Lutte de classe : le retour en force des syndicats contre la classe ouvriere

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Chaque jour qui passe témoigne un peu plus de la barbarie sans nom dans la­quelle s'enfonce le monde capitaliste. « Plus que jamais, la lutte du prolétariat représente le seul espoir d'avenir pour la société humaine. Cette lutte, qui avait resurgi avec puissance à la fin des an­nées 60, mettant un terme à la plus ter­rible contre-révolution qu'ai connue la classe ouvrière, a subi un recul considé­rable avec l'effondrement des régimes staliniens, les campagnes idéologiques qui l'ont accompagné et l'ensemble des événements (guerre du Golfe, guerre en Yougoslavie, etc.) qui l'ont suivi. C'est sur les deux plans de sa combativité et de sa conscience que la classe ouvrière a subi, de façon massive, ce recul, sans que cela remette en cause toutefois, comme le CCI l'avait déjà affirmé à ce moment-là, le cours historique vers les affrontements de classe. Les luttes me­nées au cours des dernières années par le prolétariat sont venues confirmer ce qui précède. Elles ont témoigné, parti­culièrement depuis 1992, de la capacité du prolétariat à reprendre le chemin du combat de classe, confirmant ainsi que le cours historique n'avait pas été ren­versé. Elles ont témoigné aussi des énormes difficultés qu'il rencontre sur ce chemin, du fait de la profondeur et de l'extension de son recul. C'est de façon sinueuse, avec des avancées et des reculs, dans un mouvement en dents de scie que se développent les luttes ou­vrières. » ([1])

Les grèves et les manifestations ouvrières qui ont secoué la France à la fin de l'au­tomne 1995 sont venues illustrer cette réali­té : la capacité du prolétariat à reprendre le chemin du combat mais aussi les énormes difficultés qu'il rencontre sur ce chemin. Dans le précédent numéro de la Revue Internationale, nous avons déjà dégagé, à chaud, la signification de ces mouvements sociaux  ([2])

« En réalité, le prolétariat en France est la cible d'une manoeuvre d'ampleur destinée à l'affaiblir dans sa conscience et dans sa combativité, une manoeuvre qui s'adresse également à la classe ouvrière des autres pays afin de lui faire tirer de fausses leçons des événements en France. (...)

Face à cela [les attaques brutales que le ca­pitalisme en crise déchaîne contre la classe ouvrière] les prolétaires ne peuvent rester passifs. Ils n'ont d'autre issue que de se dé­fendre dans la lutte. Mais, pour empêcher que la classe ouvrière n'entre dans le com­bat avec ses propres armes, la bourgeoisie a pris les devants et elle l'a poussée à partir prématurément en lutte sous le contrôle to­tal des syndicats. Elle n'a pas laissé aux ou­vriers le temps de se mobiliser à leur rythme et avec leurs moyens. (...)

Le mouvement de grèves qui vient de se dé­rouler en France, s'il révèle l'existence d'un profond mécontentement dans la classe, est avant tout le résultat d'une manoeuvre de très grande ampleur de la bourgeoisie vi­sant à amener les travailleurs à une défaite massive et, surtout, à provoquer chez eux une profonde désorientation » ([3])

L'importance de ce qui s'est passé en France à la fin 1995

Le fait que les mouvements sociaux de la fin de l'année 1995 en France soient fondamen­talement le résultat d'une manoeuvre de la bourgeoisie ne saurait en atténuer l'impor­tance ni signifier que la classe ouvrière est aujourd'hui une troupe de moutons à la merci de la classe dominante. En particulier, ces événements apportent un démenti cin­glant à toutes les « théories » (relancées abondamment lors de l'effondre­ment des régimes staliniens) sur la « disparition » de la classe ouvrière ainsi qu'à leur variantes évoquant soit la « fin des luttes ouvrières », soit (c'est la version « de gauche » de ces théories) la « recomposition » de la classe sensée porter avec elle une atteinte majeure à ces luttes. ([4]).

Ce témoignage des réelles potentialités de la classe à l'heure actuelle nous est apporté par le fait même de l'ampleur des grèves et des manifestations de novembre-décembre 1995 : des centaines de milliers de grévistes, plusieurs millions de manifestants. Cependant, on ne peut s'arrêter à ce simple constat : après tout, au cours des années 1930, on a assisté à des mouvements de très grande ampleur comme les grèves de mai-juin 1936 en France ou l'insurrection des ouvriers d'Espagne contre le coup d'Etat fa­sciste du 18 juillet de la même année. Ce qui différencie fondamentalement les mou­vements de la classe aujourd'hui de ceux des années 1930 c'est que ces derniers s'inscri­vaient dans une longue suite de défaites de la classe ouvrière au lendemain de la vague révolutionnaire qui avait surgi au cours de la première guerre mondiale, des défaites qui avaient plongé le prolétariat dans la plus profonde contre-révolution de son histoire. Dans ce contexte de défaite physique et sur­tout politique du prolétariat, les manifesta­tions de combativité de la classe avaient été facilement dévoyées par la bourgeoisie sur le terrain pourri de l'antifascisme, c'est-à-dire de la préparation de la seconde bouche­rie impérialiste. Nous ne reviendrons pas ici sur notre analyse du cours historique ([5]), mais ce qu'il s'agit d'affirmer clairement c'est que nous ne sommes pas aujourd'hui dans la même situation que dans les années 1930. Les mobilisations actuelles du prolétariat ne peuvent être en aucune façon des moments de la préparation de la guerre impérialiste mais prennent leur signification dans la perspective d'affrontements de classe déci­sifs contre le capitalisme plongé dans une crise sans issue.

