Soumis par Révolution Inte... le
Aujourd'hui, l'accumulation
d'atrocités comme actuellement en Irak, la généralisation
du terrorisme et l'accélération brutale des attaques contre
les conditions de vie de la classe ouvrière (réforme des
retraites, de l'assurance chômage et maladie) suscitent inexorablement
une série d'interrogations croissantes chez cette dernière
et plus particulièrement au sein de ses minorités les
plus avancées.
Quel avenir nous réserve cette société ? Quelle
signification peut-on donner à toutes ces attaques ?
Dans ce flot de questionnements, qui offre un terrain propice au développement
d'une réflexion en profondeur dans la classe ouvrière
sur la nature du capitalisme, il est tout à fait légitime
de se demander de quelle façon une organisation telle que Lutte
Ouvrière (qui prétend être révolutionnaire)
participe à la fructification de ce processus. La question est
d'autant plus légitime que vient de se dérouler, du 29
au 31 mai, l'édition 2004 de la fête de LO.
Enfin, l'enjeu pour LO (et la LCR) est aussi d'éluder la question
de leur implication dans l'épuisement des enseignants. Les trotskistes,
en 2003, avaient tout mis en œuvre pour que ces derniers, après
plus d'un mois de conflit, aillent jusqu'au bout de leurs forces et
soient complètement dégoûtés de la lutte.
Dans le forum que LO avait animé en 2003 sur les luttes dans
l'Education nationale, l'exposé introductif déclarait
notamment : "Ce n'est pas le mouvement qui s'essouffle, c'est le
gouvernement qui manque d'air." Le mot d'ordre trotskiste était
alors de nier purement et simplement la réalité de l'état
du mouvement, c'est-à-dire l'essoufflement. Ainsi, en faisant
croire aux enseignants que la grève "se généralisait"
et que le gouvernement était sur le point de céder, les
groupes trotskistes comptaient emmener les prolétaires dans un
voyage jusqu'au bout de la démoralisation (voir à ce sujet
RI n°337).
Néanmoins, face à la réalité de plus en
plus cauchemardesque du capitalisme, les questionnements restent et
le silence ne suffit pas. Alors quelles réponses met en avant
LO ? Quelle perspective cette organisation soi-disant communiste propose-t-elle
à la classe qu'elle prétend défendre ?
D'abord aller voter. Même si LO, comme caution de sa "radicalité
révolutionnaire", s'est présentée tout au
long de sa fête comme "anti-électoraliste". Comme
toujours LO manie le double langage. La participation systématique
de LO aux élections à l'image de sa porte-parole Arlette
Laguiller, éternelle candidate aux présidentielles depuis
1974, mais aussi des dernières régionales et européennes,
parle d'elle-même. Dans son allocution du 29 mai dans l'enceinte
de la fête, Arlette Laguiller déclarait d'ailleurs : "Nous
participons à ces élections [européennes]. Un courant
comme le nôtre, qui a pour programme de défendre les intérêts
politiques de la classe ouvrière (…) doit être présent
dans une telle campagne électorale." Mais LO n'entend
pas faire de la figuration, comme en témoigne cette profession
de foi de LO/LCR pour les élections régionales de mars
dernier : "En votant pour les listes conduites par LO et la
LCR, vous pouvez élire dans les conseils régionaux des
hommes et des femmes qui représenteront les intérêts
des travailleurs." LO ne se présente-t-elle pas avec
un "programme : "Faire payer les riches", "interdire
les licenciements pour les entreprises qui font des bénéfices"
et les réquisitionner au passage. En somme, le message consiste
à dire aux ouvriers que, s'ils veulent se défendre, ils
doivent se livrer pieds et poings liés à un ennemi redoutable,
le premier des capitalistes, l'Etat et à son système législatif.
Dans cette logique promue par les organisations trotskistes, les prolétaires
sont réduits au statut inoffensif de citoyen dont le premier
devoir est d'aller voter. Ainsi, la perspective est toute tracée
: la voie démocratique des urnes bourgeoises pour réformer
le monde capitaliste.
Voilà comment concrètement LO donne de la chair aux mystifications
démocratiques pour mieux brouiller la perspective communiste
du prolétariat.
LO va même plus loin, en apportant un inestimable soutien à
la gauche, tout en s'en défendant la main sur le cœur ;
mais comment comprendre des discours se "réjouissant"
de la défaite de la droite sanctionnée par "un vote
qui fait plaisir" (voir à ce sujet RI 346), si ce n'est
comme un salut à la victoire de la gauche ?
