Le capitalisme n'a pas de solution au chômage

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Une seule issue : la lutte unie de tous les ouvriers

L'ensemble de la classe ouvrière, dans tous les pays, tous les secteurs, toutes les entreprises, vit aujourd'hui avec cette inquiétude obsédante : comment échapper à la menace du chômage ? Quel avenir la société actuelle réserve-t-elle à nos enfants ? Que peut-on faire pour sortir de cette situation ?
A ces questions, la classe capitaliste qui dirige le monde n'a désormais qu'une seule réponse : il faut faire confiance aux gouvernements, eux seuls ont les moyens de résoudre le problème. Mais il faut être patients, accepter des sacrifices, et surtout il faut comprendre que le chômage est la rançon que l'humanité doit payer pour le développement du progrès technologique.

Ceux qui nous exploitent veulent nous faire accepter le chômage comme une fatalité. S'il n'y a plus assez de travail pour tout le monde, ce serait à cause du développement de la technologie. La machine remplacerait l'homme afin de permettre aux capitalistes d'accumuler encore plus de profits. Pour ce qui est de l'économie, sa crise ne serait faite que de moments passagers dont chacun ne ferait qu'annoncer un prochain re-démarrage de la croissance économique. Ainsi, à la fin des années 70, le gouvernement n'annonçait-il pas la " sortie du tunnel " ? La réalité fut que le début des années 80 connut une récession encore plus forte que celle des années précédentes. Dans cette décennie, le " traitement social du chômage ", terme pudique qui désignait les mesures prises pour maintenir les chômeurs en état de survie, devait soi-disant permettre d'attendre, une nouvelle fois, que l'économie reparte. Au début des années 90, l'effondrement du bloc impérialiste adverse, le bloc de l'Est, annonçait, aux dires des bourgeoisies occidentales, un monde enfin merveilleux, une ère de paix et de prospérité. On nous demandait de croire que la cause des guerres avait pris fin et que de nouveaux marchés s'ouvraient ! La réalité, pour cette décennie, a été faite de chômage et de misère croissants et de guerres sans fin. Mais tout devait changer avec le nouveau millénaire et la " nouvelle économie " qu'offrait Internet. La nouvelle économie, à son tour, s'est effondrée comme un château de cartes qu'elle était. Il faut se rendre à l'évidence : tous ces discours sont des mensonges, à l'image de celui qui a été asséné pour identifier le stalinisme au communisme !
En falsifiant la réalité, l'Etat capitaliste, son gouvernement, son patronat, ses partis politiques, ses syndicats et ses curés ne visent qu'un seul objectif : empêcher les ouvriers de prendre conscience que le capitalisme est basé sur l'exploitation de la force de travail des prolétaires, et donc que l'incapacité de la bourgeoisie à fournir du travail aux exploités signe désormais la faillite de ce système. En présentant le chômage comme une fatalité, la bourgeoisie peut, de cette façon, justifier les sacrifices qu'elle impose aux ouvriers : puisqu'il n'y a plus assez de place pour tous dans la production, la seule solution, c'est le partage du travail et du salaire.
Ainsi, avec la fin du plein emploi, c'est toute la classe ouvrière qui subit aujourd'hui le chômage. Face à cette généralisation de la misère, le prolétariat doit se défendre. Il ne pourra le faire efficacement qu'en développant partout ses luttes dans la solidarité et l'unité la plus large possible.
Qu'ils aient encore un travail ou qu'ils soient au chômage, les prolétaires appartiennent à une seule et même classe. Ils doivent unir leur force en un seul et même combat.
Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner.

Jamais depuis la dernière guerre mondiale le monde capitaliste n'avait connu un degré de misère et de barbarie tel que celui d'aujourd'hui. Les guerres ne cessent de se développer et le chômage croît sans fin. Dans les pays sous-développés, les massacres, les épidémies, les famines sont le lot quotidien de centaines de millions d'êtres humains; dans les pays les plus industrialisés, une masse croissante d'ouvriers est jetée sur le pavé à chaque nouvelle vague de licenciements. Ainsi des Etats, tels l'Allemagne, qui nous avaient été présentés pendant des décennies comme des modèles de prospérité, ne sont plus épargnés par le développement du chômage massif. La Suisse elle-même, qui jusqu'à présent n'avait jamais connu ce phénomène, commence maintenant à le découvrir.

La récession actuelle du capitalisme mondial est la plus grave que la société ait jamais connue depuis les années 30. Aujourd'hui, ce ne sont plus seulement les canards boiteux, comme dans les années 70 et 80 qui doivent se restructurer à coups de " dégraissages " des effectifs. Ce sont les fleurons mêmes de l'économie capitaliste qui s'effondrent les uns après les autres. Et on voudrait nous faire croire que cette situation aurait pour cause la corruption de certains dirigeants et non la faillite du capitalisme. La progression du chômage dans le monde illustre très clairement que la corruption, bien réelle, n'est pas la vraie cause. Pour ne donner que l'exemple de la France : en 1973, le taux de chômage était de 2,2%, en 1979 de 4,5%, en 1980 de 6,3%, en 1981 de 7,8%, en 1985 de 10%, et, depuis, malgré les trafics des statistiques, les radiations en nombre des listes du chômage et autres subterfuges pour masquer la poursuite de la croissance de ce fléau, le taux est toujours resté plus ou moins autour de 10%, chiffre bien en dessous de la réalité. Ce ne sont pas seulement les jeunes, à l'issue de leur scolarité, qui se retrouvent sans emploi ou avec un travail de misère, mais l'ensemble des prolétaires intégrés dans le système productif qui se retrouvent chaque jour, par milliers, brutalement licenciés sans aucune perspective de pouvoir retrouver un emploi durable. Cette extension de la misère ouvrière prend d'ores et déjà des proportions telles que, de plus en plus, les principales concentrations industrielles d'Europe occidentale et des USA , rappellent celles du tiers-monde, avec leurs masses croissantes de sans abris errant au coeur des grandes villes.

Le capitalisme fait subir le chômage à toute la classe ouvrière

Cette aggravation de la misère et du chômage, ce sont tous les ouvriers qui la subissent de plein fouet, dans tous les secteurs, tous les pays. Toute la classe ouvrière est aujourd'hui directement concernée par cette attaque du capital. Non seulement les prolétaires exclus de la production, mais aussi ceux qui ont encore un emploi.

Dans toutes les usines, les ateliers, les bureaux, chacun redoute d'être inscrit sur la liste noire des prochaines charrettes de licenciements. Partout, règne la même atmosphère d'inquiétude et d'insécurité.
Mais le chômage n'est pas seulement une situation que les ouvriers "actifs" redoutent pour l'avenir. Cette attaque, ils la subissent déjà dans la réalité quotidienne de toutes leurs conditions de vie.


