bouclier humain pour tenter d’endiguer la riposte militaire israélienne, en même temps que l’armée israélienne utilise les deux millions d’habitants de la bande de Gaza comme monnaie d’échange avec son ennemi palestinien. Chaque camp utilise la menace contre les civils dans sa lutte contre son ennemi.

Du fait de la fragmentation politique croissante des factions bourgeoises, une politique orientée vers la défense cohérente des intérêts de l’État apparaît de plus en plus difficile, voire impossible. Ce phénomène qui existe dans tous les pays se traduit par une politique générale de chacun-pour-soi menée par une grande partie de l’appareil politique bourgeois. (1) Ce chacun-pour-soi se traduit en Israël par le fait que, dans sa lutte désespérée pour sa survie politique, Netanyahu est devenu un projectile incontrôlé pour le parrain américain, à la tête d’un gouvernement, intégrant des factions sioniste d’extrême-droite irresponsables qui ne cachent plus leur intention d’appliquer une « solution finale » au problème palestinien, un gouvernement qui ne fait même plus semblant de prendre en considération la vie des otages détenus par le Hamas ou celle des civils palestiniens, en Cisjordanie comme à Gaza. Il n’y a plus qu’une fuite en avant nihiliste dans la barbarie, dont la conclusion ne peut être que l’élimination physique, par le massacre ou l’exil, de l’ensemble des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Il s’agit fondamentalement de la même logique que celle du Hamas, celle des classes dominantes incarnant la logique répressive et militariste à outrance : les otages, vivants ou morts, n’ont jamais empêché la population de Gaza de subir des représailles atroces, ni le Hamas de porter le crime et d’exercer sa propre répression contre les Palestiniens manifestant pour arrêter le carnage !

Voilà clairement tout le futur que nous réserve le capitalisme : Le massacre massif de civils à travers des guerres n’épargnant personne, l’appétit de vengeance pure, l’extermination des opposants politiques et des factions ennemies, la destruction totale de villes entières, d’hôpitaux et d’écoles, le développement d’idéologies totalement irrationnelles basées sur la religion, sur des visions complotistes, sur une méfiance envers tous et envers tout. L’aboutissement, c’est la destruction de toute vie organisée pour l’humanité entière et on peut déjà voir que ce cancer qui ronge le capitalisme a des métastases partout sur la planète.

La seule perspective alternative face à cette dynamique destructrice est le développement de la lutte prolétarienne contre les sacrifices humains, économiques, sociaux, culturels qu’impose cette société en décomposition. Le prolétariat est la seule classe dont la perspective propre s’oppose frontalement à celle de la bourgeoisie. Plus que jamais, le seul avenir de l’Humanité est entre les mains de la classe ouvrière, seule classe révolutionnaire dans le capitalisme. Elle seule, par son combat qui n’a pas de frontière, est capable de défendre un principe potentiellement salvateur : celui de l’internationalisme prolétarien. A Gaza comme ailleurs, face aux confrontations impérialistes de plus en plus nombreuses et sanglantes, il n’y a aucun camp, aucun belligérant à soutenir.

HD, le 25 mai 2025

 

1 L’irruption au pouvoir du gang Trump aux États-Unis en est une expression, mais on retrouve peu ou prou la même situation en Corée du Sud, en Argentine, dans la quasi-totalité des pays européens.

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Conflits impérialistes

80 ans de la fin du nazisme: La barbarie du la Seconde Guerre mondiale, c’est celle du capitalisme!

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À l’occasion des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous republions, ci-dessous, deux articles de L’Etincelle, organe de la Fraction française de la Gauche communiste. En 1945, en pleine hystérie nationaliste, alors que l’Europe était « libérée » du nazisme par les forces Alliées, une poignée de militants révolutionnaires maintenait la flamme de l’internationalisme prolétarien en dénonçant la guerre impérialiste et tous les camps en conflit : la barbarie du nazisme n’était pas un produit de la « folie humaine » mais du capitalisme décadent ; les Alliées, avec leurs bombardements massifs ou leurs bombes nucléaires, n’avaient rien à envier en matière de barbarie à leurs adversaires ; le militarisme demeurait, comme aujourd’hui, le mode de vie du capitalisme décadent.

Au péril de leur vie, ils collaient des affiches, jetaient des tracts dans les trains partant pour le front, lançaient des appels à tous les soldats et ouvriers leur demandant de manifester leur solidarité de classe par-delà les frontières, de cesser le feu et de baisser les armes, de s'unir tous contre le capitalisme mondial.

- « Manifeste : Contre la guerre capitaliste, il faut répondre par la solution de classe, la guerre civile », L’Etincelle n° 1 (janv 1945) [58].

- « Buchenwald, Maideneck : démagogie macabre », L’Etincelle n° 6 (juin 1945) [59].

Nous republions également deux extraits de notre brochure Fascisme & démocratie deux expressions de la dictature du capital [60] : « Les crimes nazis [61] » et « Les massacres et les crimes des grandes démocraties [62] »

 

 

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Campagnes idéologiques

ICConline - juin 2025

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Révolution de 1905: Il y a 120 ans, surgissaient la grève de masse et les conseils ouvriers

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Il y a 120 ans, une vague de grèves spontanées, d’une ampleur sans précédent, surgissait en Russie avec une spectaculaire irruption de colère ouvrière et une conscience de classe aiguisée qui inaugurait une forme de lutte d’une qualité désormais nouvelle pour le prolétariat : celle de la grève de masse. Cette irruption des masses a été une source d’inspiration pour les révolutionnaires de l’époque qui en ont tiré les leçons essentielles pour la lutte de classe, comme le firent Rosa Luxemburg, Trotski et Lénine qui combattaient alors les réformistes avec acharnement.

La révolution de 1905 témoigne aujourd’hui, alors que la classe ouvrière n’a pas encore retrouvé la conscience de sa force, alors qu’elle manque cruellement de confiance en ses capacités et son potentiel politique, de sa réelle puissance historique et de toute la créativité de son être : « cette première lutte générale et directe des classes déclencha une réaction d’autant plus puissante à l’intérieur qu’elle éveillait pour la première fois, comme une secousse électrique, le sentiment et la conscience de classe chez des millions d’hommes. Cet éveil de la conscience de classe se manifeste immédiatement de la manière suivante : une masse de prolétaires découvre tout d’un coup, avec un sentiment d’acuité insupportable, le caractère intolérable de son existence sociale et économique, dont elle subissait l’esclavage depuis des décennies sous le joug du capitalisme. Aussitôt se déclenche un soulèvement général et spontané en vue de secouer ce joug, de briser ces chaînes » (Rosa Luxemburg, « grève de masses, parti et syndicats »).

Cette expérience historique, bien qu’oubliée, reste une référence de tout premier ordre pour le prolétariat mondial, pour ses luttes et son futur révolutionnaire. Et c’est déjà ce que décelait Lénine à cette occasion qui était à l’époque un des rares à avoir su saisir le sens et la signification de l’émergence des premiers conseils ouvriers dans l’histoire, la « forme enfin trouvée de la dictature du prolétariat ». Il s’agissait là ni plus ni moins que d’un mode opératoire du combat de classe initié dans la période d’apogée du capitalisme et qui deviendra celui de toute sa phase de déclin ; cela, jusqu’à la révolution prolétarienne future. La compréhension en profondeur de la signification des événements de 1905, prélude à l’Octobre rouge de 1917, était bel et bien une des conditions de la prise du pouvoir en Russie.

Aujourd’hui, le manque de perspective pour la grande masse des ouvriers qui reprennent le combat après plus de trois décennies d’atonie, tend à réduire son action aux contingences immédiates. En ce sens, mettre en lumière l’expérience des grands combats du mouvement ouvrier, comme le furent les événements de 1905 en Russie, reste vital pour alimenter la réflexion en cours, pour nourrir le processus de maturation souterraine de sa conscience, afin de le relier à nouveau à toute une mémoire historique. Car 1905 n’est pas le simple produit de l’éclatement d’un orage dans un ciel d’azur ! L’événement n’a pu surgir que du fait de toute une expérience antérieure, notamment de tout un processus de maturation souterraine, de digestion politique, d’une lente et longue réflexion qui a suivi de grandes luttes, en particulier à Saint-Pétersbourg et ailleurs durant les années 1890.

Aujourd’hui, même si le contexte est radicalement différent, une réflexion en profondeur tend également à se développer au sein de la classe ouvrière. Après 1968 et durant les différentes vagues de luttes qui ont suivi, celles notamment des années 1980, un pas décisif était nécessaire et il a malheureusement fait défaut : celui de la politisation des luttes. Aujourd’hui, c’est dans le contexte terriblement plus difficile de la décomposition que le prolétariat mène à nouveau une réflexion et qu’il doit parvenir à la réaliser, à hisser son niveau de conscience et sa détermination, sans quoi le capitalisme emportera toute l’humanité dans la barbarie et la destruction.

La grève de masse en 1905 n’était pas un phénomène isolé. Elle était accompagnée par des luttes dans toute l’Europe. Aujourd’hui, une nouvelle génération de prolétaires reprend aussi le chemin de la lutte partout dans le monde, notamment depuis les grèves de « l’été de la colère » en Grande-Bretagne en 2022. Cette génération appartient à toute cette chaîne de combattants qui nous relie aux premières luttes de notre classe, capable de développer sa conscience pour la hisser à un niveau supérieur. Ce processus non linéaire, avec des phases de développement, de reflux et des reculs, caractérise la lutte depuis l’aube du mouvement ouvrier. En republiant la série d’articles de la Revue internationale sur ce que fut cette révolution de 1905, nous espérons contribuer à ces efforts, ceux menés actuellement par la classe ouvrière. Favoriser un processus de maturation en profondeur, difficile, lent et heurté, pour tenter de renouer avec la perspective communiste, avec le combat révolutionnaire contre un monde capitaliste condamné par l’histoire.

– « Il y a 100 ans : la révolution de 1905 en Russie (I) [63] », publié dans la Revue Internationale n°120

– « Il y a 100 ans, la révolution de 1905 en Russie (II) [64] », publié dans la Revue Internationale n°122

– « Il y a 100 ans, la révolution de 1905 en Russie (III) – Le surgissement des soviets ouvre une nouvelle période historique [65] », publié dans la Revue Internationale n°123

– « Il y a 100 ans, la révolution de 1905 en Russie (IV) – Le débat dans l’avant-garde [66] », publié dans la Revue Internationale n°125

 

 

Conscience et organisation: 

  • La Seconde Internationale [67]

Personnages: 

  • Rosa Luxemburg [68]
  • Lénine [69]

Evènements historiques: 

  • 1905 [70]
  • Révolution de 1905 [71]

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Histoire du mouvement ouvrier

Confrontation entre l’Inde et le Pakistan: Le capitalisme, c’est la guerre et le chaos!

  • 48 lectures

Le 7 mai, apparemment en réponse à un attentat qui avait fait 28 morts au Cachemire quelques semaines plus tôt, l’armée indienne a déclenché une première attaque contre le territoire pakistanais destiné à détruire les bases des organisations accusées d’avoir commis l’attentat. Les trois jours suivants ont vu une succession de contre-attaques et de nouvelles vagues de bombardements entre l’Inde et le Pakistan, marquant la confrontation la plus intense entre les deux pays depuis des décennies. Une nouvelle angoisse s’est emparée de la population mondiale, s’ajoutant aux ravages de la guerre en Ukraine (près d’un million de soldats morts et blessés), aux épouvantables massacres à Gaza et à une myriade de conflits tous plus barbares les uns que les autres au Soudan (plus de 9 millions de déplacés), au Yémen, au Congo, en Syrie, etc. Une nouvelle éruption de barbarie dans un monde en proie à la guerre et aux carnages !