Dans ces conditions, l'intervention des révolutionnaires est
cruciale (une responsabilité très largement assumée
par le CCI). En effet, nos interventions dans les divers forums de discussions
de la fête trotskiste avaient pour objectif non seulement de dénoncer
et combattre le réformisme diffusé par LO mais aussi de
susciter une réflexion sur la réalité de ce système,
à savoir sa crise historique irrémédiable et la
nécessité pour le prolétariat de le mettre à
bas à travers le développement de ses luttes. Par exemple,
au cours du forum dédié à la réforme de
la Sécurité sociale, alors que LO, exactement comme pour
les retraites, nous a resservi son vieux couplet "faisons payer
les patrons", l'intervention du CCI s'est efforcée de démontrer
pourquoi la classe dominante procède aujourd'hui au démantèlement
de "l'Etat-Providence". En quoi la faillite du capitalisme
contraint la bourgeoisie à défaire un système d'assurance
maladie dont elle avait par ailleurs besoin pour soigner et réparer
la force de travail des prolétaires. Puisque l'extraction de
la plus-value (à la base du profit) ne s'obtient que par l'exploitation
de la force de travail, si cette dernière n'est pas entretenue
elle devient très vite inexploitable ce qui est la pire chose
qui soit pour un capitaliste. Par conséquent, ce n'est pas par
cupidité, comme veut nous le faire croire LO, que la bourgeoisie
saigne le prolétariat mais parce que la crise insurmontable de
son système l'y conduit forcément. Dès lors, toute
proposition de contre-réforme façon LO pour une meilleure
gestion des richesses est un leurre pour détourner les ouvriers
de la seule réponse possible, la révolution communiste.
De même, lors du forum consacré à l'altermondialisme,
l'exposé de LO s'est entouré de nombreuses précautions
pour se démarquer de ce mouvement taxé de réformisme,
qualificatif en soi tout à fait juste. Mais, comme l'a montré
notre intervention, si le mouvement altermondialiste relève de
l'idéologie réformiste, LO n'a absolument aucune leçon
à recevoir en ce domaine. De plus, malgré sa posture condescendante
vis-à-vis de l'altermondialisme et son air de ne pas trop y toucher
(bien qu'elle se retrouve main dans la main à de nombreuses occasions
avec la LCR, organisation trempée jusqu'au cou dans cette mouvance),
LO n'hésite pas à apporter un crédit à ce
mouvement créé de toute pièce et financé
de bout en bout par la classe dominante (voir RI n°341). Quoi d'étonnant
à cela puisque leurs objectifs sont communs, à savoir
: pourrir la réflexion de la classe ouvrière et de ses
minorités les plus avancées en les plongeant dans le purin
réformiste. Comme LO l'a répété dans un
forum et l'a aussi mis en avant dans son organe Lutte de Classe n°77,
"nous n'excluons pas d'être solidaires de certaines de
ses initiatives [du mouvement altermondialiste] et de nous retrouver
ponctuellement dans certains de ses combats, voire de participer à
certaines de ses manifestations, exactement comme nous pouvons participer
ou être solidaires d'actions ou de manifestations du PCF…"
Et voilà comment la boucle est bouclée. La solidarité
avec l'altermondialisme ne pouvait que se confondre pour LO avec la
solidarité qu'elle doit aux partis bourgeois qui le compose parmi
lesquels se comptent le PS et le PCF. C'est ce que nous avons pu constater,
une fois de plus, à la fête de Presles lors d'un forum
intitulé "Où va le PCF ?" et où toute
la rhétorique infâme de LO s'ingéniait à
nous faire croire qu'en dépit de sa direction pervertie, le PCF
reste animé d'une vie prolétarienne ! Belle preuve de
solidarité de LO envers son frère de classe pour redorer
le blason d'un parti aujourd'hui à des années lumières
de la classe ouvrière, qui fut l'un des fers de lance de la contre-révolution
stalinienne des années 1930 et un pourvoyeur de chair à
canon sans pareil au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Pendant la fête de LO, tous les moyens nécessaires ont
été mis en oeuvre pour qu'aucune réflexion en profondeur
ne puisse voir le jour. En fait, le combat que mène LO est celui
de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, un combat contre
le développement de sa conscience et de ses luttes.
Au cours de cette fête de LO, le CCI (avec l'appui de ses sympathisants)
a assumé son rôle d'organisation révolutionnaire
en intervenant le plus largement possible pour combattre les entraves
posées et les poisons idéologiques déversés
par les trotskistes. A l'avenir, comprendre la nature contre-révolutionnaire
du trotskisme sera pour le prolétariat une condition incontournable
pour qu'il se réapproprie sa perspective, celle de la révolution
communiste.