Cela dit, ce qui confère une importance de premier plan aux mouvements sociaux de la fin de l'automne 1995 en France, ce n'est pas tant la grève et les manifestations ouvrières par elles-mêmes, que l'ampleur de la ma­noeuvre bourgeoise qui se trouve à leur ori­gine.

Bien souvent, on peut évaluer l'état réel du rapport de forces entre les classes, dans la façon dont agit la bourgeoisie face au prolé­tariat. En effet, la classe dominante dispose de multiples moyens pour évaluer ce rapport de forces : sondages d'opinion, enquêtes de police (par exemple, en France, c'est une des missions des Renseignements Généraux, c'est-à-dire de la police politique, que de « tâter le pouls » des secteurs de la popula­tion « à risque », en premier lieu de la classe ouvrière). Mais l'instrument le plus important est constitué par l'appareil syndi­cal qui est bien plus efficace encore que les sociologues des instituts de sondage ou que les fonctionnaires de police. En effet, cet appareil, dans la mesure où il a comme fonc­tion de constituer l'instrument par excellence d'encadrement des exploités au service de la défense des intérêts capitalistes, où il dis­pose, en outre, d'une expérience de plus de 80 ans dans ce rôle, est particulièrement sensible à l'état d'esprit des travailleurs, à leur volonté et à leur capacité à engager des combats contre la bourgeoisie. C'est lui qui est chargé d'avertir en permanence les pa­trons et le gouvernement de l'importance du danger représenté par la lutte de classe. C'est d'ailleurs à cela que servent les rencon­tres périodiques entre les responsables syn­dicaux et le patronat ou le gouvernement : se concerter pour préparer ensemble la meilleure stratégie permettant à la bour­geoisie de porter ses attaques contre la classe ouvrière avec le maximum d'effica­cité. Dans le cas des mouvements sociaux de la fin de l'année 1995 en France, l'ampleur et la sophistication de la manoeuvre organisée contre la classe ouvrière suffisent, à elles seules, à souligner à quel point la lutte de classe, la perspective de combats ouvriers de grande envergure, constituent aujourd'hui pour la bourgeoisie une préoccupation cen­trale.

La manoeuvre de la bourgeoisie contre la classe ouvrière

L'article du précédent numéro de la Revue Internationale décrit par le détail les diffé­rents aspects de la manoeuvre et comment ont collaboré à celle-ci tous les secteurs de la classe dominante, depuis la droite jus­qu'aux organisations d'extrême gauche. Nous nous contenterons ici d'en rappeler les élé­ments essentiels :

- depuis l'été 1995, avalanche d'attaques de tous ordres (depuis une aggravation brutale des impôts jusqu'à une remise en cause des régimes de retraite des travailleurs du sec­teur public, en passant par le blocages des salaires de ces derniers, le tout étant cou­ronné par un plan de réforme de la Sécurité sociale, le « plan Juppé » destiné à augmenter les cotisations des salariés et à réduire les remboursements des frais de maladie ;

- véritable provocation contre les cheminots sous la forme d'un « contrat de plan » en­tre l'Etat et la SNCF (la société des che­mins de fer) qui prévoit un allongement de 7 ans du travail des conducteurs et des mil­liers de suppressions d'emplois ;

- utilisation de la mobilisation immédiate des cheminots comme « exemple à suivre » par les autres travailleurs du secteur pu­blic : contrairement à leur pratique habi­tuelle d'enfermement des luttes, les syndi­cats se font les propagandistes zélés de leur extension et réussissent à entraîner de nombreux autres travailleurs, notamment dans les transports urbains, la poste, les télécommunications, l'électricité et le gaz, l'enseignement, les impôts ;

- médiatisation extrême des grèves qui sont présentées de façon très favorable à la té­lévision, on voit même des intellectuels si­gner en masse des déclarations en faveur de ce « réveil de la société » contre la « pensée unique » ;

- contribution des gauchistes à la manoeu­vre : ils approuvent totalement l'attitude des syndicats à qui ils reprochent seule­ment de ne pas avoir fait la même chose plus tôt ;

- attitude intransigeante, dans un premier temps, du gouvernement qui rejette dédai­gneusement les appels des syndicats à la négociation : l'arrogance et la morgue du Premier Ministre Juppé, personnage anti­pathique et impopulaire, sert admirable­ment les discours « combatifs » et jus­qu'au-boutistes des syndicats ;

- puis, après trois semaines de grève, retrait par le gouvernement du « contrat de plan » dans les chemins de fer et des me­sures contre les régimes de retraite des fonctionnaires : les syndicats crient victoire et parlent du « recul » du gouvernement ; malgré des résistances dans quelques cen­tres « durs », les cheminots reprennent le travail, donnant le signal de la fin de la grève dans les autres secteurs.

Au total, grâce à ce prétendu « recul » prévu à l'avance, la bourgeoisie a remporté une vic­toire en faisant passer l'essentiel des me­su­res qui touchent tous les secteurs de la classe ouvrière comme l'augmentation des impôts et la réforme de la Sécurité Sociale, et même des mesures concernant spécifi­quement les secteurs qui se sont mobilisés comme le blocage des salaires des agents de l'Etat. Mais la plus grande victoire de la bourgeoisie est politique : les travailleurs qui ont fait trois semaines de grève ne sont pas prêts à se relancer dans un mouvement de ce type lorsque pleuvront les nouvelles attaques. De plus, et surtout, ces grèves et ces manifestations ont permis aux syndicats de redorer de façon considérable leur bla­son : alors qu'auparavant l'image qui collait aux syndicats en France était celle de la dis­persion des luttes, des journées d'action poussives et de la division, ils sont apparus tout au long du mouvement (principalement les deux principaux d'entre eux : la CGT d'obédience stalinienne et Force Ouvrière di­rigée par des socialistes) comme ceux sans qui rien n'aurait été possible, ni l'élargisse­ment et l'unité du mouvement, ni l'organisa­tion de manifestations massives, ni les pré­tendus « reculs » du gouvernement. Comme nous le disions dans l'article du précédent numéro de la Revue Internationale :

« Cette recrédibilisation des syndicats cons­tituait pour la bourgeoisie un objectif fon­damental, un préalable indispensable avant de porter les attaques à venir qui seront en­core bien plus brutales que celles d'aujour­d'hui. C'est à cette condition seulement qu'elle peut espérer saboter les luttes qui ne manqueront pas de surgir au moment de ces attaques. »

En fait, l'importance considérable que la bourgeoisie accorde à la recrédibilisation des syndicats s'est confirmée amplement à la suite du mouvement, notamment dans la presse avec de nombreux articles soulignant le « come back » syndical. Il est intéressant de noter que dans une des feuilles confiden­tielles que se donne la bourgeoisie pour in­former ses principaux responsables, on peut lire : « Un des si­gnes les plus clairs de cette reconquête syn­dicale est la volatilisation des coordina­tions. Elles avaient été per­çues comme le témoignage de la non-repré­sentativité syn­dicale. Qu'elles n'aient pas surgi cette fois montre que les efforts des syndicats pour mieux "coller au terrain" et restaurer un "syndicalisme de proximité" n'ont pas été vains. » ([6]). Et cette feuille se plaît à citer une déclaration, présentée comme « un sou­pir de soulagement », d'un patron du secteur privé : « Nous avons enfin à nouveau un syndicalisme fort. »

Les incompréhensions du milieu révolutionnaire

Le fait de constater que les mouvements de la fin 1995 en France résultent avant tout d'une manoeuvre très soigneusement élabo­rée et mise en place par tous les secteurs de la bourgeoisie ne constitue en aucune façon une quelconque remise en cause des capaci­tés de la classe ouvrière à affronter le capital dans des combats de très grande ampleur, bien au contraire. C'est justement dans les moyens considérables mis en oeuvre par la classe dominante pour prendre les devants des combats futurs du prolétariat qu'on peut déceler à quel point celle-ci est préoccupée par cette perspective. Encore faut-il pour ce­la qu'on soit en mesure d'identifier la ma­noeuvre déployée par la bourgeoisie. Malheureusement si cette manoeuvre n'a pu être démasquée par les masses ouvrières, et elle était suffisamment sophistiquée pour qu'il en soit ainsi, elle a également trompé ceux dont une des responsabilités essentiel­les est de dénoncer tous les coups fourrés que les exploiteurs portent contre les exploi­tés : les organisations communistes.

Ainsi les camarades de Battaglia Comunista (BC) pouvaient-ils écrire, dans le numéro de dé­cembre 1995 de leur journal : « Les syn­di­cats ont été pris à contre-pied par la réac­tion décidée des travailleurs contre les plans gouvernementaux. »

Et il ne s'agit pas là d'un jugement hâtif de BC résultant d'une information encore insuf­fisante puisque, dans le numéro de janvier 1996, BC revient à la charge avec la même idée :

« Contre le plan Juppé, les employés du sec­teur public se sont mobilisés spontanément. Et c'est bien de rappeler que les premières manifestations des travailleurs se sont dé­roulées sur le terrain de la défense immé­diate des intérêts de classe, prenant par surprise les organisations syndicales elles-mêmes, démontrant encore une fois que lorsque le prolétariat bouge pour se défen­dre contre les attaques de la bourgeoisie, il le fait presque toujours en dehors et contre les directives syndicales. Ce n'est que dans une seconde phase que les syndicats fran­çais, surtout Force Ouvrière et la CGT, ont pris en marche le train de la protestation récupérant ainsi de leur crédibilité aux yeux des travailleurs. Mais l'implication aux ap­parences de radicalité de Force Ouvrière et des autres syndicats cachait de mesquins in­térêts de la bureaucratie syndicale qu'on ne peut comprendre que si l'on connaît le sys­tème de protection sociale français [où les syndicats, particulièrement Force Ouvrière, assurent la gestion des fonds, ce qui est jus­tement remis en cause par le plan Juppé] ».

C'est un peu la même thèse qu'on retrouve de la part de l'organisation-soeur de BC au sein du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire, la Communist Workers' Organisation (CWO). Dans sa revue Revolutionary Perspectives n° 1, 3e Série, on peut lire :

« Les syndicats, particulièrement FO, la CGT et la CFDT ([7]) s'opposaient à ce chan­gement. Cela aurait constitué un coup ma­jeur porté contre les prérogatives des di­ri­geants syndicaux. Cependant, tous, à un moment ou à un autre, avant les annonces de Juppé, avaient soit accueilli favorable­ment le dialogue avec le Gouvernement, soit accepté la nécessité de nouveaux impôts. C'est seulement quand la colère ouvrière contre les dernières propositions est deve­nue claire que les syndicats ont commencé à se sentir menacés par plus important que la perte de leur contrôle sur des domaines fi­nanciers majeurs. »

Dans l'analyse des deux groupes du BIPR, il existe toute une insistance sur le fait que les syndicats ne cherchaient qu'à défendre des « intérêts mesquins » en appelant à la mobi­lisation contre le plan Juppé sur la Sécurité Sociale. Même si les dirigeants syndicaux sont évidemment sensibles à leurs petits in­térêts de boutique, une telle analyse de leur attitude revient à observer la réalité par le petit bout de la lorgnette. C'est comme si on interprétait les disputes dont sont coutumiè­res les centrales syndicales uniquement comme manifestation de la concurrence en­tre elles sans y voir l'aspect fondamental : un des moyens par excellence de diviser la classe ouvrière. En réalité, ces « intérêts mesquins » des syndicats ne peuvent s'ex­primer que dans le cadre de ce qui constitue leur rôle dans la société d'aujourd'hui : celui de pompiers de l'ordre social capitaliste, de flics de l'Etat bourgeois dans les rangs ou­vriers. Et s'il leur faut renoncer à leurs « intérêts mesquins » et de boutique pour pouvoir tenir ce rôle, ils n'hésitent pas à le faire car ils ont un parfait sens des respon­sabilités dans la défense des intérêts du ca­pital contre la classe ouvrière. En menant leur politique de la fin 1995, les dirigeants syndicaux savaient parfaitement qu'elle al­lait permettre à Juppé de faire passer son plan qui les privait de certaines de leurs pré­rogatives financières, mais ils avaient fait leur deuil de celles-ci au nom des intérêts supérieurs de l'Etat capitaliste. En fait, il est de loin préférable pour les appareils syn­di­caux de laisser croire qu'ils prêchent pour leur propre chapelle (ils pourront toujours se réfugier derrière l'argument que leur propre force contribue à celle de la classe ouvrière) plutôt que de se démasquer pour ce qu'ils sont réellement : des rouages essentiels de l'ordre bourgeois.

En réalité, si nos camarades du BIPR sont tout à fait clairs sur la nature parfaitement capitaliste des syndicats, ils commettent une sous-estimation considérable du degré de so­lidarité qui les lient à l'ensemble de la classe dominante et, notamment, de leur capacité à organiser avec le gouvernement et les pa­trons des manoeuvres destinées à piéger la classe ouvrière.

Ainsi, tant pour la CWO que pour BC, il existe l'idée, bien qu'avec des nuances ([8]), que les syndicats ont été surpris, voire dé­bordés, par l'initiative de la classe ouvrière. Rien n'est plus contraire à la réalité. S'il existe un exemple depuis ces dix dernières années en France où les syndicats ont parfai­tement prévu et contrôlé un mouvement so­cial, c'est bien celui de la fin 1995. Plus, c'est un mouvement qu'ils ont suscité de fa­çon systématique, avec la complicité du gouvernement, comme nous l'avons vu plus haut et analysé par le détail dans notre pré­cédent article. Et la meilleure preuve qu'il n'y avait aucun « débordement » ni aucune « surprise » pour la bourgeoisie et son appa­reil syndical, c'est la couverture médiatique que la bourgeoisie des autres pays a immé­diatement donnée aux événements. Depuis longtemps, et particulièrement depuis les grandes grèves de Belgique qui, à l'automne 1983, avaient annoncé la sortie de la classe de la démoralisation et la désorientation qui avaient accompagné la défaite des ouvriers en Pologne, en 1981, la bourgeoisie s'est fait un devoir d'organiser au niveau international un black-out complet autour des luttes ou­vrières. Ce n'est que lorsque ces luttes cor­respondent à une manoeuvre planifiée par la bourgeoisie, comme ce fut le cas en Allemagne au printemps 1992, que le black-out fait alors place à une profusion d'infor­mations (orientées, évidemment). Dans ce cas déjà, les grèves du sec­teur public, et no­tamment dans les trans­ports, avaient comme objectif de « présenter les syndicats, qui avaient systématiquement organisé tou­tes les actions, maintenant les ouvriers dans la plus grande passivité, comme les vérita­bles protagonistes contre les patrons » ([9]). Dans le cas des mouve­ments de la fin 1995 en France, on a assisté, de ce point de vue, à un « remake » de ce que la bourgeoisie avait fomenté en Allemagne trois ans et demi plus tôt. En fait, l'intense bombardement média­tique qui a accompagné ces mouvements (même au Japon c'est de façon quotidienne que la télé­vision diffusait abondamment des images de la grève et des manifestations) ne signifie pas seulement que la bourgeoisie et ses syn­dicats les contrôlaient parfaitement et depuis le début, non seulement qu'ils avaient été prévus et planifiés par ces der­niers, mais aussi que c'est à l'échelle inter­nationale que la classe dominante avait or­ganisé cette ma­noeuvre afin de porter un coup à la con­science de la classe ouvrière des pays avan­cés.

La meilleure preuve de cette réalité est la façon dont la bourgeoisie belge a manoeuvré à la suite des mouvements sociaux en France :

- alors que les médias parlent à propos de la France d'un « nouveau mai 68 », les syndi­cats lancent, fin novembre 1995, exacte­ment comme en France, des mouvements contre les atteintes au secteur public, et particulièrement contre la réforme de la Sécurité Sociale ;

- c'est alors que la bourgeoisie organise une véritable provocation en annonçant des mesures d'une brutalité inouïe dans les chemins de fer (SNCB) et les transports aériens (Sabena) ; comme en France, les syndicats se portent résolument au devant de la mobilisation dans ces deux secteurs présentés comme exemplaires, et les che­minots belges sont invités à faire comme leurs collègues français ;

- la bourgeoisie fait alors mine de reculer ce qui est évidemment présenté comme une victoire de la mobilisation syndicale et qui permet le succès d'une grande manifesta­tion de tout le secteur public, le 13 décem­bre, parfaitement contrôlée par les syndi­cats et où l'on note la présence d'une délé­gation de cheminots français de la CGT ; le quotidien De Morgen titre le 14 décem­bre : « Comme en France, ou presque » ;

- deux jours plus tard, nouvelle provocation gouvernementale et patronale à la SNCB et à la Sabena où la direction annonce le maintien de ses mesures : les syndicats re­lancent des luttes « dures » (il y a des af­frontements avec la police sur l'aéroport de Bruxelles bloqué par les grévistes) et es­saient d'élar­gir la manoeuvre aux autres secteurs du public et aussi dans le privé où des déléga­tions syndicales venues « apporter leur so­lidarité » aux tra­vailleurs de la Sabena af­firment que « leur lutte constitue un labo­ratoire so­cial pour l'ensemble des tra­vailleurs » ;

- finalement, début janvier, le patronat fait de nouveau mine de reculer en annonçant l'ouverture du « dialogue social », tant à la SNCB qu'à la Sabena, « sous la pression du mouvement » ; comme en France, le mouvement se solde par une victoire et une crédibilisation des syndicats.

Franchement camarades du BIPR, pensez-vous que cette remarquable ressemblance entre ce qui s'est passé en France et en Belgique était le fruit du hasard, que la bourgeoisie et ses syndicats n'avait rien prévu à l'échelle internationale ?

En réalité, l'analyse de la CWO et de BC témoigne d'une dramatique sous-estimation de l'ennemi capitaliste, de sa capacité de prendre les devants lorsqu'il sait que les at­taques de plus en plus brutales qu'il sera conduit à porter contre la classe ouvrière provoqueront nécessairement de la part de celle-ci des réactions de grande envergure dans lesquelles les syndicats devront être mis abondamment à contribution pour la préservation de l'ordre bourgeois. La posi­tion prise par ces organisations donne l'im­pression d'une naïveté incroyable, d'une vul­nérabilité déconcertante face aux pièges tendus par la bourgeoisie.

Cette naïveté, nous l'avions déjà constatée à plusieurs reprises, notamment de la part de BC. C'est ainsi que cette organisation, lors de l'effondrement du bloc de l'Est, était tom­bée dans le piège des campagnes bourgeoi­sies sur les perspectives souriantes que cet événement était sensé représenter pour l'économie mondiale ([10]). Parallèlement, BC avait marché à fond dans le mensonge de la prétendue « insurrection » en Roumanie (en réalité un coup d'Etat permettant le rempla­cement par d'anciens apparatchiks à la Ion Iliescu d'un Ceaucescu honni). A cette occa­sion, BC n'avait pas craint d'écrire : « La Roumanie est le premier pays dans les ré­gions industrialisées dans lequel la crise économique mondiale a donné naissance à une réelle et authentique insurrection popu­laire dont le résultat a été le renversement du gouvernement en place (...) en Roumanie, toutes les conditions objectives et presque toutes les conditions subjectives étaient ré­unies pour transformer l'insurrection en une réelle et authentique révolution sociale. » Camarades de BC, lorsqu'on est conduit à écrire de telles sottises, on doit essayer d'en tirer des leçons. En particulier, on se méfie un peu plus des discours de la bourgeoisie. Sinon, si l'on se laisse piéger par les trucs de la classe bourgeoise destinés à berner les masses ouvrières, comment peut-on se pré­tendre l'avant garde de celles-ci ?

La nécessité d'un cadre d'analyse historique

En réalité, les bourdes commises par BC (tout comme la CWO qui, en 1981, appelait les ouvriers de Pologne à « La révolution maintenant ! ») ne sont pas réductibles à des caractéristiques psychologiques ou intellec­tuelles, la naïveté, de leurs militants. Il existe dans ces organisations des camarades expérimentés et d'une intelligence correcte. La véritable cause des erreurs à répétition de ces organisations, c'est qu'elles se sont sys­tématiquement refusées à prendre en compte le seul cadre dans lequel on puisse com­prendre l'évolution de la lutte du prolétariat : celui du cours historique aux affrontements de classe qui a succédé, à la fin des années 1960, à la période de contre-révolution. Nous avons déjà, à plusieurs reprises mis en évidence cette grave erreur de BC à laquelle s'est ralliée la CWO ([11]). En réalité, c'est la notion même de cours historique que BC remet en cause : « Quand nous parlons d'un "cours historique" c'est pour qualifier une période... historique, une tendance globale et dominante de la vie de la société qui ne peut être remise en cause que par des évé­nements majeurs de celle-ci... En revanche, pour Battaglia... il s'agit d'une perspective qui peut être remise en cause, dans un sens comme dans l'autre, à chaque instant puisqu'il n'est pas exclu qu'au sein même d'un cours à la guerre il puisse intervenir "une rupture révolutionnaire"... la vision de Battaglia ressemble à une auberge espa­gnole : dans la notion de cours historique chacun apporte ce qu'il veut. On trouvera la révolution dans un cours vers la guerre comme la guerre mondiale dans un cours aux affrontements de classe. Ainsi chacun y trouve son compte : en 1981, le CWO appe­lait les ouvriers de Pologne à la révolution alors que le prolétariat mondial était sup­posé n'être pas encore sorti de la contre ré­volution. Finalement, c'est la notion de cours qui disparaît totalement ; voila où en arrive BC : éliminer toute notion d'une perspective historique... En fait, la vision de BC (et du BIPR) porte un nom : l'immédia­tisme. » ([12])

C'est l'immédiatisme qui explique la « naïveté » de BC : hors d'un cadre histori­que de compréhension des évènements, cette organisation en est conduite à croire ce que les medias bourgeois racontent à leur pro­pos.

C'est l'immédiatisme qui permet de com­prendre pourquoi, par exemple, en 1987-88 les groupes du BIPR, face aux luttes ouvriè­res, s'amusent à la balançoire entre un total scepticisme et un grand enthousiasme : la lutte de 1987 dans le secteur de l'école, en Italie, d'abord considérée par BC sur le même plan que celle des pilotes d'avion ou des magistrats devient par la suite le début « d'une phase nouvelle et intéressante de la lutte de classe en Italie. » A la même pé­riode, on peut voir la CWO osciller de la même façon face aux luttes en Grande-Bretagne. ([13])

C'est le même immédiatisme qui fait écrire à BC de janvier 1996 que « La grève des tra­vailleurs français, au delà de l'attitude op­portuniste (sic) des syndicats, représente vraiment un épisode d'une importance ex­traordinaire pour la reprise de la lutte de classe ». Pour BC, ce qui faisait cruellement défaut dans cette lutte, pour lui éviter la dé­faite, c'est un parti prolétarien. Si le parti qui, effectivement, devra être constitué pour que le prolétariat puisse réaliser la révolu­tion communiste, devait s'inspirer de la même démarche immédiatiste que celle dont ne s'est pas départie, malgré toutes ses bour­des, le BIPR, alors, il faudrait craindre pour le sort de la révolution.

En fait, c'est justement en tournant ferme­ment le dos à l'immédiatisme, en ayant la préoccupation constante de replacer les mo­ments actuels de la lutte de classe dans leur contexte historique qu'on peut les compren­dre et assumer un véritable rôle d'avant garde de la classe.

Ce cadre, c'est évidemment celui du cours historique, nous n'y reviendrons pas. Mais, plus précisément, c'est celui qui prévaut de­puis l'effondrement des régimes staliniens à la fin des années 1980 et qui est sommaire­ment rappelé au début de cet article. C'est dès la fin de l'été 1989, deux mois avant la chute du mur de Berlin que le CCI s'est atte­lé à élaborer le nouveau cadre d'analyse permettant de comprendre l'évolution de la lutte de classe :

« C'est donc à un recul momentané de la conscience du prolétariat... qu'il faut s'at­tendre. Si les attaques incessantes et de plus en plus brutales que le capitalisme ne man­quera pas d'asséner contre les ouvriers vont les contraindre à mener le combat, il n'en résultera pas, dans un premier temps, une plus grande capacité pour la classe à avan­cer dans sa prise de conscience. En particu­lier, l'idéologie réformiste pèsera très for­tement sur les luttes de la période qui vient, favorisant grandement l'action des syndi­cats.

