Réformes et licenciements: toute la classe ouvrière est attaquée

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Les licenciements, les attaques économiques et les réformes qui s’annoncent pour les mois à venir sont particulièrement violents. Toute la classe ouvrière est concernée : travailleurs du public et du privé, retraités, chômeurs, immigrés ou étudiants précaires. Tous.

Le même discours cynique et répugnant accompagne toutes ces mesures politiques : “Nous avons consulté les Français”. Utilisant comme un tremplin les complaintes issues du mouvement des “gilets jaunes” pour plus de “démocratie participative”, la bourgeoisie française multiplie partout les “consultations”, les “enquêtes”, les “assemblées de citoyens”… pour faire croire que sa politique est l’émanation de la “volonté du peuple”. Macron et son gouvernement, forts de leur “Grand débat national”, n’ont ainsi que le mot “démocratie” à la bouche pour légitimer toutes leurs actions anti-ouvrières. Derrière ce qui n’est qu’une caution idéologique, voilà concrètement ce qui attend les prolétaires :

– Dans tous les secteurs, les plans de fermetures et de licenciements tombent. Dans la grande distribution : chez Conforama,1 900 salariés et 32 magasins vont disparaître d’ici 2020. Dans l’éducation : 38 centres de formation sur 110 et 1 541 emplois vont être supprimés. Dans l’industrie, la liste des usines en train d’être rayées de la carte est interminable : Danzer à Souvans (Jura), Naturéo à Liévin (Pas-de-Calais), Matrot à Noyers-Saint-Martin (Oise), etc. Dans le secteur public, l’objectif du gouvernement est de supprimer 120 000 postes d’ici 2022.

– Qui dit moins d’emplois, dit plus de chômeurs. Alors le gouvernement anticipe, avec une seule idée en tête : faire des économies. En durcissant les droits d’accès et en mettant en place un énième nouveau mode de calcul des indemnités, toujours plus restrictif et excluant, l’UNEDIC anticipe la réduction des allocations de 1,2  millions de personnes ! Et le gouvernement de mettre en avant que “74 % des personnes interrogées seraient favorables à la dégressivité des allocations”. Puisque on vous dit que c’est “démocratique” !

– Pour ceux qui ont un emploi, l’exploitation va devenir encore plus féroce. Dans le privé, la réforme du Code du travail et des prud’hommes se traduit par une dégradation continue des conditions de travail. Dans le secteur public, la précarité est croissante : explosion des CDD, déplacements forcés, corvéabilité à merci au nom de l’ “adaptabilité” et de la “proximité des services”. La réforme de la fonction publique va encore aggraver cette situation dégradée. Le gouvernement prévoit, par exemple, la création de 2 000 “Maisons France Services”, rassemblant de nombreux “services publics”… officiellement, afin de favoriser le “service de proximité”. En réalité, pour fermer le maximum de structures d’État, regroupées dans un seul lieu avec le minimum de salariés à pressurer.

– La jeunesse ouvrière n’est pas épargnée. À l’image de l’instauration de Parcoursup, qui a multiplié le nombre de jeunes dans des formations non souhaitées, au nom de la rentabilité et de l’efficacité, la réforme du bac n’a aujourd’hui pas d’autre objectif qu’un diktat bureaucratique en faveur de la réduction des dépenses. Et n’oublions pas l’énorme augmentation des droits d’inscriptions en faculté pour les étudiants étrangers qui va les frapper directement dès septembre.

– Mais un jour, les jeunes deviennent vieux et du point de vue capitaliste, un ouvrier à la retraite est un ouvrier “inutile”, à “charge”. Alors Macron et son gouvernement ont courageusement décidé de taper sur les “papys” et les “mamies”. En mettant en place un “système universel par points” et “la fin des régimes spéciaux”, le niveau des pensions va être considérablement réduit, notamment grâce à un système de malus qui frapperait tous les travailleurs “choisissant” de partir avant “l’âge d’équilibre”. Autrement dit, tout ceux qui, usés par des décennies d’exploitation inhumaine, seront contraints de partir avant 64 ans, dans un premier temps, (puis 65, 66, 67,…) recevront une misère pour survivre.

– Pour finir cette liste révoltante, la bourgeoisie française n’oublie pas de durcir les “conditions d’accueil” (sic !) des immigrés, là aussi pour qu’ils puissent être exploités sans vergogne en coûtant le moins cher possible à la “société française”. Ces mesures inhumaines, Macron et le gouvernement les légitiment elles-aussi grâce aux fruits de la consultation du “Grand débat” et même directement à travers l’exploitation de certaines revendications d’une partie des “gilets jaunes”. (1)

Aujourd’hui, les prolétaires sont en grande difficulté ; ils n’ont plus confiance en eux, en leur force en tant que classe unie et organisée. Quand la situation devient intenable, comme dans les urgences des hôpitaux et qu’ils sont contraints à se battre, les prolétaires le font isolés de leurs frères de classe, enfermés dans leur secteur et donc impuissants face à la bourgeoisie et son État. Il est clair que le mouvement des “gilets jaunes”, en diluant les travailleurs dans la population en général, comme autant de citoyens-individus, en mettant en avant le “Peuple”, en promouvant les revendications et les méthodes de la petite bourgeoisie aux abois, en alimentant l’illusoire aspiration à être “mieux écoutés” des puissants par une “démocratie plus directe”, a affaibli encore un peu plus les capacités du prolétariat à lutter et à répondre massivement aux attaques. La bourgeoisie l’a parfaitement perçu et elle profite de cette situation de désarroi pour mener des attaques tous azimuts. Seule la lutte des ouvriers unis et organisés en tant que classe permettra de faire face à cette politique toujours plus inhumaine.

Pawel, le 6 juillet 2019


1 Parmi les 42 revendications officielles du mouvement des “gilets jaunes”, on peut par exemple y lire : “Que les déboutés du droit d’asile soient reconduits dans leur pays d’origine” ou encore : “Qu’une réelle politique d’intégration soit mise en œuvre. Vivre en France implique de devenir français (cours de langue française, cours d’histoire de France et cours d’éducation civique avec une certification à la fin du parcours)”.

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Lutte de classe