Révolution Internationale n° 318 - Editorial

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Avec la "libération" de Kaboul, la bourgeoisie tente aujourd'hui de donner un autre visage à la guerre en Afghanistan. Grâce aux bombardements de l'aviation américaine, qui ont permis la prise de la capitale par les troupes de l'Alliance du Nord, le régime des talibans s'est effondré.

Avec cette victoire de l'opération "Liberté Immuable", on cherche aujourd'hui à nous faire croire que les massacres et les bombardements massifs auraient été le prix que la population afghane devait payer pour un avenir meilleur. La preuve : les femmes afghanes, enfin libérées du joug du régime islamiste, vont enfin pouvoir enlever le voile ! Comme si cette formidable "victoire" de la civilisation pouvait les empêcher de pleurer leurs morts, leur faire oublier l'atrocité des massacres, des bombardements, de l'exode et de la misère sans nom que femmes, hommes et enfants vont continuer à subir quelle que soit la clique bourgeoise qui va succéder aux talibans. On veut nous faire croire que ce pays va enfin pouvoir connaître la paix après plus de vingt ans de guerre permanente. On nous présente le régime honni des mollahs, qui aurait fait le lit du terrorisme, comme le seul responsable de la barbarie et de l'oppression de cette population exsangue.

Mensonges ! En Afghanistan, comme au Moyen-Orient, comme au Kosovo et dans toutes les expéditions militaires menées au nom des droits de l'homme, les populations civiles ont toujours été les otages des conflits impérialistes entres les différents Etats et fractions bourgeoises. C'est le capitalisme mondial qui est le vrai responsable de la barbarie guerrière.

La chute des talibans ne parviendra pas à nous faire oublier l'enfer du pilonnage des villes afghanes, la fuite éperdue de dizaines de milliers d'êtres humains qui s'entassent comme du bétail dans des camps de réfugiés, le blocage de l'aide humanitaire aux frontières, les massacres de civils par les bandes armées des différentes cliques rivales. Cette victoire ne porte avec elle aucune perpective de paix ni à court ni à long terme. Au contraire, les conflits ethniques vont continuer à s'accentuer, aggraver la déstabilisation du pays et de toute la région. Avec la libération de Kaboul, c'est déjà à un chaos inextricable que l'on assiste et qui ne peut que continuer à se développer quelles que soient les "solutions" négociées sous l'égide de l'ONU ou sous la houlette des grands requins impérialistes qui ont pris pied dans la région sous le prétexte hypocrite de l'aide "humanitaire".

La guerre au nom de la paix, ce n'est pas nouveau. C'est un refrain que la classe dominante nous a servi maintes fois tout au long du 20e siècle.

Lors des deux guerres mondiales qui ont ensanglanté le 20e siècle, la coalition des grands vainqueurs avait justifié l'holocauste au nom de la démocratie contre le fascisme, de la civilisation contre la barbarie. Bilan : plus de 60 millions de morts, des villes ouvrières comme Dresde et Hambourg entièrement rasées sous les bombardements des "libérateurs" anti-nazi, deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki faisant près de 100 000 morts.

Aujourd'hui, c'est encore au nom d'une soi-disant "juste cause", la lutte contre le terrorisme, que la civilisation capitaliste prétend avoir libéré le peuple afghan de l'oppression des talibans dont le pouvoir a été mis en place en 1996 par les Etats-Unis eux-mêmes pour y défendre leurs propres intérêts dans la région contre les autres cliques locales (notamment l'Alliance du Nord de Massoud devenue pro-russe après le retrait de l'URSS du bourbier afghan).

Les massacres des populations civiles, les destructions provoquées par les bombardements intensifs nous montrent le vrai visage de cette "civilisation" et de cette "démocratie" qui ont toujours déchaîné la guerre au nom de la paix, au nom de la libération des peuples opprimés par les "forces du mal".

En Afghanistan comme au Moyen-Orient, la seule paix que peut apporter cette nouvelle opération de police de l'oncle Sam, c'est la paix des tombes. Quant aux intentions "humanitaires" des grandes puissances européennes, elles ne sont rien d'autre que celles de charognards qui cherchent à empêcher le shérif américain de s'emparer à lui tout seul de cette zone stratégique située aux portes de l'Asie.

La curée impérialiste à laquelle se livrent aujourd'hui les grandes puissances montre que l'après-talibans ne sera pas synonyme de "paix". Au contraire, la seule perspective, c'est celle de nouveaux conflits armés et de l'enfoncement de toute la région dans un chaos sanglant.
La paix est impossible dans le capitalisme décadent. La guerre est devenue depuis près d'un siècle le mode de vie permanent de ce système moribond et les périodes de "paix" n'ont jamais servi qu'à préparer de nouvelles guerres toujours plus meurtrières.

Depuis la Première Guerre mondiale, le capitalisme à révélé qu'il avait épuisé toutes ses possibillités d'expansion sur la planète. En entrant dans sa crise permanente de surproduction, il ne peut engendrer que la guerre qui est le théâtre des rivalités entre les différentes nations, petites ou grandes.

Et plus le capitalisme s'enfonce dans cette crise sans issue, plus les guerres se multiplient et révèlent la faillite de ce système qui n'a plus rien à offrir à l'humanité qu'une misère et une barbarie croissantes.

Le seul moyen de mettre fin à cette spirale infernale, c'est de détruire le capitalisme avant qu'il ne détruise toute la planète. Seule la classe ouvrière, en développant ses luttes contre les effets de la crise économique, contre la misère, le chômage, l'intensification de l'exploitation et en affirmant sa propre perspective révolutionnaire, peut mettre un terme aux bains de sang. Seule l'instauration d'une nouvelle société sans classes, sans frontières et sans nations, une société basée sur la satisfaction des besoins humains et non sur l'expoitation et la recherche du profit, pourra apporter une paix réelle et durable sur toute la planète.

RI (23 novembre)

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