Compte tenu de l'importance historique des faits qui le déterminent, le recul actuel du prolétariat, bien qu'il ne remette pas en cause le cours historique, la perspective gé­nérale aux affrontements de classe, se pré­sente comme bien plus profond que celui qui avait accompagné la défaite de 1981 en Pologne. » ([14])

Par la suite, le CCI a été conduit à intégrer dans ce cadre les nouveaux événements de très grande importance qui se sont succé­dés :

« Une telle campagne [sur la "mort du com­munisme" et le "triomphe" du capitalisme] a obtenu un impact non négligeable parmi les ouvriers, affectant leur combativité et leur conscience. Alors que cette combativité connaissait un nouvel essor, au printemps 1990, notamment à la suite des attaques ré­sultant du début d'une récession ouverte, elle a été de nouveau atteinte par la crise et la guerre du Golfe. Ces événements tragi­ques ont permis de faire justice du mensonge sur le "nouvel ordre mondial" annoncé par la bourgeoisie lors de la disparition du bloc de l'Est sensé être le principal responsable des tension militaires (...) Mais en même temps, la grande majorité de la classe ou­vrière des pays avancés, à la suite des nou­velles campagnes de mensonges bourgeois, a subi cette guerre avec un fort sentiment d'impuissance qui a réussi à affaiblir consi­dérablement ses luttes. Le putsch de l'été 1991 en URSS et la nouvelle déstabilisation qu'il a entraînée, de même que la guerre ci­vile en Yougoslavie, ont contribué à leur tour à renforcer ce sentiment d'impuissance. L'éclatement de l'URSS et la barbarie guer­rière qui se déchaîne en Yougoslavie sont la manifestation du degré de décomposition at­teint aujourd'hui par la société capitaliste. Mais, grâce à tous les mensonges assénés par ses médias, la bourgeoisie a réussi à masquer la cause réelle de ces événements pour en faire une nouvelle manifestation de la "mort du communisme", ou bien une question de "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" face auxquelles les ouvriers n'ont d'autre alternative que d'être des spec­tateurs passifs et de s'en remettre à la "sagesse" de leurs gouvernements. » ([15])

En fait, la guerre en Yougoslavie, par son horreur, sa durée et par le fait qu'elle se dé­roulait tout près des grandes concentrations prolétariennes d'Europe occidentale a consti­tué un des éléments essentiels permettant d'expliquer l'importance des difficultés ren­contrées par le prolétariat à l'heure actuelle. En effet, elle cumule (même si à un niveau moindre) les dégâts provoqués par l'effon­drement du bloc de l'Est, des illusions et un désarroi important parmi les ouvriers, et ceux provoqués par la guerre du Golfe, un profond sentiment d'impuissance, sans pour autant apporter, comme cette dernière, une mise en évidence des crimes et de la barba­rie des grandes « démocraties ». Elle consti­tue une claire illustration de comment la dé­composition du capitalisme, dont elle est au­jourd'hui une des manifestations les plus spectaculaires, joue comme un obstacle de premier plan contre le développement des luttes et de la conscience du prolétariat.

Un autre aspect qu'il importe de souligner, notamment parce qu'il concerne l'arme par excellence de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, les syndicats, c'est le fait qui était déjà signalé en septembre 1989 dans nos « thèses » : « l'idéologie réformiste pèsera très fortement sur les luttes dans la période qui vient, favorisant grandement l'action des syndicats. » Cela découlait du fait, non pas que les ouvriers se faisaient encore des illu­sions sur « le paradis socialiste », mais que l'existence d'un type de société présenté comme « non capitaliste » semblait signifier qu'il pouvait exister autre chose sur terre que le capitalisme. La fin de ces régimes a été présenté comme « la fin de l'histoire » (terme utilisé très sérieusement par des « penseurs » bourgeois). Dans la mesure où le terrain par excellence des syndicats et du syndicalisme est l'aménagement des condi­tions de vie du prolétariat dans le capita­lisme, les événements de 1989, aggravés par toute la succession de coups portés à la classe ouvrière depuis, ne pouvaient qu'aboutir, comme on l'a constaté effective­ment, à un retour en force des syndicats ; un retour en force célébré par la bourgeoisie lors des mouvements sociaux de la fin 1995.

En fait, cette remise en selle des syndicats ne s'est pas faite immédiatement. Ces orga­nisations avaient amassé, tout au long des année 1980 notamment, un tel discrédit, du fait de leur contribution permanente au sa­botage des luttes ouvrières, qu'il leur était difficile de revenir du jour au lendemain dans le rôle de défenseurs intransigeants de la classe ouvrière. Aussi, leur retour en scène s'est-il produit en plusieurs étapes au cours desquelles ils se sont de plus en plus présen­tés comme l'instrument indispensable des combats ouvriers.

Un exemple de ce re­tour en force progressif des syndicats nous est donné par l'évolution de la situation en Allemagne où, après les grandes manoeu­vres dans le secteur public du printemps 1992, il y avait encore eu place pour les lut­tes spontanées, en dehors des consignes syndicales, de l'automne 1993, dans la Ruhr avant qu'au début 1995, les grèves dans la métallurgie ne les remettent beaucoup plus en selle. Mais l'exemple le plus significatif de cette évolution est celui de l'Italie. A l'au­tomne 1992, l'explosion violente de colère ouvrière contre le plan Amato voit des cen­trales syndicales prises pour cible de cette même colère. Ensuite, un an plus tard, ce sont les « coordinations des conseils de fa­brique », c'est-à-dire des structures du synd­icalisme de base qui ani­ment les grandes « mobilisations » de la classe ouvrière et les grandes manifestations qui parcourent le pays. Enfin, la manifesta­tion « monstre » de Rome, au printemps 1994, la plus imposante depuis la seconde guerre mondiale, a consti­tué un chef d'oeu­vre du contrôle syndical.