En effet, en plus des mesures de chômage technique que la bourgeoisie utilisait beaucoup dans les années 70 et 80 et qui faisaient baisser considérablement le salaire des ouvriers, on avait vu le gouvernement Balladur officialiser la généralisation du chômage partiel à toute la classe ouvrière avec l'adoption de son plan " quinquennal pour l'emploi " à la fin de l'été 93 ; depuis, ce sont les emplois précaires et à temps partiel qui n'ont cessé de se développer, généralisant de plus en plus les salaires de misère.
De plus, l'ensemble de la classe ouvrière voit après chaque vague de licenciements, chaque nouvelle suppression d'emplois, ses conditions de travail empirer, notamment à travers les augmentations de cadences dues aux baisses d'effectifs.
Enfin, l'Etat ne se contente pas seulement de faire peser ainsi le poids du chômage sur le dos des travailleurs. Il exerce encore un chantage crapuleux sur les ouvriers en semant l'illusion que s'ils acceptent les baisses de salaires sans broncher, ils pourront participer à améliorer la compétitivité de leur entreprise et donc s'éviter de nouvelles vagues de licenciements.
Et pour justifier de nouvelles baisses des salaires, au nom de la "solidarité" avec les chômeurs, la bourgeoisie avait sorti un nouveau lapin de son chapeau : le "partage du travail" qu'elle nous avait présenté comme une solution au problème du chômage. En réalité, ce qu'on veut nous faire accepter, c'est le partage de la misère, la généralisation de la situation de chômeurs à tous les ouvriers.

Voilà la situation intolérable que subissent les ouvriers au travail, auxquels l'Etat, le patronat, la maîtrise, cherchent en permanence à faire courber l'échine en leur répétant sans cesse : "Si tu n'es pas content, fous le camp. Il y en a cent, il y en a mille dehors qui attendent ta place."
Non seulement les ouvriers au travail sont contraints de faire les frais de la crise du système qui les exploite, mais c'est par centaines de milliers qu'ils sont amenés à subvenir, avec leurs revenus de plus en plus maigres, aux besoins élémentaires des membres de leurs familles déjà au chômage, en particulier de leurs enfants qui ne trouvent pas de travail à la fin de leurs études.

Le seul avenir que peut promettre le capitalisme aux nouvelles générations de prolétaires, c'est la misère absolue, une misère encore plus terrible que celle que subissent aujourd'hui les ouvriers au chômage, condamnés à vivre au jour le jour, à courir des journées entières après des offres d'emplois toujours plus rares et pour lesquelles 10, 100, 1000 personnes se déplacent en pure perte.
L'Etat et le patronat obligent ces ouvriers au chômage à accepter n'importe quel petit boulot précaire et sous-payé, amputent régulièrement leurs allocations, voire les suppriment tout simplement. De plus en plus d'ouvriers licenciés sont ainsi réduits au désespoir, parce qu'ils ne trouvent plus les moyens de se loger, se vêtir, se nourrir, eux et leur famille tandis que dans les cités ghettos, un nombre croissant de jeunes chômeurs sont menacés par la délinquance, la drogue, la criminalité.

Ces prolétaires que le capitalisme a définitivement rejetés de la production viennent chaque jour grossir les rangs des indigents que la classe dominante, ses médias aux ordres et ses curés baptisent "nouveaux pauvres" ou " exclus ", leur enlevant ainsi toute leur identité de classe afin de les séparer du reste de la classe ouvrière, de les isoler, et d'empêcher une lutte commune entre chômeurs et ouvriers au travail.
De même, toute la bourgeoisie, à travers un matraquage médiatique permanent, cherche à culpabiliser les ouvriers au travail, à les opposer aux chômeurs en les présentant comme des "privilégiés", dont "l'égoïsme" serait responsable de cette situation alors que c'est elle, la classe exploiteuse et son système en crise, qui sont les seuls responsables de la misère et du chômage.

Ceux qui nous gouvernent, ceux qui exploitent la force de travail, ceux qui veulent nous faire payer toujours plus le prix de la faillite de leur système, répètent depuis des années que c'est un mauvais moment à passer, que les sacrifices d'aujourd'hui sont destinés à préparer des lendemains meilleurs. Ils mentent !

Les mensonges de la bourgeoisie

Hier, tous ces bourgeois, politiciens, bureaucrates, technocrates, qui dirigent le monde ressassaient dans les colonnes de leur presse aux ordres que le chômage était dû à la paresse de ces "parasites" qui préféraient vivre grassement sur le dos de ceux qui travaillent au lieu de trouver et de garder un emploi. Ils ont tenté de faire croire que les chômeurs étaient responsables de la crise économique, des déficits de l'Etat. Ils ont diminué le montant des allocations, raccourci leur durée, rendu plus difficile leur obtention. Malgré toutes ces restrictions, malgré la falsification des chiffres du chômage, le nombre de sans emploi a continué à grimper dans tous les pays, les vagues de licenciements se sont succédées les unes aux autres.

Hier, toutes les fractions de la classe dominante, de droite comme de gauche, disaient : "pour faire reculer le chômage, stopper les licenciements, redresser l'économie, augmenter le pouvoir d'achat, il faut bien voter aux élections". En France, les partis de gauche, PS et PC, appuyés par tous les syndicats et les gauchistes, ont pris la place des partis de droite à la tête de l'Etat. Ils ont juré, la main sur le coeur, qu'avec la bonne gestion de gauche, soucieuse des intérêts des ouvriers, on allait créer 500 000 emplois, puis qu'on ne passerait pas le cap des 2 millions de chômeurs, puis des 2,5 millions... Aujourd'hui, voilà le résultat, après dix ans de gouvernement de gauche : plus de 3,5 millions de chômeurs ! Les 35 heures devaient aussi, à en croire ces " bienfaiteurs " de gauche, créer des emplois et réduire le chômage. Il n'en a rien été : le chômage a poursuivi sa croissance avec l'aggravation de la crise dès 2001. En effet, les 35h avaient un tout autre but . Il s'agissait en réalité d'augmenter la productivité du travail en supprimant beaucoup de pauses, en faisant travailler davantage en moins de temps ; il s'agissait également de faire diminuer le coût de la production en faisant baisser, dans beaucoup de cas, les salaires ! Tout cela n'ayant pour seul objectif que celui de tenter, sur le dos des ouvriers, de permettre à l'économie nationale de rester performante dans la concurrence mondiale de plus en plus acharnée. En 2002, la droite a succédé à la gauche et, comme sous la gauche, la montée du chômage se poursuit, inexorablement.
Et la même situation prévaut dans tous les pays industrialisés, aux USA comme dans les principaux pays d'Europe occidentale. En Espagne, le "socialiste" Gonzalez avait appliqué la même politique que Mitterrand. Aujourd'hui, le taux de chômage dans ce pays atteint, en réalité, près de 25% de la population active. Et si le gouvernement d'Aznar trafique aussi les statistiques pour affirmer qu'il y en a moins, ce que montre obstinément la réalité, c'est que le développement du chômage suit son cours.

Aujourd'hui, comme hier, tous les gouvernements de droite comme de gauche ont encore le culot de dire : " il faut se serrer les coudes et la ceinture. Nous sommes obligés de licencier pour redresser l'économie nationale et créer de nouveaux emplois."
Ce discours, cela fait vingt ans qu'ils nous le resservent régulièrement. A chaque nouvelle accélération de la crise, ils promettaient la "sortie du tunnel". A chaque fois, la situation n'a fait qu'empirer.
Aujourd'hui, comme hier, ils veulent nous faire croire que ce sont les travailleurs "immigrés" qui sont responsables de l'augmentation du chômage. Depuis des années, en France comme dans la plupart des pays industrialisés, on verrouille les frontières, on organise la chasse aux "clandestins", on expulse manu militari des familles entières vers leur "pays d'origine" qu'elles n'ont souvent même pas connu et où les conditions économiques et sociales sont encore plus catastrophiques qu'ici. Malgré ces mesures policières, le chômage n'a cessé de croître inexorablement, frappant aussi bien les travailleurs immigrés que les ouvriers autochtones. Et le langage ne cesse de s'adapter, mais les mensonges restent. Aujourd'hui par exemple, il faudrait croire que toutes les mesures prises -attaque contre les retraites, la santé, les réductions d'allocations aux chômeurs - seraient des réformes nécessaires qui ne pénaliseraient pas ou seulement ceux qui " abusent " !

Tous ces mensonges visent plusieurs objectifs :
- diviser la classe ouvrière entre ouvriers du pays et ouvriers immigrés, entre ouvriers au chômage et ouvriers actifs afin d'empêcher l'unité et la solidarité de tous les prolétaires contre la misère capitaliste;
- renforcer, à travers les attaques contre les travailleurs immigrés, l'appareil répressif de l'Etat bourgeois, notamment le quadrillage des quartiers ouvriers sous couvert de "chasse aux clandestins";
- inoculer dans les rangs du prolétariat le poison du racisme et du nationalisme en faisant croire que les intérêts du capital national sont les mêmes que ceux des ouvriers "bien de chez nous". On nous raconte que si l'économie va mal, c'est à cause des trusts américains, japonais ou allemands et donc qu'il faut resserrer les rangs derrière l'Etat, se serrer la ceinture et retrousser nos manches pour développer la compétitivité de "nos marchandises" face à la concurrence sauvage des envahisseurs étrangers.

A travers toutes ces campagnes, la bourgeoisie veut faire croire aux prolétaires qu'en faisant encore des efforts, en étant solidaires du gouvernement et du patronat, tout ira beaucoup mieux demain.
Tous les gouvernements d'Europe et d'Amérique, de droite et de gauche, prétendent aujourd'hui faire de la lutte contre le chômage la priorité numéro 1. Tous nous racontent que la reprise économique, même si elle n'est pas encore à l'ordre du jour, ne saurait tarder. Ils mentent !
Mensonges aussi que ceux des " alter-mondialistes " qui cherchent à nous faire croire que le chômage ainsi que les autres fléaux pourraient trouver une solution dans un capitalisme bien géré et qui rejetterait le soi-disant libéralisme. Ces mystificateurs nous présentent un capitalisme sans contradictions dans lequel l'Etat, s'il le voulait bien, pourrait être le garant du bonheur de tous et de chacun ! Tous ces menteurs patentés veulent nous faire oublier que les fléaux de la société d'aujourd'hui ne sont que la dramatique illustration de la faillite du capitalisme.

La vérité, c'est que la crise de l'économie mondiale n'a pas d'issue. Quelles que soient les mesures que prendra la bourgeoisie, quels que soient les partis au gouvernement, le système capitaliste ne peut que continuer à s'effondrer. La classe ouvrière ne doit se faire aucune illusion : les sacrifices d'aujourd'hui ne font que préparer des sacrifices encore plus douloureux demain.

Les patrons, les Etats licencient, suppriment les emplois, réduisent les salaires parce qu'ils n'arrivent pas à vendre en quantité suffisante les marchandises produites par les ouvriers. Ils n'arrivent pas à écouler ces marchandises parce que le marché mondial est devenu trop étroit pour absorber l'ensemble de la production de tous les pays. Face à la guerre commerciale à laquelle se livrent tous les requins capitalistes qui se disputent les parts de plus en plus restreintes du marché mondial, toutes les bourgeoisies nationales sont obligées de "rationaliser" leur production. Pour cela, elles doivent fermer des usines, augmenter la productivité du travail, diminuer les effectifs, accélérer les cadences, baisser les salaires.

Voilà quelle réalité la bourgeoisie cherche à masquer à travers tous ces mensonges : la crise mondiale et le chômage massif qu'elle engendre ne sont ni cycliques, ni conjoncturels, comme le prétendent les économistes bourgeois. Ils sont la manifestation la plus évidente de l'impasse, de la faillite historique du mode de production capitaliste.

Le chômage signe aujourd'hui la faillite du capitalisme

Depuis ses origines, notamment au 19ème siècle, le capitalisme a connu des crises qui, à chaque fois, se traduisaient par une poussée du chômage et une dégradation des conditions d'existence du prolétariat. Mais les crises qui accompagnaient régulièrement, de façon cyclique, l'expansion du capitalisme au siècle dernier ne sont nullement comparables à celle que nous vivons aujourd'hui.

En effet, au 19ème siècle, à l'époque où le capitalisme était un système en plein développement qui n'avait pas encore conquis toute la planète, les crises de surproduction finissaient toujours par se résoudre grâce à la découverte de nouveaux débouchés dans les régions du monde où prédominaient des modes de productions plus archaïques. C'est par le feu et par le sang que la bourgeoisie naissante qui avait succédé aux seigneurs féodaux, partait à la conquête de nouveaux marchés. Elle a chassé sauvagement les paysans de leurs terres afin de les obliger à vendre leur force de travail au capital. Elle s'est lancée dans les conquêtes coloniales en exterminant des populations entières afin de piller les matières premières et s'ouvrir de nouveaux débouchés.
C'est au prix d'une barbarie inconnue jusque là dans l'histoire de l'humanité que cette nouvelle classe exploiteuse pouvait non seulement écouler le surplus de ses marchandises dans les zones pré-capitalistes, mais aussi étendre son mode de production à toute la planète. C'est au prix de souffrances effroyables que les anciens producteurs de la société féodale sont devenus des prolétaires contraints par la force à se soumettre à l'esclavage de l'exploitation capitaliste.

Mais la situation des premières générations de prolétaires, durant cette période ascendante du capitalisme, malgré son caractère particulièrement inhumain, n'avait pas une signification aussi tragique, une perspective aussi catastrophique que celles auxquelles sont confrontés les ouvriers en ce début du XXI° siècle.

Dans la période ascendante du capitalisme, le chômage, même lorsqu'il explosait massivement dans les moments de crise aiguë, n'était jamais de très longue durée. Dès que la crise était résorbée avec l'ouverture de nouveaux marchés, il y avait pour les ouvriers une nouvelle perspective de retrouver rapidement un travail.
Par ailleurs, les chômeurs étaient d'une grande utilité pour la bourgeoisie. Ils constituaient une "armée industrielle de réserve" qu'elle exploitait également dans les périodes de ralentissement économique pour faire baisser les coûts de production et améliorer la compétitivité de ses marchandises. Grâce à cette réserve de main d'oeuvre qui crevait de faim, la classe dominante pouvait faire pression sur les salaires et entraver le développement des luttes ouvrières.
Ainsi, le chômage était à cette époque un phénomène que la classe exploiteuse entretenait et contrôlait parfaitement pour les besoins de l'accumulation du capital.
Pour les prolétaires, malgré la misère et la surexploitation qu'ils subissaient, les conditions de développement du capitalisme leur permettaient non seulement de vendre leur force de travail, mais encore de se constituer en classe, de s'organiser, de développer leur unité, et d'arracher aux exploiteurs des améliorations substantielles et durables de leurs conditions d'existence.
Les crises cycliques du 19ème siècle étaient donc des étapes par lesquelles le système capitaliste devait passer pour continuer sa marche en avant vers l'accroissement des forces productives de la société.
Lorsque le capitalisme atteint son apogée à la fin du 19ème siècle, en ayant soumis toute la planète à ses lois économiques, il n'existe plus de zones extra-capitalistes capables d'absorber la surproduction des marchandises des pays industrialisés. La classe dominante se trouve alors confrontée à une saturation du marché mondial. C'est l'ouverture d'une nouvelle période dans l'histoire de l'humanité : celle de la décadence du capitalisme.
Désormais, ce système est gangrené par une crise de surproduction permanente qui, lorsqu'elle se manifeste de façon ouverte, ne peut aboutir qu'à un affrontement armé entre les grandes puissances pour le repartage du marché mondial. C'est ainsi que la première guerre mondiale a marqué l'entrée du mode de production bourgeois dans sa période de déclin historique.

Aujourd'hui avec le développement du chômage massif, de plus en plus d'ouvriers se retrouvent dans une situation de dénuement total, sans maison, n'ayant pas les moyens de se vêtir, se nourrir. Un nombre croissant d'entre eux, réduits à l'état d'indigents, lorsque l'Etat leur supprime jusqu'au minimum vital, ne peut survivre que grâce aux associations caritatives et à la mendicité. Si l'on se contentait d'une vision photographique, cette situation ne manquerait pas d'évoquer un retour aux conditions de la classe ouvrière à l'aube du capitalisme.
Cependant, il existe une différence fondamentale entre la situation présente et celle de la période ascendante du capitalisme.
Depuis 80 ans, ce système a atteint ses limites historiques. Il n'a pu se maintenir en vie, de façon artificielle depuis le début du XX° siècle, qu'au prix d'une destruction toujours plus massives des richesses de la société, à travers un cycle infernal de crise-guerre mondiale- reconstruction- nouvelle crise- nouvelle guerre mondiale... En ce sens, les conditions de vie misérables du prolétariat ne sont nullement comparables à celles des ouvriers au siècle dernier.
Alors que le capitalisme avait pour raison d'être essentielle de développer les forces productives en généralisant le salariat comme c'était le cas dans le passé, son incapacité évidente à donner aujourd'hui du travail à des dizaines de millions d'ouvriers signifie que ce système est arrivé au bout du rouleau. Il ne peut prolonger son agonie qu'en continuant à plonger toute la société humaine dans une paupérisation absolue et une barbarie sans nom.

De même, c'est encore l'incapacité du système à surmonter sa crise de surproduction qui est à l'origine des famines dans les pays du tiers-monde car le capitalisme ne produit pas pour satisfaire les besoins humains mais pour vendre ses marchandises. Et lorsqu'il ne peut pas écouler ses stocks, il les détruit. Il est hors de question pour le capitalisme de les distribuer gratuitement car une telle mesure provoquerait nécessairement un effondrement des cours sur le marché. En réalité, un capitalisme qui donnerait ce qu'il produit ne serait plus du capitalisme.
Ainsi, l'absurdité de ce système se traduit par une destruction massive de richesses à un pôle de la société tandis qu'à l'autre pôle, la misère, la pénurie, la faim laminent des millions d'êtres humains.

Cette même incapacité du capitalisme à surmonter ses contradictions économiques est également responsable des massacres qui, depuis le début du siècle, n'ont jamais cessé d'ensanglanter la planète. C'est en effet cette crise, devenue insoluble, qui a poussé les grandes puissances à s'affronter sur les champs de batailles de deux guerres mondiales pour un nouveau partage du marché mondial. C'est l'impasse historique du capitalisme qui, durant toute la période de la "guerre froide", a engendré une multitude de conflits armés aux quatre coins du monde, appuyés et entretenus par les deux blocs impérialistes rivaux, celui de l'URSS et des USA.
Aujourd'hui, l'effondrement du bloc soviétique, loin d'avoir résolu les contradictions du système, comme le prétendait la bourgeoisie en nous promettant, avec ses campagnes sur la "faillite du communisme", un monde de paix et de prospérité, n'a fait qu'exacerber encore plus les tensions guerrières aux quatre coins de la planète.

