Salut aux nouvelles sections du CCI aux Philippines et en Turquie!

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Lors des derniers congrès du CCI, nous avons pu mettre en évidence une tendance à l'émergence à l'échelle internationale de nouveaux éléments ou groupes s'orientant vers les positions de la Gauche communiste et nous avons souligné l'importance historique de ce processus de même que la responsabilité que cela impliquait pour notre organisation :

"Les travaux du 16e congrès (...) ont placé au centre de leurs préoccupations l'examen de la reprise des combats de la classe ouvrière et des responsabilités que cette reprise implique pour notre organisation, notamment face au développement d'une nouvelle génération d'éléments qui se tournent vers une perspective politique révolutionnaire." ("16e congrès du CCI - Se préparer aux combats de classe et au surgissement de nouvelles forces révolutionnaires", Revue Internationale n° 122)

"La responsabilité des organisations révolutionnaires, et du CCI en particulier, est d'être partie prenante de la réflexion qui se mène d'ores et déjà au sein de la classe, non seulement en intervenant activement dans les luttes qu'elle commence à développer mais également en stimulant la démarche des groupes et éléments qui se proposent de rejoindre son combat." ("17e congrès du CCI - Résolution sur la situation internationale", Revue Internationale n° 130)

"Le congrès a... tiré un bilan extrêmement positif de notre politique en direction des groupes et éléments se situant dans une perspective de défense ou de rapprochement des positions de la Gauche communiste. (...) l'aspect le plus positif de cette politique a été sans aucun doute la capacité de notre organisation d'établir ou de renforcer des liens avec d'autres groupes se situant sur des positions révolutionnaires et dont l'illustration était la participation de quatre de ces groupes au 17e congrès." ("17e congrès du CCI : un renforcement international du camp prolétarien", Ibid.)

Ainsi, lors de notre dernier congrès international, nous avions pu y saluer la présence, pour la première fois depuis un quart de siècle, de délégations de différents groupes se situant clairement sur des positions de classe internationalistes (OPOP du Brésil, le SPA de Corée, l'EKS de Turquie, Internasyonalismo des Philippines [1], même si ce dernier groupe n'avait pu être présent physiquement). Le contact et la discussion se sont poursuivis non seulement avec ces quatre groupes mais également avec d'autres groupes et éléments dans d'autres pays du monde (notamment en Amérique latine ce qui a permis à notre organisation de tenir plusieurs réunions publiques au Pérou, à Saint Domingue et en Equateur [2]). La discussion avec les camarades de Turquie et des Philippines les a conduits à prendre la décision de poser leur candidature au CCI compte tenu de leur accord croissant avec nos positions. Elle s'est donc poursuivie, depuis un bon moment, dans le cadre d'un processus d'intégration tel que nous l'avons défini dans notre article publié sur notre site Internet : "Comment devenir militant du CCI ? [3]

Au cours de la dernière période, ces camarades ont ainsi mené des discussions approfondies sur notre plate-forme et nous en ont adressé les comptes-rendus. D'autre part, plusieurs délégations du CCI se sont rendues sur place pour discuter avec eux et ont pu vérifier la profondeur de leur volonté d'engagement de même que la clarté de leur accord avec nos positions et nos principes organisationnels. A l'issue de ces discussions, la dernière réunion plénière de l'organe central du CCI a pu prendre la décision d'intégrer ces deux groupes comme nouvelles sections de notre organisation.

La plupart des sections du CCI sont basées en Europe [4] ou en Amérique [5] et, jusqu'à présent, en dehors de ces deux continents, il n'y avait qu'une section en Inde. L'intégration de ces deux nouvelles sections au sein de notre organisation élargit de façon importante l'extension géographique de celle-ci.

Concernant les Philippines, il s'agit d'un très vaste pays qui se trouve dans une région du monde ayant connu récemment une croissance très rapide de son industrie et, partant, du nombre d'ouvriers. Cette croissance a engendré au cours de la dernière période de nombreuses illusions sur un "nouveau souffle" du capitalisme mondial" mais il est maintenant clair que, pas plus que les "vieux" pays capitalistes, les pays "émergents" ne seront épargnés par la crise aigüe qui se développe à l'heure actuelle. C'est donc une zone géographique où les contradictions du capitalisme vont s'exacerber de façon violente dans la période à venir, provoquant inévitablement des mouvements sociaux, non seulement des émeutes de la faim comme on l'a vu au printemps 2007 mais aussi des luttes de la classe ouvrière.