Cette confrontation militaire est d’autant plus dévastatrice qu’elle implique deux nations surpeuplées, militarisées à outrance (1,2 million de soldats pour l’Inde, 500 000 pour le Pakistan) avec des arsenaux meurtriers comprenant de part et d’autre des armes nucléaires. Elle se déroule dans une région du monde d’une importance stratégique cruciale, où les États-Unis tentent de « couper les ailes » de leur principal challenger : la Chine. Mais plus encore que la « charge explosive » contenue dans ce conflit, c’est le contexte dans lequel ce conflit se déroule qui est le plus dangereux : celui d’une accélération du chaos impérialiste, de la montée du bellicisme et de l’irrationalité, de l’accentuation des tendances au « chacun pour soi ». (1)

Un conflit intensifié par l’explosion du “chacun pour soi”

Le Pakistan et l’Inde ont certes une longue histoire de confrontation, liée à la dissolution de l’Inde britannique, lorsque les deux États sont nés dans un bain de sang (guerre de 1947-1948, des millions de déplacés et 1 million de morts). Depuis, les guerres et escarmouches se sont succédé : en 1965 lorsque le Pakistan a voulu précipiter l’indépendance du Cachemire par rapport à l’Inde, en 1971 lorsque l’Inde a poussé à l’indépendance du Pakistan oriental (actuel Bangladesh), en 1999 lors de la « guerre de Kargil », en 2001 avec l’assaut du parlement indien par un groupe terroriste parrainé par le Pakistan, etc.

Initialement, les affrontements se sont déroulés dans le cadre de la discipline de fer imposée par les blocs impérialistes antagonistes de la guerre froide, le bloc occidental et celui dominé par l’URSS. Depuis les années 1990, en revanche, on assiste à l’effritement de cette discipline de bloc, chaque bourgeoisie nationale réglant seule ses conflits avec d’autres bourgeoisies nationales, en recourant à des conflits de plus en plus sanglants et irrationnels, donc potentiellement particulièrement dangereux. C’est ce que l’on observe en particulier dans le conflit actuel entre l’Inde et le Pakistan :

– Depuis le début des années 1990, l’Inde et le Pakistan ont développé leur arsenal nucléaire, chacun des pays disposant aujourd’hui d’environ 170 têtes nucléaires.

– Au cours du XXIe siècle, les tensions communautaires et religieuses se sont intensifiées. Les massacres sanglants perpétrés par des groupes radicaux islamistes pakistanais se sont multipliés contre des civils et militaires indiens (2001, en Inde, 2019 et 2025 au Cachemire). Le gouvernement indien nationaliste et populiste de Modi, a révoqué l’autonomie constitutionnelle du Cachemire et l’a placé sous l’autorité directe du gouvernement central. Il s’ensuit une répression féroce des Cachemiris et une forte pression sur la minorité musulmane en Inde.

– Lors des affrontements récents, et contrairement aux conflits précédents qui étaient largement limités à la région contestée du Cachemire, les représailles indiennes ont touché trois bases aériennes au cœur du Pakistan (Nur Khan près de Rawalpindi, Murid et Rafiqui). Contrairement aux bombardements précédents effectués dans des régions abritant des milices islamistes opérant au Cachemire, ils ont visé cette fois-ci des centres vitaux de l’armée pakistanaise (Nur Khan abrite le quartier général de l’armée pakistanaise et le centre de contrôle de la riposte nucléaire) et ceci au moyen de drones, d’avions de chasse et de missiles de croisière.

Le risque d’escalade vers un niveau de destruction catastrophique est donc évident, comme le souligne un expert en géostratégie de la région : « Alors que les armées attaquent un plus grand nombre de cibles avec un arsenal d’armes nouvelles en constante évolution, la possibilité d’une catastrophe monte en flèche. Quelle que soit la rationalité des dirigeants indiens et pakistanais, le risque d’erreur de calcul ou d’incompréhension, en l’absence de canaux de communication de crise fiables, rend toute future flambée de violence plus dangereuse ». (2)

Dans la phase actuelle d’accélération de la décomposition capitaliste, la guerre devient de plus en plus irrationnelle et barbare, comme en témoigne encore l’intention du gouvernement Modi d’utiliser les ressources naturelles comme arme de guerre : « l’Inde a pris la mesure sans précédent de suspendre unilatéralement le traité de l’Indus, un accord négocié par la Banque mondiale en 1960 pour gérer le flux d’eau essentiel pour l’hydroélectricité, l’irrigation et l’agriculture au Pakistan. Le traité avait résisté à plusieurs guerres et conflits militarisés entre les deux pays, mais plus maintenant ». (3)

En fin de compte, toutes les parties y perdent sans en retirer aucun gain ou avantage économique ou stratégique, tandis que les factions bourgeoises les plus irresponsables sont renforcées : cette guerre renforce davantage les généraux pakistanais, qui parlent de victoire militaire et appellent à une réponse de plus en plus agressive à l’égard de l’Inde, tout en réprimant brutalement tout mouvement de protestation. Il en va de même en Inde où Modi trouve dans le conflit avec le Pakistan un alibi pour relancer l’hystérie nationaliste et la propagande antimusulmane. Cette situation n’est pas unique. C’est la même chose que ce que nous voyons avec Poutine en Russie ou avec les délires mégalomaniaques de la faction Netanyahu en Israël.

Que le gouvernement indien ait sous-estimé la capacité de réaction du Pakistan (de plus en plus et de mieux en mieux armé par la Chine) ou qu’il ait voulu faire une démonstration de force pour affirmer ses capacités militaires face au Pakistan, à la Chine et aux Américains n’est qu’une question de conjectures. Ce que l’on peut prévoir sans aucun doute, en revanche, c’est que ce jeu macabre d’ambitions impérialistes va s’intensifier et que le fragile cessez-le-feu « négocié » par l’administration américaine (intervention d’ailleurs niée par l’Inde) ne résistera pas à la tendance dominante à la guerre et au chaos dans laquelle s’enfonce le capitalisme. Car ce ne sont pas les crapules dirigeantes en Inde et au Pakistan qui sont responsables en dernier ressort de la prolifération et de l’aggravation des massacres impérialistes : la cause première des massacres en cours et à venir, c’est l’« ordre » capitaliste pourrissant.

Dénonçons les campagnes nationalistes !

Les bourgeoisies indienne et pakistanaise appellent les travailleurs à se rallier au drapeau national pour défendre « l’honneur outragé de la patrie ». Quelle hypocrisie criminelle !

Dans la guerre en Ukraine, tous les belligérants sacrifient des centaines de milliers d’êtres humains pour la conquête de quelques misérables km2 d’une terre ravagée par les combats. Au Moyen-Orient, toutes les factions en guerre utilisent la terreur pour dévaster une région en ruines et massacrer de la manière la plus barbare les populations.

Au Pakistan même, des régions entières deviennent inhabitables par des conflits armés internes et par des inondations massives, tandis que les conflits ethniques et religieux déchirent l’Inde. Alors que le capitalisme, sous l’effet de ses propres contradictions, s’enfonce inéluctablement dans le chaos, toutes les fractions de la classe exploiteuse du monde entier n’ont plus rien à offrir que le sacrifice des prolétaires sur l’hôtel de leurs sordides et barbares ambitions impérialistes. Et dans la perspective d’une confrontation entre les puissances atomiques indienne et pakistanaise, tout comme des menaces contre le nucléaire iranien ou du bombardement de la centrale nucléaire de Zaporiya, le risque d’un accident nucléaire majeur devient de plus une option à redouter.

Il n’y a qu’une seule alternative : le développement de l’internationalisme prolétarien, le refus de lutter contre nos frères et sœurs de classe. Tous les travailleurs du monde ont le même intérêt. Nous sommes les principales victimes de la guerre, envoyés au front comme chair à canon ou otages surexploités jusqu’à l’épuisement pour payer un effort d’armement qui s’accroît partout dans le monde.

Le prolétariat n’a pas encore la force d’empêcher la prolifération des guerres, mais il peut l’acquérir par ses luttes contre les attaques capitalistes sur ses conditions de vie. Une telle lutte se déroule dans de nombreux pays et dans ces luttes, les travailleurs tendent à se reconnaître comme une même classe. Ils constatent progressivement qu’ils ont tous les mêmes ennemis : les exploiteurs, quelles que soient leur couleur, leur religion ou leur nationalité.

Valerio, 31 mai 2025

 

 

1 Cf. « Résolution sur la situation internationale de notre 26 ème Congrès international [72] », publiée sur le site web du CCI.

2 Aqil Shah cité dans « The Next War Between India and Pakistan », Foreign Affairs (23 mai 2025).

3 Idem.

Géographique: 

  • Inde [73]
  • Pakistan [74]

Personnages: 

  • Modi [75]

Récent et en cours: 

  • Guerre Inde-Pakistan [76]

Rubrique: 

Conflits impérialistes

Face aux assauts xénophobes de Trump contre la classe ouvrière et au cri de “défense de la démocratie”… la classe ouvrière doit développer sa lutte sur son propre terrain!

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Face aux rafles d’immigrés sans papiers et à l’envoi de forces militaires à Los Angeles contre ceux qui manifestaient contre ce nouvel « exploit » de Trump, un de nos sympathisants très proches vivant aux États-Unis a pris l’initiative de rédiger un tract qu’il se proposait de distribuer autour de lui. Le CCI a pleinement encouragé cette initiative. Nous estimons que le document finalement rédigé par le camarade correspond tout à fait à l’analyse que fait le CCI de ces événements et à la nécessaire dénonciation du jeu sordide des différentes forces de la bourgeoisie dans cette situation : autant la brutalité cynique de la répression policière et militaire que l’hypocrisie de ceux qui la dénoncent au nom de la « défense de la démocratie ».

C’est de façon très valable que ce document analyse les causes historiques de la politique de l’administration Trump, une politique qui fait partie du chaos grandissant dans lequel s’enfonce de plus en plus un capitalisme mondial en putréfaction. C’est également avec beaucoup de clarté que le document met en évidence que la persécution contre les immigrés constitue une attaque contre l’ensemble du prolétariat et que seule cette classe peut apporter une réponse à la fois immédiate et historique en se mobilisant sur son propre terrain contre la barbarie croissante du système capitaliste. C’est pour l’ensemble de ces raisons que nous faisons nôtre ce document et que nous le considérons comme une première prise de position de notre organisation face aux affrontements sociaux qui se déroulent actuellement à Los Angeles et dans de nombreuses autres villes des États-Unis.

Le document signale fort justement la faiblesse actuelle du prolétariat des États-Unis. C’est une réalité, mais les multiples grèves et mobilisations qui se sont déroulées depuis 2022 (grèves massives dans le secteur automobile en 2023 ; dans les usines de Boeing et chez les dockers dans une quarantaine de ports de la côte Est en 2024…) sont la preuve que la classe ouvrière de ce pays porte avec elle la capacité de mener des combats de grande amplitude et de rejoindre le moment venu la lutte du prolétariat mondial pour son émancipation.


Depuis son entrée en fonction en janvier, Donald Trump a massivement intensifié la campagne de terreur contre certains des travailleurs les plus précaires des États-Unis, menaçant d’arracher des personnes à leur famille et à leur communauté sous prétexte qu’elles n’ont pas de papiers en règle. Il accompagne cela de sa rhétorique révoltante : un déluge constant de mensonges, de théories du complot et de xénophobie provenant de la Maison Blanche est destiné à attiser les divisions au sein de la classe ouvrière, tandis que les agents de l’ICE (police anti-immigration) menacent ceux d’entre nous qui sont le moins en mesure de se défendre. Diviser pour mieux régner, telle est sa devise. Mais si, comme le veut le cliché, les États-Unis sont une « nation d’immigrants », nous pouvons ajouter que la migration a toujours été la condition de la classe ouvrière. Depuis l’aube du capitalisme, les travailleurs ont été contraints de se déplacer d’un endroit à l’autre en fonction des caprices du capital ou, comme c’est de plus en plus le cas aujourd’hui, de fuir les guerres dévastatrices et l’instabilité d’un système mondial qui pourrit sur pied. Nous devons donc être absolument clairs : la campagne de terreur de Trump contre les travailleurs sans papiers n’est rien d’autre qu’une attaque directe contre la classe ouvrière américaine, une classe d’immigrés ! Et, selon le mot d’ordre historique du mouvement ouvrier dans ce pays : Un préjudice pour l’un est un préjudice pour tous !