Depuis l'effondrement spectaculaire du bloc de l'Est, l'histoire s'est accélérée de façon vertigineuse : en même temps que se déchaîne un chaos toujours plus sanglant (guerre du Golfe, massacres en ex-Yougoslavie et sur le continent africain, affrontements inter-ethniques dans les républiques de l'ex-URSS, conflits au Moyen-Orient et au Cambodge, guerre en Irak...), la récession économique ravage les pays les plus industrialisés; l'Europe de Maastricht, à peine née, s'est effondrée comme un vulgaire château de cartes. Le capitalisme apparaît de plus en plus comme une machine qui s'est totalement détraquée. La classe dominante elle-même ne sait plus ni où elle va, ni comment gérer les dérèglements incontrôlables de son système. Aujourd'hui, elle ne peut encore tenir le gouvernail qu'en naviguant à vue, au jour le jour.
Face à cette situation de faillite évidente du capitalisme, le prolétariat ne doit avoir qu'une seule certitude : ce système moribond, générateur de chômage, de misère, de famine et de guerres, il devra le détruire, sinon c'est lui qui, en continuant à se décomposer, entraînera toute l'humanité vers le néant.

La classe ouvrière peut et doit lutter

L'effondrement du capitalisme dont les masses exploitées sont les principales victimes, la classe ouvrière ne peut continuer à en faire les frais. Elle doit refuser de se laisser intimider et paralyser par l'ampleur des attaques qui lui sont portées. Elle ne doit pas accepter le chômage et les licenciements comme une fatalité, et encore moins s'imaginer qu'en supportant les sacrifices aujourd'hui, la situation économique va se redresser. Au contraire, accepter ces sacrifices non seulement ne résoudra pas la crise, mais c'est encore laisser les mains libres à la bourgeoisie pour cogner plus fort demain.

Face aux attaques du capital, et contre tous les discours mensongers de la bourgeoisie qui lui font miroiter la perspective illusoire d'une nouvelle "reprise" économique, la classe ouvrière n'a pas d'autre choix que de reprendre le combat pour la défense de ses conditions de vie. La lutte unie de tous les ouvriers est la seule réponse possible à la faillite irrémédiable du système capitaliste.
Contre tout le bourrage de crâne fataliste, contre toute idée de défense de l'économie nationale, les ouvriers (encore au travail ou au chômage) peuvent imposer un rapport de force à l'Etat bourgeois. La force de la classe ouvrière réside dans la lutte qui s'étend à toutes les entreprises, tous les secteurs et aux bureaux de chômage. Dans cette dynamique, comme en Mai 68, les prolétaires seront des millions à reprendre confiance en eux, en l'avenir que porte leur combat.

Lorsque les ouvriers luttent massivement, tous unis, lorsqu'ils prennent confiance en eux-mêmes et refusent de se laisser embarquer derrière la défense des intérêts de leurs exploiteurs, la classe dirigeante est obligée de freiner ses attaques. C'est une leçon que tous les prolétaires doivent tirer de leurs expériences passées.

Mais pour affronter efficacement l'Etat bourgeois, il faut que les ouvriers sachent reconnaître l'ennemi dans leurs rang. Les syndicats, de même que toutes les autres structures para-syndicales telles les "coordinations" dirigées par les gauchistes, sont des agents de l'ordre capitaliste en milieu ouvrier dont la seule fonction consiste à protéger le pouvoir de la bourgeoisie, à défendre les intérêts du capital national, à briser l'unité des prolétaires pour les empêcher de bouleverser l'ordre existant. A chaque fois que les ouvriers ont remis le contrôle de leur lutte entre les mains des syndicats, ils se sont épuisés, démoralisés dans des combats stériles qui, à aucun moment, n'ont contraint l'Etat et le patronat à revenir sur les plans d'austérité C'est ce qu'on a pu voir encore récemment, par exemple, avec la grève des travailleurs d'Air France à l'automne 93 où, grâce aux manoeuvres de sabotage des syndicats, le gouvernement et le patronat sont parvenus à imposer leur plan d'austérité et à enchaîner les ouvriers derrière la défense des intérêts de leurs exploiteurs. C'est ce qu'on a vu encore dans les luttes des enseignants en France du printemps 2003 où les syndicats ont divisé et mené à la défaite.
Même lorsque les prolétaires parviennent, comme c'était le cas en mai 68, à obtenir la satisfaction de leurs revendications, ces gains sont immédiatement repris par la bourgeoisie dès que la mobilisation ouvrière cesse. Faut-il en conclure que la lutte ne paie pas et ne sert à rien ? Non.

La lutte est, en elle-même, une première victoire pour la classe ouvrière. D'abord parce qu'elle permet au prolétariat de prendre conscience de sa force en tant que classe, d'affirmer son identité, son unité, sa solidarité dans la lutte, et de résister ainsi à l'isolement, au "chacun pour soi" que cherche en permanence à lui insuffler la bourgeoisie.

C'est à travers la lutte que la classe ouvrière apprend aussi à reconnaître ses ennemis, à déjouer peu à peu les manoeuvres des syndicats et à prendre confiance en elle-même. C'est dans et par la lutte qu'elle forge ses armes pour les combats futurs, qu'elle apprend à s'organiser massivement, à développer son unité, à prendre elle-même en charge la direction de ses combats, notamment en tirant les leçons de ses échecs passés. C'est en se mobilisant pour la défense de ses conditions de vie que la classe ouvrière développe sa conscience de classe, la conscience des enjeux de ses combats. En réalisant que l'Etat et le patronat ne peuvent plus leur faire la moindre concession durable, les ouvriers perdent leurs dernières illusions sur le capitalisme. Ils prennent de plus en plus conscience de la faillite de ce système.

Ainsi toutes ses luttes de résistance aux attaques de la bourgeoisie constituent autant de préparatifs qui doivent permettre au prolétariat de renverser demain le capitalisme. Seule cette lutte révolutionnaire sera en mesure d'apporter une réponse définitive à la misère et à la barbarie du monde actuel.

Et cette perspective, les ouvriers ne doivent pas la considérer comme une utopie, un vieux rêve irréalisable. Il leur faut surmonter le sentiment d'impuissance que toutes les campagnes médiatiques de la bourgeoisie tentent de leur insuffler en permanence. Eux seuls ont la capacité de changer le monde parce qu'ils sont justement l'unique force de la société dont les intérêts sont totalement et radicalement opposés à ceux du capital. D'ores et déjà, les combats qu'ils ont menés depuis la fin des années 60 ont constitué un frein au développement de la misère et au déchaînement de la guerre généralisée.

En effet, c'est parce que, depuis plus de trente ans, le prolétariat d'Europe occidentale a été capable de développer ses luttes, notamment contre les licenciements et les suppressions d'emplois, que le chômage massif ne s'est pas développé plus tôt dans les pays industrialisés alors que la crise n'a cessé de s'aggraver depuis la fin des années 60. Face à la combativité du prolétariat, c'est avec une conscience claire des risques qu'elle encourait, que la bourgeoisie a planifié, en les étalant dans l'espace et dans le temps, ses programmes de "restructuration" industrielle afin d'éviter une explosion massive et incontrôlée de la colère ouvrière.
En particulier, tout au long des années 80, malgré l'accélération brutale de la crise marquée par la récession mondiale de 81-82, elle n'a pas eu l'audace de porter des attaques à la mesure de la gravité de la situation économique. Les combats qu'avaient menés les ouvriers de Longwy-Denain en France en 78-79 contre les licenciements, de même qu'en Italie, en Espagne, en Belgique, en Grande-Bretagne..., ont en effet incité la bourgeoisie à la plus grande prudence.

C'est aussi parce que la classe ouvrière a été capable de développer ses luttes contre les effets de la crise que la bourgeoisie n'a pas pu entraîner la société dans une 3ème guerre mondiale lorsque les deux blocs impérialistes de l'URSS et des USA se trouvaient face à face. Dans la mesure où les prolétaires des pays centraux n'étaient pas prêts à accepter les sacrifices pour la défense de l'économie nationale, la bourgeoisie n'a pas pu leur imposer le sacrifice ultime de leur vie en les embrigadant dans une nouvelle boucherie impérialiste.

Oui, la classe ouvrière constitue une force gigantesque dans la société, une force qui détient entre ses mains le destin de toute l'espèce humaine. C'est sa lutte contre les effets de la crise du capital qui détermine la perspective vers laquelle se dirige la société. C'est sa capacité à s'affirmer sur la scène sociale qui a freiné l'extension de la misère absolue dans les pays industrialisés et qui à empêché la bourgeoisie d'engloutir toute l'humanité dans l'apocalypse d'une nouvelle guerre mondiale.
Cette force, les ouvriers doivent en prendre pleinement conscience en comprenant que sans le développement de leurs combats de classe, le monde ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui, la situation serait bien pire encore.

Voilà pourquoi, malgré toutes les campagnes de la bourgeoisie qui cherchent à le démoraliser -- la classe ouvrière n'existerait plus, stalinisme égalerait communisme, marxisme égalerait stalinisme, il n'y aurait rien d'autre que le capitalisme… - le prolétariat a toutes les raisons de reprendre confiance en lui-même. Si la bourgeoisie développe de telles campagnes, si elle remet en selle aujourd'hui ses syndicats, c'est justement parce qu'elle sait que le prolétariat est son ennemi mortel, le seul qui puisse renverser le capitalisme.

La bourgeoisie cherche à empêcher le développement des luttes ouvrières

Avec la prolongation de la crise, la bourgeoisie peut de moins en moins tirer sa force des illusions du prolétariat sur la capacité du capitalisme à lui donner un avenir meilleur. Aujourd'hui, cette force réside essentiellement dans son habileté à manoeuvrer pour empêcher le développement des luttes contre la misère, les licenciements, le chômage.

En même temps que se déchaînent ses attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière, le matraquage idéologique cherche à paralyser les ouvriers, à les intimider, à développer le réflexe du "chacun pour soi" en faisant croire que, plus les ouvriers se tiendront tranquilles et continueront à accepter les plans d'austérité, moins ils auront de chance d'être licenciés.

Le patronat, l'Etat, ses partis et ses syndicats exploitent aujourd'hui à fond la peur du chômage pour renforcer encore les hésitations du prolétariat à engager la lutte. C'est pour cela que ses médias ne se privent pas d'étaler quotidiennement le désarroi d'ouvriers jetés sur le pavé du jour au lendemain, sans préavis. C'est pour semer l'angoisse qu'on nous "informe" régulièrement des mesures les plus expéditives tels, par exemple, les "licenciements express" annoncés dans les ateliers par haut parleur ou encore du dépôt de bilan de telle ou telle entreprise durant les congés d'été.
Toutes ces informations ne sont nullement gratuites. Elles font partie d'une vaste offensive idéologique destinée à démoraliser les ouvriers, à leur donner un sentiment d'isolement, d'impuissance et de fatalité. En regardant ces images, en écoutant ces interviews d'ouvriers licenciés, chacun peut, en effet, rentrer la tête dans les épaules et penser : "Ca peut arriver à n'importe qui. Demain, ce sera peut-être mon tour".
Les méthodes particulièrement brutales avec lesquelles la bourgeoisie licencie aujourd'hui révèle, s'il en était encore besoin, tout le cynisme et le mépris de la classe dominante à l'égard de ceux qu'elle exploite.

Ouvriers, il faut résister à toutes ces manoeuvres d'intimidation ! Il faut se défendre tous ensemble dans la lutte.

Ce combat, la bourgeoisie sait que la classe ouvrière est capable de l'engager. C'est pour cela qu'elle s'est efforcée, dans le mouvement de 95 en France, de redonner une nouvelle vigueur à ses syndicats et qu'elle veille à entretenir leur crédibilité, de même que celle de ses partis de gauche (PC et PS) qui ne prétendent défendre les intérêts ouvriers que pour mieux les mystifier. C'est sur eux qu'elle compte, ainsi que sur son extrême-gauche (Trotskistes et anarchistes officiels notamment ), pour saboter les luttes ouvrières, les diviser, les isoler les unes des autres.
Aujourd'hui, comme hier, alors que le chômage est une attaque qui frappe l'ensemble de la classe ouvrière, les syndicats cherchent, en chaque occasion, à convaincre les ouvriers qu'ils sont confrontés à un problème "particulier".
Alors que cette attaque nécessite la riposte la plus unie, la plus large, la plus massive possible, les syndicats s'efforcent de la circonscrire, de la limiter à telle ou telle "catégorie", tel ou tel endroit, tel ou tel moment : un jour dans une entreprise ou un secteur, le lendemain dans un autre; un jour dans une ville ou une région, le lendemain dans une autre; un jour c'est un problème d'immigrés", un autre un problème de région; un jour c'est un problème de "jeunes"", un autre un problème de "vieux", etc.

Toutes ces manoeuvres de division, on les a vues ouvertement tout au long des années 70 et 80, à travers les slogans usinistes, corporatistes, régionalistes, nationalistes des syndicats : "Manufrance vivra", "Renault vivra", "la Lorraine vivra", "la sidérurgie française vivra"... Aujourd'hui, c'est clair : tous ces discours derrière lesquels les syndicats, CGT en tête, ont baladé les ouvriers de "journées d'actions" en opérations "ville morte", de manifestations bidon en "actions commando", n'ont servi qu'à une chose : faire passer les licenciements.

