Soumis par Revue Internationale le
La guerre des îles Malouines vient alimenter une propagande intensive de la bourgeoisie. Le spectre d'une 3ème guerre mondiale vient hanter la conscience des prolétaires. Pourtant, la préoccupation essentielle de la bourgeoisie, ce n'est pas la guerre, c'est la perspective des affrontements de classe dans les centres du capitalisme. Le cours historique est à la révolution. C'est ce cours que la bourgeoisie essaie de renverser pour ouvrir le chemin vers la guerre mondiale. Sur son chemin, elle doit s'affronter au prolétariat qui n'est pas embrigadé. Les campagnes incessantes n'ont pas d'autre but que d'affaiblir le prolétariat avant cet affrontement.
La lutte de classe en Pologne est venue montrer que le prolétariat n'est pas vaincu, que son potentiel de combativité est énorme. La crise est là qui frappe toujours plus fort et pousse le prolétariat vers la révolution. Le conflit des îles Malouines est utilisé par la bourgeoisie pour "distraire" le prolétariat de cette perspective, pour lui faire oublier qu'il ne peut être mis fin à la guerre sans d'abord mettre fin au capital.
L'enjeu du conflit n'est pas aux îles Malouines, il est au coeur du prolétariat mondial, là où se dessine 1'avenir de 1'humanité.
LES CAUSES DE LA GUERRE
Depuis le début des hostilités, le 2 avril 1982, le conflit des îles Malouines a fait des centaines de morts et de blessés. Déclenchée par le débarquement des troupes argentines, entamée au rythme lent de la mise en place du blocus naval par la marine britannique, la guerre a été brutalement débarrassée de ses oripeaux folkloriques sous les coups des armes les plus sophistiquées de la marine et de 1'aviation.
Toute l'histoire de la bourgeoisie et de ses guerres nous montre que les alibis humanistes ne sont que des mensonges. Ce conflit ne fait pas exception à la règle : le régime des tortionnaires de Buenos-Aires se fait le chantre de 1'anti-colonialisme, de 1'anti-yankee, lui qui a toujours survécu grâce au soutien politique, militaire et économique des Etats-Unis ; la bourgeoisie anglaise se pose comme le défenseur intransigeant des valeurs démocratiques, elle dont l'histoire est jalonnée de massacres coloniaux, de guerres impérialistes, elle qui aujourd'hui s'est faite la spécialiste de la répression en Irlande du Nord. Tout cela n'est que de la propagande. Mais où sont donc les intérêts en jeu qui peuvent justifier un tel conflit ?
QUELS INTERETS ECONOMIQUES ?
Quasiment inconnues il y a encore quelques mois, les îles Malouines se retrouvent propulsées aujourd'hui au centre de l'actualité mondiale. 1800 habitants, dont la richesse ne reposait que sur 300 000 moutons et sur la pêche se retrouvent aujourd'hui prisonniers sous un déluge de bombes. Ce ne sont pas ces pauvres activités économiques qui peuvent réellement susciter des convoitises et une guerre de cette envergure. Alors, les Malouines recèlent-elles des ressources cachées ? La presse a pu parler à loisir des richesses cachées des océans : pétrole, krill, nodules poly-métalliques, etc. pour essayer d'expliquer le conflit. Pourtant, à l'heure de la crise de surproduction généralisée, qui va investir dans l'Atlantique Sud, surtout dans la région des Malouines, près du cercle polaire, aux conditions climatiques terribles? L'Atlantique Sud n'est pas la mer du Nord, entourée de pays industrialisés qui ont permis l'exploitation pétrolière dans des conditions climatiques comparables et on sait avec quelles difficultés.
Il n'y a pas d'enjeux économiques majeurs aux Malouines. Ces rochers perdus au milieu de l'océan, balayés par des vents glacés, sont-ils des enjeux stratégiques ?
QUELS ENJEUX STRATEGIQUES ?
