Conflits imperialistes : la progression inexorable du chaos et du militarisme

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Comme on l'a vu en décembre 1995 avec la manoeuvre orchestrée contre la classe ou­vrière en France et plus largement contre le prolétariat européen, la bourgeoisie parvient toujours à s'unir à l'échelle internationale pour affronter le prolétariat. Il en va tout au­trement sur le plan des relations inter-im­pé­rialistes, où la loi de la jungle reprend plei­nement ses droits. Les « victoires de la paix » qui, fin 1995, ont été célébrées par les médias aux ordres ne sont que de sinis­tres mensonges et ne constituent rien d'autre que de simples épisodes dans la lutte à mort que se livrent les grandes puissances impé­rialistes, soit ouvertement, soit le plus sou­vent derrière le masque de prétendues forces d'interposition, telles l'IFOR en ex-Yougoslavie. En effet, cette phase finale de la décadence du système capitaliste qu'est la décomposition est avant tout caractérisée, à l'échelle des rapports inter-impérialistes, par le « chacun pour soi », la guerre de tous contre tous, tendance à ce point dominante depuis la fin de la guerre du Golfe qu'elle supplante pour le moment quasi-totalement cette autre tendance inhérente à l'impéria­lisme dans la décadence, celle à la constitu­tion de nouveaux blocs impérialistes. D'où :

- une exacerbation de ces manifestations ty­piques de la crise historique du mode de production capitaliste que sont le milita­risme, le recours systématique à la force brute pour lutter contre ses rivaux impé­rialistes et l'horreur quotidienne de la guerre pour des fractions toujours plus nombreuses de la population mondiale, victimes impuissantes de la foire d'empoi­gne mortelle de l'impérialisme. Si la su­perpuissance militaire américaine, pour défendre sa suprématie, est aux avant-pos­tes dans cet usage de la force, les autres « grandes démocraties » que sont la Grande-Bretagne, la France et - fait d'im­portance historique - l'Allemagne, n'en marchent pas moins résolument - même si c'est dans la limite de leurs moyens - au même pas cadencé ([1]) ;

- une contestation grandissante du leader­ship de la première puissance mondiale par la plupart de ses ex‑alliés et féaux ;

- une remise en cause ou un affaiblissement des alliances impérialistes les plus solides et anciennes, comme l'attestent la rupture historique survenue au sein de l'alliance anglo-américaine de même que le net re­froidissement des relations entre la France et l'Allemagne ;

- l'incapacité de l'Union Européenne à cons­tituer un pôle alternatif à la superpuis­sance américaine, comme l'ont illustré de manière éclatante les divisions opposant les différents Etats européens à propos d'un conflit se déroulant à leurs portes, à savoir dans l'ex-Yougoslavie.

C'est à partir de ce cadre, que nous pouvons comprendre l'évolution d'une situation im­périaliste infiniment plus complexe et in­stable qu'à l'époque des deux grands blocs impérialistes, et en dégager les principaux traits :

- l'origine et le succès de la contre-offensive américaine, avec pour épicentre l'ex-Yougoslavie ;

- les limites de cette même contre-offensive, marquées notamment par la volonté persis­tante de la Grande-Bretagne à remettre en cause son alliance avec le parrain améri­cain ;

- le rapprochement franco-britannique en même temps que la prise de distance de la France à l'égard de son allié allemand.

Le succès de la contre-offensive des Etats-Unis

Dans la résolution sur la situation interna­tionale du 11e congrès du CCI (Revue Internationale n° 82) était souligné « l'échec que représente pour les Etats-Unis l'évolu­tion de la situation en Yougoslavie, où l'oc­cupation directe du terrain par les armées britannique et française sous l'uni­forme de la FORPRONU a contribué gran­dement à déjouer les tentatives américaines de pren­dre position solidement dans la ré­gion via son allié bosniaque. Il est signifi­catif du fait que la première puissance mon­diale éprouve de plus en plus de diffi­cultés à jouer son rôle de gendarme du monde, rôle que supportent de moins en moins bien les autres bourgeoisies qui ten­tent d'exorci­ser le passé où la menace so­viétique les obli­geait à se soumettre aux diktats venus de Washington. Il existe au­jourd'hui un affai­blissement majeur, voire une crise du lea­dership américain qui se confirme un peu partout dans le monde. » Nous expliquions cet affaiblissement majeur du leadership des Etats Unis par le fait que « la tendance do­minante, à l'heure actuelle, n'est pas tant à la constitution d'un nouveau bloc mais bien le chacun pour soi. »

