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L'un des slogans les plus populaires dans les manifestations contre le changement climatique clame : "Changer le système, pas le climat".
Il ne fait aucun doute que le système actuel entraîne l'humanité vers une catastrophe environnementale. Les preuves matérielles s'accumulent chaque jour : vagues de chaleur sans précédent, incendies de forêt inédit en Amazonie, fonte des glaciers, inondations, extinction d'espèces entières -avec pour résultat final l'extinction de l'espèce humaine. Et même s'il n'y avait pas de réchauffement climatique, le sol, l'air, les rivières et les mers continueraient d'être empoisonnés et épuisés pour toujours.
Il n'est pas étonnant que tant de gens, et surtout tant de jeunes qui font face à un avenir menaçant, soient profondément préoccupés par cette situation et veuillent faire quelque chose à ce sujet.
La vague de protestations organisée par "La jeunesse pour le climat", "Extinction Rébellion", les Verts et les partis de gauche est présentée comme une voie à suivre. Mais ceux qui suivent actuellement leur exemple devraient se demander : pourquoi ces protestations sont-elles si largement soutenues par ceux qui gèrent et défendent le système actuel ? Pourquoi Greta est-elle invitée à s'adresser aux parlements, aux gouvernements, aux Nations Unies?
Bien sûr, des gens comme Trump, Bolsonaro ou Farage vilipendent constamment Greta et les "guerriers de l'écologie". Ils affirment que le changement climatique est un canular et que les mesures visant à réduire la pollution constituent une menace pour la croissance économique, surtout dans des secteurs comme l'automobile et les combustibles fossiles. Ils sont les défenseurs éhontés du profit capitaliste. Mais qu'en est-il de Merkel, Macron, Corbyn, Alexandria Ocasio-Cortez et d'autres qui ont fait l'éloge des protestations contre le climat : Font-ils moins partie du système actuel ?
Beaucoup de ceux qui participent aux protestations actuelles conviendront que les racines de la destruction écologique se trouvent dans le système et qu'il s'agit du système capitaliste. Mais les organisations à l'origine des protestations, et les politiciens qui clament hypocritement les soutenir, défendent des politiques qui cachent la véritable nature du capitalisme.
Considérons l'un des principaux programmes les plus radicaux de ces politiciens : le soi-disant "New Green Deal". Il nous offre un ensemble de mesures à prendre par les États existants, exigeant des investissements massifs en capital pour développer des industries "non polluantes" qui sont censées être en mesure de réaliser un profit décent. En d'autres termes : il est entièrement encadré dans les limites du système capitaliste. Comme le New Deal des années 1930, son but est de sauver le capitalisme en ces temps difficiles, et non de le remplacer.
Le capitalisme ne disparaît pas s'il est géré par des bureaucrates d'État au lieu de patrons privés, ou s'il se peint en vert.
Le capital est un rapport mondial entre les classes, basé sur l'exploitation du travail salarié et de la production pour la vente afin de réaliser des profits. La recherche constante de débouchés pour ses produits entraîne une concurrence impitoyable entre les États-nations pour la domination du marché mondial. Et cette concurrence exige que chaque capital national se développe ou meure. Un capitalisme qui ne cherche plus à pénétrer le dernier recoin de la planète et à croître sans limite ne peut exister. De même, le capitalisme est totalement incapable de coopérer à l'échelle mondiale pour répondre à la crise écologique, comme l'a déjà démontré l'échec lamentable des différents sommets et protocoles climatiques.
La chasse au profit, qui n'a rien à voir avec les besoins humains, est à l'origine de la spoliation de la nature et ce, depuis le début du capitalisme. Mais le capitalisme a une histoire, et depuis un siècle, il a cessé d'être un facteur de progrès et a été plongé dans une profonde crise historique. C'est une civilisation en déclin, car sa base économique, forcée de croître sans limite, génère des crises de surproduction qui tendent à devenir permanentes. Et, comme les guerres mondiales et la "guerre froide" du XXe siècle l'ont démontré, ce processus de déclin ne peut qu'accélérer la course du capital vers la destruction. Avant même que ne devienne évident le massacre mondial de la nature, le capitalisme menaçait déjà d'anéantir l'humanité par ses affrontements impérialistes incessants et ses guerres, qui se poursuivent aujourd'hui sur une grande partie de la planète, de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Pakistan et en Inde. De tels conflits ne peuvent qu'être exacerbés par la crise écologique, car les États-nations se disputent des ressources de plus en plus rares, tandis que la course à la production -et surtout à l'utilisation- d'armes de plus en plus cauchemardesques ne peut que polluer davantage la planète. Cette combinaison scandaleuse de dévastations capitalistes rend déjà certaines parties de la planète inhabitables et force des millions de personnes à devenir des réfugiés.
Ce système ne peut pas surmonter la crise économique, la crise écologique ou la course à la guerre.
C'est donc une duperie que d'exiger des gouvernements du monde entier qu'ils "se ressaisissent" et qu'ils fassent quelque chose pour sauver la planète -une demande formulée par tous les groupes qui organisent les marches et les manifestations actuelles. Le seul espoir de l'humanité réside dans la destruction du système actuel et la création d'une nouvelle forme de société. C'est ce que nous appelons le communisme -une communauté humaine mondiale sans États-nations, sans exploitation du travail, sans marchés et sans argent, où toute la production est planifiée à l'échelle mondiale avec le seul but de satisfaire les besoins humains. Il va sans dire que cette société n'a rien à voir avec la forme de capitalisme d'État que l'on observe dans des pays comme la Chine, la Corée du Nord ou Cuba, ou auparavant l'Union soviétique.
Le communisme authentique est la seule base pour établir une nouvelle relation entre l'humanité et le reste de la nature. Et ce n'est pas une utopie. C'est possible parce que le capitalisme a créé ses bases matérielles: le développement de la science et de la technologie, qui peuvent être libérées de leurs distorsions dans ce système, et l'interdépendance globale de toutes les activités productives, qui peuvent être libérées de la concurrence capitaliste et des antagonismes nationaux.
Mais c'est surtout possible parce que le capitalisme est basé sur l'existence d'une classe qui n'a rien d'autre à perdre que ses chaînes, une classe qui a intérêt à résister à l'exploitation et à la supprimer : la classe ouvrière internationale, le prolétariat de tous les pays. C'est une classe qui inclut non seulement ceux qui sont exploités au travail, mais aussi ceux qui étudient pour trouver une place sur le marché du travail et ceux que le capital jette au chômage et à la casse.
Et c'est ici en particulier que l'idéologie qui sous-tend les marches pour le climat sert à nous empêcher de saisir les moyens de lutter contre ce système. Elle nous dit, par exemple, que le monde est dans le pétrin parce que la "vieille génération" s'est habituée à consommer trop. Mais parler des générations "en général" occulte le fait que, hier et aujourd'hui, le problème réside dans la division de la société en deux classes principales, l'une, la classe capitaliste ou bourgeoisie, qui a tout le pouvoir, et une classe beaucoup plus nombreuse qui est exploitée et privée de tout pouvoir de décision, même dans les pays les plus "démocratiques". Ce sont les mécanismes impersonnels du capital qui nous ont mis dans le pétrin actuel, et non le comportement personnel des individus ou l'avidité d'une génération précédente.
Il en va de même de tous les discours sur le "peuple" ou les "citoyens" qui seraient la force qui peut sauver le monde. Ce sont des catégories dénuées de sens qui couvrent des intérêts de classe antagonistes. La sortie d'un système qui ne peut exister sans l'exploitation d'une classe par une autre ne peut se faire que par la relance de la lutte des classes, à commencer par la défense des intérêts les plus fondamentaux des travailleurs contre les attaques de leurs conditions de vie et de travail portées par tous les gouvernements et tous les patrons en réponse à la crise économique -attaques qui sont aussi de plus en plus prises au nom la nécessité de protéger l'environnement. C'est le seul moyen pour que la classe ouvrière développe le sens de sa propre existence contre tous les mensonges qui nous disent qu'elle constitue déjà une "espèce éteinte". Et c'est le seul moyen pour que la lutte des classes fusionne les dimensions économique et politique -en établissant le lien entre la crise économique, la guerre et les catastrophes écologiques, et en reconnaissant que seule une révolution mondiale peut les surmonter.
Au cours de la période qui a précédé la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de personnes ont participé à des manifestations pacifistes. Elles étaient encouragées par les classes dirigeantes "démocratiques" parce qu'elles répandaient l'illusion qu'il pouvait y avoir un capitalisme pacifique. Aujourd'hui, l'illusion d'un capitalisme vert se répand de plus en plus. Et de plus, le pacifisme, avec son appel à tous les gens de bonne volonté, cachait le fait que seule la lutte des classes peut réellement s'opposer à la guerre, ainsi que cela a été prouvé en 1917-18 lorsque le déclenchement des révolutions russe et allemande a obligé les dirigeants du monde à mettre un terme rapide à cette guerre. Le pacifisme n'a jamais arrêté les guerres, et les campagnes écologiques actuelles, en vendant de fausses solutions au désastre climatique, doivent être comprises comme un obstacle à sa véritable solution.
Courant Communiste International (27/08/2019)
L’article ci-dessous fait partie de la série : Le legs dissimulé de la gauche du capital, dans laquelle nous mettons en évidence une chose difficile à saisir pour de nombreux groupes et militants de la Gauche communiste : il ne s’agit pas seulement de rompre avec les positions politiques de tous les partis du capital (populisme, fascisme, droite, gauche, extrême-gauche) mais il faut rompre également avec leurs méthodes organisationnelles, leur morale, leur mode de pensée. Cette rupture est absolument nécessaire mais elle est cependant très difficile car nous vivons quotidiennement avec le poids des idéologies ennemies de la libération de l’humanité : bourgeoise, petite-bourgeoise et lumpenproletariat. Dans ce cinquième article de la série, nous traiterons de la question vitale du débat. [1]
Le débat est source de vie pour le prolétariat, lequel n’est pas une force inconsciente luttant complètement à l’aveugle, motivée par le déterminisme des conditions objectives, il est au contraire la classe de la conscience dont le combat est guidé par les compréhensions de ses nécessités et de ses possibilités sur le dur chemin vers le communisme. Cette compréhension n’émane ni de vérités absolues formulées une fois pour toutes dans le Manifeste du Parti communiste ni de l’esprit privilégié de chefs géniaux mais il est le produit “du développement intellectuel de la classe ouvrière [qui devait résulter] de l’action et de la discussion communes. Les évènements et les vicissitudes de la lutte contre le capital, les défaites plus encore que les succès, ne pouvaient manquer de faire sentir aux combattants l’insuffisance de toutes leurs panacées et les amener à comprendre à fond les conditions véritables de l’émancipation ouvrière” [2]
Les révolutions prolétariennes se sont érigées sur un gigantesque débat de masses. L’action autonome et auto-organisée de la classe ouvrière s’appuie sur un débat auquel participent activement des centaines de milliers d’ouvriers, de jeunes, de femmes, de retraités. La révolution russe de 1917 fut basée sur un débat permanent de milliers de discussions dans les locaux, les cirques, les rues, les tramways… Ces journées de 1917 nous ont laissé deux images qui illustrent bien l’importance du débat pour la classe ouvrière : le tramway à l’arrêt parce que tous ses occupants, conducteur inclus, avaient décidé de discuter d’un sujet ou encore la fenêtre depuis laquelle quelqu’un lance un discours et devant laquelle des centaines de personnes se rassemble pour écouter et discuter.
Mai 68 fut également un débat permanent de masses. Il y a un contraste flagrant entre les discussions des ouvriers dans les grèves de Mai durant lesquelles on parlait de comment détruire l’État, comment créer une société nouvelle, du sabotage syndical, etc., et une “assemblée” d’étudiants en Allemagne en 1967, contrôlée par des maoïstes “radicaux” et durant laquelle se perdirent presque 3 heures afin de décider de comment organiser une manifestation. “On se parle et on s’écoute” fut un des slogans les plus populaires de Mai 68.
Les mouvements de 2006 et 2011 (lutte contre le CPE en France et le mouvement des Indignés en Espagne) [3] se sont fondés sur un débat vivant avec des milliers de travailleurs, jeunes, etc., parlant sans restrictions. Sur les places occupées on organisait des bibliothèques volantes, rappelant une activité qui avait surgit avec une force gigantesque durant la révolution russe de 1917 comme le soulignait John Reed dans Dix jours qui ébranlèrent le monde : “Toute la Russie apprenait à lire, et elle lisait (l’économie politique, l’histoire) parce que le peuple désirait savoir. Dans toutes les villes, grandes et petites, sur le front, chaque fraction politique avait son journal (quelquefois elle en avait même plusieurs). Des pamphlets, par centaines de mille, étaient distribués par des milliers d’organisations et répandus dans les armées, dans les villages, les usines, les rues. La soif d’instruction, si longtemps réprimée, avec la révolution prit la forme d’un véritable délire. Du seul Institut Smolny, pendant les six premiers mois, sortaient chaque jour des trains et des voitures chargés de littérature pour saturer le pays. La Russie, insatiable, absorbait toute matière imprimée comme le sable chaud absorbe de l’eau. Et ce n’était point des fables, de l’histoire falsifiée, de la religion diluée et des romans corrupteurs à bon marché mais les théories sociales et économiques de la philosophie, les œuvres de Tolstoï, de Gogol, de Gorki”. [4]
Si le débat est le nerf vital de la classe ouvrière, il l’est encore plus pour ses organisations révolutionnaires : “l’organisation des révolutionnaires ne peut être “monolithique”. L’existence de divergences en son sein est la manifestation que c’est un organe vivant qui n’a pas de réponses toutes faites à apporter immédiatement aux problèmes qui surgissent devant la classe. Le marxisme n’est ni un dogme, ni un catéchisme. C’est l’instrument théorique d’une classe qui, à travers son expérience et en vue de son devenir historique, avance progressivement, avec des hauts et des bas, vers une prise de conscience qui est la condition indispensable de son émancipation. Comme toute réflexion humaine, celle qui préside au développement de la conscience prolétarienne n’est pas un processus linéaire et mécanique, mais bien contradictoire et critique. Il suppose nécessairement la confrontation des arguments. En fait, le fameux “monolithisme” ou la fameuse “invariance” des bordiguistes est un leurre, ou bien l’organisation est complètement sclérosée et n’est plus en prise avec la vie de classe, ou bien elle n’est pas monolithique et ses positions ne sont pas invariantes” [5]
Cependant les militants qui sont passés par un parti politique bourgeois ont vécu dans leur propre chair que ce “débat” est une farce et une source évidente de souffrances. Dans tous les partis bourgeois, quelles que soient leurs couleurs, le “débat” prend la forme du “Duel à coups de gourdins”, le fameux tableau de Goya que l’on peut contempler au Musée du Prado. Les débats électoraux relèvent plus du “débat-poubelle” au vu de la quantité d’insultes, d’accusations, de linge sale, de pièges, de coups bas, etc. qui en ressort. Ce sont des spectacles de dénigrement et de règlements de comptes : conçus comme un match de boxe où la clarté, la vérité, la réalité ne comptent pas. Le seul enjeu est de voir qui gagne et qui perd, qui va duper et mentir le mieux, qui va manipuler les esprits avec le plus de cynisme.[6]
Dans un parti bourgeois, la “libre expression” est une pure fumisterie. On laisse dire les choses jusqu’à une limite qui ne remettrait pas en question la domination des “dirigeants”. Lorsque ce seuil est dépassé, une campagne de calomnies est organisée contre ceux qui ont osé penser par eux-mêmes, quand on ne les expulse pas directement et manu militari du parti en invoquant un prétexte quelconque. Ces pratiques ont lieu dans tous les partis où aussi bien les bourreaux que les victimes y ont recours. Rosa Diez, une dirigeante du PSOE basque, a ainsi été la cible d’une virulente campagne de délation de la part de ses “camarades” de parti. Elle ne s’alignait pas sur l’orientation, en vigueur à ce moment-là, vers la collaboration avec le nationalisme basque et on lui rendit la vie impossible jusqu’à ce qu’elle finisse par partir. Elle fonda alors l’UPYD (qui aspirait à occuper une position centriste prise ensuite par Ciudadanos) et, quand surgirent des rivaux et des opposants au sein de sa propre boutique, elle leur fit subir le même sort que le sien, atteignant même des doses de sadisme et de cynisme qui auraient fait frémir Staline lui-même.
On évite en général le débat dans les partis bourgeois, quelle que soit leur couleur. Le stalinisme interdit le débat en profitant d’une grave erreur du parti bolchevique en 1921 : la prohibition des fractions, mesure impulsée par Lénine comme une fausse réponse à Kronstadt. [7] Le trotskisme refuse également le débat en son sein et pratique le même type d’exclusion et de répression. La tentative d’expulsion de l’Opposition de Gauche qui se produisit au sein d’une prison stalinienne (!), [8] comme en témoigne le livre d’Anton Ciliga, [9] précédemment cité dans des articles antérieurs de cette série : “À la lutte idéologique dans le “Collectif” trotskiste vint s’ajouter un conflit organisationnel qui, durant quelques mois, relégua la question idéologique au second plan. Ce conflit caractérise la psychologie et les habitudes de l’Opposition russe. La droite et le centre proposèrent aux “bolcheviks militants” l’ultimatum suivant : ou ils se dissolvaient et arrêtaient de publier leur journal ou ils seraient expulsés de l’organisation trotskiste.
En effet, la majorité pensait qu’il ne devait y avoir aucun sous-groupe au sein de la fraction trotskiste. Ce principe de la “fraction monolithique” au fond, était le même que celui dont s’inspirait Staline pour l’ensemble du parti”.
Dans les congrès, personne n’écoute les présentations qui consistent en exposés ennuyeux où l’on affirme en même temps une chose et son contraire. On organise des conférences sectorielles, des colloques et bien d’autres évènements qui ne sont rien de plus que des opérations de relations publiques.
Le “débat” surgit lorsqu’il s’agit de déboulonner la clique au pouvoir et de la remplacer par une nouvelle. Ceci peut se produire pour diverses raisons : intérêts de factions, déviance en ce qui concerne la défense des intérêts du capital national, mauvais résultats électoraux… Dès lors éclate un “débat” qui s’avère être une arme de lutte pour le pouvoir. En certaines occasions, le “débat” consiste en ce qu’une faction invente une “thèse” alambiquée et contradictoire et l’oppose violemment à celle de ses rivaux, recourant à de féroces critiques au travers de mots, d’adjectifs incendiaires (“opportuniste”, “abandon du marxisme”, etc.) et d’autres prétextes sophistiqués. Le cours du “débat” n’est qu’une succession d’insultes, de menaces, de linge sale lavé en public, d’accusations… jalonnée de temps à autre par des actes diplomatiques d’accolades pour “démontrer” l’amour de l’ “unité” et que l’on “apprécie” des rivaux qui seraient avant tout des “camarades”. [10] Il y a des moments, enfin, d’équilibre des forces entre les différentes factions en lice faisant du “débat” une somme “d’opinions” que chacun défend comme sa propriété et qui ne donne lieu à aucune clarification mais plutôt à une somme chaotique d’idées ou de textes “conciliateurs” qui mettent dans le même sac des idées opposées. [11]
Ainsi donc, nous pouvons conclure que le “débat” dans une organisation bourgeoise (quelle que soit sa place sur l’échiquier politique qui va de l’extrême-droite à l’extrême-gauche) est une farce et un moyen de se livrer à des attaques personnelles incendiaires qui peuvent engendrer de graves blessures psychologiques pour les victimes et qui montre de la part des bourreaux, une cruauté, un cynisme et une absence de scrupules moraux réellement hallucinants. Enfin, c’est un jeu dans lequel parfois ceux qui furent bourreaux peuvent devenir à leur tour victimes et vice-versa. Les mauvais traitements qu’ils ont subis, ils peuvent les infliger au centuple à d’autres dès qu’ils obtiennent une once de pouvoir.
Le débat prolétarien est fondamentalement différent. Le débat au sein des organisations prolétariennes répond à des principes radicalement différents de ceux que nous venons de voir dans les partis bourgeois.
La conscience de classe du prolétariat (ce qui signifie la connaissance, qui se développe en son sein, des fins et des moyens de sa lutte historique) peut uniquement naître du débat, d’un débat sans limites ni entraves. “La conscience ne peut se développer sans un débat fraternel, public et international”, comme nous l’affirmons dans notre texte : La culture du débat, arme de la lutte de classe”. [12] Les organisations communistes qui expriment de manière avancée et permanente l’effort de prise de conscience qui existe dans la classe, ont besoin du débat comme arme vitale : “parmi les premières exigences qu’elles [ces minorités] ont exprimées, il y avait la nécessité du débat, non comme un luxe mais comme un besoin impérieux, la nécessité que ceux qui y participent prennent les autres au sérieux et apprennent à les écouter ; également la nécessité que, dans la discussion, les armes soient les arguments et non la force brutale, ni l’appel à la morale ou à l’autorité de théoriciens”, poursuit ce même texte.
Dans une organisation politique prolétarienne, le débat doit être aux antipodes des méthodes répugnantes que nous avons dénoncées auparavant. Il est question de chercher entre tous, une vérité partagée, où il n’y a ni gagnants ni perdants et où le seul triomphe est celui de la clarté commune. La discussion se base sur des arguments, des analyses, des hypothèses, des doutes… Les erreurs font partie du chemin qui mène à des conclusions opérationnelles. Les accusations, les insultes, la personnalisation sur des camarades ou des organes doivent être proscrits catégoriquement, car il ne s’agit pas de savoir qui dit quoi mais ce qui est dit.
Les désaccords sont des moments nécessaires dans la recherche d’une position. Non parce qu’ils sont un “droit démocratique” mais un devoir lorsqu’on ne partage pas une position ou qu’on estime qu’elle est insuffisante ou confuse. Dans le cours du débat se confrontent des positions et, parfois, il y a des positions minoritaires qui avec le temps, deviennent majoritaires. Tel fut le cas de Lénine avec ses Thèses d’Avril qui, lorsqu’il les présenta à son arrivée en Russie en 1917, étaient minoritaires au sein du Parti bolchevick, lequel était dominé par la déviance opportuniste qu’avait imposée le Comité central. Au travers d’une discussion intense et à travers une forte participation de tous les militants, le parti se convainquit de la validité des positions de Lénine et finit par les adopter. [13]
Les différentes positions qui s’expriment au sein d’une organisation prolétarienne ne sont pas des postures figées qui sont la propriété de ceux qui les défendent. Dans l’organisation révolutionnaire, “les divergences n’expriment nullement la défense d’intérêts matériels, personnels ou de groupes de pression particuliers, mais sont la traduction d’un processus vivant et dynamique de clarification des problèmes qui se posent à la classe et sont destinés comme tels à être résorbés avec l’approfondissement de la discussion et à la lumière de l’expérience” (“Rapport sur la Structure et le fonctionnement des organisations révolutionnaires”, cité plus haut).
Dans les organisations prolétariennes, il ne peut y avoir d’ “esprits éclairés” qu’il faudrait suivre aveuglément. Il est clair qu’il peut y avoir des camarades avec des capacités plus grandes ou qui possèdent une plus grande maîtrise dans certains domaines. Il y a certes des militants dont le dévouement, la conviction et l’enthousiasme peuvent jouir d’une certaine autorité morale. Cependant, rien de tout cela ne peut leur conférer un statut particulier privilégié qui consacrerait une fois pour toutes tel ou tel comme un “chef génial”, un “expert” spécialiste de telle ou telle question ou “un grand théoricien”. “Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun, producteurs sauvons-nous nous-mêmes, décrétons le salut commun”, dit une strophe de l’hymne de la Première Internationale.