Les îles Malouines étaient jusqu'à présent éloignées des préoccupations militaires. Les vieilles revendications territoriales des argentins semblaient faire partie du folklore latino-américain, tandis que la présence militaire de la Grande-Bretagne était symboliquement constituée avant le débarquement des troupes argentines par une poignée de soldats. Ces îles ne constituent un enjeu stratégique ni pour la Grande-Bretagne, ni pour 1'Argentine
Pour l'ensemble du bloc occidental qui voit deux de ses piliers s'affronter, les îles Malouines ne représentaient pas plus un enjeu stratégique crucial. Le bloc adverse, contrôlé par l'URSS, est bien incapable d'intervenir militairement dans cette région du globe. L'Amérique du Sud est la chasse gardée des Etats-Unis. A mille kilomètres des côtes du continent sud-américain, les îles Malouines sont à des milliers de kilomètres des bastions militaires pro-russes les plus proches, Cuba et l'Angola. Quant aux mythiques bases russes de l'Antarctique, elles se trouvent de l'autre côté du pôle sud. La plus importante présence militaire de l'URSS dans cette région, c'est encore l'oeil de ses satellites.
Le danger"russe"viendrait-il alors de l'Argentine elle-même ? On peut en effet difficilement soupçonner la Grande-Bretagne de sympathie prorusse. Le principal argument à l'appui de cette thèse réside dans le commerce argentin avec l'URSS, et notamment les exportations de blé à destination du bloc de l'Est. L'Argentine ne s'est-elle pas opposée ainsi à l'embargo sur le blé qu'avait décidé le président des Etats-Unis, Carter, après l'invasion de l'Afghanistan. Cet argument tombe à l'eau de lui-même, lorsqu'on sait que les exportations de céréales des Etats-Unis vers l'URSS sont bien supérieures à celles de l'Argentine. Ce serait quoi qu'il en soit7faire bien peu de cas du contrôle exercé par les Etats-Unis sur l'Argentine, dont le gouvernement et l'armée vivent au rythme des conseillers américains ([1]). Un tel conflit n'a pu se déclencher sans que ceux-ci soient au courant.
Malgré la prétendue surprise affichée à Londres et Washington devant le débarquement des troupes argentines, celui-ci n'a pu se préparer et s'effectuer sans que les principales puissances occidentales ne soient au courant.
Dans ces conditions, s'il n'y a pas d'enjeux économiques et militaires qui justifieraient un tel déploiement de forces, pourquoi cette guerre, pourquoi ces morts ?
En voyant ce que le conflit des Malouines n'est pas, nous devinons ce qu'il cache : un gigantesque mensonge, son but est double : tester les armes navales modernes, et surtout nourrir une campagne intense de propagande qui vise à annihiler la prise de conscience du prolétariat mondial et notamment immobiliser les gros bataillions du prolétariat des pays industrialisés d’Europe.
DES GRANDES MANOEUVRES MEURTRIERES
Le bloc occidental contrôlé par les Etats-Unis trouve là l'occasion dans des conditions réelles de tester ses armes les plus sophistiquées. Tout cela loin de toute possibilité d'ingérence de l'URSS, en toute "tranquillité" vis-à-vis du grand rival impérialiste : le bloc de l'Est.
Cette guerre, qui met aux prises deux alliés fidèles et importants des Etats-Unis, n'est pas un affaiblissement pour le bloc occidental, bien au contraire. Elle lui sert à organiser pour l'avenir sa stratégie aéronavale et à orienter les milliards de dollars d'investissement nécessaires à la modernisation de son armement.
La Guerre des Six-Jours entre Israël et l'Egypte avait bouleversé les conceptions des stratégies de la mort moderne sur les batailles de blindés. Des centaines de chars détruits en quelques heures avaient montré l'importance des missiles et de l'électronique dans la guerre moderne sur terre. Le conflit des îles Malouines vient clarifier dans le même sens les conceptions actuelles de la bataille navale.
Au milieu de la tempête, dans des eaux glacées qui tuent en quelques minutes ceux qui tombent dedans, avec des nuits qui durent 15 heures, la bourgeoisie fait manoeuvrer ses troupes, expérimente ses armements les plus sophistiqués avec tout le mépris de la vie humaine que cela implique. Sous-marins atomiques, destroyers ultra-modernes aux noms ronflants, avions et missiles aux noms "innocents", transports de troupes dans le "luxe" des grands paquebots transatlantiques, bombardiers à long rayon d'action : la bourgeoisie nous demande de nous extasier devant la sophistication technologique et la perfection mortelle de sa panoplie guerrière, comme autrefois la presse alliée avait salué le bombardement atomique de Hiroshima et Nagasaki comme un "grand progrès scientifique" !
La bourgeoisie française trahit l'hypocrisie de toute la bourgeoisie lorsqu'elle s'extasie et se frotte les mains devant 1'efficacité des avions Mirage et Super-Etendard et des missiles Exocet qui sont pourtant employés contre son allié britannique.
Un capitaine de vaisseau britannique trahit les préoccupations militaires réelles de la bourgeoisie occidentale lorsqu'il déclare que, si le missile Exocet a coulé le destroyer Sheffield, c'est parce que ce dernier n'avait pas de défense contre ce système d'arme, mais que de toute façon, les russes n'ont pas d'armes équivalentes à l'Exocet. Derrière le conflit des îles Malouines, la bourgeoisie occidentale prépare le réarmement des forces aéronavales de l'OTAN face à l'URSS.
Mais là n'est pas encore l'essentiel. Dans ce conflit, la bourgeoisie vise un autre but, autrement important dans la période actuelle : la propagande pour égarer, déboussoler et museler le prolétariat.
LA CAMPAGNE IDEOLOGIQUE
Depuis le 2 avril 82, le spectacle de la guerre entre l'Argentine et la Grande-Bretagne fait la une et mobilise les médias du monde entier. La guerre entre l'Irak et l'Iran qui a fait plus de 100 000 morts et qui continue, n'a jamais eu un tel "succès". Ce ne sont certainement pas des motifs humanistes ou simplement la volonté de l'information qui animent une telle campagne, lancée à l'échelle internationale.
Dans la période de décadence du capitalisme, la bourgeoisie maintient sa domination sur la société par la terreur et le mensonge. Jamais l'humanité n'avait vécu une telle barbarie. Ce siècle a fait plus de 100 millions de morts dans les guerres ; des milliards d'hommes croupissent dans la famine et la misère les plus extrêmes. Chaque jour, dans ses usines, la bourgeoisie assassine plus d'ouvriers soumis à des conditions de travail désastreuses, qu'en deux mois de conflit aux îles Malouines. Chaque jour, les conditions de vie désespérantes qu'impose le capital, poussent des milliers de nouvelles victimes vers le suicide. C'est cette réalité de la barbarie du capitalisme en faillite que la bourgeoisie veut toujours faire oublier par sa propagande.
La campagne sur la guerre des îles Malouines ne fait pas exception à la règle. Déjà, la manière dont la bourgeoisie argentine se lance dans le conflit, utilisant celui-ci comme dévoiement du mécontentement social grandissant, la manière dont la bourgeoisie britannique réagit en développant un matraquage chauvin, nous montrent de façon caricaturale le poison idéologique que veut semer la bourgeoisie : accentuer la division du prolétariat mondial par le nationalisme. De ce processus, seule la bourgeoisie sort renforcée, aussi bien l'union nationale ([2]) que la fausse opposition entre "pacifistes" et "bellicistes" sont autant de thèmes dont le seul but est d'empêcher la classe ouvrière de se concevoir de façon autonome par rapport à ses exploiteurs, et de l'entraîner derrière la bourgeoisie.
Mais si cette campagne trouve son expression la plus claire en Argentine et en Grande-Bretagne, les deux pays directement engagés dans la guerre, l'essentiel, même si cela peut paraître moins évident, c'est sa dimension internationale, à l'échelle du bloc de l'Ouest. C'est tout le prolétariat du bloc impérialiste contrôlé par les Etats-Unis qui est visé.
Pourquoi une telle campagne idéologique de la part de la bourgeoisie ? D'abord pour semer la confusion au sein du prolétariat. La crise pousse toujours plus la bourgeoisie vers la faillite économique ; elle est de plus en plus obligée d'attaquer le prolétariat, d'amputer son niveau de vie, de le réduire à des conditions de misère toujours pires. Après celui des pays sous-développés, c'est au tour du prolétariat des pays développés à être soumis à une paupérisation accélérée.
Dans les années 70, face à une attaque limitée de la bourgeoisie, le prolétariat a montré dans les métropoles du capitalisme qu'il n'était pas vaincu. La crise est là qui vient balayer les dernières illusions. Les grèves en Pologne sont venues montrer que le potentiel de combativité est intact. Au coeur historique, au centre de gravité du prolétariat mondial, en Europe, les conditions s'accumulent qui poussent vers une situation explosive, qui poussent le prolétariat vers la prise de conscience de la nécessité et de la possibilité de la révolution prolétarienne. C'est cette prise de conscience que la bourgeoisie veut entraver, dévoyer, affaiblir au travers d'incessantes campagnes menées depuis deux ans : sur l'Iran, sur l'Afghanistan, sur le Salvador, sur la Pologne, sur le pacifisme, etc...([3]). La campagne sur la guerre des îles Malouines se situe dans cette continuité ; c'est dans ce cadre qu'elle prend tout son sens.
La propagande de la bourgeoisie sert d'abord un but : faire oublier au prolétariat le terrain de la lutte de classe. Avec la guerre locale des îles Malouines, après l’Afghanistan, l'Iran, le Salvador, la bourgeoisie occupe la tête des prolétaires et tente de faire oublier l'essentiel. Elle cherche à habituer à l'idée de la guerre, à en faire le centre des préoccupations de la classe ouvrière, et ainsi la déboussoler. La propagande bourgeoise cherche à hypnotiser le prolétariat, comme le serpent qui paralyse ainsi sa proie avant de la tuer et de la dévorer.
Le corollaire des campagnes bellicistes, c'est la pacifisme. Enfermer le prolétariat dans le faux choix "guerre ou paix" ne vise qu'un but : faire accepter au prolétariat la "paix" capitaliste, c'est-à-dire la misère. La "paix" capitaliste n'est qu'un leurre, ce n'est que la préparation de la guerre impérialiste dans un système qui, depuis des dizaines d'années, ne survit que par et pour la guerre.
Tant que le sang n'avait pas coulé, l'aspect folklorique du conflit ne permettait pas un plein développement de la campagne à partir du conflit des îles Malouines. La bourgeoisie a tué ce qu'il fallait (des centaines de soldats) pour crédibiliser aux yeux du prolétariat mondial le danger de guerre. Faire peur avec la guerre, afin d'amener le prolétariat à oublier la perspective révolutionnaire qui se dessine, seule alternative réelle à la crise de l'économie capitaliste. Créer au sein de la classe ouvrière le réflexe de l'autruche afin que le prolétariat plonge la tête dans les sables mouvants du nationalisme.
La bourgeoisie n'avait pas procédé autrement lors des campagnes anti-terroristes : créer un sentiment d'insécurité en alimentant les campagnes à coup de bombes sanglantes, de statistiques et faits divers sur la délinquance, afin de justifier le renforcement de l'appareil policier, de diviser le prolétariat et renforcer son atomisation au nom de l'ordre social.
L'impact de la campagne sur les îles Malouines ne se mesure pas tant dans un embrigadement du prolétariat en Argentine ou en Grande-Bretagne derrière l'étendard national (ce qui reste on ne peut plus hypothétique et de toute façon provisoire), mais dans la peur de la guerre mondiale et les réflexes isolationnistes induits, derrière lesquels rode le nationalisme ([4]).
La campagne sur ia guerre des îles Malouines rejoint les campagnes qui l'ont précédée dans la tentative d'utiliser la peur de la guerre comme moyen de paralyser le prolétariat en lui faisant croire que toute instabilité sociale accélère le danger de guerre mondiale. Ce fut le thème véhiculé lors des grèves en Pologne : prétendre que la lutte des ouvriers polonais serait un facteur d'accroissement des tensions inter-impérialistes. C'est exactement l'inverse : la grève de masse en Pologne a constitué un frein aux tendances bellicistes de l'ensemble de la bourgeoisie mondiale. Le dispositif militaire du Pacte de Varsovie a été paralysé en même temps que l'économie polonaise ; les bourgeoisies des pays occidentaux, inquiètes des risques de généralisation de la lutte de classe en Europe, ont du également mettre leurs préoccupations militaires vis-à-vis du bloc adverse au second plan.
Pour isoler le prolétariat dans chaque pays, pour l'affaiblir, le nationalisme est une arme essentielle. C'est un réflexe isolationniste et nationaliste que la bourgeoisie s'évertue à recréer derrière le pacifisme, le neutralisme, le bellicisme, 1'anti-américanisme, 1'anti-totalitarisme, etc. Derrière le conflit des îles Malouines, la stratégie de la bourgeoisie se prof4-le : diviser le prolétariat pour mieux l'affronter.
Ce conflit truqué permet à la bourgeoisie au travers des "divisions" entre camps belligérants d'essayer d'opposer des fractions du prolétariat mondial à d'autres.
- Le déchaînement d'une violente campagne anti-USA en Amérique Latine a pour but, après la campagne sur le Salvador d'exacerber les sentiments anti-gringos, anti-yankee très vivaces en Amérique latine et ainsi d'opposer le prolétariat d'Amérique du Sud à celui d'Amérique du Nord. De la même manière les thèmes anti-coloniaux de la propagande argentine face à l'Alliance des pays développés, USA et Marché Commun visent à opposer le prolétariat des pays sous-développés à celui des pays développés. Dans les pays d'Europe de l'Ouest le prolétariat est appelé à soutenir l'effort de guerre de sa bourgeoisie au nom des valeurs occidentales, de la démocratie face au militarisme et au totalitarisme, les mêmes thèmes de propagande utilisés contre le bloc adverse, des forces du pacte de Varsovie.
Les grandes campagnes internationales de la bourgeoisie ont pour but essentiel dans la période actuelle, quelque en soit le prétexte, de développer les divisions au sein du prolétariat mondial, d'isoler chaque fraction de la classe ouvrière par rapport aux autres. Diviser pour régner, c'est toujours la même vieille recette éprouvée de la domination des exploiteurs.
La victoire que la bourgeoisie de tous les pays attend de la guerre des Malouines, ce n'est pas celle des armes, c'est celle de la propagande, du mensonge. Son but, ce n'est pas la domination sur un archipel de rochers, mais la domination sur le prolétariat.
GUERRE OU REVOLUTION
Avec le conflit des îles Malouines, ce qui se profile ce n'est pas immédiatement le spectre d'une troisième guerre mondiale, contrairement à ce que veut faire croire la classe dominante, c'est d'abord la préparation d'une attaque du prolétariat sur le plan économique, idéologique et militaire que la bourgeoisie met en place. C'est de cet ennemi-là que la bourgeoisie a peur.
Tous les palliatifs de la classe capitaliste pour faire face à la crise se révèlent impuissants. Les centres industriels sont touchés de plein fouet et le pire est à venir. L'affaissement du système économique mondial en son centre créé les conditions d'une explosion sociale au cœur du prolétariat mondial, là d'où le capital s'est élancé à la conquête du monde, là où se trouve l'enjeu des guerres mondiales, là où, au début du siècle, a été concrètement posée la question de la révolution prolétarienne : l'Europe.
La Pologne a été un avertissement pour la bourgeoisie mondiale. La dégradation accélérée de ses conditions de vie pousse la classe ouvrière vers un nouveau saut qualitatif de sa lutte et de sa conscience, au niveau international.
Les campagnes de division de la bourgeoisie ont pour but d'entraver ce processus qui mène vers la révolution communiste parce que c'est lui qui est à 1'ordre du jour.
Le chemin vers la guerre mondiale est barré par la dynamique de la lutte de classe prolétarienne. Le cours historique est vers des affrontements révolutionnaires et la bourgeoisie ne parvient pas^à embrigader le prolétariat mondial pour l'entraîner vers une guerre mondiale. La nature même du conflit des Malouines montre paradoxalement que la guerre mondiale n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour. L'importance des moyens mis en œuvre pour cette campagne est à la hauteur des appréhensions de la bourgeoisie.
Pourtant s'il n'est pas immédiat au niveau mondial, le danger de guerre,est toujours présent. Le capitalisme ne peut vivre sans guerre; d'une certaine manière le conflit des Malouines vient encore le démontrer. Le prolétariat, s'il ne veut pas être entraîné dans la guerre capitaliste, doit détruire le capital. Les armes qui sont expérimentées dans l'Atlantique Sud donnent un avant-goût de ce que prépare la bourgeoisie. Si le prolétariat ne réagit pas, elle n'en restera pas là.
Mettre fin à la guerre, c'est mettre fin au capital car les deux sont indissolublement liés. C'est ce que la bourgeoisie veut nous faire oublier. Plus que jamais, l'alternative reste la division du prolétariat et la guerre ou l'union de la classe ouvrière et la révolution.
J.J.
"Mais les "faucons ", comme les "colombes ", commencent à s'interroger 1 'effort militaire en temps de paix est-il la meilleure façon de sortir de la crise économique? Jusqu'où l'austérité peut-elle être imposée sans menacer les équilibres internes? " ("Le monde diplomatique", avril 82)
"Le problème de la défense européenne est sérieux, mais il est avant tout d'ordre politique et économique. Le risque en Europe n'est pas 1 ' invasion peu probable par l'URSS mais l'échec moral économique et politique qui pourrait faire le jeu de ce pays."(Citation du co-directeur de l’Institut des Sciences politiques de Washington idem)
Le problème numéro un que confronte la bourgeoisie aujourd'hui, c'est le danger d'affrontement avec la classe ouvrière. La presse et les théoriciens de la bourgeoisie eux-mêmes l'expriment de plus en plus clairement.
[1] Par ailleurs, 1'affrontement met face à face 1 'Argentine et la Grande-Bretagne, qui{, culturellement (150 000 argentins d'origine britannique), économiquement (la City de Londres a d'énormes investissements en Argentine) et militairement (la Grande-Bretagne fournit une part notable des armes qui massacrent ses propres soldats), sont des pays étroitement liés. Le Japon de son côté, aide 1'Argentine à faire face à ses dépenses de guerre en acceptant le report du paiement des dettes de celle-ci. Tous ces éléments ne peuvent que faire douter de la réalité des antagonismes
[2] En Argentine les tortionnaires sont soutenus par leurs anciennes victimes, les torturés de l'opposition. Le nationalisme efface tout. Là est le rêve de la bourgeoisie que les victimes acceptent leurs bourreaux et que les exploités vénèrent leurs exploiteurs.
[3] Sur la Pologne, voir Revue Internationale, N°27, 28 et 29. Sur le Salvador, voir le N° 25. Sur 1'Iran, voir Revue Internationale N°20 et 22.
[4] La bourgeoisie est friande de sondages, instruments d'intoxication sur le thème de "1 'opinion publique" et qui lui servent aussi d'indications sur l'impact de ses campagnes idéologiques. L'Institut Gallup a ainsi fait un sondage international sur le thème de "la défense de la patrie". En France, à un sondage IFRES-Wickert, 47 % des personnes interrogées pensent que 1 'affaire des Malouines peut déboucher sur un conflit mondial, tandis que 87 % des allemands de l'Ouest estiment que les risques d'une guerre mondiale a augmenté à cause de ce conflit. Corollairement, face à cette peur, le vieux réflexe nationaliste joue au travers de la volonté saine mais détournée de rester en dehors du conflit : 61 % de gens en France s 'opposent au soutien à la Grande-Bretagne si cela devait impliquer un engagement ; 75 % des allemands réclament une stricte neutralité. En partie, ces chiffres montrent un manque d'adhésion à la guerre.