Au printemps 1995 la situation était effecti­vement dominée par l'affaiblissement de la première puissance mondiale, mais elle s'est nettement modifiée depuis, marquée à partir de l'été 1995 par une vigoureuse con­tre‑offensive menée par Clinton et son équipe. La constitution de la FRR par le tandem franco-britannique, en réduisant les Etats-Unis au rôle de simple challenger sur la scène yougoslave et, plus fondamentale­ment encore, la trahison de leur plus vieux et fidèle lieutenant, la Grande-Bretagne, af­faiblissaient sérieusement la position améri­caine en Europe et rendaient indispensable une riposte d'ampleur visant à enrayer le grave déclin du leadership de la première puissance mondiale. Cette contre-offensive, menée avec brio, fut conduite en s'appuyant fondamentalement sur deux atouts. D'abord celui que confère aux Etats-Unis leur statut de seule superpuissance militaire, capable de mobiliser rapidement des forces militai­res, d'un niveau tel qu'aucun de leur rivaux ne peut espérer être en mesure de se con­fronter à elles. Ce fut la constitution de l'IFOR, évinçant totalement la FORPRONU, avec tout l'appui de la formidable logistique de l'armée américaine : moyens de transport, force aéronavale à l'énorme puissance de feu et satellites militaires d'observation. C'est cette démonstration de force qui imposa aux européens la signature des accords de Dayton. Ensuite, appuyé solidement sur cette force militaire, Clinton, sur le plan di­plomatique, misa à fond sur les rivalités mi­nant les puissances européennes les plus en­gagées en ex-Yougoslavie, en utilisant en particulier très habilement l'opposition entre France et Allemagne, opposition venant s'ajouter à l'antagonisme traditionnel entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne ([2]).

La présence directe dans l'ex-Yougoslavie et plus largement en Méditerranée, d'un fort contingent américain porte un rude coup à deux Etats parmi les plus en pointe dans la contestation du leadership américain : la France et la Grande-Bretagne. Cela d'autant plus que tous deux revendiquent un statut impérialiste de premier plan en Méditerranée et que, pour préserver leur sta­tut, ils s'étaient évertués depuis le début de la guerre en ex-Yougoslavie à empêcher une intervention américaine qui ne pouvait qu'af­faiblir leur position en Méditerranée.

Depuis, les Etats-Unis se sont affirmés clai­rement les maîtres du jeu dans l'ex-Yougoslavie. C'est avec un certain succès qu'ils font pression sur Milosevic afin que celui-ci distende les liens qui l'unissaient étroitement à ses parrains franco-britanni­ques, en alternant la carotte et le bâton. Ils maintiennent solidement sous leur coupe leurs « protégés » bosniaques en les rappe­lant fermement à l'ordre dès lors que ceux-ci manifestent la moindre velléité d'indépen­dance, comme on l'a vu avec le coup monté de toutes pièces par les Etats-Unis, consis­tant à faire soudainement une large publicité sur certains liens entre la Bosnie et l'Iran. Ils ménagent l'avenir en opérant un net rappro­chement avec Zagreb, la Croatie restant la seule force en mesure de s'opposer efficace­ment à la Serbie. Et ils ont su, pour le mo­ment, retourner à leur profit les vives ten­sions agitant leur créature, la fédération croato-musulmane dans la ville de Mostar. Ils ont, de toute évidence, laissé, voire en­couragé, les nationalistes croates à s'en prendre notamment à l'administrateur alle­mand de la ville, ce qui a eu pour résultat le départ précipité de ce dernier et son rempla­cement par un médiateur américain, rempla­cement sollicité à la fois par les fractions croate et musulmane. En nouant de bonnes relations avec la Croatie, les Etats-Unis vi­sent avant tout l'Allemagne, laquelle reste le grand protecteur de la Croatie. En effet, même si, ce faisant, ils exercent une certaine pression sur l'Allemagne, ils continuent de la ménager tentant ainsi de maintenir et d'accentuer les graves divisions survenues au sein de l'alliance franco-allemande à propos de l'ex-Yougoslavie. De plus, en entretenant une alliance tactique et circonstancielle avec Bonn en ex-Yougoslavie, ils peuvent espérer contrôler d'autant mieux l'activité de l'Allemagne qui reste le plus dangereux de leurs rivaux impérialistes, leur présence mi­litaire massive sur le terrain, limitant de fait la marge de manoeuvre de l'impéria­lisme allemand.

Ainsi, trois mois après la mise en place de l'IFOR, la bourgeoisie américaine contrôle solidement la situation et contre, pour le moment, efficacement les « peaux de ba­nane » lancées par la France et la Grande Bretagne pour tenter de saboter la belle ma­chine américaine. D'épicentre de la contes­tation de la suprématie de la première puis­sance mondiale, l'ex-Yougoslavie s'est trans­formée en un tremplin pour la défense de ce leadership en Europe et en Méditerranée, c'est-à-dire dans la zone centrale du champ de bataille des rivalités inter-impérialistes. Ainsi, la présence militaire américaine en Hongrie ne peut que constituer une menace pour la zone d'influence traditionnelle de l'impérialisme allemand dans l'est de l'Europe. Ce n'est certainement pas un ha­sard si d'importantes tensions surgissent au même moment entre Prague et Bonn à pro­pos des Sudètes, les Etats-Unis soutenant clairement dans cette affaire les positions tchèques. De même, un pays comme la Roumanie, allié traditionnel de la France, ne peut lui aussi que subir les effets de cette implantation américaine.

