Quelle solution au désastre écologique ?

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Avec le sommet de Copenhague, l’écologie fait à nouveau la “une” de l’actualité. Mais si ce sujet nous préoccupe de plus en plus, c’est surtout parce qu’ il devient évident que la destruction actuelle de la planète met en jeu la survie même de l’humanité !

Le capitalisme détruit la planète

Tout d’abord, il y a le réchauffement climatique, où l’effet de serre joue un rôle prépondérant :

les niveaux atmosphériques en dioxyde de carbone (CO2) et en méthane (CH4) ont atteint le niveau le plus élevé depuis 650 000 ans, ce qui implique que la température moyenne sur terre devrait augmenter sur les 100 prochaines années entre 1,1 et 6,4 °C ;

la montée des eaux océaniques pourrait faire disparaître des îles entières et même des pays comme le Bengladesh. Cela entraînerait le déplacement forcé de plusieurs centaines de millions de personnes !

on assiste dès aujourd’hui à des tempêtes de plus en plus violentes à l’exemple de Katrina. Pour certains experts, ce risque à été multiplié par trois ces dix dernières années ;

les zones désertiques gagnent peu à peu du terrain. En ce moment même, une terrible sécheresse sévit dans sept pays de l’Afrique de l’Est, tels l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie. 23 millions d’êtres humains sont en danger à cause de très mauvaises récoltes répétées, ils n’ont plus de réserves de nourriture. Cette sécheresse frappe aussi l’Australie, le Sud-ouest américain (ces dernières années, des incendies catastrophiques y ont d’ailleurs menacé des villes entières) et l’Asie centrale (la mer d’Aral en Russie a déjà pratiquement disparu).

Ensuite, il y a la fabrication de produits contaminants et de déchets toxiques répandus partout, dans l’air, les eaux et la terre. Tout le monde pense évidemment immédiatement au nucléaire, à Tchernobyl et à tous les déchets radioactifs ! Mais il y a aussi des produits comme le mercure qui infestent un certain nombre de cours d’eau ou de mers côtières. Il y a l’amiante qui est présente partout dans les bâtiments et dans tous les pays. Il y a aussi les pesticides, utilisés pour les besoins de l’agriculture intensive. Ce poison entraîne la disparition des abeilles par exemple. Pour la production de ces pesticides, on se rappelle de l’usine de Bhopal, en Inde, qui en explosant a tué près de 30 000 personnes et contaminé une grande partie d’une ville de 800 000 habitants !

Et que dire de la gestion même de ces montagnes de déchets ? Dans ce domaine, à chaque instant, les gouvernements et les entreprises étalent toute leur incurie. Tout récemment, c’est encore le nucléaire qui était à “l’honneur” en Sibérie. La France y a en effet envoyé des déchets dans de simples fûts en ferraille et à ciel ouvert ! Le documentaire de Yann-Arthus Bertrand, Vu du ciel, révèle comment la Chine balance ses déchets nucléaires dans les lacs des hauts plateaux du Tibet, un des poumons essentiels du globe, et met ainsi en danger des milliards d’individus ! En Italie, en particulier à Naples, des déchets en tous genres s’accumulent dans d’immenses décharges et les maladies des “riverains” explosent. L’Etat français s’est tout récemment débarrassé (il n’y a pas d’autre mot) d’un navire dans une banlieue d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il y a eu des morts et des milliers de personnes contaminées. En juin 1992 déjà, la FAO (Food and Agricultural Organisation) a annoncé que les États en voie de développement, les pays africains surtout, étaient devenus une “poubelle” à la disposition de l’Occident. Les océans aussi servent de poubelle. Ainsi, La Reppublica on-line du 29 janvier 2007 décrivait une île d’un nouveau genre, sortie tout droit d’un cauchemar digne du cinéaste Tim Burton, une “île des déchets” située dans “l’océan Pacifique, qui a une profondeur de 30 mètres et qui est composée à 80 % de plastique et le reste par d’autres déchets qui arrivent de toutes parts. Cette “île” de déchets atteint les 3,5 millions de tonnes” !

Enfin, pour conclure cette liste qui pourrait être interminable, soulignons tout de même le pillage incessant des ressources. La bande équatoriale de la planète est tout simplement en train d’être saccagée par la déforestation de l’Amazonie, de l’Afrique équatoriale et de l’Indonésie… tout cela, ironie du sort, pour produire des bio-carburants. Alors que les océans représentent 60 % des ressources alimentaires, ils sont pillés sans vergogne, tant et si bien que des centaines d’espèces sont en voie de disparition. La famine va donc encore frapper une part plus grande de l’humanité. Bref, la destruction engendrée par le capitalisme met aujourd’hui en péril la survie même de l’espèce humaine !