Dans les années 90, c'est le même travail de sabotage qu'on a retrouvé dans toutes les "mobilisations" des syndicats, à Air-France comme aux usines Chausson, dans le secteur public comme dans le secteur privé : faire accepter le chômage massif, les baisses de salaires, les suppressions d'emplois, dans le seul intérêt du capital national.

Aujourd'hui comme hier, sous des apparences radicales, ils sont les auxiliaires de l'Etat, pour faire passer les attaques massives contre les retraites, la santé et pour faire baisser les allocations des chômeurs.
Comment lutter ?

Pour pouvoir affronter efficacement tout ce travail planifié, organisé de division, d'isolement, de démobilisation, il faut réagir en tant que classe. Partout, les ouvriers se battent pour la défense de leurs conditions d'existence, pour l'avenir de leurs enfants, contre un seul et même ennemi : l'Etat capitaliste. Toute lutte contre le chômage, les licenciements, pour des conditions de vie décentes, concerne immédiatement l'ensemble de la classe ouvrière : tous les ouvriers peuvent et doivent y participer.
Les ouvriers actifs et au chômage doivent se rassembler, unir leurs forces, prendre en main, étendre et coordonner leurs luttes.

Ouvriers au chômage,

Il ne faut pas rester isolés et atomisés, chacun dans son coin. En perdant leur emploi, les chômeurs encourent aujourd'hui le risque de se laisser emporter par le désespoir, de sombrer dans la débrouille individuelle, et de perdre ainsi leur identité de classe. Pour ne pas céder à la démoralisation, il n'y a qu'un seul moyen : se regrouper, former des comités de chômeurs, aller discuter dans tous les lieux où ils peuvent se rencontrer, aux portes des bureaux de chômage et des ANPE.
Ce n'est qu'en luttant tous ensemble que les chômeurs pourront défendre leurs conditions d'existence, contre les expulsions, les saisies, les coupures de gaz et d'électricité, etc. Ils doivent imposer que l'Etat leur garantisse le minimum vital : un logement décent, la gratuité des soins médicaux, de quoi se nourrir, se vêtir, eux et leur famille... Ils doivent défendre leur dignité d'êtres humains, en refusant de se laisser réduire à l'état d'indigents. A travers toutes ces revendications, ce qu'ils exigent, ce n'est pas une aumône mais le produit de leur travail passé, le produit du travail que le capital extorque à l'ensemble de la classe ouvrière.
Les ouvriers au chômage ne doivent pas demander aux ouvriers "actifs" de "partager le travail et le salaire" comme le préconise toute la bourgeoisie, de droite comme de gauche. Cette fausse solidarité reviendrait à partager et aggraver la misère pour tous. En luttant pour le minimum vital, contre les expulsions, les ouvriers au chômage mènent le même combat que ceux qui se mobilisent sur leur lieu de travail. En les rejoignant dans la lutte, ils retrouvent ainsi la véritable solidarité ouvrière.

Les chômeurs n'ont pas d'autre choix que de résister collectivement en comprenant que leur lutte, en tant que prolétaires expulsés de la production, fait partie du combat général de toute la classe ouvrière. C'est la même classe ouvrière qui chôme et qui travaille. C'est la même classe capitaliste qui attaque tous les prolétaires, qu'ils soient au chômage ou en activité. C'est la même classe d'exploiteurs qui cherche encore, à travers ses attaques, à les diviser, à les opposer les uns aux autres en leur faisant croire que les chômeurs vivent sur le dos de ceux qui travaillent.
C'est pour cela que leur lutte, les ouvriers au chômage ne peuvent la mener ni derrière les soutanes des curés, ni derrière les banderoles des syndicats. Ils doivent la prendre eux-mêmes en main.
Si la classe dominante s'efforce de reconstituer des "syndicats de chômeurs", ce n'est pas pour donner aux ouvriers le "droit" de se défendre, mais bien pour se donner les moyens de contenir les explosions de colère des chômeurs. En mettant en place ces structures d'encadrement, elle cherche à enfermer leurs luttes dans le cadre de la légalité bourgeoise, elle cherche à les isoler du reste de la classe ouvrière en leur faisant croire que les chômeurs constituent une catégorie "à part", dont les intérêts n'ont rien de commun avec ceux des ouvriers au travail.

Parce que leur lutte appartient à celle de toute la classe ouvrière, ils doivent :
- éviter à tout prix de se replier sur eux-mêmes, se constituer en comités de chômeurs, les ouvrir à tous les ouvriers qui veulent lutter, qu'ils soient chômeurs ou en activité;
- rejoindre le combat des ouvriers au travail en allant massivement chercher la solidarité aux portes des usines, dans les manifestations, les assemblées générales, les comités de lutte;
- comprendre qu'en se coupant du reste de leur classe, ils n'ont aucun moyen de s'en sortir. Leur force, ils ne pourront la puiser que dans la recherche de la solidarité, de l'unité la plus large possible avec les travailleurs en lutte.

Ouvriers au travail,

La condition de chômeur résume aujourd'hui la condition générale de toute la classe ouvrière. Elle révèle l'avenir que le capitalisme réserve à tous ceux qui ont la "chance" (pour combien de temps?) d'avoir encore un emploi. Déjà, la fin du plein emploi, la généralisation du chômage partiel qui tendent à s'installer dans tous les secteurs, tous les pays, montrent qu'aucune partie de la classe ouvrière ne peut désormais échapper à cette attaque.

Parce que le chômage touche tous les prolétaires, la lutte des ouvriers au travail n'est pas différente de celle des chômeurs. Cette attaque contre l'ensemble de la classe ouvrière nécessite une riposte massive et unie de tous les ouvriers au chômage et au travail.
Pour développer un tel combat, il faut d'abord refuser d'adhérer aux mensonges de la bourgeoisie qui prétendent que les amputations de salaires sont destinées à entretenir les chômeurs. C'est faux !

Si la classe dominante baisse les salaires, c'est d'abord et avant tout pour réduire les coûts de production de ses marchandises et renforcer leur compétitivité sur le marché mondial. Cette concurrence entre capitalistes, ceux qui nous exploitent veulent aujourd'hui l'introduire dans les rangs de la classe ouvrière. En imposant toujours plus de sacrifices au nom de la "solidarité" avec les chômeurs, ils cherchent à dénaturer la véritable solidarité de classe des prolétaires.