Le projet de budget de Trump est une attaque en règle contre la classe ouvrière

Alors que Trump tente grossièrement de monter les travailleurs américains les uns contre les autres, son projet de budget à la tronçonneuse se traduirait par des coupes de près de 1 000 milliards de dollars dans Medicaid au cours des dix prochaines années, ainsi que des attaques similaires contre le SNAP (Programme d’aide alimentaire), les prêts étudiants fédéraux et les pensions des employés fédéraux. Et tout cela en allouant au moins 350 milliards de dollars supplémentaires à l’armée et à l’application des lois sur l’immigration. Et la réalité est que cela ne s’arrêtera pas là. Confrontée à une crise économique de plus en plus grave et à une position de plus en plus faible sur la scène mondiale, la bourgeoisie américaine (quel que soit le parti au pouvoir) ne peut répondre que par des attaques féroces contre la classe ouvrière et des tentatives de plus en plus irrationnelles pour maintenir la portée et l’influence mondiales de l’impérialisme américain. Que ce soit en Europe, en mer de Chine méridionale, au Moyen-Orient ou en Afrique, l’avenir ne peut qu’annoncer toujours plus de sacrifices pour la classe ouvrière concernant ses conditions de vie pour les intérêts de nos ennemis de classe.

Défense de la démocratie et populisme xénophobe : deux poisons pour la classe ouvrière

Pour les éléments les plus « rationnels » de la bourgeoisie américaine, les manœuvres internationales erratiques et imprévisibles de Trump (qui ébranlent des alliances autrefois fondamentales de la stratégie impérialiste américaine)constituent une grave préoccupation. En outre, le fait qu’il ait pu s’assurer un soutien beaucoup plus important de la part de l’armée et des services de renseignement menace deux remparts qui ont permis de contenir son pouvoir au cours de son premier mandat. Mais surtout, il menace l’une des armes idéologiques les plus puissantes brandies par la bourgeoisie contre le développement de la conscience de la classe ouvrière dans ce pays : la démocratie bourgeoise.

Au niveau international, la démocratie est depuis longtemps le cri de l’impérialisme américain pour justifier toutes ses aventures, de la Première Guerre mondiale à l’Irak et à l’Ukraine. Et bien sûr, le régime israélien qui cible les hôpitaux, les universités et les enfants dans sa campagne génocidaire à Gaza se déclare la « seule démocratie au Moyen-Orient », avec le soutien des États-Unis. De même, les États-Unis présentent leurs interventions militaires comme ayant un but humanitaire, par exemple pour protéger les droits des Kurdes en Irak ou des femmes en Afghanistan. Mais pour la bourgeoisie libérale, tout cela disparaît lorsqu’il s’agit des actions des États-Unis ou d’un allié comme Israël. Sur le plan intérieur, malgré toute l’indignation feinte du Parti démocrate, Obama et Biden ne sont que juste derrière Trump en ce qui concerne le nombre de personnes expulsées. Pour cette faction de la bourgeoisie, il est également important de terroriser constamment ce secteur de la population afin qu’il reste le plus facilement exploitable. C’est ainsi que le maire de Los Angeles déplore l’impact des déportations massives sur l’économie locale. Enfin, les démocrates crient aujourd’hui à la « défense de la démocratie » contre l’autoritarisme de Trump.

La classe ouvrière ne peut pas se laisser enfermer dans la fausse alternative entre autoritarisme et démocratie ! En fin de compte, le rôle principal de cette campagne est de rediriger toute opposition des travailleurs aux coupes brutales et à l’application militarisée de l’immigration de Trump vers le processus électoral stérile. Il est illustratif que ceux qui mènent la charge pour les Démocrates contre Trump soient des individus comme Gavin Newsom (qui ambitionne de remporter la prochaine présidence) et ceux de l’aile gauche « socialiste » du parti qui prétendent « représenter » la classe ouvrière. Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et d’autres du même acabit, y compris les organisations qui se placent encore plus à gauche : la DSA (organisation socialiste démocrate), le PSL (Parti pour le Socialisme et la Libération), le CPUSA (Parti Communiste des États-Unis d’Amérique), la RCA (Parti Communiste révolutionnaire) etc, peuvent toujours prétendre s’opposer à ce système mais, en réalité, ils défendent des programmes pour sa gestion et attirent la classe ouvrière loin de sa propre lutte et vers des impasses et des actions stériles. Ils ne sont que l’avant-garde de la campagne visant à étouffer la lutte des travailleurs dans le berceau. La classe ouvrière ne doit pas oublier qu’en fin de compte, même si Trump est le représentant le plus repoussant de la bourgeoisie, ce que même les éléments les plus à gauche de la classe dirigeante craignent le plus, c’est leur ennemi de classe. Et le moment venu, l’histoire montre qu’ils se tiendront aux côtés de leurs frères de classe et tireront pour tuer au nom de ce système moribond.

Trump est le produit d’un système pourri jusqu’à la moelle

Cela fait plus de cent ans que le capitalisme a atteint son objectif de diviser le monde entier en marchés nationaux et qu’il est entré dans sa phase de déclin. Depuis lors, l’expansion d’une bourgeoisie nationale ne peut se faire qu’aux dépens d’une autre. C’est pourquoi la guerre impérialiste permanente est à l’ordre du jour. Mais après un siècle de déclin, ce système et sa classe dirigeante ont commencé à devenir de plus en plus séniles. La rhétorique infâme du nationalisme xénophobe, la diabolisation des immigrés, des minorités raciales, des homosexuels et des transsexuels (tactiques de longue date d’une classe déterminée à survivre à tout prix en divisant son ennemi de classe) se sont enracinées avec force dans le monde entier. Parallèlement, les théories conspirationnistes les plus irrationnelles ont trouvé un écho parmi les représentants les plus éminents de la bourgeoisie. Enfin, la scène mondiale, autrefois strictement contrôlée par les États-Unis et l’URSS, est devenue extrêmement chaotique. Ainsi, les phénomènes qui sont peut-être les plus apparents aux États-Unis ne s’y limitent pas. La montée du populisme trumpiste n’est pas un accident de parcours ou le résultat des actions d’un individu particulièrement répugnant : Trump est avant tout le produit d’un système en déclin et le représentant d’une classe incapable d’offrir une quelconque perspective à l’humanité.

Seule la classe ouvrière a une réponse !

Contre les attaques abominables de l’administration Trump contre les immigrés sans papiers, face à la campagne visant à s’aligner derrière les Démocrates ou leurs complices de gauche pour « défendre la démocratie », et à la lumière de la menace crédible que le capitalisme va (par la guerre impérialiste, la destruction écologique ou la désintégration sociale) détruire l’humanité, il n’y a qu’une seule force sociale capable de se battre pour un monde meilleur. La route est longue, mais la classe ouvrière doit se battre sur son propre terrain : en défendant ses intérêts économiques fondamentaux et en exprimant sa solidarité avec ses frères de classe, quelle que soit leur nationalité. Cela fait de nombreuses années que la classe ouvrière américaine n’a pas véritablement déployé ses muscles et il lui faudra beaucoup de temps pour retrouver ses marques, mais c’est la seule façon d’avancer. En attendant, les individus qui comprennent cette nécessité brûlante doivent se réunir partout où c’est possible, discuter, tirer les leçons des luttes passées et préparer l’avenir.

Pour le développement international de la lutte des classes !

« Les travailleurs n’ont pas de patrie ! »

« Travailleurs du monde, unissez-vous ! »

Un sympathisant du Courant communiste international

13 juin 2025

 

 

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Guerre Iran/Israël: Le capitalisme s’enfonce dans un chaos guerrier généralisé!

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Une nouvelle offensive meurtrière d’Israël sur l’Iran bat son plein depuis plusieurs jours à laquelle répond un déluge de missiles de la République islamique qui, malgré la supériorité militaire israélienne, a provoqué de nombreux dégâts et plusieurs victimes. Pour le moment, le brouillard de la propagande de guerre ne permet pas d’évaluer l’ampleur du massacre, mais c’est un déluge de feu qui s’abat de part et d’autre : tandis que l’Iran vise à l’aveugle les villes de l’État hébreu et quelques sites symboliques, Tsahal a, semble-t-il, surtout ciblé les installations nucléaires iraniennes susceptibles de produire l’arme atomique mais aussi le personnel scientifique et les responsables du programme nucléaire, ainsi que les chefs militaires et religieux susceptibles d’encadrer la riposte. Cette opération de « légitime défense » (selon Trump) a causé au moins plusieurs centaines de victimes civiles en Iran.

L’objectif de décapiter la force de frappe iranienne et de briser sa riposte en dit long sur la volonté d’Israël d’aller beaucoup plus loin qu’en avril dernier lorsque Tsahal avait ciblé le consulat iranien à Damas pour éliminer plusieurs chefs militaires, et en septembre suivant avec l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Le gouvernement de Netanyahou dissimule à peine sa volonté de voir s’effondrer le régime des Mollahs et d’enfoncer son grand rival régional dans le chaos.

Jusqu’à présent, l’Iran avait tenté de répondre aux provocations sans réelle capacité à déstabiliser directement Israël, mais en accroissant surtout la pression au moyen des organisations terroristes qu’il parraine (Houthis, Hezbollah…) et en soutenant la Russie dans le conflit ukrainien. Face au risque de déstabilisation, voire d’effondrement de leur régime, les « gardiens de la révolution » n’ont d’autre choix que de miser sur la fuite en avant dans le chaos et la barbarie. Faute de pouvoir vaincre l’État hébreu, la République islamique a sans aucun doute les moyens d’entraîner la région entière dans sa chute.

Le véritable responsable des guerres, c’est le capitalisme !

Ce conflit n’est pas un « fait isolé », ni le produit de la seule « folie » meurtrière de l’extrême droite israélienne ou du « fanatisme » assassin des Mollahs : il est l’expression d’un système capitaliste à bout de souffle ! Après chaque conflit, chaque massacre, la presse et les politiciens accusent tel ou tel État, tel ou tel dirigeant : « Ici, c’est la faute à la folie de Poutine ! », « Là, c’est la faute aux délires messianiques de Netanyahou », « Non, à la barbarie du Hamas ! », « À celle de l’impérialisme américain ! », « Au néocolonialisme de la France ! », « À l’expansionnisme chinois ! »… Certes, tous ces États, petits ou grands, tous ces dirigeants, de gauche ou de droite, extrémistes ou « démocrates », font preuve d’une barbarie sans borne et d’un cynisme glaçant. Mais ils agissent tous au sein d’un système en crise et sans avenir où la concurrence de tous contre tous pousse chaque nation à intervenir sur la scène internationale avec une sauvagerie croissante.

Aujourd’hui, avec cette nouvelle guerre ouverte, nous ne pouvons que constater le pas supplémentaire très grave, l’accélération de la dynamique du militarisme et du chaos. Un chaos qui gangrène de plus en plus le monde avec des conflits qui s’enkystent, une fuite en avant générant des bourbiers sans fin qui provoquent des monceaux de cadavres et des destructions à grande échelle. Au Moyen-Orient, en Ukraine, en Afrique ou ailleurs, les conflits incontrôlables ne font que se multiplier et s’élargir davantage, sans qu’aucun espoir de paix durable n’apparaisse, ni qu’aucun belligérant ne puisse imposer un « ordre » ou même tirer un quelconque profit de tels massacres ! En Ukraine, les belligérants sacrifient absurdement des dizaines de milliers de vies pour le moindre mètre carré en ruine, espérant apparaître en position de force lors d’hypothétiques négociations. Au Soudan, la guerre « oubliée » reste plus dévastatrice que jamais avec plus de 150 000 morts et plus de 13 millions de déplacés en seulement deux ans ! [78] Entre l’Inde et le Pakistan, le cessez le feu temporaire après les confrontations violentes de ces dernières semaines ne rassure personne sur la dangerosité des tensions entre ces deux puissances nucléaires. Au Yémen, la guerre menée par les rebelles houthistes sur leur sol et en Mer Rouge, comme les ripostes israéliennes, saoudiennes et américaines, ont engendré des dizaines de milliers de morts et une immense catastrophe humanitaire. Ces déstabilisations incontrôlables de régions entières, visibles également au Liban, en Syrie, en Libye, dans toute l’Afrique sub-saharienne ou dans les guerres de gangs en Haïti, s’aggravent réellement de jour en jour !