La bourgeoisie n’a aucune solution à la catastrophe

Alors, face à l’ampleur de la catastrophe, la bourgeoisie sonne aujourd’hui le rassemblement général. Au sommet de Copenhague, en décembre, on va voir ce qu’on va voir ! Une “coalition inédite d’organisations françaises de solidarité internationale, de défense de l’environnement et des droits de l’homme” a même lancé aux différents Etats un “ultimatum climatique”.
Soit ces pays signent un accord qui conduira les émissions mondiales de gaz à effet de serre à se stabiliser puis à décliner avant 2015.
Soit notre planète se réchauffera de plus de 2 °C, seuil au-delà duquel les conséquences pour notre planète et nos sociétés seraient désastreuses. Notre climat, toujours d’après cette “coalition d’associations”, pourrait même devenir complètement incontrôlable, en passant par ce que les scientifiques appellent des “points de rupture”.

La fondation Nicolas Hulot a lancé un appel à peu près identique : “L’avenir de la planète et avec lui, le sort d’un milliard d’affamés qu’aucun porte-voix ne représentera, se jouera à Copenhague. Choisir la solidarité ou subir le chaos, l’humanité a rendez-vous avec elle-même.”

Oui, c’est vrai, l’humanité a rendez-vous avec elle-même, mais certainement pas à Copenhague. Car avant tout, il faudrait sortir d’une naïveté dangereuse et rappeler comment fonctionne le capitalisme, cette société dominée par une minorité d’exploiteurs.

Ce sont les lois mêmes du capitalisme qui poussent la bourgeoisie à détruire la planète. Nous sommes dans un système monstrueux qui transforme tout ce qu’elle produit, y compris les déchets eux-mêmes, en marchandises… non pour satisfaire les besoins humains mais afin de faire du profit. Cela peut aller jusqu’à l’absurde comme par exemple la récente trouvaille de tels sommets : la possibilité légale d’acheter “le droit de polluer” ! Le capitalisme, c’est avant tout la loi du plus fort et le règne de la concurrence. C’est pour répondre à cette loi que sont nées et se sont développées les grandes concentrations industrielles et les mégapoles où s’entassent des millions d’être humains : Tokyo, 36 millions d’habitants ; Bombay, 26 millions ; Mexico et New-York, 21 millions ; Kinshasa, 17 millions… Et évidemment, ces concentrations ont un rôle majeur dans la crise écologique. La concurrence, c’est aussi la guerre. Or, la production et l’entretien du matériel militaire (sans parler des millions de victimes et des dégâts liés aux guerres) est déjà en soi un véritable gouffre d’énergie humaine et terrestre. Un porte-avions consomme plusieurs milliers de litres à l’heure par exemple. Enfin, le capitalisme est un système de production totalement anarchique et irrationnel. Une marchandise peut parcourir des milliers et des milliers de kilomètres pour trouver son acheteur. Des pays cultivent des denrées alimentaires vendues à l’autre bout de la planète, alors que la population locale meurt de faim parce qu’elle n’a pas les moyens de payer !

Contrairement à toutes ces propagandes qui rejettent la faute sur les “individus”, les “citoyens”, en cherchant à nous culpabiliser (en nous faisant croire que si la planète va mal, c’est parce que nous prenons la voiture pour aller bosser, ou que nous ne faisons pas assez attention à ne pas laisser le robinet couler quand on se brosse les dents ou faisons la vaisselle, ou que nous ne trions pas bien nos déchets…), c’est donc bien le système de production capitaliste comme un tout qui est responsable du grave déséquilibre écologique et qui, s’il perdure encore trop longtemps, anéantira l’humanité toute entière !

Maintenant, un certain nombre de personnes, dont certaines très médiatisées, comme Al Gore, Nicolas Hulot, Yann Arthus Bertrand, au-delà de mettre l’accent sur une réalité effrayante, nous appellent à pousser les “grands de ce monde” à se coordonner internationalement et à trouver des solutions. Evidemment, toute prétendue solution à ce problème ne peut être envisagée qu’à l’échelle internationale. Cela sauterait aux yeux d’un enfant. Mais là encore, c’est d’une certaine manière vouloir faire l’autruche et refuser de regarder la réalité en face. Les “grands de ce monde” auxquels ils invitent à s’en remettre pour “prendre les mesures nécessaires” ne sont rien d’autres que les représentants des bourgeoisies nationales et un simple regard sur les décisions qu’elles ont prises depuis plus d’un siècle montre qu’on ne peut attendre que le pire de leur part.

Ces bourgeoisies ont produit guerre sur guerre : ne serait-ce que depuis 1939, il n’y a pas eu un seul jour sans conflit meurtrier sur la planète. Et dans ces occasions, elles ont démontré de quel cynisme envers la nature et l’être humain elles étaient capables : gaz mortels, produits chimiques comme les défoliants, armes bactériologiques, atomiques et même, récemment, bombes au phosphore. Les dernières guerres du Golfe, d’Irak, de Palestine et d’Afghanistan, pour se limiter aux exemples les plus récents, ont démontré leur efficacité en matière de destruction de vies humaines et… environnementale.

Quant aux décisions qui seront et sont déjà prises, on en voit l’aspect ridicule et même absurde. Nous parlions tout à l’heure du droit d’acheter le “droit de polluer” mais il y a aussi la taxe carbone, la journée sans voiture…

L’énergie verte a déjà prouvé quel avenir elle avait dans le capitalisme. Depuis deux ans, pas moins d’une trentaine de pays ont connu des émeutes de la faim parce qu’une partie conséquente des produits de l’agriculture a été détournée pour produire des bio-carburants et que la spéculation a fait flamber les prix. L’énergie renouvelable ou le développement durable (qui doit selon le célèbre Nicolas Hulot “jeter les bases d’un modèle de développement compatible avec la réalité physique et humaine de notre planète, et sortir enfin du cercle vicieux de la pauvreté et de la destruction de nos ressources naturelles”, c’est-à-dire “la trame d’un monde nouveau au service exclusif de l’homme”), est déjà mise à profit par tous les Etats, médias et industriels pour tenter de faire croire qu’un autre capitalisme, un “capitalisme vert”, va permettre à la société de dépasser la très grave crise économique qu’elle connaît aujourd’hui, quand cela n’est pas tout simplement un argument publicitaire de plus comme pour le blanchiment des pires pollueurs mercantiles, tels Total, GDF… En fait, comme à travers le chômage, la précarité, la misère et l’exploitation grandissantes qu’il engendre, comme à travers la barbarie guerrière qu’il sème, les désastres écologiques aggravés que cause le capitalisme sont une démonstration supplémentaire de la faillite de ce système et de l’impasse dans lequel il pousse l’humanité.

Seule la classe ouvrière peut construire un monde en harmonie avec la nature

En fait, il existe une seule classe qui a les capacités d’inverser cette tendance suicidaire : c’est la classe ouvrière. Elle seule est capable de donner un autre futur à l’humanité. Elle seule a les capacités de détruire ce système capitaliste agonisant et de proposer un autre monde avec des bases complètement différentes. D’emblée, elle se situe au niveau international, comme elle l’a démontré lors de sa tentative de révolution mondiale pour mettre fin à la folle boucherie guerrière en 1917. Et encore aujourd’hui, on peut voir à Rio de Janeiro, à New-York ou au Caire, que la classe ouvrière mène partout le même combat. Ses revendications sont partout les mêmes : pour des conditions de vie décentes pour tout le monde.

Le moteur, la dynamique de ses luttes sont le contraire de la loi du profit et de la concurrence, c’est la solidarité d’une classe par nature associée, développant des liens basés sur l’entraide, la coopération, l’assistance mutuelle, la fraternité…, préfiguration des rapports au sein d’une société libérée de toute exploitation.

Certains objecteront que l’expérience de Russie nous a apporté le stalinisme et son corollaire, le productivisme. On ne reviendra pas ici pas sur l’énorme mensonge du communisme = stalinisme (notre presse lui a déjà consacré de multiples articles). Mais évoquons un instant la question du productivisme. Le stalinisme n’avait en effet pas plus de respect pour la nature que pour la vie humaine. Mais il en était tout autrement pour les révolutionnaires de 1917. En fait, “l’écologie” faisait déjà partie de son combat. Au début des années 1920, il a existé une sorte de commissariat à l’Environnement animé par des bolcheviks tels que Lounatcharski, Bogdanov, Borodine et bien d’autres encore. Ce commissariat avait réussi à mettre sur pied, à la fin des années 20, une soixantaine de Zapovedniki, c’est-à-dire des espaces aménagés comme réserves naturelles pour la sauvegarde de toutes les espèces. Et là encore, c’est le stalinisme qui a rapidement détruit cet instrument pour satisfaire les besoins capitalistes d’un productivisme à outrance, que ce soit dans l’industrie ou dans les campagnes. L’un des résultats fut la disparition de la mer d’Aral. Les dernières appréciations sur l’état de l’ex-URSS constatent une destruction de 20 % du territoire.

La classe ouvrière, à travers sa révolution prolétarienne internationale, est seule capable d’ouvrir la perspective d’une transformation radicale de la relation entre l’homme et la nature. C’est pourquoi les minorités les plus conscientes ne doivent pas se laisser enfermer dans un combat uniquement écologique, mais consacrer leurs énergies à renforcer le combat de la classe ouvrière.

Ayato, le 14 novembre.

Récent et en cours: