Soumis par Revue Internationale le
Dans la Revue Internationale n° 82 et dans sa presse territoriale dans 12 pays, le CCI a publié des articles sur son 11e congrès. Ces articles informent le milieu révolutionnaire et la classe ouvrière de la lutte politique qui a eu lieu récemment dans le CCI pour l'établissement d'un fonctionnement marxiste réel à tous les niveaux de notre vie organisationnelle. Au centre de ce combat se situait le dépassement de ce que Lénine appelait “l'esprit de cercle”. Cela requiert, en particulier, la liquidation des groupements informels basés sur des fidélités personnelles et sur l'individualisme petit-bourgeois, ce à quoi Rosa Luxemburg se référait comme des “tribus” ou des “clans”. Les articles que nous avons publiés situaient le combat actuel dans la continuité de ceux menés par les marxistes contre les bakouninistes dans la 1ère Internationale, par les bolchéviks contre le menchévisme dans le Parti russe, mais aussi par le CCI tout au long de son histoire. En particulier, nous affirmions la base anti-organisationnelle petite-bourgeoise des différentes ruptures qui ont eu lieu dans l'histoire du CCI, et qui n'étaient ni motivées ni justifiées par des divergences politiques. Elles étaient le résultat de comportements organisationnels non marxistes, non prolétariens, de ce que appelait l'anarchisme de l'intelligentsia et de la bohème littéraire.
UN PROBLEME DE TOUT LE MILIEU POLITIQUE PROLETARIEN
Si nous avons rapporté nos débats internes dans notre presse, ce n'est pas par exhibitionnisme, mais parce que nous sommes convaincus que les problèmes que nous avons rencontrés ne sont pas du tout spécifiques au CCI. Nous sommes convaincus que le CCI n'aurait pu survivre s'il n'avait éradiqueé de ses rangs des concessions à des idées anarchistes sur les questions organisationnelles. Nous voyons que le même danger menace le milieu révolutionnaire dans son ensemble. Le poids des idées et des comportements de la petite-bourgeoisie, la résistance à la discipline organisationnelle et aux principes collectifs, ont affecté tous les groupes à un niveau plus ou moins élevé. La rupture de la continuité organique avec les organisations révolutionnaires du passé pendant les 50 ans de contre-révolution, l'interruption du processus de transmission de l'expérience organisationnelle inappréciable d'une génération marxiste à la suivante, ont rendu les nouvelles générations de militants prolétariens de l'après-68 particulièrement vulnérables à l'influence de la petite-bourgeoisie révoltée (mouvements étudiants, contestataires, etc).
Aussi, notre lutte actuelle n'est pas une affaire interne au CCI. Les articles sur le congrès ont pour but la défense de l'ensemble du milieu prolétarien. Ils constituent un appel à tous les groupes marxistes sérieux pour clarifier la conception prolétarienne du fonctionnement et pour faire connaître les leçons de leur lutte contre la désorganisation petite-bourgeoise. Le milieu révolutionnaire comme un tout a besoin d'être beaucoup plus vigilant vis-à-vis de l'intrusion des modes de comportement étrangers au prolétariat. Il a besoin d'organiser consciemment et ouvertement sa propre défense.
L'ATTAQUE DU PARASITISME CONTRE LE CAMP PROLETARIEN
La première réaction publique à nos articles sur le 11e congrès est venue, non pas du milieu prolétarien, mais d'un groupe qui lui est ouvertement hostile. Sous le titre “Le CCI atteint Waco”, le soi-disant “Communist Bulletin Group” (CBG), dans son 16e et dernier Bulletin n'a pas honte de dénigrer les organisations marxistes, dans la meilleure tradition bourgeoise.
“Salem ou Waco auraient été des lieux appropriés pour ce congrès particulier. Alors qu'il serait tentant de railler ou de ridiculiser ce congrès-procès truqué où, entre autre, Bakounine et Lassale furent dénoncés comme étant `pas nécessairement' des agents de la police et Martov caractérisé "d'anarchiste", le sentiment dominant est une grande tristesse de voir qu'une organisation autrefois dynamique et positive en soit réduite à ce triste état.”
“Dans la meilleure tradition stalinienne, le CCI a alors procédé à la ré-écriture de l'histoire (comme il l'a fait après la scission de 1985), pour montrer que toutes les divergences majeures (...) ont été provoquées non pas par des militants ayant des avis divergents sur une question, mais par l'intrusion d'idéologies étrangères dans le corps du CCI.”
“Ce que le CCI ne peut pas saisir c'est que c'est sa propre pratique monolithique qui cause problème. Ce qui s'est sans doute passé au 11e congrès est simplement le triomphe bureaucratique d'un clan sur un autre, une empoignade pour le contrôle des organes centraux, ce qui était largement prévisible après la mort de leur membre fondateur MC.”
Pour le CBG, ce qui s'est passé au congrès du CCI a dû être “deux jours, ou plus, de bataille psychologique. Les lecteurs qui ont quelques connaissances sur les techniques de lavage de cerveaux pratiquées par les sectes religieuses comprendront ce processus. Ceux qui ont eu des lectures sur les tortures mentales infligées à ceux qui confessaient d'impossibles "crimes" lors des procès spectacles de Moscou saisiront, de même, ce qui s'est passé.”
Et là, le CBG se cite lui-même dans un texte de 1982, après que ses membres eurent quitté le CCI :
“Pour chaque militant se posera toujours la question : jusqu'où puis-je aller dans la discussion avant d'être condamné comme une force étrangère, une menace, un petit-bourgeois ? Jusqu'où puis-je aller avant d'être considéré avec suspicion ? Jusqu'où avant d'être un agent de la police ?”
Ces citations parlent d'elles-mêmes. Elles révèlent mieux que tout la vraie nature, non pas du CCI, mais du CBG. Leur message est clair : les organisations révolutionnaires sont comme la mafia. Les “luttes de pouvoir” y ont lieu exactement comme dans la bourgeoisie.
La lutte contre les clans, que tout le 11e congrès a unanimement soutenue, est transformée par le CBG, “sans aucun doute”, en une lutte entre clans. Les organes centraux sont inévitablement “monolithiques”, l'identification de la pénétration d'influences non-prolétariennes, tâche primordiale des révolutionnaires, est présentée comme un moyen de briser les “opposants”. Les méthodes de clarification des organisations prolétariennes - débat ouvert dans toute l'organisation, publication de ses résultats pour informer la classe ouvrière - deviennent la méthode de “lavage du cerveau” des sectes religieuses.
Ce n'est pas seulement l'ensemble du milieu révolutionnaire d'aujourd'hui qui est attaqué ici. C'est toute l'histoire et les traditions du mouvement ouvrier qui sont insultés.
En réalité, les mensonges et les calomnies du CBG sont tout à fait dans la ligne de la campagne de la bourgeoisie mondiale sur la prétendue mort du communisme et du marxisme. Au centre de cette propagande, se trouve une seule idée qui porte en elle le plus grand mensonge de l'histoire : la rigueur organisationnelle de Lénine et des bolcheviks conduit nécessairement au stalinisme. Dans la version du CBG de cette propagande c'est le bolchévisme du CCI qui conduit “nécessairement” à son prétendu “stalinisme”. Evidemment, le CBG ne sait ni ce qu'est le milieu révolutionnaire, ni ce qu'il en est du stalinisme.
Ce qui a provoqué la frénésie petite-bourgeoise du CBG c'est, encore une fois, la façon résolue, indubitable avec laquelle le CCI a affirmé sa fidélité à l'approche organisationnelle de Lénine. Nous pouvons rassurer tous les éléments parasites : plus la bourgeoisie attaque l'histoire de notre classe, plus nous affirmerons fièrement notre fidélité au bolchévisme.
En déversant des ordures sur l'avant-garde prolétarienne, le CBG a démontré une fois de plus qu'il ne fait pas partie du milieu révolutionnaire, mais qu'il y est opposé. Le fait que le CCI ait mené le combat organisationnel le plus important de son histoire ne l'intéresse pas le moins du monde.
En soi, il n'y a rien de nouveau à ce que les révolutionnaires qui défendent la rigueur organisationnelle contre la petite-bourgeoisie soient attaqués, et même dénigrés. Marx devint l'objet d'une campagne de toute la bourgeoisie à cause de sa résistance à l'Alliance de Bakounine. Lénine a été personnellement insulté à cause de son opposition aux menchéviks en 1903 : pas seulement par les réformistes et les opportunistes avérés, mais même par des camarades tels que Trotsky. Mais personne, au sein du mouvement ouvrier, ni Trotsky ni même les réformistes, n'a jamais parlé de la lutte de Marx ou de Lénine dans les termes employés par le CBG . La différence est que la “polémique” du CBG a pour but la destruction du milieu révolutionnaire, pas seulement du CCI.
LA NATURE DU PARASITISME
Nous allons décevoir le CBG qui déclare que le CCI traite ceux qui sont en désaccord avec lui d'agents de la police. Bien que le CBG soit en “désaccord” avec nous, nous considérons qu'ils ne sont ni des espions ni une organisation bourgeoise. Les gens du CBG n'ont pas une plate-forme politique bourgeoise. Programmatiquement, ils adhèrent même à certaines positions prolétariennes. Ils sont contre les syndicats et le soutien aux luttes de “libération nationale”.
Mais, si leurs positions politiques tendent à leur éviter de rejoindre la bourgeoisie, leur comportement organisationnel leur interdit toute participation dans la vie du prolétariat. Leur activité principale consiste à attaquer les groupes marxistes révolutionnaires. Le Communist Bulletin n° 16 l'illustre parfaitement. Depuis plusieurs années, le groupe n'a rien publié. L'éditorial du n° 16 nous informe : “C'est un secret de polichinelle que depuis au moins deux ans, l'organisation a cessé de fonctionner de façon significative (...) ça n'a de groupe que le nom.”
Le groupe prétend qu'après une telle inactivité et une telle insignifiance organisationnelle, il a tout à coup produit un nouveau “bulletin” dans le but d'informer le monde qu'il avait décidé de... cesser d'exister ! Mais il est clair qu'en réalité, la vraie raison de sa publication était d'attaquer encore une fois le CCI et son congrès. Il est révélateur que le n° 16 ne s'attaque pas à la bourgeoisie : par exemple, il n'y a pas de défense de l'internationalisme prolétarien face à la guerre des Balkans. C'est tout-à-fait dans la lignée des 15 précédents numéros qui étaient aussi essentiellement consacrés à calomnier les groupes prolétariens. Et nous sommes sûrs qu'en dépit de leur dissolution annoncée ils continueront à faire de même. En fait, l'abandon de leur prétention à être un groupe politique leur permettra de centrer encore plus exclusivement leur travail nuisible et d'allié objectif de la bourgeoisie sur le dénigrement du camp marxiste.
L'existence de groupes qui, bien que n'étant ni mandatés ni payés par la bourgeoisie, font cependant, de leur plein gré, une partie du travail de la classe dominante, est un phénomène hautement significatif. Dans le mouvement marxiste, nous appelons de tels gens des parasites, des vampires vivant sur le dos des forces révolutionnaires. Ils n'attaquent pas le camp marxiste par allégeance au capital, mais du fait de leur haine aveugle et impuissante du mode de vie de la classe ouvrière, la nature collective et impersonnelle de cette lutte. De tels éléments petits-bourgeois et déclassés sont motivés par un esprit de vengeance vis-à-vis d'un mouvement politique qui ne peut se permettre de faire des concessions à leurs besoins individuels, à leur soif de gloriole, de flatteries et de pompe.
LA TRAJECTOIRE DU “CBG”
Afin de saisir la nature de ce parasitisme (qui n'est pas nouveau dans le mouvement ouvrier) il est nécessaire d'étudier son origine et son développement. Le CBG peut servir d'exemple type. ses origines se situent dans la phase des cercles de la nouvelle génération de révolutionnaires qui se sont développés après 1968, donnant naissance à un petit groupe de militants liés par un mélange de fidélités politiques et personnelles. Le groupe informel en question rompît avec la Communist Workers Organisation (CWO) et se rapprocha du CCI vers la fin des années 1970. Dans les discussions à cette époque, nous critiquions le fait qu'ils voulaient entrer dans le CCI “en tant que groupe” plutôt qu'individuellement. Cela présentait le risque qu'ils forment une organisation au sein de l'organisation, sur une base non politique, affinitaire et menaçant ainsi l'unité organisationnelle prolétarienne. Nous condamnions aussi le fait que, en quittant la CWO, ils avaient emmené une partie de son matériel - en violation des principes révolutionnaires.
Au sein du CCI, le groupe essaya de maintenir son identité informelle séparée, malgré le fait que la pression, au sein d'une organisation internationale centralisée, pour soumettre chaque partie au tout a été beaucoup plus forte que dans la CWO. Cependant, “l'autonomie” des “amis” qui formeront plus tard le CBG a pu survivre du fait qu'au sein du CCI d'autres regroupements du même type, les restes des cercles à partir desquels le CCI s'était formé, continuaient d'exister. Cela est particulièrement le cas de notre section britannique, World Revolution, que les ex-membres de la CWO ont rejoint, et qui était déjà divisée par l'existence de deux “clans”. Ces clans devinrent rapidement un obstacle à l'application pratique des statuts du CCI dans toutes ses parties.
Quand le CCI, aux alentours de cette période, a été infiltré par un agent de l'Etat, Chénier, membre du parti socialiste français de Mitterrand qui, après son exclusion, du CCI, rejoignit ce parti, la section britannique devint la cible principales de ses manipulations. Comme résultat de ces manipulations, et avec la découverte de l'agent Chénier, la moitié de notre section britannique quittaé le CCI. Aucun d'entre eux n'a été exclu, contrairement aux assertions du CBG. ([1])
Les ex-membres de la CWO, qui démissionnèrent à cette époque, formèrent alors le CBG.
Nous pouvons en tirer les leçons suivantes :
- Bien qu'ils n'aient pas de positions politiques particulières les distinguant des autres, fondamentalement la même clique est entrée et a quitté à la fois la CWO et le CCI, avant de former le CBG. Cela révèle le refus et l'incapacité de ces gens de s'intégrer dans le mouvement ouvrier, de soumettre leur identité de petit groupe à quelque chose de plus grand qu'eux.
- Bien qu'il proclament avoir été exclus du CCI, ou qu'ils ne pouvaient pas y rester à cause de “l'impossibilité de débattre”, en réalité ces gens ont fui le débat politique qui se tenait dans l'organisation. Au nom du “combat contre le sectarisme” ils ont tourné le dos aux deux organisations communistes les plus importantes existant en Grande-Bretagne, la CWO et le CCI, malgré l'absence de toute divergence politique majeure. C'est la façon dont ils “combattent le sectarisme”.
Le milieu politique ne devrait pas se laisser tromper par les phrases vides sur le “monolithisme” et la prétendue “peur du débat” du CCI. Le CCI se situe dans la tradition de la Gauche Italienne et de Bilan, courant qui, pendant la guerre d'Espagne a même refusé d'exclure ou de rompre avec sa minorité qui appelait ouvertement à la participation à la guerre impérialiste dans les milices républicaines, ([2]) parce que la clarification politique doit toujours précéder toute séparation politique.
- Ce que le CBG reprochait au CCI, c'était sa méthode prolétarienne rigoureuse dans le débat, par la polémique et la polarisation, où “on appelle un chat un chat” et où les positions petites-bourgeoises ou opportunistes sont appelées par leur nom. Une atmosphère difficilement acceptable pour les cercles et les clans, avec leur double langage et leur fausse diplomatie, leur fidélités et leurs trahisons personnelles. Et qui, certainement, ne plaisait pas aux “copains”, aux lâches petits-bourgeois qui ont fui la confrontation politique et se sont retirés de la vie de la classe.
- Plus grave encore, et pour la deuxième fois, le CBG a participé au vol de matériel de l'organisation en la quittant. Ils l'ont justifié avec la vision du parti marxiste comme étant une société par action : quiconque investit son temps dans le CCI a le droit de prendre sa part des ressources quand il le quitte. Qui plus est, ils se sont permis de déterminer quelle “part” leur revenait. Il devrait aller sans dire que si de telles méthodes devaient être tolérées, cela signifierait la fin de toute possibilité d'existence pour les organisation marxistes. Les principes révolutionnaires sont là remplacés part la loi de la jungle bourgeoise.
- Quand le CCI vint récupérer le matériel volé à l'organisation ces courageux “révolutionnaires” nous menacèrent d'appeler la police.
- Les membres du futur CBG étaient les principaux collaborateurs de l'agent provocateur Chénier au sein de l'organisation, et ses principaux défenseurs après son exclusion. C'est ce qui est derrière les allusions à la soit-disant attitude du CCI d'étiqueter ses “dissidents” comme agents de la police. Les CCI est, selon les mensonges du CBG, supposé avoir dénoncé Chénier parce qu'il était en désaccord avec la majorité du CCI sur l'analyse des élections françaises de 1981. Une telle accusation à l'aveuglette est tout autant un crime contre les organisations révolutionnaires que d'envoyer la police contre elles. Dans une telle situation, les révolutionnaires qui sont en désaccord avec un jugement de l'organisation et en particulier le militant accusé lui-même, n'ont pas seulement le droit mais le devoir de faire objection à cela s'ils le jugent nécessaire ou illégitime, et même de demander qu'un tribunal d'honneur, avec la participation d'autres groupes révolutionnaires, reconsidère une telle accusation. Dans le mouvement ouvrier du passé il aurait été impensable de suggérer qu'une organisation ouvrière soulève de telles accusations contre un individu pour tout autre motif que sa défense contre l'Etat. De telles accusations ne peuvent que détruire la confiance dans l'organisation et ses organes centraux, une confiance indispensable pour la défense contre les infiltrations de l'Etat.
UNE HAINE AVEUGLE ET IMPUISSANTE
C'est cette résistance jusqu'au bout des éléments anarchistes petits-bourgeois et déclassés contre leur intégration et leur subordination à la grande mission historique et mondiale du prolétariat, bien qu'il y ait de la sympathie pour certaines de ses positions politiques, qui conduit au parasitisme, à la haine ouverte et au sabotage politique du mouvement marxiste.
La réalité sordide et corrosive du CBG lui-même montre le mensonge de ses déclarations selon lesquelles il a quitté le CCI “afin de pouvoir discuter”. Là encore, nous laisserons les parasites parler d'eux-mêmes. D'abord leur abandon de toute fidélité au prolétariat commence à être théorisée ouvertement. “Une vision très sombre de la nature de la période a commencé à s'exprimer”, nous disent-ils ; “des éléments au sein du CBG se demandent si la classe pourra maintenant émerger APRES TOUT ?”.
En face du “difficile débat” voilà comment le CBG, ce géant “anti-monolithique”, se “débrouille” avec les “divergences”.
“Nous étions mal armés pour affronter ces questions. Il y avait un silence plus ou moins assourdissant en réponse ... le débat ne tournait pas vraiment en eau de boudin parce qu'il restait largement ignoré. C'était profondément malsain pour l'organisation. Le CBG se flattait d'être ouvert à toute discussion au sein du mouvement révolutionnaire, mais là c'était un de ses propres débats, sur un sujet au coeur même de son existence, qui lui bouchait les oreilles et lui fermait la bouche.”
Il est donc tout-à-fait logique que, à la fin de sa croisade contre la conception marxiste de la rigueur organisationnelle et méthodologique comme préalable à tout réel débat, le CBG “découvre” que l'organisation elle-même bloque le débat :
“Afin de permettre au débat d'avoir lieu ... nous avons décidé de mettre fin à la vie du CBG.”
L'organisation comme entrave au débat ! Vive l'anarchisme ! Vive le liquidationnisme organisationnel ! Imaginez la gratitude de la classe dominante face à la propagation de tels “principes” au nom du “marxisme” !
LE PARASITISME : FER DE LANCE CONTRE LES FORCES PROLETARIENNES
Bien que la domination de classe de la bourgeoisie ne soit, pour le moment, certainement pas menacée, les aspects essentiels de la situation mondiale actuelle l'obligent à être particulièrement vigilante dans la défense de ses intérêts. L'approfondissement inexorable de sa crise économique, le développement des tensions impérialistes et la résistance d'une génération d'ouvriers qui n'a pas encore subi de défaite décisive contiennent la perspective d'une déstabilisation dramatique de la société bourgeoise. Tout cela impose à la bourgeoisie la tâche historique et mondiale de détruire l'avant-garde marxiste révolutionnaire du prolétariat. Aussi insignifiant qu'apparaisse le camp marxiste aujourd'hui, la classe dominante est déjà obligée d'essayer sérieusement d'y semer la confusion et de l'affaiblir.
A l'époque de la 1re Internationale, la bourgeoisie se chargea elle-même de la tâche de dénigrer publiquement l'organisation des révolutionnaires. Toute la presse de la bourgeoisie calomniait l'Association Internationale des Travailleurs et son Conseil Général, opposant au prétendu “centralisme dictatorial” de Marx les charmes de son propre passé progressiste et révolutionnaire.
Aujourd'hui, au contraire, la bourgeoisie des puissances dominantes n'a pas intérêt à attirer l'attention sur les organisations révolutionnaires qui sont, pour le moment, si minoritaires que même leurs noms sont en général inconnus des ouvriers. De plus, une attaque directe de l'Etat contre eux, que ce soit par ses médias ou par ses organes de répression, pourrait provoquer un réflexe de solidarité au sein d'une minorité politiquement significative d'ouvriers à la conscience de classe plus élevée. Dans cette situation, la bourgeoisie préfère garder un profil bas et laisser le travail de dénigrement aux parasites politiques. Ces parasites, sans le vouloir ni même sans s'en rendre compte, sont intégrés dans la stratégie anti-prolétarienne de la classe dominante. La bourgeoisie sait très bien que le meilleur moyen, en même temps que le plus efficace, pour détruire le camp révolutionnaire c'est de l'intérieur, en dénigrant, démoralisant et divisant celui-ci. Les parasites accomplissent cette tâche sans même qu'on leur ait demandé. En présentant les groupes marxistes comme staliniens, comme des sectes bourgeoises dominées par les luttes de pouvoir, à l'image de la bourgeoisie elle-même, comme historiquement insignifiants, ils soutiennent l'offensive du capital contre le prolétariat. En détruisant la réputation du milieu, le parasitisme ne contribue pas seulement aux attaques des forces prolétariennes d'aujourd'hui - il prépare le terrain pour la répression politique effective du camp marxiste dans l'avenir. Si la bourgeoisie reste à l'arrière-plan aujourd'hui afin de permettre au parasitisme de faire son sale boulot, c'est avec l'intention de sortir de l'ombre demain pour décapiter l'avant-garde révolutionnaire.
L'incapacité de la plupart des groupes révolutionnaires de reconnaître le caractère réel des groupes parasites est l'une des plus grandes faiblesses du milieu aujourd'hui. Le CCI est déterminé à assumer ses responsabilités en combattant cette faiblesse. Il est grand temps pour les groupes sérieux du milieu politique prolétarien, pour le milieu comme un tout, d'organiser sa propre défense contre les éléments les plus pourris de la petite-bourgeoisie revancharde. Au lieu de flirter avec de tels groupes de façon opportuniste, il est de la responsabilité du milieu de mener une lutte sans merci et implacable contre le parasitisme politique. La formation du futur parti de classe, le succès de la lutte libératrice du prolétariat, dépendront à un degré non négligeable de notre capacité à mener ce combat à bonne fin.
KR.
[2]. Voir La Gauche communiste d'Italie.