La constitution d'une section en Turquie vient renforcer la présence du CCI dans le continent asiatique, et plus particulièrement dans une région proche d'un des lieux les plus critiques dans les tensions impérialistes actuelles, la région du Proche-Orient. D'ailleurs, nos camarades d'EKS ont été amenés à intervenir l'an dernier pour dénoncer les opérations militaires de leur bourgeoisie au nord de l'Irak (voir le "tract d'EKS contre l'opération de l'armée turque" publié sur notre site Web).

A plusieurs reprises, le CCI a été accusé d'avoir une vision "européo-centriste" du développement des luttes ouvrières et de la perspective révolutionnaire parce qu'il avait mis en évidence le rôle décisif des secteurs du prolétariat des pays d'Europe occidentale :

"Ce n'est qu'au moment où la lutte prolétarienne touchera le cœur économique et politique du dispositif capitaliste :

  • lorsque la mise en place d'un cordon sanitaire économique deviendra impossible, car ce seront les économies les plus riches qui auront été touchées ;
  • lorsque la mise en place d'un cordon sanitaire politique n'aura plus d'effet parce que ce sera le prolétariat le plus développé qui affrontera la bourgeoisie la plus puissante ;

 

c'est alors seulement que cette lutte donnera le signal de l'embrasement révolutionnaire mondial.

Ce n'est qu'en l'attaquant à son cœur et à son cerveau que le prolétariat pourra venir à bout de la bête capitaliste.

Ce cœur et ce cerveau du monde capitaliste, l'histoire l'a situé depuis des siècles en Europe occidentale. C'est là où le capitalisme a fait ses premiers pas que la révolution mondiale fera les siens, l'un et l'autre étant d'ailleurs liés. C'est là en effet où sont réunies sous leur forme la plus avancée, toutes les conditions de la révolution énumérées plus haut. (...)

Ce n'est donc qu'en Europe occidentale, là où le prolétariat a la plus vieille expérience des luttes, où il est confronté d'ores et déjà depuis des décennies à ces mystifications "ouvrières" les plus élaborées, qu'il pourra développer pleinement sa conscience politique indispensable à sa lutte pour la révolution." ("Le prolétariat d'Europe occidentale au centre de la généralisation de la lutte de classe", Revue Internationale n° 31)

Notre organisation a déjà répondu à cette critique "d'européo-centrisme":

"Ce n'est nullement là une vision ‘européo-centriste'. C'est le monde bourgeois qui s'est développé à partir de l'Europe, qui y a développé le plus vieux prolétariat, lequel a été doté de ce fait de son expérience la plus grande." (Ibid.)

En particulier, il n'a jamais considéré que les révolutionnaires n'avaient pas un rôle à jouer dans les pays de la périphérie :

"Cela ne veut pas dire que la lutte de classe, ou l'activité des révolutionnaires, n'a pas de sens dans les autres régions du monde. La classe ouvrière est une. La lutte de classe existe partout où se font face prolétaires et capital. Les enseignements des différentes manifestations de cette lutte sont valables pour toute la classe quel que soit le lieu où elles prennent place ; en particulier l'expérience des luttes dans les pays de la périphérie influencera la lutte des pays centraux. De même, la révolution sera mondiale et concernera tous les pays. Les courants révolutionnaires de la classe seront précieux dans tous les lieux où le prolétariat s'affrontera à la bourgeoisie, c'est-à-dire dans le monde entier." (Ibid.)

Cela vaut, évidemment, pour des pays comme les Philippines ou la Turquie.

Dans ces pays, le combat pour la défense des idées communistes est très difficile. Il s'affronte aux mystifications classiques que la bourgeoise met en avant pour faire obstacle au développement de la lutte et de la conscience du prolétariat (les illusions démocratiques et électorales, le sabotage des luttes ouvrières par l'appareil syndical et le poison du nationalisme). De plus, la lutte de la classe ouvrière et la lutte des révolutionnaires se heurtent de façon directe et immédiate, non seulement aux forces de répression du gouvernement officiel, mais également à des groupes armés qui s'opposent à ce gouvernement comme le PKK en Turquie et les différents mouvements de guérilla aux Philippines dont l'absence de scrupules et la brutalité n'ont rien à envier aux gouvernements, pour la simple raison qu'ils ne défendent rien d'autre que le capitalisme, même si c'est sous des formes différentes. Cette situation rend ainsi l'activité des camarades des deux nouvelles sections du CCI plus dangereuses que dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord.