De manière plus précise, comme le signale notre texte sur la Structure et le Fonctionnement, “Il n’existe pas dans l’organisation de tâche “nobles” et des tâches “secondaires” ou moins “nobles”. Le travail d’élaboration théorique comme la réalisation des tâches pratiques, le travail au sein des organes centraux comme le travail spécifique des sections locales, sont tout aussi importants pour l’organisation et ne sauraient de ce fait être hiérarchisées (c’est le capitalisme qui établit de telles hiérarchies)”.
Dans une organisation communiste, il faut combattre le suivisme, vice consistant à s’aligner, sans réfléchir, sur la position d’un “militant éclairé” ou d’un organe central. Dans une organisation communiste, tout militant doit préserver un esprit critique, ne pas prendre pour argent comptant mais analyser ce qui est exposé, y compris ce qui vient de “dirigeants”, d’organes centraux ou de “militants plus avancés”. Ceci se situe aux antipodes de l’état d’esprit qui règne dans les partis bourgeois et plus particulièrement dans leurs représentants de gauche. Dans ces derniers, on pratique le suivisme et le respect les plus extrêmes des chefs, ce qui en l’occurrence vient de loin ; en effet dans l’Opposition trotskiste, ces tendances existaient déjà : “Les lettres de Trotski et de Rakovski, qui traitaient des questions à l’ordre du jour, parvenaient à entrer dans la prison et donnaient lieu à de nombreux commentaires. L’esprit hiérarchique et de soumission devant le chef qui imprégnait l’Opposition russe ne cessait de surprendre. Une phrase ou une parole de Trotski avait valeur de preuve. De plus, aussi bien les trotskistes de droite comme de gauche donnaient à ces phrases un sens véritablement tendancieux, chacun à sa manière. La complète soumission à Lénine et Staline qui régnait dans le parti était également présente dans l’Opposition mais avec Lénine et Trotsky : tout le reste était une œuvre du diable”. (Anton Ciliga, Op. cit., page 273).
Il existe une idée très dangereuse que l’on se doit de rejeter formellement : il y aurait des militants “experts” qui, une fois intervenus, “auraient tout dit”, il serait “impossible de faire mieux” et la posture des autres se limiterait à “prendre des notes” et se taire.
Cette vision renie radicalement le débat prolétarien qui est un processus dynamique au cours duquel se multiplient les efforts, dont beaucoup erronés, pour aborder les problèmes. La vision superficielle, empreinte de logique mercantile, de seulement voir le “produit” ou le résultat final sans distinguer du tout ce qui a conduit à son élaboration, de seulement se focaliser sur la valeur d’échange, nécessairement abstraite et intemporelle, consiste à croire que tout est le produit de discours finis de militants “géniaux”. Marx ne partageait pas ce point de vue. Dans une lettre adressée à Wilhelm Blos en 1877, il soulignait : “Mon aversion pour toute forme de culte de la personnalité était telle qu’à l’époque de la Première Internationale, alors pressé par de nombreuses tentatives (émanant de plusieurs pays) visant à m’accorder une reconnaissance publique, je n’ai jamais permis qu’elles voient le jour ; jamais je ne leur ai donné de suite si ce n’est d’occasionnelles rebuffades ; lorsqu’Engels et moi-même rejoignirent la Ligue Communiste clandestine, nous le fîmes seulement à la seule condition qu’elle soit purgée de tout principe alimentant une croyance irrationnelle en l’autorité”. [14]
Au cours d’un débat, on formule des hypothèses ou des positions opposées. Il y a des approximations, des erreurs commises, il y a des interventions plus claires mais le résultat global n’émane pas “du militant le plus clairvoyant” sinon d’une synthèse dynamique et vivante d’un ensemble de positions intégrées à la discussion. La position qui finit par être adoptée n’est pas celle de ceux qui “avaient raison” et elle n’est pas non plus, la plupart du temps, totalement antagoniste à celle de ceux “qui avaient tort” ; c’est une position nouvelle et supérieure qui aide collectivement à clarifier les choses.
Évidemment, le débat n’est pas facile au sein d’une organisation prolétarienne. Cette dernière n’évolue pas dans un monde à part mais elle doit supporter tout le poids de l’idéologie dominante et la conception du débat qu’elle porte avec elle. Il est inévitable que les “formes du débat” qui sont propres à la société bourgeoise et dont on nous abreuve tous les jours à travers le spectacle des partis, de la télévision et ses programmes poubelles, les réseaux sociaux, les campagnes électorales, etc., s’infiltrent dans la vie des organisations prolétariennes. Ces dernières doivent mener une lutte soutenue contre cette infiltration destructrice.
“La culture du débat peut uniquement se développer que contre le courant de la société bourgeoise. Comme la tendance spontanée au sein du capitalisme n’est pas la clarification des idées mais la violence, la manipulation et la lutte pour obtenir une majorité (dont le cirque électoral de la démocratie bourgeoise est le meilleur exemple), l’infiltration de cette idéologie au sein des organisations prolétariennes contient toujours les germes de crise et de dégénérescence. L’histoire du Parti bolchevique l’illustre parfaitement. Tant que le Parti était le fer de lance de la Révolution, les débats les plus vivants et souvent les plus vifs constituaient une de ses principales forces. En revanche, l’interdiction des véritables fractions (après le massacre de Kronstadt en 1921) a constitué un signe majeur et a été un facteur actif de sa dégénérescence” comme le montre notre texte sur la culture du débat cité précédemment. Celui-ci se réfère à l’héritage empoisonné qu’a laissé le stalinisme dans les rangs ouvriers et qui pèse lourdement sur les communistes dont bon nombre ont commencé leur vie politique dans des organisations staliniennes, maoïstes ou trotskistes et croient que “l’échange d’arguments est synonyme de “libéralisme bourgeois” et qu’un “bon communiste” est quelqu’un qui “la ferme” et fait taire sa conscience et ses émotions”.
Pour cela, “les camarades qui sont aujourd’hui déterminés à rejeter les effets de ce produit moribond de la contre-révolution comprennent de mieux en mieux qu’une telle démarche ne nécessite pas seulement le rejet de ses positions mais aussi de sa mentalité”.
En effet, il faut combattre la mentalité falsificatrice du débat qui suppure par tous les pores du monde bourgeois et particulièrement la canaille stalinienne et tous ses appendices, notamment ceux qui feignent une plus grande “ouverture” comme les trotskistes. Il faut être clair et tranché dans la défense d’une position mais cela n’a pour autant rien à voir avec l’arrogance et la brutalité. Il faut être combatif mais cela ne signifie pas être querelleur et agressif. Il faut appeler un chat un chat mais il ne faut pas en déduire qu’il faudrait être insultant et cynique. Il ne faut pas chercher la conciliation d’arguments ou les compromis mais il ne faut pas confondre cela avec le sectarisme et le refus d’écouter les arguments des interlocuteurs. En définitive, le débat prolétarien doit se frayer un chemin au milieu de la confusion et la déviance que divulguent le stalinisme et ses avatars.
Bien que le collectivisme bureaucratique des partis bourgeois, avec son monolithisme et ses contraintes brutales, constitue un obstacle au débat, il est nécessaire de se prémunir contre ce qui apparaît comme son opposé alors qu’en réalité il est son complément. Nous nous référons à la vision individualiste du débat.
Celle-ci consiste en ce que chacun ait “sa propre opinion” et cette “opinion” serait sa propriété privée. Par conséquent, critiquer la position d’un camarade reviendrait à l’attaquer car ce serait “violer” sa “propriété privée”, ce serait lui ôter quelque chose qui lui “appartient”. Critiquer telle position de tel camarade serait l’équivalent de lui voler son portable ou le laisser sans nourriture.
Cette vision est radicalement fausse. Le savoir ne naît pas du “raisonnement personnel” ou de “la conviction intime” de chaque individu. Ce que nous pensons fait partie d’un effort historique et social, lié au travail et au développement des forces productives. Ce que chacun dit n’est “original” que s’il s’inscrit de manière critique dans un effort collectif de pensée. La pensée du prolétariat est le produit de sa lutte historique au niveau mondial, lutte qui ne se limite pas à ses combats économiques mais qui, comme le disait Engels, possède trois dimensions interconnectées : la lutte économique, la lutte politique et la lutte idéologique.
Chaque organisation politique prolétarienne s’inscrit dans la continuité historique critique d’un large chaînon qui va de la Ligue des communistes (1848) jusqu’aux petites organisations actuelles de la Gauche communiste. Dans ce fil historique, s’insèrent les positions, idées, appréciations, contributions de chaque militant. Si chaque militant aspire à étendre toujours plus ses connaissances, il ne considère pas cela comme une entreprise individuelle mais avec l’objectif de porter le plus loin possible la clarification des positions et les orientations de l’ensemble de l’organisation du prolétariat.
Dès lors, la posture individualiste du “à chacun son opinion”, ou sa position est un grave obstacle au débat et est un complément du monolithisme bureaucratique des partis bourgeois. Quand, dans un débat, chacun y va de “son opinion”, le résultat peut être ou bien un conflit entre vainqueurs et vaincus ou bien une somme inutile de différentes opinions contradictoires. L’individualisme est un obstacle à la clarté et comme partie du monolithisme de “c’est mon opinion, c’est à prendre ou à laisser”, cela signifie qu’il n’y a pas de débat lorsque chacun ne fait que manifester sa “propre opinion”.
Le débat prolétarien a une nature historique ; il recueille le meilleur du débat scientifique et culturel qui a existé dans l’histoire de l’humanité. “Fondamentalement, la culture du débat est une expression de la nature éminemment sociale de l’humanité. C’est en particulier une émanation de l’utilisation spécifiquement humaine du langage. L’utilisation du langage comme moyen d’échanger des informations est quelque chose que l’humanité partage avec beaucoup d’animaux. Ce qui distingue l’humanité du reste de la nature sur ce plan, c’est sa capacité à cultiver et à échanger une argumentation (en lien avec le développement de la logique et de la science) et à parvenir à connaître les autres (le développement de l’empathie liée, entre autres, au développement de l’art)”.
La culture du débat puise ses racines dans le communisme primitif : “Engels, par exemple, parle du rôle des assemblées générales chez les Grecs à l’époque d’Homère, chez les premières tribus germaniques ou chez les Iroquois d’Amérique du Nord et fait en particulier l’éloge de la culture du débat de ces derniers. Le débat est né en réponse à une nécessité matérielle. En Grèce il se développe à partir de la comparaison entre différentes sources de connaissance. On compare différents modes de pensée, différents modes d’investigations et leurs résultats. On découvre qu’ils se contredisent, se confirment ou se complètent. Ils se combattent ou se complètent, ou les deux. À travers la comparaison, les vérités absolues sont rendues relatives”.
Notre texte sur la Structure et le Fonctionnement résume les principes fondamentaux du débat prolétarien : “rejet de toute mesure disciplinaire ou administrative de la part de l’organisation à l’égard de ses membres qui soulèvent des désaccords : de même que la minorité doit savoir être une minorité au sein de l’organisation, la majorité doit savoir être une majorité et, en particulier, ne pas abuser du fait que sa position est devenue celle de l’organisation pour annihiler le débat par quelque moyen que ce soit, par exemple en obligeant les membres de la minorité à être les porte-paroles de positions auxquelles ils n’adhèrent pas ; l’ensemble de l’organisation est intéressé à ce que la discussion (même si elle porte sur des divergences de principes qui ne peuvent qu’aboutir à une séparation organisationnelle) soit menée le plus clairement possible. L’ensemble de l’organisation est intéressé à ce que la discussion (…) soit menée le plus clairement possible (sans pour cela évidemment paralyser ou affaiblir les tâches de l’organisation) pour se convaincre mutuellement de la validité de leurs analyses respectives ou, tout au moins, permettre que la plus grande clarté soit faite sur la nature et la portée des désaccords. Dans la mesure où les débats qui traversent l’organisation concernent en général l’ensemble du prolétariat, il convient que celle-ci les porte à l’extérieur”.
Le prolétariat est une classe internationale et pour cela le débat doit avoir une nature internationale et centralisée. Si le débat n’est pas une addition d’opinions individuelles, il ne peut pas être non plus la somme d’une série de positions locales. La force du prolétariat est son unité et sa conscience qui cherchent à s’exprimer au niveau mondial.
Le débat international, intégrant les contributions et les expériences des prolétaires de tous les pays est celui qui donne une clarté et une vision globales qui rendront plus forte la lutte prolétarienne.
C. Mir, 11 juillet 2018
[1] Les autres articles de la série [3] sont publiés sur notre site internet.
[2] Préface à l’édition allemande de 1890 du Manifeste Communiste, Engels.
[3] Voir : “Thèses sur le mouvement des étudiants contre le CPE du printemps 2006 en France [4]”
Voir aussi notre tract international diffusé en 2011 “De l’indignation à l’espoir [5]”
[4] Dix jours qui ébranlèrent le monde, chapitre 1, John Reed,
[5] “Rapport sur la Structure et le fonctionnement des organisations révolutionnaires [6]”, Revue Internationale n° 33 (janvier 1982).
[6] Voir “Débats électoraux, tout le contraire d’un vrai débat [7]” (article disponible en espagnol)
[7] En 1921 se produit le soulèvement des marins et ouvriers de la garnison de Kronstadt, proche de Saint Petersburg. Le pouvoir soviétique réprima brutalement ce mouvement, ce qui signifia un pas très important vers la dégénérescence du bastion prolétarien en Russie (voir entre autres “Les Leçons de Kronstadt [8]”)
Comme fausse leçon des évènements, le parti bolchevique, en pleine dégénérescence opportuniste, décida lors de son 10e Congrès d’interdire temporairement les fractions dans le Parti.
[8] Prison “de l’Isoloir” (!) à Verkhneouralsk située sur le fleuve Oural, dans le région de Tcheliabinsk et Magnitogorsk.
[9] Dix ans au pays du mensonge déconcertant, Ante Ciliga.
[10] Dans l’actuelle guerre de succession du Parti Populaire espagnol (PP, droite), les six candidats proclament tous les jours qu’ils sont “amis” pour, ensuite, entreprendre tous types de manœuvres, insinuations, accusations, tractations de couloirs, etc.
[11] Un exemple récent : l’ERC (Esquerra Republicana de Catalunya ou Gauche républicaine de Catalogne, parti indépendantiste) a célébré son dernier congrès durant lequel la direction a imposé une ligne “conciliatrice” avec le pouvoir central espagnol. Cependant, elle a permis que les bases “radicalisent” leurs interventions avec tout un fatras d’amendements “indépendantistes” et de “désobéissance”. Le résultat fut un amas de textes confus et incompréhensibles dans lesquels on parle à la fois d’ “autonomie” au sein de l’Espagne et d’indépendance vis-à-vis de l’Espagne.
[12] Voir : “la culture du débat, une arme du prolétariat [9]”, Revue internationale n° 131 (4e trimestre 2007).
[13] Voir “Les Thèses d’Avril, phare de la Révolution prolétarienne [10]”, Revue Internationale n° 89.
[14] La Vie familiale de Karl Marx, Eleanor Marx, page 205 de l’édition espagnole (traduit par nous).
Au cours du dernier mois, des centaines de milliers, voire des millions d’habitants ont envahi les rues et les places de Hong Kong en signe de protestation contre une modification de la loi sur l’extradition[1], proposée par le gouverneur de Hong Kong, Carrie Lam. L’amendement à cette loi permettrait d’extrader des citoyens de Hong Kong vers la Chine continentale. Le plus grand rassemblement contre cet amendement a eu lieu le 16 juin, lorsque près de deux millions de personnes se sont rassemblées dans une manifestation de rue.
Les premières manifestations ont été rendues possibles par « le Front des Droits Civils de l’Homme » (une coalition de plus de cinquante organisations bourgeoises). Ce front a joué un rôle dans l’organisation des premiers grands rassemblements des 9 et 12 juin, en obtenant l’autorisation de marcher et de se réunir. Mais l’ampleur des mobilisations a été rendue possible par les médias sociaux : les gens se sont organisés, principalement avec les réseaux Facebook, Télégram et le forum en ligne Lihkg.
Déjà, le 31 mars, une première manifestation avait eu lieu. Une deuxième manifestation a eu lieu le 28 avril, attirant plus de 100 000 participants. Par la suite, le mouvement a pris de l’ampleur, notamment lors de trois rassemblements différents, les 9, 12 et 21 juin 2019, lorsque des centaines de milliers de personnes ont envahi les rues. Le lundi 1er juillet, alors que Hong Kong fêtait le 22e anniversaire de son accès à la souveraineté (1997), la marche annuelle pour la démocratie a connu un taux de participation record[2].
Les protestations de Hong Kong ne visaient pas seulement la loi d’extradition, mais aussi les tentatives croissantes du régime stalinien chinois d’exercer un contrôle toujours plus strict sur cette ancienne colonie britannique. Pour mieux comprendre les tentatives de l’Etat chinois, il faut revenir à certains aspects du passé et du présent de la Chine. Car la Chine traverse une phase plus dangereuse, compte-tenu de l’évolution de la crise économique en Chine et ailleurs et de l’aggravation des tensions impérialistes.
Comme tout autre Etat, dans le cadre de la décadence du capitalisme, l’Etat chinois est alourdi par des contradictions croissantes. La Chine est un exemple typique de capitalisme d’Etat « qui prend ses formes les plus extrêmes là où le capitalisme connaît ses contradictions les plus brutales et où la bourgeoisie classique est la plus faible » (Revue Internationale n° 34 page 5). Un système aussi rigide est incompatible avec toute opposition démocratique légale. Le régime chinois ne peut tolérer de telles forces d’opposition sans se mettre lui-même en danger. Les mouvements du mois dernier à Hong Kong ont vu une nouvelle fois la confrontation entre le gouvernement de Pékin et le fantôme de la démocratie.
En 1997, Hong Kong est devenue une région administrative de la Chine. Derrière le slogan « Un pays, deux systèmes », le gouvernement chinois garantissait à Hong Kong le droit d’exercer son propre système social, juridique et politique pour cinquante ans, jusqu’en 2047.
Mais l’existence d’un territoire semi-indépendant, dans lequel quiconque s’oppose à Pékin peut trouver refuge, est comme une tumeur sur le corps de l’Etat chinois. C’est là que la politique du « un pays, deux systèmes » trouve ses limites, dans la contradiction fondamentale avec la règle du Parti Unique. Le système « dual » est victime d’une érosion constante, mais l’Etat chinois ne peut pas risquer un second massacre comme celui de la place Tiananmen à Pékin en 1989.
Dans la période de décomposition actuelle, qui est la conséquence du blocage de la lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat, la tendance au chacun pour soi croît dangereusement et des forces centrifuges déchirent les Etats-Nations. L’exemple le plus évident en est bien sûr l’éclatement du bloc de l’Est et la fragmentation de l’ex-Union Soviétique. Mais la Chine n’est pas épargnée non plus par cette dynamique centrifuge. La résistance contre le contrôle de Pékin et l’appel à l’autonomie dans la périphérie se poursuivent et semblent même s’être renforcés ces dernières années, au Tibet, à Xinjang, Hong Kong, Macao, etc…
Après la chute de l’Empire Qing, au début du XXe siècle (1912), la Chine s’est effondrée en petites unités politiques et territoriales. Pendant quelques décennies, le pays a été fragmenté et gouverné par des ‘seigneurs de guerre’ concurrents. Lorsque le Parti Communiste chinois a pris le pouvoir en 1949, il a plus ou moins rétabli l’unité nationale. Et s’il y a une chose que le parti stalinien ne peut tolérer, c’est bien l’appel à l’autonomie des régions périphériques. Avant que Xi Jinping n’entre en fonction en 2012, les 56 groupes ethniques existant en Chine avaient le même statut et pouvaient vivre selon leurs propres culture et coutumes. Mais, depuis, la dichotomie « nous contre eux » - définie par le chacun pour soi et désignant des boucs émissaires - s’est renforcée en Chine. Même Taiwan n’a pas été épargnée. En janvier 2019, le Président chinois a menacé ouvertement Taiwan d’annexion si ce pays ne se ralliait pas et ne s’unissait pas à la République Populaire.
La Chine a également de grands problèmes sur le plan économique. Sa croissance réelle est officiellement de 6,4 %. Mais, avec une population croissante et une mobilité interne de dizaines de millions de personnes qui se déplacent chaque année de la campagne vers les villes à la recherche d’un emploi, ce chiffre est plutôt un signe de stagnation, voire d’aggravation de la crise économique.
La guerre commerciale de Trump a eu également de graves répercussions sur l’économie chinoise. En février 2019, les exportations chinoises ont affiché la plus forte baisse en trois ans. Les exportations ont chuté de 20,7% par rapport à 2018, malgré les énormes mesures de relance du gouvernement. 2018 a été une année dramatique pour les bourses ; les plus grands perdants étaient Chinois. La bourse de Shanghai a chuté de 24, 9 % et le Dow Jones chinois de 24,7%.
En 2013, la Chine a lancé un grand projet géostratégique de son invention, qui aura espère-t-elle, un effet significatif sur la crise : la « Nouvelle Route de la Soie ». Mais maintenant, la Chine commence même à avoir des problèmes avec ses alliés, qui ont adhéré au projet ces dernières années. Plusieurs de ces pays (Malaisie, Pakistan, Birmanie, Sri Lanka, etc…) sont endettés à des niveaux désormais insoutenables.
Comme l’Etat chinois, de par sa nature profonde, est incapable de tolérer une opposition démocratique, il est obligé d’utiliser la répression brutale face au moindre mécontentement. Avec l’accroissement des forces centrifuges et la menace d’agitation sociale, cette répression sur la société a empiré. Nous sommes en train d’assister, en Chine en ce moment, à une sorte de terreur organisée dont l’objectif principal est de créer un climat de peur[3].
Pékin a augmenté le déploiement de systèmes de surveillance de masse pour contrôler la société au plus près. L’Etat collecte, à une grande échelle, des données numériques incluant les échantillons d’ADN et de voix à des fins de surveillance automatique ; il a développé également un système alternant carotte et bâton connu sous le nom de « système de crédit social » ; il a aussi mis au point et appliqué des programmes de recueil de données à grande échelle pour le maintien de l’ordre, dont l’objectif est de museler les voix dissidentes.
Le gouvernement chinois a appliqué une répression radicale dans plusieurs régions, en particulier à Xinjiang, berceau de la population musulmane Ouïghour. Depuis 2016, les autorités chinoises ont construit des centres de détention de masse et des prisons dans cette région. A l’extérieur de ces centres de détention, les résidents de Xinjiang sont l’objet de restrictions énormes dans leur vie personnelle : s’ils veulent se déplacer d’une ville vers une autre, ils doivent solliciter la permission et passer par différents points de contrôle.
Même Hong Kong n’est pas à la traîne par rapport au respect de ces règles, et applique des mesures similaires en coupant les ailes de toute velléité de liberté civique et politique. La répression étatique des quatre dernières années a conduit à 50 procès, dans lesquels plusieurs centaines de dissidents et activistes politiques ont été la cible d’arrestations et poursuivis sous différents prétextes, tandis que plus d’une centaine d’autres étaient envoyés en prison.
Depuis 1997, le Parti au pouvoir en Chine a progressivement exercé de plus en plus d’influence sur Hong Kong. Pendant les vingt dernières années, il a régulièrement changé les règles, dans un sens qui répond au besoin de la classe dominante chinoise de renforcer sa mainmise sur la politique de Hong Kong. Chaque décision prise et chaque pas accompli sont motivés par le besoin de renforcer le contrôle sur cette ville.
La première contestation à une grande échelle contre l’influence grandissante du parti stalinien eut lieu en 2003. La mise en œuvre de l’article 23 de la Loi Fondamentale rendait possible de reconnaître quelqu’un coupable de trahison, d’activités séparatistes ou subversives envers le pouvoir d’Etat comme de vol de secrets d’Etat. La seconde protestation à grande échelle eut lieu en 2014, connue sous le nom de «révolution des parapluies », contre la décision unilatérale de Pékin de désigner les candidats pour le gouvernement de Hong Kong[4].
En 2017, l’impérialisme chinois mit la barre plus haute : à l’aube du vingtième anniversaire de l’indépendance, le Ministre des Affaires Etrangères chinois déclara que le Traité sino-britannique, qui garantit l’indépendance de Hong Kong, sur les plans politique, économique et judiciaire jusqu’en 2047, est devenu « un document historique, (qui) n’a plus désormais de signification pratique. »
L’introduction de la nouvelle législation (l’amendement concernant la loi d’extradition actuelle), en février 2019, provoqua beaucoup d’inquiétude et de crainte parmi les habitants de Hong Kong, à cause du risque accru d’être envoyé en Chine continentale, où les cours pénales sont sous le contrôle rigoureux de l’appareil d’Etat stalinien.
Afin de comprendre pourquoi la protestation a pris des proportions si démesurées, il faut garder à l’esprit que presque la moitié de la population à Hong Kong est constituée par la seconde ou la troisième génération des personnes qui ont fui la Chine. Au moment où le Parti maoïste arriva au pouvoir en 1949, des millions de Chinois s’enfuirent. Environ 100 000 personnes s’envolaient vers Hong Kong chaque mois. Au milieu des années 50, la population de Hong Kong avait augmenté de 500 000 pour s’établir à 2,2 millions.
C’est pourquoi l’offre du gouvernement de Hong Kong, qui expose les habitants de Hong Kong au risque d’être déportés vers la Chine continentale pour subir un procès dans un système de tribunaux despotiques, a touché le cœur de millions d’habitants de Hong Kong. Ils savent que, sous la loi du Parti stalinien, les gens ne pourront certainement pas espérer un procès équitable et devront faire face à de fausses accusations. Comme dans l’Union Soviétique dans les années 30, la Chine est bien connue pour ses procès-spectacles contre les opposants politiques[5].
Les médias traditionnels sont rigoureusement censurés par l’Etat Chinois. De plus, depuis que le Président Xi Jinping a pris le pouvoir en 2012, la Chine a initié une répression sans précédent sur la liberté d’accès à Internet, submergeant la toile de propagande et réprimant les journalistes qui avaient le malheur de poster des messages anti-système.
Comme les protestations massives à Hong Kong pourraient déborder la frontière et déclencher une réaction en chaîne en métropole, le régime de Pékin a ordonné aux censeurs chinois d’effacer les messages et les photos des sites des médias sociaux. La presse a été réduite au silence, ce qui fait que peu de gens en métropole ont été informés de ce qui se passait à Hong Kong.
Peu importe combien ils sont et peu importe combien d’ouvriers ont participé à ce mouvement, les protestations de rue ne sont pas une manifestation du combat de la classe ouvrière. A Hong Kong, le prolétariat n’est pas et n’a pas été présent dans la lutte en tant que classe autonome. Au contraire : les ouvriers de Hong Kong ont été complètement submergés, noyés dans la masse des habitants.
Beaucoup de manifestants sont de jeunes ouvriers. Mais, pendant les défilés massifs, une grande partie d’entre eux se sont battus sur des positions bourgeoises et sur les droits démocratiques. Même s’il faut saluer le courage et la détermination des participants, les protestations de masse de Hong Kong représentent un grand danger pour le prolétariat. Situé entièrement sur le terrain bourgeois, elles ne peuvent que renforcer les illusions sur la démocratie. Et le fait que le mouvement ait gagné une victoire momentanée – la suspension de l’amendement – cela a seulement accru les illusions parmi les manifestants de Hong Kong et leurs partisans dans le monde.
Les organisations politiques gauchistes ont seulement renforcé ces tendances et ces illusions en encourageant les combats pour les droits démocratiques et la liberté de parole. En ce qui concerne les manifestations de Hong Kong :
Même si les gauchistes font en sorte que la lutte pour les droits démocratiques rejoigne la lutte du prolétariat pour « abolir le pouvoir des capitalistes » (quel que soit le sens qu’ils donnent à cet appel), pour le prolétariat, la lutte pour la démocratie reste un piège, qui sert uniquement à l’attacher encore plus à ses exploiteurs capitalistes. Le véritable antagonisme à l’intérieur de la société capitaliste n’est pas : dictature ou démocratie mais se trouve entre la classe dominante exploiteuse et la classe ouvrière exploitée. Cette dernière n’a rien à gagner en participant à un mouvement pour les droits démocratiques bourgeois, aussi massif soit-il.
Nous rejetons tout mot d’ordre mis en avant par la gauche capitaliste, appelant à l’auto-détermination, à un gouvernement démocratique dirigé par les ouvriers, etc…
C’est la même chose pour l’intrusion dans le Legco (Conseil Législatif), dans la nuit du lundi 1er juillet. Après avoir forcé l’entrée, des centaines de protestataires se sont répandus dans les locaux du Parlement. Ils ont décroché les portraits des députés, et peint à la bombe des mots d’ordre pro-démocratie sur les murs de la Chambre des Représentants.
Nous ne soutenons pas de telles actions pseudo-radicales. Au contraire : ce n’est pas en détruisant les objets au Parlement que l’on peut détruire les illusions dans le système parlementaire. En détruisant, en pillant les endroits symboliques, en incendiant des bâtiments étatiques, on ne met pas à bas les illusions dans le parlementarisme. Les actions motivées par l’idéologie démocratique ne servent que les intérêts de l’Etat bourgeois.
Cela a été confirmé par le fait que ces événements ont été immédiatement utilisés pour décrédibiliser le mouvement. Les médias d’Etat chinois n’ont diffusé aucune séquence de la manifestation « pacifique » massive ; par contre, ils ont fait leurs choux gras des « graves actes illégaux » perpétrés par des « séparatistes de Hong Kong », actes dans lesquels dominaient « l’arrogance et la fureur aveugles ».
La disparition des illusions sur le Parlement et la Démocratie ne peut venir que d’une action autonome de la classe ouvrière, à travers la défense de ses propres revendications de classe. La seule voie pour se battre contre le système mensonger de la représentation parlementaire est de tenir des assemblées prolétariennes massives, animées par des discussions sérieuses sur les méthodes et les buts du combat.
Lundi 10 juin, la porte-parole du gouvernement des Etats-Unis, Morgan Ortagus, déclara : « les Etats-Unis partagent l’inquiétude de beaucoup de personnes, à Hong Kong au sujet (…) des amendements proposés, qui pourraient mettre en péril les Droits de l’Homme à Hong Kong (… ), les libertés fondamentales et les valeurs démocratiques. » Lundi 1er juillet, le ministre britannique des Affaires Etrangères, Jeremy Hunt, a déclaré : « il est impératif qu’un haut degré d’autonomie et que les droits et libertés du peuple de Hong Kong soient pleinement respectés. »
Mais, ni les Etats-Unis ni le Royaume-Uni ne sont moins hypocrites que la Chine et ils sont loin d’être innocents sur la question de la violation des droits humains, comme les trois exemples suivants le montrent clairement :
1- En Chine, les compagnies occidentales se font le relais de la répression par l’Etat chinois, pour soumettre les travailleurs à une exploitation extrême.
Des centaines de millions de travailleurs chinois sont obligés de faire des milliers de kilomètres pour trouver du travail, dormant souvent sur leur lieu de travail, dans des conditions précaires et ne voyant leur famille qu’une fois par an, tout cela pour un salaire inférieur au dixième d’un salaire moyen aux Etats-Unis. « En collusion avec le gouvernement, les employeurs tirent des ouvriers le maximum de travail en un minimum de temps. » (The Post Multi-Fibre Arrangement era and the rise of China, Au Long Yu)
Il existe un autre mode de discipline et de répression des ouvriers : il s’agit du « système d’enregistrement des ménages ». Ce système agit comme une sorte de séparateur social, qui discrimine systématiquement les ouvriers migrants, leur interdisant l’accès aux services publics gratuits dans les villes. En dehors des usines et des cités-dortoirs, ils ne peuvent tout simplement pas survivre dans les villes. C’est un moyen efficace pour les forcer à accepter des salaires de misère, des conditions de travail indignes et des heures supplémentaires obligatoires.
2- Sur leur propre territoire national, les Etats occidentaux enferment eux aussi les réfugiés dans des camps en leur faisant subir les plus horribles conditions de détention.
Le réseau britannique des centres de rétention des immigrés est un véritable cauchemar pour les 25 000 migrants qui y passent chaque année : il n’y a pas de réhabilitation, pas de sentence criminelle, les soins de santé sont inadaptés et déplorables, il n’y a pas de limite dans la durée de privation de liberté et les cellules sont surpeuplées. Parmi ceux qui sont incarcérés, beaucoup disent que les conditions y sont pires que dans les vraies prisons, car ils sont maltraités physiquement et verbalement par des membres du personnel et cela inclut les violences sexuelles et racistes.
Aux Etats-Unis, l’Inspecteur pour la Sécurité Intérieure a estimé qu’il y avait « un degré de surpopulation dangereux » et des conditions sanitaires dégradées, dans un centre de détention du Texas, dans lequel des centaines de migrants étaient hébergés en surnombre par rapport aux capacités d’accueil. L’inspecteur déclara que les cellules « sentaient ce qui ressemblait à des corps non lavés, l’odeur des corps, de l’urine, de la diarrhée non traitée, et l’odeur de vêtements ou de couches souillés » (Entassés dans des cellules et obligés de boire dans les toilettes, voilà comment les Etats-Unis traitent les migrants, The Guardian, 3 juillet 2019)
3- Tout comme le gouvernement chinois, les démocrates occidentaux utilisent des technologies de pointe très raffinées pour espionner les civils.
Aux Etats-Unis, la CIA, au moyen d’outils de piratage et de logiciels très sophistiqués, utilise des appareils usuels – du téléphone dans votre poche à la télévision dans votre chambre – pour rassembler de l’information sur les civils. « Des documents internes à la CIA (…) indiquent que l’agence d’espionnage a obtenu l’accès aux smartphones de Apple, Samsung Smart TVs et les voitures connectées à internet, en utilisant différents outils. » (« la CIA utilise des appareils intelligents pour espionner les civils », révélations de WikiLeaks, Marissa Lang, San Francisco Chronicle du 8 mars 2017).
« La loi américaine utilise au moins cent avions pour espionner les civils. Ces avions sont équipés d’une technologie très avancée, avec des images en haute résolution et une technologie vidéo – plus précisément Sting Ray, une technologie de suivi de masse des téléphones cellulaires en toute discrétion, équipée de matériel infra-rouge et autre dispositif pour la vision de nuit. Le FBI a placé ses yeux dans le ciel de la nation pour surveiller le public à grande échelle et espionner les contestataires. » (« Surveillance de masse et « Totalitarisme intelligent », Chris Spannos, ROAR Magazine du 18 février 2017).
Les démocraties occidentales sont totalement indifférentes au sort des populations, au respect des droits de l’homme et au bien-être humain partout dans le monde. C’est la même chose pour les habitants de Hong Kong, qui étaient autrefois la colonie britannique la plus prospère du monde. Mais quand la Chine est devenue plus attractive et plus rentable pour le Royaume-Uni, Hong Kong a été remerciée, le Royaume-Uni sachant très bien qu’elle allait tomber dans l’escarcelle et sous la coupe du régime stalinien.
L’administration Trump et les autres gouvernements de l’Ouest veulent bien travailler et avoir des marchés lucratifs avec une multitude de dictatures odieuses partout dans le monde, y compris en Chine. En même temps, ils sont prêts à utiliser l’alibi idéologique de la défense des droits démocratiques et de l’autonomie de la population de Hong Kong, en tant que propagande utile dans leur guerre commerciale contre le régime chinois.
Les protestataires de Hong Kong, en arborant les drapeaux américains et britanniques, montrent que le combat contre la dictature stalinienne sur le terrain bourgeois de la liberté démocratique ne les mène qu’à embrasser la cause de la dictature démocratique. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en particulier, n’utilisent la mobilisation des citoyens de Hong Kong que pour défendre leurs sordides intérêts impérialistes dans leur confrontation géopolitique avec la Chine.
Dennis
[1] A l’heure actuelle, Hong Kong n’est tenu d’extrader à titre individuel que les personnes suspectées de crime, sur la base du cas par cas, vers vingt provinces, en vertu de deux lois principales : l’Ordonnance sur les Criminels fugitifs (FOO) et l’Ordonnance sur l’entraide judiciaire en matière pénale – qui excluent expressément « toute autre partie de la République de Chine ». En février 2019, le gouvernement de Hong Kong a proposé d’adopter un amendement à la loi sur les transferts de personnes soupçonnées d’un crime, non seulement pour Taïwan et Macao, mais également pour la Chine continentale.
[2] Dans les semaines qui ont suivi, la mobilisation a diminué : le dimanche 7 juillet, 250 000 manifestants sont descendus dans la rue et le 14 juillet, ils étaient 100 000. Mais ils sont devenus plus violents, notamment après l’intervention de criminels de la Triade contre les manifestants et l’utilisation accrue de gaz lacrymogène par la police et de passages à tabac systématiques. Mais tout récemment, le 18 août, le chiffre des manifestants est remonté en flèche, étant évalué à 1 700 000 selon les organisateurs (note complémentaire rajoutée).
[3] En Chine, toute personne considérée comme une menace pour le Parti Communiste chinois peut être « portée disparue ». Certains sont détenus dans des prisons secrètes, tandis que d’autres sont placées dans des centres de détention sous un faux nom. Leur famille, leurs avocats et même les procureurs de l’Etat chinois se voient refuser l’accès à leur dossier.
[4] Voir l’article « La ‘révolution des parapluies’ à Hong Kong : une ‘révolution’ saturée d’idéologie démocratique» (ICConline, octobre 2014).
[5] De nombreux détracteurs de la loi de Pékin apparaissent à la télévision centrale chinoise, après avoir été arrêtés, avouant de manière imprécise avoir commis des crimes qui n’en sont pas, faisant leur autocritique ou discréditant les autres. Tout cela est résumé dans l’arrestation de Liu Xiabao - lauréat du Prix Nobel de la Paix- en 2009 et sa condamnation à onze ans de prison pour avoir soutenu la cause de la démocratie.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que les attaques contre la classe ouvrière pleuvent dru ! Ce sont absolument tous les secteurs, le privé comme le public, toutes les générations, toutes les parties du prolétariat ainsi que tous les aspects de la condition ouvrière, l'emploi, le chômage, les conditions de travail, les salaires, et les retraites qui sont actuellement simultanément frappés : c'est tous azimuts que l'Etat en France se livre à une offensive générale pour dégrader drastiquement les conditions de vie et de travail de l'ensemble du prolétariat.
En premier lieu, les suppressions d'emplois et les plans de licenciements s'enchainent dans tous les secteurs : les hypermarchés Carrefour prévoient 3000 départs. Conforama s'apprête à supprimer 20% de ses effectifs (1900 employés). Chez Brico Dépôt et Castorama, syndicats et direction se sont accordés sur la fermeture de 11 magasins et la suppression de 800 postes. La RATP a annoncé la disparition de 1000 postes d'ici à 2024. PSA entend supprimer au total 2 200 emplois sur ses différents sites. Chez Sanofi, le prochain plan social fera passer les effectifs de l'entreprise de 6300 en 2008 à 3500 en 2020. La Société Générale compte supprimer 900 postes d’ici 2020, en plus des 2550 déjà annoncés en 2016 pour la même échéance. D’ici fin 2019, Nokia supprimera 597 postes. 1000 postes doivent disparaître chez General Electric. Le mastodonte du secteur du jeu vidéo, Activision Blizzard King, supprime 8 % de sa masse salariale mondiale ; dont 30 % de ses salariés en France. Bien sûr, les compressions de personnel dans la Fonction Publique (comme au Ministère des Finances) viennent encore compléter cette liste sans fin.
Qui dit licenciements, dit hausse du chômage. L'application de la réforme de l'UNEDIC à partir de novembre prochain affectera environ 1,2 million de personnes qui verront leur indemnité baisser à des niveaux variables avec les nouvelles règles de calcul et d'accès. Pour être couvert, il faudra désormais avoir travaillé 6 mois sur 24 mois (contre 4 sur 28 actuellement). Mais, en plus, les nouvelles modalités de calcul auront aussi comme conséquence la baisse de l'indemnité journalière tandis que d'autres dispositions auront pour effet de retarder ou d'annuler l'ouverture de droits ! Au nom de la lutte contre la précarité (!), cette réforme vise à "corriger les règles qui conduisent des dizaines d'individus à refuser une activité stable et qui coûtent cher à l'assurance-chômage car celle-ci leur verse un revenu de remplacement. La réforme a d'ailleurs comme autre ambition de réaliser des économies à hauteur de 3,4 milliards d'euros entre novembre 2019 et fin 2021." Ce quasi-affamement des chômeurs n'a pas d'autre objectif que de les contraindre à accepter n'importe quel poste de travail dans n'importe quelles conditions.
C'est aussi l'une des vocations de "Parcours Sup" : cette gigantesque machinerie bureaucratique, outre le rôle officiel de reproduire les divisions et les inégalités de la société de classe et de garantir aux rejetons de la classe dominante leur place privilégiée dans le système, vise aussi à canaliser de force la jeunesse prolétarienne sur les secteurs du marché du travail déficitaires en main d'œuvre, désertés en raison des conditions de travail et de rémunération déplorables qui y règnent.
Et bien sûr, pour ceux qui sont employés, l’exploitation devient de plus en plus féroce. Dans le privé, la réforme du Code du travail et des prud’hommes se traduit par une dégradation continue des conditions de travail. Les 5,5 millions d'agents de l'Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux sont ciblés par la mise en œuvre de la réforme de la Fonction publique qui vise le double objectif de réduire la masse salariale d'ici à 2022 et de s'attaquer au statut des fonctionnaires. Pour y parvenir, l'Etat vise la suppression de 70 000 postes dans la Fonction publique territoriale, la poursuite du blocage des salaires, le recours plus systématique aux contractuels (qui représentent déjà 20% des effectifs totaux de la Fonction publique, soit 1,3 million d’agents) pour rendre «l’administration plus réactive» : le gouvernement étend la précarisation avec la création d’un «contrat de projet» de 1 à 6 ans et de «missions spécifiques» à durée déterminée, n’ouvrant aucun droit à une titularisation ou à un CDI et presque tous les postes pourront désormais être occupés par des contractuels.
Quant au soi-disant renoncement à la suppression de 50 000 postes, prétendument ramenés à 15 000, dans la Fonction publique d'Etat en raison des décisions prises suite au Grand débat, c'est mensonges à tous les étages ! Par exemple, en ce qui concerne la refonte de l'éducation, l'objectif premier d'abaisser le coût de la formation de la future force de travail a soigneusement été masqué en polarisant sur des aspects très secondaires de la loi Blanquer, comme la diminution des heures d’enseignements en lycée général, technologique et professionnel, et l'augmentation du nombre d’élèves par classe entraînent mécaniquement une diminution du nombre d’enseignants nécessaire. La réforme de la formation des futurs enseignants permettra également d'affecter environ 25 000 postes à des étudiants en formation. La « promesse » de ne pas fermer d'écoles primaires sans l'accord du maire signifie que « pour les classes, c’est forcément différent. » (dixit Blanquer) La palme de la duplicité revient à Dussopt qui « reconnaît d'ailleurs que la réduction du nombre de postes de fonctionnaires pourrait être supérieur aux 15000 évoqués par M. Darmanin : "17 000, 18 000 ou 20 000, si c'est possible"», talonné par «l'entourage de M. Darmanin qui précise qu' il y a des domaines ou des ministères dans lesquels nous continuons de baisser les emplois : au Ministère de la Transition écologique, au Ministère de la Santé ou encore à Bercy, avec la même ambition".»[1]
L' « harmonisation » du temps de travail des fonctionnaires territoriaux et le réexamen de tous les accords locaux et des congés dérogatoires[2] réclamés par le gouvernement pour lutter contre "le phénomène de sous-travail, payé mais pas effectué"[sic], n'est qu'une mise en bouche :"Avec cette mesure, le gouvernement s'attaque à un véritable tabou… mais il ne peut s'agir que d'une première étape pour moderniser notre Fonction publique. La délicate question du temps de travail des enseignants (1350 heures annuelles) n'est pas abordée, ni celle des 1607 heures pour un temps plein qui apparaît être un temps de travail extrêmement bas. En Allemagne, les agents publics travaillent, pour un temps plein, 1807 heures par an, soit 200 heures de plus : appliquer ce temps de travail dans la Fonction publique d'État et territoriale représenterait, a minima, le travail de 400 000 agents à temps plein en France... Et une économie de près de 15 milliards d'euros." (Figaro.fr)
L'attaque en cours sur les retraites surpasse encore toutes les autres par son ampleur, touchant absolument toute la classe prolétarienne. La “fin des régimes spéciaux”[3] et la perspective d'un “système universel par points” (calculés sur l'ensemble de la carrière professionnelle et à la valeur peut-être indexée sur les performances de l'économie nationale) annoncent une réduction considérable du niveau des pensions[4], auquel s'ajoutera encore un malus frappant les travailleurs qui partiraient avant “l’âge-pivot”. Personne ne s'y trompe : les "poids morts" que sont devenus dans la logique capitaliste les prolétaires usés par des décennies d’exploitation inhumaine ne doivent plus coûter qu'une misère pour survivre !
Enfin, personne n'étant épargné, l'Etat s'en prend également en catimini aux migrants et gratte les fonds de tiroirs au détriment des plus fragilisés. Le texte absolument scandaleux adopté en mai stipulant que "seuls les gamins pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) durant au moins dix huit mois entre 16 et 18 ans bénéficieront de l'accompagnement obligatoire" après leur majorité "exclut de fait, quasiment automatiquement - et sans le dire - les mineurs non accompagnés [autrement dit, des jeunes étrangers,] qui en général, n'atterrissent à l'ASE qu'après leurs 16 ans"[5] (tout comme d'ailleurs les jeunes victimes d'agression sexuelle). Ce sont donc pas loin de 25 000 MNA (mineurs non accompagnés) qui seront rejetés à la rue à leurs 18 ans, ce qui représente une économie de plus d'un milliard sur leur prise en charge par les départements ! L'Etat entend également rogner l'Aide Médicale d'Etat (AME) qui offre un panier réduit de soins médicaux et hospitaliers à 300 000 sans-papiers pour un budget annuel d'un milliard qui ne représente que... 0,5% des dépenses de santé ! [6] De même, le plan d'économies sur 4 ans (57 millions d'euros sur un budget total de 640 millions) couplé à l'abaissement à 44 € du prix de la journée par place interdisent désormais aux 880 centres d'hébergement et de réinsertion qui accueillent environ 44 000 sans-abri d'assumer leur mission fixée par le Code sanitaire et social.[7]
Faire face à l'enfoncement de l'économie dans la crise...
L'accélération actuelle pour faire passer toutes ces attaques s'explique d'abord par la poursuite de l'enfoncement du système capitaliste dans sa crise. En effet, "la couverture nuageuse commence à devenir très épaisse au-dessus de l’économie mondiale. L’OCDE (...) a donc été contrainte de rectifier à la serpe ses prévisions un peu trop optimistes de novembre dernier. Désormais, elle n’attend plus que 1% de hausse du PIB en 2019 dans la zone euro (contre 1,8 % prévu initialement), 0,7 % en Allemagne (contre 1,5 % annoncé en novembre) et 0,8 % au Royaume-Uni (contre 1,4 %)." (Capital.fr) L'horizon s'assombrit pour l'économie tricolore dont la croissance du PIB tombe à 1,3% en 2019 contre 1,7 % en 2018 et 2,4 % en 2017. La classe dominante et l'Etat cherchent à conjurer tout décrochage du capital national par rapport à ses concurrents et à anticiper le choc du ralentissement mondial. Ainsi, pour la Cour des Comptes, l'âme damnée du gouvernement, avec une dette publique à la hausse qui s'approche des 100 % du PIB « à rebours de l'évolution de la majorité de nos partenaires de la zone euro », «la France ne dispose ainsi toujours pas de marges de manœuvre suffisantes pour aborder un éventuel retournement conjoncturel avec la pleine disposition de ses instruments budgétaires. » Ce qui veut dire qu'il faudrait profiter de cette période de "vaches grasses" pour réduire le déficit structurel afin de retrouver des marges de manœuvre budgétaires pour faire face à la nouvelle crise économique quand elle arrivera. » (Le Point-Economie)
Pour la classe exploiteuse qui veut à tout prix rendre le capital national plus concurrentiel pour sauver ses profits, l'imminence d'une nouvelle plongée de l'économie capitaliste rend urgente les mesures anti-ouvrières : le renforcement effréné de l'exploitation, la baisse des salaires et l'aggravation de la paupérisation. Pour la classe dominante, c'est clair : "la France doit poursuivre les réformes structurelles (...). Une des clefs réside dans le 'travailler plus.[8] (...) Le coût du travail doit continuer à baisser." [9] Tout est dit!
Profiter des faiblesses actuelles du prolétariat pour l'attaquer drastiquement
La seconde raison de l'accélération de cette brutale offensive générale contre la classe exploitée, c'est que l'Etat et la classe dominante pensent pouvoir profiter des difficultés actuelles du prolétariat à s'affirmer comme classe pour imposer ses attaques sans craindre une riposte trop dangereuse. Cette confiance en soi accrue de la classe dominante s'illustre dans la stratégie actuellement adoptée pour faire passer la réforme des retraites : à la différence du passé, où, traditionnellement, sur cet aspect sensible des conditions de vie du prolétariat, elle a agi en s'attaquant à un secteur après l'autre, ceci, en raison de son extrême méfiance face aux possibles réactions combatives du prolétariat en France, là, le gouvernement s'attaque aux retraites de toute la classe ouvrière, de tous les secteurs à la fois et en même temps.
Alors que la colère ouvrière est partout, énorme, le gouvernement sent cependant pouvoir disposer d'un rapport de force en sa faveur dont il compte bien tirer parti. Pourquoi en est-il ainsi ?
Loin d'avoir été affaiblis par le mouvement interclassiste des Gilets jaunes, le gouvernement et l'Etat, par l'exploitation politique qu'ils en ont faite contre la conscience du prolétariat, sont parvenus ces derniers mois à accentuer encore la désorientation et la perte de confiance du prolétariat en ses propres forces. Ce n'est pourtant qu'une petite minorité de prolétaires qui s'est engagée dans cette révolte citoyenne interclassiste à la remorque des méthodes de luttes et des objectifs qui ne sont pas ceux de leur classe, mais bien ceux de la petite bourgeoisie sans avenir historique qui ne peut que véhiculer l’illusion de réformer le capitalisme en revendiquant un capitalisme "à visage humain", plus démocratique, plus juste, plus soucieux des pauvres et de la préservation de la planète. Mais même si la grande majorité et les secteurs les plus importants du prolétariat s'en sont tenus à l'écart, ils ne sont pas pour autant restés imperméables et insensibles à son influence délétère et aux campagnes idéologiques qui l'ont accompagné.
La bourgeoisie a pu compter sur ses officines gauchistes, telles le NPA, pour faire passer cette révolte citoyenne désespérée et sans perspective, pour une "nouvelle forme" de la lutte des classes tandis que leur appel à "la convergence des luttes" entre les Gilets jaunes et les mobilisations syndicales ne visaient qu'à noyer un peu plus la lutte de la classe ouvrière dans la révolte du "peuple". Enfin, le déblocage de 10 milliards d’euros a permis à la bourgeoisie française d'instiller, de façon insidieuse, l’idée que seuls les mouvements citoyens, interclassistes, et les méthodes de lutte propres à la petite bourgeoisie peuvent faire reculer le gouvernement.
Tout a été mis en œuvre par la classe dominante pour tenter de renforcer l'influence du poison de l’idéologie démocratique au sein du prolétariat, le diluer dans "le peuple des citoyens" afin d'estomper l'existence des antagonismes de classe dans la société capitaliste. Niant l'existence des classes sociales, ne reconnaissant ni bourgeois ni prolétaires, mais seulement des "citoyens" prétendument égaux, à la place et à la fonction déterminées et garanties par l'Etat au sein du peuple dans le cadre de la Nation, l'idéologie démocratique est une arme majeure dans les mains du capital aux effets puissants contre la conscience de classe :
- en alimentant l’illusoire aspiration à être “mieux écoutés” par l'Etat via une “démocratie plus directe”, elle paralyse fortement la transformation de la colère en action collective et l'émergence des luttes autonomes du prolétariat. L'hétérogénéité et la faiblesse de la combativité déjà en deçà du niveau des attaques subies s'en trouvent encore accrues ;
- elle porte un coup supplémentaire à l'identité de classe du prolétariat en enfermant les prolétaires dans les limites imposées par le système capitaliste où l'on ne les conçoit pas comme prolétaires unis par les mêmes conditions et les mêmes intérêts, mais comme des entités représentant les intérêts particuliers de telle ou telle corporation ou de telle ou telle entreprise : les cheminots, les infirmières, les Continental, les Whirlpool etc. ; elle consolide ainsi les divisions entre prolétaires.
C'est la raison du virage du gouvernement qui a remisé son discours ‘autocratique et technocratique' d'avant et pour nous ingurgiter ad nauseam ses mystifications de l'"Etat protecteur " et de la "démocratie participative, de l'écoute et du dialogue" !
Dans ce contexte, les organes d'Etat spécialistes du sabotage des luttes que sont les syndicats n'ont eu ces derniers mois aucun mal pour jouer leur rôle d'éparpiller la classe ouvrière en multipliant et enchaînant les journées d'action sans lendemain et les manifestations bien encadrées où chaque secteur et chaque corporation sont soigneusement séparés les uns des autres. On a ainsi pu voir fréquemment des cortèges ou rassemblements se succéder tour à tour la même semaine, ou carrément le même jour dans la même ville mais à des lieux et des horaires différents !
Et lorsque les prolétaires contraints à des conditions de travail intenables se décident à se battre, ils le font isolément, enfermés dans leur secteur, (comme dans les urgences des hôpitaux sans aucune tentative des urgentistes pour tenter d'entraîner ne serait-ce que les autres personnels hospitaliers dans la lutte). Une faiblesse qui les condamne à l'impuissance face à la bourgeoisie et son État (qui savent en tirer parti pour imposer les attaques !) et qui permet aux syndicats - ou à des collectifs para-syndicaux - d'orchestrer des grèves longues et isolées destinées à épuiser et démoraliser les grévistes.[10]
Récemment apparus lors de la dernière période, différents "collectifs" comme "Inter-Urgences", "Pas de Bébés à la consigne" ou le CLAP75... jouent un rôle de premier plan dans certains mouvements. Présentés comme de "nouvelles structures de lutte", ces collectifs ne sont en réalité bien souvent que le faux-nez des syndicats (en particulier de la CGT) qui les contrôlent et les téléguident en se dissimulant, en raison de leur discrédit ou de la forte défiance à leur égard dans certains secteurs, derrière ces structures. Ainsi "le collectif "Pas de Bébés à la consigne" regroupe associations professionnelles et syndicats de la petite enfance, du secteur social et de l’Éducation nationale, associations de parents d’élèves et familiales"[11]. Le CLAP75 qui joue un important rôle actuellement dans la grève des livreurs de Deliveroo affirme essayer de "pratiquer un syndicalisme très proche des gens" et bénéficie de l'appui de la CGT qui "finance des dépenses de voyages sur le terrain et prête des locaux."[12] Même s'il se défend d'être un syndicat, le collectif "Inter-urgences" (désormais structuré en association) se caractérise par un corporatisme extrême et n'en utilise pas moins les mêmes méthodes que les syndicats ; soutenu par FO, la CGT et SUD, il agit dans leur sillage ! Ce n'est donc pas pour rien que les collectifs remplissent exactement le même rôle que les centrales syndicales et exercent la même fonction d’encadrement et de canalisation de la colère des éléments les plus combatifs dans la lutte en les poussant à s’enfermer dans le corporatisme et ainsi à s’isoler des autres secteurs et du reste de la classe ouvrière!
Pour la rentrée, le prolétariat en France se heurte d'ores et déjà au mur du partage du travail entre forces de l'Etat bourgeois, gouvernement et syndicats (ou autres "collectifs" !), pour continuer à asséner les attaques et, surtout, faire avaler la pilule des retraites. Le gouvernement décrète "la Nation en état de concertation et de grand débat permanent" pour continuer à polluer les consciences à l'aide des appels de sirènes interclassistes des Gilets jaunes, au nom de la défense du "monde rural", des "petits", de "ceux de la France profonde" ou du "terroir", contre les "gros", ceux "de Paris" et ceux "d’en-haut". Une "grande concertation qui aille au-delà des seuls corps intermédiaires"[13] sur la réforme des retraites doit monter en puissance pour 2020.
De leur côté, les syndicats qui se présentent comme les grands ennemis du gouvernement, les persécutés de Macron, qui les contourne et les exclut des différentes commissions paritaires se posent en défenseurs radicaux des travailleurs. Occupant tout le terrain social, ils bombardent une série de journées d'action en ordre dispersé : hôpitaux le 11/09, RATP le 13/09, Trésor public le 16/09, EDF le 19/09 et contre la réforme des retraites, ce sera le 21/09 pour FO et le 24/09 pour la CGT, division syndicale oblige ! Chacun est à son poste dans le quadrillage du terrain social pour la poursuite du morcellement des luttes et réduire les prolétaires à l'impuissance !
Oui, le prolétariat doit lutter ! Mais sur son terrain de classe, en tant que classe aux intérêts distincts de toutes les autres classes de la société et avec les moyens qui lui sont propres ! Cette perspective de la nécessité de la lutte doit aller de pair avec la réflexion sur « Comment lutter ? », « Quels moyens mettre en œuvre pour faire reculer les attaques ? » contre l'amnésie et l'oubli de l'expérience de ses luttes passées que la bourgeoisie entretient de toutes ses forces. Si aujourd'hui, celle-ci s'acharne autant à vouloir affaiblir le prolétariat, c'est qu'elle sait que, malgré trois décennies de recul de la lutte de classe, il n'est pas défait et qu'elle craint le resurgissement des luttes ouvrières avec l’accélération des attaques économiques qu'elle lui inflige. La bourgeoisie n'oublie pas que derrière chaque véritable lutte de son ennemi de classe est tapie l'hydre de la Révolution prolétarienne. L’aggravation inexorable de la misère, de la précarité, du chômage, les atteintes à la dignité des exploités rassemble peu à peu les conditions qui ne peuvent que pousser les nouvelles générations de prolétaires à retrouver le chemin des combats menés par les générations ouvrières précédentes pour la défense de leurs conditions d’existence !
Scott (16 août)
[1] Le Monde du 6/08
[2] « Jours du maire », congés pour mariage d'un agent ou d'un proche, pour déménagement...
[3] Sauf les "régimes spéciaux "des uniformes", ceux des militaires, de la police, des pompiers professionnels." (Aujourd'hui, 17/07)
[4] Pris en flagrant délit d’arnaque pour montrer que personne ne sera 'perdant' : "les conseillers de Delevoye ont fini par l'avouer du bout des lèvres : leurs pseudo-simulations ont été effectuées sur une base de 44,3 ans de cotisations pour les retraités nés à partir de 1990, soit une discrète rallonge de 15 mois travaillés. Ni vu, ni connu... Pour avoir une retraite équivalente à celle d'aujourd'hui, les heureux "bénéficiaires" de la réforme devront donc avoir commencé à travailler dés l'âge de 18,6 ans. Quant aux diplômés qui n'entreront dans la vie active qu'à 25 ans, il leur faudra bosser jusque 69 ans avant de prendre leur retraite. On est loin de l'âge légal de 62 ans, et même de l'âge-pivot de 64 ans." (Le Canard Enchainé du 31/07)
[5] Le Canard Enchainé du 31/07.
[6] Il s'agirait de "rendre le dispositif acceptable pour éviter que le RN (Rassemblement National de Marine Le Pen) ne s'empare du sujet", estime une personne auditionnée" par la mission IGAS/IGF, tout en sachant et en ayant autrefois claironné qu'"à chaque fois que l'on tente de raboter quelques euros sur l'AME, (...) les bénéficiaires accèdent plus lentement aux soins, arrivent bien plus malades dans les hôpitaux, ce qui in fine, coûte beaucoup plus cher, sans compter le risque d'exposition infectieuse de la population française." (déclaration de la ministre Agnès Buzyn qui n'en est pas à une contradiction près ! (Le Monde du 02/08)
[7] Selon S. Chayata, délégué national à la lutte contre les exclusions de la Croix-Rouge : "on commence à voir poindre une sélection des entrants au détriment des plus vulnérables, comme les jeunes de 18 à 25 ans ou les sortants de prison, au bénéfice de ceux qui disposent de ressources permettant de contribuer à leur prise en charge." (Le Monde du 02/08). Sans commentaire !
[8] Le taux d’emploi, c'est-à-dire "la proportion de la population [en âge de travailler] qui occupe un emploi ne s’est pas réduite, mais (...) a grimpé l’an dernier de 65,7 à 66,1%, une performance historique, bizarrement assez peu relevée dans les médias : cela fait trente-neuf ans que cet indicateur clé – le véritable juge de paix du marché du travail– n’avait pas atteint un tel niveau ! Et c’est justement chez les jeunes de 15à 24 ans et chez les seniors, les deux catégories les plus éloignées de l’emploi, qu’il a le plus progressé." (Capital.fr) L'Etat cherche frénétiquement à le rapprocher des 68,7% de l’OCDE et des 71,7% du G7 !
[9] Déclaration du président de l'Association des Entreprises Françaises représentant les grands groupes nationaux.
[10] Voir l'article "Grève dans les urgences: le piège de l’isolement !"
[11] Site du NPA / https://npa2009.org/content/pas-de-bebes-la-consigne%E2%80%89 [15]
[12] Le Monde du 09/08
[13] R. Ferrand, Président LREM de l'Assemblée Nationale, Journal du Dimanche du 28/07
Le 29 juillet dernier, le corps de Steve Maia Caniço était enfin repêché des eaux de la Loire à Nantes plus d’un mois après sa disparition survenue dans la nuit du 21 au 22 juin au cours de la Fête de la Musique. Cette nuit-là, sous les coups de 4h30 du matin, alors que les sound systems retentissaient encore, le public vit arriver les forces de l’ordre qui demandèrent de couper le son. D’après les témoins, la foule protesta gentiment, comme il est fréquent à la fin des concerts. Puis la musique reprit, « un petit Bérurier Noir se fait entendre, sur une tonalité très basse. Et là, sans sommation, des gaz partout. À la fois d'au-dessous et d'au-dessus » rapporte un témoin interrogé. D’autres parlent de « scène de panique », et de « gens terrifiés »...
Les forces de police ont une nouvelle fois usé d’une violence débridée et totale pour faire appliquer l’autorité de l’Etat et réprimer toute forme de contestation à l’égard de la loi qui, en l’occurrence, imposait d’arrêter la musique dès 2 heures du matin. Alors que partout en France ce soir-là, résonnaient les sons des pianos, des guitares et des batteries, les forces de l’ordre ont préféré utiliser leurs propres instruments : matraques, bombes lacrymogènes, tasers, grenades de désencerclement et lanceurs de balle de défense...
Des témoins rapportent que les policiers ont chargé volontairement du quai vers le fleuve afin de pousser les noctambules dans l’eau. Au total, 14 personnes tombèrent dans la Loire, l’un d’entre eux ne remontera jamais vivant ! Mais l’ignominie des forces de l’ordre ne s’arrête pas là. D’après 18 des 148 témoins que le Journal du Dimanche (JDD) a pu interroger, les policiers n’ont jamais envisagé de les secourir : « Quand on est allés voir la police pour leur dire qu'il y avait des gens à l'eau, on s'est fait envoyer balader : ‘Cassez-vous ou on vous embarque’ » raconte l’un, « On était une dizaine près de l'eau, on suivait un mec qui se débattait dans la flotte. On est allés voir les flics pour qu'ils nous aident, ils ont répondu texto : C'est pas notre boulot, c'est celui des pompiers », rapporte un autre. [1]
Les services de l’Etat pourront continuer à dédouaner les policiers et leur hiérarchie, les médias auront beau entretenir le doute sur la culpabilité ou non des forces de répression, se questionner sur des éléments secondaires, ces 14 personnes ne se sont pas jetées à l’eau de leur plein gré comme une envie soudaine de prendre un ‘bain de minuit’, à plus forte raison dans le cas de Steve qui ne savait même pas nager. Pendant plus d’un mois, le gouvernement et les autorités policières ont tenté littéralement de noyer l’affaire, aujourd’hui, pour ne pas perdre la face devant une telle évidence, Macron et son Premier ministre appellent à ce que, en toute « transparence », « toute la lumière » soit faite sur ce « drame » ! Seulement voilà, dans cette affaire engageant la responsabilité de l’Etat, l’assassin est son propre juge. D’ores et déjà, un rapport de l’inspection générale de la Police nationale (IGPN) blanchit les forces de police en indiquant « qu’il n’y a aucun lien entre la mort de Steve et l’intervention policière ». A l’heure actuelle, pas moins de cinq procédures sont en cours qui, sans le moindre doute, dédouaneront l’institution policière comme ce fut à chaque fois le cas ces dernières années dans ce genre de problème. Certes, il faudra désigner des coupables, vraisemblablement le commissaire de la police nantaise adepte de la manière forte, servira de fusible. Comme le rapporte un policier nantais à l’hebdomadaire Le Canard enchaîné daté du 7 août 2019, « on connaît le nom du condamné, mais pas encore la date de son exécution ». Mais si la gestion calamiteuse de cette affaire depuis plus d’un mois et demi par l’exécutif ne peut que renforcer l’exaspération, la colère et l’indignation, les manifestants du 3 août 2019 dernier contre les violences policières ne doivent pas s’y méprendre. Ce crime n’est pas une énième « bavure », une simple dérive ou un quelconque « excès de zèle » de la part de quelques policiers. Cette nouvelle affaire est l’expression de la violence de la classe dominante, la terreur, qui ne peut que s’accroître et s’exacerber à mesure que s’affermissent les contradictions sociales engendrées par le déclin historique du mode de production capitaliste : « autant la violence peut être conçue hors des rapports d’exploitation, cette dernière (l’exploitation), par contre, n’est réalisable qu’avec et par la violence. [...] La violence, combinée à l’exploitation, acquiert une qualité toute nouvelle et particulière. Elle n’est plus un fait accidentel ou secondaire, mais sa présence est devenue un état constant à tous les niveaux de la vie sociale. Elle imprègne tous les rapports, pénètre dans tous les pores du corps social, tant sur le plan général que sur celui dit personnel. Partant de l’exploitation et des besoins de soumettre la classe travailleuse, la violence s’impose de façon massive dans toutes les relations entre les différentes classes et couches de la société, entre les pays industrialisés et les pays sous-développés, entre les pays industrialisés eux-mêmes, entre l’homme et la femme, entre les parents et les enfants, entre les maîtres et les élèves, entre les individus, entre les gouvernants et les gouvernés ; elle se spécialise, se structure, se concentre en un corps distinct : l’État, avec ses armées permanentes, sa police, ses prisons, ses lois, ses fonctionnaires et tortionnaires et tend à s’élever au-dessus de la société et la dominer. »[2]
Dans ces conditions, l’appel à une police plus « humaine » est une illusion. L’ampleur que prend désormais la répression, quelle que soit la forme du rassemblement, est le symptôme de l’exacerbation de l’Etat policier aussi bien visible dans les régimes autoritaires comme la Chine que dans les « belles et grandes » démocraties d’Europe occidentale. Et dans cette entreprise, aucune fraction politique du capital ne déroge à la règle. Aujourd’hui, celles opposées au gouvernement se nourrissent du « scandale » et dénoncent ouvertement la gestion des événements. Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, pour ne citer que lui, n’a pas manqué de fustiger « la Macronie » pour avoir ouvert « le cycle des violences et de la politisation de la police ». Faudrait-il rappeler à ce dernier ce qu’ ordonne son grand ami Nicolas Maduro aux forces de police du régime vénézuélien pour réprimer les manifestants qui s’opposent au régime ? En fait, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, toutes les fractions du capital, en défendant l’intégrité de l’Etat, reconnaissent la légitimité de la violence perpétrée par son bras armé : la police, la justice et l’armée. A gauche comme à droite[3], elles se sont toutes rendues coupables de telles violences[4] et elles continueront. La classe ouvrière ne doit avoir aucun doute là-dessus. Comme elle a déjà pu en faire l’expérience par le passé, la bourgeoisie usera des pires méthodes pour affermir son contrôle sur la population et préserver son système d’exploitation. Seule la révolution prolétarienne, en parvenant à détruire l’Etat bourgeois, pourra mettre fin à la violence froide et mécanique de la terreur bourgeoise.
Vincent (22 août 2019)
[1]Source : https://www.lepoint.fr/societe/mort-de-steve-des-temoins-racontent-l-operation-policiere-11-08-2019-2329293_23.php [18]
[2] Article : « Terreur, terrorisme et violence de classe » : https://fr.internationalism.org/french/rint/14-terrorisme [19]
[3] Souvenons-nous de "l'affaire Malik Oussekine" sous l'ère du président socialiste Mitterrand. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, les brigades de "voltigeurs motocyclistes", créées par le préfet de police gaulliste Raymond Marcellin en 1969 et réactivées par le tandem au ministère de l’Intérieur de l’époque (de droite) Robert Pandraud et Charles Pasqua. Chargées du maintien de l'ordre dans une manifestation étudiante, elles ont matraqué sauvagement Malik tombé à terre (selon les témoignages) qui succombera un peu plus tard à l'hôpital Cochin. Il est aussi à noter que ce corps de répression dissout après la mort de Malik a été discrètement réintroduit « en urgence » lors des manifestations des Gilets jaunes en décembre 2018 par le gouvernement Macron sous le nom de DAR (détachements d'action rapide)…
[4] Parmi beaucoup d’autres exemples, « l’affaire Théo » en 2017 (voir notre article https://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201703/9527/affaire-theo-violences-policieres-terreur-d-etat [20]
Liens
[1] https://fr.internationalism.org/files/fr/tract_pdf.pdf
[2] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/interventions
[3] https://fr.internationalism.org/content/9760/legs-dissimule-gauche-du-capital-i-fausse-vision-classe-ouvriere
[4] https://fr.internationalism.org/rint125/france-etudiants
[5] https://fr.internationalism.org/ri431/2011_de_l_indignation_a_l_espoir.html
[6] https://fr.internationalism.org/french/rinte33/structure_et_fonctionnement_organisation_revolutionnaire.htm
[7] https://es.internationalism.org/cci-online/200802/2185/debates-electorales-lo-contrario-de-un-verdadero-debate
[8] https://fr.internationalism.org/rinte3/kronstadt.htm
[9] https://fr.internationalism.org/rint131/la_culture_du_debat_une_arme_de_la_lutte_de_classe.html
[10] https://fr.internationalism.org/revorusse/chap2a.htm
[11] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/gauchisme
[12] https://fr.internationalism.org/tag/5/62/chine
[13] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/hong-kong
[14] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/stalinisme
[15] https://npa2009.org/content/pas-de-bebes-la-consigne%E2%80%89
[16] https://fr.internationalism.org/tag/5/36/france
[17] https://fr.internationalism.org/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france
[18] https://www.lepoint.fr/societe/mort-de-steve-des-temoins-racontent-l-operation-policiere-11-08-2019-2329293_23.php
[19] https://fr.internationalism.org/french/rint/14-terrorisme
[20] https://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201703/9527/affaire-theo-violences-policieres-terreur-d-etat