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Revolution Internationale N°11 - septembre - octobre

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L'irrésistible chute du capital français

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En quelques mois, l'espace d'un été, la situation s'est brusquement aggravée pour le Capital français. Alors qu'au début de l'été, le premier ministre Chirac déclarait triomphalement: "La France est épargnée',' une cascade de faillites dans les petites entreprises, une brusque flambée de chômage, l'accentuation de l'inflation ont provoqué un vent de panique dans la classe capitaliste: "Nous allons inéluctablement vers une crise économique dont personne ne peut imaginer l'ampleur.

Nous vivons la fin d'un monde.", déclare le Crésus de la boutique, Edouard Leclerc. (Entreprise N°992) A l'heure actuelle, les économistes bourgeois ne voient pas l'économie française sortir du bourbier où elle s'enlise avant 1980, voire même 1990. On ne cesse d'évoquer 1929: la chute irrésistible de la bourse qui s'est accélérée pendant les vacances permet à un journal officiel de constitution et de dissolution de sociétés (Petites affiches N° 103) d'affirmer: "Nous sommes très exactement... dans la même situation qu'en 1929, avec les coussins et les matelas en plus. Nous vivons un krach silencieux et différé...Tout le reste est vent dans les roseaux".

LA CRISE MONDIALE FRAPPE LE CAPITAL FRANÇAIS

La bourgeoisie française ne se fait donc plus aucune illusion: les lendemains ne chanteront pas.

Si la "France est épargnée", c'est seulement jusqu'à la fin de l'année. Elle "est épargnée" parce qu'apparemment elle dispose de plus d'atouts que l'Angleterre et l'Italie: une monnaie (encore) stable, une inflation relativement "modérée" (15% contre 16,57 pour l'Angleterre, 207 pour l'Italie et 307 pour le Japon), et surtout un taux de croissance encore nettement positif (4,757), alors que beaucoup d'autres pays sont en-deçà de la "croissance zéro"

(U.S.A -2,77; G.B.:-67; Japon:-6,57.). Elle bénéficie également d'une moindre dépendance par rapport au marché mondial: la production agricole très diversifiée réduit la part des importations; la part des importations dans l'industrie nationale est seulement de 157 (contre 207 en Allemagne). C'est cela qui permet à la bourgeoisie française d'espérer n'être frappée par la crise qu'à retardement, comme ce fut le cas après 1929 (la crise devient effective à partir de 1932).

Pour l'instant, les grosses entreprises semblent avoir encore quelques beaux jours à vivre: Peugeot embauche 800 ouvriers à Mulhouse et Berliet -qui vient de s'ouvrir des marchés au Moyen Orient- 1000 ouvriers. Appliquant le cri de guerre de la bourgeoisie en période de crise: "exporter", elles font partie de ces cent entreprises qui assurent 407. des exportations. L'industrie sidérurgique tourne au maximum de ses capacités et l'industrie d'armements est débordée de commandes. C'est cette situation que reflète Ceyrac, chef du C.N.P.F lorsqu'il déclare au début septembre: "la situation économique de la France est encore exceptionnellement bonne par rapport à tous les autres pays, y compris les Etats-Unis."

Néanmoins, de sinistres craquements se font entendre au sein du grand capital.

En l'espace de quelques mois, il vient de se produire: les faillites des usines de remorques Titan-Coder mettant au chômage 2700 ouvriers; la liquidation du France, symbole de l'expansion du capital*français au début des années soixante, liquidation qui entraîne le licenciement de 2000 marins invités à chercher du travail dans l'industrie hôtelière. On annonce aussi le licenciement de 6000 ouvriers à la SNIAS (ex-Sud Aviation). De sombres nuages s'amoncellent sur l'industrie automobile depuis un an (Citroën) et sur l'industrie lainière (-20% en l'espace d'un an à la veille de l’été): ce sont des milliers de licenciements qui guettent à l'avenir les travailleurs de ces industries.

A l'avenir, sinon dans l'immédiat, la "croissance zéro" ou plutôt la croissance négative va devenir réalité.

Sur le plan financier c'est carrément la ruine à plus ou moins brève échéance.

Alors que les marchés se rétrécissent comme peau de chagrin ne laissant la place qu'aux plus forts (USA, Allemagne, Japon ) que le commerce mondial se ralentit, que les exportations sont amenées à décroître dans l'économie française, la part des importations en valeur ne cesse de croître au sein de celle-ci. Le déficit commercial, du fait du renchérissement du coût des matières premières, est déjà de 11,7 milliards de francs. Selon l'OCDE, l'équilibre de la balance commerciale ne serait pas rétabli à la fin de 1975, ce qui signifie à terme une banqueroute à l'italienne.

Point ne sera besoin d'attendre si longtemps: déjà, aux dires des commentateurs bourgeois, la bourse française affronte son "septembre noir" (chute de -30% en moins d'un an des valeurs françaises). "Entreprise" parle même du danger d'un nouveau "Herstatt[1]" en France devant les krachs bancaires qui affectent les Etats-Unis et surtout l'Allemagne. Le krach est donc déjà là, même s'il est encore "silencieux et différé". .

La situation est si grave pour la France comme pour toutes les autres puissances capitalistes qu'une rencontre des représentants du grand capital international a eu lieu au château de Champs-sur-Marne, en vue d'établir un contrôle des changes et de soutenir les banques défaillantes: comme dans un château de cartes, la banqueroute d'une puissance capitaliste ne peut qu'entraîner celle de toutes les autres.

La situation relativement "privilégiée'’ du capital français, si l'on songe à la situation catastrophique de l'Angleterre, de l'Italie (production de -20% chez Fiat en un an) ou même du Japon (krach d'un important "zaibatsu" de l'électronique) sera donc d'une très courte durée.

LES PREMIERES VICTIMES: MOYENNE ET PETITE BOURGEOISIE

Ce sont les petits patrons et aussi les petits commerçants.

a)  Les petites et moyennes entreprises.

Au même moment où Ceyrac chantait victoire Gingembre, le porte-parole des PME déclarait: "Les restrictions de crédit constituent un lent étranglement des entreprises industrielles qui doit conduire inéluctablement au chômage total et puis à la liquidation judiciaire ou à la faillite." La politique déflationniste menée par Giscard et qui s'est manifestée par la hausse du loyer de l'argent et le blocage des crédits par les banques aux PME a entraîné des faillites en cascade (tanneries d'Annonay, La Prairie en Charente). Durafour, ministre du travail, avoue que deux cents dossiers de petites entreprises sont entre ses mains. Les dépôts de bilan se multiplient et les cabinets de syndics sont débordés (6000 dépôts en un an: + 23% par rapport à 73).

Jusqu'ici le mécontentement des petits patrons s'est exprimé de manière verbale, dans les colonnes de l'Aurore ou du Nouvel Observateur.

Ce sont les paysans et les petits commerçants qui ont tenu le devant de la scène cet été par des explosions de violence (notons que depuis un certain temps, la petite bourgeoisie étudiante ne tient plus le haut du pavé) Les paysans.

En France comme dans toute la CEE ce sont eux qui ont fait le plus parler d'eux. Rien qu'en un an, le revenu global des paysans a baissé de 15%. Ils sont donc descendus sur les routes avec leurs tracteurs ou ont attaqué les préfectures comme en Corse. Laminés par l’inflation, ils demandent une réévaluation des prix agricoles, alors que le gouvernement mène une politique de blocage des prix. Couche condamnée à la ruine par le grand capital, elle tente de survivre en se raccrochant à son capital national: elle demande à la bourgeoisie la fermeture des frontières et, pour l'obtenir, s'attaque aux camionneurs étrangers qui transportent des produits agricoles, comme on a pu le voir dans le Nord. Bref, ce qu’elle demande à ses maîtres c'est de survivre, que la bourgeoisie soit "nationale", pour tout dire, protectionniste.

En tout cas, pour le moment du moins, le grand capital n'a pas l'intention de relever les prix agricoles(l)[2],il s'agit de juguler l'inflation pour éviter à la fois la banqueroute financière et une explosion prolétarienne. Cependant, lorsque ce géant endormi, le prolétariat, deviendra menaçant, la bourgeoisie, par calcul politique, n'hésitera pas à céder, au mépris de ses intérêts immédiats, à accorder ce que demande la paysannerie: la hausse des prix agricoles. Il s'agira en effet pour la bourgeoisie de trouver des alliés contre le prolétariat.

b)  Les commerçants.

Pour les commerçants, les mêmes causes ont conduit non à un affrontement avec l'Etat mais à un conflit entre gros et petit commerce.

