Soumis par Révolution Inte... le
Plus que jamais, le Proche et le Moyen-Orient s’enfoncent dans le chaos et la barbarie, entraînant les populations dans une spirale de misère et d’horreurs sans fin.
Le capitalisme tue : de la Palestine…
En Palestine, avec la suspension par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne du financement de l'Autorité palestinienne après le succès électoral du Hamas, la situation humanitaire se dégrade dangereusement dans la bande de Gaza.
Sur le plan humanitaire et sanitaire, la détérioration de la situation n’a jamais été aussi forte alors que les tensions à l’intérieur de ce vaste camp de concentration que constitue Gaza explosent. Ainsi Gaza n'est plus qu'une vaste prison à ciel ouvert où plus d’un million et demi d'habitants, dont la moitié ont moins de 15 ans, perdent tout espoir, parce que prisonniers d'une absence totale d'ouverture sur l'avenir. "Imaginez un bidonville de 30 kilomètres sur 10 avec l'une des densités démographiques les plus fortes de la planète" (Le Courrier, journal suisse daté du 23 mai). Les bombardements quotidiens le long de la ligne verte séparant Israël de Gaza éprouvent en permanence les nerfs des Palestiniens, avec parfois une explosion toutes les cinq minutes. De plus, le blocus imposé par Israël, en principe mesure politique à l'encontre du Hamas, fait payer le prix fort à la population : Karni, unique point de passage pour les marchandises entre Gaza et Israël, a été fermé soixante jours au cours des trois derniers mois. Par conséquent, non seulement les approvisionnements sont devenus rares et irréguliers mais les prix des denrées de base, lait, pain, poisson, flambent.
Aussi, la "feuille de route" que cherchait à imposer Bush en 2004 est non seulement restée lettre morte mais a été le levier d'une aggravation majeure de la situation dans les territoires occupés, entre Palestiniens et Israéliens, et des tensions entre les fractions palestiniennes. Le Fatah et le Hamas, après des mois de règlements de compte plus ou moins directs, en sont aujourd'hui à l'affrontement armé ouvert et quasi-permanent. Le "dialogue national" qui s’était ouvert entre les deux fractions palestiniennes a débouché sur un regain de violences dans les rues. Aussi, la perspective d'un gouvernement palestinien stable n'est plus qu'un vague souvenir et se trouve rejeté aux calendes grecques. Dans une telle situation, les populations palestiniennes sont prises dans le faux choix de subir passivement les exactions des uns et des autres, ou de s'engager pour l'une ou l'autre des factions en présence, et en définitive d'être toujours le jouet d'enjeux dont elles seront inévitablement les victimes.
De son côté, l'Etat israélien mène une politique de plus en plus violente et agressive à leur égard, multipliant les attaques à l'intérieur des zones palestiniennes et manifestant une agressivité guerrière de plus en plus marquée à l'égard des pays arabes, en particulier de l'Iran. Ce qui ne peut que pousser à son paroxysme le nationalisme palestinien et arabe, ainsi que les sentiments anti-juifs justifiant la recrudescence d'attentats-suicide en Israël.
Cela est d’autant plus vrai que les Etats-Unis sont contraints de soutenir presque inconditionnellement cet allié que représente Israël et sa politique impérialiste de plus en plus brutale, dans le contexte de leur affaiblissement au Moyen-Orient. Cet affaiblissement est particulièrement marqué par l’échec politique de leur offensive en Irak qui n'a fait que plonger ce pays dans une guerre civile totalement incontrôlable.
… à l'Afghanistan
En Afghanistan, depuis novembre 2001, date à laquelle les Etats-Unis avaient lancé l'opération militaire "Liberté immuable" suite à l'attentat contre les Twin Towers et sous le prétexte de la "lutte contre le terrorisme international", la situation ne cesse de s’aggraver. Le marasme économique et politique qui ne pouvait que résulter de l'après-Etat taliban, avec la constitution d'un gouvernement fait de bric et de broc, assemblage hétéroclite de factions particulièrement arriérées, aux mœurs de gangsters qui se nourrissent essentiellement du commerce et de l'idéologie mafieuse liés au trafic de drogue, a permis aux taliban de regagner petit à petit du terrain, malgré la présence militaire occidentale. C'est pourquoi la bourgeoisie américaine, devant leur agressivité grandissante et en perspective du retrait progressif prévu pour cette année de ses propres troupes, vient de lancer une récente opération de "nettoyage" dans le Sud afghan, nommée "Lion des Montagnes".
A coups d'obus de 30 mm, tirés à la vitesse de 4000 par minute (!) par les avions A-10 Thunderbolt, les opérations commencées depuis mercredi 17 mai ont déjà fait "officiellement" près de 340 morts chez les taliban, et quatre chez les forces de la "coalition internationale" (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, France). Cette offensive est une des plus sanglantes, voire la plus meurtrière, depuis l'attaque américaine de novembre 2001. Et, comme à cette époque, les populations civiles ne sont pas épargnées. Ainsi, dans le village d'Azizi, dans la province d'Oruzgan au Sud de l'Afghanistan, les bombardements américains contre les taliban ont fait 30 à 60 morts chez ces derniers mais surtout des dizaines de victimes dans la population civile, au sein de laquelle s'étaient réfugiés les "combattants d'Al Qaïda". La justification de l'état-major américain, par son porte-parole Tom Collins, concernant ce massacre de la population est la suivante : "La vraie raison pour laquelle des civils ont été blessés et tués, c'est parce que les taliban ont décidé en toute connaissance de cause d'occuper les maisons des victimes dans cette zone. Ce sont eux qui n'ont aucune considération pour les civils." "C'est une loi commune en droit international que d'avoir le droit de se défendre. Quand nos troupes sont prises pour cible, elles se défendront." (1). Le colonel Collins précise encore que les forces aériennes ont "utilisé des tirs de précision" sur les habitations, sans savoir "qu'il y avait des civils dans les habitations" (1). A cette déclaration d'un cynisme sans borne en répond une autre, celle du gouverneur de la province de Kandahar, Asadullah Khalid :"Ce genre d'accident arrive durant les combats, surtout quand les taliban se cachent dans des habitations. Je demande vraiment aux gens de ne pas leur donner abri." ([1]) En résumé, les meurtres massifs de populations ne sont que des "accidents" et, en définitive, si on réfléchit bien, de la faute même des civils, puisqu'ils hébergent "volontairement" des combattants.
Le CCI a toujours affirmé que les opérations militaires américaines en Afghanistan et en Irak, particulièrement meurtrières, ne pouvaient avoir pour issue qu'une aggravation du chaos destructeur qui règne au Moyen-Orient comme sur des zones de plus en plus larges de la planète. Ce qui se passe sous nos yeux est un condensé particulièrement expressif de l'avenir que nous offre les grandes puissances et le système capitaliste qu'elles défendent.
Mulan (26 mai)