La position de force acquise par les Etats-Unis à partir de l'ex-Yougoslavie s'est aussi concrétisée lors des tensions apparues en mer Egée entre la Grèce et la Turquie. Washington a tout de suite donné de la voix et, très vite, les deux protagonistes se sont pliés à ces injonctions, même si le feu couve encore sous la braise. Mais, au‑delà de l'avertissement à ces deux pays, les Etats-Unis ont surtout su mettre à profit ces évé­nements pour souligner l'impuissance de l'Union Européenne face à des tensions tou­chant directement son sol, soulignant du même coup qui est le vrai patron en Méditerranée. Toutes choses qui n'ont pas été sans provoquer l'agacement du ministre des affaires étrangères de sa très gracieuse Majesté !

Mais si l'Europe constitue l'enjeu central pour la préservation du leadership améri­cain, c'est à l'échelle mondiale que les Etats-Unis doivent défendre ce dernier. Dans ce cadre, le Moyen-Orient continue d'être un champ de manoeuvre privilégié de l'impé­rialisme américain. Malgré le sommet de Barcelone initié par la France et ses tentati­ves de se réintroduire sur la scène moyen-orientale, malgré le succès qu'a constitué pour l'impérialisme français l'élection de Zéroual en Algérie et les crocs en jambe de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne visant à jouer les trouble-fête sur les chasses gar­dées de l'Oncle Sam, celui-ci renforce sa pression et a marqué des points importants au cours de cette dernière année. En faisant nettement progresser les accords israélo-pa­lestiniens, dont l'élection triomphale d'Arafat dans les territoires palestiniens a constitué le couronnement, et en profitant à fond de la dynamique créée par l'assassinat de Rabin pour accélérer les négociations entre la Syrie et Israël, la première puissance mondiale renforce son emprise sur cette région der­rière le masque de la « pax américana » et ses moyens de pressions à l'égard d'Etats tels que l'Iran, qui continue à contester la supré­matie américaine au Moyen-Orient ([3]). Il faut noter également qu'après une éphémère et partielle stabilisation de la situation en Algérie autour de l'élection du sinistre Zéroual, la fraction de la bourgeoisie algé­rienne liée à l'impérialisme français est à nouveau confrontée à des attentats et des coups de main en série derrière lesquels, par « islamistes » interposés, il y a certainement la main des Etats-Unis.

Là où la première puissance mondiale se heurte au « chacun pour soi »

La vigoureuse contre-offensive de la bour­geoisie américaine a modifié la donne im­périaliste, mais elle ne l'a pas affectée en profondeur. Les Etats-Unis ont clairement réussi à démontrer qu'ils restent la seule su­perpuissance mondiale et qu'ils n'hésitent pas à mobiliser leur formidable machine mi­litaire pour défendre leur leadership par­tout où celui-ci est menacé, toute puissance im­périaliste contestant leur suprématie s'ex­po­sant dès lors à subir les foudres américai­nes. Sur ce plan, le succès est total et le message a été clairement entendu. Cependant, malgré les batailles importantes remportées, les Etats-Unis ne sont pas par­venus à briser, à éradiquer réellement le phénomène qui a précisément nécessité tout ce déploiement de force : la tendance au chacun pour soi qui domine l'arène impéria­liste. Momentanément et partiellement frei­née, mais en aucune façon détruite; celle-ci persiste à secouer toute la scène impéria­liste, alimentée en permanence par la dé­composition affectant l'ensemble du système capitaliste. Elle reste la tendance dominante régissant l'ensemble des rapports inter-im­périalistes, contraignant chaque rival impé­rialiste des Etats-Unis à contester ouverte­ment ou de façon plus sournoise et masquée la suprématie de ces derniers, même s'il n'y a aucune égalité entre les forces en pré­sence. La décomposition et sa monstrueuse progéniture qu'est la guerre du tous contre tous portent à l'incandescence ce trait typi­que de la décadence du capitalisme qu'est l'irrationnalité de la guerre dans la phase de l'impérialisme. C'est là l'obstacle principal auquel se heurte la superpuissance mon­diale, obstacle ne pouvant que générer des difficultés sans cesse renouvelées pour celui qui aspire à demeurer le « gendarme du monde ».