La crise qui s'est manifestée par l'augmentation de leurs impôts, le blocage plus ou moins autoritaire des prix (campagne du 5% de baisse volontaire menée par le gouvernement), le blocage des crédits ont précipité les faillites dans la petite boutique. Alors que leur mécontentement s'était manifesté l'an dernier contre l'Etat (attaques de perceptions, bagarres avec les CRS), il s'est tourné cette fois contre les grandes surfaces, chargées de tous les péchés du monde. Face au petit commerce symbolisé par Nicoud, les grandes surfaces par la voix de Leclerc, demandent l'abolition de la loi Royer, favorable aux petits commerçants, laquelle freine, sinon stoppe, l'implantation de celles-ci.

Tel est le sens des violents affrètements entre les troupes de Nicoud et celles de Leclerc qui ont éclaté à Rochefort à propos de l'extension des magasins Leclerc. Le fait que les troupes de Nicoud aient eu le dessous est significatif: il montre l'inéluctable disparition d’une couche de petits boutiquiers parasitant le système de distribution capitaliste. L'Etat capitaliste qui souhaite réduire les prix pour, en même temps, lutter contre l'inflation et éloigner la colère ouvrière face à la hausse des prix galopante, ne peut que favoriser maintenant (après avoir favorisé l'an dernier pour des motifs électoraux la petite boutique par la loi Royer), le développement des gros distributeurs qui, par leur concentration, peuvent se permettre des marges bénéficiaires plus petites et donc des prix moins élevés.

Il est à noter que, pendant ces événements ni les paysans ni les commerçants n'ont songé à s'attaquer au prolétariat ou à le rendre responsable de la situation actuelle. Les syndicats d'exploitants agricoles, Nicoud et Leclerc, n'ont cessé de proclamer qu'ils étaient le meilleur défenseur du brave consommateur ouvrier. Belles paroles et distributions gratuites de vin et de viande auront alterné pendant ces événements.

c)  Et le prolétariat ?

La peur qu'il lui inspire, le spectre de 68, explique que la bourgeoisie ne se soit pas encore attaquée directement à lui.

Jusqu'ici, la classe ouvrière française a conservé son ancien niveau de vie malgré l'inflation. Aux dires des économistes pour 1974, la hausse moyenne des salaires devrait être de 207 «pour une hausse des prix de 157» (on en est à 13% en septembre). Ce caractère encore "privilégié" du prolétariat français par rapport à ses frères de classe italiens, anglais, et même américains qui ont vu leur niveau de vie diminuer, explique que les ouvriers ne se soient guère manifesté depuis presque un an, même s'ils ressentent avec inquiétude les vertigineuses hausses des prix ou la diminution de la température dans les immeubles pour cet hiver.

La réaction du prolétariat à la crise se manifeste essentiellement dans "la défense de l'hmploi": les ouvriers des usines liquidées occupent les lieux de travail ou manifestent dans la rue (Titan-Coder à Maubeuge et Marseille, occupation du France, occupation des tanneries d'Annonay).

Il s'agit là d'une réaction défensive d'un tout petit secteur du prolétariat qui suit encore les consignes syndicales de "défense de l'outil de travail".

C'est à la fin de l'année que l'affrontement risque de se produire et sans doute d'abord dans 1’automobile, qui a été obligée de réduire sa production et qui, malgré cela, n'arrive pas à écouler ses stocks.

Pour des raisons de paix sociale, les industries de l'automobile ont maintenu l'emploi; il semble inévitable que le capital s'attaque aux travailleurs de ce secteur.

Ce qui veut dire, étant donné l'effet d'entraînement des ouvriers de l'automobile sur l'ensemble des travailleurs, un affrontement inévitable du prolétariat au capital.

En tout cas, pour le moment, le prolétariat se place dans l'expectative. Une veillée d'armes avant la guerre de classe.

LES GRANDES MANŒUVRES DU CAPITAL

Elles se situent à trois niveaux: le gouvernement, la gauche, les gauchistes, face à leur ennemi commun: le prolétariat.

a)  Le gouvernement essaie de faire oublier la crise. Giscard continue la politique qu'il a entreprise depuis sa venue au pouvoir: celle de la poudre aux yeux par toutes sortes de mesures libérales.

Après le vote à 18 ans, la pilule libres et presque gratuite, il continue sur cette lancée. Il préconise l'abolition de la censure cinématographique. La lecture des journaux, sauf celle de quelques feuilles antimilitaristes est autorisée dans les casernes: les gauchistes devront donc trouver d'autres "libertés démocratiques" à obtenir et aller gesticuler ailleurs. Bien plus -ce qui a fait frémir plus d'un bourgeois de droite pas encore habitué à ces hardiesses-, Giscard n'a pas hésité à aller visiter une prison à Lyon et à serrer la main d'un prisonnier après les émeutes du mois di juillet: ce qui est "un comble" de la part du chef de l'ordre social existant avec ses tribunaux et ses prisons!

Chez les gaullistes l'heure est à la main tendue vers les communistes. Après Charbonnel (gaulliste "de gauche") prêt à s'entendre avec les communistes, les jeunes gaullistes ont rencontré les jeunes communistes. Soucieux de se frayer une place au soleil des postes ministériels et aussi antiaméricains et nationalistes les uns que les autres, les compères ne peuvent que s'entendre. Encore une fois on voit qu'il n'existe aucune différence de fond dans le programme des diverses fractions du capital.

Malgré la grogne gaulliste, Giscard a la situation bien en main. Le "Nouvel Observateur", et avant lui Lecanuet, faisait remarquer à juste titre que Giscard était en train de réaliser tout le programme de la gauche. Bref, une concurrence déloyale de la part de la droite qui se met à empiéter sur les chasses gardées de la gauche.

b)  La gauche se prépare à son rôle de gestionnaire du capital en crise. Malgré les appels du pied de Lecanuet aux socialistes pour s'entendre et gouverner dans l'avenir sans les communistes elle est restée unie.

Elle cherche à montrer que face à la crise économique, à la décomposition sociale c'est elle seule qui peut se charger de maintenir l'ordre.

Les syndicats ont repris la même chanson du calme nécessaire. Séguy parle de forcer le patronat à discuter avec lui, ce qui a fort étonné et même inquiété le patronat qui attendait de ses commis de se montrer plus crédibles vis-à-vis de la classe ouvrière.

En tout cas, chez les syndicats, il s'agit d'interdire toute lutte ouvrière:

  • "La CGT a eu plusieurs fois l'occasion, par la voix de ses militants les plus autorisés, de préciser qu'elle n'entendait pas compromettre par des exigences immédiates, insoutenables pour l'économie du pays, la réalisation d'un programme de la gauche qu'elle a soutenu depuis son origine." (Séguy au Figaro)

De leur côté, les partis de gauche aiguisent leurs armes gouvernementales.

Le P.S s'apprête à devenir un grand parti social-démocrate. La bourgeoisie française -qui dans son ensemble est pro-américaine, par nécessité- préfère avoir un parti de gauche atlantiste contrebalançant le P.C encore pro-russe. Un tel parti, plus démocratique, ne peut que favoriser l'emprise de la bourgeoisie sur la classe ouvrière. Cette emprise du P.S, fort réduite d'ailleurs, sinon insignifiante commence à s' exercer par l'intermédiaire de la CFDT; l'adhésion prochaine du PSU au PS ne pourra que favoriser cette entreprise par l'apport d'éléments, ouvriers. Les trotskistes vont donc à nouveau s'interroger, et s'interrogent déjà sur la possibilité d'entrisme dans la nouvelle organisation "ouvrière". La grande maison est toute grande ouverte pour les enfants prodigues.

C'est le PC qui prépare le plus soigneusement son accession de futur garde- chiourme gouvernemental. Apparaissant comme le grand parti démocratique (grande fête de l'"Humanité" à La Courneuve) il lance une campagne de recrutement pour couper l'herbe sous le pied de son rival socialiste, ouvrant toutes grandes les portes de ses cellules. Pour montrer qu'il sera un parti social-démocrate comme les autres le PC ne manque pas une occasion de prendre ses distances à l'égard de la politique russe (vente des livres de Soljenitsyne à la fête de l'"Humanité", protestations contre la répression en URSS).

C'est lui qui représente le mieux le programme du capitalisme d'état qui s'impose à la bourgeoisie en période de crise, en dénonçant le capitalisme "monopoliste d'état" qui serait... occidental et non russe!

  • "Globale, elle (la crise) affecte tous les domaines: économique, social, politique, culturel, idéologique, moral. Permanente, elle n'est pas une crise de conjoncture. Il s'agit de la crise du système capitaliste à son stade actuel où s'interpénètrent les monopoles et l'Etat, la crise du capitalisme monopoliste d’Etat".