La section aux Philippines qui avait déjà, avant son intégration au CCI, fait un travail de publication sur Internet dans la langue officielle des Philippines (le tagalog), de même qu'en anglais dont l'usage est très répandu dans ce pays, ne pourra pas encore publier une presse papier régulière (sinon de façon ponctuelle). Notre site Internet va donc devenir le support principal de la diffusion de nos positions aux Philippines.

La section en Turquie pourra disposer de la revue Dunya Devrimi, qui était jusqu'à présent l'organe de l'EKS et va devenir l'organe de presse du CCI dans ce pays. Dans la Revue Internationale n° 122 nous écrivions :

"Nous saluons ces camarades qui se tournent vers les positions communistes et vers notre organisation. Nous leurs disons : 'Vous avez fait le bon choix, le seul possible si vous avez la perspective de vous intégrer dans le combat pour la révolution prolétarienne. Mais ce n'est pas le choix de la facilité : vous ne connaîtrez pas des succès rapides, il faudra de la patience et de la ténacité et ne pas être rebutés lorsque les résultats obtenus ne seront pas à la hauteur de vos espérances. Mais vous ne serez pas seuls : les militants actuels du CCI seront à vos côtés et ils sont conscients de la responsabilité que votre démarche représente pour eux. Leur volonté, qui s'est exprimée au 16e congrès, est d'être à la hauteur de cette responsabilité.'" ("16e Congrès du CCI - Se préparer aux combats de classe et au surgissement de nouvelles forces révolutionnaires") Ces mots qui s'adressaient à tous les éléments et groupes qui ont fait le choix de s'engager dans la défense des positions de la Gauche communiste s'appliquent évidemment au premier chef aux deux sections qui ont rejoint notre organisation.

A ces deux nouvelles sections, et aux camarades qui les constituent, l'ensemble du CCI adresse un salut chaleureux et fraternel.

Le CCI


[1] OPOP : Oposição Operária (Opposition Ouvrière) ; SPA : Socialist Political Alliance (Alliance Politique Socialiste) ; EKS : Enternasyonalist Komünist Sol (Gauche Communiste Internationaliste) ; Internasyonalismo (Internationalisme). Pour plus de précisions sur ces groupes, voir notre article "17e congrès du CCI : un renforcement international du camp prolétarien" dans la Revue Internationale n° 130.

[2] A propos de ces réunions publiques, voir notamment sur notre site Internet "Débat internationaliste en République dominicaine", "Réunion publique du CCI au Pérou sur la crise : un débat prolétarien passionnant et passionné".

[3] Le CCI a toujours accueilli avec enthousiasme les nouveaux éléments qui veulent s'intégrer dans ses rangs. (...) Cependant, cet enthousiasme ne signifie nullement que nous ayons une politique de recrutement pour le recrutement, comme les organisations trotskistes.

Notre politique n'est pas celle non plus des intégrations prématurées sur des bases opportunistes, sans clarté préalable. (...) Le CCI n'est pas une auberge espagnole. Il n'est pas intéressé à faire de la pêche à la ligne.

Nous ne sommes pas non plus des marchands d'illusion. C'est pour cela que nos lecteurs se posant la question 'comment fait-on pour adhérer au CCI ?' doivent comprendre que l'adhésion au CCI prend du temps. Tout camarade qui pose sa candidature doit donc s'armer de patience pour engager un processus d'intégration dans notre organisation. C'est d'abord un moyen pour le candidat de vérifier lui-même la profondeur de sa conviction afin que sa décision de devenir militant ne soit pas prise à la légère ou sur un 'coup de tête'. C'est aussi et surtout la meilleure garantie que nous puissions lui offrir pour que sa volonté d'engagement militant ne se solde pas par un échec et une démoralisation.

[4] Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Suède, Suisse.

[5] Brésil, États-Unis, Mexique, Venezuela.

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