À une époque où le mouvement ouvrier subit une éclipse de près de vingt ans, il n'est pas étonnant de voir, dans les milieux d'avant-garde, les rangs s’éclairer.
Faiblesse, lassitude, révision, tous les facteurs, avec le maximum d'intensité, dans la débandade générale. Ceux que le travail lent et patient de remontée idéologique du cours révolutionnaire – condition d'un nouveau flux révolutionnaire – effraie ou bien indispose vont se précipiter dans le torrent d'activité et de fébrilité bourgeoise, s'imaginant participer ainsi à l'histoire, et voient leur rêve de brassage des masses se réaliser. Ceux-là iront là où les masses pourraient être d'un bloc impérialiste à un autre, indifféremment, selon les opportunités du moment, réussissant une synthèse de nuances et de cabrioles acrobatiques. Et l'illustration la plus frappante, la plus récente, nous est donnée par la crise du parti trotskiste, où la droite –qui constituait le pilier fondamental de la défense de la Russie dans la IVème Internationale– a quitté le parti pour courir à la recherche des masses au travers du RDR.
Hier anti-plan Marshall, les Delmas, les Demazière, par leur action et par la nature surtout du RDR, deviennent anti-stalinien et pro-Marshall (avec contrôle ouvrier s'entend).
Pour reprendre une des expressions de leur attirail trotskiste, ils sont devenus "objectivement" anti-russes avant de le devenir "subjectivement".
Un peu plus loin dans le passé récent de ces quelques années de l'après-guerre 1939-45, nous trouvons alors des camarades issus aussi du trotskisme et qui, au nom de Lénine et, hélas, seulement en son nom, quittent les rangs de la IVème Internationale pour former l'OCR, "juste retour" aux traditions "léninistes-bolcheviks". Seulement la lutte révolutionnaire se moque pas mal des traditions et n'accepte jamais une répétition verbeuse.
Ainsi, ces camarades, sur la pente du révisionnisme, après le rejet de la défense de la Russie, toujours obnubilés par le schéma trotskiste de la révolution (l'agitation mène à la révolution), essayent tour à tour tout l'arsenal des mots d’ordre léninistes et voient très vite l’inefficience actuelle de ce schéma.
Et la fièvre de révision les prend à rebours de toute méthode historique. Partant d'un postulat qu’ils élèvent à la hauteur de facteur déterminant en premier : le machiavélisme russe et son influence sur les masses, ils se posent, comme premier but et intention de lutte révolutionnaire, le développement de toute une idéologie anti-stalinienne et, de surenchère en surenchère, ils en arrivent à joindre leurs voix à toute la curée de l'impérialisme américain.
D'aucun d'entre eux se sont retirés de la lutte après avoir joué les juges dans l’histoire, faisant comme à Nuremberg le procès de l'histoire depuis la révolution russe. D'autres, que la fièvre d'activité démange un peu trop, sont tombés dans l'anarchisme et, à chaque fois, déversent des torrents d'insanité sur une des plus belles pages de l'histoire du mouvement révolutionnaire : Octobre 1917.
Ils sont devenus plus impérialistes que l'impérialisme américain qui, par souci de publicité efficiente, se garde d'éclabousser la révolution de 1917.
Mais ces deux catégories d'individus ne sont que du menu fretin dans le concert des luttes impérialistes. De plus, du côté russe, se retrouvent les mêmes individus, issus toujours du trotskisme – mais conséquents avec leur logique politique –, qui après un stage à la "Bataille socialiste", parlent de rentrer dans les rangs du PCF. Le processus de ces russifiés est d'origine identique à celui des américanisés, mais leur nature est différente, car ce ne sont que de doctes professeurs ou intellectuels en chômage de fonction.
D'une tout autre envergure sont les anciens militants du mouvement révolutionnaire qui ont eu le courage de faire l'autocritique de leur ancienne position trotskiste. Avec eux, nous retrouvons au moins un effort d'analyse et de recherche idéologiques. Rejetant les slogans et le verbalisme révolutionnaires, ils posent au moins, dans l’évolution historique, le problème de la croisée des chemins.
C'est un révisionnisme, mais qui tient compte de l'irréversibilité de l'histoire. Ils ne se posent pas en juges, mais essayent d'avoir une attitude de savant.
L’erreur fondamentale de leur analyse repose sur une factologie qui ne peut ni infirmer ni confirmer l'hypothèse marxiste de l'aboutissement des luttes de classes dans l'histoire.
Mais leur analyse n'en reste pas moins troublante. Marx a posé le problème de la révolution comme aboutissement de la crise du capitalisme, crise entraînant une viabilité historique du régime bourgeois.
Sans entrer dans les détails de la pensée de Marx, nous pouvons dire que, depuis la 1ère guerre mondiale, la crise du régime est ouverte. La révolution russe et la dégénérescence du mouvement ouvrier international qui a suivi entraînent le monde vers une nouvelle conflagration mondiale impérialiste.
Le mouvement ouvrier, au lieu de puiser des énergies et des forces dans la 2ème guerre, n'a manifesté qu'une apathie et on pourrait même dire une tendance à partager la politique de sa bourgeoisie.
Deux questions surgissent immédiatement :
Et la réponse la plus aisée vient à l’esprit : le capitalisme évolue vers une nouvelle forme de société qui semble éliminer les facteurs de mort. Pour s'en convaincre, on mesure la production en poids, on cite le régime russe, on montre la tendance étatique dans tous les pays du monde ; et on peut alors annoncer, après un jeu d’abstraction logique, que cette transformation du capitalisme est due à la disparition de la notion de valeur de la marchandise.
Pourquoi les guerres semblent se succéder à une allure plutôt rapide. Ici cesse l'analyse, et la morale intervient.
Quant au prolétariat, la réponse est aussi aisée. Les ouvriers ont montré (toujours la factologie comme s’il s’agissait de statistique) leur incapacité historique à lutter et à continuer vers le socialisme.
Pour le côté politique de la question, le "Que faire" en 1945, ces individus ne cachent plus leur ferveur démocratique et de ressortir les vieux arguments de la liberté.
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Si la perspective marxiste peut-être démontrée fausse, ce n'est pas en se référant aux conclusions immédiates, semblant être infirmées par les cent dernières années.
C’est toute la méthode qui est à réviser. Mais ceux qui révisent se gardent bien de s'attaquer à ce travail. Cela exigerait de leur part un effort lent et patient qui va à l'encontre soit de leur fièvre d'activisme soit de leur découragement.
La période noire pour le prolétariat se fait surtout sentir dans les rangs de l'avant-garde. Cette dernière ne peut survivre que par une volonté irréductible d'indépendance idéologique de tout courant bourgeois.
Ceux qui sont las de cette lutte sourde et terrible, ceux qui ne peuvent attendre, ceux qui considèrent leur vie comme un ratage, ceux-là perdent toute indépendance de pensée et de raison. D'avoir crié à la révolution tous les jours, d'avoir fait de n'importe quel mouvement une transition vers le "grand soir" peut faire voir la démocratie américaine comme une bouée de sauvetage. La Russie a trop massacré, trop réduit au silence et à l’abjection des révolutionnaires que les pires geôles n'avaient pu réduire. Et cette haine pour cette machine infernale conduit bon nombre dans les rets de l’impérialisme américain.
Mais rien ne justifie, en tant que révolutionnaire, cette politique ; aucune haine d'un régime policier comme le russe ne peut cacher la mort de toute société que fait pressentir la "démocratie" américaine.
Le choix ne peut se faire sur l'un ou l'autre des blocs ; pour les révolutionnaires, il constitue l'échec de la perspective de Marx, de la perspective socialiste, car pour reprendre l'expression de L. Trotski : “La révolution viendra au rendez-vous, mais les révolutionnaires seront absents."
Hier, dans l'avant-garde, on s'insurgeait contre l'attitude de certains militants rentrant tête baissée dans le PC, pour n'être plus utilisés que comme mouchards ; aujourd’hui, ceux qui par anti-stalinisme prêtent leur concours à l'impérialisme américain pour mobiliser les masses pour une nouvelle guerre, ceux-là seront les mouchards objectifs, dénonçant les révolutionnaires comme un "juste" retour des choses.
Le capitalisme engendre la guerre et, dans sa période de régression, il risque d'entrainer la société tout entière dans la barbarie. L'anti-démocratie populaire et l'anti-démocratie occidentale conduisent à la barbarie avec la même rapidité.
Hier, c'était le fascisme et l'antifascisme qui ont mobilisé les masses pour les grands massacres de 1939-45 ; aujourd’hui, l'anti-stalinisme comme le stalinisme essayent de reproduire l'hécatombe décuplée de 40 millions de morts.
Le choix même négatif d'un des 2 blocs impérialistes ne constitue pas 2 solutions, mais une seule qui est la guerre. La 2ème solution qui reste valable, la révolution socialiste, est à l'ordre du jour, si l'avant-garde délaissant les chemins faciles de l'activisme va contre le courant en développant le langage idéologique du prolétariat.
MOUSSO
Une fois de plus, les radios se mirent à braire et les éditions spéciales à fleurir les mains de lecteurs euphoriques. Molotov répondait à Bedell Smith et la paix s'avérait en vigueur un plan Marshall et du pacte à Cinq. Le monde suivait enfin les voies du cœur et de la raison. Ouais …
Il semble bien qu'en cette affaire les diplomates yankees ne se sont pas montrés à la hauteur. Leur intention probable était d'un alibi électoral fourni à l'Administration de Truman. Tout de même que de freiner la fièvre belliciste qui faisait palpiter les états-majors, journalistes et matrones américains. Pratiquement acquis le vote des crédits militaires, la Maison-Blanche se donnait de l'air. Mais elle négligeait ce fait que la situation intérieure de la Russie oblige cette dernière à lancer une offensive "psychologique" de haut style, une offensive pour la paix. L'occasion était belle, qui fut saisie à la note.