Le Moyen-Orient est ainsi pris dans une spirale infernale où de plus en plus d’acteurs entrent dans l’arène pour tenter d’imposer leurs sordides intérêts : sur le terreau pourri de l’historique conflit israélo-palestinien, l’attaque du Hamas d’octobre 2023 (au moins soutenue par l’Iran, si ce n’est directement pilotée) a engendré une série de conflits embrasant de plus en plus de pays dans la région : Liban, Yémen, attaque opportune des rebelles islamistes en Syrie, opérations de la Turquie à sa frontière… Et c’est maintenant au tour de l’Iran, jusque-là actif dans la coulisse, d’entrer durablement en scène !

Tsahal a (potentiellement) réussi à décapiter le programme nucléaire iranien et nombreuses sont les chancelleries, à commencer par Washington, à se féliciter du succès de l’opération « Rising Lion ». Mais cette barbarie guerrière absurde ne bénéficiera, à terme, à personne ! Israël a réussi un coup, mais à quel prix ? Non seulement Netanyahu en jouant avec la politique irresponsable de la terre brûlée accélère encore le discrédit et l’isolement d’Israël sur la scène internationale, mais il expose son pays à un environnement encore plus chaotique : l’Iran est obligé de riposter, même si cela l’expose davantage à un ennemi très supérieur militairement. Une situation très grave qui peut même conduire à un effondrement militaire et politique du pays qui possède des frontières communes avec l’Irak, le Koweït, le Pakistan et l’Afghanistan. Avec ses réserves de pétrole et le contrôle qu’il exerce sur le détroit stratégique d’Ormuz, l’Iran est aussi un acteur économique mondial de premier plan. Et la République islamique n’hésitera pas à jouer avec tous les risques d’extension et d’intensification du chaos si elle se sent en danger. D’ailleurs, les autres requins impérialistes comme la Turquie, l’Arabie Saoudite ou les pays du Golfe ne sont pas en reste et sont aussi aux premières loges, dans cette poudrière, pour tenter, non d’apaiser la situation, mais de déstabiliser de tel ou tel concurrent. La boîte de Pandore continue donc de cracher sa vermine ! La guerre ne pourra que s’éterniser et porter les confrontations à un niveau bien supérieur, même si le désir de Netanyahu de voir le régime des Mollahs s’effondrer pouvait rapidement se réaliser !

Face à la guerre impérialiste, le seul camp à choisir : c’est celui de la révolution prolétarienne !

Les « bonnes volontés » pacifistes n’y pourront rien : le capitalisme, c’est la guerre ! La bourgeoisie est incapable de stopper cette machine infernale ! Seule la révolution prolétarienne, en renversant le pouvoir de la bourgeoisie partout sur la planète, pourra libérer l’humanité de cette menace de plus en plus meurtrière et omniprésente.

Mais le chemin vers la révolution est encore long, même très long. Comme nous l’avons montré depuis 2022 dans notre presse, le prolétariat renoue désormais avec sa combativité, commence peu à peu à retrouver ses forces et son identité de classe. De toutes petites minorités en son sein cherchent même à renouer avec les positions révolutionnaires. Mais le prolétariat, s’il détient les clefs de l’histoire, n’a pas encore la force et la conscience de s’opposer à la guerre en tant que classe, d’opposer à la barbarie guerrière du capitalisme sa propre perspective de transformation révolutionnaire de la société.

La bourgeoisie est parfaitement consciente de ces faiblesses et mobilise tout son arsenal idéologique pour empêcher la maturation de la conscience de classe. Les prolétaires du monde entier doivent apprendre à se méfier des discours de la bourgeoisie, en particulier ses chapelles de gauche et d’extrême-gauche du capital (trotskistes, en particulier), destinés à légitimer, de manière prétendument critique, la politique d’un camp impérialiste en présence ou de l’autre. C’est le sens de la différence subtile que font certaines variétés du trotskisme entre agresseurs et agressés : « L’Iran a tout à fait le droit de riposter contre Israël, et nous devons nous opposer à l’attaque brutale d’Israël contre le peuple iranien ». (1) C’est la même confusion qu’induisent les appels aux dirigeants d’autres pays à rompre les liens avec Israël : « À bas l’agression israélienne contre l’Iran ! […] Macron, assez d’hypocrisie ! Rompez immédiatement tous les liens diplomatiques, militaires, économiques, commerciaux avec Israël ! ». (2) Derrière un langage soi-disant révolutionnaire, tous ces mystificateurs professionnels nous ont vendu pendant des mois leur camelote idéologique avec la « défense du peuple palestinien », c’est-à-dire le soutien au nationalisme palestinien dirigé par le Hamas, clique bourgeoise de la pire espèce largement soutenue et financée par l’Iran. Maintenant que les Mollahs doivent affronter plus directement Israël, les trotskistes plongent un peu plus dans la fange (si cela était encore possible) en appelant la classe ouvrière à soutenir la République islamique (pardon !… « le peuple iranien ») !

Face à la dynamique de pourrissement du capitalisme, toutes les nations, qu’elles soient puissantes ou faibles, n’ont plus rien à offrir que la guerre et la misère. Que ce soit au nom du « droit international », des « luttes de libération nationale » ou de la « lutte contre l’impérialisme », tous ces partis bourgeois, qui cherchent à faire croire qu’une solution de « paix » existe dans le capitalisme, qui poussent à soutenir les prétendus « agressés », font partie des plus dangereux ennemis de la classe ouvrière et cherchent à la détourner de son combat historique.

Car aujourd’hui, c’est dans la lutte de la classe ouvrière contre la dégradation généralisée de ses conditions de vie et de travail, conséquence de la crise historique du capitalisme et de l’augmentation considérable des budgets militaires, que la classe ouvrière pourra développer et politiser sa lutte en vue du renversement du capitalisme et de l’instauration d’une société sans nations, sans guerre et sans exploitation.

Stopio, 17 juin 2025

 

 

1 « Key questions about Israel’s escalation of war in Iran », Socialist Workers Party (juin 2025).

2 Le Parti des travailleurs en « délégation » à l’Élysée, le 11 juin.

Géographique: 

  • Moyen Orient [79]
  • Iran [80]
  • Israel [81]

Personnages: 

  • Benyamin Netanyahou [82]

Rubrique: 

Conflits impérialistes

Guerre Israël, Iran, États-Unis: Un pas de plus dans le chaos guerrier!

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Le bombardement massif par les États-Unis, dans la nuit 21 au 22 juin, de cibles militaires en Iran constitue une nouvelle étape de l’aggravation des tensions et du chaos guerrier, de la désolation et la barbarie sans trêve dans la région.

Face la gamme étendue des différentes formes de soutien d’un camp impérialiste contre un autre qui vont occuper toute la scène médiatique et sociale, les prolétaires de tous les pays doivent rejeter toute prétendue « solution » au conflit qui vise à les enchaîner dans le soutien à tel ou tel pays, à telle ou telle fraction bourgeoise. Les révolutionnaires doivent combattre pour le seul principe qui mérite d’être défendu, l’internationalisme prolétarien. La seule lutte qui pourra délivrer l’humanité de la barbarie guerrière, c’est la lutte de classe, pour le renversement de ce système miné par la crise et les besoins de l’économie de guerre.

Face à la gravité de la situation et l’importance cruciale de défendre l’internationalisme prolétarien, le CCI organise une réunion publique internationale en ligne, le samedi 28 juin à 15h (heure de Paris). Les lecteurs qui souhaitent participer à cette discussion peuvent adresser un message sur notre adresse électronique ([email protected] [44]) ou dans la rubrique « nous contacter [45] » de notre site internet. Les modalités techniques pour se connecter à la réunion publique seront communiquées ultérieurement.

Il sera possible de se rassembler physiquement pour participer à la réunion dans les ville suivantes :

- Marseille, le 28 juin à 15h. Adresse : Mille Bâbords 61 Rue Consolât 13001 Marseille

- Bruxelles, le 28 juin 2025 à 15h. Adresse : Pianofabriek - Rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles 

 

Vie du CCI: 

  • Réunions publiques [10]

Rubrique: 

Réunion publique internationale en ligne

Guerre Iran, Israël, États-Unis... Tous les États sont va-t-en-guerre ! La seule solution pour l’humanité, c’est l’internationalisme!

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« La plus grande frappe par B-2 de l’histoire ». Les mots choisis par le général Dan Caine, chef d’État-major des Armées américaines, pour qualifier les bombardements de plusieurs sites nucléaires iraniens dans la nuit du 21 au 22 juin montrent l’importance historique de l’événement. 125 avions en vol, un sous-marin et plusieurs navires mobilisés, 75 missiles de précisions et 14 bombes GBU-57 largués en quelques heures. Avec leur opération Midnight Hammer, les États-Unis viennent donc de rentrer de façon fracassante dans la guerre.

Il n’est pas encore possible d’évaluer l’ampleur des dégâts et le nombres de victimes en Iran et en Israël depuis le début des combats, le 13 juin, mais le feu des armes est abondamment nourri et destructeur. À l’heure de mettre sous presse ce tract, nous apprenons qu’après les frappes iraniennes sur des bases militaires américaines, les belligérants ont annoncé un « cessez-le-feu » alors que les missiles pleuvaient encore de part et d’autre.

Le Moyen-Orient va plonger dans la barbarie et le chaos

La propagande de guerre claironne à tout rompre que les bombardements sur l’Iran sont un immense succès, que le régime des mollahs est durablement affaibli et pourrait même disparaître, qu’Israël et l’Amérique en ont fini avec la menace nucléaire, qu’ils vont imposer la paix et la sécurité au Moyen-Orient.

Tout cela n’est que mensonges ! Le Moyen-Orient va continuer à plonger dans le chaos, un chaos qui va impacter la planète entière. Faute de pouvoir répliquer directement, la République islamique, dos au mur, n’hésitera pas à semer la barbarie partout où elle le pourra, à activer tous les groupes armés sous son contrôle, voire à user massivement de l’arme du terrorisme. Les menaces que l’Iran fait peser sur le stratégique détroit d’Ormuz symbolisent à elles seules que la crise économique mondiale va encore s’aggraver et, avec elle, l’inflation.

Et si le régime de terreur des mollahs ne devait pas survivre, l’après sera tout aussi terrible que leur règne : partitions du pays entre seigneurs de guerre, cycle de vengeance entre les différentes cliques, floraison de groupes terroristes encore plus armés et dangereux que Daesh, exodes massifs de population…

Ce n’est pas là une prophétie apocalyptique, mais une leçon tirée de tous les conflits guerriers de ces vingt dernières années. En 2003, l’invasion de l’Irak par les États-Unis, censée porter un coup fatal à « l’axe du mal » et imposer la Pax Americana dans la région, transforme le pays en champ de ruines où les groupes armés et les cliques mafieuses se déchirent. En 2011, c’est au tour de la Syrie voisine de sombrer dans la guerre civile, avec l’implication des groupes armés et terroristes comme Daesh, des puissances régionales comme la Turquie, l’Iran et Israël, des puissances internationales comme les États-Unis et la Russie. En 2014, le Yémen entre dans la danse macabre. Résultat : des centaines de milliers de morts et un pays ravagé. En 2021, l’Afghanistan repasse aux mains des talibans, après vingt ans de guerre menée par les États-Unis qui visait à… renverser les talibans.

Fin 2023, le Hamas palestinien lance une attaque terroriste d’une rare barbarie sur des civils israéliens. L’armée israélienne réagit avec une brutalité sans borne par une campagne de destruction massive de la bande de Gaza qui tourne rapidement au génocide pur et simple. Dans les mois qui suivent, l’extension du chaos s’accélère dans des proportions inimaginables : face aux alliés du Hamas, Netanyahou se lance dans une offensive meurtrière tous azimuts au Liban, en Syrie et maintenant en Iran. Fondamentalement, la même dynamique est à l’œuvre en Ukraine, au Soudan, au Mali, en RDC. C’est le monde capitaliste qui sombre dans le chaos guerrier : comme à Gaza ou au Liban ces derniers mois, les éventuels « cessez-le-feu » en Iran ne seront que momentanés et précaires, conclus pour mieux préparer les prochains massacres. La « guerre des douze jours » (nom officiel donné à ce dernier épisode de la guerre en Iran) dure depuis bientôt cinquante ans et vient de s’aggraver considérablement pour les décennies à venir…

Une guerre aux répercussions mondiales catastrophiques

La guerre avec l’Iran va affaiblir les principaux adversaires des États-Unis : la Russie qui a besoin des drones iraniens en Ukraine, mais aussi la Chine qui a besoin du pétrole iranien et d’un accès au Moyen-Orient pour sa « nouvelle route de la soie ». Quant à l’opération Midnight Hammer, elle démontre à nouveau la supériorité incontestable de l’US Army, capable d’intervenir massivement à l’autre bout de la planète et de balayer tous ses ennemis. Ces frappes sont un message explicite à la Chine, comme les bombes atomiques sur le Japon en 1945 était avant tout un avertissement à la Russie.

Mais cette démonstration de force n’est qu’une victoire momentanée qui ne va résoudre aucun conflit, ne calmer aucun des autres requins impérialistes. Au contraire, les tensions vont partout monter d’un cran, chaque État, petits ou grands, chaque clique bourgeoise essayera de profiter du chaos pour défendre ses sordides intérêts, ce qui va accroître encore le désordre mondial. La Chine, surtout, ne va pas se laisser faire et finira par montrer elle aussi les muscles, à Taïwan ou ailleurs.

Là encore, ce sont les leçons que nous tirons de l’histoire. Depuis la chute de l’URSS en 1991, les États-Unis sont la seule superpuissance. Il n’y a plus de blocs à l’intérieur desquels les pays alliés devraient respecter une certaine forme de discipline et d’ordre. Au contraire, chaque pays joue sa propre carte, chaque alliance est de plus en plus fragile et de circonstance, rendant la situation toujours plus chaotique et incontrolable. Les États-Unis ont immédiatement compris cette nouvelle dynamique historique. C’est pourquoi ils ont déclenché la guerre du Golfe dès 1991, véritable démonstration de force pour faire passer à tous le message : « Nous sommes les plus forts, vous devez nous obéir ». L’annonce par Bush père d’un « nouvel ordre mondial » ne disait rien d’autre. Et pourtant, deux ans plus tard, en 1993, la France soutient la Serbie, l’Allemagne soutient la Croatie, les États-Unis soutiennent la Bosnie, dans une guerre qui va finir par faire exploser la Yougoslavie.

La leçon est claire et ne s’est jamais démentie depuis trente-cinq ans : plus la contestation de la suprématie américaine augmente, plus les États-Unis doivent frapper fort… et plus ils frappent fort, plus ils nourrissent la contestation et le chacun pour soi sur toute la planète. À son échelle régionale, il en est exactement de même pour Israël. Autrement dit, avec la guerre en Iran, le développement du chaos et du désordre par la guerre va encore s’accélérer. L’Asie va devenir le point chaud des tensions impérialistes mondiales, coincée entre les prétentions de plus en plus grandes de la Chine et la présence militaire de plus en plus massive des Etats-Unis. La bourgeoisie américaine sait que c’est ici qu’elle doit dorénavant concentrer la plus grande partie de ses forces armées.

“No King”, “Free Palestine”, “Stop génocide” : le seul avenir du capitalisme, c’est la guerre !

Face à ces horreurs insoutenables, face aux massacres à grande échelle, nombreux sont ceux qui ont envie de réagir, de crier leur colère, de se rassembler, de dire « stop ». Et c’est en effet une nécessité car si nous laissons faire, si nous ne réagissons pas, le capitalisme va emporter toute l’humanité dans un immense charnier, une série de conflits éparpillés, incontrôlables et de plus en plus meurtriers. Beaucoup de ceux qui ont la volonté de réagir se retrouvent aujourd’hui dans la rue dans différents mouvements de « résistance à la guerre » : No Kings, Free Palestine, Stop génocide, autant de mouvements soutenus par les forces de gauche du capital.

Mais les mots d’ordre avancés par la gauche, y compris les plus radicaux en apparence, sont systématiquement des pièges qui reviennent toujours à attribuer les causes de la guerre à tel ou tel dirigeant, à Netanyahou, au Hamas, à Trump, à Poutine ou à Khamenei, et, finalement, à choisir un camp contre un autre. Avec leurs hypocrites discours « pour la paix », pour « la défense de la démocratie », pour le « droit des peuples à l’auto-détermination », les forces d’encadrement du capital, cherchent à nous illusionner, à faire croire que le capitalisme pourrait être moins guerrier, plus humain, qu’il suffirait d’élire les « bons représentants », de « mettre la pression sur les dirigeants » pour instaurer la paix dans le monde et des rapports « plus justes » entre les nations capitalistes. Tout cela revient finalement à dédouaner la dynamique guerrière dans laquelle s’enfonce inexorablement tout le système capitaliste, toutes les nations, toutes les cliques bourgeoises.

Trump, Netanyahou ou Khamenei sont sans aucun doute des dirigeants sanguinaires. Mais le problème auquel nous sommes confrontés, ce n’est pas tel ou tel dirigeant : c’est le capitalisme. Quelle que soit la fraction bourgeoise au pouvoir, de gauche ou de droite, autoritaire ou démocratique, tous les pays sont va-t-en-guerre. Ils le sont parce que le capitalisme s’enfonce dans une crise historique qu’il ne peut pas résoudre : la concurrence entre nations ne fait que s’exacerber, se brutaliser, devenir hors de contrôle. C’est cela que la gauche cherche à dissimuler. Et c’est le piège dans lequel tombent ceux qui participent à ces rassemblements en pensant lutter contre la guerre.

Dénoncer ainsi tous ces mouvements comme des pièges peut surprendre, voire provoquer de la colère chez ceux qui veulent agir sincèrement face à l’ampleur des massacres : « alors, il n’y a rien à faire, selon vous ? », « Vous critiquez, mais il faut bien faire quelque chose ! ».

Oui, il faut faire quelque chose, mais quoi ?

Pour mettre fin aux guerres, il faut renverser le capitalisme

Les ouvriers de tous les pays doivent refuser de se laisser emporter par les discours nationalistes, ils doivent refuser de prendre parti pour un camp bourgeois ou pour un autre, au Moyen-Orient comme partout ailleurs. Ils doivent refuser de se laisser berner par les discours qui leur demandent de manifester leur « solidarité » avec tel ou tel peuple pour mieux endoctriner contre un autre « peuple ». « Palestiniens martyrisés », « Iraniens bombardés », « Israéliens terrorisés », autant d’expressions qui enferment dans le choix d’une nation contre une autre. Dans toutes les guerres, de chaque côté des frontières, les États embrigadent toujours en faisant croire à une lutte entre le bien et le mal, entre la barbarie et la civilisation. Mensonges ! Les guerres sont toujours un affrontement entre des nations concurrentes, entre des bourgeoisies rivales. Elles sont toujours des conflits dans lesquels meurent les exploités au profit de leurs exploiteurs.

« Iraniens », «  Israéliens » ou « Palestiniens », parmi toutes ces nationalités se trouvent des exploiteurs et des exploités. La solidarité des prolétaires ne va donc pas aux « peuples », elle doit aller aux exploités d’Iran, d’Israël ou de Palestine, comme elle va aux travailleurs de tous les autres pays du monde. Ce n’est pas en manifestant pour un illusoire capitalisme en paix, ce n’est pas en choisissant de soutenir un camp dit agressé ou plus faible contre un autre dit agresseur ou plus fort qu’on peut apporter une solidarité réelle aux victimes de la guerre. La seule solidarité consiste à dénoncer tous les États capitalistes, tous les partis qui appellent à se ranger derrière tel ou tel drapeau national, telle ou telle cause guerrière !

Cette solidarité passe avant tout par le développement de nos combats contre le système capitaliste responsable de toutes les guerres, un combat contre les bourgeoisies nationales et leurs États.

L’histoire a montré que la seule force qui peut mettre fin à la guerre capitaliste, c’est la classe exploitée, le prolétariat, l’ennemi direct de la classe bourgeoise. Ce fut le cas lorsque les ouvriers de Russie renversèrent l’État bourgeois en octobre 1917 et que les ouvriers et les soldats d’Allemagne se révoltèrent en novembre 1918 : ces grands mouvements de lutte du prolétariat ont contraint les gouvernements à signer l’armistice.

C’est la force du prolétariat révolutionnaire qui a mis fin à la Première Guerre mondiale ! La paix réelle et définitive, partout, la classe ouvrière devra la conquérir en renversant le capitalisme à l’échelle mondiale.

Ce long chemin est devant nous, et il passe aujourd’hui par un développement des luttes contre les attaques économiques de plus en plus dures que nous assène un système plongé dans une crise insurmontable. En refusant la dégradation de nos conditions de vie et de travail, en refusant les perpétuels sacrifices au nom de la compétitivité de l’économie nationale ou des efforts de guerre, nous commençons à nous dresser contre le cœur du capitalisme : l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans ces luttes, nous nous serrons les coudes, nous développons notre solidarité, nous débattons et prenons conscience de notre force quand nous sommes unis et organisés.

Ce long chemin, le prolétariat a commencé à l’emprunter lors de « l’été de la colère » au Royaume-Uni en 2022, lors du mouvement social contre la réforme des retraites en France début 2023, lors des grèves des secteurs de la santé et de l’automobile aux États-Unis en 2024, dans les grèves et manifestations qui durent depuis des mois et qui continuent en ce moment même en Belgique. Cette dynamique internationale marque le retour historique de la combativité ouvrière, le refus grandissant d’accepter la dégradation permanente des conditions de vie et de travail, la tendance à se solidariser entre les secteurs et entre les générations, en tant que travailleurs en lutte, sans se soucier des nationalités, des origines, des religions.

On pourrait reprocher ceci aux révolutionnaires : « face à la guerre, vous proposez de ne rien faire, de renvoyer le combat contre les massacres qui ont lieu sous nos yeux aux calendes grecques ! » Aujourd’hui, les luttes du prolétariat n’ont, en effet, pas encore la force de se dresser directement contre la guerre, c’est une réalité. Mais il y a deux chemins possibles : soit nous participons aux mouvements dits « pour la paix maintenant et tout de suite », et nous nous laissons désarmer sur le terrain de la lutte pour un capitalisme « plus juste », « plus démocratique », ces idéologies qui participent au développement général de l’impérialisme en nous poussant à soutenir la nation, le camp, la clique qualifiée de « moins mauvais », « plus progressiste ». Soit nous participons patiemment, par des luttes sur notre terrain de classe, à reconstruire notre solidarité et notre identité, nous œuvrons à un mouvement historique qui est le seul à pouvoir mettre à bas la racine des guerres et de la misère, des nations et de l’exploitation : le capitalisme. Oui, ce combat est long ! Oui, il nécessitera une grande confiance dans l’avenir, une capacité à résister à la peur, au désespoir que la bourgeoisie veut nous enfoncer dans le crâne. Mais il est le seul chemin possible !

Pour participer à ce mouvement, il faut nous regrouper, discuter, nous organiser, écrire et diffuser des tracs, défendre l’internationalisme prolétarien véritable et la lutte révolutionnaire. Contre le nationalisme, contre les guerres dans lesquelles veulent nous entraîner nos exploiteurs, les vieux mots d’ordre du mouvement ouvrier, ceux du Manifeste communiste de 1848, sont aujourd’hui plus que jamais à l’ordre du jour :

«  Les prolétaires n’ont pas de patrie !

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

Pour le développement de la lutte de classe du prolétariat international !

Courant Communiste International, 24 juin 2025

 

 

 

 

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Tracts internationaux

1905 : Il y a 120 ans, la classe ouvrière en Russie montrait sa nature révolutionnaire

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Pour la classe ouvrière, une classe dont la conscience est une arme des plus précieuses, 1 apprendre de sa propre expérience est d’importance fondamentale. Chaque fois qu’elle agit sur son propre terrain, d’une manière massive, unie et solidaire, et, surtout, avec un élan révolutionnaire, elle laisse des leçons importantes pour le futur, des leçons que la classe doit appréhender et utiliser pour ses actions futures.

Ce fut le cas de la Commune de Paris, en 1871, qui a fait comprendre à Marx et Engels que la classe ouvrière, en prenant le pouvoir, ne peut pas utiliser l’État bourgeois pour transformer la société vers le communisme. Elle doit le détruire pour construire une nouvelle manière de gérer la société, avec des fonctionnaires élus, révocables à tout moment.

Ce fut le cas aussi de la révolution en Russie en 1905, dont cette année est le 120e anniversaire. Dans ce cas, la leçon fut encore plus riche : on allait voir le surgissement de la grève de masse et la création des organes de son pouvoir : les conseils ouvriers (les soviets en russe), la « forme enfin trouvée de la dictature du prolétariat » comme l’affirmait Lénine.

C’est à cette expérience que nous voulons consacrer cet article pour voir comment elle peut nous aider à comprendre l’actuelle dynamique de la lutte de classe, celle que le CCI a défini comme une « rupture » historique par rapport aux décennies précédentes.

Janvier 1905

Avant de nous pencher sur la dynamique de la Révolution russe de 1905, il faut rappeler brièvement quel était le contexte international et historique dans lequel cette révolution a pris son élan. Les dernières décennies du XIXe siècle ont été caractérisées par un développement économique particulièrement prononcé dans toute l’Europe. C’est dans ce contexte que la Russie tsariste, pays dont l’économie était encore marquée par une forte arriération, devient le lieu idéal pour l’exportation de capitaux importants visant à installer des industries de moyenne et grande dimension. En l’espace de quelques décennies, il y eut une transformation profonde de l’économie. Dans la Russie de la fin du XIXe siècle, la croissance du capitalisme a entraîné une forte concentration des travailleurs. Ainsi la caractéristique du prolétariat en Russie était sa concentration dans quelques grands bassins industriels, ce qui a fortement favorisé la recherche de solidarité et l’extension de sa lutte. Ce sont ces données structurelles de l’économie qui expliquent la vitalité révolutionnaire d’un prolétariat jeune et par ailleurs noyé dans un pays profondément arriéré et dans lequel prévalait l’économie paysanne.

En janvier 1905, deux ouvriers des usines Poutilov à Pétersbourg sont licenciés. Un mouvement de grèves de solidarité se déclenche, une pétition pour les libertés politiques, le droit à l’éducation, la journée de 8 heures, contre les impôts, etc., est élaborée pour être apportée au tsar dans une manifestation massive. « Des milliers d’ouvriers non pas des social-démocrates, mais des croyants, de fidèles sujets du tsar, conduits par le pope Gapone, s’acheminent de tous les points de la ville vers le centre de la capitale, vers la place du Palais d’Hiver, pour remettre une pétition au tsar. Les ouvriers marchent avec des icônes et Gapone, leur chef du moment, avait écrit au tsar pour l’assurer qu’il se portait garant de sa sécurité personnelle et le prier de se présenter devant le peuple ». 2

Tout se noue lorsque, arrivés au Palais d’Hiver pour déposer leur requête au tsar, les ouvriers se font attaquer par la troupe qui « charge la foule à l’arme blanche ; ils tirent sur les ouvriers désarmés qui supplient à genoux les cosaques de leur permettre d’approcher le tsar. D’après les rapports de police, il y eut ce jour-là plus d’un millier de morts et de deux mille blessés. L’indignation des ouvriers fut indescriptible ». 3 C’est cette indignation profonde des ouvriers pétersbourgeois à l’égard de celui qu’ils appelaient « Petit Père » et qui avait répondu par les armes à leur supplique, qui déchaîne les luttes révolutionnaires de janvier. Un changement très rapide dans l’état d’esprit du prolétariat se produit dans cette période : « D’un bout à l’autre du pays passa un flot grandiose de grèves qui secouèrent le corps de la nation.[…] Le mouvement entraînait environ un million d’âmes. Sans plan déterminé, fréquemment même sans formuler aucune exigence, s’interrompant et recommençant, guidée par le seul instinct de solidarité, la grève régna dans le pays environ deux mois ». 4 Ce fait d’entrer en grève sans revendication spécifique, par solidarité, est à la fois expression et facteur actif de la maturation, au sein du prolétariat russe de l’époque, de la conscience d’être une classe et de la nécessité de se confronter en tant que telle à son ennemi de classe. La grève générale de janvier est suivie d’une période de luttes constantes, surgissant et disparaissant à travers le pays, pour des revendications économiques. Cette période est moins spectaculaire mais tout aussi importante. Des affrontements sanglants ont lieu à Varsovie. Des barricades sont dressées à Lodz. Les matelots du cuirassé Potemkine dans la mer Noire se révoltent. Toute cette période prépare le deuxième temps fort de la révolution.

Octobre 1905

« Cette seconde grande action révolutionnaire du prolétariat revêt un caractère sensiblement différent de la première grève de janvier. La conscience politique y joue un rôle beaucoup plus important. Certes, l’occasion qui déclencha la grève de masse fut ici encore accessoire et apparemment fortuite : il s’agit du conflit entre les cheminots et l’administration, à propos de la Caisse des Retraites. Mais le soulèvement général du prolétariat industriel qui suivit, est soutenu par une pensée politique claire. Le prologue de la grève de janvier avait été une supplique adressée au tsar afin d’obtenir la liberté politique ; le mot d’ordre de la grève d’octobre était :“Finissons-en avec la comédie constitutionnelle du tsarisme !” Et grâce au succès immédiat de la grève générale qui se traduisit par le manifeste tsariste du 30 octobre, le mouvement ne reflue pas de lui-même comme en janvier, pour revenir au début de la lutte économique mais déborde vers l’extérieur, exerçant avec ardeur la liberté politique nouvellement conquise. Des manifestations, des réunions, une presse toute jeune, des discussions publiques ». 5 Un changement qualitatif se produit en ce mois d’octobre exprimé par la constitution du soviet de Pétersbourg qui fera date dans l’histoire du mouvement ouvrier international. À l’issue de l’extension de la grève des typographes aux chemins de fer et aux télégraphes, les ouvriers prennent en assemblée générale la décision de former le soviet qui deviendra le centre névralgique de la révolution : « Le Conseil des députés ouvriers fut formé pour répondre à un besoin pratique, suscité par les conjonctures d’alors : il fallait avoir une organisation jouissant d’une autorité indiscutable, libre de toute tradition, qui grouperait du premier coup les multitudes disséminées et dépourvues de liaison ». 6

Décembre 1905

« Le rêve de la Constitution est suivi d’un réveil brutal. Et l’agitation sourde finit par déclencher en décembre la troisième grève générale de masse qui s’étend à l’Empire tout entier. Cette fois, le cours et l’issue en sont tout autres que dans les deux cas précédents. L’action politique ne cède pas la place à l’action économique comme en janvier, mais elle n’obtient pas non plus une victoire rapide, comme en octobre. La camarilla tsariste ne renouvelle pas ses essais d’instaurer une liberté politique véritable, et l’action révolutionnaire se heurte ainsi pour la première fois dans toute son étendue à ce mur inébranlable : la force matérielle de l’absolutisme ». 7 La bourgeoisie capitaliste effrayée par le mouvement du prolétariat s’est rangée derrière le tsar. Le gouvernement n’a pas appliqué les lois libérales qu’il venait d’accorder. Les dirigeants du soviet de Petrograd sont arrêtés. Mais la lutte continue à Moscou : « La révolution de 1905 atteignit son point culminant lors de l’insurrection de décembre à Moscou. Un petit nombre d’insurgés, ouvriers organisés et armés (ils n’étaient guère plus de huit mille) résista pendant neuf jours au gouvernement du tsar. Celui-ci ne pouvait se fier à la garnison de Moscou, mais devait au contraire la tenir enfermée et ce n’est qu’avec l’arrivée du régiment de Sémionovski, appelé à Pétersbourg, qu’il put réprimer le soulèvement ». 8

Qu’elle a donc été la dynamique en acte en 1905 ? Celle de la grève de masse, de cet « océan de phénomènes » (Luxemburg) fait de grèves, de manifestations, de solidarité, de discussions, de revendications économiques et de revendications politiques, en un mot toutes les expressions qui caractérisent la lutte de la classe ouvrière se manifestant en même temps, comme produit d’une maturation de la conscience des ouvriers, une maturation qui se fait pendant les événements mêmes, mais aussi et surtout fruit d’une maturation souterraine, d’une accumulation d’expériences et d’une réflexion en profondeur qui à un certain moment sort à la lumière. En faits, les événements de 1905 ne surgissent pas du néant, mais sont le produit de cette accumulation d’expériences successives et de réflexions qui ont ébranlé la Russie à partir de la fin du XIXe siècle. Comme le rapporte Rosa Luxemburg, la « grève de janvier à Saint-Pétersbourg était la conséquence immédiate de la gigantesque grève générale qui avait éclaté peu auparavant, en décembre 1904, dans le Caucase, à Bakou, et tint longtemps toute la Russie en haleine. Or, les événements de décembre à Bakou n’étaient qu’un dernier et puissant écho des grandes grèves qui, en 1903 et 1904, tels des tremblements de terre périodiques, ébranlèrent tout le sud de la Russie, et dont le prologue fut la grève de Batoum dans le Caucase, en mars 1902. Au fond, cette première série de grèves, dans la chaîne continue des éruptions révolutionnaires actuelles, n’est elle-même distante que de cinq ou six ans de la grève générale des ouvriers du textile de Saint-Pétersbourg en 1896 et 1897 ».

La “rupture”, produit de la maturation souterraine

Ce concept de maturation souterraine de la conscience est difficile à accepter par une bonne partie des groupes du milieu politique prolétarien, mais aussi par un certain nombre de nos contacts ou sympathisants. Pourtant elle trouve ses racines dans les écrits de Marx9, tandis que Luxemburg en reprend l’idée, celle de la « vieille taupe », et Lénine fait de même, 10 Trotsky, s’il n’utilise pas tout à fait le même vocabulaire que le CCI pour rendre compte du phénomène de « maturation souterraine » de la conscience au sein du prolétariat, l’évoque très clairement dans son Histoire de la révolution russe. Le passage suivant en atteste parfaitement : « Les causes immédiates des événements d’une révolution sont les modifications dans la conscience des classes en lutte. […] Les modifications de la conscience collective ont un caractère à demi occulte ; à peine parvenus à une tension déterminée, les nouveaux états d’esprit et les idées percent au-dehors sous la forme d’actions de masses ».

Mais, surtout, la réalité des processus de maturation souterraine trouve sa confirmation dans tous les moments importants de la lutte du prolétariat : on l’a vu en 1905, on le voit encore en 1917 en Russie, où la révolution d’Octobre est précédée par des grèves contre la guerre des années précédentes. Et on l’a vu en action aussi dans des moments historiques plus proches de nous. On l’a vu en 1980 en Pologne avec le mouvement de grève qui a fait réapparaître « à la surface » la grève de masse sur la scène de l’histoire : les ouvriers polonais avaient déjà engendré des moments importants de luttes en 1970 et en 1976, luttes qui avaient subi une dure et sanglante répression de la part du régime stalinien. Forts de ces expériences qu’ils ont été amenés à « digérer », par une réelle maturation souterraine de leur conscience, les ouvriers ont su se lancer en 1980, dans une lutte intense et soudaine, avec une organisation ayant des ramifications dans l’ensemble du pays, avec des groupes de coordination qui ont été capables d’organiser eux-mêmes une grève de masse face à laquelle le pouvoir, paralysé, fut contraint de traiter et faire des concessions avant de répondre par la répression au moment du reflux de la lutte. 11

C’est dans la tradition de l’ensemble de ces expériences du mouvement ouvrier que nous avons interprété les grèves en Grande-Bretagne en 2022 comme le résultat d’une nouvelle maturation de la conscience de classe, non pas comme un feu de paille fortuit, mais comme le produit d’une réflexion en profondeur qui se poursuit, avec le retour de la lutte de la classe ouvrière après des décennies d’apathie et d’atonie. Nous avons qualifié ces mouvements de « rupture », afin de souligner ainsi que c’était un phénomène de signification historique et internationale. Les luttes importantes qui ont suivi cette première manifestation et résurgence de la combativité ouvrière, en France, aux États-Unis, ailleurs dans le monde et tout récemment en Belgique, confirment que les grèves en Grande-Bretagne n’étaient pas un phénomène local et passager, mais le résultat de cette maturation souterraine qui revenait finalement à la surface. Différentes caractéristiques des mouvements qui se sont déroulé durant ces trois dernières années, donnent chair à notre analyse :

– Le slogan largement répandu « trop c’est trop » exprimait le sentiment longtemps entretenu que toutes les promesses faites dans la période qui a suivi la « crise financière » de 2008 s’étaient révélées mensongères et qu’il était grand temps que les travailleurs commencent à faire valoir leurs propres revendications ;

– Les slogans « nous sommes tous dans le même bateau » et « la classe ouvrière est de retour » exprimaient une tendance de la classe ouvrière (certes encore embryonnaire mais réelle) à retrouver le sentiment d’être une classe avec sa propre existence collective et ses intérêts distincts, malgré des décennies d’atomisation imposée par la décomposition générale de la société capitaliste, aidée par le démantèlement délibéré de nombreux centres industriels traditionnels avec une classe ouvrière expérimentée (mines, sidérurgie, etc.).

– Dans le mouvement en France, le slogan massif « Si tu nous mets 64, on te Mai 68 » exprimait une réactivation d’une mémoire collective, le souvenir de l’importance des grèves de masse de 1968.

– Le développement international de minorités tendant vers des positions internationalistes et communistes ; la majorité de ces éléments et leurs efforts de rassemblement sont le produit moins de la lutte de classe immédiate que d’un questionnement face à la problématique de la guerre, ce qui est la preuve que les mouvements de classe actuels expriment quelque chose de plus que des préoccupations immédiates concernant la détérioration du niveau de vie. Elles expriment, le plus souvent de manière encore confuse, la préoccupation par rapport au futur que nous offre ce système de production : le capitalisme.

– Enfin, un autre signe du processus de maturation peut également être observé dans les efforts de l’appareil politique de la bourgeoisie, visant à renforcer les forces d’encadrement et de mystification contre les ouvriers que sont les syndicats et les organisations gauchistes. Le but est ici de radicaliser les messages adressés à la classe ouvrière, afin de saboter la réflexion de cette dernière et de la maintenir sous contrôle.

Nous ne sommes qu’au tout début de cette reprise de la combativité, de la reprise des luttes de la classe sur son propre terrain, d’une accumulation de nouvelles expériences qui pourront conduire la classe à radicaliser ses luttes, jusqu’à leur donner un caractère plus politique, qui pourrait remettre en cause le système en tant que tel et pas seulement le constat de ses attaques et leurs effets immédiats.

Ce sera un processus long, difficile, plein d’obstacles, parce que nous ne sommes plus dans la même situation de 1905 en Russie, quand en un an la classe pouvait passer d’une simple supplique au tsar à une phase ouvertement insurrectionnelle. La situation actuelle est celle de la décomposition du capitalisme, phase historique ultime du capitalisme qui ne se manifeste pas seulement dans la pourriture de toute la vie politique de la bourgeoisie, mais qui pèse aussi sur la classe ouvrière à travers des phénomènes dont les effets, exploités idéologiquement par la classe dominante, entravent fortement et de manière insidieuse la prise de conscience des travailleurs :

« – l’action collective, la solidarité, trouvent en face d’elles l’atomisation, le “chacun pour soi”, la “débrouille individuelle” ;

– le besoin d’organisation se confronte à la décomposition sociale, à la déstructuration des rapports qui fondent toute vie en société ;

– la confiance dans l’avenir et en ses propres forces est en permanence sapée par le désespoir général qui envahit la société, par le nihilisme, par le “no future”;

– la conscience, la lucidité, la cohérence et l’unité de la pensée, le goût pour la théorie, doivent se frayer un chemin difficile au milieu de la fuite dans les chimères, la drogue, les sectes, le mysticisme, le rejet de la réflexion, la destruction de la pensée qui caractérisent notre époque ». 12

Il ne faut donc pas être impatients, attendre à chaque moment une confirmation de ce processus. Le rôle des révolutionnaires est d’intervenir avec clarté dans la classe en inscrivant le combat sur le long terme, et surtout d’aider les minorités à comprendre dans ses ultimes implications l’enjeu de la situation, celui de la menace de destruction de l’humanité et en même temps la possibilité pour la classe ouvrière d’ouvrir une autre perspective, celle d’une société sans classes, sans exploitation, sans guerre, sans destruction de la planète, bref, celle d’une société véritablement communiste.

Helis, 22 juin 2025

 

 

 

 

1La classe ouvrière est la première classe de l’histoire capable de développer la conscience révolutionnaire de son être, contrairement à la bourgeoisie révolutionnaire dont la conscience était limitée par sa position de nouvelle classe exploiteuse.

2Lénine, Rapport sur la révolution de 1905 (1917).

3Ibid.

4Trotsky, 1905 (1909).

5Luxemburg, Grève de masse, Parti et syndicats (1906).

6Trotski, 1905 (1909).

7Luxemburg, Grève de masse, Parti et syndicats (1906).

8Lénine, Rapport sur la révolution de 1905 (1917).

9Pour Marx la révolution est une vieille taupe « qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement ».

10Cf. sa polémique contre l’économisme dans Que faire ?.

11L’histoire retiendra la scène de cette négociation entre grévistes et ministres, où les pourparlers entre les délégués ouvriers et les ministres étaient transmis en direct avec des haut-parleurs aux ouvriers regroupés en masse devant le palais du gouvernement. Pour mieux comprendre ce mouvement, voir notre brochure : Pologne 1980.

12« Thèses sur la décomposition », Revue Internationale n° 107 (2001).

Personnages: 

  • Lénine [69]
  • Rosa Luxemburg [68]
  • Léon Trotsky [85]

Evènements historiques: 

  • Révolution de 1905 [71]

Rubrique: 

Histoire du mouvement ouvrier

ICConline - juillet 2025

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Répression des migrants aux États-Unis: Face aux rafles, notre solidarité, c’est la lutte de classe!

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Depuis le 6 juin dernier, l’administration Trump a décidé d’intensifier spectaculairement la politique anti-migrants de la bourgeoisie américaine en organisant des véritables chasses à l’homme contre les immigrés sans papiers, concentrées en particulier en Californie dans la région de Los Angeles, deuxième ville du pays, où vivent de nombreux ouvriers d’origine latino-américaine.

Les rafles de migrants : une attaque contre toute la classe ouvrière

Comme nous l’avons souligné dans un tract écrit par un sympathisant proche du CCI, 1 cette provocation menée avec une brutalité extrême constitue une attaque contre l’ensemble du prolétariat. Ce sont nos frères de classe, la plupart du temps exploités dans des conditions difficiles, que la police traque et réprime. Ces descentes de la police fédérale de l’immigration (ICE) pour traquer, arrêter, entasser et expulser manu militari les migrants en allant les cueillir sur leur lieu de travail (chantiers, fabriques, commerces…) ont largement rappelé les scènes de rafles en Europe lors de la Seconde Guerre mondiale exercées contre les populations d’origine juive ou tzigane pour les déporter.

Cela a suscité des réactions de solidarité, d’indignation et de dégoût dans une large partie de la population, mais plus particulièrement parmi les exploités qui se sont mobilisés, y compris spontanées, et sont parfois parvenues à empêcher des arrestations, comme à Paramount dans la banlieue ouvrière de Los Angeles.

Se mobiliser en tant que citoyens nous réduit à l’impuissance

Mais ces réflexes initiaux de solidarité ont été immédiatement exploités et instrumentalisés par la bourgeoisie comme cela s’est déjà produit, en 2020, après l’assassinat de Georges Floyd à Minneapolis par des policiers. La bourgeoisie avait totalement détourné ces réflexes de solidarité derrière des marches de protestations encadrées par le mouvement antiraciste Black Lives Matter afin de réclamer plus de justice et d’égalité, voire l’abolition de la police… à l’État capitaliste, le fer de lance de l’exploitation et de la défense de l’ordre bourgeois !

De même aujourd’hui, les « comités de défense » (ceux du Los Angeles Rapid Response Network, notamment), composés de syndicats et de plusieurs organisations et associations de la gauche du capital, ont pu immédiatement canaliser les tentatives de réponses sur le terrain pourri de la « défense de l’État de droit », de la « solidarité citoyenne », de « l’anti-trumpisme »… c’est-à-dire les mêmes mystifications démocratiques qui conduisent inévitablement à désarmer le prolétariat, à désamorcer ses luttes, en faisant croire qu’il serait possible de rendre le capitalisme plus juste et humain. Nulle part les mobilisations ne sont exprimées sur un terrain de défense des intérêts de classe ouvrière, contrairement, par exemple, à ce qui s’était passé en 1917 en Russie lorsque la violente répression des manifestations lors de la journée internationale des femmes avait été le point de départ de l’extension des mouvements de grève ayant servi de détonateur à la vague révolutionnaire. De même, en février 1941, en pleine guerre, alors que les conditions de la lutte étaient extrêmement difficiles, les travailleurs d’Amsterdam, s’étaient mis en grève contre la déportation des Juifs. Entre le 22 mars et le 13 mai 1968, la répression féroce des étudiants avaient également mobilisé la classe ouvrière portée par ses élans instinctifs de solidarité.

Aujourd’hui, à l’inverse, comme le prolétariat n’est pas encore capable de répondre à la répression sur son terrain de classe, la bourgeoisie peut facilement le conduire vers des impasses et le réduire à l’impuissance. Ce n’est pas en tant que classe que les prolétaires de Los Angeles se sont mobilisés, mais en tant qu’individus indignés, voire en tant que citoyen. Dans ce contexte, les ouvriers présents dans ces mobilisations ne pouvaient nullement étendre la lutte à l’ensemble du prolétariat pour constituer un véritable rapport de force de classe contre la répression. Cela ne peut que favoriser l’instauration d’un climat de terreur et l’exacerbation des tensions entre communautés et alimenter les divisions entre prolétaires en favorisant le surgissement d’émeutes populaires impuissantes à l’instar des émeutes raciales du passé, nombreuses aux États-Unis et comme celles de 1992 en Californie après l’acquittement des policiers responsables des violences exercées sur le chauffeur de taxi Rodney King l’année précédente. Cela n’a fait que susciter soit des heurts et des affrontements sans aucune perspective avec la police et des blocages de circulation totalement stériles, soit engendrer des actions désespérées, des scènes de pillages, de vandalisme ou d’incendies de voitures… Bref, des piqûres de moustique sur le cuir épais de la bourgeoisie qui ont justifié un énorme déploiement de l’appareil répressif pour assurer le maintien de l’ordre public. C’est précisément le « maintien de l’ordre » qui a aujourd’hui servi de prétexte au gouvernement pour faire appel à l’armée avec l’envoi de plus de 4 000 réservistes de la garde nationale et de 700 marines, justement qualifiés par le passé de « chiens de guerre » dressés à tuer (et particulièrement redoutés) pour quadriller la ville.

Le piège des campagnes démocratiques tendu par la bourgeoisie

Ce climat a également laissé le champ libre à une fraction de l’appareil du Parti démocrate pour dénaturer ces réactions élémentaires de solidarité et entraîner les prolétaires dans une vaste campagne idéologique sur le terrain totalement pourri de la défense de la démocratie bourgeoise et des droits des « citoyens », du non-respect des lois et de la Constitution américaine. Ce cheval de bataille a été mis en avant en particulier par le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui se présente déjà comme candidat potentiel à la prochaine présidentielle en multipliant les déclarations d’opposition à la politique de Trump, accusant ce dernier « d’abus de pouvoir », d’avoir procédé à des « enlèvements illégaux » sans passer par l’aval des autorités locales, d’avoir « pris un virage vers l’autoritarisme », de « se comporter comme un tyran » pour « réaliser le fantasme fou d’un président dictatorial », ajoutant que « son comportement menace le fondement même de notre démocratie ». 2 La maire démocrate de Los Angeles, Karen Bass, n’est pas en reste dans ce torrent hypocrite d’invectives. 3 En outre, le procureur général de Californie a déclaré avoir engagé une procédure de destitution de Trump devant les tribunaux pour « violation » de la Constitution américaine. Cette campagne anti-Trump s’est propagée très rapidement à l’ensemble du territoire, notamment dans d’autres grandes villes : San Francisco et Santa Ana en Californie, Dallas, Austin au Texas mais aussi à Chicago, Minneapolis, Atlanta, Boston, New York, etc.

Cette campagne très médiatisée pour la défense de la démocratie a du même coup permis de relancer la propagande anti-populiste, variante de la fausse opposition fascisme/antifascisme,4 déjà mise en avant par les franges les plus « radicales » du parti démocrate derrière Bernie Sanders et Alejandra Ocasio-Cortez et par le mouvement « Hands Off ! » (« Bas les pattes ! »), il y a quelques mois. Cette assimilation s’appuie aussi sur la protestation contre les méthodes « dictatoriales » de Trump aux États-Unis et elles ont été largement relayées par une vaste propagande anti-trumpienne au niveau international. Elle correspond, en réalité, à une gigantesque intoxication idéologique en désignant Trump comme le responsable de tous les maux pour mieux dédouaner le capitalisme et faire obstacle au développement d’une prise de conscience de la faillite irrémédiable d’un système d’exploitation en pleine putréfaction dont le populisme et Trump ne sont qu’une expression caricaturale.

Cependant, cette campagne idéologique revêt en apparence une certaine crédibilité car il existe une réelle mobilisation de certaines fractions bourgeoises américaines contre la politique de Trump et qui s’en inquiètent pour deux raisons essentielles :

– d’une part, ces fractions sont conscientes des dangers de cette politique qui ne fait que générer davantage de chaos, affaiblissant la crédibilité et ternissant l’image des États-Unis au niveau international et, sur le plan intérieur, accentuant les fractures sociales, risquant même à terme de créer un climat de guerre civile ;

– d’autre part, elles sont persuadées (et cela à juste titre) que cette politique ouvertement xénophobe va avoir des répercussions catastrophiques pour l’économie américaine en la privant d’une main-d’œuvre bon marché qui a permis jusqu’ici de maintenir à flots beaucoup d’entreprises ou de secteurs et de faire fructifier l’économie nationale. Les employeurs de plusieurs secteurs de l’économie ont ainsi exprimé leur inquiétude face à ces raids. Trump, lui-même, a finalement reconnu que ses politiques d’immigration nuisaient aux agriculteurs, aux hôtels et aux restaurants. Peu après, il a temporairement suspendu les raids contre ces entreprises.

Trump n’a cessé d’attiser cette campagne en allant toujours plus loin dans la surenchère sécuritaire, menaçant d’intervenir dans d’autres parties du territoire, en particulier à Chicago avec l’armée et de recourir aux mêmes moyens qu’à Los Angeles. Il menace également de recourir à l’Insurrection Act, c’est-à-dire d’instaurer l’état d’urgence tout en allant encore plus loin dans la persécution des migrants.

Dans le même temps, les mesures anti-migrants tendent à s’étendre dans les parties du territoire dominées par les populistes. Ainsi, le couvre-feu a été décrété à son tour par le gouverneur du Texas. Par ailleurs, la Cour suprême dominée par les conservateurs vient de légaliser la demande gouvernementale de leur déportation dans des pays tiers. Dans ce contexte, une escalade incontrôlée des tensions ne peut être exclue car la situation devient de plus en plus imprédictible et irrationnelle.

L’hypocrisie sans bornes de la bourgeoisie

Il s’agit là d’une hypocrisie totale doublée d’un profond cynisme de la classe dominante qui se manifeste partout :

– aux États-Unis où la politique anti-migrants de Trump ne fait que suivre le sillon déjà tracé et développé par ses prédécesseurs Démocrates au gouvernement : c’est sous l’administration Obama que les mesures d’expulsion de travailleurs sans papiers ont atteint des chiffres record et c’est l’administration Biden qui a servi de modèle aux brutalités des méthodes de répression notamment en 2021 lors des charges féroces des garde-frontières à cheval et de la police aux abords de la frontière avec le Mexique ;

– dans le reste du monde, particulièrement sur le sol européen, que des masses croissantes de réfugiés cherchent à atteindre par tous les moyens. On en retrouve en perdition au large de la Méditerranée tentant d’échapper désespérément à la misère et à la guerre tant en Afrique qu’au Moyen-Orient. C’est là encore au nom du respect du Droit et des accords de l’espace Schengen de l’Union européenne que ces abominations sont pratiquées, quel que soit le gouvernement en place : en Italie Meloni a durci la législation anti-migrants (multiplication de centres de rétention, suppression de la protection des demandeurs d’asile, transfert en Albanie, incitation à signer des contrats de retour vers le pays d’origine, etc.). En France, Macron, qui cherche à se présenter dans l’arène internationale comme un champion des droits démocratiques, charge en même temps son ministre de l’intérieur Retailleau du sale boulot avec des méthodes qui n’ont rien à envier à Trump : ainsi, mi-juin, ce dernier a mobilisé plus de 4 000 hommes (gendarmes, policiers, douaniers, force armée baptisée « Sentinelle ») pour une vaste opération de contrôle contre « l’immigration illégale » au nom de la « tolérance zéro » gare du Nord à Paris et quasi simultanément sur 450 autres sites, tout en se félicitant d’avoir procédé à l’arrestation et au renvoi de plus de 47 000 « clandestins » depuis le début de l’année 2025. Des opérations similaires ont été déclenchées en Allemagne. En Espagne, sous le vernis respectable d’une « politique de régularisation » du gouvernement social-démocrate de Pedro Sanchez, des actes de barbarie sont régulièrement recensés : par exemple des cadavres de migrants ont été récemment découverts mains et pieds ligotés au large des îles Baléares.

La bourgeoisie n’a pas non plus manqué d’utiliser les fractions de migrants les plus perméables au poison du nationalisme. Ainsi, lors des mobilisations de protestation contre la politique anti-migrants de Trump, les médias ont complaisamment et largement diffusé les images de drapeaux mexicains brandis par certains manifestants.

Tous ces éléments ne font que confirmer le piège partout tendu à la classe ouvrière pour l’éloigner d’une riposte et d’une lutte sur son propre terrain en utilisant ses faiblesses et ses illusions pour l’entraîner dans un faux dilemme entre émeutes populaires impuissantes et désespérées ou ralliement aux campagnes démocratiques de la bourgeoisie.

Le prolétariat doit ainsi fermement rejeter les discours de violence xénophobes MAGA et autres, tout comme les appels des autres fractions de la bourgeoisie à défendre la démocratie sous peine de subir le joug de la dictature du capital qui ne peut l’entraîner que vers toujours plus de misère et de barbarie.

Pas d’illusions ! La défense des intérêts de la classe ouvrière passe par le rejet catégorique de céder aux chants de sirènes de la bourgeoisie et de sa défense de la démocratie qui tente de masquer la face hideuse de la dictature du capitalisme comme la puanteur de son propre pourrissement sur pied !

Malgré les obstacles, l’avenir appartient à la lutte de classe !

Malgré toutes leurs faiblesses et leurs difficultés, en particulier aux États-Unis, malgré aussi tous les obstacles et pièges dressés par leur ennemi de classe, les prolétaires ont démontré, ces dernières années, leur capacité de réagir aux attaques incessantes et toujours plus fortes de la bourgeoisie. Ils ont ainsi exprimé qu’il existe un autre pôle dans l’évolution de la situation actuelle, un pôle opposé à l’enfoncement dans la misère, la barbarie guerrière et l’anéantissement vers laquelle se dirige inexorablement ce système agonisant. Dans les entrailles de la société mûrit ce même cri de colère, « ça suffit ! » qui s’exprime ouvertement dans les luttes ouvrières, de façon encore confuse et heurtée mais qui proclame partout : « nous n’acceptons plus de subir passivement les attaques et la dégradation accélérée de nos conditions de vie et de travail qui nous sont infligées quotidiennement ! » 5

C’est ce qui s’est produit déjà aux États-Unis à l’automne 2023 lors des grands mouvements de grèves quasi-simultanées au sein des trois grandes firmes du secteur automobile, puis chez Boeing, contre les programmes de licenciements ou contre l’austérité. 6 Mais de façon tout aussi significative en pleine campagne électorale américaine, fin 2024, les ouvriers ont su se mobiliser sur leur terrain de classe comme dans le secteur hôtelier ou lors de la grève de près de 50 000 dockers qui a duré plusieurs jours avant que l’administration Biden n’y mette fin en négociant précipitamment. Ces derniers mois encore, sous l’ère « Trump 2 », où les attaques et les coupes budgétaires massives se sont intensifiées, les travailleurs ont démontré une combativité intacte, en particulier dans le secteur de la santé : en janvier, ce sont plus de 5 000 infirmières, sage-femmes et médecins qui ont déclenché une grève de 46 jours dans le réseau Providence de l’État d’Oregon (la plus longue jamais menée dans le secteur de la santé de cet État) ; en février, c’était au tour des infirmières du centre médical universitaire de La Nouvelle-Orléans de mener une grève de 48 heures, suivie par 800 autres en Pennsylvanie cette fois qui a duré 5 jours. En mars, c’est la Californie qui est devenue un des principaux foyers d’agitation sociale : les employés de la compagnie de transports de la vallée de Santa Clara sont entrés en grève pendant 17 jours, interrompue seulement par décision de justice et peu après des travailleurs des hôpitaux publics de la même région ont fait grève pendant 4 jours. Fin avril, plus de 50 000 travailleurs du district de Los Angeles ont fait grève, regroupant plusieurs secteurs (santé, services sociaux, personnel de nettoyage ou de garde des locaux, laborantins…) pour protester contre le nouveau contrat de travail qui leur était imposé.

Cela démontre clairement que la montée de la colère et que la rupture avec la passivité au niveau international que nous avons maintes fois souligné depuis 2022, avec le changement d’état d’esprit qui les sous-tend au sein du prolétariat, ne sont pas un feu de paille et se poursuivent. Ces luttes ne peuvent que se développer face aux coups de boutoir de la crise et des attaques que réserve partout le capitalisme dans l’avenir.

Il doit aussi ressortir de cette situation qu’aux États-Unis comme ailleurs, la grève et les luttes contre les effets de la crise sont le terrain le plus favorable au développement du combat de classe et au développement de sa conscience. Dans ce contexte et avec cette perspective du futur certes encore lointain, où la classe aura davantage développé sa force collective et récupéré son identité de classe mais aussi sa capacité à politiser ses luttes, il ne fait aucun doute qu’elle sera aussi capable de répondre à la répression des migrants directement sur son terrain de mobilisation comme classe.

Wim, 26 juin 2025

 

 

1 « Face aux assauts xénophobes de Trump contre la classe ouvrière et au cri de “ [86]défense de la démocratie” [86], la classe ouvrière doit développer sa lutte sur son propre terrain ! [86] », publié sur le site web du CCI (juin 2025).

2 La duplicité de ce discours anti-Trump est à souligner : ce n’est nullement un souci de protéger les travailleurs immigrés qui est avancé. À preuve, c’est ce même gouverneur qui n’a pas hésité à appeler un contingent encore plus important de la garde nationale (8 000 hommes) en Californie en 2020 pour assurer le maintien de l’ordre par crainte des émeutes dans les jours qui ont suivi le meurtre de Georges Floyd

3 Il faut noter que Trump lui-même participe activement à cette joute verbale en disant que Gavin Newsom fait « un boulot horrible » et a même agité la menace d’une arrestation : « l’arrêter serait une bonne chose ».

4 Même si en réalité, cette assimilation masque que la situation et le contexte historique sont totalement différents d’une période à l’autre : le fascisme est une conséquence de l’écrasement physique et idéologique du prolétariat au cœur de la contre-révolution alors que la montée du populisme est un pur produit du degré de pourrissement de la bourgeoisie au sein de la période de décomposition du capitalisme décadent. Mais la fonction mystificatrice de ces idéologies reste la même. Lire notre brochure Fascisme et démocratie : deux expressions de la dictature du capital [60].

5 Cf. « La dynamique de la lutte de classes depuis 2022 [87] » Revue internationale n° 173 (mars 2025) et plus particulièrement la partie 1 sur « la maturation souterraine de la conscience de classe ».

6 Cf. « Grèves aux États-Unis, au Canada, en Italie… Depuis trois ans, la classe ouvrière se bat contre l’austérité [88] ! ».

Géographique: 

  • Etats-Unis [41]

Personnages: 

  • Donald Trump [11]

Récent et en cours: 

  • anti-populisme [89]

Rubrique: 

Campagnes idéologiques

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