Pour comprendre ce retour en force des syn­dicats, il importe de souligner qu'il a été fa­cilité et permis par le maintien de l'idéologie syndicale dont les syndicats « de base » ou « de combat » sont les ultimes défenseurs. En Italie, par exemple, ce sont eux qui ont animé la contestation des syndicats officiels (en apportant aux manifestations les oeufs et les boulons destinés aux bonzes) avant que d'ouvrir le chemin de la récupération syndicale de 1994 par leurs propres « mobilisations » de 1993. Ainsi, dans les combats à venir, après que les syndicats of­ficiels se soient à nouveau discrédités du fait de leur indispensable travail de sabo­tage, la classe ouvrière devra encore s'atta­quer au syndicalisme et à l'idéologie syndi­caliste représentés par les syndicats de base qui ont si bien travaillé pour leurs grands frères au cours de ces dernières années.

Cela signifie que c'est encore un long che­min qui attend la classe ouvrière. Mais les difficultés qu'elle rencontre ne doivent pas être un facteur de démoralisation, particuliè­rement parmi ses éléments les plus avancés. La bourgeoisie, pour sa part, sait parfaite­ment quelles sont les potentialités que porte en lui le prolétariat. C'est pour cela qu'elle organise des manoeuvres comme celle de la fin 1995. C'est pour cela que, cet hiver, lors du colloque de Davos qui traditionnellement rassemble les 2000 « décideurs » les plus importants du monde dans le domaine éco­nomique et politique (et où participait Marc Blondel, chef du syndicat français Force Ouvrière) on a pu voir ces décideurs se pré­occuper avec inquiétude de l'évolution de la situation sociale. C'est ainsi que parmi beau­coup d'autres, on a pu entendre des discours de ce genre : « Il faut créer la confiance parmi les salariés et organiser la coopéra­tion entre les entreprises afin que les collec­tivités locales, les villes et les régions béné­ficient de la mondialisation. Sinon, nous as­sisterons à la résurgence de mouvements so­ciaux comme nous n'en avons jamais vus depuis la seconde guerre. » ([16])

Ainsi, comme les révolutionnaires l'ont tou­jours mis en évidence, et comme nous le confirme la bourgeoisie elle-même, la crise de l'économie capitaliste constitue le meilleur allié du prolétariat, celui qui lui ouvrira les yeux sur l'impasse du monde ac­tuel et lui fournira la volonté de le détruire malgré les multiples obstacles que tous les secteurs de la classe dominante ne manque­ront pas de semer sur son chemin.

FM, 12/03/96.




[1]  « Résolution sur la situation internationale », 11e Congrès du CCI, point 14, Revue Internationale n° 82.

 

 « Résolution sur la situation internationale », 11e Congrès du CCI, point 14, Revue Internationale n° 82.

 

[3]Revue Internationale n° 84, « Lutter derrière les syndicats mène à la défaite ».

 

[4]. Voir à ce sujet notre article « Le prolétariat est toujours la classe révolutionnaire », Revue internationale n° 74.

 

[5]. Voir à ce sujet : « Rapport sur le cours historique » dans la Revue internationale n° 18.

 

[6]. Supplément au bulletin Entreprise et personnel intitulé : « Le conflit social de fin 1995 et ses conséquences probables »

 

[7]. C'est une erreur, la CFDT, syndicat social-démocrate d'origine chrétienne, approuvait le plan Juppé sur la Sécurité Sociale.

 

[8]. Il faut relever le ton moins optimiste de la CWO que celui de BC : « La bourgeoisie a tellement confiance dans le fait qu'elle va contrôler la colère des ouvriers que la Bourse de Paris est en hausse. » Il faut ajouter que tout au long du mouvement le Franc s'est maintenu à son cours. Ce sont bien deux preuves que la bourgeoisie a accueilli ce mouvement avec une totale satisfaction. Et pour cause !

 

[9]Revue Internationale n° 70, « Face au chaos et aux massacres, seule la classe ouvrière peut apporter une réponse ».

 

[10]. Voir dans la Revue Internationale n° 61 notre article « Le vent d'Est et la réponse des révolutionnaires ».

 

[11]. Voir en particulier nos articles « Réponse à Battaglia Comunista sur le cours historique » et « La confusion des groupes communistes sur la période actuelle : la sous-estimation de la lutte de classe » dans la Revue Internationale n° 50 et 54.

 

[12]Revue Internationale n° 54.

 

[13]. Voir à ce sujet notre article « Décantation du milieu politique prolétarien et oscillations du BIPR », Revue Internationale n° 55.

 

[14]« Thèses sur la crise économique et politique en URSS et dans les pays de l'Est », Revue Internationale n° 60.

 

[15]« Seule la classe ouvrière internationale peut sortir l'humanité de la barbarie », Revue Internationale n° 68.

 

[16] Rosabeth Moss Kanter, ancien directeur de la Harvard Business Review, citée par Le Monde Diplomatique de mars 1996.

 

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