Il y a 30 ans Rosa Luxembourg : écrivez : toutes les classes dominantes ont toujours défendu leur privilège jusqu'au bout avec l'énergie la plus acharnée. Les praticiens de Rome comme les barons féodaux du Moyen-Âge, les cavaliers anglais comme les marchands d'esclaves américains, les boyards Valaques comme les patrons de tissage lyonnais, tous ont versé des torrents de sang, tous ont marqué leur chemin par les cadavres des victimes et la cendre des incendies, tous ont provoqué la guerre civile et recourue à la haute trahison dans le seul but de maintenir leur privilège et leur pouvoir.
En faisant couler le sang des travailleurs de Clermont-Ferrand, par ces troupes mercenaires : « le socialiste » Jules Moch n'échappe pas à cette règle éprouve une fois de plus son dévouement à la cause du capital. Nous qui nous donnons pour tâche la destruction de ce régime ignoble par la guerre civile, nous ne nous laisserons pas emporter par le côté sentimental des événements politiques de Clermont-Ferrand.
S'il paraît exact que ce soit sur la base d'un réajustement du minimum vital à 12.900 francs et sur la revendication des 20 % présentée par la CGT que les travailleurs de chez Bergougnan sont entrés dans la grève, il n'en est pas moins vrai que dans cette conjoncture présente, ses revendications sont la poudre jetée aux yeux des travailleurs.
Mais je peux exister le minimum vital garanti par aucune espèce d'échelle mobile des salaires quand le cours de la monnaie nous indique une instabilité permanente. Cette méthode peut paraître fausse mais si nous prenons 1936 pour base de discussion nous verrons que depuis cette date les travailleurs ont toujours fait les frais de ces grèves pour des revendications économiques, même quand ces grèves se terminent par des soi-disant victoires présentées par des parties de la contre-révolution. En fait, le pouvoir d'achat des travailleurs est en diminution par rapport à 1936
L’État de siège et les grèves de Clermont-Ferrand ne se posent pas uniquement sur le terrain économique, ils sont un produit de la colère des travailleurs, devant la carence du gouvernement et de la cherté de la vie, subordonnés à l'agitation de la CGT.
Le fait même que la ville de Clermont-Ferrand soit en état de siège avec occupation des locaux administratifs, démontre le dépassement de la lutte économique pour le minimum vital par des modèles d'origine politique.
En ce qui concerne la CGT l'objectif est clair, la CGT et l'antichambre du Parti communiste français et le PCF a pour mot d'ordre : renversement du gouvernement Schuman, il s'agit pour lui de faire obstruction au plan Mayer, D'autant plus que les statistiques économiques indiquent une reprise de la production. Et c'est sur les mots d'ordre politique que dans la plus grande des confusions les travailleurs dans leur ensemble répondent au parti de Thorez. Il est facile de comprendre combien l'agitation des trotskistes et des anarchistes autour de l'échelle mobile du minimum vital s'inscrit en faux comme objectif révolutionnaire. Parfois parce qu'il est impossible de porter la moindre satisfaction immédiate dans la décadence du régime capitaliste, même quand il tend à stabiliser relativement son économie. Dans ces conditions, c'est une impasse, Clermont-Ferrand est un exemple.
Une seconde fois parce que la fraction capitaliste PCF bloque les travailleurs avec des mots d'ordre politique : « lutte contre le plan Marshall et luttes des gouvernements démocratiques contre le fascisme américain». Les mots d'ordre économiques sont utilisés comme monnaie d'échange et deviennent un moyen de dévoiement des ouvriers.
La grève de solidarité d'une heure du vendredi 18 et du samedi 19 par son caractère spectaculaire est beaucoup plus une démonstration de force au gouvernement actuel qu’une manifestation de solidarité aux grévistes ainsi qu'en témoigne la polémique entre le ministre de l'Intérieur et le journal du PCF à propos du pourcentage des grévistes.
Il est cependant très difficile de se prononcer sur l'éventualité d'une orientation de grève généralisée de la part des staliniens. Des travailleurs sont fatigués de ces grèves mais la cherté de la vie pousse en ce sens. Dans une situation aussi complexe, une baisse minimum des prix grossie par la démagogie des soutiens de Mayer : CGT-FO et CFTC prouvant l'habileté du gouvernement et les possibilités de la conjoncture économique internationale peut être un frein sur l'influence des partis staliniens. On peut toutefois penser que l'attitude du gouvernement vis-à-vis des grévistes de Clermont-Ferrand par rapport aux grèves de novembre, c'est-à-dire la répression sanglante actuelle, indique une certaine stabilité de l'orientation de la politique actuelle du gouvernement.
Que ce soit le PCF qui influence par son idéologie la classe ouvrière ou la bourgeoisie de Mayer subordonnée à la politique américaine, il n’en est pas moins vrai que la situation française reste, y compris les événements de Clermont-Ferrand, un produit de la situation internationale.
La division économique de l'Allemagne, le manque de lait aux enfants des prolétaires Allemands de la zone occidentale, ceci dit au démontage des voies de chemin de fer par les Russes, sont autant de facteurs qui poussent vers la 3e guerre mondiale et le minimum vital de la CGT proposé aux travailleurs de Clermont-Ferrand devient lui aussi un facteur de guerre, dans le camp opposé de la bourgeoisie américaine.
C’est donc en corrélation avec la politique extérieure que doit être interprétée la manifestation d'un caractère local. La lutte contre la troisième guerre mondiale s'inscrit dans la lutte contre les idéologies des parties du capitalisme d'État : « celui de Schuman comme celui de Thorez.»
Goupil.Le gouvernement attendait une échéance en juin. Il attend aujourd'hui pour juillet et toute sa politique tend à gagner du temps jusque-là.
Cette politique était censée depuis plusieurs mois sur la situation économique et sociale, point névralgique par où passe en France les rapports mondiaux. Elle se concrétise dans le plan Mayer. Asseoir une “stabilité” relative qui consacre définitivement la misère de la classe ouvrière (son niveau de vie a été réduit de près de 50 % au cours de la guerre, dans 20% depuis la “Libération”), les scènes de cette stabilité la base d'une participation au plan Marshall de préparation à la 3e guerre mondiale, tel était début poursuivi par le gouvernement. Aujourd'hui celui-ci s'attend à ses premiers succès, il signifierait pour le capital une reprise en mains plus ferme de la situation.
Pour la première fois, un renversement de la tendance inflationniste qui domine depuis 1939 est devenu possible. Les chiffres récents de la conjoncture et les prévisions officielles semblent au moins l'indiquer.
La balance commerciale accusé en septembre un déficit de 31,22 %, en novembre de 23,58%, et en janvier-février de 33,83%. Celui-ci est tombé vers Mars à 20, 73%. La pénurie de dollars qui dominait les échanges extérieurs depuis plusieurs mois va se trouver sérieusement réduite par l'entrée en scène des crédits Marshall. Ceux- ci s'élèveront pour les 12 mois à venir à 1,131 millions de dollars. Les paiements internationaux seront donc sensiblement améliorés.
La situation financière du gouvernement s'améliore elle aussi, puisque c'est rentré (impôts arriérés et prélèvements) ce sont accrues au point qu'il a pu rembourser 2,100 millions à la Banque de France, sur avance antérieurement consenti, entre le 20 et le 27 mai.
Le poids des facteurs monétaire (extérieur et gouvernementaux) sur l'économie et donc alléger, et l'effet s'en fait sentir sur la production et les prix qui manifestent des signes nets de redressement.
La production était répartie doucement en 1946 ; elle avait stagné pendant l'été 1947, puisque l'indice était le même à fin décembre au début janvier. Or depuis le début de l'année en cours, elle a brusquement démarré pour atteindre un accroissement d'environ 30%. L’indice c'est général est aujourd'hui à 112 par rapport à 1938. Il attend 122 pour l'acier, 135 pour les produits finis, 148 pour les pneus, 150 pour le ciment. Les stocks se reconstituent à la suite de cette poussée et s'il reste en dessous du niveau normal pour l'industrie, du moins gagnent -ils baissent pour les biens de consommation. Les Grands Magasins parisiens qui travaillaient encore en janvier sur un mois et demi de stock, dispose aujourd'hui d'approvisionnement pour trois mois et espacent les commandes. Les magasins de détails se garnissent, la clientèle commence à refuser les achats. On s'attend d'autre part à une récolte très supérieure à celle de 1947, voire une chute probable des prix alimentaires.
Quant aux prix, ils ont une tendance depuis plusieurs mois à plafonner. L'indice des prix de gros qui était par rapport à 1938 à 1217 en décembre, à 1463 en janvier et à 1537 en février redescend à 1535 en mars (dernier chiffre connu). Cette baisse de 2 points porte sur les produits alimentaires, et en particulier sur le porc, les œufs et les pommes de terre. Les hausses des produits industriels se poursuivent mais au ralenti : la chaux, le ciment, et les produits semi-ouvrés non ferreux augmentent de 1,77 pour cent.
Enfin, en signe d'une extrême importance, les conditions financières des affaires commencent à se renverser elle aussi. Alors que depuis la guerre non seulement le paiement content mais le paiement à l'avance était la règle pour toutes les transactions commerciales, depuis 2 mois le crédit (généralement 90 jours) réapparaît sur une certaine échelle. Aussi les nouveaux accroissements de la circulation monétaire n'ont-ils plus pour cause les sources anciennes de la pénurie, mais l'accroissement brusque d'un portefeuille commercial dans les banques qui reflètent l'amélioration générale, l'augmentation du nombre de marchandises. Ce portefeuille qui s'était réduit à 10,161 millions en mai 1945 pour passer à 117,902 millions au 31 décembre 1947 monte à 165.313 millions au 27 mai de cette même année. L'augmentation pour le mois de mai est de 16,013 millions et elle est en même temps de 2.895 pour les chèques postaux. Or, pratiquement, l'accroissement de circulation monétaire ainsi engendré par la nécessité devant laquelle se trouve les banques te faire des avances aux industrielles et commerçants, (escompte des traites) et temps parti compenser par le remboursement des avances antérieures auxquelles le gouvernement a procédé, ainsi que par l'augmentation des comptes créditeurs. L’inflation actuelle n'a par conséquent, plus du tout le même sens que par le passé.
Le bilan de cette situation et donc le suivant : reprise de la production, accroissement du nombre de marchandises, possibilité d'une chute subite de certains prix, ou du moins d'un maintien des prix.
Dans ces conditions va-t-on au-devant d'une crise ? il faut s'entendre. Si les prix tombaient brusquement, que cycle d'inflation s'arrête cela signifierait une vague de faillite, la paralysie partielle de l'économie, le chômage, le nouvel essor de la misère au milieu d'une production invendable.
À la vérité certains symptômes apparaissent déjà. Des stocks anciens (par exemple : des tissus de 1939) commencent à surgir sur le marché. Il existe pour certains articles (c'est surtout le cas du textile) une crise de méventes. Le chômage fait son apparition et gagne. Cependant le sens de CV de ses événements ne serait pas compris si on lui donnait le sens d'une crise classique.
Il y a crise en effet lorsque le développement de l'accumulation se trouve soudainement arrêté par ses lois mêmes. Telle est la nature des crises cycliques connues par le capitalisme au cours de son histoire. Or aujourd'hui la crise est devenue nécessaire pour l'accumulation elle-même elle correspondait à une stabilisation. Une chute subite des prix signifierait un dégonflement du système parasitaire édifier sur la base de la pénurie, un arrêt partiel et momentané, entretient de la bureaucratisation. Elle entraînerait l'élimination de toute une série d'entreprises, "assainissement", la reconstruction du système du crédit. C’est une crise que le capital appelle à la fois pour restaurer ses positions économiques, et pour freiner sa chute vers le capitalisme d'État.
Ce mouvement est-ce que c'est vers le plafonnement des prix de détails et vers la chute prochaine des prix des produits alimentaires et d'ailleurs qu'une tendance. C’est-à-dire que le cours inflationniste continue néanmoins. Les échanges extérieurs qui, pratiquement, domine la situation, ne peuvent en effet être rétabli étant donné la désorganisation du marché mondial. Malgré le plan Marshall, 400 millions de dollars manquerons dans l'année qui vient à l'équilibre de la balance française des paiements. D’autre part, les nouveaux prix industriels devront incorporer ceux des matières premières importées depuis la récente d'évaluation, c'est-à-dire plus cher que par le passé (jusqu'ici l'industrie travailler encore avec des matières incorporées avant l'alignement monétaire, dont aux anciens prix). Les prix montent aux États-Unis, stimuler par l'exécution du plan Marshall comme par la nouvelle conjoncture d'armement désormais engagé, et les importations les plus importantes proviendront de ce pays. En juillet Mayer devra relever certains prix industriels par trans successives. Il devra aussi relever celui du blé ce qui aura un grand effet sur les prix de revient industriels. Les nouvelles luttes syndicales se préparent de leur côté. C’est dire que les espoirs dont se nourrissent les forces capitalistes qui suivent Mayer, d'atteindre vers la décomposition du capitalisme continue, à plus long terme. Ce ne serait ni à la bourgeoisie ni à la bureaucratie d'État qu'il appartiendra de changer quoi que ce soit.
Cependant la nouvelle tendance déflationniste qui fait son apparition en France doit retenir l'attention de l'avant-garde. Le gouvernement joue cette carte, c'est son rôle. On sent qu'il cherche à gagner le temps nécessaire pour qu'une chute de certains prix se produisent. Il s'efforce d'éviter jusque-là une nouvelle offensive des ouvriers pour les salaires. Aussi le voit-on occupé le Parlement et l'opinion publique avec des problèmes qui ne mettent pas en question le cours de la conjoncture économique : usine nationalisée, laïcité problème extérieur. Toutes ces questions font en fait diversion, quel que soit leur importance propre. Mayer veut gagner une bataille des prix engagée depuis le début de l'année. La politique mondiale du bloc anti-soviétique a besoin de cette victoire. En cas d'échec, le stalinisme trouverait une nouvelle et sérieuse possibilité d'intervenir et de bouleverser l'exécution du plan Marshall, c'est-à-dire la préparation de la guerre contre le Kremlin. La stabilisation économique de l'Europe de l'Ouest et aujourd'hui nécessaire pour le camp de l'impérialisme américain. Elle commande la politique en Europe. Surtout le continent, la guerre des deux camps prend avant tout, au cours de ces mois d'été, la forme d'une guerre économique (réforme monétaire allemande, aide à l'Europe, trizone, etc.) c'est par là que passe actuellement la préparation effective de la guerre pour plus tard. Or la France est un point névralgique à cet égard.
Par conséquent ce que l'avant-garde révolutionnaire doit considérer, c'est la manière dont le cours vers la guerre pourrait passer au moins temporairement par de nouvelles voies. Jusqu’ici l'écrasement de la classe ouvrière se faisait par l'inflation ; aujourd'hui elle cherche à se réaliser par la déflation.
Les ouvriers doivent prendre conscience que dans l'un et l'autre cas il s'agit d'une politique de guerre de la préparation active au troisième carnage mondial. Une chute des prix si elle s'avérait possible demain servirait tout autant -et l'asservissement de la classe ouvrière, à l'État et sa soumission aux deux blocs mondiaux que ne le faisait hier la lutte bureaucratique pour les salaires. Le marché de consommation atteignant une certaine saturation avec la réduction du niveau de vie ouvrier, certaines entreprises se ferment, et certaines activités cessantes, ce serait autant de ressources disponibles pour l'armement. Les chômeurs créés par la chute des prix fourniraient de nouveaux ouvriers d'arsenaux. Par conséquent l'avant-garde doit mettre en garde la classe ouvrière contre l'”option tragique” entre l'un ou l'autre des cours économiques. Elle doit démasquer toutes les organisations syndicales, qu'elle fasse miroiter la baisse des prix ou la hausse des salaires. Elle doit à l'avance expliquer comment les nouvelles luttes sociales qui sont en vue -elles sont peut-être imminentes- n'auront pas pour objectif les aspirations de classe du prolétariat, mais la préparation de la guerre, l'épreuve de force économique et politique par laquelle les deux blocs mettent en place leur dispositif d'agression.
Face aux difficultés les efforts du capitalisme pour survivre économiquement, l'avant-garde doit continuer avant tout sa lutte révolutionnaire contre la guerre.
Morel
Nous nous proposons dans cet article, de faire un rapide tour d'horizon des différents groupements qui sont réclament en France du prolétariat ou agissent en son sein, et de leurs positions politiques respectives. Nous avons fait autrefois une telle étude détaillée[1]. Mais les événements se succèdent à un rythme si rapide à notre époque, que trois années suffisent à vérifier et à bouleverser les positions et prévisions des uns et des autres, et justifie une nouvelle est nécessaire remise à jour de la géographie politique.
Il faut en tout premier lieu souligner l'effondrement total des illusions sur la paix. La bourgeoisie, aussi bien que les ouvriers croyaient qu'une ère de paix suivrait la fin de la deuxième guerre mondiale. Cette croyance était fondée pour la bourgeoisie sur le fait de l'écrasement et de l'évincement du marché mondial des principales puissances impérialistes concurrentes qu’était l'Allemagne et le Japon. Pour les ouvriers, cette croyance s'appuyait sur "l'écrasement" du fascisme, qu'on lui avait enseigné être la principale, sinon l'unique source des guerres modernes. Même si on ne croyait pas que la victoire des Alliés mettait fin à jamais à la guerre, on s'accordait les uns et les autres, au moins pour une période assez longue, la guerre ferait place à une entente, à une collaboration et au règlement pacifique des conflits éventuels entre États. Cette illusion d'une période plus ou moins longue de paix fut si répandue, pendant les mois précédents et suivant la fin de la deuxième guerre, qu'elle fut partagée par la plupart des petits groupes révolutionnaires comme la F.F.G.C. l'expérience a fait table rase de ces illusions et a confondu ceux qui en avaient fait leur perspective et bâti toutes sortes de théories qui se sont effondrées comme des châteaux de cartes. Aujourd'hui, tout le monde sait que ce n'est point une période de paix, mais simplement la fin d'une phase de la guerre, celle qui avait pour antagonistes l'Allemagne et le Japon, et le commencement d'une nouvelle phase. Le cours de guerre continue. La production de guerre se poursuit, l'économie de guerre n'a pas été interrompue.
Incontestablement, le parti stalinien était et reste encore, le parti politique exerçant une influence prépondérante sur la classe ouvrière.
C’est cette influence qui faisait toute sa force, son rôle politique depuis la Libération et considérable.
Cependant, et cela était facile à prévoir, le stalinisme a perdu, et pour longtemps, sa place à la direction des affaires publiques en France, et de parti gouvernemental, sur le point de réclamer et d'espérer l'honneur de la présidence du conseil, il est aujourd'hui le parti de l'opposition.
Ce changement de position du parti stalinien face au gouvernement et du gouvernement face aux staliniens n'exprime pas comme ils le prétendent une rupture entre le gouvernement et le prolétariat une évolution réactionnaire anti-ouvrière de la politique gouvernementale. Et cela pour deux raisons : d'abord pas, parce que le gouvernement depuis la “Libération” n'a jamais eu comme politique sociale différente ni moins réactionnaire, ni plus pro-ouvrière ; ensuite parce que le parti stalinien ne personnifie pas, ni les intérêts immédiats, ni les aspirations générales du prolétariat. On ne peut rompre avec ce qui n’a jamais existé. Cette fable qui sert beaucoup à la campagne de démagogie des staliniens, n’est prise au sérieux que par les trotskistes. Pour ces derniers, le parti stalinien est un parti ouvrier hélas opportuniste, tout comme l’Etat russe est un état prolétarien mais dégénéré. Ce qu’il reproche et combattent dans le parti stalinien c’est son “opportunisme” mais il ne met pas un instant en doute “sa nature, son essence” prolétarienne[2].
Identifiant P.C. et classe ouvrière, ils réclament un gouvernement ouvrier, c'est-à-dire stalinien. De même, voient-ils dans l'écartement du P.C. du pouvoir, une défaite de la classe ouvrière, et le considèrent comme leur propre défaite. Mais les trotskystes qui sont si soucieux et si empressé de faire “faire l'expérience” aux ouvriers, ferait peut-être mieux de comprendre d'abord celle que nous avons vécu pendant les deux années où les staliniens étaient au gouvernement. Toute la politique anti-ouvrière de blocage des salaires, d'augmentation du rendement du travail, de la baisse du niveau de vie des masses et de leur surexploitation, a été dirigée par les P.C. au gouvernement avec une force et une maîtrise rarement égalée par les ministres plus réactionnaires. La presse bourgeoise, à l'époque, ne tarissait pas d'éloges “les hommes d'État” qu’étaient Thorez et ses amis, qui dans la défense des intérêts du capitalisme français se montraient au moins aussi fidèles et aussi énergiques que les socialistes.
Et pas plus que les l’évincement des staliniens de leur postes gouvernementaux ne signifie on ne sait quelle frustration des masses ouvrières de la victoire “commune” remportée sur le fascisme allemand, pas davantage leur participation au gouvernement ne reposait sur la pression ouvrière. Ces analyses, qui voulaient que le tripartisme ait été imposé à la bourgeoisie en fonction de la pression des masses ouvrières et de leur mécontentement, comme l'expliquèrent les trotskystes et la F.F.G.C. se sont avérés des schémas en l'air qui, à défaut d'expliquer la réalité, avait pour unique mérite de contenter ceux qui les professaient, de faire des efforts de compréhension de la réalité.
À aucun moment le capitalisme français n'a été menacé par ce mécontentement des ouvriers, à aucun moment il n'avait subi leur pression au point d'être obligé de composer avec ceux qui les auraient représentés. Tout cela n'existait que dans les cerveaux de la F.F.G.C qui voyaient la radicalisation des masses, et une prise de conscience révolutionnaire, précisément au moment où la conscience de classe ne faisait que s'éclipser et disparaître. Bien sûr que le P.C. a largement contribué à maintenir l'ordre et à soumettre les ouvriers à cet ordre, mais cela ne signifie nullement que cet ordre ait été menacé, ni que la présence du P.C. au pouvoir était indispensable pour y faire face. Si cependant le parti stalinien a trouvé sa place dans le tripartisme, c'est parce qu'il existait alors des conditions rendant possible et nécessaire l'unité du capitalisme français. Ces conditions étaient la défense de ses intérêts non pas face à des chimériques menaces venant du prolétariat, mais face aux autres États et la volonté du capitalisme français d'assurer la reconstruction de son économie nationale, et de prendre une part plus large possible dans le brigandage de l'impérialisme allemand vaincu. Sur ce plan, une unité complète existait entre le Parti national stalinien et les autres partis nationaux du capitalisme français. Cette unité existait encore sur la nécessité d'opérer des réformes de structure indispensable avec l'évolution générale du capitalisme vers la forme du capitalisme d'État.
Mais là s'arrête l'unité, et les divergences commencent sur la manière d'opérer ces transformations structurelles vers le capitalisme d'état, divergences qui met en opposition les intérêts des couches différentes cherchant à tirer pour elle le maximum de bénéfice des transformations à opérer.
Les nationalisations, c'est-à-dire la structure étatique de l'économie est une nécessité générale du capitalisme moderne. Cette transformation et le fondement structurel aussi bien des régimes staliniens, fascistes que démocratiques, aussi bien pour des pays riches comme les États-Unis et l'Angleterre, mais avec un rythme plus long que pour des pays pauvres “prolétaires” qu'étaient la Russie, l'Allemagne et l'Italie. Le capitalisme d'État à ceci de caractéristiques que les privilèges de classe ne reposent pas, du moins, sur la notion juridique de la possession privée du capital, mais sur la position fonctionnelle dans le procès du capital. L'élimination nécessaire du capitalisme privé anachronique au bénéfice du technicien et fonctionnaire du capital, peut se faire, soit lentement par son incorporation progressive et son assimilation dans la nouvelle structure, comme aux États-Unis et en Europe occidentale, soit brusquement par son expulsion brutale de ses positions privilégiées et la formation de la classe privilégiée par les individualités nouvelles comme en Russie et en Europe Orientale d'aucuns voient dans ce processus à la lumière de cette deuxième modalité un changement social fondamental, la disparition du capitalisme et l'avènement d'une nouvelle société : la société directoriale. C'est là une conception très vulgaire de la société capitaliste -qui est un système économique fondé sur l'existence du capital et sur les rapports entre capital et travail engendrant la classe salariée et la classe capitaliste- et qui voit au contraire dans l'existence des individualités privés capitalistes le fondement du système économique capitaliste. C'est une conception ou la réalité marche sur la tête et l'accessoire devient le principal[3]. On voit que l’unité de fond sur l’étatisation indispensable de l'économie peut cependant entraîner des divergences sérieuses sur les rythmes du processus. Les couches sociales les moins liées aux anciennes formes structurelles du capitalisme sont d'autant plus partisanes des rythmes accélérés que dans cette accélération elle voit l'occasion historique favorable à se substituer en groupe aux individualités capitalistes privés et à prendre leur place individuellement dans la classe privilégiée. C'est cela que représente le parti stalinien et son opposition aux autres vieux partis politiques qui bien plus que lui ont des attaches avec les anciennes formes et couches du capitalisme privé monopoliste.
C'est encore en cela que réside leur dynamisme et impatience et le secret de leur influence sur les ouvriers encore imbus des conceptions du passé. Et dans ce fait réside également la raison de la plus grande sympathie portée par les P.C. à la Russie dont les origines, la tradition et le langage idéologique sont les mêmes que les siens et font leur communauté. Mais cependant si le P.C. se fait le protagoniste l'incorporation de la France dans le bloc russe cela n'est pas parce qu'il représenterait face au bloc américain, une opposition de classe, (ni de la classe du prolétariat, ni de la classe fantaisiste “techno-bureaucratique” anticapitaliste[4]) pas plus que l'antagonisme Russo-américain ne représente une opposition de classe, pas plus que la guerre commune entre la Russie et les États-Unis contre l'Allemagne n'était une guerre de classe.