Sur la désastreuse conjoncture économique en Russie, la dévaluation de décembre n'a produit qu'un effet de cautère sur une jambe de bois. Et les mieux assis des avoirs privés se sont reconstitués – tel recteur d’académie pouvant, au dernier emprunt, souscrire la bagatelle de cent mille roubles – tandis que la plupart des travailleurs voient leur vie courante encombrée d'obstacles de plus en plus insurmontables. Les commentateurs assermentés près le Plan ont déclaré et répété : "Produisons d'abord des tracteurs, ensuite nous aurons du blé". Mais l’acuité du conflit entre les forces impérialistes, partant le cours vers la guerre, transforme les tracteurs en canons ; et, sans blé, le pain ne s'accumule pas dans les boulangeries. Alors les officiels – Pravda en tête, NKVD en queue – reprennent l'antienne de la gabegie, du manque de civisme de "certains" responsables, lesquels, élevés aux plus hauts postes, sont miraculeusement devenus incapables ou saboteurs. Mais ce refrain est sans doute usé. Lorsque Marshall fit quelques déclarations lénitives, Moscou tendit l’oreille, et l'agréable visite de Bedell Smith fit luire, au Kremlin, son chemin de Damas. Il témoignera publiquement de son amour pour la paix ; cette paix à l’établissement de quoi seule la volonté impérialiste des USA est entrave. Molotov le disait, bien entendu. Et pour imprévue qu'était, en ses termes, la réponse moscovite, ou plutôt l’interprétation qu'on y greffa, ne laissa pas Truman désarmé. Il opéra une réduction de l’international au national en reconnaissance de facto l'État d'Israël et incitant ses compères ou clients de l'ONU à la même opération. Changeant par-là les manchettes des journaux. À quoi, nouvelle mise en demeure de Staline à Maison-Blanche, le très complaisant Wallace comme entregent. Le Kremlin produit ses avantages. Dans le monde entier, et plus encore dans la sphère russe, il se donne comme chercheur de paix dénonçant les fauteurs de guerre : la politique de Truman Marshall. Et désigne les conditions d'une "vraie paix", lesquelles dans le programme électoral de Wallace, ce brave pote qui, du coup, bénéficiera de quelques centaines de milliers de voix.
Il ne faudrait pas négliger la mention de quelques éléments qui, sans expliquer nécessairement une tentative d’apurement les comptes entre M. et W. ont pu agir sur le cours des événements. Les États-Unis, on sait, ont mis l’embargo sur le matériel militaire en partance pour la Russie. De leur côté, les russes exportent aux E.U. plus grande quantité de pelleteries et moindre de minerais stratégiques. Intéressant, à ce sujet, est de relever, dans les déclarations du ministre du commerce yankee, les propos suivants : "Si les Soviets continuent d’expédier des fourrures et non du manganèse nous serons dans l’obligation de demander le contrôle des importations… les importations de minerais stratégiques en provenance de Russie représentant, à l'heure actuelle, 25 % du volume global des importations aux USA." Et le retour à la raison pourrait bien arranger ces petits différents. La paix assurée, n’est-ce pas, pourquoi donc ne pas échanger, entre soi, de quoi fabriquer force engins de massacres ?
En Chine également, quelque répit était prisé par les camps adverses. Le régime de Tchang-Kaï-Chek est acculé à la catastrophe militaire et économique. Les "rouges" progressent de tous côtés. Et Mao-Tsé-Tung est prêt à imiter son stalinien collègue Markos, à se proclamer chef du gouvernement. Quant au dollar chinois, il en faudra bientôt des millions pour acquérir un seul dollar américain. Cependant, Tchang pratique cette tactique d'occupation des places fortes et d'abandon du reste du territoire, à laquelle la Wehrmacht donna le nom de "hérisson". Cependant, une aide américaine est promise, qui ne saurait tarder. Un redressement de situation est possible encore pour les nationalistes. D'autre part, les staliniens qui n'ont guère à espérer, en fait, d’aide extérieure conséquente, les staliniens sentent peser sur leurs communications et arrières la menace que constituent des "nids" irréductibles. Un compromis peut donc se faire. Mais le conflit qu'il couvrirait ne saurait longtemps s'assoupir. Les américains ne peuvent négliger ce formidable champ d'accumulation que constitue la Chine du Nord. Ni les russes renoncer à neutraliser le bastion des EU au Japon et d’éventuels pied-à-terre à Canton, voir Shanghaï.
Il y a trois mois, après les événements de Prague, nous notions que "les impérialistes russes et américains occuperont bientôt des positions de tranchées" au sortir desquelles "le premier pas en avant signifiera l'ouverture de la troisième guerre mondiale". Envisageant la possibilité d'un compromis, nous ajoutions que "sa portée ne dépasserait pas, en signification réelle, la portée d'un accident d'aviation sur l'ensemble du trafic aérien". Nous voici arrivés aux positions de tranchées. À Berlin, provocations et coups de théâtre se succèdent sans, toutefois, qu'une solution viable puisse apparaître. Et pour cause. Elle ne pourrait signifier autre chose, dans le cadre actuel des débats et à une échéance relativement proche, que la mainmise russe sur l'Allemagne entière. C’est-à-dire la guerre. Mais, sans préjuger de la bonté ou non de leurs intentions, les gouvernements russes et américains se trouvent loin encore d'avoir à consommer l'irréparable. Ils peuvent converser, confronter des visées inconciliables à la longue. Nous sommes dans une période où il est bien présomptueux d'en fixer la durée, où une base d'accord provisoire peut se trouver. Le bluff, en l'occurrence, est de présenter une tentative de compromis condamné à rester passager, comme autre chose qu'une pause dans le cours vers la guerre. Combien significatif, à cet égard, est ce fait que la presse bourgeoise, malgré sa bonne volonté, n'a présenté l'apparent accord des américains et des russes à propos de la Palestine que comme une conjonction de leurs vues sur un plan banal.
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La guerre en Palestine (et ses implications) donne son regain d'acuité au "problème juif". Comme toute "question" relative à l'une quelconque des minorités nationales éparses dans le monde, la "question juive" est un paravent commode à qui veut cacher derrière elle ses intérêts capitalistes ou la politique qui en découle. Remarquons, cependant, qu'à l'intérieur du monde capitaliste, les "questions raciales" soulèvent des mouvements émotionnels violents et qui, pour conditionnés par l’économique, lui restent irréductibles. La levée de ces mouvements n'apparaît pleinement réalisable que dans une société transitoire, en marche vers le socialisme. Laissant ces aspects de côté, notre présent propos sera de clarifier, un tant soit peu, les rapports de force jouant dans l’affaire palestinienne. D'en tirer quelques conclusions.
a) La politique britannique :
Sous la pression des USA, les dirigeants travaillistes de la GB ont abandonné le mandat par elle retenu sur la Palestine. Ils cherchent aujourd’hui à ressaisir une partie du "bien" perdu, rendant à Israël ce qui, de par la volonté américaine, est dû aux sionistes. Le plan de partage, en effet, laissait vacant le régime imposé à l'État arabe. Fidèle vassal, Abdallah leur paraît réunir toutes les conditions requises pour l’établissement d'une "Grande Jordanie", que d’éventuelles opérations pourraient faire s'épanouir en "Grande Syrie" pour se faire une large fenêtre sur la mer, serait souhaitable dont le plan de partage réserve le contrôle à Israël. Mais, et, surtout, il leur faut perdre barre sur les juifs, leur prouver par la force qu'ils ne peuvent en aucun cas gêner leurs intérêts et remettre aux trusts pétroliers d'outre-Atlantique le contrôle du pipe-line trans-palestinien ainsi que l'usage exclusif des installations portuaires. La "guerre sainte" a cet avantage aussi de poser l'Angleterre en seul champion de la cause arabe et d'exalter, afin de sauvegarder de très précieuses concessions, ce mythe de fraternité d'armes anglo-arabe et de l'omniprésence britannique, fondé sur les combinaisons et tripotage des Lawrence, Philby et autres Glubb pacha. Et, si des divergences viennent à s'affirmer entre les compétiteurs arabes, l'Angleterre pourra prendre ses airs médiateurs, tirant par-là, et au mieux, son apparente révérence.
b) Les américains accordent à Israël le meilleur de leur sollicitude. Dans notre numéro 33, nous en expliquions rapidement le pourquoi, l'importance stratégique et celle, relative, du capital engagé dans la "renaissance" d’une Palestine juive. Les experts yankees avaient sous-estimé la puissance des réactions anglo-arabes au projet d'établissement d'un État fédéral où, tôt ou tard, les sionistes seraient devenus l'élément prépondérant. Il leur a fallu revenir à la conception du partage, tout en incitant leurs clients à s'emparer des ports et raffineries de Jaffa. On sait que les bénéfices réalisés dans l'industrie du pétrole viennent non spécialement de son extraction, mais bien de ses raffinages et de son transport. Maintenant, pour Washington, l'affaire dépend plus des négociations diplomatiques que des combats en cours.
c) Pour une fois, Moscou fait chorus avec Truman en soutenant la cause sioniste. Il faut considérer que les États arabes sont des pays arriérés – au sens tout relatif de 1948 – et que leur structure semi-féodale les rend imperméables à toute propagande qui ne s'exprime pas dollars ou en matériels de guerre concédés à titre gracieux. Les sionistes, eux, représentent la "noble cause du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Les soutenir diplomatiquement, c'est s'assurer des droits à la reconnaissance et se poser en "progressiste". Le gang pro-russe, le groupe Stern, montre d'ailleurs le bout de l'oreille, de qui les mots d’ordre sont de remplacer les leaders réformistes de l’Agence Juive par des éléments "réalistes et militants", ainsi que d'obtenir une Palestine neutre dans un Proche-Orient neutre. La France, enfin, suit le train avec toutefois quelques appréhensions. Elle ne peut, en effet, que "froisser" ses sujets musulmans en reconnaissant et en accordant un appui officiel à Israël. Ni admettre une défaite sioniste dont les conséquences pourraient s’avérer dangereuses à son hégémonie nord-africaine.
Ainsi, un compromis solutionnera l’affaire de Palestine. Ce que décident les combats actuels, c’en sont les modalités. Faut-il répéter que l'évolution des événements montrera, tôt ou tard, la précarité d'un tel accord ?
La politique sioniste, en dépit de déclarations verbales parfois contraires, a toujours tendu à s'assurer le monopole du pouvoir en Palestine. L'organisation théo-fasciste Irgun exprime au plus fort cette volonté, écrivant, par exemple, en mai 1943 : "Nous devons combattre les arabes dans le but de les subjuguer et de diminuer leurs exigences ; nous devons les rejeter de l'arène politique." Les sionistes ont ainsi rejeté l'ensemble de la population arabe politiquement active en un bloc unitaire rassemblé autour de quelques féodaux. Cependant, la grande masse des fellahs palestiniens, abrutie par une oppression séculaire, demeure en dehors du conflit, n'y participant qu'à l'occasion d'un pillage. Les sionistes tirent argument de ce fait, en inférant qu'ils ont à jouer un rôle civilisateur dans le Proche-Orient. Rôle qui consiste très exactement à fonder un régime d'exploitation coloniale sur la sueur des autochtones.
Dans le camp sioniste, dominent les tendances social-réformistes. Un régime a été établi, qui réunit les apparences de la propriété collective au profit d'organisations étatiques et de trusts privés. Et, sur le vieux songe messianique –tout à la fois prison et évasion d'Israël au cours des âges– est venu s'étager un système de défrichement agraire et d'industrialisation forcenés à bon marché, réalisés sur le dos des "pionniers", réfugiés d'Europe centro-orientale. Aujourd’hui, face à un bloc arabe représentant à divers titres la volonté impérialiste de la Grande-Bretagne –et celle aussi de pétroliers américains–, les sionistes sont conduits à se soumettre à la férule politique des USA.
Le mouvement ouvrier sioniste est puissant et organisé à "l'allemande". Mais il ne contient aucune fraction véritablement internationaliste et révolutionnaire. C'est que la politique de l'Agence Juive l'a conduit devant le dilemme shakespearien : to be or not to be. Être, cela signifie, pour les ouvriers et paysans d'Israël, consolider le pouvoir oppressif de leur propre bourgeoisie. Être ou ne pas être. Et le salariat urbain ou rural lutte, naturellement, pour un État national. Sur le plan local où se situe son combat, il n'a pas d’autre choix.
L’expérience de Palestine confirme déjà ce fait, vrai déjà dans le 1936 espagnol, qu’il n'y a pas de possibilité désormais d'une émancipation des travailleurs au cours d'une guerre nationale. Comme cette guerre ne renforcera jamais que les assises du pouvoir d'une bourgeoisie elle-même inféodée à l'un ou l'autre des centres d'attraction impérialistes dans le monde. Mais et tout aussi bien, une guerre dite de libération nationale entrainerait nécessairement la participation active de la classe ouvrière à cette guerre. Cela sans possibilité aucune de dépassement interne, sans entraîner jamais la transformation d'une guerre civile impérialiste en guerre civile révolutionnaire. Il faut comprendre que, dans l'inextricable complexe d'intérêts impérialistes, seul moteur véritable aujourd’hui d'une telle guerre, la formule célèbre de Karl Liebknecht selon laquelle "le principal ennemi est dans notre propre pays" est dépassée par l’évolution du régime capitaliste. Seule une guerre impérialiste à l'échelle internationale, de par l'oppression intolérable, les contradictions ouvertes et surtout l'affaiblissement militaire dans chacun des camps antagonistes peut favoriser une montée révolutionnaire. Alors, le combat mené contre leur propre bourgeoisie par les ouvriers et paysans révolutionnaires rejoindra et renfoncera ceux qui se livreront ailleurs.
Dans une guerre nationale, pour des objectifs nationaux, le capital se répartit en producteurs d'armements et en chairs à canon pour bouchers impérialistes. Le devenir de la Révolution socialiste –s'il en est un– se situe au-dessus des frontières territoriales et ne peut s'en accommoder, serait-ce un instant, sans disparaître du même coup.
COUSIN
Le congrès du PC Internationaliste aurait pu ne pas être un congrès, car les problèmes traités l'ont été d'une manière plutôt étriquée, parce que, les interventions d'une certaine valeur se sont limitées entre deux ou trois éléments du parti et les délégués des Fractions française et belge, enfin la masse des délégués, une soixantaine, n'a eu comme seule fonction que de constituer un appareil scénique et chorégraphique. Une conférence restreinte à une dizaine d’éléments aurait eu la même efficacité et, peut-être, cette conférence aurait rendu la conférence plus nourrie et efficiente.
Le congrès a fait voir la plaie qui infecte le parti depuis la période de sa formation, une plaie qui est apparue dans toute sa purulence malgré les efforts multiples pour la cacher. Les divergences de doctrine qui se sont manifestées au cours de la discussion auraient déterminé une salutaire clarification, si une confusion sans précédent n'avait éliminé les motifs de discussion et si les éléments sains du parti n'avaient pas capitulé presque sans lutte.
Pour comprendre l'atmosphère de ce congrès, il faut connaître avant tout les bases de formation du parti. Trois courants ont constitué cette organisation. Les groupes du Sud qui, par le manque d'une idéologie saine et pour avoir été des forces ramassées, allèrent petit à petit se pulvériser. Les groupes du Nord, personnifiés par Damen, représentaient les restes du parti de Livourne et demeuraient ce qu'ils étaient il y a 25 ans sans avoir apporté quelques modifications des positions politiques qui l'ont créé. Enfin, un dernier groupe, celui de l’émigration qui se referait à un bagage idéologique acquis par les expériences françaises et belges, et qui exprimait un bagage idéologique acquis par les expériences françaises et belges et qui exprimait, avec plus de raison, la continuité du courant idéologique conséquent. Entre ces deux derniers courants, des divergences sont apparues au congrès, mais, au travers d'un patriotisme de parti, ces divergences furent étouffées sous le mythe de l'unité.
Damen, en ouvrant le congrès, a exposé la ligne politique du parti, en expliquant la genèse de formation du parti. Il polémiqua avec ceux qui critiquèrent sa constitution comme étant anti-historique. Aussi, expliqua-t-il que la tâche de la fraction consiste tout d'abord dans l’opposition et dans la résistance idéologique à l'opportunisme jusqu’au moment de la lutte ouverte qui peut seule être considéré par un organisme politique qui ait les caractéristiques et les tâches du parti. Sous cet aspect la fraction présuppose le parti.
Le parti, comme tel, peut dire son idéologie de classe pendant la guerre "de libération" et réussit à déterminer vers lui l'orientation de ces groupes qui, s'ils avaient trouvé une fraction à la place du parti, n'auraient pas pu trouver le moyen qui consistait dans la lutte des ouvriers en arme contre l’impérialisme de la bourgeoisie italienne. Pour avoir assuré cette tâche, la fraction était mûre pour sa transformation en parti. Les critiques qui peuvent être adressées au PC Internationaliste sont dues à des groupes qui reflètent l'activité de l'émigration politique et ne furent pas mêlés à l'expérience de formation du parti en Italie. De plus, ces groupes n'ont pas suivi les processus traditionnels de formation politique et se sont constitués à l'extérieur sans représenter le détachement d'une aile révolutionnaire pré-constituée au sein du Parti communiste. Ainsi, ces groupes tendent nécessairement à l'abstraction et à l'opportunisme. La réalité actuelle est concrétisée par le fait que le parti a réussi à mettre un coin dans la crise bourgeoisie et ceci est sa justification historique, car il possède déjà une tradition de lutte, existe comme une concrète entité politique et même, d’une manière minime, a réussi à effectuer une brisure de classe. Le parti représente, face à la volonté féroce de domination bourgeoise, la volonté encore plus aiguisée du prolétariat à annihiler la domination capitaliste. Cette antithèse nettement définie commence à être marquée par les prolétaires italiens qui sont politiquement plus sains, par rapport aux français et aux anglais, n'ayant jamais participé au partage du brigandage impérialiste de la bourgeoise italienne.
Sur la situation internationale du capitalisme, Damen affirme que la bourgeoisie a réussi à manifester une puissance et une vitalité exceptionnelles. Il a rétabli sa domination de classe sur le prolétariat, en prenant possession de ses organismes et de ses symboles. L'évolution du capitalisme vers la gestion de l'État sur la production a fait sa première intervention en Russie où les secousses subies par ce secteur déterminèrent son évolution vers de nouvelles formes d'organisation, vers une centralisation et un contrôle économique social, associés à une tentative originale d'autodiscipline par lequel il cherche à faire disparaître ses contradictions intimes. Depuis les destructions de la dernière guerre, ce secteur procède, à un rythme accéléré, à un nouveau processus d'accumulation qui pose de nouveau le problème de la guerre et l'élimination des contrastes impérialistes au travers de l'unification en une seule centrale de domination capitaliste. Mais, si la guerre signifie crise du capitalisme, par cela existent même les conditions pour une lutte féconde du parti de classe et ce parti a obligé Togliatti à le subir et à renoncer à le neutraliser par la violence.
Sur le problème syndical, il n'existe plus de doute sur la nature du syndicat comme instrument de conservation bourgeoise. On ne peut plus penser reconstituer le syndicat de classe, car, désormais, il est clair que le prolétariat, en prenant conscience, se refusera de s'organiser économiquement et abattra le vieux syndicat avec toute la structure économique. Les fractions syndicales que le parti a organisées, regroupant sur les lieux de travail les éléments qui se détacheront petit à petit des organisations opportunistes, ont comme seul but de procurer la base sociale au parti.
Face aux élections, Damen se prononce pour la participation et ceci sur la base du parlementarisme révolutionnaire. Si la bourgeoisie est contrainte d'adopter un moyen de lutte qui peut être exploité utilement par le parti de classe pour être retourné contre elle, l'avant-garde révolutionnaire ne peut renoncer à s'infiltrer dans la compétition électorale, avec la tâche de boycottage : le problème abstentionniste est désormais dépassé, car il n'avait de raison d’être que dans une période ou une précision de principe, face au courant parlementaire du vieux parti socialiste, était nécessaire. Aujourd'hui où il n'y a plus de doute possible sur le caractère nettement antiparlementaire du PC Int., celui-ci peut adopter cette méthode de lutte, comme il pourrait très bien la rejeter si les circonstances le réclament. En participant aux actuelles élections, le parti a pu pénétrer dans les grandes masses, porter la nouvelle parole, essayer de donner corps aux vagues aspirations de sortir vers des chemins battus, et le résultat a été que la liste internationaliste a eu quatre fois plus de voix qu'aux précédentes élections. Voilà toute l'interprétation des problèmes politiques du parti selon Damen.
Les plus importantes questions sont restées en souffrance ; un manque absolu d'autocritique, un optimisme exagéré et injustifié, un attachement à courte vue des positions les plus dépassées, un complet renoncement à ce que sont les vraies possibilités de reprise de la lutte de classe et de ce que sera l'évolution future du capitalisme, un manque de sensibilité politique qui lui permet de cultiver des illusions sur les possibilités du parti dans un avenir tout immédiat et cela dans une période tout ce qu'il y a de plus révolutionnaire, tels sont les côtés négatifs les plus saillants de son rapport.
Pourtant Vercesi est contre ce rapport. Selon lui, le parti manque complètement d'une analyse de l'évolution capitaliste qui procède vers des formes organisationnelles qui ne peuvent encore pas être nettement définitive, mais qui, de toute façon, peuvent être examinées dans leur développement embryonnaire. Il manque aussi l'analyse sur les capacités de renaissance de l'économie capitaliste au travers du système de la planification, de l'influence que cette planification exerce sur le prolétariat, de la disparition des crises cycliques et de la concurrence à l'intérieur des États. De telles divergences sont aggravées par l'illusion d'avoir opéré une brisure de classe qui, dans une période comme celle-ci, est (…[1]). L'interprétation que la guerre aurait ouvert un cycle révolutionnaire qui détermine ainsi la création du parti, s'est révélée complètement fausse et les (…) contrairement aux précisions, sont de plus en plus (…) la reconstruction capitaliste de l'après-guerre. La (…) du parti existe quand on se trouve dans une période qui prélude l'assaut insurrectionnel de la classe ouvrière, ou tout au moins un détachement de cette (…) capitalisme lequel, aujourd'hui la tient dans sa totale indépendance (…). Si l'hypothèse de Damen était vraie, le PC international d'Italie devrait être aujourd'hui, la tête d'un mouvement de reprise du prolétariat sur (…) mouvement qui n'existe seulement que dans son esprit et non dans la réalité.
Et il faut s'y rapporter si on veut expliquer l'affirmation (…) au parti stalinien, qui fut contraint de tolérer l'existence d'un mouvement révolutionnaire. Mais alors, comment expliquer l'attitude du prolétariat italien lequel, bien qu'il n'ait pas profité des avantages qui pourraient venir (…) bourgeoisie plus (…) que la sienne, n'a pas moins donné dans le panneau de la propagande électorale, manifestant ainsi son état d'infériorité et de dépendance à sa bourgeoisie nationale.
La tendance de sympathie envers le parti ne doit tromper personne, car il est limité dans une zone où il s'est fait plus d'activisme, et il est arbitraire de considérer ceci comme une brisure de classe qui ne peut, de toute façon, se vérifier que dans une lutte de classe généralisée et non par des compétitions électorales. Pour courir derrière la chimère, le travail d'éducation des militants, qui est dans un état déplorable, a été négligé ; il y a des délégués parlementaristes, d'autres favorables à une espèce de compromis avec le centrisme (…).
(…) mettre à nu tout ce qui, sous l'excuse de la défense des positions traditionnelles, cache l'opportunisme et empêche une claire élaboration idéologique et une conséquente assimilation de la part des militants.
Le problème syndical est traité par le rapporteur d'une manière à faire dormir debout, et la discussion qui suit est absolument non concluante. Et c'est encore à Damen de préciser : les problèmes syndicaux en eux-mêmes n'intéressent pas le parti qui ne se propose pas de créer des organes nouveaux pour remplacer le syndicat actuel ; la fraction syndicale doit servir de véhicule pour la pénétration des mots d'ordre politiques du parti dans les masses, mais n'a pas des tâches spécifiques en ce qui concerne le travail syndical proprement dit.
Le délégué français Raymond note au contraire que, par les interventions des ouvriers dans les usines, tendant à s'attarder sur les épisodes particuliers des postes de travail, il y a une tendance à considérer le problème syndical séparé du politique et la confusion qui en résulte est justifiée par le constant changement de position du parti, laquelle n'a jamais donné lieu à une quelconque explication.
Damélis affirme que la fraction syndicale est, dans les intentions de Damen, le point d'appui sur lequel s'élèveront de nouvelles formations à caractère syndical ; et l'existence de cette fraction n'aurait pas d'autre justification que celle de représenter le point de mire pour les masses qui se détacheraient du syndicat et voudraient former des organisations similaires. Peut-être, Damen n'a pas affirmé que la fraction présuppose un organisme plus complet et plus parfait, mais reflète fidèlement sa mentalité d'aller vers les masses. La vraie position du problème syndical est analogue, par exemple, à celle exprimée par le parti sur les CLN : dénoncer ces organismes comme contre-révolutionnaires, en expliquer les buts, mais ne pas prétendre vouloir les substituer par d'autres.
Sur les problèmes de la grève, à la position de Damen qui lui reconnaît un certain contenu de classe, Vercesi oppose la sienne : les grèves limitées au cadre national n'existent qu'en fonction des impérialismes en lutte. Elles sont dirigées dans quelques pays entrant dans l'orbite d'un des deux blocs par les agents du bloc impérialiste adverse. Il faudrait leur appliquer la tactique du défaitisme révolutionnaire. Ainsi, une grève qui éclaterait dans un pays du bloc occidental ne peut avoir un contenu de classe que si elle est réellement appuyée par la solidarité du prolétariat du bloc oriental et précisément du russe, et inversement.
***
Posés superficiellement les termes de quelques problèmes, personne pourtant ne s'est préoccupé de les résoudre ; et le congrès s'est terminé de cette façon aussi absurde. Deux tendances se sont délimitées, qui ne peuvent quand même se considérer comme telles, si on entendait par là qu'elles représentent de véritables courants dans le parti. Et ce n'est pas le cas, car ces tendances représentent des opinions particulières et pas des groupes. Aucun des militants qui se sont politiquement délimités ne sont allés plus loin que la simple énonciation de ses opinions. Même pas les représentants étrangers.
Damen a exposé résolument ses positions bien qu'il ait dû momentanément omettre de se présenter aux élections régionales. Vercesi au contraire, au terme du congrès, s'est en quelque sorte excusé d'avoir été un trouble-fête et d'avoir amené le trouble parmi les militants. Et, à ce devoir sacré, tous se sont alignés, depuis Maffi qui a déclaré à un moment rude du débat parlementariste : "Je savais que cette discussion aurait pu empoisonner le congrès ; c'est pour cela que je me suis abstenu de traiter tel problème", jusqu'à Damen qui a déclaré : "Il faut travailler avec le matériel humain que nous avons et le nôtre est le meilleur ; il faut donc l'éduquer petit à petit par un travail patient et lent."
Aussi, pour ne pas troubler les militants, il faut décider de discuter en chambre close le problème pro ou anti-parlementarisme, pour élaborer une position à laquelle s'aligneraient tous les membres du parti qui étaient venus au congrès pour en discuter.
Les conclusions ne sont pas consolantes : il est clair que dans le parti ne règne qu'une pauvreté idéologique, l'opportunisme, la confusion et même un manque de sérieux. On peut se demander ce que pourront rapporter les délégués dans leur groupe si aucune des questions controversées n'a été résolue. Quelles positions présenteront-ils sur le parti ? Celles de Damen ? Celles de Vercesi et Damélis ? Quelles positions présenteront-ils sur les perspectives, sur le problème syndical ?
Pour notre compte, nous avons entendu un ou deux délégués déclarer (…) ne pas savoir quoi rapporter à leurs camarades...
Le parti ainsi engagé ne pourra pas aller très loin. (…)
(…)
Tant que le parti demeurera entre les mains de Damen, tant que la peur d'être traité de liquidationniste paralysera les forces saines du parti, des militants sincèrement révolutionnaires, il n'y aura pas d'autre voie que (…) et la création d'un nouveau regroupement politique qui ait, comme tâche fondamentale, la recherche et la formulation des bases idéologiques pour la formation future du vrai parti de classe.
Et c'est sur cette voie que nous chercherons à diriger nos efforts.
BERNARD
[1] Les archives ont subi les dommages du temps et un certain nombre de parties ne peuvent être déchiffrées
Une expression extrême de la confusion dans laquelle se débat le prolétariat est donnée par ce qu'on pourrait appeler "les cas particuliers". Des militants – qui, d'ordinaire, se déclarent hostiles à la collaboration de classes, qui condamnent généralement la politique de soutien d'un bloc contre l'autre bloc sur l'échiquier mondial et ne se font pas d'illusion sur la nature impérialiste de la dernière guerre, comme de celle à venir, qui s'estiment être internationalistes en dénonçant aussi bien les USA que la Russie et leurs visées impérialistes-expansionnistes de domination du monde – oublient tout leur beau raisonnement aussitôt qu'ils sont amenés à le traduire politiquement dans des situations concrètes. Tant qu'il est question de généralités un peu lointaines dans le temps et, surtout, tant qu'il s'agit d'une prise de position qui ne touche pas directement leur activité immédiate pratique, ces militants et groupes peuvent faire croire aux autres et se donner à soi l'illusion d'exprimer une position de classe du prolétariat. Mais, dès qu'il surgit une situation concrète dans laquelle il faut traduire en pratiques ses proclamations générales, tout change et ces groupes et militants, par leur comportement réel, apparaissent sous un jour nouveau, bien différents de ce qu'ils affichaient, et croyaient être. En somme, ils sont révolutionnaires et internationalistes tant que cela n'engage pas leur activité réelle ; et, dès qu'il s'agit d'activité réelle, ils cessent d'être des révolutionnaires et des internationalistes.
Mais, il serait trop simpliste et, partant, erroné de vouloir expliquer ce divorce entre leurs paroles et leurs actes par le manque de sincérité, par la tromperie consciente.
En vérité, leur sincérité n'est pas en cause, pas plus que n'est en cause le fait qu'ils sont leurs propres dupes. Le passage entre ce qu'ils croient être et ce qu'ils sont réellement, entre leurs affirmations internationalistes verbales et leur pratique nationaliste réelle, s'effectue à la faveur de la théorie du "cas particulier".
En tant qu'internationaliste, on est bien sûr contre la guerre impérialiste EN GÉNÉRAL, mais l'existence du fascisme en Allemagne devient un "cas particulier" qui fait qu'on participe à la guerre contre l'Allemagne.
On est contre l'idée-nation et contre sa propre bourgeoisie, mais l'occupation étrangère est un "cas particulier" justifiant et exigeant la lutte en commun avec sa bourgeoisie pour la "libération nationale". C'est ainsi seulement qu'on peut comprendre qu'un grand nombre de militants, par ailleurs sincères, se soient trouvés entrainés à participer à la guerre et sous ses formes les plus abrutissantes qu'étaient les diverses organisations et activités de la résistance.
Les agents politiques du capitalisme, les socialistes et les staliniens ont su, à merveille, exploiter cet état de confusion des militants ouvriers se heurtant à des problèmes insolubles parce qu'ACCEPTANT DES ALTERNATIVES, se laissant enfermer dans des alternatives d'où ne pouvait surgir une solution de classe réellement révolutionnaire, c'est-à-dire susceptible d'engager un nouveau cours historique. La politique du moindre mal, comme celle du "cas particulier", est une notion dont la valeur n'a de cours que sur un plan capitaliste et comportant en elle-même la négation de l'opposition de classe, de la contradiction historique entre classes. On ne peut rechercher ni maintenir une orientation de classe sur un plan qui implique précisément l'effacement de la frontière et de la lutte de classes. Si le prolétariat et un grand nombre de ses militants se sont laissés entrainés à la remorque du capitalisme, ce n'est pas parce qu'ils ont renié, en bloc, leur foi socialiste, mais parce qu'ils ont cru admissible MOMENTANÉMENT des solutions contingentes, dans une période qui exige des solutions historiques.
Une montagne ne fait pas tomber ; on ne trébuche que sur des petits cailloux. Le capitalisme s'efforce de semer, en nombre croissant, ces petits cailloux sous les pas du prolétariat. Le chemin de la conscience de classe du prolétariat est largement pourvu de ces obstacles qui ont pour nom : le "cas particulier".
En Grèce, le massacre fait rage. Depuis la libération, la guerre impérialiste ne fait que se poursuivre sous d'autres formes et sous d'autres étiquettes. Gouvernement officiel d'Athènes, "réactionnaire fasciste", d'un côté et gouvernement dissident du général Markos, "républicain et populaire", de l'autre entretiennent une guerre, pour le compte des impérialismes russe et anglo-américain, dans laquelle se font massacrer journellement des centaines de prolétaires grecs. Tout récemment, le gouvernement officiel s'est payé le luxe d'exécutions (…) d'otages politiques, afin de prouver que ces bacchanales sanglantes ne sont pas le privilège uniquement réservé au régime de Hitler, et que les démocraties savent, le cas échéant, faire aussi bien que lui (bien entendu selon leurs moyens).
Au silence pudique des gouvernements anglais et américain et de leurs suppôts socialistes répond le battage du bloc russe et des staliniens. Tout cela n'est que fort naturel. Et des groupements confus, genre RDP, trotskistes et autres de prendre part dans cette campagne. Incapables de comprendre que, dans ce massacre ignoble, nous vivons un ÉPISODE de la guerre, qui des deux côtés ne fait qu'exprimer dans le sang le mode de vie du capitalisme décadent, ils appellent les ouvriers à combattre le gouvernement officiel en soutenant les forces des partisans et en se rangeant derrière elles.
Pour ces groupes, ce qui se passe en Grèce exige coûte que coûte une solution pratique immédiate ; ils n'ont que du mépris pour ces théoriciens en chambre et "révolutionnaires purs" que nous serions, et qui ne croient pas en des solutions possibles pour les ouvriers grecs en dehors du plan historique de la lutte pour la révolution socialiste à l'échelle mondiale. Pour ces groupes qui se disent réalistes, une telle position est une affirmation théorique générale, juste peut-être, mais qui ne saurait les contenter. Leur besoin d'apporter des remèdes immédiats vient de leur appréciation de la situation en Grèce, comme un "cas particulier" exigeant un comportement pratique adéquat à cette particularité.
Pour la Grèce donc, alliance du prolétariat avec le bloc impérialiste russe contre le bloc américain.
Les derniers événements nous ont gratifiés d'un nouvel État : l'État d'Israël. Nous n'avons pas l'intention, dans le cadre de cet article, de nous étendre sur le problème juif. À l'échelle de l'histoire, nous sommes ici en présence d'un de ces vestiges du passé de l'histoire humaine, qui trouvera sa solution dans le dépassement, par l'humanité, de sa division politique en races et en peuples. Le devenir du "peuple" juif ne consiste pas dans la réinstallation de son autonomie et de son droit national, mais dans la disparition de toute frontière et de toute notion d'autonomie et d'existence nationales. Les persécutions sanglantes des dernières années et de la dernière guerre contre les juifs, pour aussi tragiques qu'elles furent, signifient cependant moins un fait particulier que la barbarie de la société décadente, se débattant dans les convulsions de son agonie, et d'une humanité ne parvenant pas à trouver la voie de son salut : le socialisme.
Que les populations juives et arabes de Palestine servent de pions aux intrigues impérialistes internationales, cela ne fait de doute pour personne. Que, pour cela, les meneurs du jeu suscitent et exploitent à fond les sentiments et préjugés nationaux, arriérés et anachroniques, grandement renforcés dans les masses par les persécutions dont elles furent l'objet, cela non plus n'est pas fait pour étonner. C'est sur ce terrain que vient d'être ranimé un de ces incendies locaux : la guerre en Palestine, où les populations juives et arabes s'entretuent avec une frénésie chaque jour croissante et plus sanglante. Il se trouve des militants révolutionnaires bon teint, qui semblaient même garder leur tête dans la Deuxième Guerre mondiale, pour découvrir la tragédie palestinienne, pour manifester leur sympathie à la "lutte héroïque" du peuple juif. "Nous sommes, disent ces militants, contre la guerre ; nous savons aussi que la solution finale est dans le socialisme ; mais, en Palestine, les dés sont jetés et les pauvres juifs sont acculés à se laisser tuer ou à se défendre. Pour le peuple juif et la Palestine, c'est un cas particulier."
Aussi, au nom de ce "cas particulier" et en attendant le socialisme lointain, on prend position dans l'immédiat et on se félicite des victoires remportées par l'armée juive. On est "internationaliste" bien sûr, mais on est aussi réaliste et on ne lâche pas la proie pour l'ombre, même si la proie consiste à soutenir la fondation d'un nouvel État qui, comme tout État de nos jours, ne peut vivre que dans et par la guerre.
Le POUM, parti maximaliste espagnol, vient de tenir, le mois dernier, son congrès. C'est un parti qui se réclame du marxisme et de la révolution prolétarienne. Sa politique peu brillante lors des événements espagnols de 1936-38, politique qui l'a conduit à soutenir, de toutes ses forces, cette guerre du côté républicain, jusqu'à y participer dans le gouvernement de Catalogne, est assez connue. Depuis, le POUM semblait prendre une nouvelle orientation en éliminant sa fraction de droite et en remettant sa destinée à une direction composée des éléments les plus à gauche. Ce congrès "à gauche" présente donc un certain intérêt ; il nous permet de voir comment les déclarations révolutionnaires vagues et générales se transforment en leur contraire dans le concret et le précis.
Ce congrès se déclare contre la guerre en préparation. Il dénonce les blocs américain et russe et les considère également et solidairement comme les fauteurs de la prochaine guerre impérialiste, appelle les ouvriers à combattre l'un et l'autre bloc et à se mobiliser pour une action indépendante de classe. Mais voyons comment cette politique radicale se traduit sur le champ de l'activité pratique du POUM, c'est-à-dire pour l'Espagne. Pour l'Espagne, le congrès estime que l'ennemi n° 1 est le régime de Franco. Pour mener cette lutte, le congrès estime regrettable et préjudiciable la dispersion de la lutte du côté républicain, ce en quoi le POUM voit le secret de la résistance victorieuse de Franco jusqu'à ce jour. Aussi, le congrès préconise-t-il la coordination de la lutte par une entente entre toutes les forces anti-Franco, partant des anarchistes et du POUM jusque y compris les monarchistes, en passant par le gouvernement fantôme espagnol en exil et les pires réactionnaires de la tendance de Gil Robles. La victoire contre Franco exige, dit le congrès, la coordination et l'action combinée de toutes les formes de luttes : grèves ouvrières, maquis et guérillas, et l'intervention de la pression diplomatique auprès de gouvernements étrangers. Voilà le programme d'action réelle que le POUM justifie pour l'Espagne, vu la situation "spécifique" de ce pays, vu que l'Espagne est un "cas particulier".
Le plus cocasse de l'histoire est que le POUM – qui pousse son altruisme, pour la libération des ouvriers du régime de Franco, jusqu'à s'allier avec les monarchistes – repousse cependant la possibilité d'une action commune avec les staliniens qui, tout compte fait et pour des raisons politiques propres à eux, sont certainement les adversaires les plus acharnés de Franco. Le POUM explique cette position par sa répugnance envers le totalitarisme (!) et parce qu'une telle alliance ferait perdre la sympathie nécessaire et indispensable (!) des États-Unis.
On peut laisser de côté la question de savoir ce qui est le plus important, du soutien du gouvernement bourgeois national pour des raisons politiques internationales (démocratie contre fascisme ou totalitarisme) ou du soutien du capitalisme international pour les raisons de politique nationale (libération nationale, anti-fascisme etc.). Dans les deux cas, ce qui demeure c'est l'enchaînement du prolétariat et son immolation sur l'autel du capitalisme.
Toutes les trahisons du prolétariat et du socialisme se font au nom du "cas particulier". Chaque fois que nous entendons entonner la chanson du "cas particulier", nous pouvons être surs qu'on est en train de se fourvoyer soi-même et de fourvoyer dangereusement le prolétariat.
Nous avions mille fois raison quand, après la chute de Mussolini, nous combattions les camarades de la Fraction de Gauche Italienne qui prétendaient que le maquis en Italie n'était pas la même chose que le maquis en France ou, encore plus, que le prolétariat italien était différent des autres prolétariats. Ici aussi, il s'agissait d'un "cas particulier’’. Nous savons où cela a conduit ces camarades : à la collaboration politique avec toutes les organisations bourgeoises dans un Comité d'alliance anti-fasciste de Bruxelles en 1944-45.
Nous n'entendons pas qu'il ne peut exister aucune particularité propre dans des situations ou des pays différents. Mais, contrairement à ces groupes qui voient dans la particularité une chose "en soi", de laquelle il faut partir pour fonder sa politique et son activité, il faut partir de la situation générale mondiale pour fonder la politique et l'action de classe, s'appliquant et s'adaptant aux contingences et au pays malgré les particularités qu'ils peuvent présenter. La totalité de l'évolution historique n'est pas la somme des particularités des divers pays, mais au contraire les particularités des pays ne sont que des parties aliquotes du tout, de l'évolution historique générale. Ce n'est qu'en partant de ce TOUT qu'on peut comprendre les situations particulières et dégager la politique révolutionnaire du prolétariat. Toute autre méthode ne conduit qu'à des impasses parce qu'elle brise le tout historique en une poussière de cas particuliers, chacun servant séparément de fondement à une politique de négation du socialisme et de collaboration au capitalisme.
Quand Karl Liebknecht lançait son cri contre la guerre "L'ennemi est dans notre pays", il entendait surtout fermer la porte aux tentatives par trop faciles d'exploitation des particularités se présentant dans les différents pays. Le capitalisme, voilà l'ennemi. Son existence est le FAIT GÉNÉRAL ; et c'est uniquement lui, et non les particularités, qui dicte le devoir historique et le comportement constant du prolétariat.
MARC
Le New-York Times du 14 février publiait, sous la signature de son correspondant C.L. Sulzberger, une dépêche datée de Paris intitulée : Le Mouvement anti-rouge en Europe inspire d'étranges liaisons. De nouvelles conditions sollicitent le support des gauches pour amener les ouvriers dans leur sein. Nous en traduisons les passages suivants :
Paris, février 13 – (Sous-titre : Un disciple de Trotsky est cité). En France, la coalition gouvernementale "Troisième Force" aussi bien que le mouvement gaulliste, lequel se situe à la droite du précédent, briguent constamment le support de la classe ouvrière. À ce propos, M. André Malraux, auteur célèbre et ci-devant homme de gauche en Espagne et en Chine, actuellement un des plus importants conseillers du général De Gaulle, a montré, à ce reporter, la copie d'une lettre qui lui a été adressée par Victor Serge peu avant la mort de celui-ci au Mexique. La lettre dit : "Je voudrais vous dire que je trouve vaillant et probablement raisonnable la position politique que vous avez adoptée. Si j'étais en France, je serais du nombre des socialistes partisans de la collaboration avec le mouvement auquel vous participez. Je considère la victoire électorale de votre mouvement comme un grand pas vers le salut immédiat de la France... Le salut, plus lointain, dépendra de la façon dont vous et tant d'autres saurez accomplir ce que j'appelle un double devoir : combattre les ennemis d'une renaissance européenne et maitriser les périls que tous nous portons en nous-mêmes." M. Malraux (continue le correspondant du N-Y. T.) dit et répète que, si Léon Trotsky l'avait emporté dans sa lutte contre Joseph Staline, il (Malraux) eut été aujourd'hui communiste-trotskiste. Aussi, n'est-il pas surprenant que M. Serge ait suivi le même chemin ? Victor Serge Tchilbatchich, mort à 52 ans, était le petit-fils du fameux Tchilbatchich, membre de la "Volonté du peuple" russe qui essaya d'assassiner le tsar Alexandre II. Au Mexique, il fut un grand ami de M. Trotsky jusqu'à l'assassinat de celui-ci. Du point de vue soviétique et communiste, le fait que M. Serge avait supporté M. Malraux est dans la logique des choses parce que, pour Moscou, trotskistes et fascistes sont tenus pour identiques. Il existe toutefois un segment de trotskistes français qui seraient enclins à miser gros sur cette lettre – d'un point de vue gauchiste.
Nous ne rendrons pas C.L. Sulzberger responsable du style et d’inexactitudes fantaisistes dont est ourlée sa dépêche. La charité demande qu'on n'accable pas les innocents et d'ailleurs l'on sait que les reporters font ce qu'ils peuvent. Notre correspondant n'aurait cependant pas dû se fier trop complaisamment à sa mémoire ou à celle de ses relations de café. Victor Serge ne s'appelait pas Tchibaltchich mais Kilbatchich ; il n'était pas le petit-fils, mais le neveu du terroriste russe ; ce n'est pas Alexandre II, mais III que la "Volonté du peuple" essaya d'assassiner, le deuxième du nom ayant été bel et bien occis en1881[1] et, dans plus d'un article, Léon Trotsky l'avait attaqué avec violence ; il n'a pas pu être "un grand ami de Trotsky au Mexique" pour la bonne raison qu'il y débarqua un an après la mort du vieux révolutionnaire. Sur un seul point toutefois, notre journaliste avait vu juste : il était "dans la logique des choses" que Victor Serge rejoignit Mrs Malraux, Burnham, Koestler et tutti quanti, - tous ci-devant "hommes de gauche" (…) démocratique. Quiconque avait fréquenté Victor Serge, dans les années qui précédèrent sa mort, ne saurait ignorer que sa haine (…) des régimes policiers l'avait mené à se faire un métier de l'anti-stalinisme. Loin de considérer le totalitarisme russe comme une forme particulière de domination de classe à l'intérieur du processus historique du capitalisme, il lui assignait une fonction diabolique per se, face à quoi tout front unique devenait souhaitable qui promettait de damer le pion au stalinisme. Mais laissons les morts à leur légende, les journalistes à leur innocence et demandons au conseiller du général De Gaulle : quel est votre jeu en vous réclamant du trotskisme, M. Malraux ?
C'est un phénomène familier à tout observateur qu'idéologues et politiques bourgeois ne (…) de s'approprier le vocabulaire révolutionnaire pour y développer leur camelote. L'indigence de leur pensée, désormais incapable de (…) le cercle d'une logique poussiéreuse, non seulement leur interdit toute pensée originale, mais leur fait substituer l'escroquerie (…) honnêteté. On sait quelles barbaries s'épanouissent sous le couvert des politiques des démocraties, quelles monstruosités prolifèrent sous le manteau du socialisme stalinien. Fraude et maquignonnage ont définitivement supplanté méthode et (…) intellectuelles. Mais jamais l'intelligentsia moderne (…), jamais elle ne déploie si ardemment ses dons de bateleurs que lorsqu'il s'agit d'ébaudir la classe ouvrière.
Comme il y a des mariages de convenance, il y a des nécrophages opportunistes : tirer à soi les morts est une vieille technique chez les saltimbanques, grands ou petits. Puisque les communistes s'approprient les fusillés de la résistance, puisque Himmler régnait sur un empire national-socialiste, puisque Mussolini gouvernait une nation prolétarienne, puisque Staline se proclame héritier de Lénine, M. Malraux aurait tort de se gêner... Reconnaissons cependant qu'en essayant de faire accourir les mânes de Trotsky au secours du gaullisme, M. Malraux péter plus haut que son derrière. Mais que rien ne soit négligé pour capter l'oreille de l'ouvrier ; pas même le risque de tomber sur la tête, si l'on manque son (…). Dès lors, qu'importe le franc aveu qu'il toujours politique de se réfugier sous l'aile du gagnant ! Si Trotsky avait occis Staline au lieu d'avoir été occis par celui-ci, et bien M. Malraux ne nous l'envoie pas dire, il eut été avec les vivants contre les morts. Ainsi, ce que M. Malraux entend par : "Si Trotsky l'avait emporté (…). Si la révolution l'avait emporté sur la contre-révolution, j'eusse été à l'heure présente du bon côté du manche, d'autant qu'une révolution (…) et que mon héroïsme se fut trouvé en mal (…) que, comme tout esprit que séduisent les destinées héroïques (…).
(…) un conflit Staline-Trotsky, comme cela ressort de ses déclarations à propos des procès de Moscou. En sorte que le vieux lion (…) à Mexico (…) tort d'accuser M. Malraux d'avoir toujours été un suppôt du stalinisme au moins aussi longtemps qu'il l'avait cru (…). Mais aujourd'hui, alors que le totalitarisme stalinien joue de malchance, alors que même M. Malraux peut se rendre compte que les moscovites risquent de se rompre le cou dans leur querelle avec les américains, il n'est plus du tout héroïque de jouer son Ulysse à bord d'une barque qui fait eau. Cela serait du pur idéalisme et M. Malraux n'est rien moins qu'un idéaliste.
Mais trotskiste, M. Malraux l'a-t-il jamais été ? Existe-t-il un seul texte de lui, une seule prise de position qui pourraient donner le change à quelque naïf ? Le trotskisme ne fut jamais qu'un mouvement fractionnel dont les perspectives historiques se sont révélées nulles. De plus, tout le monde sait qu'il n'y a pas de place dans les fractions extrémistes que pour une activité aussi obscure qu'a-héroïque. Le chapeau dont s'est coiffé ce mouvement : IVème Internationale, pour imposant qu'il soit, n'a pas changé les données du problème en ce qui concerne M. Malraux ; il n'y avait pas de masses à la clé, pas d'avions, pas de bombes, pas de métaphysique autour d'une carte d'état-major. Si cependant M. Malraux n'a laissé nulle trace de ses prétendues activités ou sympathies trotskistes, cent témoignages par contre certifient de son attitude hostile et, il faut bien le dire, plus qu'équivoque à l'endroit de celui dont il se réclame aujourd'hui. Or, quelles étaient les vues exprimées pas Trotsky sur le compte de M. Malraux ?
Au commencement de l'année 1937, M. Malraux fait une tournée de propagande aux États-Unis au bénéfice de l'Espagne républicaine. À Moscou à la même époque, c'est la deuxième fournée des procès de sinistre mémoire ; et, à New-York, l'idée prend corps d'un contre-procès – qui sera connu plus tard sous le nom de "Commission Dewey". Dans une déclaration à la presse de Coyoacan, datée du 8 mars, et reproduite dans The Nation (N-Y le 27 mars), Trotsky disait : New-York est actuellement le centre d'un mouvement pour la révision des procès de Moscou ; ce qui est, soit dit en passant, le seul moyen de prévenir de nouveaux assassinats judiciaires. Il faut expliquer à quel point ce mouvement inquiète les organisateurs des amalgames moscovites. Ils sont prêts à recourir à toutes les mesures pour arrêter ce mouvement. Le voyage de M. Malraux est une de ces mesures."
C'est qu'un incendie s'est produit peu avant. Un correspondant de Tass, Vladimir Romm, avait déposé au second procès qu'à la suite d'un arrangement secret il avait rencontré Léon Trotsky dans un parc de Paris, en juin 1933, afin de recevoir de celui-ci des instructions destinées aux conspirateurs qui travaillaient en URSS. Léon Trotsky fit immédiatement publier une déclaration (New-York Times, 16 février 1937) spécifiant qu'il était arrivé en France à la fin de juillet 1933 et qu'il avait passé les semaines suivantes à Royan, confiné dans sa chambre par suite du mauvais état de santé. Parmi ceux qui l'ont visité, il y eut plusieurs personnes bien connues qui auraient pu confirmer sa présence à Royan à l'époque incriminée. Entre autres, il nomma M. Malraux, lui demandant son témoignage. M. Malraux refusa, alléguant que la guerre d'Espagne était bien plus importante que les procès de Moscou et que, d'ailleurs, ceux-ci étaient une affaire personnelle entre Trotsky et Staline, affaire dans laquelle lui, Malraux, n'avait pas à prendre parti.
À la suite de cette "mise au point", Léon Trotsky moucha d'importance M. Malraux. Dans une dépêche transmise à New-York par la United Press, il dit entre autres : "En 1926, Malraux était en Chine au service du Comintern-Kuomintang et il est un de ceux qui portent la responsabilité de l'étranglement de la révolution chinoise... Malraux est organiquement incapable d'indépendance morale. Ses romans sont entièrement imprégnés d'héroïsme, mais lui-même ne possède pas la moindre trace de cette qualité. Il est officieux de naissance. À New-York, il lance un appel dans lequel il demande de tout oublier, sauf la révolution espagnole. La sollicitude pour la révolution espagnole n'a toutefois pas empêché Staline d'exterminer des douzaines de vieux révolutionnaires. Quant à M. Malraux, il a quitté l'Espagne avec l'objet de conduire aux États-Unis une campagne pour la défendre des travaux judiciaires de Staline-Vichinsky... Les défenseurs des coups judiciaires ourdis à Moscou se divisent en trois groupes : 1) du type perroquet, répétant les formules de l'accusation ; 2) du type sophiste, se livrant à une analyse purement juridique ; 3) dont c'est le rôle de dévier l'opinion publique... à l'aide d'invocations pathétiques. Tel est le rôle de M. Malraux et de ceux qui lui ressemblent... M. Malraux s'enorgueillit d'avoir toujours défendu les antifascistes. Non, non, pas toujours ! Seulement dans les occasions où cela coïncidait avec les intérêts de la bureaucratie soviétique. M. Malraux n'a jamais défendu les antifascistes italiens, bulgares, yougoslaves, allemands qui, réfugiés en URSS furent livrés à la Guépéou parce qu'ils ont critiqué le despotisme et les privilèges de la bureaucratie soviétique."
Ce coup de griffe n'était pas dû exclusivement à la peu glorieuse attitude de M. Malraux lors de son séjour à New-York. La piètre opinion dont M. Malraux jouissait dans l'esprit de Trotsky remonte au moins à 1931, comme cela ressort d'un article de celui-ci publié dans la Nouvelle Revue Française. Mais Léon Trotsky avait ignoré que M. Malraux eut une attitude qui en dit long sur son "détachement" des affaires russes. Lors d'une conférence qu'il donna à Columbia University, il réussit à créer l'impression qu'André Gide était sur le point de faire amende honorable quant à son voyage en URSS (Question : "Que pensez-vous du livre de Gide, Retour de l'URSS, M. Malraux ? – Réponse : "Je n'aurai qu'une chose à dire : juste avant de quitter la France, j'ai vu M. Gide ; il corrigeait les épreuves d'un nouveau livre qu'il venait d'écrire sur l'Union Soviétique ; le titre de ce livre était Retouches à mon retour de l'URSS). Grande joie parmi les auditeurs staliniens. Quant à Malraux "défenseur" d'antifascistes, voici comment il "défendit" l'un d'eux, Victor Serge précisément. Lors du Congrès des écrivains à Paris en 1935, M. Malraux, qui en était un des organisateurs, fut très irrité par la campagne que certains délégués menèrent en vue de la libération de Serge emprisonné en Russie. Il en parla avec amertume à Nicolas Calas présent au congrès. Il confia à Chiaromonte que, bien qu'il crût que Serge aurait dû être libéré et que lui, Malraux, essayerait de faire quelque chose en privé, c'était une erreur d'agiter le cas de Serge publiquement. En définitive, la signature de M. Malraux brilla par son absence au bas du document qui fut rédigé au congrès pour la défense de Victor Serge.