Ainsi, leur marge de manoeuvre se voyant sérieusement limitée en ex-Yougoslavie, la France, la Grande-Bretagne, mais aussi, l'Allemagne, vont faire porter ailleurs leurs efforts pour tenter d'effriter et d'affaiblir le leadership américain. A cet égard, l'impé­rialisme français se montre particulièrement actif. Evincé de façon quasi-totale du Moyen-Orient, celui-ci tente par tous les moyens de se réintroduire dans cette région hautement stratégique. S'appuyant sur ses liens traditionnels avec l'Irak, il joue les bons offices entre ce dernier et l'ONU et verse des larmes de crocodile sur les consé­quences terribles pour la population de l'em­bargo imposé à l'Irak par les Etats-Unis, tout en cherchant à renforcer son influence au Yémen et au Qatar. Il n'hésite pas à marcher sur les plates‑bandes de l'Oncle Sam, en pré­tendant jouer un rôle dans les négocia­tions syro-israëliennes et en offrant à nou­veau ses services militaires au Liban Il con­tinue de chercher à préserver ses chasses gardées au Maghreb en étant très offensif vis à vis du Maroc et de la Tunisie, en même temps qu'il défend ses zones d'in­fluence tradi­tionnelles en Afrique Noire. Et là, désormais aidé par son nouveau complice britannique - auquel, en guise de remercie­ment, il a permis, fait inconcevable il y a encore quel­ques années, d'intégrer le Cameroun à la zone du Commonwealth - il manoeuvre à tout va, de la Côte d'Ivoire au Niger (dont il a soutenu le récent coup d'Etat) jusqu'au Rwanda. Chassé de ce der­nier pays par les Etats-Unis, il utilise cyni­quement les mas­ses de réfugiés Hutus basés au Zaïre pour déstabiliser la clique pro-américaine qui di­rige désormais le Rwanda.

Mais les deux manifestations les plus signi­ficatives de la détermination de la bour­geoisie française à résister coûte que coûte au bulldozer de l'Oncle Sam sont, d'une part, le récent voyage de Chirac aux Etats-Unis et, d'autre part, la décision d'une transfor­mation radicale des forces armées françai­ses. En allant rencontrer le grand patron américain, le président français prenait acte de la nouvelle donne impérialiste créée par la démonstration de force de la première puissance mondiale, il n'allait pas pour au­tant à Canossa. Ce voyage n'avait en effet rien d'un acte d'allégeance à Washington. Le président français y a clairement réaffirmé la volonté d'autonomie de l'impérialisme français en exaltant la défense européenne. Mais prenant acte du fait qu'on ne peut que très difficilement s'opposer ouvertement à la puissance militaire américaine, il a inauguré une nouvelle stratégie, celle plus efficace du cheval de Troie. C'est là tout le sens de la réintégration quasi-totale de la France à l'OTAN. Désormais, c'est de l'intérieur que l'impérialisme français entend bien conti­nuer à saboter « l'ordre américain ». La dé­cision de transformer l'armée française en une armée de métier, capable d'aligner à tout moment 60 000 hommes pour des opérations extérieures, est l'autre volet de cette nou­velle stratégie, et traduit la ferme volonté de la bourgeoisie française de défendre ses in­térêts impérialistes, y compris contre le gen­darme américain. Il convient ici de souligner un fait d'importance : dans la mise en oeuvre de cette tactique du cheval de Troie, tout comme dans cette réorganisation de ses for­ces militaires, la France se met résolument à « l'école anglaise ». La Grande-Bretagne a en effet une longue expérience de cette stra­tégie du contournement. Ainsi, son adhésion à la CEE n'a eu pour but essentiel que de mieux saboter cette structure de l'in­térieur. De même, l'armée de métier britan­nique a largement démontré son efficacité car, avec un effectif nettement inférieur à celui de la France, elle a pu néanmoins pen­dant la Guerre du Golfe tout comme en ex-Yougoslavie mobiliser plus rapidement des forces supérieures en nombre. Ainsi aujour­d'hui, derrière le bruyant activisme d'un Chirac sur la scène impérialiste, il faut voir le plus souvent la présence de la Grande-Bretagne en coulisse. La relative efficacité de la bourgeoisie française pour défendre son rang sur la scène impérialiste doit, sans nul doute, beaucoup aux conseils avisés ve­nus de la bourgeoisie la plus expérimentée du monde et à l'étroite concertation qui s'est développée entre ces deux Etats au cours de l'année écoulée.

Mais, là où la force de la tendance au cha­cun pour soi, en même temps que les limites du succès de la démonstration de force des Etats-Unis sont les plus patentes, c'est bien dans la rupture de l'alliance impérialiste unissant la Grande-Bretagne et les Etats-Unis depuis près d'un siècle. Malgré la for­midable pression exercée par les Etats-Unis pour punir de sa trahison la « perfide Albion » et la ramener à de meilleurs senti­ments à l'égard de son ex-allié et ex-chef de bloc, la bourgeoisie britannique maintient sa politique de distanciation à l'égard de Washington, comme en témoigne notam­ment son rapprochement croissant avec la France, même si, à travers cette alliance, la Grande-Bretagne vise aussi à contrer l'Allemagne. Cette politique n'est pas una­nimement partagée par l'ensemble de la bourgeoisie anglaise, mais la fraction Thatcher - qui prône quant à elle le maintien de l'alliance avec les Etats-Unis - reste pour le moment très minoritaire, et Major béné­ficie sur ce plan du total soutien des tra­vaillistes. Cette rupture entre Londres et Washington souligne l'énorme différence avec la situation qui avait prévalu lors de la guerre du Golfe où la Grande-Bretagne res­tait le fidèle lieutenant de l'Oncle Sam. Cette défection de la part de son plus vieil et solide allié est une très sérieuse épine dans le pied de la première puissance mondiale, laquelle ne saurait tolérer une aussi grave remise en cause de sa suprématie. C'est pourquoi Clinton utilise la vieille question irlandaise pour tenter de faire rentrer le traî­tre dans le rang. A la fin de l'année 1995, Clinton, lors de son voyage triomphal en Irlande, n'a pas hésité à traiter la plus vieille démocratie du monde comme une simple « république bananière » en prenant ouver­tement fait et cause pour les nationalistes ir­landais et en imposant à Londres un mé­dia­teur américain en la personne du sénateur G. Mitchell. Le plan concocté par ce dernier ayant essuyé une fin de non-recevoir de la part du gouvernement Major, Washington est alors passé à une étape supérieure en uti­lisant l'arme du terrorisme, via la reprise des attentats par l'IRA, devenue le bras armé des Etats-Unis pour leurs basses oeuvres sur le sol britannique. Cela illustre la détermi­na­tion de la bourgeoisie américaine à ne re­cu­ler devant aucun moyen pour réduire à merci son ancien lieutenant, mais cette utili­sation du terrorisme atteste plus encore de la pro­fondeur du divorce survenu entre les deux ex-alliés et de l'incroyable chaos carac­téri­sant aujourd'hui les relations impérialis­tes entre les membres de l'ex-bloc de l'Ouest, derrière la façade de « l'amitié indé­fecti­ble » unissant les grandes puissances démo­cratiques des deux côtés de l'Atlantique. Pour le moment ce déchaîne­ment de pres­sions de la part de l'ex-chef de bloc ne sem­ble avoir pour seul résultat que de renforcer la volonté de résistance de l'im­périalisme britannique, même si les Etats-Unis sont loin d'avoir dit leur dernier mot et feront tout pour tenter de modifier cette si­tuation.

Ce développement du chacun pour soi au­quel continue de se heurter le gendarme américain a connu ces derniers temps un dé­veloppement spectaculaire en Asie, au point qu'on peut dire qu'un nouveau front est en train de s'ouvrir dans cette région pour les Etats-Unis. Ainsi, le Japon devient-il un al­lié de moins en moins docile, car libéré du carcan des blocs, il aspire à obtenir un rang impérialiste beaucoup plus conforme à sa puissance économique, d'où sa revendication d'un siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.

Les manifestations contre la présence mili­taire américaine dans l'archipel d'Okinawa, la nomination d'un nouveau premier ministre nippon connu pour ses diatribes anti-améri­caines et son nationalisme intransigeant, té­moignent du fait que le Japon supporte de plus en plus difficilement le pesante tutelle américaine, et veut pouvoir affirmer davan­tage ses prérogatives impérialistes. Les con­séquences ne peuvent être que la déstabili­sation d'une région où de nombreux conflits de souveraineté sont latents, tel celui oppo­sant la Corée du Sud et le Japon à propos du petit archipel de Tokdo. Mais ce qui est le plus révélateur du développement des ten­sions impérialistes dans cette partie du monde, c'est la nouvelle agressivité de la Chine vis à vis de Taiwan. Au delà des mo­tivations intérieures de la bourgeoisie chi­noise, confrontée à la délicate succession de Deng Tsiao Ping, et de la question de Taiwan, cette posture guerrière de l'impé­rialisme chinois signifie surtout qu'il est dé­sormais prêt à braver son ex-chef de bloc, les Etats-Unis, pour défendre ses propres prérogatives impérialistes. Ainsi, la Chine a clairement réfuté les nombreuse mises en garde venant de Washington, distendant, pour le moins, les liens qui l'unissaient aux Etats-Unis, au point d'obliger ces derniers à montrer une nouvelle fois leurs muscles en dépêchant une armada dans le détroit de Formose. Dans un tel contexte d'accumula­tion de tensions impérialistes et de remise en cause, ouverte ou cachée, du leadership de la première puissance mondiale en Asie, le rapprochement marqué de Paris à l'égard de Pékin à travers le voyage de H. de Charette, l'invitation à Paris de Li Peng, de même que la tenue d'un premier sommet Euro-Asiatique, prennent tout leur sens. Si les motivations économiques d'une telle réu­nion sont bel et bien présentes, celle-ci est surtout l'occasion pour l'Union Européenne de venir chasser sur les plates-bandes de l'oncle Sam, en prétendant, quel­les que soient les graves divisions qui la mi­nent, constituer le « troisième pôle du triangle Europe-Asie-Amérique. »

Ainsi, malgré la ferme réaffirmation de sa suprématie, le gendarme du monde voit sans cesse se reconstituer devant lui le mur du chacun pour soi. Face à cette mine qui ne peut que menacer la préservation de leur leadership, les Etats-Unis seront contraints de toujours plus recourir à l'usage de la force brute et, ce faisant, le gendarme devient lui même un des principaux propagateurs du chaos qu'il prétend combattre. Ce chaos, gé­néré par la décomposition du système capi­taliste à l'échelle mondiale, ne peut que tra­cer un sillon de plus en plus destructeur et meurtrier sur l'ensemble de la planète.

L'alliance franco-allemande à l'épreuve

Si le leadership de la première puissance mondiale est menacé par l'exacerbation de la guerre du tous contre tous qui affecte l'en­semble des rapports impérialistes, le chaos caractérisant de manière croissante les rela­tions impérialistes renvoie en même temps à un avenir de plus en plus hypothétique la tendance à la constitution de nouveaux blocs impérialistes. En témoigne avec éclat la zone de fortes turbulences dans laquelle est rentrée l'alliance franco-allemande.

Le marxisme a toujours souligné qu'une al­liance inter impérialiste n'avait rien à voir avec un mariage d'amour ou avec une réelle amitié entre les peuples. L'intérêt guide seul une telle alliance et chaque membre d'une telle constellation impérialiste entend bien d'abord et avant tout y défendre ses propres intérêts et en tirer le maximum de profit. Toutes choses s'appliquant parfaitement « au moteur de l'Europe » qu'était le couple fran­co-allemand et expliquant que c'est es­sen­tiellement la France qui est à l'origine de la distanciation des liens entre les deux al­liés. En effet, la vision de cette alliance n'a ja­mais été la même des deux côtés du Rhin. Pour l'Allemagne, les choses sont simples. Puissance économique dominante en Europe, handicapée par sa faiblesse sur le plan militaire, l'Allemagne a tout intérêt à une alliance avec une puissance nucléaire européenne, et ce ne peut être qu'avec la France, la Grande-Bretagne demeurant, malgré sa rupture avec les Etats-Unis, son ennemi irréductible. Historiquement, l'Angleterre a toujours lutté contre la domi­nation de l'Europe par l'Allemagne, et la ré­unification, le poids accru de l'impérialisme allemand en Europe ne peuvent que renfor­cer sa détermination à s'opposer à tout lea­dership germanique sur le continent euro­péen. Si la France a pu hésiter à s'opposer à l'impérialisme allemand, dans les années trente certaines fractions de la bourgeoisie française étaient plutôt enclines à une al­liance avec Berlin. La Grande-Bretagne, quant à elle, s'est constamment opposée à toute constellation impérialiste dominée par l'Allemagne. Face à cet antagonisme histori­que, il n'y a pour la bourgeoisie d'outre-Rhin aucune carte de rechange possible en Europe occidentale et elle se sent d'autant plus à l'aise au sein de son alliance avec la France qu'elle sait y être, malgré les prétentions « du coq gaulois », en position de force. Dès lors, les pressions qu'elle exerce sur un allié de plus en plus récalcitrant n'ont pour but essentiel que de le forcer à lui rester fidèle.

Il en va tout autrement pour la bourgeoisie française pour laquelle s'allier avec l'Allemagne était avant tout un moyen de contrôler cette dernière, tout en espérant exercer un co-leadership sur l'Europe. La guerre dans l'ex-Yougoslavie et plus généra­lement la montée en puissance d'une Allemagne résolument conquérante a sonné le glas de cette utopie qu'entretenait une ma­jorité de la bourgeoisie française, la­quelle voyait resurgir le spectre redouté de la « Grande Allemagne », ravivé par le sou­ve­nir de trois guerres perdues face à un trop puissant voisin germanique.

On peut dire que, quelque part, la bourgeoi­sie française s'est sentie flouée et, à partir de là, elle s'est employée à distendre des liens qui ne faisaient qu'accroître ses faiblesses de puissance historiquement déclinante. Tant que la Grande-Bretagne restait fidèle aux Etats-Unis, la marche de manoeuvre de l'im­périalisme français était très limitée, réduite à tenter de circonvenir l'expansion impéria­liste de son trop puissant allié, en cherchant à l'emprisonner au sein de l'alliance.

L'avancée réalisée par l'Allemagne en ex-Yougoslavie vers la Méditerranée, via les ports croates, a sanctionné l'échec de cette politique défendue par Mitterrand, et dès que la Grande-Bretagne a rompu son al­liance privilégiée avec Washington, la bour­geoisie française a saisi cette occasion pour prendre clairement ses distances avec l'Allemagne. Le rapprochement marqué avec Londres, initié par Balladur et amplifié par Chirac, permet à l'impérialisme français d'espérer contenir beaucoup plus efficace­ment l'expansion impérialiste allemande, tout en résistant avec plus de force aux pres­sions du gendarme américain. Même si cette nouvelle version de « l'Entente Cordiale » est l'union des petits contre les deux grands que sont l'Allemagne et les Etats-Unis, il ne faut pas pour autant la sous-estimer. Sur le plan militaire, c'est une puissance significa­tive au niveau conven­tionnel et plus encore nucléaire. Cela l'est aussi sur le plan politi­que, la redoutable ex­périence de la bour­geoisie anglaise - héritage de la domination qu'elle exerça longtemps sur le monde - ne peut comme, nous l'avons vu, qu'accroître la capacité de ces deux « seconds couteaux » à défendre chèrement leur peau, tant vis à vis de Washington que de Bonn. De plus, même s'il est pour le moment encore difficile de juger de la pérennité de cette nouvelle al­liance impérialiste des deux côtés de la Manche - durement exposée aux pressions des Etats-Unis et de l'Allemagne - un en­semble de facteurs militent cependant en fa­veur d'une certaine durée et solidité du rap­prochement franco-britannique. Ces deux Etats sont tous deux des puissances impé­rialistes historiquement déclinantes, d'ex-grandes puissances coloniales menacées et par la première puissance mondiale, et par la première puissance européenne, toutes choses créant un solide intérêt commun. C'est d'ailleurs pour cela que l'on voit Londres et Paris développer une coopération en Afrique et aussi au Moyen Orient et ce, alors qu'elles y étaient encore il y a peu riva­les, sans même parler de leur concertation exemplaire dans l'ex-Yougoslavie. Mais le facteur qui confère le plus de solidité à cet axe franco-britannique est le fait qu'il s'agit de deux puissances de force sensiblement égale, tant au niveau économique que mili­taire, et que, de ce fait, aucune ne peut craindre d'être dévorée par l'autre, considé­ration revêtant toujours une importance cru­ciale dans les alliances que nouent les re­quins impérialistes.

Ce développement d'une concertation étroite entre la France et la Grande-Bretagne ne peut signifier qu'un affaiblissement marqué de l'alliance franco-allemande. Affaiblissement qui, s'il peut faire en partie le jeu des USA, en éloignant considérable­ment la perspective d'un nouveau bloc do­miné par l'Allemagne, est au contraire tota­lement opposé aux intérêts de cette dernière. La radicale réorientation de l'armée et de l'industrie militaire françaises décidée par Chirac, si elle traduit la capacité de la bour­geoisie française à tirer les leçons de la guerre du Golfe et du sérieux revers subi en ex-Yougoslavie et à répondre aux nécessités générales auxquelles est confronté l'impé­rialisme français dans la défense de ses po­sitions à l'échelle mondiale, vise néan­moins également directement l'Allemagne, à plu­sieurs niveaux :

- malgré les proclamations de Chirac selon lesquelles rien ne serait fait sans une étroite concertation avec Bonn, la bour­geoisie allemande a été mise devant le fait accompli, la France se contentant de com­muniquer des décisions sur lesquelles elle ne compte pas revenir ;

- il s'agit bien d'une profonde réorientation de la politique impérialiste française, comme l'a parfaitement compris le ministre de la défense allemand en déclarant, « si la France voit sa priorité à l'extérieur du noyau dur de l'Europe, alors c'est là une nette différence avec l'Allemagne » ([4])

- à travers la mise en place d'une armée de métier et en privilégiant des forces d'opé­ration extérieures, la France signifie clai­rement sa volonté d'autonomie par rapport à l'Allemagne et facilite les conditions d'in­terventions communes avec la Grande-Bretagne, puisqu'alors que l'armée alle­mande est une armée basée essentielle­ment sur la conscription, l'armée française va désormais se conformer au modèle an­glais, reposant sur des corps profession­nels ;

- enfin, l'Eurocorps, symbole par excellence de l'alliance franco-allemande, est directe­ment menacé par cette réorganisation, le groupe chargé de la défense au sein du parti dominant de la bourgeoisie française, le RPR, demandant sa suppression pure et simple.

Tout ceci atteste de la détermination de la bourgeoisie française à s'émanciper de l'Allemagne, mais on ne saurait cependant mettre sur le même plan le divorce survenu au sein de l'alliance anglo-américaine et ce qui n'est, pour le moment, qu'un affaiblisse­ment marqué de l'alliance entre les deux cô­tés du Rhin. Tout d'abord, l'Allemagne n'en­tend pas rester sans réagir face à son al­lié rebelle. Elle dispose de moyens impor­tants pour faire pression sur ce dernier, ne serait-ce que de par l'importance des rela­tions économiques entre les deux pays et la puis­sance économique considérable dont dispose l'impérialisme allemand. Mais, plus fonda­mentalement, la position particulière dans laquelle se trouve la France ne peut que rendre extrêmement difficile une totale rup­ture avec l'Allemagne. L'impérialisme fran­çais est pris en étau entre les deux grands que sont les Etats-Unis et l'Allemagne et est confronté à leur double pression. En tant que puissance moyenne et malgré l'oxygène que lui procure son al­liance avec Londres, elle est contrainte de chercher à s'appuyer mo­mentanément sur l'un des grands, pour mieux résister à la pr­ession exercée par l'autre et est ainsi amené à jouer sur plu­sieurs tableaux à la fois. Dans la situation de chaos grandissant que provo­que le dévelop­pement de la décomposition, ce double ou triple jeu consistant à prendre tactiquement appui sur un ennemi ou un ri­val pour mieux faire face à un autre, sera de plus en plus monnaie courante. C'est dans ce cadre, que se comprend le maintien de cer­tains liens impérialistes entre la France et l'Allemagne, ainsi au Moyen-Orient voit-on les deux re­quins parfois se soutenir l'un l'autre pour mieux pénétrer les chasses gar­dées de l'on­cle Sam, phénomène pouvant aussi s'obser­ver en Asie. En témoigne éga­lement la si­gnature d'un accord particuliè­rement impor­tant en matière de construction en commun de satellites d'observation mili­taire avec le projet Hélios, dont le but est de disputer la suprématie américaine dans ce domaine es­sentiel de la guerre moderne (Clinton ne s'y est pas trompé en envoyant, en vain, le di­recteur de la CIA à Bonn pour empêcher cet accord), ou celui concernant la décision de produire certains missiles en commun. Si l'intérêt de l'Allemagne à cette poursuite de la coopération dans le domaine de la haute technologie militaire est évident, l'impéria­lisme français y trouve aussi son compte. Car il sait qu'il ne pourra plus assu­rer seul des projets de plus en plus coûteux et si la coopération avec l'Angleterre se dé­veloppe activement, elle est encore limitée de par la dépendance dans laquelle reste cette der­nière vis à vis des Etats-Unis, no­tamment en matière nucléaire. De plus la France sait être sur ce plan dans une posi­tion de force face à l'Allemagne. Ainsi à propos d'Hélios elle a exercé un véritable chantage : si Bonn refusait de participer au projet, elle mettait fin à la production d'héli­coptères, en ces­sant ses activités au sein du groupe Eurocopter.

Au fur et à mesure que le système capitaliste s'enfonce dans la décomposition, l'ensemble des rapports inter-impérialistes porte de plus en plus l'empreinte d'un chaos grandissant, mettant à mal les alliances les plus solides et anciennes et déchaînant la guerre du tous contre tous. Le recours à l'usage de la force brute de la part de la première puissance mondiale s'avère non seulement impuissant à réellement enrayer cette progression du chaos, mais devient un facteur supplémen­taire de la propagation de cette lèpre qui ronge l'impérialisme .Les seuls vrais ga­gnants de cette spirale infernale sont le mili­tarisme et la guerre, qui tels un moloch ne cessent de réclamer un nombre toujours ac­cru de victimes pour satisfaire leur effroya­ble appétit. Six ans après l'effondrement du bloc de l'Est censé inaugurer « l'ère de la paix », la seule alternative reste plus que jamais celle tracée par l'Internationale Communiste lors de son premier Congrès : « Socialisme ou Barbarie ».

RN, 10/3/96



[1]La baisse des budgets militaires censés engranger « les dividendes de la paix », loin de marquer un réel désarmement comme on l'avait vu dans les années suivant la première guerre mondiale, n'est au contraire qu'une gigantesque réorganisation des forces militaires visant à les rendre plus efficaces et meurtrières, face à la nouvelle donne impérialiste créée par le formidable développement du chacun pour soi.

 

[2]Les Etats-Unis n'ont pas hésité à s'appuyer tacti­quement sur l'Allemagne , par Croatie interposée (Voir Revue Internationale n° 83).

 

[3]La récente série d'attentats extrêmement meur­triers en Israël, quels qu'en soient les commanditai­res, ne peut faire que le jeu des rivaux des Etats-Unis. Ceux ci ne s'y sont pas trompés en désignant immédiatement l'Iran et en sommant les Européens de rompre toute relation avec « cet Etat terroriste », ce qui ne manque pas de culot de la part d'un Etat utilisant largement le terrorisme, de l'Algérie à Londres, en passant par Paris ! La réponse des Européens a été dénuée de toute ambiguïté : c'est non. D'une façon générale, le terrorisme, d'arme par excellence des faibles qu'il était, est aujourd'hui de plus en plus utilisé par les grandes puissances dans la lutte à mort qu'elles se livrent. C'est là une manifestation typique du développement du chaos généré par la décomposition.

 

[4]De même, concernant la vision du futur de l'Europe, la France s'est nettement démarquée de la vision fédéraliste défendue par l'Allemagne pour se rapprocher du schéma défendu par la Grande-Bretagne.

 

Questions théoriques: