Nous publions ci-dessous la traduction d'un article réalisé par un ouvrier de Turquie qui a participé aux luttes de Tekel et qui a sympathisé avec la section du CCI dans ce pays. Nous adressons nos plus chaleureux remerciements à ce travailleur.
Les grèves de Tekel sont très peu connues au niveau international car un véritable black-out médiatique est orchestré par la bourgeoisie. La classe dominante préfère évidemment braquer ses projecteurs sur toutes les expressions de nationalisme (qu'elle-même engendre d'ailleurs le plus souvent) et passer sous un silence de plomb les manifestations de solidarité ouvrière entre travailleurs de différentes origines ethniques, culturelles, religieuses… Nous demandons donc à tous nos lecteurs de faire circuler autour d'eux toutes les informations disponibles sur cette lutte.
Nous devons aller partout où nous pouvons pour raconter aux gens la lutte de Tekel dans ses moindres détails. Pour cela, nous devons former un comité et nous unir à la classe. Notre tâche est plus difficile qu'il n'y paraît ! D'une part, nous avons affaire au capital, d'autre part, à la fois au gouvernement et aux leaders syndicaux. Nous devons tous lutter de la meilleure façon possible. Même si notre situation économique n'est pas bonne, même si nous sommes physiquement fatigués, si nous voulons la victoire, nous devons lutter, lutter, lutter !
Bien que j'aie été loin de ma famille pendant 83 jours, je ne suis resté à la maison que pendant une semaine. Je suis allé à Istanbul pour parler aux gens de la résistance de Tekel, sans même pouvoir voir ma femme et mes enfants. Nous avons eu de nombreuses réunions du comité informel des travailleurs de Tekel, notamment à Diyarbakir, Izmir, Hatay, et j'ai participé à de nombreuses réunions avec des camarades de la commission informelle à Istanbul. Nous avons eu des réunions à l'Université Mimar Sinan, une dans l'école hôtelière de Sirinevler, une dans le bâtiment du syndicat de l'Industrie, nous avons eu des discussions avec des pilotes et d'autres travailleurs de l'aéronautique du mouvement dissident Rainbow de Hava-Is (un syndicat), et nous avons rencontré des salariés de la magistrature. Nous avons également rencontré le président du Parti de la Paix et de la Démocratie d'Istanbul et lui avons demandé que les travailleurs de Tekel puissent parler à l'occasion du jour férié Newroz. Les réunions ont toutes été très chaleureuses. Notre requête auprès du PDP a été acceptée et ils m'ont demandé de participer aux manifestations de Newroz comme orateur. Comme je devais retourner à Adiyaman, j'ai suggéré qu'un camarade ouvrier d'Istanbul parle à ma place. Pendant que j'étais à Istanbul, j'ai rendu visite aux pompiers en lutte, aux ouvriers de Sinter Metal, aux travailleurs municipaux d'Esenyurt, aux grévistes du journal Sabah et de ATV, le dernier jour, aux travailleurs en lutte du Service des Eaux et des Égouts d'Istanbul (ISKI). Nous avons parlé avec ces ouvriers pendant une demi-journée sur comment nous pouvions faire grandir la lutte et nous leur avons aussi donné des informations sur la lutte de Tekel. Les ouvriers de ISKI m'ont d'abord dit qu'ils ont commencé leur lutte avec le courage qu'ils avaient acquis grâce aux travailleurs de Tekel. Pendant la semaine que j'ai passée à Istanbul, partout où j'allais, à la manifestation ou en allant visiter des lieux de lutte, j'entendais : « Nous avons eu du courage grâce à Tekel », ce qui me rendait des plus heureux. Le temps que j'ai passé à Istanbul a été très enrichissant pour moi aussi. Il y a eu aussi bien sûr des mauvaises choses : un de mes proches est malheureusement décédé mais j'ai décidé de ne pas partir et de rester toute la semaine comme prévu.
Pour parler des choses plus noires de cette période, 24 élèves, frères et sœurs de classe, ont été expulsés de leur lycée (Mehemetcik High School) pour avoir soutenu la lutte de Tekel. A Ankara aussi, une de nos sœurs de classe du Conseil de la Recherche Scientifique et Technologique de Turquie (TUBITAK), Aynur Camalan, a été abattue. Lorsque le capital nous attaque de cette façon, nous, ouvriers, sans aucune pitié, nous devons nous unir contre lui. Aussi, avons-nous fait deux annonces dans la presse à Adiyaman et avons montré que nos amis ne sont pas seuls. Nous nous sommes aussi préparés pour la manifestation du 1er avril. Ce que les leaders syndicaux voulaient, c'était aller à Ankara avec 50 personnes de chaque ville, avec un total de mille. En tant que comité informel, nous avons augmenté ce nombre de 50 à 180 seulement à Adiyaman, et je suis moi-même venu à Ankara avec dix autres ouvriers le 31 mars. Malgré toutes les déclarations des syndicats pour limiter le nombre à 50, nous avons réussi à aider 180 travailleurs à venir (c'est nous et non les syndicats qui avons couvert les frais), car nous savions comment les syndicats voulaient manipuler, comme il le faisaient auparavant. Nous avons eu des réunions avec de nombreuses organisations massives, des associations et des syndicats. Nous avons rendu visite à Aynur Camalan, l'ouvrière de TUBITAK, qui avait perdu son emploi.
Le 1er avril, nous nous sommes réunis dans Kizilay [le centre d'Ankara, la capitale de la Turquie, NDT], mais nous avons dû faire beaucoup d'efforts pour arriver jusqu'à la rue en face de Turk-Is, parce que 15 000 policiers gardaient le bâtiment. Que faisaient tous ces policiers devant nous et devant le syndicat ? Maintenant, nous devons demander à ceux qui se dressent contre nous, même quand nous parlons des dirigeants syndicaux, même lorsque nous disons que les syndicats devraient être remis en question : s'il y a une puissante barricade de 15 000 policiers entre nous et le syndicat, pourquoi les syndicats existent-ils ? Si vous me dites qu'il est tout à fait naturel que la police protège le syndicat et les dirigeants syndicaux, cela ne veut-il pas dire que le syndicat et les syndicalistes protègent le gouvernement et le capital ? Est-ce que les syndicats n'existent pas que pour maintenir les travailleurs sous contrôle pour le compte de capital ?
Le 1er avril, malgré tout, 35 à 40 d'entre nous ont réussi à franchir la barricade, un par un, pour se retrouver dans la rue en face de Turk-Is. Notre but était d'avoir une certaine majorité et de manœuvrer pour que nos autres amis nous rejoignent, mais nous avons échoué, malheureusement, notre majorité ne pouvait pas négocier avec 15 000 policiers. Le syndicat avait précédemment déclaré que seulement 1 000 d'entre nous devaient venir à Ankara. Avec le comité informel, nous avons réussi à augmenter ce nombre à 2 300. 15 000 policiers bloquaient la route à 2 300 personnes ! Nous nous sommes réunis dans la rue Sakarya. Nous étions prêts à y passer au moins la nuit, avec tous ceux qui étaient venus nous encourager. Dans la journée, nous avons été attaqués à deux reprises par la police avec des gaz au poivre et des matraques. Notre but était bien sûr de passer la nuit dans la rue en face du QG de Turk-Is, mais lorsque nous nous sommes heurtés à la police, nous sommes restés dans la rue Sakarya. Mais pendant la nuit, les syndicalistes ont silencieusement et sournoisement appelé nos camarades ouvriers à quitter la région. Nous nous sommes retrouvés une minorité. Les syndicalistes m'ont aussi demandé à deux reprises de quitter la zone, mais nous n'avons pas tenu compte de l'appel des dirigeants syndicaux et une certaine minorité d'entre nous est restée. Lorsque les sympathisants sont partis autour de 23h, nous avons dû nous aussi partir.
Il devait y avoir un communiqué de presse le 2 avril. Quand nous avons été sur le point d'entrer dans la rue Sakarya à environ 9h du matin, nous avons été attaqués par la police, qui a de nouveau utilisé des gaz au poivre et des matraques. Une heure plus tard, une centaine d'entre nous ont réussi à franchir la barricade et à faire un sit-in. La police n'arrêtait pas de nous menacer. Nous avons continué à résister. La police a finalement dû ouvrir la barricade et nous avons réussi à nous unir avec l'autre groupe qui était resté en dehors. Nous avons commencé à marcher vers Turk-Is, mais les dirigeants syndicaux ont fait leur annonce à la presse à 100 mètres du QG de Turk-Is. Sans tenir compte de notre insistance, les dirigeants syndicaux ne sont pas descendus dans la rue en face de Turk-Is. Le syndicat et la police se sont retrouvés main dans la main, et ainsi certains d'entre nous n'ont finalement pas pu aller là où nous voulions aller. Il y avait un point intéressant parmi les choses que les syndicalistes avaient dites. Ils avaient dit que nous reviendrions le 3 juin et resterions en face de Turk-Is pendant trois nuits. Il est intéressant de savoir comment nous parviendrons à y rester pendant 3 nuits, alors que nous n'avons même pas pu y rester une seule nuit. La police devait d'abord protéger les syndicalistes contre nous et les aider à s'échapper et alors nous nous sommes retrouvés seuls avec la police. Malgré les menaces et les pressions de la police, nous ne nous sommes pas dispersés et nous avons à nouveau été attaqués avec du gaz au poivre et des matraques et avons dû finalement nous disperser. Dans l'après-midi, nous avons eu une couronne noire faite par certains fleuristes pour condamner Turk-Is et le gouvernement, que nous avons laissé en face de l'immeuble de Turk-Is.
Chers frères et sœurs de classe, ce que nous avons comme question est : s'il y a 15 000 policiers qui forment une barricade entre le syndicat et les ouvriers, pourquoi les syndicats existent-ils ? Je déclare à tous mes frères et sœurs de classe, que si nous voulons la victoire, nous devons lutter ensemble. Nous, ouvriers de Tekel, avons allumé une étincelle et nous allons tous ensemble en faire une énorme boule de feu. Dans ce sens, pour exprimer mon respect pour vous tous, je tiens à terminer mon texte avec un poème 1:
La vapeur du thé s'envole alors que nos vies sont encore fraîches
Les vêtements forment une chaîne aussi longue que les routes, et il n'y a que le chagrin qui revient
Un Bol de riz, ils disent que notre nourriture a atterri sur nos maisons
Les désirs deviennent des routes, des routes, d'où vient le travail
La faim est pour nous, le froid est pour nous, la pauvreté est pour nous
Ils ont appelé le destin, vivre avec lui c'est pour nous
Nous qui nourrissent, nous qui avons faim, nous qui sommes nus à nouveau
Nous n'avons pas écrit ce destin, c'est nous qui allons le briser à nouveau
Nous, travailleurs de Tekel, disons que même si notre tête touche le sol, nous laisserons toujours un avenir honorable pour nos enfants.
Un travailleur de Tekel de Adiyaman
1 NDLR : il est toujours difficile de traduire un poème. Nous espérons ne pas trop avoir altéré ni le sens ni sa "musique".
Nous publions ci-dessous la traduction d'un article réalisé par l’organe du CCI en Italie, Rivoluzione Internazionale, en décembre 2009.
Avec la publication de Gomorra1 et sa diffusion au niveau international, Roberto Saviano est devenu le symbole de la lutte contre la Camorra et, plus généralement, contre la mafia, recevant des soutiens chaleureux non seulement d’une bonne partie des médias italiens et internationaux, mais aussi de beaucoup de gens qui, dégoûtés d’une classe politique de plus en plus clairement tricheuse et hypocrite, ont trouvé chez Saviano celui qui fait une dénonciation du crime organisé et, surtout, de ses multiples liens avec le monde politique et patronal. Saviano est aujourd’hui bien plus qu’un « littéraire », il est devenu une référence surtout pour beaucoup de jeunes qui ressentent le besoin de réagir face à toute cette pourriture, en particulier ceux qui subissent directement la dégradation économique et sociale croissante dans les régions méridionales de l’Italie.
Plus récemment, Saviano est aussi intervenu sur des questions plus générales dénonçant les exactions du régime iranien qui tue les manifestants, le régime castriste qui élimine un écrivain gênant et homosexuel, ou le régime stalinien et son goulag, et bien d’autres encore2 jusqu’à devenir le promoteur de l’Appel3 au Président du Conseil italien [Berlusconi, NDT] pour que soit retirée la loi sur le « processo breve »4, un appel qui a réuni cinq cent mille signatures.
Les faits dénoncés par Saviano dans ses écrits et ses interventions sont certainement vrais, comme le tableau qu'il dresse de la corruption, de la criminalité et de l'oppression. Il est vrai aussi que, du point de vue personnel, il est en train de payer très cher toutes ces dénonciations, surtout celles du livre Gomorra, qui l'obligent à mener une vie pire que celle d’un prisonnier. C’est pour cela que nous respectons la personne de Saviano parce que nous le considérons honnête, même si nous pensons qu’il se trompe sur la thérapie qu’il suggère pour combattre cette pourriture ambiante des affaires louches.
Pour Saviano, la mafia est fondamentalement un virulent parasite qui, à partir du sud de l’Italie, envahit et s’empare de l’Etat démocratique par la corruption des politiciens et des hommes d’affaire, en réussissant ainsi à s’infiltrer et à avoir un pouvoir tel qu’elle conditionne le sort de régions entières et même des politiques nationales. Ceci aurait été possible grâce, d’une part, au fait que la classe politique et l'État auraient sous-estimé la dangerosité de cet agent pathogène : « Tandis que la politique se désintéressait de la mafia, la mafia, elle, s’est intéressée à la politique en la cooptant systématiquement »5 et, d’une autre part, grâce à l’omerta complice des populations méridionales qui joueraient un rôle de spectateurs passifs par « peur » ou « auto-préservation », « sans croire ni exiger qu’un changement puisse surgir de leur propre territoire. (…) L’omerta n’est pas tant le fait de se taire, mais surtout de ne pas vouloir savoir. Ne pas savoir, ne pas connaître, ne pas comprendre, ne pas prendre position, ne pas prendre part. Voilà la nouvelle omerta »6.
A partir d’une telle vision, il est normal que la réponse appropriée, pour vaincre ce mal et redonner de la dignité à la nation et aux populations méridionales, soit la dénonciation, la mobilisation de la population pour qu’elle collabore avec l’État et les forces de l’ordre pour signaler et dénoncer les mafieux et leurs sales affaires : « La dénonciation du tueur pourrait être le seul moyen de racheter l’humanité des personnes toujours plus à l’aise dans la déshumanisation à laquelle elles sont contraintes et dans laquelle elles semblent s'être installées confortablement »7. Selon Saviano, en effet, « …nous devrons tous nous rendre compte du fait que ni les médias ni la magistrature ne seront en mesure de provoquer à elles seules le moindre changement jusqu’à ce que ce changement soit exigé et soutenu par la majorité des citoyens »8.
Beaucoup de gens ont sans doute découvert avec le livre Gomorra des faits effroyables et inimaginables. En tout cas, la grande majorité ne sait pas (parce que ça ne figure pas sur les livres d’histoire) que les États, dont l’État italien, ont très souvent utilisé la mafia autant sur le plan intérieur qu’international pour toutes sortes de sales boulots qu’ils ne peuvent pas faire en leur nom propre mais qui étaient déterminants pour redresser dans le sens souhaité des choix politiques et stratégiques de la plus haute importance pour la bourgeoisie. Voici juste quelques exemples :
Avec l’entrée en guerre des États-Unis en 1941, ce pays reconnaît l’importance stratégique de la mafia. Sur le plan interne, l'État américain devait éviter la création d’un front intérieur [pro-Mussolini] au sein de l’immigration d’origine italienne aux États-Unis. Par ailleurs, la mafia, qui contrôlait, entre autre, le syndicat des dockers et des routiers, secteur clé pour l’approvisionnement d’armes, est devenue un interlocuteur irremplaçable de l'État américain. La flotte américaine demanda à Washington l’autorisation de négocier avec la mafia et avec son capo Lucky Luciano qui se trouvait en prison, une autorisation que Roosevelt s’empressa de donner9. En outre, la mafia engagera ses syndicats dans l’effort de guerre en contrôlant d'une main de fer les travailleurs.
En 1943, le débarquement des troupes américaines en Sicile est réalisé grâce à une entente avec la mafia locale qui prépare le terrain en suivant les indications du capo mafieux italo-américain Luciano. Celui-ci, qui était condamné aux États-Unis à 50 ans de prison, sera mis en liberté grâce à cette collaboration et partira pour Naples où il organisera la contrebande de cigarettes et de drogue. Deux autres tireront profit de cette « aide » : le boss sicilien local Don Calogero Vizzini – qui sera “élu” maire de Villalba - et Vito Genovese, bras droit de Lucky Luciano, qui deviendra d’abord l’homme de confiance de C. Poletti (gouverneur militaire américain de toute l’Italie occupée) et ensuite, une fois rentré aux États-Unis, le principal chef mafieux de l’après guerre.
Le premier mai 1947, la bande de Salvatore Giuliano tire sur une foule désarmée d’ouvriers, paysans, femmes et enfants, à Portella della Ginestra, près de Palerme, pour ainsi en finir avec les luttes contre les grands propriétaires terriens et freiner l’avancée du Parti Communiste Italien (PCI) dans la région, ce qui n’est pas apprécié par le gouvernement ni par son allié, les États-Unis. Giuliano sera tué en 1950 par son lieutenant Pisciotta, lequel, à son tour, sera empoisonné en prison après avoir fait ses premières déclarations sur les liens entre Giuliano, la mafia et le ministre de l’Intérieur, Scelba, de la nouvelle et démocratique République italienne.
En 1948 les États-Unis veulent que ce soit la Démocratie Chrétienne (DC), sa fidèle alliée, qui gagne les élections pour ainsi contrôler ce bastion stratégique fondamental qu’est l’Italie contre le bloc russe. Tandis que les États-Unis financent avec 227 millions de dollars le gouvernement italien, la mafia, surtout Cosa Nostra, s’engage activement dans la campagne en finançant la DC et en donnant « des consignes » de vote.
Les années suivantes, Gladio et la Loge P2, des structures parallèles contrôlées par l’OTAN et la CIA avec la complicité des services secrets italiens, maintiennent le lien avec la mafia à différents niveaux. Ce système est à l’origine des nombreux attentats qui, des années 1960 aux années 1990, ont rythmé les étapes les plus délicates de la politique italienne autant en ce qui concerne les affrontements sociaux10 que par rapport aux choix différents au sein de la bourgeoisie italienne sur les alliances impérialistes.
Rien que ces quelques éléments11 peuvent nous faire comprendre que la mafia n’est ni un produit typiquement italien ou méridional, ni un corps étranger au système démocratique, mais, au contraire, elle en est une partie intégrante et fonctionnelle, en Italie mais aussi aux États-Unis, en Chine, au Japon, en Russie et plus généralement dans tous les pays de l’Europe de l’Est. Il faut en outre comprendre que le pouvoir que la mafia a réussi à développer, en Italie par exemple, n’est pas seulement le résultat de la puissance économique basée sur les affaires illicites et la quantité considérable de politiciens et de patrons facilement corruptibles d’Italie, mais c’est surtout le résultat des choix impérialistes bien précis et de l’importante immunité de ceux qui en bénéficient (excepté quelques arrestations juste pour sauver la face de la démocratie et de la légalité) pour les précieux services rendus et qui continueront à être rendus à la classe dominante.
Pour revenir à Saviano, sa vision peut se résumer à ceci : il y a les « bons » et les « méchants », les honnêtes et les malhonnêtes et il y a un État qui, même en fonctionnant mal, assure malgré tout une vie civilisée et démocratique. Il y a donc, à ses yeux, une partie pourrie de la société qui ne peut être éliminée qu’en s’appuyant et en soutenant cet État démocratique et une masse amorphe et abrutie dont le seul objectif est de ne pas avoir davantage de problèmes que ceux qu’elle a déjà.
Nous retrouvons cette même façon de voir dans l’intervention de Saviano dans l’émission Che tempo che fa du 11 novembre 2009 où, à propos de l’oppression subie en Iran, au Chili ou dans l’ancienne URSS, etc., il faisait implicitement ressortir une différence radicale entre ces États totalitaires et oppresseurs et les États démocratiques où l’on ne meurt pas et où l'on n’est pas mis à l’écart à cause de ses idées.
Saviano y a raconté, avec une juste indignation, l’histoire de deux jeunes filles tuées par l’État iranien simplement pour être descendues dans la rue pour manifester leur volonté de vivre dans une société plus libre. Mais où est la différence entre ces homicides d’État et celui de Carlo Giuliani lors du G8 à Gênes en 2001 ou les nombreux massacres d’ouvriers commis par l’État démocratique italien, cet État né de la Résistance et dont la constitution prétend que l’Italie est une République basée sur le travail, lors des manifestations et des grèves ?12 Quelle est donc la différence entre les atrocités de l’État soviétique (stalinien et non pas communiste comme le prétend Saviano) et l’extermination des 250 000 vies humaines lors du bombardement de Dresde en février 1945 ou le génocide de 200 000 personnes et l’horrible agonie infligée à des centaines de milliers de gens à cause des bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki le 6 et le 9 août 1945 ?
Et pourquoi « notre » État démocratique envoie-t-il ses soldats au combat en Afghanistan et en Iran, là où se retrouvent les intérêts des grandes puissances même si cela signifie mort et misère pour des milliers de personnes, comme ce fut le cas en Serbie et au Kosovo où les avions italiens se sont trouvés en première ligne pour les bombardements ?
L’erreur de fond de l’argumentation de Saviano est de considérer les choses à partir de l’individu ou d’une somme d’individus en dehors du contexte économique, social et politique dans lequel ils vivent, dans une époque historique déterminée. Le contexte où l’on vit est celui de la société capitaliste qui est fondée sur l’exploitation et la domination d’une classe sur la très grande majorité de l’humanité. Le moteur économique de cette société est le profit et la concurrence sans pitié dans chaque pays entre capitalistes individuels et, surtout, entre nations. L'État, ses lois et ses forces de l’ordre sont les instruments que chaque bourgeoise nationale se donne pour maintenir sa domination sur la société et défendre les intérêts économiques, politiques et militaires de sa nation dans la concurrence internationale. Dans une telle société, la vie des hommes ne peut pas être le centre des préoccupations ; il ne peut pas y avoir de l’espace pour les besoins de l’humanité, et quand nous parlons des besoins nous voulons parler autant des besoins économiques que de ceux dont parle justement Saviano : “la liberté,… la justic, la dignité de l’homme et j’ajoute aussi le droit au bonheur »13.
Les abus, l’oppression, la violence physique et morale, la corruption, l’absence d’éthique et de moralité, la tricherie criminelle ne sont pas l’apanage de tel ou tel individu ou clique au pouvoir, mais ils font partie intégrante de la nature-même de ce système capitaliste.
Si, aujourd’hui, la Campanie se retrouve empoisonnée par des tonnes de déchets toxiques venant des entreprises du Nord et enfouis par la Camorra, ce n’est pas à cause d’une dose particulière d’immoralité chez les responsables de ces entreprises, mais parce que celles-ci sont contraintes d’obéir à la loi du profit du capitalisme et donc d'utiliser la méthode la moins chère pour éliminer les déchets toxiques. Si l’appareil politique italien a utilisé pendant des décennies la mafia, les bombes et le mensonge, ce n’est pas parce que les politiciens d’alors étaient du genre fripouille, mais parce que cela correspondait aux intérêts de l’État, un État qui serait disposé à revenir pleinement à ces pratiques si c’était nécessaire.
Régime totalitaire ou démocratique, le fondement et la substance sont les mêmes. La démocratie n’est que l’instrument le mieux adapté pour faire accepter cet état des choses, grâce à l’illusion que si les citoyens demandent aux gouvernants une société meilleure, ils seront écoutés.
Ainsi, les appels à dénoncer les tueurs, à demander avec plus de force à l’État d’éliminer la mafia et la corruption, les appels aux chefs de l’État à « la défense du droit » ne marchent jamais, mais au contraire, sont devenus un moyen pour entretenir l’illusion selon laquelle il serait possible de vivre mieux dans ce système.
Le seul moyen de se libérer de toute cette pourriture, c’est de se débarrasser du capitalisme. Cela ne pourra pas être réalisé par la masse indifférenciée des citoyens, mais au contraire par la classe sociale dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux de la classe dominante et qui, elle, n’a vraiment rien à perdre : le prolétariat.
Eva (10/12/2009)
2 Lors de l’émission TV-RAI3 Che tempo che fa du 11 novembre 2009.
3https://www.repubblica.it/speciale/2009/firma-lappello-di-saviano/index.html [3]
4C'est-à-dire des « procédures courtes », un de ces tripatouillages juridiques à la sauce Berlusconi.
5“La camorra alla conquista dei partiti in Campania” (La Camorra à la conquête des partis dans la région de Naples), la Repubblica, 24 octobre.
6 “Il filmato-shock sconvolge il mondo, i vicoli restano indifferenti” [Le film-choc bouleverse le monde, les restaurateurs et leurs clients restent indifférents], la Repubblica, 1er novembre, en référence au film de l’assassinat d’un mafieux à Naples qui a circulé sur Internet.
7“In cinque minuti la banalità dell'inferno, ora sogno la ribellione del quartiere”, la Repubblica, 30 octobre.
8“Siamo tutti casalesi”, L’Espresso, 7 octobre, écrit à la suite de la tuerie d’immigrants perpétrée par la Camorra à Castel Volturno, province de Naples.
9Pour plus d’éléments, voir notre article « [4]Comment est organisée la bourgeoisie: « Le mensonge de l’Etat “démocratique”, II partie. L’exemple des rouages secrets de l’Etat italien [4] », Revue Internationale n.77 (III-1994).
10L’attentat meurtrier (16 morts et une centaine de blessés) qui a eu lieu en 1989 à Milan, sur la place Fontana (piazza Fontana) est un produit de cette collusion.
11On peut trouver à ce sujet des documents sur Internet, par exemple : la storia dell'eroina [5], In Sicilia si gioca la Storia d'Italia (Mafia CIA Vaticano)
12Outre le massacre déjà cité de Portella delle Ginestre, on peut se référer à « L'automne chaud 1969 en Italie, un moment de la reprise historique de la lutte de classe (I). », dans la Revue Internationale nº 140, janvier 2010.
13« Ecco perché non possiamo tacere » (Voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous taire). Réponse au ministre Bondi, la Repubblica, 23 novembre 2009.
Nous publions ci-dessous la traduction d'une prise de position commune de trois groupes révolutionnaires sur la répression sanglante qui a frappé des mineurs grévistes au Pérou : el Grupo de Lucha Proletaria, l'Organización Anarco Punk et le Courant Communiste International.
Le 4 avril, dans le cadre des mobilisations menées par la Fédération Nationale des Mineurs Artisanaux du Pérou, les mineurs artisanaux des alentours de Chala et d'Arequipa coupent la route Panaméricaine et s’affrontent à la police, laquelle, armée jusqu’aux dents, se préparait à les déloger. Le résultat de ces affrontements a été officiellement de 6 mineurs tués (des sources syndicales parlent de 14 morts) et plus de 20 blessés. La répression fut brutale et sans discernement, touchant même le chauffeur d’une moto-taxi qui ne participait pas du tout à la protestation.
La première chose, et la plus importante face à ces événements, c’est d’exprimer sa solidarité envers ces travailleurs. Il y a eu dans différents lieux, des actes de solidarité qui ont débordé l’emprise syndicale. C’est ainsi qu’on peut exprimer la volonté de défendre nos vies et l’indignation pleinement justifiée contre la sauvagerie de la répression et l’hypocrisie démocratique avec laquelle elle est exercée.
Et, en même temps, cette hypocrisie démocratique avec laquelle la répression a été déchaînée doit nous pousser à analyser et à tirer des leçons des pièges idéologiques que ce conflit a mis en relief.
La région de Madre de Dios et celle aussi de la côte d’Arequipa ou la zone d’Ica, ont connu ces dernières années l’arrivée de familles entières qui survivent dans des taudis misérables, dont tous les membres, hommes, femmes et enfants, sont obligés de réaliser un travail épuisant à la recherche de minerais. C’est eux qui souffrent des maladies, eux qui crèvent dans les multiples accidents, qui subissent les maffias multiples qui les « protègent », eux dont la « récompense » est juste de quoi mal vivre, tandis que les profits des affaires minières s’accumulent entre les mains des capitalistes locaux, ou russes ou brésiliens, propriétaires des dragues gigantesques installées sur les rivières (qui, en plus, produisent une forte contamination). Ce sont de grands magnats qui exploitent ce qu’on appelle « l’industrie minière informelle ou artisanale ».
Et ces travailleurs ne sont pas seulement les victimes des balles de la police mais aussi de la manipulation et des tromperies de l’action combinée des syndicats, du patronat et du gouvernement, des médias et des autres institutions bourgeoises, qui les ont entraînés à lutter pour la défense d’intérêts qui ne sont pas les leurs : la dérogation du décret « DU 012-2010 » approuvé par le gouvernement pour réguler l’industrie minière informelle.
Les mineurs sont tombés dans le piège de la lutte d’intérêts entre deux secteurs de la bourgeoisie : « l’industrie minière formelle » et « l'industrie minière informelle ou artisanale ». L’exacerbation de la crise économique mondiale a des effets partout dans le monde, le Pérou évidemment y inclus, et dans tous les secteurs économiques, dont l’industrie minière qui est la principale activité économique du pays. C'est pourquoi cette lutte d’intérêts est de plus en plus acharnée. Une série d’exploitations, de recherches et de projets miniers ont dû être abandonnés sans rémission, face aux effets négatifs de la crise capitaliste. Et c’est maintenant, alors que la bourgeoisie gouvernementale a recruté les meilleurs lobbyistes dans l’Assemblée nationale pour y mener la guerre pour ses intérêts : « réguler l’activité minière informelle » qui est un concurrent face à la grande industrie minière, en mettant en avant, entre autres arguments, que les mineurs informels « ne payent pas d’impôts », « qu’ils engendrent trop de contamination », « qu’ils exploitent les enfants ». En fait, la cause de ce conflit sanglant c’est le marché, mais il n’y a que le sang ouvrier qui se répand.
L’intérêt de l'État péruvien pour réguler l’industrie minière informelle n’a rien à voir avec la lutte contre la pollution de l’environnement, ni avec l’élimination de l’exploitation des enfants – comme il le prétend dans ses discours hypocrites – mais avec quelque chose de plus prosaïque : recueillir des impôts d’une activité qui n’en payait pas jusqu’à maintenant. L’intérêt des patrons de l’industrie minière formelle, qui ose, avec un cynisme rare, brandir ces arguments écologiques ou de « défense des enfants » (eux qui contaminent sans vergogne et exploitent "leurs" travailleurs en se moquant de savoir si leurs enfants vivent dans la misère ou crèvent de faim), est également inavouable : il s’agit d’éliminer ou du moins réduire des concurrents pour essayer d’accroître leur part de marché.
De l’autre côté, l’intérêt de la dite « industrie minière informelle » est que tout reste en l’état actuel.
Que le décret « DU 012-2010 » soit appliqué ou abrogé, que les mineurs soient exploités par un patron « formel » ou « informel », ne va pas apporter la moindre amélioration. Rappelons-nous l’affaire de la Minera Yanacocha à Cajamarca [gigantesque mine d’or, une affaire tout ce qu'il y a de plus légal, NDT] où les maladies et la mort ont proliféré dans des conditions d’exploitation terribles !
L’affaire du décret, de son vote favorable ou de son rejet, est une bagarre entre capitalistes. Dans cette bagarre, les travailleurs n’ont rien à gagner et tout à perdre.
Nous, travailleurs, que nous soyons des mineurs ou de n’importe quel autre secteur, au Pérou ou ailleurs dans le monde, nous ne pouvons pas y laisser notre peau pour défendre des intérêts qui ne sont pas les nôtres, mais ceux de nos exploiteurs.
De même, nous ne pouvons pas accepter le terrain de division qui depuis le début du conflit a été choisi par les syndicats. Ils ont tout fait pour que les mineurs « informels » luttent seuls et isolés, tandis qu’ils fomentaient la passivité et l’idée de « ne pas se mêler » chez les mineurs de l’industrie « formelle », sans oublier le lynchage médiatique qu’a dû subir le « secteur informel » et qui l’a séparé encore plus du reste de la classe et de la population en général. Nous avons déjà dénoncé l’amalgame abject répandu par les médias, les politiciens et autres, qui ont présenté les familles minières comme des « barbares destructeurs de l’environnement », « des gens sans-cœur qui exploitent leurs propres enfants », tout cela pour occulter que ce sont les capitalistes et les mafias du « secteur informel » qui contaminent et polluent, que ce sont eux qui imposent des salaires si bas qu'ils obligent ces familles à employer leurs enfants pour gagner de quoi survivre.
Ce terrain de division et d’isolement a empêché d’aller plus loin dans les actions solidaires et indignées des autres travailleurs face au massacre perpétré sur l’asphalte de la route Panaméricaine.
Même si aucun journal ni la télévision ne parlent plus de ces morts, qui sont les nôtres, le moment est arrivé, pour leur rendre le meilleur hommage, de tirer les leçons de ces événements tragiques, de comprendre les pièges qui ont été tendus et qu’on va continuer à tendre tant que nous, les prolétaires, nous ne serons pas capables de nous défendre avec les seules et véritables armes de notre combat : l’unité, la solidarité et la lutte commune contre toute exploitation, au-delà de toutes les divisons en secteur, branche ou nation, face à des patrons privés ou d’État, d’ici ou étrangers, « formels » ou « informels ».
Pour l’organisation et la lutte autonomes de la classe ouvrière mondiale !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Grupo de Lucha Proletaria ; Organización Anarco Punk ; Courant Communiste International (avril 2010).
Durant toute une journée, les médias ont été euphoriques : la France va organiser la Coupe d'Europe de football en 2016 (nommée Euro 2016) !
Et alors ? Pourquoi se réjouir ? Il suffit d'écouter Nicolas Sarkozy pour le comprendre. Juste avant que l'UEFA ne révèle officiellement son choix, le président français est venu plaider pour son pays. Il a affirmé à la tribune : "Nous, nous pensons en France que le sport, c'est une réponse à la crise. C'est justement parce qu'il y a une crise, qu'il y a des problèmes, qu'il faut mobiliser tout un pays vers l'organisation de grands événements […] C'est une décision pour nous stratégique qui engage tout le pays face à la crise […] c'est un engagement de tout un peuple. […] Il n'y a pas la gauche et la droite, il n'y a pas le Sud et le Nord, il n'y a pas l'Est et l'Ouest, il y a tout un pays mobilisé pour avoir cet événement ! […] Si vous nous donnez l'Euro 2016, vous nous ferez plaisir".
Traduction : la crise frappe fort et la bourgeoisie française compte sur le foot pour distraire les ouvriers, leur faire oublier quelque temps la dureté de leur quotidien. Voilà pourquoi avoir obtenu « l'Euro 2016 » a fait "plaisir" à Sarkozy et consorts.
Du temps de l’empire romain, César calmait déjà le peuple en lui offrant "du pain et des jeux". Il ne reste plus aux Césars modernes que les jeux.
Françoise (le 4 juin)
Nous publions ci-dessous la traduction d’une prise de position publiée par Internationalism US, organe du CCI aux États-Unis.
Vers 10 heures, le mardi 20 avril 2010, une explosion a ébranlé la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon à environ 50 milles au large de la côte de la Louisiane. L'installation a finalement coulé le jeudi 22 avril, causant le pire déversement de l'histoire en laissant s'échapper chaque jour des millions de litres de pétrole et de gaz méthane. A l'heure où nous écrivons, cela fait presque un mois que cela dure et continuera pour un temps encore indéterminé. Les dommages incalculables pour l'environnement sont le cadet des soucis de la bourgeoisie, qui nous convie au spectacle quotidien d'un jeu véritablement répugnant qui consiste, pour les différentes parties - BP Oil, Halliburton, Transocean, la Garde Côtière, le gouvernement fédéral – à se renvoyer la responsabilité pour essayer de sauver ce qui reste de leur réputation déchirée en lambeaux. Cette nappe de pétrole s'ajoute à la longue liste des catastrophes écologiques causées par l'aveuglement du capitalisme et par la dévastation insupportable de la planète alors que le capitalisme recherche indéfiniment les moyens les moins coûteux de maintenir un avantage compétitif dans le sillage de son autre catastrophe, la pire crise économique de son histoire. Cette catastrophe nous rappelle également ce que nous réserve l'avenir par rapport à la sécurité des ouvriers sur leur travail. L'explosion de la plate-forme a tué onze ouvriers et survient après la récente explosion de la mine de charbon en Virginie Occidentale qui a tué 24 ouvriers.
Lorsque nous jetons un regard sur ce qu'implique l'enfer capitaliste d'aujourd'hui - pertes de vies humaines, mutilation écologique, cupidité du commerce, accentuation de la fièvre des guerres commerciales - il est impossible de ne pas arriver à la conclusion que le capitalisme vit de terribles convulsions qui signent sa faillite historique. Au niveau de l'impact sur l'environnement et de la vie des populations locales, les dommages sont incommensurables. L'agence de « prévention des désastres » mise en place par l'État capitaliste sous la forme du Service de Gestion des Minerais a été reconnue comme étant une structure totalement corrompue et parfaitement inapte. Alors que sa fonction aurait dû être de s'assurer que les opérations de forage étaient sans danger pour l'environnement et que l'équipement utilisé était sans danger pour les vies humaines, elle recevait de substantielles royalties de la part des compagnies pétrolières, une pratique mise consciemment en place afin de permettre de bas coûts de production prioritaires par rapport aux considérations d'environnement et de vies humaines. En fait, le gouvernement fédéral engraisse ses coffres avec les royalties des compagnie pétrolières et achète le pétrole à bas prix, pendant que les compagnies chargent le fardeau économique sur les épaules de leurs ouvriers en réduisant les coûts et en faisant de plus en plus abstraction des mesures les plus élémentaires de sécurité. Ceci rappelle inévitablement une de ces autres émanations catastrophiques du capitalisme : la dévastation provoquée par l'ouragan Catherina et sa FEMA (Agence Fédérale des situations d'urgence ndt), elle aussi pourrie jusqu'à la moelle. La faillite totale de telles structures mises en place par l'État capitaliste est si évidente que le président Obama a décidé de diviser en deux organismes le MMS. L'un d'entre eux rassemblera maintenant les fonds tandis que l'autre dirigera les opérations. Voila comment le capitalisme essaye de sauver la face et de faire le ménage. Hier comme aujourd'hui, et demain, il ment comme un arracheur de dents par rapport à sa propre responsabilité et aux promesses du genre "plus jamais ça".
Les autres escrocs sans vergogne, tels le géant du pétrole BP lui-même, mais aussi les sous-traitants comme Transocean et Halliburton, nous nourrissent quotidiennement d'un jeu véritablement répugnant qui consiste à se blâmer mutuellement par rapport au désastre. BP est tellement confiant dans la force de sa stature économique qu'il a même plaidé en faveur d'une augmentation de la responsabilité habituelle du gouvernement fédéral imposée dans ces cas-ci. Alors que la sanction maximum appliquée est de 75 millions de dollars, BP a plaidé pour 89 millions. Il n'a cependant pas dit que ses revenus pour le premier trimestre de 2010 se situaient dans les milliards. La responsabilité supplémentaire que BP s'est attribuée à lui-même est comparable à une augmentation de notre facture de TV d'environ 5 dollars par mois pendant seulement deux ou trois mois de l'année. Halliburton, pour sa part, se moque des « sévères » pénalités que l'État capitaliste lui infligera parce qu'elle sait que son assurance lui payera environ trois fois autant que ce qu'elle aura perdu. Et que dire sur le nettoyage de l'environnement ? Eh bien, la Garde Côtière utilise des barrières flottantes de protection ! C'est comme si on utilisait des Kleenex pour essayer d'éponger l'eau d'une maison inondée ! Ces opérations sont, elles aussi, tellement insatisfaisantes que les riverains de la Nouvelle-Orléans prévoient que la nappe de pétrole se répandra sur le rivage au cours de la prochaine saison des ouragans, ce qui causera encore plus de dévastation à un secteur déjà appauvri et souillé. Quant au ' »espect des vies humaines », l'explosion de la plate-forme pétrolière a constitué une nuit de terreur pour les hommes travaillant à l'installation, et elle a provoqué une attente anxieuse de la part de leurs familles. Pendant les opérations de sauvetage exécutées sous la surveillance de la Garde Côtière, plusieurs travailleurs du pétrole embauchés par la compagnie suisse Transocean (qui était propriétaire de l'installation) ont été pris à bord d'un bateau de sauvetage, qui est resté environ 12 heures à regarder la plate-forme brûler, avant de retourner sue le rivage, ce qui a pris encore 12 heures supplémentaires. Un des ouvriers a dit « Ils nous ont gardé là jusqu'à 11h30 le lendemain matin, nous laissant regarder nos copains en train de brûler. Nous avons compté qu'il y avait plus de 25 bateaux. Il n'y avait aucune raison pour nous garder là. » Ils ont été attirés de côté pour subir des entrevues enregistrées sur bande avant d'avoir la permission de voir leurs familles et ils n'ont pu entrer en contact avec leurs familles ni par radio ni par téléphone. Ce dernier désastre se produisant à la suite de le récente explosion dans la mine de charbon de la Virginie Occidentale, il est évident que les autorités ont voulu interroger les ouvriers du pétrole avant qu'ils puissent parler avec n'importe qui pour empêcher que ne naisse le moindre soupçon par rapport à la vérité de « l'accident ».
Tout ceci est suffisant pour accuser ce système moribond, décadent, en pleine décomposition dans lequel nous vivons. Mais l'histoire ne finit pas là. La quantité de pétrole qui se déverse dans le Golfe du Mexique se révèle être au moins 10 fois supérieure aux évaluations officielles. Selon les experts, la nappe de BP est déjà bien plus importante que celle causée par l'accident du Exxon Valdez en Alaska en 1989, où au moins 250 000 barils de pétrole avaient été répandus, et dont on peut encore trouver des restes aujourd'hui, 21 ans après. Les évaluations scientifiques, plus précises que les mensonges colportés par BP dans ses tentatives de limiter sa responsabilité et de redorer son image de géant du pétrole « responsable en termes d'environnement », estiment que la quantité de pétrole et de gaz qui se déverse se situe entre 56 000 et 100 000 barils par jour. Et BP ose continuer à proclamer qu'il ne se répand que la quantité de 5 000 barils par jour!
Il est assez évident que BP a une longue histoire de violations des règles élémentaires de sécurité derrière elle, mais elle a aussi de nombreux complices, les États-Unis étant leur plus puissant. L'une des plus grandes raffineries des États-Unis a explosé en mars 2005 entraînant 15 décès, blessant 180 personnes et contraignant des milliers de riverains à rester abrités dans leurs maisons. L'accident est arrivé comme le point culminant d'une série d'accidents moins sérieux à la raffinerie, et les problèmes mécaniques n'ont pas été abordés par la direction. L'entretien et la sécurité de l'usine avaient été abandonnés pour des raisons économique, la responsabilité se reposant finalement sur l'exécutif de Londres. Il y a eu plusieurs enquêtes sur le désastre, et la compagnie a finalement plaidé coupable pour délit de violation du Clean Air Act,. Elle a été condamnée à 50 millions de dollars d'amende et soumise à trois années "d'épreuve". Le 30 octobre 2009, la Sécurité au Travail des États-Unis et l'Administration des Risques (OSHA) ont frappé BP d'une amende supplémentaire de 87 millions de dollars - la plus grosse amende de l'histoire d'OSHA - pour n'avoir pas supprimé les risques en matière de sécurité indiqués dans l'explosion de 2005. Les inspecteurs ont trouvé 270 violations à la sécurité qui avaient été précédemment citées mais non précisées et 439 nouvelles violations. Le cynisme capitaliste n'ayant pas de limite, BP fait évidemment appel !
La liste de violations par BP est certainement sans fin, et la liste de conflits entre BP et le gouvernement des États-Unis est d'une longueur impressionnante. On doit alors se demander pourquoi un escroc environnemental tel que BP est autorisé par les États-Unis à avoir 40% de son marché dans ce pays. En fait, en permettant que les sauvegardes de l'environnement et de sécurité soient très molles, les États-Unis sont le principal complice des désastres causés par BP. Il est certainement économiquement très "convenable" que les États-Unis puissent acheter leur propre pétrole à une compagnie qui le produit à bas prix. Les États-Unis lui permettent de sous-traiter des parties de son travail - comme BP l'a fait dans ce cas-ci avec Transocean et Halliburton - et BP opère dans les eaux territoriales américaines. Son record en matière de méfaits, de réduction des coûts, d'utilisation d'équipement usagés ou fonctionnant mal et son mépris pour la sécurité des ouvriers permettent à BP de produire à des coûts effectivement très bas ! L'inconvénient est néanmoins sérieux : c'est que les États-Unis sont technologiquement désavantagés en ce qui concerne la modernisation de leur propre appareil d'extraction et de production de pétrole dans le contexte d'un besoin accru de sources d'énergie aux meilleurs prix disponibles, c'est à dire le pétrole. C'est ce qui se trouve au cœur de la présente réforme de la loi sur l'énergie proposée par l'administration Obama. Dans le contexte de la crise économique, les États-Unis doivent désespérément gagner un avantage concurrentiel sur le marché mondial. Les conflits ont aussi impliqué les États-Unis et la Grande-Bretagne par rapport au pipeline de Bakou-Tbilisi-Ceyhan, par exemple, une épine dans le pied américain, alors qu'ils essayent de gagner le contrôle de ressources dont les pays européens et la Chine ont besoin. C'est pourquoi nous serions dans l'erreur de croire que les actions des agences américaines qui visaient à pénaliser les pires comportements de BP sont le fruit du souci de l'État par rapport à la sécurité de l'environnement et des vies humaines. Au contraire, les États-Unis utilisent ces désastres environnementaux pour faire reluire leur image de champion de la protection de l'environnement et pour affirmer leur autorité dans un domaine d'industrie qui est essentiel à leur compétitivité sur le marché mondial, transformant véritablement de tels désastres en des armes pour mener leurs propres guerres commerciales contre d'autres pays, dans le cas de BP, contre la Grande-Bretagne.
Face à cette dernière catastrophe environnementale, l'État capitaliste essaye frénétiquement de projeter une image d'intégrité et d'efficacité, mais il ne peut pas empêcher que cette image soit… polluée - aucun jeu de mot - par ses actions très contradictoires. À titre d'exemple, une cour d'appels fédérale a récemment rejeté l'approbation du gouvernement fédéral du forage exploratoire que Shell prévoit dans les mers des Tchouktches et de Beaufort au large de la côte d'Alaska. La cour a exigé que le « Minerals Management Service » fédéral, l'agence même qui se trouvait sous le feu, réponde à son obligation de prendre en compte la menace potentielle pour la faune et le risque de désastre avant son approbation du projet de Shell dans l'Océan Arctique.
Chris Krenz, chef du projet arctique pour Oceana, un des plaignants et appartenant à une organisation à but non lucratif des océans, a dit « Les compagnies ont ponctionné le pétrole facile au large de nos côtes. Maintenant, ils repoussent les limites et augmentent les risques en se dirigeant vers les eaux profondes du golfe et le lointain et impitoyable Arctique ». Il a dit que BP n'était pas prête de s'occuper de la tragédie d'une nappe dans le golfe et que « Shell aura encore bien moins de ressources pour faire face à un accident dans l'Arctique. » Néanmoins, la cour d'appel fédérale, une émanation de l'État capitaliste, est disposée à ce que se fasse un forage en eau plus profonde à la recherche du pétrole domestique, bien que les composantes clé de la sécurité ne soient évidemment pas présentes. Alors que se déverse le pétrole dans le Golfe du Mexique, les opérations de Shell sont programmées pour démarrer cet été ! C'est vraiment beaucoup pour un État capitaliste qui promet de "s'assurer que les désastres ne se reproduiront plus jamais" !
Les États-Unis, comme tous autres États capitalistes, savent parfaitement que la dépendance à l'égard du pétrole ne sera pas éliminée de sitôt dans les conditions capitalistes actuelles, et d'autant moins à l'heure de sa crise économique la plus aiguë. Le pétrole est la seule source d'énergie qui peut leur donner un avantage concurrentiel, indépendamment du coût environnemental ou humain. Mais ils ne peuvent pas prendre de tels risques à visage découvert devant la classe ouvrière. C'est la raison pour laquelle la réponse immédiate par l'administration d'Obama a été de mettre un moratoire sur l'interdiction du forage en mer qu'il avait juste promis le mois d'avant. Pendant sa campagne présidentielle, Obama a fait croire à l'électorat qu'il était en grande partie opposé à augmenter le nucléaire, pétrole, gaz naturel et approvisionnements en énergie de charbon qui actionnent l'économie des États-Unis. Il a également promis des investissements dans des sources renouvelables d'énergie et une expansion des technologies 'green' Mais aussitôt élu, il a 'convenu' que les États-Unis ne pouvaient mener une telle réforme de leur économie sans perdre de compétitivité sur l'arène mondiale.
Le capitalisme ne sera jamais le « green ». Sa négligence pour l'homme et la nature éclate chaque jour un peu plus avec force. Cet événement expose une nouvelle fois la faillite et l'irrationalité du capitalisme aux yeux de la classe ouvrière. Il stimule aussi la réflexion sur le futur du capitalisme et de l'humanité. Il est grand temps que nous détruisons le capitalisme, avant qu'il nous détruise.
Ana, 22 mai 2010
C’est bien au passé qu’appartiennent ces images d’Epinal où le surpoids apparaissait comme un signe de santé et de prospérité. L’embonpoint était alors l’expression corporelle de « l’abondance de nourriture ». Les États-Unis, un pays avec une grande quantité de personnes « fortes », apparaissaient devant nos yeux comme un symptôme des pays développés.
Aujourd’hui, l’obésité apparaît pour ce qu’elle est : une épidémie ! Des prétendus "spécialistes" nous expliquent que cette obésité est causée par l’analphabétisme, par des problèmes génétiques, par la sédentarisation et le "confort", ou parce que les gens sont mal informés, etc. Il n’en est rien : l’obésité, autant que la famine, est une maladie étroitement liée à l’avancée implacable de la misère dans le monde.
Pendant les années 1980, on a pu voir ces images dramatiques de la famine en Afrique, celles des enfants squelettiques avec des ventes gonflés. Les années 1980 sont aussi connues comme ceux de « la décennie perdue pour l’Amérique Latine ». Les années 1990 ont connu l’implosion du bloc de l’Est et la fin des « miracles économiques » dans les pays en voie de développement. Le nouveau millénaire nous a apporté, depuis 2008, la pire crise de l’histoire du capitalisme. Plus de 40 ans de crise mondiale ont apporté du chômage et des conditions de vie de plus en plus mauvaises pour des millions de travailleurs dans le monde, autant dans les pays développés que dans les pays dits « émergents ». Ces quatre décennies d’attaques contre les salaires, de misère sans fin, ont provoqué une augmentation des prix des aliments. La faim plane sur beaucoup de régions de la planète mais, à côté d’elle, il est apparu un autre phénomène lié à la nutrition déficiente et de mauvaise qualité qui menace la population : l’obésité. La faim et l’obésité sont les deux faces d’une même réalité de misère.
La crise mondiale du capitalisme est accompagnée de changements drastiques dans l’alimentation des travailleurs. Les attaques sans répit aux conditions de vie et de travail des travailleurs (salaires, pensions de retraites en baisse avec plus d’annuités pour en « jouir », moins de services…) se répercutent sur tout ce qui est nécessaire pour survivre, en particulier sur les dépenses d’alimentation. C’est pour cela que sont apparues ces dernières années toutes sortes de chaînes de restauration rapide et bon marché. Il fallait que les populations pauvres puissent se nourrir pour pas cher. Et le « pas cher » est devenu de plus en plus mauvais. On ne peut pas savoir les conséquences qu'auront tant d’années de consommation d’une nourriture industrialisée (dont le seul critère est le profit) sur la santé humaine.
La nourriture industrialisée bon marché est saturée de graisses et de sucres et elle ne contient que très peu d’éléments vraiment nutritifs, et ceci sans parler des agents cancérigènes contenus dans les conservateurs. Après deux générations soumises à ces pratiques alimentaires forcées, il y a de plus en plus d’enfants et d’adultes obèses. Ces 30 dernières années, les prix des nourritures caloriques ont baissé et leur consommation augmentée (sodas, sucreries diverses, gâteaux). La crise du capitalisme nous contraint à vivre à la limite de la santé, à la limite de ce qui est nécessaire pour la reproduction de la force de travail. L’obésité n’est pas un « choix », elle n’est pas non plus due à « pas de chance » ou le résultat des « mauvaises habitudes »… elle est une conséquence directe de la pauvreté, de l’impossibilité pour les masses ouvrières d’accéder à une alimentation de qualité. Les travailleurs sont obligés de mal manger parce qu’avec leur salaire, ils n’arriveront jamais à acheter des fruits et des légumes frais, à acheter des produits organiques ou des protéines de qualité, parce que les rythmes de travail ne laissent pratiquement aucun temps libre pour faire un minimum d’exercice. Beaucoup de postes de travail ne prévoient même pas le temps pour manger et les employés doivent consommer leur nourriture pendant les temps de transport, autrement dit, avec du stress et le plus rapidement possible. Pour beaucoup d’ouvriers, leurs sources caloriques ont pour seule origine les sodas sucrés sans le moindre élément nutritif. Et le phénomène des dernières décennies a été l’augmentation sans limites de la nourriture « poubelle »1, celle des « fast food », un mélange de graisse recyclée et des farines raffinées : ça "remplit l’estomac" mais sa consommation quotidienne accélère l’obésité et, par conséquent, le risque de subir d’autres maladies (hypertension artérielle, diabètes, ostéoporose, cancer du colon, etc.). L’alimentation à laquelle la crise condamne la majorité de la population mondiale est en train d’entraîner, à côté de la famine, de nouveaux fléaux sur les classes opprimées.
L’OMS, la FAO et l’OPS (Organisation Panaméricaine de la Santé) ont commencé à mettre en marche des plans contre le « syndrome métabolique », ce qui est l’euphémisme utilisé par la bourgeoisie pour nommer l’obésité. Selon la FAO, l’année dernière, il y avait 53 millions d’affamés en Amérique Latine et les Caraïbes, autrement dit des personnes qui mangent n’importe quoi, de très mauvaise qualité et dans des conditions d’hygiène douteuses. D’après l’OMS, il y a 300 millions de personnes dans le monde qui souffrent d’obésité. Au Mexique (qui a pris aux États-Unis la peu enviable première place au podium de l’obésité), pendant les 5 prochaines années, la charge financière pour s’occuper des obèses et des maladies qui en résultent sera supérieure à 100 milliards de pesos, autrement dit bien plus que ce ronflant « programme de lutte contre la pauvreté » qu’on nous a promis ! On est là dans une contradiction insurmontable. C’est un cercle vicieux qui montre l’impasse dans lequel se trouve une société basée sur l’exploitation, un exemple supplémentaire de sa décadence.
Des pays comme le Guatemala, la Bolivie et l'Équateur, affichent des indices très élevés de dénutrition enfantine (enfants de moins de 5 ans). Le Pérou a un taux de dénutrition de 35%, sauf pour la capitale. Au Mexique, ce même indice est de 77% ! 70% des adultes de plus 20 ans y sont en surpoids. Les plans des organismes gouvernementaux et les « non gouvernementaux » essayeront d’éviter par tous les moyens des dépenses gigantesques dans la santé. La préoccupation de la bourgeoisie n’est pas la santé des personnes. Voilà les deux choses qui la préoccupent :
La diminution réelle des capacités productives de la population à exploiter. Les enfants d’aujourd’hui constituent la force de travail de demain et, à leur majorité, ils auront des problèmes de santé. Ceci n’est pas une bonne chose pour la productivité et la compétitivité. Le capitalisme possédera une force de travail avec des problèmes énormes de surpoids.
Les grosses dépenses médicales entraînées par les soins d’une population obèse vont encore alourdir les coûts de santé publique dans un système de plus en plus incapable de les financer. Déjà, l’infrastructure sanitaire du capitalisme est au bord de l’asphyxie, son efficacité est limitée, et une épidémie d’obésité ne ferait, sans jeu de mots, que devenir un poids énorme.
La bourgeoisie ne peut pas humaniser la vie, elle ne peut pas améliorer les conditions d’existence des ses exploités. Toute la déshumanisation de ce système, les angoisses et les dépressions qu’il provoque, l’atomisation des individus, les guerres, la famine et maintenant l’obésité…, sont autant de raisons pour pousser à sa destruction. Maintenant les propagandistes du capital appellent à « améliorer les habitudes alimentaires », à « réduire son poids » pour faire de la prévention, à éliminer la "mal-bouffe" des écoles... Pas un mot sur l’augmentation salariale ! Rien pour améliorer les conditions matérielles des opprimés ! Ils discourent sur les habitudes, les recettes de saison ou les maux congénitaux... Mais ils cachent la véritable cause de la dégradation alimentaire de l’humanité : la crise d’un système qui ne vit que pour le profit.
Marsan, 8 avril 2010
1 En France, le terme équivalent le plus répandu serait "la mal-bouffe".
Face à l’attaque inouïe que le gouvernement socialiste espagnol a lancé contre les travailleurs, nos camarades du CCI en Espagne ont élaboré un tract, traduit ci-dessous, pour le distribuer le plus largement possible dans la mesure de nos forces.
Comme les lecteurs le constateront, la bourgeoisie espagnole orchestre là-bas les mêmes attaques, les mêmes pièges idéologiques, les mêmes tentatives de divisions public-privé, les mêmes manifestations-balades stériles qu'en France.
Nous encourageons nos camarades en Espagne ou d’ailleurs, qui sont d’accord avec nos positions, à diffuser ce tract autour d'eux (disponible ici [12] au format pdf ).
Mercredi 12 mai, le gouvernement espagnol de Zapatero a annoncé le « réajustement » le plus dur de l’histoire de la démocratie. Mais ce n’était pas une surprise. En février, lorsque le même Zapatero annonça les premiers grands coups (baisse des pensions de retraite, reforme du code du travail etc.), nous avions dit : « les mesures annoncées maintenant, qui sont déjà une attaque en profondeur contre nos conditions de vie, ne constituent que le premier chapitre d’une longue chaîne d’attaques qui vont accabler nos vies avec son cortège de terribles fléaux : la misère, le chômage, le stress, l’épuisement, l’angoisse vis-à-vis de l’avenir...»1. Par ailleurs, même un journal aussi pro-gouvernemental qu’El País reconnaît sans ambages qu’on peut s’attendre encore à de nouvelles mesures de réajustement.
Zapatero et consorts disaient que « la reprise arrive », en claironnant la proximité du « bout du tunnel ». La réalité est qu’on est entré dans une nouvelle étape supérieure et bien plus grave de la crise mondiale du capitalisme, celle qui se caractérise par l’insolvabilité des États. Il n’est pas facile de savoir à quel rythme cela va empirer, les capitalistes eux-mêmes ni leurs serviables gouvernements ne le savent pas ! Mais tout le monde sait que ces mesures entraîneront de nouvelles chutes et récessions, de nouvelles baisses de la production…
Ces mesures sont imposées par la nécessité d’éviter l’effondrement de l’Euro, ce qui entraînerait des dangers énormes de déstabilisation pour toute l’économie mondiale. Et, en même temps, c’est le seul moyen qu’ont les États pour pouvoir continuer à s’endetter, continuer à demander « aux marchés » des sommes pharamineuses qu’il faudra rembourser plus tard.
Le capitalisme – malade d’une crise incurable – essaye de fuir sans relâche ses propres contradictions par une course folle vers toujours plus d'endettement.
Les gouvernements, tels des bateaux ivres, naviguent à vue sans savoir où ils vont. Mais, par contre, pour faire avancer leurs bateaux, leurs coups tombent toujours sur les mêmes dos, ceux des rameurs : les travailleurs et la majorité travailleuse de la population ! Voilà la seule chose qu’ils savent et qu’ils peuvent faire.
Les Plans d’austérité prolifèrent dans tous les pays : l’Islande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande... Le nouveau gouvernement anglais a comme priorité absolue celle d’imposer des coupes de 70 milliards de livres. En France, en Italie et en Allemagne, de durs réajustements, comme ils disent, sont aussi annoncés.
Tous les travailleurs sont attaqués, nous devons tous nous unir par-dessus toutes ces divisions de secteur, d’entreprise, de nationalité (de la région ou de la nation).
Les gouvernements, les oppositions diverses, le patronat et les syndicats, s’efforcent, tous, de semer dans nos rangs le poison de la division. Ils ne savent pas très bien quoi faire face à la crise, mais, par contre, ils ont une large et infâme expérience pour mener des manœuvres de division en tout genre.
En Grèce, la propagande de tous les partis et des syndicats montre de son doigt accusateur carrément les ouvriers allemands parce qu’ils « ne veulent pas les aider ». Et, en contrepartie, en Allemagne, la campagne est centrée sur le rejet que doivent avoir les ouvriers allemands, qui ne doivent pas payer avec leurs efforts les « excès » des travailleurs grecs !
Ici, en Espagne, on nous dit que Zapatero s’est mis à genoux devant l’Union Européenne, qu’il n’a pas eu le courage de défendre une « position nationale ». Rajoy [chef de l’opposition de droite, NDT] demande des élections anticipées et qu’on vote pour lui, parce que, lui, « a la solution », une solution nationale et espagnole, sans doute dans la bouche d’un Rajoy, une solution pour une Espagne « une, grande et libre » [slogan franquiste, NDT].
Ces « sorties nationales de la crise » ne sont pas seulement une vulgaire mystification, elles sont surtout un moyen pour diviser les travailleurs, de les empêcher de voir que la seule sortie possible de la crise est l’unité et la solidarité internationales de tous les travailleurs, le développement des luttes qui s’orientent vers leur unification internationale.
Mais les manœuvres de divisions ne portent pas seulement aussi loin dans le futur. Zapatero a ainsi annoncé que ces mesures « seraient limitées » aux fonctionnaires publics, aux pensions et aux bénéficiaires du chèque-bébé, en donnant l’impression que les travailleurs du secteur privé ou les chômeurs ne seraient pas touchés par ces mesures. Pour renforcer la manœuvre, les syndicats limitent leurs mobilisations aux fonctionnaires et Rajoy, quant à lui, rejette le gel des pensions et les coupes salariales aux fonctionnaires. De leur côté, les deux quotidiens principaux d’Espagne, qui sont à couteaux tirés la plupart du temps, sont de concert pour sortir chacun son « sondage » coïncidant avec l’autre, avec des titres proclamant que « plus de 50% des citoyens sont favorables à la réduction salariale des fonctionnaires ».
Autrement dit, ils veulent laisser les travailleurs de la fonction publique seuls et bien isolés, en les présentant comme boucs émissaires pour ainsi leur assener un bon coup et, par la suite, continuer avec les autres secteurs : les travailleurs du privé, les chômeurs, les étudiants, etc. Ils veulent que chaque ouvrier, individuellement, se réfugie derrière l’idée suicidaire qui consiste à se dire : « tout ceci ne m’est pas destiné, ne me concerne pas ».
Mensonge ! Est-ce que les syndicats n’ont pas déjà établi avec le patronat des accords pour réajuster les salaires et permettre aux patrons d’utiliser sans limites cette loi de la jungle concrétisée dans la possibilité du « décrochage salarial », par rapport aux conventions collectives qu’eux-mêmes ont signées ? Est-ce qu'il n’y aura pas, par hasard, pour tout le monde, des hausses de la TVA ? Est-ce qu’il n’y a pas déjà des quantités d’ouvriers affectés par les retards de payement de leur salaire ? Est-ce qu’on n’est pas en train de préparer une énième nouvelle reforme du code du Travail ? Est-ce qu’on oublie que des coupes énormes vont avoir lieu dans les communes et les régions ? Est-ce qu’on n’a pas entendu qu’on va réduire les préretraites ? Il suffit de lire ce qu’El País est quelque part forcé de reconnaître dans son édition de dimanche 16 mai : « les réajustements de salaire vont s’étendre au secteur privé ».
Nous ne devons pas tomber dans ce piège ! L’attaque est globale et frontale ! Salaires, pensions, allocations chômage, précarité, santé, éducation, conditions de travail, …tout est menacé par cet Attila des plans d’austérité !
Alors que les travailleurs doivent se serrer la ceinture, alors que la misère et la pauvreté se répandent telles une plaie sur beaucoup de quartiers de New York, Londres, Paris, Madrid ou Athènes, qui ressemblent de plus en plus à ceux du Tiers monde, nous voyons que le salaire annuel des dirigeants des entreprises de l’IBEX [équivalent du CAC 40, NDT] atteint un million d’euros (300 fois le salaire minimum) et les banquiers partent à la retraite avec des revenus de plus de 85 millions d'euros.
Cela fait que Monsieur Cayo Lara d’IU [chef de file de la Izquierda Unida, Gauche Unie, coalition autour du Parti Communiste Espagnol, NDT] nous propose « pourquoi ne pas mettre en place des mesures pour que les profits bancaires se consacrent à ouvrir une issue sociale à la crise ? » (Interview dans El País, 16 mai 2010).
Certes, il est intolérable que les grands chefs économiques et politiques du capitalisme s’enrichissent de cette manière insolente alors que partout prolifèrent pauvreté et souffrance. Mais ça, c’est la loi du capitalisme ! Sous le capitalisme, il ne peut pas y avoir « d'issue sociale où les charges seraient reparties équitablement ». Au fur et à mesure que la crise avance, la tendance, déjà dénoncée par Marx il y a un siècle et demi, ne fait que s’intensifier : d’un côté l’accumulation des richesses pharaoniques entre les mains d’une minorité de plus en plus petite, de l’autre une pauvreté de plus en plus grande qui n’arrête pas de se répandre. Sous le capitalisme la misère de la grande majorité est la condition de la richesse de la petite minorité.
Sous le capitalisme, les « issues sociales » sont impossibles comme l’est aussi la « protection des plus défavorisés » ou le « bien-être pour la majorité ». Où on en est la promesse démagogique de Zapatero selon laquelle « on ne toucherait pas aux acquis sociaux » ? Le capitalisme tend toujours vers l’appauvrissement de la grande majorité. Tout ceci n’a pas de solution sous le capitalisme. La seule solution est de le détruire.
La « riposte proportionnée » annoncée par les Commissions ouvrières (CO) et l’Union générale des travailleurs (UGT), les deux syndicats majoritaires, est celle de manifester le 20 mai et une grève pour le 2 juin limitée exclusivement aux fonctionnaires. Ceci a provoqué une indignation justifiée chez beaucoup de travailleurs qui considèrent ces « actions » comme une arnaque pour les diviser.
Ce n’est pas un hasard si Zapatero, qui a reçu de suite les leaders syndicaux avant même de recevoir ses amis du patronat, s’est empressé de « respecter les protestations des syndicats » ! Les leaders « socialistes » n’arrêtent pas de « saluer » le comportement responsable des syndicats !
Cet enthousiasme suspect, ces entretiens privés, font que beaucoup de travailleurs pensent à juste titre que le capitalisme ne planifie pas seulement ses attaques, mais qu’il planifie aussi un succédané de riposte, une espèce d’occupation préventive du terrain social de la part des syndicats, pour gâcher notre lutte, nous affaiblir, nous diviser, nous amener dans l’impasse.
Rappelons-nous cette singerie du 23 février lorsque les syndicats ont monté des manifestations « contre les réductions des pensions de retraite »… et maintenant que le sieur Zapatero annonce un gel brutal des pensions en se foutant, sur la forme et sur le fond, du Pacte de Tolède2, les syndicats limitent leur action « aux fonctionnaires » !
Face à cette occupation du terrain, face à toute cette planification préventive de la part de l’État capitaliste, que pouvons-nous faire, nous, les travailleurs ?
Il est clair que nous avons besoin d’une lutte qui se déroule en dehors de ces terrains piégés où on nous oblige à jouer un match où l’arbitre siffle contre nous et où certains qui s’habillent avec « notre maillot » ne pensent qu’à mettre des buts contre notre camp.
Les luttes doivent surgir des lieux de travail eux-mêmes, par la décision et le contrôle des assemblées générales de tous, et ouvertes à tous les travailleurs quel que soit leur secteur ou leur entreprise, etc. Les luttes, pour qu’elles montent en force, doivent s’étendre, occuper la rue avec des manifestations et autres rassemblements.
Les fonctionnaires doivent rejeter la prison de l’isolement que les syndicats leur ont concoctée. Aux endroits où ils disposeront d’un minimum de forces, ils devraient organiser des assemblées ouvertes aux travailleurs des autres secteurs, aux étudiants, à ceux qui préparent des concours qui viennent d’être affectés par la sévère réduction de l’Offre publique d’emploi3. Les travailleurs des autres secteurs doivent laisser de côté le préjugé qui ne sert qu’au capitalisme, sur le « fonctionnaire paresseux et privilégié » et prendre conscience du fait que l’attaque qui vient d’être lancée est une attaque contre tous.
Il faut que tous ceux qui ont conscience de l’escroquerie syndicale, ceux qui comprennent la nécessité impérieuse de lutter, se regroupent pour impulser des propositions d’action. Nous ne pouvons pas nous lamenter ni rester passifs. Ne laissons pas les manifestations syndicales entre les mains de ceux qui les convoquent, utilisons-les pour y établir des contacts avec d’autres travailleurs, pour impulser des réunions pour y discuter sur comment lutter. Ne laissons pas nous imposer une parodie de lutte, faisons tout pour développer une lutte véritable.
La société capitaliste mondiale va vers des convulsions de plus en plus graves, vers une misère insondable, vers le chômage et la barbarie. La situation est grave et pourtant les travailleurs sont pour l'heure encore loin de posséder une force sociale internationale pour opposer une issue révolutionnaire qui puisse un jour en finir avec tant de souffrance sans fin. Mais, déjà, ici et maintenant, il faut que nous luttions avec le peu de forces dont nous disposons. Conscience, solidarité, unité : voilà nos leviers.
Tract rédigé et diffusé par Action Proletaria, section du Courant Communiste International en Espagne (16 mai 2010 ).
1 Voir, “En Espagne, le capital et son État nous attaquent sur tous les fronts [13]” (mars 2003)
2 Le pacte de Tolède de 1995 signé par le gouvernement d’alors (socialiste) avec les syndicats et l’opposition, voulait renforcer les retraites par répartition. Premier résultat : le calcul moyen a été allongé progressivement de 8 à 15 années de cotisations supplémentaires. Au-delà des « avantages » de ce pacte, on y établit que le gouvernement espagnol pouvait dorénavant se permettre de réduire le montant des pensions, grâce à l'indexation des pensions sur les prix plutôt que sur les salaires. Par ailleurs, les fonds de pensions privés complémentaires ont été renforcés (passant en 15 ans de 2% à presque 30% !), avec tout ce que cela signifie d’aléatoire. Eh bien, même les « avantages » (l’indexation des retraites et l’âge de départ) de ce pacte signé pour soi-disant sécuriser le système deviennent du « papier mouillé » comme on dit en Espagne !
3 Lire en espagnol : « Una miserable Oferta Pública de Empleo que profundiza el desempleo [14] ».
Un certain nombre d'ouvriers combatifs des dernières luttes en Turquie, incluant les ouvriers de National Tobacco and Alcohol Monopoly (TEKEL), ceux du Service des Eaux et des Égouts d'Istanbul (ISKI), les pompiers, les ouvriers de Sinter Metal, le personnel de la municipalité d'Esenyurt, les ouvriers du bâtiment Marmaray, les éboueurs, le personnel du Conseil de Turquie pour la Recherche Scientifique et Technologique (TUBITAK) et les travailleurs de ATV-Sabah News Corporation, se sont rassemblés et ont établi un groupe ouvrier appelé la Plate-forme des Ouvriers en Lutte. Un groupe d'ouvriers de TEKEL a travaillé à la création d'un comité afin d'essayer de tirer les leçons de la lutte dans laquelle ils ont été impliqués et la Plate-forme des Ouvriers en Lutte est une étape importante dans cet effort pour créer des liens avec les autres travailleurs, en particulier ceux qui luttent contre les termes et les conditions que le 4-C1 a récemment introduit, qui est essentiellement une attaque généralisée contre tous les travailleurs du secteur public, avec la réduction des salaires, l'autorisation de transfert des ouvriers, l'obligation de faire des heures supplémentaires non rémunérées, le droit pour la direction de mise à pied temporaire de travailleurs, et la permission de licenciements arbitraires.
Les ouvriers de cette plateforme lancent un appel pour obtenir de l'argent pour apporter une aide à cette lutte. Nous tenons à souligner qu'ils ne demandent pas de l'argent pour se nourrir pendant une grève. Bien que ce type de solidarité puisse être important, très souvent, il n'arrive jamais aux grévistes effectivement en lutte, et même quand c'est le cas, il ne peut guère soulager les souffrances des dizaines de milliers de familles touchées par une grande grève. Ce qu'ils attendent est que l'argent leur permettre d'organiser les activités nécessaires à la lutte. La Turquie est un très grand pays (voyager à travers la Turquie c'est comme voyager de Londres à Varsovie), et TEKEL, par exemple, est une entreprise avec des travailleurs dans tout le pays. Voyager pour aller à des réunions coûte de l'argent, tout comme le fait d'organiser des choses comme la distribution de tracts, l'affichage, et les réunions publiques. L'argent est quelque chose dont les ouvriers manquent après une longue lutte dans l'un des pays les plus pauvres d'Europe.
Ne soyez pas découragé si vous ne pouvez pas vous permettre beaucoup. Rappelez-vous que la Turquie est l'un des pays les plus pauvres en Europe, et que même un peu d'argent peut faire beaucoup, par exemple le prix d'un paquet de cigarettes et une bière en Europe peuvent être suffisants pour envoyer un salarié à une réunion dans une autre ville.
1 Nom administratif de la dernière réforme du régime des fonctionnaires.
Liens
[1] https://fr.internationalism.org/tag/5/257/turquie
[2] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[3] https://www.repubblica.it/speciale/2009/firma-lappello-di-saviano/index.html
[4] https://fr.internationalism.org/rinte77/italie.htm
[5] https://www.youtube.com/watch?v=5Tg2My1iGeI&feature=related
[6] https://fr.internationalism.org/tag/5/42/italie
[7] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/prises-position-du-cci
[8] https://fr.internationalism.org/tag/5/242/perou
[9] https://fr.internationalism.org/tag/5/36/france
[10] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/catastrophes
[11] https://fr.internationalism.org/tag/5/53/mexique
[12] https://es.internationalism.org/node/2872
[13] https://fr.internationalism.org/icconline/2010/en_espagne_le_capital_et_son_etat_nous_attaquent_sur_tous_les_fronts.html
[14] https://es.internationalism.org/node/2833
[15] https://fr.internationalism.org/tag/5/41/espagne