Encore une fois, quel est le jeu de M. Malraux, en essayant de prouver, "documents en mains", que sa présence à la tête du gaullisme bénéficie de l'investiture posthume du Trotsky – via la bénédiction, posthume également – de Serge ? Si, comme tout prête à le croire, M. Malraux est un honnête et loyal agent de De Gaulle, il ne saurait mieux servir son maître qu'en faisant accréditer l'idée que les procès de Moscou furent en tous points honorables puisqu'aussi les trotskistes s'avèrent capables de travailler la main dans la main avec le fascisme gaulliste pour la défaite de la contre-révolution stalinienne ; cela pourrait faire réfléchir tels ouvriers qui, écœurés par le stalinisme, seraient enclins à voir, dans le mouvement trotskiste, un parti révolutionnaire authentique. À remarquer que M. Churchill, dans ses Mémoires, délivre-lui aussi un certificat d'honorabilité aux faussaires moscovites. En second lieu, en faisant passer le gaullisme pour un mouvement de gauche dans lequel les ouvriers seraient chez eux – trotskistes en tête –, M. Malraux se livre à une manœuvre politique doublée d'escroquerie. Mais, comme à la publication que M. Malraux a donnée à la lettre de Victor Serge est en même temps une pure provocation en ce qu'elle livre à la machine stalinienne de nouvelles armes contre les militants révolutionnaires que la Guépéou amalgame sous le nom générique de "trotskistes", une question pour le moins troublante assaille l'esprit : est-il tout à fait exclu que M. Malraux joue le jeu des staliniens et qu'il soit, en tout bien tout honneur, une greffe stalinienne dans le noble giron du gaullisme ?
ANTOINE
[1] Serge n'était pas trotskiste, s'étant séparé de ce mouvement en 1937
(…[1])
(…), mais ayant le même défaut que l'anatomie. Son emploi, comme instrument de recherche et d'interprétation d'un problème d'économie politique, risque de nous donner l'image d'un moteur dont le fonctionnement serait oublié ou insoupçonné. Considérer le travail social, le problème de l'échange comme pures abstractions venues du concret, ne fait en rien comprendre le rôle de ces phénomènes dans un processus de production et surtout ne permet pas de les retrouver sous forme variable dans les transformations du processus même. Considérés la méthode d'abstraction, elle nous donne l'image idéale d'un phénomène sans nous permettre de connaître son processus.
Marx l'a employée dans sa magistrale étude, dans la 1ère partie, du procès du capital, mais nul ne prétend voir, dans cette partie, les fils conducteurs du procès du capital en tant que phénomène historique et non plus simplement économique. Pour cela, il est nécessaire de prendre l'œuvre de Marx dans son ensemble.
En tant que marxiste, la réalité semble plus proche quand le problème du capital est étudié en relation directe avec le phénomène historique de la société. Si Marx, dans la résolution du problème de l'accumulation élargie, se heurte à une impasse, dans la recherche des sources de réalisation de plus-value, si d'autre part il attribue à cet aspect du problème du capital une importance extrême, c'est que, d'après nous, là réside la contradiction économico-historique de la faillite du système. À un certain moment de l'histoire du capital, au travers des forces productives mises en branle par le jeu-même de la contradiction, relation de production-homme, il s'opère une divergence qui va en s'accentuant entre les producteurs exploiteur-exploité et la production. Il y a un phénomène de désadaptation entre la société et les moyens de production, le capital en tant qu'entité économique ne trouve plus le milieu historico-social à sa perpétuation.
Le problème essentiel de cette divergence ne réside plus dans la plus ou moins grande rentabilité du produit (le monopole et le capitalisme d'État répondent à la baisse tendancielle du taux de profit par un sur-profit). Elle réside dans l'essentiel de la production du système : pour qui produire.
Le jeu-même de la production pose cette question. Le capital ne travaille que pour échanger, cet échange n'est pas d'avance (…), car ses conditions de réalisation sont en dehors du circuit de production (introduction de la plus-value).
Par-là, le problème historique de la viabilité du capitalisme se heurte à celui de son échange.
Tout problème intérieur de la production perd son aspect déterminant et revêt un aspect technique.
Le problème intérieur de la production n'a pas uniquement un aspect technique. Il caractérise aussi un système de production. Le procès de production, le procès de circulation, le procès d'échange (et non le problème de l'échange) donnent les qualifications d'un mode donné de société.
Pour le capitalisme, ceci joue avec encore plus de clarté. La loi du fonctionnement du système de production est la loi de la valeur : la valeur d'un produit est mesurée par le nombre d'heures socialement nécessaires à sa production.
Aussi, un produit devient une marchandise quand on le mesure en heures sociales et non en utilité. Ceci n'enlève pourtant en rien la nécessité d'usage de la marchandise. Cette marchandise pourtant ne suffirait pas à caractériser le système économique.
Une autre loi intervient : celle de la valeur de la force de travail ; la force de travail à la propriété de produire plus de marchandises qu'il lui en faudrait consommer pour se reproduire.
Cette propriété pose immédiatement le problème du capital variable et de la plus-value. Le capital variable serait représenté par la valeur marchande de la force de travail – somme d'heures de travail nécessaires à sa reproduction –, la plus-value par l'excédent d'heures de travail de la force de travail. Les variations du taux d'exploitation répondent à une nécessité pour le système dans son développement. Il contient déjà un facteur historique, car il ne se heurte plus à une mécanique de production, mais à un développement plus ou moins viables de conditions historiques de son processus. Mais, là vient se poser le problème de la reproduction. Du point de vue strictement abstrait, la reproduction ne s'opère qu'en fonction d'une certaine somme de travail non (…) que nous appelons capital constant. C'est l'outil, la matière première, le lieu de production, les moyens de circulation.
Le système de production capitaliste s'exprimera donc en capital constant, en capital variable et en plus-value. Son mode de circulation va du producteur au consommateur, non de la valeur d'échange, mais de la valeur d'usage. Son échange se fait sur la base de l'égalité des marchandises vues sous l'angle heure de travail-loi de la valeur.
Mais, cette mécanique précise ne répond pas à la question : pour qui produire ?
Le problème n'est donc plus du ressort du procès du capital, mais des rapports historiques de la société.
Des hommes vendent et achètent. D'aucuns n'ont que leur force de travail à échanger : les ouvriers ; d'autres possèdent les moyens de production et la production à échanger : les capitalistes.
Du point de vue strictement mécanique, ces deux catégories d'individus sont des salariés du capital. En effet, la notion de propriété varie selon les sociétés. La propriété féodale n'est pas la propriété capitaliste. Pour éviter toute confusion, le terme d'appropriation serait plus juste.
Elle permet de comprendre que, dans l'évolution du capitalisme, le phénomène s'écarte de plus en plus de la propriété directe des moyens de production pour prendre sa forme vraiment capitaliste d'appropriation de travail. La propriété féodale est la propriété de la terre indépendamment du travail effectué. Cette terre n'est pas du travail humain accumulé. Les produits de cette terre n'ont pas la propriété de marchandise.
La propriété capitaliste, au contraire, est directement dépendante du travail ; sa forme abstraite est le capital, produit essentiellement humain. Le capital étant du travail accumulé, sa propriété est donc une appropriation du travail humain. Et cette propriété intervient dans le procès de production.
À ce niveau, nous trouvons d'une part des possesseurs de capital constant et d'autre part des possesseurs de force de travail. En tant que tels, ils remplissent une fonction dans le procès et reçoivent un salaire en échange.
Mais, le salaire du possesseur de capital peut très bien revenir à un délégué du possesseur. La propriété du capital n'est donc pas une nécessité économique, comme elle l'est pour la force de travail. Ici intervient le facteur historique. Ces deux catégories de salariés, remplissant des fonctions économiques données dans le procès de production, représentent socialement deux classes distinctes dans leur finalité.
Les salariés du capital agiront pour la perpétuation du système existant.
Les salariés force de travail, au risque de succomber avec la société, sont donc poussés à lutter contre le système existant avec la possibilité non seulement de changer les rapports de production en vigueur, mais d'instaurer de nouveaux rapports éliminant le salariat, donc leur position dans la société capitaliste.
La nature de la classe ne se définit donc plus par une fonction économique, mais par un devenir historique d'individus exerçant de telles fonctions économiques et non-possédant quelque chose.
C'est en ce sens que l'on peut comprendre que le capitalisme d'État élimine le capitalisme privé, mais non la classe capitaliste.
Le problème de la viabilité d'un système économique et celui de sa disparition sont résolus sur des terrains différents.
Le système capitaliste produit, accumule, élargit tant que son champ d'opération lui donne toujours son moteur de production : produire pour qui ? Car, il ne suffit pas de parler profit, bénéfice, et de voir là le moteur de la production quand ils ne sont que les buts.
"Produire pour qui" devient le problème essentiel autorisant une reproduction cyclique.
Du jour où cette question ne reçoit plus de réponse, la succession du système capitaliste dans l'histoire se pose et indépendamment des misères et atrocités pré et post-crise.
Le problème de la disparition du système ne se trouve pas, par-là, plus avancé, car il présuppose une conscience de la nécessité de la succession du capitalisme. Cette conscience c'est le socialisme.
Mais, cette conscience n'est pas un élément abstrait ; il se concrétise dans des individus : les révolutionnaires.
Enfin, cette conscience est action ; cette action s'exprime par la lutte de la classe ouvrière consciente et révolutionnaire.
MOUSSO
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