Les plans d'après lesquels se font les groupements de blocs internationaux dans d'autres bases que les intérêts capitalistes nationaux et les calculs plus ou moins bien fait pour les défendre. Aussi est-il stupide de représenter les P.C. comme une agence de l'étranger, une cinquième colonne. Cela a exactement autant de valeur que de présenter le R.P.F. ou les socialistes comme la cinquième colonne des États-Unis. L’acceptation ou le rejet du plan Marshall peut très bien se disputer sur un plan strictement économique, d'un point de vue de l'intérêt du capital national. Le développement du chômage en France comme dans d'autres pays de l'Europe occidentale et sa non existence dans les pays du bloc oriental peuvent insister bien des capitalistes à des réflexions d'un point de vue d'intérêt strictement national. La répugnance et même l'hostilité à accepter la soumission aux États-Unis, sans même parler de la soumission à l'Angleterre, ne sont d'ailleurs pas propre ou stalinien, elles sont partagées par bien des hommes politiques du capitalisme français point
L'intégration forcée de la France sous la pression des Etats-Unis, dans le bloc occidental, et la possibilité d'une évolution moins retarde vers le capitalisme d'État, on fait évincer le P.C. des postes de l'État et son rejet dans l'opposition. Chemin faisant, les positions solides acquises au lendemain de la guerre par le P.C. ont été sérieusement ébranlées. Il a perdu tous ses points d'appui dans les rouages de l'État et son influence dans les masses ouvrières a été profondément sapée après avoir été patiemment minée. La scission de la C.G.T. qu'il dominait, l’a sérieusement affaibli. Ces dernières tentatives d'usées et d'exploiter mais revendications économiques ont fait fiasco et ont montré que le P.C. a perdu suffisamment de force pour le rendre incapable de déclencher à volonté et de promouvoir des mouvements massifs de grève comme il l'avait fait dans le second semestre 1947.
Son influence et non seulement stopper mais va en décroissant et suivra probablement cette courbe jusqu'à la prochaine guerre mondiale.
Si la courbe du stalinisme marque nettement une tendance fléchissante, il en est tout autrement pour les socialistes, qui ont incontestablement renforcé leur position.
Il faut d'abord tenir compte de la différence de mesure qu'il y a à appliquer aux socialistes et aux staliniens. La force des premiers et dans leur nombre et dans leur dynamisme, pour les socialistes elle est au contraire dans la routine et dans l'”élite politique”, c'est-à-dire dans les postes étatiques occupés par personnel spécialisé et entraîné à cette besogne.
Dans ce domaine, les socialistes détiennent les positions clés et sans le centre de l'équilibre de la politique intérieure, extérieure et coloniale du capitalisme français.
Mais il y a mieux, le Parti socialiste a su s'organiser de façon à fournir des équipes spécialisées pour les fronts divers de son activité. Blum reste la conscience et le conseiller occulte du chef de l'état, de la présidence du conseil, et du Quai d'Orsay. Les élus parlementaires conseillé de la République et autres ont de leur côté la fonction d'assurer et de diriger l'appareil étatique et la vie politique active quant aux tâches de l'organisation du parti, de sa propagande et de ses rapports avec les masses, elles sont confiées à des militants plus jeunes, plus dynamiques, plus gauchiste. La force des staliniens et leur monolithisme, celles des socialistes c'est leur diversité. La tactique stalinienne consiste à frapper l'adversaire avec ensemble, comme un seul corps rigide, celle des socialistes au contraire et la souplesse et l'enveloppement patient de l'adversaire. Aussi comme étant une grave erreur en considérant les luttes de tendance, et même les petites crises organisationnelles au sein de la S.F.I.O. comme des signes de son affaiblissement. Les trotskistes qui ont toujours compté dessus et énoncé régulièrement l'effondrement de la S.F.I.O. en sont pour leur frais, ces espoirs déçus des trotskistes ne sont pas la moindre des causes de leur propre effondrement.
Les luttes de tendance au sein de la S.F.I.O. sont la plus sûre soupape de sûreté, et le moyen le meilleur d'utiliser le dévouement des militants ouvriers en entretenant et exploitant leur illusion naïve sur un éventuel changement de la politique du parti socialiste.
Quand, par hasard, des petites tendances gauchistes deviennent par trop turbulentes, le Parti socialiste sait s'en débarrasser et après les avoir usées à fond à l'intérieur, il les rejette vide de toute substance. Le Parti socialiste n'est pas un milieu de fermentation idéologique, mais le milieu spécifique où se fait l'évaporation inoffensive des aspirations socialistes. Aussi depuis 30 ans plus aucun courant révolutionnaire prolétarien n'a pu se former en son sein, ni en sortir. Par contre il a servi de vastes dépotoirs ou échouèrent par centaines et milliers des vieux militants venus de la 3e internationale où ils furent déjà à moitié brisés par le stalinisme. C'est dans ce marais stagnant et boueux, que viennent achever leur décomposition les militants venus du stalinisme et du trotskisme dont les dépôts formeront la gauche socialiste. C'est là que, surtout, seront puisés les éléments pour la constitution des cadres moyens du Parti socialiste. Il est frappant à première vue de constater le pourcentage énorme que constituent les transfuges du trotskisme et du stalinisme au sein des organismes dirigeants de la S.F.I.O. Les Roux, Robert, Ferrat, Barre, L’huillier, Pivert, etc.
Abandonnant la politique générale aux vieux parlementaires, à qui, de congrès en congrès on fait des semonces, la gauche a pris sur elle la redoutable tâche de disputer les ouvriers aux staliniens. Pour cette œuvre ils étaient largement favorisés par la conjoncture politique internationale ou souffle puissamment un vent hystérique d’anti-stalinisme.
L'exaspération de l'antagoniste États-Unis URSS et l'approche de la guerre, crée un climat psychologique extrêmement favorable dans les pays de l'Europe occidentale à la mobilisation contre le totalitarisme russe, et à l'anti-stalinisme enragé. Dans tous les milieux sociaux mais surtout dans la petite bourgeoisie intellectualisante qui était plutôt stalinisante à la fin de la guerre, on assiste à un renversement de tendance. Qui par panique ou par préférence, qui par désespoir ou par crainte, qui part ambition de faire carrière ou par rancune, pour raison du “moindre mal” ou au nom du “cas particulier” tout le monde, et surtout ceux qui aiment être toujours du côté du plus fort, ont enfourché le dada de la guerre sainte contre le stalinisme. En tête de cette armée avec la bénédiction du Pape à Rome, et le secours de Wall Street, vient le Parti socialiste.
Et ces succès sont certains. En alliance avec le syndicalisme réformiste de Jouhaux et avec la complicité du syndicalisme dit révolutionnaire de Monatte, les socialistes viennent de réussir un coup de maître en scissionnant la C.G.T. ayant constituant une nouvelle centrale syndicale dans la seule raison d'être et sa lutte contre le stalinisme.
La CGT-F.O. a fait d’incontestable progrès depuis sa constitution et on peut, sans hésiter, prédire son développement numérique ultérieure aux dépens de la centrale syndicale des staliniens. Déjà, sur le plan de la collaboration avec les organismes étatique et les commissions paritaires, la nouvelle centrale à évincer l'ancienne et s’est substituée à elle. Elle est en passe d'être reconnu, en fait, pour l'organisation syndicale la plus représentative.
Le Parti socialiste a pu, sans grand dommage, abandonné ses groupes socialistes d'usine, qui d'ailleurs ne rendait pas. La centrale syndicale F.O. est un levier autrement plus puissant pour l'action dans les masses, et présente encore cet autre avantage qu'il décharge les militants socialistes proprement dit du poids de ce travail. L’action stalinienne dans les usines se trouve freinée et souvent paralysée totalement par l’intervention des syndicats F.O., ce que les groupes socialistes d'usine ne pouvait faire. Le gouvernement et le ministre du Travail socialiste peuvent s'appuyer et utiliser avec grand succès la politique de baisse des prix préconisé par la F.O. pour contrecarrer la campagne pour la hausse des salaires, entreprise par la C.G.T. stalinienne. Et, bien que le pouvoir d'achat des salaires ne fait que diminuer, les tentatives staliniennes pour déclencher des moments de grève n'ont pas rencontré un écho favorable parmi les ouvriers. Un évènement tel que la lutte sanglante de Clermont-Ferrand, qui a mis en mémoire de large couche d'ouvriers dans tout le pays, s'est liquidé rapidement sans produire les effets escomptés par les staliniens. Peu importe alors, que le Parti socialiste perde des adhérents, cela est largement compensé par la réduction de la puissance et de l'influence des staliniens, et traduit d'autre part l'état amorphe générale des ouvriers.
On sait que le "populaire", organe central du parti socialiste, se trouve dans une situation financière particulièrement difficile et il a même été question de son changement de journal quotidien en journal bi-hebdomadaire. Mais il serait cependant erroné de vouloir tirer de ces faits la conclusion d'un affaiblissement de ses positions et de son influence. Bien plus significative est le fait que les socialistes aient pu organiser séparément des staliniens une manifestation commémorative au mur des fédérés -ce qu'ils n'ont pu faire depuis 1934- et que cette manifestation groupait des milliers d'ouvriers de Paris.
Par la troisième force qu'il anime le Parti socialiste reste l'axe de la politique française sur le plan parlementaire et gouvernemental. En même temps il se fait l'animateur de rassemblement populaire, appendice extra parlementaire de la troisième force. Ainsi s’est tenu récemment à Puteaux une conférence des États-Unis socialistes d'Europe et des peuples coloniaux sous la direction de Marceau Pivert et avec la participation spéculaire de Léon Blum. Cette conférence qui, cela va de soi, n’apporte rien, est destiné à disputer sur le plan européen et dans les colonies, l'influence aux Churchill et consort, autre moteur des États-Unis d'Europe, qui viennent de tenir une conférence à La Haye.
D'autre part et sur le plan national, les dirigeants gauchistes de la S.F.I.O. ont pris l'initiative de créer le fameux Rassemblement Démocratique Révolutionnaire, autre appendice dont nous parlerons plus loin.
Le congrès socialiste qui doit se tenir les jours prochains nous montrera, non pas une crise interne, comme certains le prévoient, mais au contraire une plus grande unité et stabilité de ce parti. La pression stalinienne qui existait au dernier congrès socialiste de Lyon a été liquidé par l'élimination de la tendance à la Bataille socialiste sans que cette élimination ait le moins du monde troubler la vie et l'influence du P.S. Depuis sa constitution en organisation autonome, cette tendance a d'ailleurs montré qu'elle ne représentait rien, n'ayant personne derrière elle, sinon une petite clique de quelques politiciens corrompus, et dont la seule raison d'exister et de servir de vis à vis au Staline pour la démagogie de front unique communiste socialiste.
Ceux qui prétendaient que les parties socialistes n'étaient que des survivants d'une période passée doivent revoir sérieusement leur analyse. En réalité les parties socialistes se regroupent sur le plan international (voir les conférences pour la reconstitution de la 2ème Internationale) et se renforce dans certains pays où dépend des staliniens et stalinisants (voir la victoire du parti de Saragat aux dernières élections en Italie). Cela n'est pas fait du hasard. Les partis socialistes remplissent une fonction importante pour la conservation et la transformation interne du capitalisme. Et en tant que tels ils ne disparaîtront de la scène politique qu'avec la destruction du régime capitaliste.
Avec les parties communistes et socialiste et leur succursale syndicale, nous avons vu les formations politiques qui, agissent exercent une influence réelle dans les brasses ouvrières.
O0O0O
Dans le prochain numéro nous poursuivrons notre examen de la géographie politique et verront plus spécialement les forces et les positions politiques respectives des groupements secondaires et petit groupe dans l'ensemble des influences et quasi nul, mais qui cependant pour se donner l'illusion d'agir sur les oreillers, s'agite et son de temps en temps secouer par les grandes tempêtes des petits verres d'eau.
Marc
[1] Voir « internationalisme » n° 3, d'avril 1945
[2] “...L'expérience dans les usines montrent que c'est précisément aux solutions fondamentales que les ouvriers prêtent l'oreille...
... là se trouve la base sociale de la croissance des partis staliniens. Les partis staliniens dans lesquels ce mouvement (de masse) se concrétisent ne sont pas des organisations politiques dans le vieux sens du terme. Derrière l'écran de fumée du parlementarisme démocratique en France et en Italie, ce sont des organisations sociales. Elles symbolisent la plus profonde révolte des masses que nous ayons jamais vu contre le capitalisme…”
Ces lignes ne sont pas, comme on pourrait le croire, des citations d'écrits staliniens, mais l'extrait d'une brochure de la tendance anti-défensiste de l'URSS dans le parti trotskiste américain de Cannon : “... la force motrice des partis communistes en Europe occidentale et centrer sur l'attaque du capitalisme...