Il ne faut pas céder à tous ces mensonges !
C'est d'abord en engageant le combat sur tous les lieux de travail que les ouvriers au travail peuvent montrer à leurs frères de classe exclus de la production qu'ils ne sont ni des "privilégiés" ni des "nantis", comme le répètent depuis des années la classe dominante et ses médias.
C'est ensuite en développant la lutte qu'ils peuvent exprimer la véritable solidarité ouvrière et faire la preuve que cette solidarité constitue la seule force capable d'affronter le capital. Pour cela, les ouvriers doivent chercher à étendre immédiatement leurs luttes, en envoyant des délégations massives aux autres entreprises, aux autres secteurs, pour les appeler à engager le combat à leur tour. Ils doivent chercher à unifier leurs luttes en mettant en avant non seulement les revendications spécifiques à tel ou tel secteur ou entreprise, mais aussi et surtout les revendications communes à tous.

Dans cette dynamique vers l'unification de tous les foyers de lutte, les ouvriers au travail ont la responsabilité d'intégrer les chômeurs à leur combat. Pour cela, ils doivent :
- sortir des usines et aller à la rencontre des chômeurs en envoyant des délégations massives dans les quartiers ouvriers, aux portes des ANPE, dans les associations et les comités de chômeurs;
- faire leurs les revendications des ouvriers au chômage, les appeler à participer aux assemblées générales, aux manifestations afin de les entraîner dans un seul et même mouvement de toute la classe ouvrière;
- comprendre que les ouvriers au chômage font partie intégrante de leur classe.

C'est uniquement dans la lutte que les ouvriers au travail pourront affirmer leur solidarité vis-à-vis des chômeurs en comprenant que ces derniers n'ont, s'ils restent isolés, aucune possibilité de s'en sortir.

Les ouvriers au travail doivent se situer aux avant-postes du combat. Participant à une vie collective avec leurs camarades de travail, ils sont, de ce fait, moins exposés que les chômeurs au danger de "lumpénisation" résultant de la décomposition de la société capitaliste (drogue, prostitution, trafic de toutes sortes, débrouille individuelle, délinquance...). Ils ont les moyens de bloquer la production, de paralyser toute l'activité économique capitaliste, et par conséquent d'exercer une pression sur la bourgeoisie, de montrer au grand jour la force du prolétariat.

Pour pouvoir assumer cette responsabilité, défendre les intérêts de toute la classe ouvrière et dégager une perspective pour l'ensemble de la société, les ouvriers doivent prendre eux-mêmes en charge la direction de leurs combats. Ils ne peuvent compter ni sur les syndicats, ni sur leurs appendices gauchistes pour unifier leurs luttes. Bien au contraire. Confier les rênes du combat à ces structures d'encadrement capitalistes, à ces spécialistes de la division et du sabotage organisé, c'est aller tout droit à la défaite.

Il faut empêcher les syndicats de confisquer les armes de la lutte (assemblées générales et manifestations massives, comités de grève, comités de lutte, etc.). Les AG doivent :
- rester ouvertes à tous les ouvriers, qu'ils soient en activité ou au chômage;
- être des lieux où se décident collectivement les actions à mener, où chacun peut prendre la parole, faire des propositions et les soumettre au vote;
- élire des délégués, révocables à tout moment et responsables devant l' ensemble des ouvriers en lutte.
C'est seulement en gardant ainsi en permanence le contrôle de la lutte que les ouvriers peuvent se donner les moyens de déjouer les pièges des syndicats. C'est seulement en prenant confiance en eux-mêmes qu'ils peuvent faire l'expérience de leur propre force en tant que classe solidaire, unie, organisée et consciente.

De l'unification des luttes ouvrières dépend l'avenir de l'humanité

Ouvriers au chômage, ouvriers au travail !

En rejetant de la production des masses sans cesse croissantes de prolétaires, le capitalisme mondial dévoile son vrai visage : celui d'un système qui n'a plus rien à proposer à l'humanité qu'une misère et une barbarie toujours plus effroyables. Il fait la preuve de sa faillite historique.
Ce système ne peut donner un travail et un salaire aux ouvriers, se servir de leurs bras et de leur cerveau, que lorsqu'il a les moyens de surmonter ses crises. Aujourd'hui, s'il plonge des dizaines de millions de prolétaires dans le dénuement le plus total, s'il condamne les deux tiers de l'humanité à la famine, c'est justement parce qu'il n'est plus capable de résoudre les contradictions qui l'assaillent.
Les ouvriers doivent oser regarder la réalité en face : un système qui menace la survie de l'espèce humaine, non parce qu'il ne produit pas assez, mais parce qu'il produit trop, est une absurdité.
Ce système moribond, la classe ouvrière mondiale a la responsabilité de le détruire avant qu'il n'entraîne dans son agonie toute la société. Ce n'est qu'en s'attaquant aux fondements mêmes du capitalisme, en développant et unifiant partout ses luttes contre la misère et l'exploitation, que le prolétariat pourra accomplir sa tâche historique. C'est pour cela que ses luttes immédiates pour la défense de ses conditions de vie portent avec elles une perspective plus globale, celle du renversement du capitalisme, pour la construction d'une autre société sans crise, sans exploitation, sans famines, sans guerres. Une société dont l'activité économique sera déterminée non par la recherche du profit, non par les contraintes du marché, mais par la satisfaction des besoins de toute l'humanité.
Seule cette transformation du monde par le prolétariat pourra mettre définitivement un terme au fléau du chômage car elle nécessitera le concours de tous à la production. L'activité productive, source de richesses pour l'ensemble de l'humanité, ne signifiera plus contrainte et abrutissement, mais au contraire travail propice à l'auto réalisation de tous et de chacun.

Tels sont les véritables enjeux des combats de la classe ouvrière.
En engageant et développant la lutte contre le chômage sous toutes ses formes, le prolétariat ne s'attaque pas seulement à un aspect de la barbarie capitaliste. Il attaque cette barbarie à sa racine.
A la différence des émeutes sans lendemain dans les pays du tiers-monde ou dans les banlieues des grandes métropoles industrielles, cette lutte est d'emblée un combat à l'échelle de toute la société. Un combat qui porte avec lui, non seulement la défense immédiate du niveau de salaire, mais l'abolition du salariat.

C'est à travers le développement de l'unité et de la solidarité de tous les ouvriers en lutte que le prolétariat prendra conscience de son être en tant que classe révolutionnaire. Cette unité et cette solidarité constituent une nécessité vitale pour le renversement du capitalisme. C'est bien cette unité et cette solidarité qui seront, demain, une des bases sur lesquelles la classe exploitée devra édifier une véritable communauté humaine mondiale.

Courant Communiste International (janvier 04)

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