[3] A la place d'expliquer le capitalisme par le capital, les protagonistes de cette théorie font découler le capital du capitalisme privé. Pas étonnant alors qu'il voit dans les modifications de position de la classe capitaliste et dans la recomposition individuelle nouvelle que subit cette classe la fin du système capitaliste lui-même.
[4] Un exemple entre mille : alors que l'organe du P.C. arborait à l'occasion du Premier mai la Marianne tricolore, l'organe du R.P.F. publiait pour la même circonstance, en première page un grand portrait de... Karl Marx. Des deux qui est l'Anti-capitaliste ?
La décadence du capitalisme a pris la forme du capitalisme d'État et celui-ci produit ses manifestations extrêmes dans les pays les plus ruinés par la guerre. Ce serait ne rien comprendre à ce nouveau changement structurel du régime que de croire les destructions militaires nécessaires pour qu'il s'affirme. La guerre est aujourd'hui le mode économique de vie du capitalisme mondial. Elle fournit l'orientation appropriée à l'usage d'une plus-value trop faible par rapport à la composition organique du capital, mais dont l'investissement est néanmoins limité par des restrictions monopolistes. C’est dans la loi de la valeur, dans ces conditions sociales, que le régime économique du capital trouve les fondements de sa transformation vers l'État et vers la guerre permanente.
Une nouvelle preuve vient d'être donnée qu'un pays éloigné des théâtres militaires s'oriente nécessairement, aujourd'hui, vers le capitalisme d'État. Cette preuve, c'est le changement de majorité opéré lors des récentes élections d'Afrique du Sud, et le programme pour lequel se battait la nouvelle majorité.
Malan est aujourd’hui élu à la tête d'une coalition de nationalistes et d'africanders. Smuts, le vieux militaire Boer qui devint, après avoir été défait par l'Angleterre, un pilier de l'Empire britannique, et contraint de se retirer. Il cède la place à un gouvernement plus réactionnaire encore que celui qu'il présidait, à des gens qui pendant la Deuxième guerre mondiale virent du meilleur œil l'entreprise idéologique et politique des nazis.
Or, quel est le programme social de ces nouveaux flux ? Il tient dans deux mots : racisme et nationalisation.
Le racisme a toujours sévi dans les mondes de peuplement jeune, en particulier anglo-saxon. Mais il l'a pris une extension et une signification historique que depuis l'impérialisme. En effet, même l'esclavage des anciennes colonies de l'époque commerciale ne comportait pas, à proprement parler, de racisme. On sait que les maîtres ne dédaignaient pas les peaux noires de leur cheptel féminin. Ce n'est qu'avec la substitution du salariat à l'esclavage et le malthusianisme monopoliste que le racisme s'installe sur la scène de l'histoire. Par exemple, ce n'est que bien après la guerre civile que le racisme apparut contre les nerfs aux États-Unis.
Ce phénomène suppose donc que la décadence capitaliste soit posée par le monopole. Mais les dernières années ont montré qu'il prend une ampleur mondiale lorsque cette décadence s'affirme et que le capital monopoliste commence à fusionner avec l'État. C’est en effet depuis la première guerre mondiale, surtout depuis 1933 parenthèses l'année de l'avènement d'Hitler (que le racisme s'est étendu universellement, en particulier sur la vieille Europe libérale. La deuxième guerre mondiale nous a livré d'assaut, Auschwitz, les chorus de travail forcé, les déportations de minorité ethniques ou nationale par les deux camps sur une échelle de masse (juif, polonais, Laura, on voit, caucasien, allemand de la Volga et des Sudètes, japonais des États-Unis, etc.…) bref, le capitalisme d'État a créé une société concentrationnaire fondé sur les discriminations ethniques.
C’est de cela dont il s'agit aujourd'hui en Afrique du Sud en pleine période de “paix”. Déjà, dans ce pays, 2,300,000 blancs voté seul à l'heure que 7,700,000 Bantous (les indigènes africains), 282,000 hindous et 900,000 métis n'avaient -parce que “colored people”, aucun droit politique. Le Bantous était relégué dans des réserves comptant pour 13 % du territoire alors qu'il représentait 77 % de la population. Il ne pouvait en sortir qu'après avoir conclu des contrats qui en faisaient des demi-esclaves, notamment dans les mines d’or et de diamants. Quand ils fuyaient, la police entreprenait la chasse à l'homme et ramenait les fugitifs dans les réserves. Or l'histoire voulut que cela ne suffise pas.
Smuts est tombé en partie pour avoir voulu “aménager” dans un sens “libéral” cette politique raciste que lui-même avait conduite au gouvernement. Les jours qui précédèrent l'élection via une explosion d'antisémitisme, parce que le vieux bureaucrate militaire avait reconnu le nouvel État d'Israël dont l'avènement n'était lui-même qu'une autre expression du racisme. Le gouvernement issu de l'élection entend aujourd'hui (tel est son projet avoué) rassembler tous les noirs dans une réserve, tous les métis dans une autre, et isoler les hindous. Rien que cela !
Cette politique, l'expérience dira si, tout en suivant la ligne d'une “nécessité” économique de l'impérialisme, elle ne se heurtera pas à son tour à des limites imposées par cette même nécessité. Toujours est-il que ces mesures sont prévues en même temps que le deuxième point du programme de Malan : les nationalisations.
La puissance essentielle du capital sud-africain siège dans ses mines d’or. En 60 ans, elles ont produit 15 milliards de dollars de métal, soit 40% du stock mondial actuel. Elles distribuent chaque année 38 millions de dollars de dividendes. Là ce fait l'essentiel de l'exploitation du travail sur laquelle se fonde l'oligarchie du Cap. Ce sont ces mines que le programme de Malan projeté formellement de nationaliser.
Après sa victoire, Malan a semblé revenir en partie sur ce programme. Mais ce fut pour dire au correspondant du “Financial Times” :
“il faut mettre un frein à l'épuisement (des mines) pour un gain économique temporaire d’une telle richesse nationale. Le parti nationaliste assujettira les monopoles et les cartels au contrôle de l'État, tout en reconnaissant les droits de la propriété et de l'entreprise privée”.
Par conséquent, s'il advenait -et ce n'est pas encore prouvé- que le nouveau gouvernement renonça à nationaliser les mines, ce serait de toute façon pour les faire passer sous le contrôle de l'État. Et cette mesure, pourtant limitée, prendrait tout son sens, puisque les nationalisations sont déjà étendues, les mines, les banques, transports, aciéries appartenant depuis plusieurs années à l'État.
Tel est le sort de l'Union sud-africaine. Bien qu'elle soit à l'autre bout de la terre, elle glisse tout comme les autres pays vers le capitalisme d'État. Là comme ailleurs, la guerre impérialiste mondial, à laquelle l'Union a participé, a été l'expression, et à son tour le prétexte apparent de ce glissement. Mais l'application profonde se trouve ailleurs : la rentabilité du travail minier a atteint son plafond. Malon l'exprime en parlant d'épuisement des gisements. Il invoque ainsi la chute des rendements physiques de l'entreprise au lieu de se référer à celle du rendement de l'exploitation du travail. La vérité est que le capital sud-africain a lui aussi atteint son niveau maximum d'expansion et qu'il se trouve désormais engagé dans la décadence économique mondiale.
Il est... disons “réconfortant” (?) de voir qu'un régime féroce et un gouvernement ultra-réactionnaire poursuit l'expropriation des capitalistes privés. C’est un soufflet (on peut douter d'ailleurs qu'il le comprennent) à ceux qui falsifient la conscience de la classe ouvrière en brandissant l'arme de la propriété d'État. Ils lui font croire que ces mesures ne peuvent être le fait que de gouvernements travaillistes et “socialistes”, ou de prétendu “démocratie populaire”, et qu'elles acquièrent pour notre époque une portée révolutionnaire. En réalité le capital universel fusionne avec l'État à une échelle mondiale, totale. Ce phénomène est l'avènement d'une barbarie sans précédent à laquelle seul à prolétariat révolutionnaire peut apporter la réponse. Voilà ce qu’on n’abusera jamais de répéter !
Morel
Sur la base de divers comptes-rendus, écrits et oraux, on peut se faire une idée assez précise de ce qu'a été le congrès du PCI d'Italie.
Nous avons d'abord celui publié dans notre dernier internationalisme, qui donne une idée assez complète des débats du Congrès.
Dans la "Battaglia Communista" organe du PCI d'Italie et dans “l'internationaliste” organe de la fraction belge nous trouvons des articles traitant des travaux du Congrès.
Enfin la réunion publique organisée par la fraction française.
L'impression générale qui se dégage est comme l'a écrit le camarade Bernard en tête de son article, que cela "AURAIT PU NE PAS ÊTRE UN CONGRÈS CAR LES PROBLÈMES TRAITÉS L'ONT ÉTÉ D'UNE MANIÈRE PLUTÔT ÉTRIQUÉE."
Pour s'en convaincre il suffit de lire la presse du PCI d'Italie, et de ces sections en Belgique et en France. La déléguée de France a dit dans son compte-rendu oral : "LE CONGRÈS N'A TRAITÉ D'AUCUN DES PROBLÈMES FONDAMENTAUX, N'A FAIT AUCUNE ANALYSE POUSSÉE DE L'ÉVOLUTION ACTUELLE DU CAPITALISME ET DE SES PERSPECTIVES, DE TOUT SON ORDRE DU JOUR IL N'A DISCUTÉ QUE LES POSSIBILITÉS D'ACTION DU PARTI DANS LA SITUATION PRÉSENTE.” De son côté, la fraction belge, dans son dernier bulletin, consacre au Congrès un article d'une petite page ronéotypé dans lequel elle se contente de donner "RÉSUMÉ GROSSO MODO, LES DEUX TENDANCES QUI SE RÉVÉLÈRENT AU CONGRÈS » et conclure que celui-ci a décidé "D'ENTREPRENDRE UNE DISCUSSION APPROFONDIE SUR L'ANALYSE DU CAPITALISME DANS SON STADE ACTUEL."
Que nous sommes loin des fanfaronnades qui accompagnèrent la formation du parti en 1945, des salutations enthousiastes et grandiloquentes sur la "RECONSTRUCTION DU PREMIER PARTI DE CLASSE DANS LE MONDE PAR LE PROLÉTARIAT ITALIEN," et de tout le bluff qui a continué pendant deux années autour de l'activité et des succès de masse de ce parti.
Aujourd'hui, le résultat de trois années d'activisme a ramené les camarades à plus de modestie et à des réflexions plutôt amères, malgré certains jeunes néophytes comme la déléguée française qui ne peut terminer son compte-rendu sans finir, comme c’est la tradition en Russie, par cette phrase : "ET NOUS DISONS MERCI AU PCI D'ITALIE".
Pendant la première période, le parti c'est laisser griser par son recrutement. À ce recrutement il a sacrifié la clarté des positions politiques, évitant de pousser trop à fond les problèmes pour ne pas "gênés" la campagne de recrutement, et à ne pas "troubler" les adhérents déjà acquis. Farouchement et catégoriquement il a tenu à ne pas porter, ni devant les ouvriers, ni devant les membres du parti, ni devant la conférence constitutive de fin 1945 la discussion sur la lamentable expérience de la participation d'une de ces sections et des camarades, futurs dirigeants du parti, au comité de coalition antifasciste italien de Bruxelles. Expérience qui a duré depuis la Libération jusqu'à la fin de la guerre et que ces camarades continuèrent à revendiquer comme politique juste et révolutionnaire. Toujours pour ne pas "gêner" le recrutement et peut-être aussi parce qu'on a soi-même partagé cette conception (ce qui serait encore plus grave) qui faisait partie de ses organismes militaires qui étaient les diverses formations armées de la Résistance. A leur sujet, la plateforme du parti adoptée à la conférence de 1945 dit :
"EN CE QUI CONCERNE LA LUTTE PARTISANE ET PATRIOTIQUE CONTRE LES ALLEMANDS ET LES FASCISTES, LE PARTI DENONCE LA MANŒUVRE DE LA BOURGEOISIE INTERNATIONALE ET NATIONALE QUI, AVEC SA PROPAGANDE POUR LA RENAISSANCE D'UN MILITARISME D'ÉTAT OFFICIEL (PROPAGANDE QU'ELLE SAIT VIDE DE SENS ?) VISE A DISSOUDRE ET A LIQUIDER LES ORGANISATIONS VOLONTAIRES DE CETTE LUTTE QUI DANS BEAUCOUP DE PAYS ONT DEJA ETE ATTAQUES PAR LA REPRESSION ARMEE."
Et tout en mettant en garde contre les illusions suscitées par ces organisations parmi les ouvriers, la plateforme les caractérise ainsi :
“CES MOUVEMENTS QUI N'ONT PAS UNE ORIENTATION POLITIQUE SUFFISANTE ( A PART D'ETRE PARTISANE ET PATRIOTIQUE, QUE FALLAIT-IL DONC DE PLUS AU PCI ?) EXPRIMENT TOUT AU PLUS LA TENDANCE DE GROUPES PROLETARIENS LOCAUX A S'ORGANISER ET A S'ARMER POUR CONQUERIR ET CONSERVER LE CONTROLE DES SITUATIONS LOCALES ET DONC DU POUVOIR.”
Ainsi pour ne pas risquer sa popularité et les possibilités de son recrutement, le parti s'est gardé de les dénoncer pour ce qu'elle était réellement, et pour le rôle qu'elle jouait, et a préféré flatter les ouvriers de “CES TENDANCES QUI CONSTITUENT UN FAIT HISTORIQUE DE PREMIER ORDRE.”
Tout aussi bien que sur cette question, le PCI n'a pas eu le souci de pousser plus à fond l'analyse de l'évolution du capitalisme moderne. Nous trouvons, bien sûr, et même très couramment l'affirmation que le capitalisme évolue vers une forme nouvelle, le capitalisme d'État, mais le parti n'avait pas pour autant une idée précise de ce qu'est exactement le capitalisme d'État, ce que signifie historiquement et de ce que cela comporte comme transformation profonde de structure du système capitaliste.
Dans le paragraphe 14 où est traité le problème du capitalisme d'État, la plateforme parle de ”REACCUMULATION DES RICHESSES ENTRE LES MAINS DES ENTREPRENEURS ET DES BUREAUCRATES D'ÉTAT QUI ONT LEURS INTERETS LIES A CES DERNIERS”. N'ayant vu dans le capitalisme d'État que l'unité de classe d’avec les entrepreneurs privés face au prolétariat, mais n'ayant pas vu ce qui les opposent et distinguent les premiers des seconds, la plateforme dénonce "LES MOTS D'ORDRE INEPTES DE SOCIALISATION DES MONOPOLES QUI NE SERVENT QU'A TRAVESTIR CE RENFORCEMENT”. Dans les nationalisations qui sont la structure économique du capitalisme d'État, la plateforme ne voit rien d'autre qu'une manœuvre “DES PUISSANTS MONOPOLES INDUSTRIELS ET BANCAIRES "QUI" FERONT PAYER A LA COLLECTIVITE LE PASSIF DE LA RECONSTRUCTION DE LEURS ENTREPRISES”.
Avec une telle analyse du capitalisme moderne et de ses tendances, qui n'allait pas plus loin que celle déjà énoncée en 1920, il était normal qu'on reprenne sur le plan de la politique, sans rien changer des positions essentielles de la 3e internationale il y a 25 ans : le parlementarisme révolutionnaire et la politique syndicale.
Quelles en étaient les résultats ? Après près de 3 ans, le parti enregistre la perte de la moitié de ses adhérents. Des groupes entiers de militants se sont détachés, les uns pour former le groupe trotskiste POI, les autres la Fédération autonome de Turin, la majorité dans l'indifférence et le dégoût de toute activité militante. Nous avons, en somme, la reproduction de ce qui s'est passé pour les partis trotskistes dans les autres pays. Le parti n'a pas renforcé ses positions parmi les ouvriers. La fuite de la recherche théorique, l'imprécision et l'équivoque de ses positions ne lui ont pas davantage fait garder les militants. Dans son objectif N° 1 qui était de recruter à tout prix, le renforcement numérique, le parti enregistre aujourd'hui un fiasco, un échec cuisant qu'il n'était pas difficile de prévoir et de lui prédire.
Mais il y a encore une chose plus grave que la défection de la moitié des membres, c'est le niveau idéologique extrêmement bas de la moitié des membres, c'est le niveau extrêmement bas des militants restants dans le parti. Bernard nous parle de ”FONCTION SCENIQUE” de la majorité des délégués au congrès, de leur non-participation au débat. Frédérique disait que les délégués ouvriers estimaient que les analyses théoriques générales les dépassaient et ne pouvaient être leur fait, que ce travail incombe aux intellectuels. Vercesi exprime cette vérité : ”POUR COURIR DERRIERE DES CHIMERES, LE TRAVAIL D'EDUCATION DES MILITANTS QUI EST DANS UN ETAT DEPLORABLE, A ETE NEGLIGE.” encore que Vercesi porte lui-même une bonne part de responsabilité pour cet état déplorable auquel il a contribué pendant trois années par son refus de porter publiquement la discussion de crainte de "troubler” les militants.
C'est le trait typique de toutes ces formations artificielles qui se proclame pompeusement parti, de ne pas comprendre que le fondement subjectif du nouveau parti ne se trouve pas dans le volontarisme mais dans l'assimilation véritable par les militants de l'expérience passée, et dans la solution des problèmes contre lesquels l'ancien parti s'est heurté et s'est brisé. Avoir voulu agir sur la base de la répétition d'anciennes formules et positions, fussent-elles celles des thèses de Rome sans tenir compte des changements fondamentaux apportés par les 20 dernières années, c'était accrocher l'action dans le vide, user en vain les énergies et gaspiller des forces et un temps précieux qui devait et pouvait utilement servir à la formation des cadres pour le parti et la lutte à venir.
L’absence des cadres et la négligence de leur formation, voilà le plus clair du bilan, révéler par le Congrès du PCI.
EXISTE-T-IL UN PARTI EN ITALIE ?
Numériquement très réduit par la perte de la moitié de ses membres, absence de cadres, "MANQUE COMPLET D’UNE ANALYSE DE L’ÉVOLUTION DU CAPITALISME MODERNE" (Vercesi), voilà pour ce qui est des conditions subjectives. Quant aux conditions objectives, période de concentration du capitalisme qui "A ÉTÉ CONDITIONNÉE PAR LA DÉFAITE INTERNATIONALE QUE LE PROLÉTARIAT A SUBI ET PAR LA DESTRUCTION DE CELUI-CI COMME CLASSE" (document de la C.E. à la suite du Congrès. Voir nos "directives de marche" dans la Battaglia Communista du 3-10 juillet). Que reste-t-il donc des conditions nécessaires justifiant la construction du Parti ? Rien, strictement rien, sinon le volontarisme et le bluff, familiers des trotskystes.
Au Congrès, le rapporteur Damen a essayé de justifier la proclamation du parti. Nous laissons de côté l’argument qui veut que les ouvriers italiens soient "POLITIQUEMENT PLUS SAINS" que ceux des autres pays. De tels argument ne montrent rien d’autre que la persistance des sentiments nationalistes même chez des militant très avancés. L’ouverture d’un cours révolutionnaire ne peut se faire que sur l’échelle internationale, de même la brisure avec l’idéologie capitaliste ne peut être une manifestation isolée d’un prolétariat en or d’un seul pays. Le patriotisme du prolétariat révolutionnaire d’Italie n’a pas plus de valeur que le patriotisme du socialisme dans un seul pays. Cet argument donc mis à part, Damen justifie la proclamation du Parti par le fait qu’une fraction n’aurait pu servir de pôle d’attraction pour les ouvriers, ce qui est vrai pour une période où les conditions pour la polarisation du prolétariat autour d’un programme révolutionnaire sont présentes mais qui absolument pas le cas en Italie, ni nulle part ailleurs. Finalement, Damen énonce que la Fraction n’a de raisons d’être que tant qu’il s’agit "D’OPPOSITION ET DE RÉSISTANCE IDÉOLOGIQUES À L’OPPORTUNISME DANS LE PARTI JUSQU’AU MOMENT DE LA LUTTE OUVERTE QUI NE PEUT ÊTRE MENÉE QUE SEULEMENT PAR UN ORGANISME POLITIQUE QUI AIT LES CARACTÉRISTIQUES ET LES TACHES DU PARTI." Le même thème, nous l’avons entendu développer dans la réunion de la FFGC. Que de chemin à rebours parcouru depuis le Congrès de la Fraction italienne de 1935 !
C’est là un argument type du trotskisme qui, pendant les années d’avant-guerre, soutenait contre nous la thèse qu’avec la mort de l’ancien parti ou son passage à l’ennemi de classe signifiait précisément l’absence de conditions pour l’existence du parti révolutionnaire. Ce parti étant conditionné par une orientation révolutionnaire se manifestant dans le prolétariat.
Quand les camarades Vercesi et Daniels, au Congrès, nient que le PCI puisse réellement jouer un rôle de parti, ils ne font que reprendre la thèse que nous avons développée depuis 1945 sur l’absence de conditions de constitution du parti, et du même coup ils reconnaissent implicitement que le PCI ne remplit pas davantage les tâches d’une fraction, c’est-à-dire l’élaboration programmatique et la formation de cadres. Nous n’avons ici rien d’autre que la traduction en italien des artifices et du comportement des trotskistes dans les autres pays.
Pour Damen le parti est un fait, "UN COIN ENFONCÉ DANS LA CRISE DU CAPITALISME". Si cela peut le consoler nous lui apprendrons toutefois que les trotskistes ne voient pas différemment leur parti dans les autres pays.
Pour Vercesi n’existent ni "LE COIN ENFONCÉ", ni "LA BRISURE, MÊME MINIME, DU CAPITALISME", ni le parti qui n’est qu’une fraction élargie.
Malheureusement, dirons-nous, il n’existe en Italie, ni parti ni fraction élargie, ni influence sur les masses, ni formation de cadres. L’activité menée par le PCI tendant à compromettre l’immédiat de l’un et l’avenir de l’autre.
Une orientation vers la fondation du parti pouvait avoir sa raison d’être dans la période de 1943 à 1945 qui s’ouvrait avec les évènements de juillet 43 en Italie, la chute de Mussolini, le mécontentement grandissant en Allemagne, et qui permettait aux militants révolutionnaires d’espérer un développement d’un cours de brisure avec la guerre impérialiste et la transformation de celle-ci en un vaste mouvement de crise sociale. L’erreur fondamentale des militants du PCI et surtout de ses sections en France et en Belgique fut de persister dans cette perspective après la fin des hostilités, alors que les impérialistes russes et américains sont parvenus à occuper l’Allemagne, à disperser à travers le monde et à encaserner dans des camps de prisonniers les millions d’ouvriers allemands, en un mot à contrôler et à étouffer ce foyer capital de révolte et centre de la révolution européenne.
Mais loin de comprendre que la cessation de la guerre sans mouvements de révolte signifiait une défaite consommée par le prolétariat, une nouvelle période de recul, ouvrant avec elle le cours vers la nouvelle guerre impérialiste, la GCI, au contraire, échafaudait des théories sur l’ouverture d’un cours de luttes de classes, voyait dans la fin de la guerre la condition de reprise de luttes révolutionnaires où comme elle l’écrivait en corrigeant Lénine "LA TRANSFORMATION DE LA GUERRE IMPÉRIALISTE EN GUERRE CIVILE COMMENCE APRÈS LA FIN DE LA GUERRE".
Toute l’orientation de la GCI était basée sur cette perspective, et tous les évènements étaient examinés sous cet angle. Ainsi on prenait les évènements sanglants d’Algérie, de Grèce, du Proche-Orient, pour des prémisses de la crise révolutionnaire, on saluait les grèves économiques comme les mouvements de radicalisation des masses, on soutenait à fond le mouvement, et l’action syndicale qu’on se donnait comme tâche de conquérir la direction, enfin, on préconisait comme tâche immédiate la construction dans tous les pays le Parti de classe. En même temps, on se faisait des gorges chaudes, on raillait ces "PESSIMISTES" que nous étions, ces "DOCTEURS ET THÉORICIENS EN CHAMBRE" pour qui on affichait un hautain mépris.
Aujourd'hui toute cette perspective est par terre. Et Vercesi est absolument dans le vrai, et ne fait que reprendre la critique que nous formulions contre le PCI, quand il déclare "L'INTERPRETATION QUE LA GUERRE AURAIT OUVERT UN CYCLE REVOLUTIONNAIRE S'EST REVELEE COMPLETEMENT FAUSSE".
Si l'activité révolutionnaire n'a de valeur que pour autant ou elle est fondée sur des prévisions basées sur une analyse exacte de la situation et du cours, la reconnaissance par le Congrès du non fondé de la perspective signifie la condamnation implicite et l'écroulement de toute la politique et l'activité passée du parti, basé sur cette perspective.
Toutefois nous devons mettre en garde contre l'orientation exprimée par la tendance de Vercesi postulant son analyse sur les "CAPACITES DE RENAISSANCE DE L'ECONOMIE CAPITALISTE AU TRAVERS DU SYSTEME DE PLANIFICATION, DE LA DISPARITION DE CRISE CYCLIQUE ET DE LA CONCURRENCE A L'INTERIEUR DES ETATS." cette conception n'est pas nouvelle : elle se rattache à la vieille théorie du renforcement économique du capitalisme, théorie dite de l'économie de guerre, et que nous avons à maintes reprises avant et pendant la guerre, l'occasion d'analyser et de combattre.
Aujourd'hui un nombre croissant de militants du PCI à ressenti et compris la stérilité d'un activisme en l'absence d'une analyse de la situation. bien que cela vienne avec un retard de 3 années, nous considérons ce fait comme le seul résultat positif qui s'est manifesté dans le Congrès. Nous souscrivons entièrement à l'idée de Daniels quand il déclare : "LES ARMES QUE POSSEDE LE MOUVEMENT SONT VIEILLIS DE 25 ANS ET TOUT EST EMOUSSEE. LE CAPITALISME A TRANSFORME ENTRE-TEMPS TOUTE SA STRUCTURE ET TOUTES CES METHODES DE LUTTE. LE PARTI DE CLASSE DOIT EN FAIRE AUTANT S'IL VEUT ETRE UN JOUR LE GUIDE DE LA CLASSE OUVRIERE, ET EN PREPARER LE REVEIL."
Nous avons, à plusieurs reprises, critiqué la tendance à la bureaucratisation dans le PCI d'Italie. Faisant allusion à cette critique, la déléguée française, dans son compte-rendu, de répliquer : "CEUX QUI N'ASSISTAIENT PAS AU CONGRES ET A SES DEBATS SOUVENT PASSIONNES, POUVAIENT SE RENDRE COMPTE DE LA DEMOCRATIE QUI REGNE DANS LE PARTI, ET DE LA GRATUITE DE L'ACCUSATION DE BUREAUCRATISATION." On pourrait avec autant de raisons citer en exemple les assises des partis trotskystes, et même des partis socialistes. Là aussi on discute “librement” et passionnément. Ce qui importe n'est pas la plus ou moins grande démocratie dans les congrès mais de savoir sur quoi est basé l'activité des militants, sur la trique de la "DISCIPLINE LIBREMENT CONSENTI" ou sur la conviction des positions et la plus grande conscience des militants ? la camarade de citer le cas où le PCI excluait des militants pour divergence politique, et elle ajoutait :i “comme tout parti qui se respecte”. En effet le nombre des exclusions prononcés par le PCI est frappant, mais il faut ajouter qu’au grand jamais ces exclusions ne sont faites après des discussions dans l'ensemble du parti, seule méthode qui aurait permis à ces crises d'être un moment de clarification des idées pour tous les militants, mais sont toujours prononcées par la direction.
Le congrès a par exemple révélé l'existence de divergence profonde dans le parti, mais en vain cherchera-t-on dans la presse du parti et cela même dans les semaines précédant le Congrès la moindre discussion et controverse. Cela aurait évidemment risqué de troubler les membres, et porter atteinte au prestige et partant à la discipline. On préfère non moins évidemment venir au Congrès pour constater, comme Vercesi : "IL Y A DES DELEGUES PARLEMENTARISTES, D'AUTRES FAVORABLES A UNE ESPECE DE COMPROMIS AVEC LE CENTRISME (stalinisme), LA MAJORITE EST SANS IDEE CLAIRE ET SUIT DES VOIES DIFFERENTES SUIVANT LES ZONES."
Plus catégorique et plus cinglant encore et Daniels, parlant pour ce qui concerne le congrès lui-même. Il constate : "IL Y A UNE TENDANCE AU CONGRES A PASSER SOUS SILENCE LES ERREURS DU PASSE ET A RENONCER A DISCUTER DES PROBLEMES QUI PEUVENT PROVOQUER D'AMPLEUR DES BAS, AU TRAVERS DESQUELS LE PARTI POURRAIT VRAIMENT RENAITRE A UNE VIE NOUVELLE ET METTRE A NU TOUT CE QUI, SOUS L'EXCUSE DE LA DEFENSE DES POSITIONS TRADITIONNELLES, CACHER D'OPPORTUNISME ET EMPECHE UNE CLAIRE ELABORATION IDEOLOGIQUE ET UNE CONSEQUENTE ASSIMILATION DE LA PART DES MILITANTS."
C'est ainsi qu'on doit comprendre la vie intérieure celle de l'organisation est fondée la force, l'efficacité de l'activité de chacun des membres sur la continuelle et plus ample confrontation des idées suscitée et entretenue par toute la vie du parti.
Par contre, quand Maffi, grand chef du parti , déclare s'être “ABSTENU DE TRAITER TEL PROBLEME” parce que “JE SAVAIS QUE CETTE DISCUSSION AURAIT PU EMPOISONNER LE PARTI”, nous disons que ce souci manifeste incontestablement et au plus haut point la tendance à l'ossification et à la bureaucratisation de la vie intérieure de l'organisation.
Et c'est parce que c’est cette dernière conception qui prévaut dans le PCI que nous avons pu assister à cette fin absurde du Congrès dont nous parle Bernard, où “VERCESI S’EST EN QUELQUE SORTE EXCUSE D'AVOIR ETE UN TROUBLE-FETE ET D'AVOIR AMENE LE TROUBLE PARMI LES MILITANTS”. Parce que, en fin de compte, les uns pas plus que les autres n'admettre l'existence des tendances et des fractions au sein du parti : pour les uns comme pour les autres le parti reste une organisation monolithique, homogène et monopoliste .
Une des questions qui a provoqué les débats les plus orageux fut celle de la participation aux élections. Bien sûr, personne ne préconise une politique de parlementarisme actif. Cela ressort moins d'une certitude de l'inutilité de l'action parlementaire que du fait que les forces présentes du parti ne lui donne aucune possibilité d'avoir réellement des élus. Aussi peut-on se permettre, d'économiser un débat qui, ne peut que “TROUBLER INUTILEMENT LE PARTI”. C'est pour la même raison que le parti aux dernières élections pouvait se payer à bon marché d'être révolutionnaire à l'extrême, au point d'inviter les électeurs à ne pas voter, même pour lui. Mais nous connaissons déjà le cas d'un élu au conseil municipal qui a finalement trouvé de bonnes raisons pour garder son mandat d'élus. Après tout, la justification définitive de tout parlementarisme se trouve dans ces arguments théoriques donnés par Damen, pour justifier la participation du PCI à la campagne électorale. Damen dit “SI LA BOURGEOISIE EST CONTRAINTE (?) D'ADOPTER UN MOYEN DE LUTTE QUI PEUT ETRE EXPLOITE UTILEMENT PAR LE PARTI DE CLASSE POUR ETRE RETOURNE CONTRE ELLE, L'AVANT-GARDE REVOLUTIONNAIRE NE PEUT RENONCER A L'UTILISER ET A S'INFILTRER DANS LA COMPETITION ELECTORALE”.
Aucun trotskyste ne manquerait de souscrire à cette argumentation. C’est du pur et du pire Lénine de la maladie infantile du communisme. La vérité est que le prolétariat ne peut utiliser pour sa lutte émancipatrice “ LE MOYEN DE LUTTE POLITIQUE” propre à la bourgeoisie et destiné à son asservissement. Il en était tout autrement, à une période antérieure d'avant 1914 quand le prolétariat ne pouvait pas encore poser comme objectif concret immédiat la transformation révolutionnaire de la société d'où découlait la nécessité de lutter sur le terrain même du capitalisme pour lui arracher le maximum de réformes. le parlementarisme révolutionnaire en tant qu'activité réelle n'a, en fait, jamais existé, pour la simple raison que l'action révolutionnaire du prolétariat quand elle se présente à lui suppose sa mobilisation de classe sur un plan extra capitaliste, et non la prise des positions à l'intérieur de la société capitaliste, ce que Damen appelle “L'UTILISATION” et “L'INFILTRATION” intérieure.
La politique du parlementarisme révolutionnaire a largement contribué à corrompre les parties de la Troisième Internationale et les fractions parlementaires ont servi de forteresse de l'opportunisme, aussi bien dans les parties de la troisième qu'autrefois dans les parties de la Deuxième Internationale. Mais le participe passionniste crois t'avoir trouvé un argument impressionnant en déclarant : “LE PHENOMENE ABSTENTIONNISTE EST DESORMAIS DEPASSE CAR IL N'AVAIT DE RAISON D'ETRE QUE DANS UNE PERIODE OU UNE PRECISION DE PRINCIPE, FACE AU COURANT PARLEMENTAIRE, DU VIEUX PARTI SOCIALISTE, ETAIT NECESSAIRE. AUJOURD’HUI, OU IL N'Y A PLUS DE DOUTE POSSIBLE SUR LE CARACTERE NETTEMENT ANTI PARLEMENTAIRE", du PCI, "CELUI-CI…PEUT ADOPTER CETTE METHODE DE LUTTE". Voilà un raisonnement pour le mois astucieux : dans le vieux parti parlementaire nous définissions être d’anti-parlementaires mais maintenant, puisque notre parti est anti-parlementaire, alors nous pouvons faire du parlementarisme. Nous ne doutons pas que cette argumentation puisse impressionner les patientes du parti qui passe à l'instant n'ose mettre en doute son infaillible révolutionnaire, garantie a priori et à jamais. Ceux par contre qui ont connu l’IC pour y avoir milité, ou simplement pour avoir étudié son histoire, seront probablement moins enclins à ouvrir un tel crédit à n'importe quel parti, fut-il même le parti de Damen et de Maffi. Croit-on vraiment que le Parti bolchevik et l’IC dans ses premières années, étaient moins sincèrement révolutionnaires que le PCI d'Italie ? ils offraient au moins autant de garanties, ne serait-ce que par le fait qu'ils exprimaient les positions programmatiques les plus avancées du prolétariat de l'époque alors que le PCI d’Italie, d'après ses propres aveux, retarde notablement. Cependant toutes les précautions prises par l’IC ( lire les thèses du deuxième congrès sur le parlementarisme révolutionnaire) non pas empêché cette politique de devenir un levier de l'opportunisme. C'est que la dégénérescence du parti n'est pas uniquement fonction de la situation générale et de rapport de force de classe mais est encore fonction de la politique pratiquée par le parti. Le prolétariat a trop payé durant ces dernières 25 années pour que les militants d'avant-garde oublient cette vérité première.
A quel point est savonneuse la pente participationniste nous le constatons par les résultats obtenus, auxquels on se réfère volontairement à chaque instant pour prouver la force et l’influence du parti. Le rapporteur au congrès n’a pas manqué de cite que dans telle région la liste du parti, aux dernières élections, a obtenu quatre fois plus de voix. Comme si on pouvait parler de force et d’influence du parti alors que la vente de la presse baisse, que l’organisation a perdu la moitié de ses membres et que le niveau idéologique des membres, de l’aveu même des responsables, est "LAMENTABLE". En entendant Damen parler des victoires du parti on ne peut manquer de penser qu’il y a des victoires qui sont les pires des défaites.
Peut-être ne serait-il pas inutile, pour calmer un peu la fièvre des participationnistes, de leur citer l’exemple du parti trotskiste en France qui en 1946 avait également obtenu un succès groupant sur ses listes près de 70,000 voix. Cela n’a pas empêché ce parti de voir la masse de ses électeurs fondre comme neige au soleil aux élections suivantes, et un an après avoir vu fondre ses propres rangs. Une bonne partie de ses militants poussant la logique à aller vers les masses à fond, a fini par aller au Rassemblement Démocratique Révolutionnaire où le nombre est plus grand et où leurs paroles peuvent avoir plus d’écho.
Car c’est exactement ainsi que raisonne le camarade Damen : "EN PARTICIPANT AUX ELECTIONS", dit-il, face aux anti-participationnistes, "LE PARTI A PU PENETRER DANS LES GRANDES MASSES, PORTER LA NOUVELLE PAROLE, ESSAYER DE DONNER CORPS AUX VAGUES ASPIRATIONS DE SORTIR DES CHEMINS BATTUS." Pris par un noble sentiment de semer la bonne parole, l’idée ne lui vient pas à l’esprit que pour lever, la semence doit être faite en terrain approprié, sinon ce n’est qu’un gaspillage de grains et d’énergies. Le révolutionnaire n’a pas à s’inspirer des missionnaires de l’Armée du Salut allant prêcher la parole divine dans les bordels. La conscience socialiste ne s’acquiert pas dans n’importe quelle condition, elle n’est pas le fait de l’action volontariste, mais présuppose une tendance de détachement des ouvriers d’avec l’idéologie bourgeoise, et ce n’est assurément pas les campagnes électorales, moment de choix de l’abrutissement des ouvriers qui offre cette condition.
Il y a longtemps qu’il a été mis en évidence que les racines psychologiques de l’opportunisme sont, aussi paradoxale que cela puisse paraître, son impatience d’agir, son incapacité d’accepter le temps de recul et d’attente. Il lui faut immédiatement « pénétrer dans les masses, porter la bonne parole ». Il ne prend pas le temps de regarder où il met les pieds. Il est impatient de planter le drapeau du socialisme oubliant dans sa précipitation que ce drapeau n’a de valeur que pour autant qu’il est planté sur un terrain de classe du prolétariat et non quand il est jeté sur le premier tas de fumier du capitalisme.
Malgré l’orthodoxie léniniste, la trique de la discipline et les succès enregistrés, la résistance de militants contre la politique de la participation augmentait sans cesse. Cela prouve que le PCI d’Italie repose sur des éléments de bas très sains. Mais malgré les vives critiques le congrès n’a pas résolu la question. Le compromis accepté de renoncer à la participation aux élections de novembre laisse cependant la question de principe ouverte. Le culte de l’unité et de "ne troublons les membres de base" ont prévalu sur la clarté et l’intransigeance des positions. Ce n’est qu’un recul pour mieux sauter. Les militants révolutionnaires ne sauraient se contenter longtemps de ces demi-mesures. Avec ou sans l’assentiment des chefs de file ils devront liquider ces "vieilles armes émoussées" ou se liquider eux-mêmes en tant que révolutionnaires.
C’est assurément la position prise sur le problème syndical qui présente le fait saillant de ce congrès.
Quelle était la position antérieure du PCI ? La plus platement orthodoxe, une copie conforme de thèses de l’IC.
"LE TRAVAIL AU SEIN DES ORGANISATIONS ÉCONOMIQUES SYNDICALES DES TRAVAILLEURS, EN VUE DE LEUR DÉVELOPPEMENT ET DE LEUR RENFORCEMENT EST UNE DES PREMIÈRES TÂCHES POLITIQUES DU PARTI".
"LE PARTI ASPIRE À LA RECONSTRUCTION D’UNE CONFÉDÉRATION SYNDICALE UNITAIRE, INDÉPENDANT DES COMMISSIONS D’ÉTAT ET AGISSANT AVEC LES MÉTHODES DE LA LUTTE DE CLASSE ET DE L’ACTION DIRECTE CONTRE LE PATRONAT, DEPUIS LES REVENDICATIONS LOCALES ET DE CATÉGORIES JUSQU’AUX REVENDICATIONS GÉNÉRALES DE CLASSE. LES COMMUNISTES NE PROPOSENT ET NE PROVOQUENT LA SCISSION DES SYNDICATS DU FAIT QUE LES ORGANISMES DE DIRECTIONS SERAIENT CONQUIS OU DÉTENUS PAR D’AUTRES PARTIS". (Plateforme politique du PCI 1946).
C’est sur cette base qu’a été fondé le travail dans les syndicats et allant jusqu’à la participation, là où cela a été possible, surtout en province et dans les petits syndicats, dans les commissions et directions syndicales. Il a soutenu sans réserve les luttes revendicatives économiques considérant ces luttes comme "UNE DES PREMIÈRES TÂCHES POLITIQUES DU PARTI".
Cette conception fut longtemps un principe pour la GCI. Une des raisons de l’hostilité de la GCI à notre égard était notre position antisyndicale. Nous ne pouvons donc qu’exprimer notre satisfaction de voir le PCI abandonner aujourd’hui la plus grande partie de ses vieilles positions concernant l’organisation syndicale, et les revendications économiques.
Nous ne pouvons que souscrire à cette définition : « le parti affirme catégoriquement que le syndicat actuel est un organisme fondamental de l’état capitaliste, ayant pour but d’emprisonner le prolétariat dans le mécanisme productif de la collectivité nationale. » ou encore : "LA CLASSE OUVRIÈRE, AU COURS DE SON ATTAQUE RÉVOLUTIONNAIRE, DEVRA DÉTRUIRE LE SYNDICAT COMME UN DES MÉCANISMES LES PLUS SENSIBLES DE LA DOMINATION DE CLASSE DU CAPITALISME". Nous souscrivons d’autant plus volontiers que nous là, non seulement les idées que nous avons défendues depuis longtemps, mais la reproduction jusqu’à nos propres termes et expressions .
Remarquons cependant que dans la question syndicale, comme dans bien d’autres questions, le PCI a laissé une fois de plus une petite fenêtre ouverte permettant à l’occasion la re pénétration de ses mêmes idées qu’on vient de rejeter par la porte.
Par exemple quand le PCI "DÉCLARE SON INDIFFÉRENCE CONCERNANT LA QUESTION FORMELLE DE L’ADHÉSION OU NON-ADHÉSION DU TRAVAILLEUR AU SYNDICAT" il ne fait que prendre une position passive qui cache mal son attachement affectif au syndicat. Dire que "CE SERAIT PÊCHER PAR ABSTRACTION QUE PROPAGER LE MOT D’ORDRE DE LA SORTIE DES SYNDICATS, MOT D’ORDRE CONVENABLE SEULEMENT QUAND LES SITUATIONS HISTORIQUES POSERONT LES CONDITIONS OBJECTIVES POUR LE SABOTAGE DU SYNDICAT", c’est chercher des prétextes sophistiqués pour ne pas choquer les sentiments arriérés de masses. Si on est convaincu que le syndicat est et ne peut désormais n'être qu’un organisme d’état capitaliste, avec la fonction d’emprisonner les ouvriers au service de la conservation du régime capitaliste, on peut rester "INDIFFÉRENT" au fait que l’ouvrier fait ou non partie organiquement, pas plus que nous ne restons indifférents que les ouvriers fassent ou non partie des maquis, des comités de libération nationale, des parties où toutes autres formations politiques du capitalisme.
Il n’est jamais venu à l’esprit d’un militant sérieux que l’abandon par les ouvriers des formations politiques du capitalisme dépend de ce qu’il lancera ou non le mot d’ordre ; il sait parfaitement que cela sera le résultat des conditions objectives ; Mais cependant cela ne l'empêche pas mais au contraire exige de lui de faire la propagande et d'appeler les ouvriers à déserter ses organisations de la bourgeoisie. La désertion des organisations du capitalisme n'est pas seulement une manifestation mais également une condition de la prise de conscience des ouvriers. Et cela reste valable aussi bien pour les organisations syndicales que pour les organisations politiques. De toute façon l'indifférence en matière de position politique n'est que le camouflage d'un acquiescement affectif et honteux.
Mais il y a mieux. Le PCI dénonce les syndicats mais préconise le rassemblement des ouvriers dans la fraction syndicale. Qu’est-ce donc que cette fraction syndicale ?
“C'EST", dit d'abord le document de la CE déjà cité, "LE RESEAU DES GROUPES D'USINE DU PARTI QUI AGISSANT SUR LA BASE UNITAIRE DE SON PROGRAMME… ETC. CONSTITUE LA FRACTION SYNDICALE”.
On serait tenté de croire à la première lecture qu'il s'agit tout simplement de cellules du parti, mais à examiner de plus de plus près on s'aperçoit qu'il s'agit de tout autre chose. Premièrement, on comprend difficilement pourquoi l'ensemble des cellules d'usine se constituerait en un organisme à part, ses parents et divisant l'unité du parti en deux d'un côté les ouvriers groupés à part dans les cellules d'usine et d'un autre côté les non ouvriers groupés on ne sait pas exactement où, mais également à part. Deuxièmement, la gauche italienne s'est toujours opposée dans l’IC À l'introduction de cette structure des cellules d'usine, voyant en elle une tendance vers l'ouvriérisme et un moyen bureaucratique d'étouffer la vie idéologique du parti . Il serait vraiment surprenant que le PCI rompe aujourd'hui avec cette position traditionnelle et plus que jamais valable. Troisièmement, quels peuvent donc être les tâches spécifiques des membres ouvriers du parti distincte des tâches de l'ensemble du parti, et finalement on ne comprend pas que cet organisme centralisé, unifier sur le plan de l'ensemble du pays, constituerait et porterait précisément le nom de… la fraction syndicale.
En vérité, la fraction syndicale n'est pas les cellules d'usine du parti, mais bien une organisation séparée distingue du parti créé par celui-ci et dirigé par lui. Certainement le parti ne se fait pas trop d'illusions sur l'ampleur que peut prendre cette organisation dans l'immédiat et ”DANS LA SITUATION ACTUELLE, C'EST LA REDUCTION DE LA FRACTION SYNDICALE AU SEUL MEMBRE DU PARTI ET A QUELQUES SYMPATHISANTS AGISSANT DANS L'USINE OU DANS LE SYNDICAT, QUI SE VERIFIERA LE PLUS SOUVENT”. Mais ce n'est pas pour cela que le parti créé cette organisation il la destine à une fonction bien plus importante : “IL NE DEPEND PAS D'UN EFFORT VOLONTARISME DU PARTI MAIS DE L'EVOLUTION DE LA SITUATION GENERALE ET DE LA DYNAMIQUE DES LUTTES SOCIALES QUE DES PROLETAIRES SYNDIQUES OU NON INSCRIT OU NON A D'AUTRES PARTIES SE RASSEMBLENT AUTOUR DE NOS GROUPES D'USINE”.
De ces textes il ressort clairement que la fraction syndicale a une double fonction. Dans l'immédiat, ”AGISSANT DANS L'USINE OU DANS LE SYNDICAT”, et de servir dès à présent de noyau autour desquels se rassembleront demain les ouvriers de toutes les tendances, de tous les partis en quelque sorte des embryons de Soviets.
Il est à remarquer que le PCI qui craint de ”PECHER PAR ABSTRACTION” et préconisant la désertion des syndicats en l'absence des conditions objectives nécessaires ne crains cependant pas le péché de bluff en constituant aujourd'hui les embryons de futurs Soviets.
D’une part le parti a renoncé à son action dans le syndicat et à l'illusion de pouvoir agir, actuellement dans les masses, Non directement mais par l'intermédiaire d'une organisation spéciale créée à cette fin : la fraction syndicale point aussi ne pourrait-on rien lui reprocher, chacun a son compte et tout le monde est content.
Ainsi le pas en avant fait dans la question a été immédiatement suivie de deux pas en arrière .
Finalement, l'erreur d'hier a été doublée d'une confusion d'aujourd'hui. En ajoutant la confusion nouvelle à l'erreur passée, ça ne fait toujours qu'une confusion dans l'erreur et on n'a pas avancé d'un iota.
Nous venons de faire l'examen des travaux du PCI. Si on ne peut pas parler de son apport dans la clarification des problèmes fondamentaux de l'époque, de la vie même de ses partisans, on peut constater que le plus clair de son travail consistait dans le bouleversement total qu'il a apporté dans les positions et l'orientation prise à sa conférence constitutive.
On trouverait difficilement un autre exemple dans les annales des groupes politiques, ou une plateforme constitutive se trouve être aussi profondément malmenée et infirmée, dans un laps de temps aussi court.
Notre époque peut avec raison être caractérisée par ces changements brusques et la rapidité de son cours. Mais on ne serait attribué à cela le vieillissement surprenant de la plateforme du PCI car elle était déjà hors du cours et frappé de sénilité à sa naissance.
Cette constatation faite par les délégués eux-mêmes au Congrès n'est pas le fait du hasard. Elle a ses racines, entre autres, dans la suffisance et la prétention de détenir seule la vérité révolutionnaire, au sens les épaules à la seule idée de pouvoir apprendre quelque chose dans la confrontation d'idées avec d'autres groupes révolutionnaires dans les divers pays.
2 ans et demi ont suffi pour ne laisser subsister intacte aucune des pages de la plateforme de décembre 1945. C'est une leçon sévère mais qui pourrait être salutaire si les camarades de la GCI comprennent et acceptent cette leçon à cette seule condition l'expérience pourrait ne pas avoir été vaine.
Pour finir, et dans la mesure où il nous est possible et permis de juger de loin et de formuler un avis, nous estimons prématuré la conclusion tirée par le camarade Bernard qui dit “POUR LES MILITANTS SINCEREMENT REVOLUTIONNAIRES IL N'Y A PAS D'AUTRE VOIE QUE LA SCISSION ET LA CREATION D'UN NOUVEAU REGROUPEMENT POLITIQUE QUI EST COMME TACHE FONDAMENTALE LA RECHERCHE ET LA FORMULATION DES BASES IDEOLOGIQUE POUR LA FORMATION AU FUTUR DU VRAI PARTIE DE CLASSE”. Nous ne méconnaissons pas les immenses difficultés auxquelles peuvent se heurter ses camarades dans l'atmosphère qui règne dans le PCI. Mais il est incontestable que le PCI d'Italie reste à ce jour la principale organisation révolutionnaire prolétarienne et probablement la plus avancée en Italie. Tout comme après la conférence de 1945 nous estimons qu'en son sein sont rassemblés à un grand nombre de militants révolutionnaires saints et de ce fait cette organisation ne peut être considérée comme perdue d'avance pour le prolétariat.
En 1945 nous écrivions que derrière le patriotisme et l'apparence d'unité existent des divergences réelles qui ne manqueront pas de se manifester et de se cristalliser en tendance opportuniste et révolutionnaire. Aider à cette cristallisation, contribuer à dégager les énergies révolutionnaires afin qu’elles puissent trouver leur maturation et leur expression la plus avancée, telle nous paraît être encore aujourd'hui la tâche la plus urgente révolutionnaire, sincère.
Marco
“Le quart de l'État, de la nation, étant l'organisation juridique et politique interne de la classe capitaliste, toute modification interne, politique ou économique, au sein de cet état ne peut qu'intéresser la classe dont le maintien d'un état à base nationale constitue le fondement du maintien dans l'histoire. Cette classe possède le privilège d'opposer les moyens de production socio au producteur, et de faire marcher la production dans le sens de ces intérêts et de ces buts propres de classe, immédiat ou lointain : proprement économique, mais aussi historique”. K. Marx.
Le système capitaliste un poire fondement économique l'opposition entre le capital (moyen de production) à faire à la main et le travail (qui les met en mouvement).C'est ce qui distingue donc le mode capitaliste de production des modes antérieurs. En effet, sa forme de propriété exclu la propriété individuelle, forme de la propriété privée antérieure. L’histoire du capitalisme, si on la partage en trois périodes : capitalisme libre-échangiste, des monopoles, d'État, vois l'introduction d'une nouvelle division du travail social qu'il est subsisté apparemment dans la première période la propriété capitaliste comme une propriété privée individuelle, mais dont les fondements contiennent en eux-mêmes la dynamique de la négation de cette forme arriérée de propriété. le passage rapide du capitalisme libre-échangiste aux grandes sociétés par action et au monopole, constitue, dans un temps historique très restreint, et sur des espaces géographique très étendue, l'évolution du capitalisme vers sa maturité, en même temps que la démonstration de sa réalité de propriété sociale des moyens de production : les grandes sociétés, les trusts ou autre forme, rassemble, centralise entre leurs mains, l'administration et la gestion du capitaux, d'usine, de moyens de transport, dirigeant une quantité énorme d'employés, d'ouvrier, de personnel de maîtrise et d'ingénieur, disséminé géographiquement, et parfois d'entreprise dont les filiales ne se connaissent pas Entre elles. Une partie des capitalistes, les plus gros porteurs, représenter par des hommes d'affaires au sein des conseils d'administration, ne gère qu'un directement leurs intérêts, ses capitaux de plus en plus sont gérés par les techniciens qui finissent par être les véritables capitalistes tout en étant en fait que des salariés du capital. Le capital lui-même, représenté par la masse des usines et des machines et de tous les moyens qui servent à la production, devient un corps étranger aux personnes qui possèdent, dans un coffre-fort, des actions représentant de ce capital. Le capital doit fournir un pourcentage d'intérêt donné au porteur d'action, fournir au technicien de l'administration et de la direction à, un salaire plus un pourcentage de bénéfices d'entrepreneurs, enfin, les propriétaires du soldeur lequel les usines sont bâties doivent toucher la rentre de cette propriété foncière.
La plus-value que les ouvriers produisent, devient du capital accumulable, une partie de la plus-value, celle réservée à verser l'intérêt aux capitalistes, les bénéfices d'entreprises et la rente du sol, ne constituant plus en quelque sorte que "les frais du capital", tout comme le capital variable représente les "frais du travail". La société conduite par toute une hiérarchie d'administrateur et de directeur des moyens de production sociaux qui oppose à la classe ouvrière démuni qui n'a comme source de revenus que la vente de sa force de travail, produit en vue de l'accumulation sans cesse élargie, conditions de vie du mode capitaliste de production. Comme on le voit, le caractère spécifique que prend la production capitaliste implique une forme particulière de la division sociale du travail, une forme particulière du droit, de l'état, de la morale et de la pensée en général, de la classe dirigeant la production.
“... dans la production capitaliste, la masse des producteurs directs trouve devant elle le caractère social de sa production sous forme d'une autorité méticuleuse et d'un mécanisme social complètement ordonné et hiérarchisé ; mais cette autorité n'appartient à ces détenteurs qu'en tant que personnification des conditions de travail vis-à-vis du travail…”
Marx insiste sans cesse particulièrement sur le fait que l'État, un directeur d’entreprise, un député, un directeur de banque, un commerçant, un ouvrier, un employé, etc., ne sont que des expressions directes et sensibles de fonction dans la production, fonction qui, dans le mode de production capitaliste, dérivant avant tout des caractères de cette production. En d'autres termes, si dans le mode de production du système féodal des représentants politiques ou théocratiques de l'autorité, était avant tout des “maîtres politiques et théocratique”, et qui ne faisait que représenter une autorité politique et théocratique et non des conditions de travail en face du travail d'une façon directe, le mode de production capitaliste produit des divisions sociales, une division du travail, que, et à partir de fonctions déterminées dans la production.
Voyons de quel ordre peuvent être ces fonctions. Le mode de production capitaliste repose avant toute chose sur l'opposition des conditions de travail et du travail. Nous avons donc d'un côté les détenteurs de ses moyens de production, des conditions de travail qui se trouve dans une situation sociale dominante, leur permettant, contre toutes les apparences de disposer de la force de travail. D’un autre côté nous avons les individus ne disposons que de leur force de travail. Ces deux classes sociales antagonistes constituent l'armature de la société capitaliste : D'un côté les détenteurs des moyens de production, de l'autre le détenteur de la force de travail. Mais du fait que cette société n'est pas n'est spontanément du néant, quel est le produit de condition historique et d'un processus historique nous devons d'abord partir de ce processus historique.
Ce processus historique Engels l'appel : "... la décomposition de connexions sociales antérieures..." (anti-Dühring - II - 153-)
“La décomposition de connexions sociales antérieures…” a donc amener progressivement la formation de la classe détentrice des moyens de production (genèse du capital et accumulation primitive) -d'une part, et de l'autre, la classe qui ne dispose que de sa force de travail. Mais ce procès historique s'est développé alors que les anciennes conditions sociales subsistaient. Nous avons donc, du point de vue historique une période où la bourgeoisie s'élève en tant que classe sociale indépendante dans le sein de ces ouvres les guillemets connexion sociale antérieure en est un produit et en subit donc encore toutes les influences prédominantes. Et nous avons le passage de ce milieu historico social économique un nouveau milieu, ou la bourgeoisie s'est établi en tant que place sociale prédominante, et où le mode de production capitaliste devient le mode de production prédominant dans la marche de l'histoire. Pendant toute la période historique ou le mode de production capitaliste et la bourgeoisie, lutte pour la prédominance, nous avons donc deux milieux : les connexions sociales antérieures existent encore, et la formation de nouvelles. Puis le mode de production capitaliste devient prédominant, et les milieux extra capitaliste subsiste, mais subissent l'influence sans cesse plus grande du nouveau mode de production. Ceci pour bien montrer que virgule dès sa genèse et jusqu'à ce qu'il devienne prédominant, le mode de production capitaliste, de par son développement propre, a vu se transformer :
1) les milieux sociaux au sein desquelles il a évolué ;
2) sa propre composition sociale.
Nous pouvons donc dire qu'à chaque période historique, et dans ces périodes historiques à chaque situation propre d'un pays sur le marché en général, correspond une différenciation dans la composition sociale des différentes fonctions que la division du travail du mode de production capitaliste détermine. Mais, pour être complet, il faut ajouter que la forme historique de l'état du capitalisme et la nation représentée par les parties, un parlement, un roi, un président, un chef.
Prenons comme exemple la France de 1789 à 1793, puis de Thermidor au 18 Brumaire et de Brumaire à Waterloo, prenons la sous Louis-Philippe ou sous Louis Bonaparte, la composition sociale de la classe dominante correspond effectivement à des nécessités devant lesquels cette Classe se trouve à placer du fait des nécessités créés par l'état général des forces productives et des moyens de production dont elle dispose.
La nécessité de la Révolution se fait sentir pour la bourgeoisie du fait que les forces productives dont elle dispose et tout dans le cadre trop étroit de l'État monarchique féodal (qui laisse le commerce anglais concurrencer en France même le commerce et la production française). La monarchie, en soi, ne gêne pas la bourgeoisie, à condition qu'elle devienne bourgeoise et reconnaisse les propres nécessités économiques de la bourgeoisie comme les nécessités nationales. La petite bourgeoisie et la paysannerie pousse et extériorise d'une façon extrêmement radicale les différentes expressions de la révolution (de la Terreur rouge à la Terreur blanche), ils ont aidé les nouvelles forces productives à se dégager des entraves de la société féodale, mais du jour où ils deviennent une entrave au développement de la bourgeoisie celle-ci les écrase à leur tour : c'est la préparation de Thermidor et son arrivée. À son tour la révolution bourgeoise française trouve sur son chemin l'Angleterre et ses alliés européens. Il lui faut rompre avec cette entrave. Le développement des forces productives la pousse à conquérir de nouvelles colonies pour tenter de compenser les pertes dues à la négligence de la monarchie absolue décadente. La bourgeoisie devient colonialiste dans le jeu de la concurrence internationale, les États se dressent sans cesse avec plus de violence les uns contre les autres, le militarisme de la bourgeoisie s'hypertrophie, etc….
Si nous voulons marquer la transition entre la société précapitaliste de la société capitaliste, nous dirons ceci deux points tant que le mode de production capitaliste ne sait pas établi d'une façon prédominante dans l'histoire, nous assistons à des évolutions extrêmement diverses et extrêmement lente dans les différents milieux humains. En Angleterre, le développement historique de la société féodale, ainsi que la situation géographique de l'Angleterre lui donne une situation extrêmement avancée du point de vue du développement social et économique. Par contre, en Amérique, à la même époque subsiste un développement social extrêmement arriéré, des hommes sortant à peine de la barbarie, alors qu'en Chine se perpétue un système féodal qui semble établi là pour l'éternité…
L'établissement du mode de production capitaliste et sa situation prédominante va bouleverser complètement les lois antérieures de développement, et faire obéir la marche du monde à ses propres lois, et cela dans une mesure croissante.
Si l'état de la bourgeoisie est le produit d'une certaine évolution historique de la propriété privée antérieure, ce n'est que dans la société bourgeoise qu'il trouve sa réelle signification dominante du point de vue historique et qu'il personnifie effectivement la classe dominante, autant du reste que cette classe se reconnaît en lui.
Avant la société bourgeoise, l'État est encore à un stade personnifié.
Le père dans la famille, l'évêque dans son évêché, le duc dans son bûcher, sont des expressions beaucoup plus immédiates de l'état réel. La monarchie absolue et la forme de l'État qui présuppose déjà l'établissement de la bourgeoisie, et s'il est à bourgeois en est la négation ce n'est que dans la mesure où le mythe de la production remplace celui d'un seul Dieu, dans la mesure où la religion passe des lois de Dieu aux lois de la production capitaliste, où l'homme n'est plus dominé par la nature mais par le mode de production. La transition historique passe à la domination de la nature par le mode de production capitaliste, ce mode de production dominant à son tour toute l'humanité ; l'État devient la religion en tant que personnification de la mystification du mode de production capitaliste.
si au début de son histoire la bourgeoisie a comme milieu de développement nécessaire la féodalité, si la décomposition des connexions sociales antérieures et la division du travail qui en résulte font ce qui crée le marché (Engels déjà cité) virgule l'ensemble des conditions de développement du mode de production capitaliste, et si ces connexions sociales antérieures et ce milieu social antérieur sont nécessairement un milieu et des connexions féodales, aussitôt que le mode de production capitaliste s'établit d'une façon prédominante dans l'histoire, il bouleverse tous les ordres sociaux, tous les développements particulier antérieur et modèle toute la société et son développement selon son développement propre. À partir de ce moment si dans deux secteurs particuliers, le développement propre à chaque nation garde une certaine empreinte et atavique de leur histoire particulière ce n'est plus qu'une enveloppe, une apparence, le développement du mode de production gardera ce qui lui est nécessaire et rejettera le reste. Plus l'évolution du mode de production capitaliste sera poussée plus après dominance sera assuré sur le marché mondial et plus les mouvements politiques qui se produiront à l'intérieur de chaque État seront le produit direct de l'influence des conditions générales du mode de production du capitalisme. Tant que le capitalisme n'est pas encore prédominant dans le monde, l'évolution de la bourgeoisie reste avant tout un produit de la décomposition des connexions sociales antérieures proprement national les garderont surtout se caractère typiquement national (Angleterre du 17e siècle et France 18e) tout en supposant déjà, dans ces différentes manifestations un développement et une tendance de développement universel.
Dès que la prédominance est atteinte, après 1848, ce sont les lois de la concurrence sur le marché mondial qui seront le facteur majeur des différents mouvements politiques de la bourgeoisie. Jusqu'en 1848, le prolétariat qui est né conjointement à la bourgeoisie, du développement même des forces productives du mode de production capitaliste, restera toujours plus ou moins politiquement à la remorque de la bourgeoisie. C’est le mouvement montant du nouveau mode de production qui prédomine tout autre préoccupation de la société. Le mouvement des ”Diggers” ou des “enragés” et des “égaux”, qu'on nous montre selon la théorie de la révolution permanente comme l'avant-garde de la révolution, comme une sorte de vague avancée du prolétariat par rapport à la bourgeoisie et à sa révolution, n'en sont au contraire que des excroissances. ce sont Cromwell et Bonaparte ils sont l'avant-garde : mais dès que le développement capitaliste a rompu toutes les anciennes murailles de Chine, dès que la lutte devient effectivement une lutte concurrentielle entre les différents groupes et nations capitalistes et que cette concurrence devient l'axe de la lutte de la bourgeoisie qui est maintenant la classe dominante, entre en jeu une nouvelle force historique qui agit pour son propre compte et dans le but de réaliser une nouvelle forme de société le prolétariat force agissante et pensante de la Commune de Paris et des révolutions russes et allemandes de 19917-19.
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