Et, bien entendu, pour montrer que le capitalisme d'Etat ne subit pas la crise et que c'est le socialisme, on déclare: "Les pays socialistes ignorent l'inflation, la flambée des prix, le chômage, l'insécurité de la vie qui règnent dans le monde capitaliste." (Projet de résolution au XXI° Congrès extraordinaire) Ce type de propagande pro-russe risque d'ailleurs de disparaître étant donné l'état de crise avancée dans le bloc de l'Est (grèves sur les chantiers polonais de la Baltique en juillet; crise économique en Tchécoslovaquie)

Le PC représente en tout cas la défense la plus acharnée du capital national dans le sens le plus chauvin et le plus protectionniste. Ainsi, Ballanger, dirigeant du PCF, déclarait aux chambres d'agriculture qu'il fallait l’arrêt des importations qui concurrencent la production française et une véritable aide aux exportations.

c)  Les gauchistes. Il est significatif que l'aile extrême du capital ait gardé le silence sur la crise dans ses journaux. Ils ne sont pas appelés pour l'instant à des responsabilités gouvernementales et leur rôle est de rabattre vers la gauche les ouvriers qu'ils influencent. Par exemple, Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), préconise un soutien pur et simple de la gauche: "C'est aux syndicats ouvriers, c'est aux partis qui se réclament des travailleurs de proposer un plan d'action, s'ils sont vraiment dignes de la confiance que les travailleurs leur prêtent".

La gesticulation gauchiste a surtout porté cet été sur les commerçants, les paysans, les prisons et l'armée.

Expression de la petite bourgeoisie en décomposition, il est normal que les gauchistes défendent son existence. Ainsi les trotskistes à la suite des maoïstes et du PC, affirment que les "petits commerçants et les ouvriers ont des intérêts communs" (Lutte Ouvrière) et citent le programme de transition de Trotsky qui demande aux ouvriers de marcher "la main dans la main" avec les paysans et les petits commerçants.

Etrangers au prolétariat, il était normal que les gauchistes s'agitent sur les prisons et l'armée. Et de s'acharner à montrer que la révolte des prisons est une expression du prolétariat car la majorité des prisonniers est d'extraction ouvrière. Et de prétendre, comme le fait «Rouge',' organe du Front Communiste Révolutionnaire, que la manifestation de rue des soldats du contingent à Draguignan est révolutionnaire, sinon la révolution. C'est une excellente occasion pour eux de détourner l'attention du prolétariat du seul, vrai problème: l'affrontement organisé du prolétariat avec le capital et la destruction de ce dernier. Occasion aussi de se présenter comme les seuls vrais démocrates. "Rouge" N° 265 demande des "réformes" dans l'armée, "la solde à mille francs". Laguiller (Lutte Ouvrière, N° 316) chante les mérites de l'apprentissage des armes sur les lieux de travail et d'habitation, à l'exemple suisse.

Une fois de plus, les gauchistes assument pleinement leur fonction de rabatteurs du capital tachant de détourner les prolétaires de leur terrain de classe pour les placer sur le terrain des "réformes", de la défense de la petite bourgeoisie ou des marginaux, et donc, du capital national.

Lénine faisait déjà observer que la condition de la révolution prolétarienne était que "ceux d’en bas ne veuillent plus" et que "ceux d’en-haut ne puissent plus !"

La crise, encore lente en France, pour peu de temps, laisse le prolétariat dans l’expectative et permet toutes les manœuvres des forces politiques du capital.

Le fait nouveau en France ce sont les révoltes dans les prisons et l’armée, le cœur même de l’appareil de répression d’Etat. Ce sont des signes d’une décomposition sociale prononcée, au même titre que le développement de la drogue et de la pornographie. Le fait que la bourgeoisie voit son appareil de répression se gripper est un signe de son impuissance à contrôler la crise. Aussi met-elle rapidement en avant des mesures de réforme dans les prisons et l'armée, seule condition du maintien de son ordre social. Mais voir dans ces signes de décomposition une expression du prolétariat, comme le font les gauchistes, c'est nier que le prolétariat est la seule classe révolutionnaire dans la société. "Le prolétariat est seul contre toutes les autres classes" disait Gorter.

Pour les révolutionnaires, il est important de dénoncer sans relâche les gauchistes qui, de ces signes de décomposition sociale font l'essence de la révolution.

En France, sur toute la planète dominée par le Capital il ne peut y avoir qu'une révolution: PROLETARIENNE.

Si déjà la bourgeoisie montre qu'elle ne "peut plus", le prolétariat français sera tôt ou tard amené à ne "plus vouloir", "à faire irruption sur la scène politique" (comme le disait Trotsky quand il était encore un combattant du prolétariat), avec ses frères de classe du monde entier.


CHARDIN.


[1] Banque allemande qui a sombré

[2](1) Ce n'est pas seulement la bourgeoisie française qui est intransigeante mais encore plus celle d'Allemagne et des Pays-Bas qui, dans les négociations récentes de Bruxelles ont imposé un maximum de 57» de hausse des produits agricoles.

 

 

Situations territoriales: 

  • France [1]
  • Situation sociale en France [2]

LES COMMISSIONS OUVRIERES : UNE ILLUSION CONTRE REVOLUTIONNAIRE

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Toute organisation ouvrière de caractère permanent doit être analysée à partir des objectifs qu’elle poursuit. Dans le cas des commissions ouvrières, il existe une véritable résistance de la part des militants dits de "gauche" ou d’"avant-garde" à accepter l’idée que celles -ci soient orientées par une politique définie. Il existe toute une tendance qui voit dans les commissions ouvrières l’embryon de la future organisation de la classe sans autre objectif, dans le présent, que la "lutte contre l’exploitation".

Dans ce contexte, il est logique que ces militants pensent aussi que tout ouvrier combatif qui lutte se doive de rejoindre les commissions ouvrières. Il est logique également que, devant une dénonciation du caractère contre-révolutionnaire des C.O, ils n’y voient qu’une tentative de les liquider.

Pourtant, les C.O. ont effectivement une politique, et de plus bien définie et concrète : "La lutte contre la dictature et la lutte pour un syndicat de classe". Et ces objectifs politiques nous pouvons les trouver dans n’importe quel tract des commissions; nous les trouvons dans l’activité-pratique de ses militants.

Quels que soient leurs efforts pour faire semblant de l’ignorer, tous ceux qui appuient les commissions sont en fait en train de défendre la même politique qui en 36 s’est concrétisée par la consigne : "D’abord gagner la guerre, contre le fascisme, après la Révolution socialiste". La même qui essaye de faire croire à la classe ouvrière qu’en renversant le régime de Franco et en donnant le pouvoir à la fraction démocratique de la bourgeoisie, l’exploitation sera moins dure.

Le fait que les commissions ouvrières soient dans la pratique la seule organisation qui regroupe un minimum d’ouvriers en Espagne ne peut servir de justification à l’ouvriérisme de faux ouvriers disposés à accepter n’importe quelle politique, à la condition que la classe ouvrière s’organise.

Il est évident qu’il existe toujours des organisations "ouvrières" au sein du capitalisme. La preuve en est l’existence des syndicats de différentes tendances, des organisations corporatistes, etc. Mais le fait que ces organisations soient composées d’ouvriers ne signifie pas nécessairement que ce soient des organisations de la classe ouvrière.

Ce qui fait qu’une organisation est révolutionnaire, ce sont ses objectifs de classe. Si la classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire, c’est uniquement par la défense des objectifs de la classe ouvrière qu’une organisation peut jouer un rôle révolutionnaire.

Les positions défendues par les commissions ouvrières (lutte purement corporatiste, lutte syndicale, lutte antifasciste), ainsi que leurs formes organisatrices (hiérarchisation, bureaucratisation, domination occulte des partis politiques), les invalident comme organisations de la classe ouvrière, et ceci quel que soit le nombre d'ouvriers qui peuvent les rejoindre. La tâche des révolutionnaires est de lutter pour empêcher la classe de leur faire confiance.

Cependant, parler aujourd'hui des commissions ouvrières, c’est parler d’une poignée de militants des partis de "gauche" qui, dans l’usine, s’organisent en commission ouvrière. Plus de dix années de pratique syndicale et volontairement réformiste ont été suffisantes pour commencer à dévoiler au prolétariat le mensonge et la mystification constitués par les commissions ouvrières.

Mais, le fait que les commissions soient en crise ne signifie pas que la lutte de la classe ouvrière ne continue pas à se développer. La disparition de ses militants dans beaucoup d’entreprises, l’abandon de la commission par beaucoup d’ouvriers ont signifié dans un grand nombre de cas le renforcement de la lutte à travers d’autres organes, comme les assemblées d’usine, avec des comités contrôlés et révocables par l’Assemblée.

C’est à partir des années 69-70, quand -principalement en Catalogne et dans le nord de l’Espagne- coïncidant avec le début de la crise des commissions ouvrières, commencent à surgir des luttes d’une extrême dureté, qui sont toutes menées et dirigées par des assemblées d’usine, que la classe peut ainsi se passer des bons offices des C.O.

C’est pour cela que la critique des C.O. et leur dénonciation ne sont, d’aucune façon, une activité liquidationniste : C’EST LE MOUVEMENT OUVRIER LUI-MEME QUI PAR SA PROPRE LUTTE LIQUIDE LES COMMISSIONS. Mais, en même temps, le fait que les C.O. soient en crise ne signifie pas qu’elles aient disparu ou qu’elles soient en train de disparaître.

Le pouvoir contre-révolutionnaire des C.O. résident dans les positions qu’elles défendent, et ces positions, parce qu’elles sont celles de la bourgeoisie, ne disparaîtront pas avec les commissions mais, uniquement, avec la liquidation de la bourgeoisie. C’est pour cela que notre devoir de révolutionnaires consiste à dénoncer toutes les tentatives qui aujourd’hui, sous le nom de commissions ouvrières, et demain sous n’importe quel autre, tendent à faire dévier le prolétariat du chemin de la révolution prolétarienne pour le conduire dans l’impasse des luttes antifascistes, démocratiques ou de libération nationale.

NAISSANCE ET DEVELOPPEMENT DES COMMISSIONS OUVRIERES

Coïncidant avec l’accélération du développement industriel, la lutte pour l’amélioration des conditions de vie s’est peu à peu généralisée à toute l’Espagne.

En 1962, les conditions particulières et conjoncturelles de ce développement industriel - étape suivant le plan de stabilisation de 1959 - permettent aux ouvriers pour la première fois depuis 1939, de tenter de défendre leurs conditions d’existence contre les détériorations subies jusqu’alors, d’oublier les guerres et les cartes de rationnement des années précédentes et revivre à nouveau l’illusion du réformisme, sans craindre une répression inexpiable du capital. Avec l’apparition des conventions collectives, s’ouvre une étape de négociation salariale dans laquelle les travailleurs interviennent activement en faisant pression par leur lutte.

C’est dans cette situation (théoriquement favorable pour qu’aussi bien les vieilles organisations syndicales: C.N.T., U.G.T., que d’autres nées dans l’après-guerre d’Espagne : USO, OSO, ASO, puissent jouer un rôle significatif) qu’apparaît, indépendamment de tout groupe politique une forme d’organisation ouvrière pour la lutte revendicative, qui rapidement éclipse les autres organisations illégales: les commissions ouvrières, COMMISSIONS D’OUVRIERS ELUS PAR L’ASSEMBLEE D’USINE.

Cependant, il serait faux de déduire que la crise et le rejet des organisations syndicales existantes ont signifié le rejet du syndicalisme par la classe ouvrière. Les organisations syndicales qui existaient comme l’USO, l’OSO, l’ASO n’ont jamais réussi à se développer dans la classe ouvrière comme syndicats d’opposition au syndicat vertical CNS.

En réalité, ces organisations étaient constituées uniquement et exclusivement de quelques groupes de militants d’organisations politiques (PSOE, PCE) s’employant à maintenir les vieilles positions de la période républicaine.

Débordés par les premières assemblées massives et confrontés à la nécessité de contrôler le mouvement ouvrier, ils ont démonté leurs organisations syndicales pour tenter de dominer les commissions ouvrières en en faisant le syndicat qu’eux-mêmes n’avaient jamais réussi à construire. C’est pour cela que la rupture avec les anciennes organisations ne signifie pas la rupture avec les conceptions syndicalistes.

Les fait démontrent clairement que les C.O. se sont donné comme activité fondamentale la défense des intérêts économiques des travailleurs. A la base de toutes les luttes des C.O. on trouve depuis le premier instant les revendications économiques.

Bien qu’un grand nombre de luttes aient été, du point de vue revendicatif de grandes défaites, il n’est pas moins certain également que dans certains cas (principalement avant la récession internationale de 1967-1968, fortement ressentie en Espagne) le prestige et le renforcement numérique des commissions étaient dus justement à la possibilité d’obtenir des améliorations immédiates à travers leur lutte. La convention collective provinciale de la branche de la métallurgie, les améliorations obtenues par les mineurs asturiens, etc. ont constitué un important tremplin pour le développement des commissions dans toute l’Espagne.

Et ceci est tellement vrai, que rares ont été les usines où la lutte ne se soit accompagnée de l’apparition d’une C.O., soit que celle-ci ait été le produit de la lutte, soit qu’elle ait été créée pour l’impulser et la diriger[1].

Mais, même dans les cas où une victoire a été remportée, celle-ci n’a pas tardé à se transformer en défaite. L’inflation permanente, les augmentations de productivité obtenues principalement à travers les accélérations des cadences et la hausse constante des prix alimentaires et des biens de consommation se sont chargées de récupérer amplement les augmentations salariales arrachées avec difficulté. Ce n’est un secret pour personne que les salaires perdent progressivement leur pouvoir d’achat et que la situation de la classe ouvrière espagnole, au même titre que celle de la classe ouvrière dans le monde entier (bien qu’il reste des gens pour penser qu’il s’agit dans le premier cas d’une ’’mauvaise gestion” du capitalisme espagnol), ne fait qu’empirer.

Avec la récession de 1968 et l’état d’exception qui l’a suivie, les "illusions" de victoire des années antérieures se sont évanouies. Avec elles, les assemblées massives dans les champs, l’utilisation des "possibilités légales", la semi-légalité des dirigeants des commissions ouvrières, l’occupation des locaux syndicaux, les succès revendicatifs à l’occasion de la négociation des conventions collectives, etc. ont fait place aux arrestations, emprisonnements, déportations, expulsions ou démissions des charges syndicales, à l’impossibilité d’obtenir des améliorations réelles et durables. Tout cela a mis en lumière clairement et ouvertement le véritable visage d’un système devenu incapable d’accorder à la classe ouvrière la moindre amélioration.

LE SYNDICALISME DE GAUCHE

La crise des commissions ouvrières, leur incapacité à encadrer la classe ouvrière espagnole derrière les objectifs de lutte pour un ’’syndicat de classe” et pour la démocratie bourgeoise, ont provoqué le départ d’un nombre important de leurs militants et leur organisation autonome en dehors des dirigeants permanents du mouvement.

Cette rupture, qui dans certains cas suppose la, critique de la politique des commissions ; (syndicalisme, pacte pour la liberté), république démocratique, etc.), s’accordage en règle générale de 1’organisation de nouvelles commissions situées à la gauche du PCE et de "Bandera roja’.* Au sein de ces nouvelles commissions, on voit ndJliter en grande majorité des éléments d'organisations politiques minoritaires.

Mais pour la majorité de ceux-ci, la crise des commissions ouvrières se réduit à la "bureaucratisation", au manque "d'organisation réelle dans les entreprises" et au contrôla des partis politiques". Ce seraient les dirigeants' qui empêcheraient 1’extension et la consolidation des commissions ouvrières.

Dans un document édité par les "Groupes ouvriers autonomes", on trouve l’analyse suivante de la crise des C.O. :

  • "Ceux qui ont supporté les conséquences de ce sectarisme, ce sont nous les travailleurs, à cause de notre inexpérience. Pendant que nous étions en train de lutter dans les usines et dans les mines, nous avons laissé nos prétendus représentants détruire ce que nous avions commencé à construire. Déboutés, déçus, nous avons abandonné tous ces faux représentants de la classe ouvrière et nous continuons de lutter sur nos lieux de travail ; Nous organisons des grèves comme on n’en avait vu depuis de nombreuses années. Au Pays basque : laminoirs de Bandas, hauts-fourneaux, la "Naval"; aux Asturies : les mines et la métallurgie; à Pampelune : "Eaton Ibérica" et "Potasses de Navarre". "Harry-Walker", "Blausol" , "Macosa", "Maquinista" à Barcelone; "Aviation" et "Saca" à Séville; "hauts-fourneaux à Sagunto, etc., sont des noms qu’on n’oubliera pas, car ils correspondent à des grèves héroïques, quelquefois modèles d’organisation, auxquelles il a manqué pourtant la solidarité et l’appui que permet seule une union large et solide."

"Le prolétariat espagnol a montré sa combativité, mais il a été incapable de créer une organisation en rapport avec ce haut niveau de lutte et facteur de son amplification. Pendant ce temps, les bureaucrates et les membres des partis se distribuaient la dépouille de ce qui aurait pu être la grande organisation de la classe.

Il ne faut accuser personne, sinon nous-mêmes, du fait que nous n’ayons pas encore été capables de créer une organisation ouvrière, capable de défendre nos intérêts. La tâche de la bourgeoisie et de ses alliés dans le mouvement ouvrier est de créer la division entre les travailleurs. Ce serait trop facile d’accuser les capitalistes qui essayent de défendre leurs intérêts. C’est là leur "mission.

  • "Mais le nôtre est de nous organiser et d’empêcher l’infiltration d’éléments étrangers à notre organisation ; Pour cela les travailleurs, nous qui menons la lutte dans l’entreprise devons prendre la responsabilité d’établir la coordination indispensable entre les entreprises en vue du soutien mutuel et de l’élaboration d’un programme d’action. Cela doit être notre tâche, tâche que nous ne devons pas laisser entre les mains de professionnels au service d’intérêts de groupes qui ont la tête pleine de faux problèmes idéologiques, pour la défense desquels ils sont capables de détruire une organisation dont la construction nous a coûté des années d’efforts et de sacrifices..."

Pour eux donc tout le problème se résume à empêcher que les "dirigeants" des "partis” ne se glissent dans l’organisation des ouvriers. Comment l’empêcher?... En expliquant aux ouvriers la nécessité de s’organiser pour la lutte pour des améliorations économiques et sociales de tous types (plus de la moitié du document cité est consacrée à expliquer toutes les revendications capables d’impulser ou de radicaliser la lutte dans l’usine), en expliquant comment s’organise une commission ou autre organisation similaire, en expliquant comment élaborer une plate-forme revendicative qui ait un écho parmi la majorité des travailleurs de l’entreprise, ou les moyens pour la faire connaître (bombages, tracts, papillons, etc.), en organisant les ouvriers les plus conscients, etc.

La seule chose qu’ils ne proposent pas est la dénonciation constante de la politique desdits groupes -les intérêts de classe deviennent pour eux des intérêts de groupe !-, groupes avec de "faux problèmes idéologiques" qui détruisent l’organisation mise en place avec tant de sacrifices... Il s’agit seulement de "bureaucrates", "d'hommes de parti", de "professionnels", "d'éléments extérieurs".

Dénoncer les intérêts de classe défendus par les politiques de ces groupes supposerait de leur part la définition d'une autre politique distincte de celles-ci, et cela les convertirait automatiquement en un autre groupe du type de ceux qu'ils veulent combattre.

Ainsi, en évitant d'aborder les questions qui pourraient diviser la classe ouvrière en plusieurs fractions[2] (voir note 2 page suivante), telles que le syndicalisme dans la phase de décadence du capitalisme, les luttes de libération nationale, le capitalisme d'Etat, etc., ils proposent eux-mêmes le plus grand confusionnisme et finissent par défendre les mêmes positions que le PCE ou très semblables.

A la page 44 du même document déjà cité, ils donnent un exemple des avantages qu’apportera d'après eux au prolétariat "l’union" pour l'union :

..."Là où elle fut obtenue (il s’agit de l’union) : Russie, Chine, Cuba, Syrie, Algérie, Zambie, Vietnam, etc., les travailleurs ont arraché le pouvoir aux capitalistes. En d’autres endroits, ils sont sur le point d’atteindre ce résultat (Amérique du sud) et dans d’autres enfin, ils disposent d’organisations capables de défendre leurs droits les plus élémentaires : France, Angleterre, Italie" (souligné par nous).

C’est à dire, dans une série de pays où règne le capitalisme d’Etat, à différents degrés de son développement, les travailleurs auraient "arraché le pouvoir aux capitalistes". Dans d’autres d’Amérique latine où le prolétariat se débat dans la mystification de la lutte anti-impérialiste que fait peser sur lui ses différentes bourgeoisies nationales, il serait "sur le point d’atteindre ce résultat". Enfin, dans une série de pays d’Europe occidentale, où ces organisations (PC, syndicats) présentées comme un modèle, se révèlent être un des obstacles essentiels à leur lutte, les ouvriers disposeraient d’organisations "capables de défendre leurs droits les plus élémentaires"...

C’est pourquoi, quelles que soient les extinctions de voix gagnées à crier contre le bureaucratisme, entendant par intérêt de classe le droit de vote au sein d’organisations qui n’ont rien à voir avec la classe, entendant par autonomie ouvrière 1’exclusion des groupes politiques, "les groupes ouvriers autonomes" NE PEUVENT EVITER QUE LEURS COMMISSIONS ANTI-BUREAUCRATIQUES NE RESSEMBLENT COMME UNE GOUTTE D’EAU A UNE AUTRE, AUX COMMISSIONS DU PCE, DU PCI, OU DE "BANDERA ROJA".

Partir de la base, comme ils disent, et en s’appuyant sur leur longue expérience de lutte dans les usines, concevoir l’idée que pour pouvoir parler de socialisme aux ouvriers il est d’abord nécessaire de "gagner leur confiance" (vivre avec eux, parler des mêmes choses qu’eux) considérer que dans un premier temps les ouvriers ne s’organisent que pour la lutte économique et que par suite les révolutionnaires doivent baser leur travail d’organisation sur ce type de lutte comme condition nécessaire, pour pouvoir passer ultérieurement à un "niveau supérieur" et enfin qualifier toute cette activité de simple "procédé pédagogique " pour atteindre l’objectif fondamental (la révolution socialiste), tout cela suppose dans la pratique la défense des mêmes positions que celles des commissions ouvrières qu’ils accusent de bureaucratisme, suppose aussi agir de la même façon dirigiste et manœuvrière que celle de ceux qu’ils accusent d’être de "faux dirigeants" et des "éléments extérieurs" à la classe. En fait, il ne s’agit de rien d’autre que de bureaucratisme anti-bureaucratique.

A ces camarades attelés à la création de nouvelles C.O. nous disons : Ce ne sont pas les révolutionnaires qui créent à l’avance les organisations dans lesquelles le prolétariat s’affirmera comme classe dominante. C’est là PRATIQUE de la classe elle-même, à travers les différentes étapes de la société qui la conduit à la conscience de ses intérêts économiques et politiques. SON ORGANISATION est inséparable de sa CONSCIENCE. La tâche des révolutionnaires consiste à montrer à tout moment la véritable raison du combat et JAMAIS ni par pédagogie ni par "tactique", ni pour toute autre raison, ceux-ci ne peuvent cacher à la classe le véritable sens de sa lutte.

Si aujourd’hui les commissions ouvrières n’arrivent pas à s’implanter, à englober la majorité des travailleurs, être en définitive l’organisation unitaire, démocratique, autonome et représentative, ce n’est pas parce que certains groupes pleins de bureaucrates les boycottent.

C’est ailleurs qu’il faut chercher les raisons de leur crise. Et c’est dans la maturation de la conscience du prolétariat, dans l’assimilation de toutes les expériences de la lutte -aux côtés des commissions- qu’on les trouvera. Le syndicalisme, le réformisme impossible, la démocratie bourgeoise, la pactisation, la négociation, les formes de luttes civiques... toute une politique en définitive profondément étrangère aux intérêts du prolétariat. C’est cela qui constitue la raison de leur crise et de l’existence du bureaucratisme en leur sein.

Les bureaucrates sont le produit de leur politique. Attribuer la crise des commissions aux bureaucrates sans dénoncer leur politique contrerévolutionnaire équivaut à défendre l’idée qu’en remplaçant quelques dirigeants déloyaux par des révolutionnaires, il serait possible de changer toute l’organisation et de la rendre révolutionnaire. Mais ce ne sont pas les chefs qui font l’organisation, sinon exactement le contraire.

COMMISSIONS OUVRIERES ET LUTTE REVENDICATIVE

A la base des CO, qu’elles soient "locales", "de secteurs" ou de "plateformes", on trouve un même objectif : l’organisation de la classe ouvrière de façon permanente pour la lutte revendicative, la formulation de programmes "tactiques" plus ou moins réformistes.

C’est pourquoi, en tant que portes paroles infatigables de la lutte revendicative, les CO deviennent le frein le plus puissant pour l’unification de la classe ouvrière parce que celle-ci ne peut s’unir qu’à travers le mouvement qui la mène vers la révolution socialiste, c’est à dire à travers le mouvement qui brise les chaines qui tentent de la maintenir attachée à des programmes tactiques masquant ses véritables objectifs révolutionnaires.

Dans la période de décadence du capitalisme, toute organisation permanente de 1’ensemble de la classe ne peut exister que sur la base de la révolution socialiste.

En général, toutes les luttes revendicatives (pour des salaires plus élevés, des journées de travail plus réduites, des cadences moins épuisantes, etc.) conduisent à un affrontement avec l’état (occupations d’usine, heurts contre les forces répressives de l’état, arrestations, etc.) c’est à dire que de revendicatives, la majorité des luttes TENDENT A PRENDRE DE PLUS EN PLUS UN CARACTERE REVOLUTIONNAIRE.

L’activité systématique des commissions ouvrières dans ce processus est révélatrice : négociations constantes avec le patron, justification de l’affrontement avec l’état UNIQUEMENT à travers le caractère fasciste de celui-ci en masquant le fait que c’est la BOURGEOISIE COMME CLASSE QUI EXPLOITE LE PROLETARIAT et non les secteurs fascistes... En définitive les C.O. ne cessent d’agir comme le bouchon d’une bouteille pour que la force révolutionnaire qui existe à l’état latent en chaque lutte, pour petite qu’elle soit, ne puisse trouver de sortie.

De cette façon, l’unité de tout le mouvement ouvrier dont on jacasse tant, les mène à identifier l’organisation des commissions avec celle de la classe et celle-là avec un "syndicat de classe".

Voyons ce que dit le compte-rendu de la première réunion nationale des "secteurs de commissions ouvrières":

  • "Avec toutes leurs imperfections, traînant avec elles de nombreux défauts et surtout avec un grand décalage entre leurs possibilités réelles et les véritables nécessités organisationnelles de la classe ouvrière, ces nouvelles commissions[3] apparaissent déjà comme l’embryon d’un syndicat de classe. Et elles le sont, non seulement parce qu’elles font de la conquête d’un syndicat leur objectif politique le plus important, mais aussi parce qu’elles essaient dès maintenant d’assumer les taches propres à un véritable syndicat ouvrier : améliorer les conditions de salaire et de vie des travailleurs, forger leur unité, impulser la lutte solidaire et la généralisation des conflits, encadrer tous les ouvriers derrière des objectifs politiques clairs et enracinés dans les masses" (document cité plus haut, p.3).

Il apparaît donc d’une façon parfaitement claire que la lutte revendicative pour laquelle elle se propose d’organiser la classe ouvrière n’exprime pas la nécessité d’une révolution prolétarienne sinon la nécessité de conquérir le droit au... "syndicat de classe".

En d’autres mots, elles veulent dire que pour la bonne marche de la lutte revendicative, pour obtenir des améliorations, il est nécessaire de faire appel à un syndicat. Ceux qui pensent ainsi doivent croire fermement dans les possibilités encore progressistes du système capitaliste ; pour eux, parler de la décadence et de la crise doit sonner comme une plaisanterie de mauvais goût : le capitalisme -nous diront-ils s’ils sont conséquents- n’est ni un système social mondial, ni un frein au développement des forces productives...!

Dans le cas contraire, comment peuvent- ils prétendre qu’un syndicat est l’instrument pour obtenir des améliorations de toute sorte (fondamentalement économiques) de la part d’un système qui, pour survivre, ne peut offrir autre chose qu’une exploitation tous les jours plus effrénée ?

Quant aux "objectifs politiques clairs derrière lesquels ils se proposent d'encadrer toute la classe travailleuse", ils les définissent comme la lutte contre la DICTATURE pour une DEMOCRATIE bourgeoise qui doit se concrétiser dans la "République Démocratique Bourgeoise".

C’est cela la clarté politique des ’’Commissions ouvrières de secteurs” et de "Bandera Roja". Nous ne pouvons faire moins que les féliciter pour la "clarté" et la "cohérence" avec lesquelles ils oublient et mettent aux archives la révolution prolétarienne. Au moins, la classe ouvrière et leurs propres militants ne se feront pas d’illusions sur les objectifs de ces organisations.

Devant cette définitions de la lutte revendicative identifiée avec la lutte syndicale, nous devons prendre en considération les faits qui se produisent dans le monde entier et qui indiquent la perspective révolutionnaire : c’est vrai que la lutte pour un "syndicat de classe" est une lutte "revendicative’,' mais sont également des luttes revendicatives toutes celles qui se déroulent dans les pays capitalistes (où les syndicats ouvriers existent) en dehors et contre les syndicats. Nous voulons parler concrètement des grèves dites "sauvages". Dans ce cas les luttes économiques qui sont aussi des luttes revendicatives, ne peuvent en aucune façon s’identifier avec la lutte syndicale. Aujourd'hui, dans le monde entier, et particulièrement en Europe, la lutte de la classe ouvrière pour ses revendications économiques tend à se développer avec de plus en plus de force en dehors des syndicats.

Et en même temps que se développe cette tendance, nous voyons comment les syndicats (ET L’EXEMPLE DU PORTUGAL LE REAFFIRME EN TOUTE CLARTE) sont les premiers à réclamer de leurs gouvernements respectifs la promulgation de lois contre les "grèves sauvages", en même temps qu’ils sont devenus les fers de lance de la répression de toute lutte qu’ils ne contrôlent pas : la grève général de mai 1968 en France a été un exemple limpide de l’efficacité de la CGT française (courroie de transmission du PC français) dans la tâche de liquidation de la lutte. En Pologne, en 70, les ouvriers de la Baltique ont été obligés d’affronter et de détruire matériellement leur "syndicat ouvrier".

Quand en Espagne, les Commissions ouvrières affirment que leur objectif fondamental est la conquête d’un "syndicat de classe", elles préparent dans la pratique, la subordination de toute lutte à l’atteinte de cet objectif. De cette façon, sous le slogan de "liberté syndicale", on essaie de mystifier le véritable contenu de la lutte. Quand celle-ci déborde à intervalles de plus en plus rapprochés le cadre syndical et fait montre de sa véritable perspective révolutionnaire, les C.O font tout leur possible pour canaliser toute l’énergie et le potentiel révolutionnaire du prolétariat et les DEVIER vers le syndicalisme stérile et contre-révolutionnaire. C’est là le sens véritable de la consigne ’’pour un syndicat de classe”.

Dans un autre paragraphe du document de la réunion nationale des C.O de secteur, sont analysées les causes de la crise des commissions. Voici les arguments :

  • ”Et il ne s’agit pas seulement de l’existence de ces organisations -les C.O-, mais aussi de leur fonctionnement, de leurs critères organisationnels et de travail, de leurs objectifs politiques. Là se trouve réellement le problème.
    Nous ne faisons rien de neuf en parlant des C.O. Nées comme on le sait en 1962, dix années de vie ont montré l’évidence que les orientations qu’elles ont reçu pendant une longue période n’ont pas contribué à faire des C.O une organisation vraiment unitaire, vraiment développée, vraiment enracinée. Dans beaucoup de cas, c’est le contraire qui est advenu, ces orientations (de concevoir les commissions comme un mouvement désorganisé, appuyé seulement sur des chefs plus ou moins prestigieux, de forcer la légalité au-delà-de-ce qui pouvait se faire sans mettre à découvert tout son appareil et squelette organisationnels, de transférer toute la responsabilité dans la direction des luttes à ceux de leurs militants occupant des charges syndicales) ont conduit les CO de plusieurs centres industriels importants à perdre leur efficacité, à être victimes de la répression, à l’incapacité à faire face aux nécessités croissantes de la lutte ouvrière" (document cité, page 2).

La remise en cause de toutes ces "PETITES CHOSES" facilement corrigibles(mettre leurs propres dirigeants à la place des autres, ne pas laisser la direction de la lutte à des chefs "prestigieux” ou assumant des charges syndicales)s’est traduite dans la pratique par la manipulation des luttes par de nouveaux dirigeants avec plus de "prestige’’(plus crédibles par les ouvriers)se substituant aux assemblées d’usine, par la direction des luttes en accord avec la légalité ,(en essayant de toujours respecter la législation bourgeoise du travail),par le pacte et la négociation et par leur canalisation à travers le syndicat vertical.

Avec ces "petites choses", les commissions "locales" et les autres ont boycotté la lutte de Macosa et encore plus clairement celle d’Harry Walker. Dans celle-ci, une des plus longues et dures de ces dernières années à Barcelone, parce qu’il n’y avait pas de commission pour se mêler du combat, parce qu’il n’y avait pas de charges syndicales qui puissent le "diriger" , c’est l’Assemblée Générale de tous les travailleurs de l’usine qui a dirigé leur propre lutte et Leur a permis de ne pas se laisser tromper aussi facilement.

Le seul fait d’observer que bien qu’ils n’arrivent pas à étendre les commissions, à les implanter réellement dans les entreprises, la lutte du prolétariat, AU LIEU DE FAIBLIR SE REFORCE CONSTAMMENT (même sans commission renforcée et coordinatrice) devrait suffire à ces gens pour les faire réfléchir sur la validité de leur politique, sur les intérêts de classe que celle-ci défend. Et encore plus quand leur tâche fondamentale ,1a lutte revendicative,(pour de meilleurs salaires, la durée du travail les cadences, etc. ;) est menée à bien, de façon spontanée, par les travailleurs sans une commission qui ait à leur dire : "camarades, il faut lutter.”

Mais non, il ne s’agit pas d’une question d'objectifs politiques. Il s'agit simplement de quelques "défauts" facilement corrigibles... quatre retouches par-ci par-là et le tour est joué ! Nous avons des commissions ouvrières toutes neuves!

C'est de cette façon que ceux qui défendent avec le plus d'abnégation la lutte revendicative du prolétariat, ceux qui se trouvent le plus souvent à sa tête, deviennent ses bourreaux les plus impitoyables quand celle-ci montre son caractère révolutionnaire. Et ils ne font pas cela par mauvaise foi ou mauvaise volonté.

TOUTE ORGANISATION SYNDICALE EST' INEVITABLEMENT CONDAMNEE A JOUER CE ROLE DANS LA PERIODE DE DECADENCE DU CAPITALISME.

Quelle est notre position à l'égard de la lutte revendicative ?

Depuis que le prolétariat existe comme classe, c'est à dire comme un ensemble d'individus socialement déterminés par une situation matérielle commune, sa lutte révolutionnaire garde inévitablement un caractère de lutte revendicative.

L'histoire du mouvement ouvrier se refuse obstinément à marquer une séparation entre lutte revendicative et lutte révolutionnaire.

Aussi bien la majeure partie des luttes n'ont pas réussi à dépasser le cadre purement revendicatif et n'ont pu être que potentiellement révolutionnaire, aussi bien il n'a pas existé une seule lutte révolutionnaire qui n'ait été simultanément revendicative.

Le mouvement révolutionnaire de 17 en Russie est extrêmement éloquent à cet égard. La classe ouvrière se lance dans la lutte révolutionnaire poussée par la misère économique et par la guerre. Le mouvement s'unifie et se renforce à travers la lutte pour une revendication : la PAIX.

La bourgeoisie ne peut céder à cette revendication et pour l'obtenir le prolétariat ne peut que poursuivre le combat jusqu'au bout: LA."DESTRUCTION DE L'ETAT BOURGEOIS.

Ce qui a distingué la fraction la plus avancée du prolétariat, le parti bolchevik, des fractions de la bourgeoisie russe(mencheviks et socialistes révolutionnaires) CE NE FUT PAS DE DEFENDRE LA LUTTE POUR LA PAIX CONTRE LA GUERRE, MAIS DE MONTRER LA VERITABLE SIGNIFICATION, LA VERITABLE RAISON DU COMBAT DU PROLETARIAT RUSSE : LA REVOLUTION PROLETARIENNE.

De la même façon, la réponse contre l'attaque fasciste de juillet 1936 était potentiellement révolutionnaire. Si elle a conduit à la défaite la plus tragique ce fut parce que la gauche du capital (les partis communistes dirigés par le P.C. d'Union Soviétique) a réussi à mystifier, encadrer et vider de son contenu révolutionnaire, le véritable sens du combat du prolétariat. La défaite du prolétariat espagnol a été la préparation au massacre du prolétariat mondial ; la seconde guerre impérialiste mondiale. La crise capitaliste a pu se résoudre momentanément à travers la guerre impérialiste et la perspective de la révolution socialiste a du s'éloigner.

En Espagne, durant la guerre de 1936, s'est exprimé le caractère révolutionnaire de la lutte contre le fascisme. Les partis socialiste, communiste, la C.N.T et le P.O.U.M, en compagnie des bourgeois républicains et nationalistes ont réussi à mystifier et encadrer le prolétariat derrière la république bourgeoise, et à vaincre la révolution. Octobre 1934 aux Asturies et mai 1937 à Barcelone sont des exemples clair: de la façon dont les partis du capital déguisés par les noms de "communiste" ou "socialiste" sont les bourreaux de la révolution.

On nous dira alors que nous, révolutionnaires, avons pour tâche principale de provoquer les luttes revendicatives. A ceux qui pensent ainsi, nous répondons que ce n'est PAS NOTRE TACHE. LA LUTTE REVENDICATIVE N'EST L'INVENTION GENIALE D'AUCUN REVOLUTIONNAIRE INSOMNIAQUE, elle existe depuis la naissance même du prolétariat et avec celle-ci, sa potentialité révolutionnaire.

Dans la phase ascendante du capitalisme (quand c'était un système social capable de développer les forces productives jusqu'à des limites insoupçonnables) le capital a connu ses moments de plus grande richesse et développement. Celui-ci pouvait concéder des réformes et des améliorations réelles et durables à la classe ouvrière en lutte, aussi bien dans le domaine économique (diminution de la journée de travail, augmentation de salaires, etc.) que social (droit à la libre association, à la syndicalisation, suffrage universel, etc.) sans que l’économie soit mise en danger. Il y avait dans le monde de nouveaux marchés à conquérir. Seuls, des "débordements révolutionnaires” des luttes revendicatives marquent cette période.

Pendant celle-ci, la classe ouvrière unifiée à travers les syndicats et les partis parlementaires, développe sa lutte sans que celle-ci conduise directement à l’affrontement avec l’Etat bourgeois. Le Capital est suffisamment riche et les marchés suffisamment nombreux pour que le système puisse ne pas être mis en péril par les concessions que la lutte ouvrière l’oblige à faire. La révolution sociale ne peut pas être à l’ordre du jour.

Quand le Capital entre dans sa phase de décadence, les luttes se transforment beaucoup plus rapidement et fréquemment en luttes révolutionnaires parce qu’il ne peut pas concéder de véritables réformes, parce que toute concession doit être rapidement RECUPEREE, parce que c’est AU SEUL PRIX DE LA CONSTANTE DEGRADATION DES CONDITIONS DE VIE ET DE TRAVAIL DE LA CLASSE OUVRIERE QU’IL PEUT RETARDER SA CRISE DEFINITIVE.

Ce qui a changé dans la phase de décadence du capitalisme, c’est que ces luttes revendicatives sont de moins en moins de simples luttes économiques, QUE LEUR NATURE ET LEUR POTENTIEL REVOLUTIONNAIRE SURGIT BEAUCOUP PLUS RAPIDEMENT QU’AU SIECLE DERNIER.

Mais aujourd’hui comme hier, la lutte revendicative de la classe ouvrière n’est l’invention d’aucun révolutionnaire, le résultat d’aucune "tactique miraculeuse". En elle, aujourd’hui comme hier, est contenue sa potentialité révolutionnaire. Et c’est fondamentalement parce que la classe ouvrière commence, après 50 années de contre-révolution, à comprendre le sens véritable de sa lutte, qu’elle rejette de plus en plus souvent à l’ECHELLE MONDIALE les tentations du Capital pour l'encadrer et l’intégrer.

Aujourd'hui les organes qui peuvent paraître idéaux pour mener à bien sa lutte (syndicats, organisations permanentes pour sa lutte revendicative, etc.) sont non seulement ABANDONNES par la classe mais aussi, POUR ETRE DEVENUS DES INSTRUMENTS DU CAPITAL, doivent être affrontés et détruits par celle-ci si elle veut développer de façon conséquente sa lutte.

Ceci est la leçon, entre autres, des luttes de la classe ouvrière polonaise, quand, en 1970, devant la hausse des prix décidée par le gouvernement "socialiste" de Gomulka, elle s'est jetée dans la lutte, affrontant les milices du gouvernement, le P.C polonais et les syndicats. Dans sa lutte elle a organisé des conseils ouvriers dans les usines et a généralisé la grève sauvage contre les syndicats. Ce n'est qu'avec les armes que les "socialistes" et les "syndicats ouvriers" ont pu vaincre la classe ouvrière polonaise.

Alors que la tâche des agents du Capital au sein de la classe ouvrière est de CACHER le caractère révolutionnaire de la lutte revendicative de la classe ouvrière, de la FREINER et de 1'ENCADRER derrière les objectifs du Capital pour qu’elle perde sa potentialité révolutionnaire, la tâche des révolutionnaires est de montrer à chaque instant son véritable contenu.

  • "Nous ne nous présentons pas devant le monde en doctrinaires, armés d’un nouveau principe : voici la vérité, mets-toi à genoux ! Nous ne lui disons pas : abandonne tes luttes car ce sont des sottises ! Nous ne faisons que lui montrer la vraie raison de sa lutte : la conscience est quelque chose qu'il doit faire sienne qu’il le veuille ou non !" (Marx, lettre à Ruge)

NOTRE OBJECTIF N'EST PAS DIFFERENT. Ce qui distingue les révolutionnaires aujourd’hui ce n'est pas leur "popularité", leur "capacité à attirer les masses" ou leur talent pour "gagner la confiance des secteurs bourgeois".

Contrairement à ceux qui vendent la révolution et trahissent le prolétariat en défendant les objectifs du Capital pour ne pas "se voir isolés des masses ouvrières", les révolutionnaires savent qu’en indiquant les buts véritables de la lutte ils seront très souvent "impopulaires" qu’ils seront traités de "provocateurs gauchistes" dans les moments de recul de la lutte, de "diviseurs de la sacro-sainte unité", d’"Agents de la réaction", et même de collaborateurs avec le fascisme quand ils dénonceront le populisme et les fronts démocratiques tant à la mode, comme les feuilles de vigne du Capital.

ACCIÓN PROLETARIA.


[1] Durant toute une période, les commissions ont surgi dans une multitude d’usines, au feu des mouvements de grève qui se sont développés en Espagne à partir du début des années 60. Elles surgissaient, disparaissaient, reparaissaient au rythme des progressions et des reculs de la lutte.

Cette instabilité dans leur continuité, en tant qu’organisations, constituait une entrave énorme pour la formation d’un ’’syndicat de classe”. C’est pour cela que les partis de gauche avec en tête le PCE ont impulsé la création d’organismes permanents hiérarchisés et exécutifs (coordinations locales, régionales, provinciales, nationales) qui, indépendamment de la conjoncture et de la lutte, se sont efforcé d’orienter politiquement tous les ouvriers et toutes les luttes - aussi partielles et éparses qu’elles aient pu être - vers un même but : la lutte contre la dictature et pour des réformes corporatistes.

Et ce fut le PCE, grâce à son potentiel financier et propagandiste, qui put, dans presque toute l’Espagne, se rendre maître de ces organisations. Il n’a pu développer sa politique de "réconciliation nationale "et de" pacte pour la liberté" qu’à la condition de disposer d’un certain poids et d’un certain contrôle parmi les travailleurs. Avec les commissions ouvrières il a trouvé sa ’’chair à canon”.

L'impossibilité d'obtenir des améliorations réelles et durables a provoqué chez les ouvriers une apathie et une résistance à s'organiser de façon stable dans les commissions ouvrières. De plus en plus, et principalement à partir des années 70, les luttes -qui n’ont décru ni en quantité ni en intensité- se sont déroulées en marge de l’organisation officielle des commissions ouvrières.

De nouveau, les luttes se déroulent avec des assemblées d’usine, comités unitaires, etc. ; en dehors et quelquefois contre les commissions.

Aujourd'hui, on peut dire que les commissions ouvrières ne sont rien d’autre qu’une organisation formée uniquement par les militants des groupes politiques qui refont de celles-ci des organisations identiques à ce qu'étaient les USO, OSO, etc.

[2] la classe ouvrière ne peut se diviser en deux moitiés : l’une révolutionnaire, l’autre réactionnaire. La classe ouvrière est la classe révolutionnaire dans son ensemble. Des ouvriers pris comme individus (bien qu’en nombre ils puissent constituer une majorité) peuvent faire leurs les intérêts d’une autre classe et par là s’opposer aux intérêts de leur classe.

[3] Il s’agit des "secteurs" de C.O. opposés aux vieilles commissions "locales" où le PCE est prédominant.

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • La lutte Proletarienne [3]

Rubrique: 

Organisations ouvrières & luttes revendicatives

La bourgeoisie face à la crise (2ème partie) - Centralisation du capital et des classes moyennes

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La crise accélère la tendance vers une centralisation du capital aux dépens des secteurs les plus faibles du capital, ainsi que de Ta petite-bourgeoisie et des petits paysans. La part de la plus-value globale qui est à présent appropriée par ces éléments sera de plus en plus appropriée par le grand capital, qu’il se présente sous sa forme monopolistique ou d’État. L’exemple le plus flagrant de l’accélération de ce processus a été l’attaque récemment menée par les compagnies pétrolières contre les entreprises de raffinerie et de distribution indépendantes. L’approvisionnement en pétrole brut des raffineries indépendantes a été coupé et les stations-service indépendantes, en plus des ”restrictions” de pétrole, se sont vu concurrencer par les ventes à plus bas prix des compagnies qui tentaient ainsi de les ruiner. De cette façon, ces dernières espéraient s’emparer des 20% du marché de raffinerie et de détail qui leur échappaient jusqu’à présent. Le même phénomène se produit dans l’industrie des transports, où les camionneurs indépendants ont dû faire face à une vigoureuse attaque des grandes compagnies de transports routiers qui, pour faire face à la crise, ont tenté d’étendre leur emprise en poussant à la faillite leurs concurrents aux moyens plus limités .

Les politiques déflationnistes qui sont appliquées partout ont des conséquences particulièrement catastrophiques pour le petit capitaliste, le boutiquier et le petit paysan. Des impôts plus élevés et une politique du crédit restrictive, à travers lesquels le capital espère freiner l’inflation galopante, font des ravages dans leurs rangs. Aux USA, le taux d’intérêt est monté jusqu’au chiffre record de 11,5% en mai. Les économistes gouvernementaux ont admis que les ”petites entreprises payent à présent 14 à 16% sur des prêts à court terme et les banques leur refusent des extensions” (Newsweek,10 juin 1974). Incapables de financer leurs opérations, les petits capitalistes et les boutiquiers font faillite à un rythme accéléré. La somme totale des dettes des compagnies banqueroutières dépasse de loin $ 200 millions par mois, ce qui représente une augmentation de 50% par rapport à 1973. C’est évidemment le grand capital qui tirera profit de cette vaste opération de ”nettoyage".

Face à ces politiques gouvernementales, la petite bourgeoisie (boutiquiers, camionneurs indépendants, petites stations-service, etc.) a, contrairement aux propriétaires de petites et moyennes usines, démontré leur volonté de riposter par des formes violentes de lutte afin de défendre leurs privilèges de classe possédante.

En France, en Novembre 1973, à la suite de fortes augmentations d'impôts, les petits commerçants qui vendent au détail une grande part de la production agricole se sont mis en grève pour faire diminuer les nouveaux impôts qui venaient, menacer leurs profits. Partout en France les marchés de gros ont été fermés, et les supermarchés qui ne fermaient pas se sont vus attaqués ou entourés de piquets de grève; on crevait les pneus aux camions qui essayaient d'y livrer leur marchandise. A Paris, le 15 Novembre, presque tous les vendeurs au détail, les cafés et les restaurants, ont été fermés, et ceux qui refusaient d'observer le mot d'ordre de grève étaient menacés de violences.

Aux Etats-Unis, en Décembre 1973, des milliers de camionneurs indépendants se sont mis en grève contre la politique du gouvernement sur l'essence, qui les mettait en danger de faillite. Les autoroutes ont été bloquées et on tirait sur les camions qui continuaient à rouler. En Janvier, des propriétaires indépendants de stations d'essence de Long Island ont commencé une grève pour protester contre les restrictions sur l'essence. Les propriétaires qui gardaient leur station ouverte ont été menacés ou attaqués par les propriétaires en grève. La "gauche" a soutenu ces luttes de la petite bourgeoisie avec un enthousiasme effréné. En France, le P.C. et la C.G.T. ont soutenu inconditionnellement la lutte des petits commerçants. Les trotskystes de l'aile Mendel-Franck de la IV° Internationale (Rouge) ont suivi le P.C. en arguant que la petite bourgeoisie, comme la classe ouvrière est une victime des monopoles et donc l'alliée naturelle du prolétariat. Pris dans leur propre rhétorique ils sont allés jusqu'à affirmer que "les petits commerçants auraient tout à gagner dans un système de distribution socialiste où ils ne seraient plus à la merci du grand capital, où ils n'auraient plus à payer les conséquences des hasards de la vente".

Aux Etats-Unis pendant la grève des camionneurs indépendants, la Spartakist League trotskyste a signalé la nécessité de "gagner la direction des classes moyennes" en "donnant des garanties aux petits commerçants en lutte" (Workers' Vanguard. 4 Janvier 1974). Ceux d'international Socialism ne se sont pas contentés d'affirmer que la petite bourgeoisie est l'alliée naturelle du prolétariat dans la lutte pour le socialisme, ils ont aussi décidé d'incorporer la petite bourgeoisie dans la classe ouvrière.' Dans ses écrits sur la grève des camionneurs indépendants, International Socialism a fièrement proclamé qu'on ne saurait voir une image plus vivante du pouvoir des ouvriers américains” (Workers' Power n°88).

L'image d'un "socialisme" sécurisant les classes moyennes, d'un front unique de toutes les victimes des monopoles (petits capitalistes, professions libérales, petite bourgeoisie, paysans, ouvriers) et même la démagogie avec laquelle la petite bourgeoisie est transformée en "ouvriers", sont des caractéristiques de l'aile gauche du capital. Derrière ces alliances multi-classistes et ces programmes populistes, l'aile gauche de la bourgeoisie se prépare d'abord à dévier le prolétariat de l'assaut révolutionnaire contre l'État capitaliste pour ensuite paver le chemin du massacre des ouvriers.

La question des classes moyennes et des rapports du prolétariat envers celles-ci est extrêmement complexe et demande un développement bien plus détaillé que celui que nous pouvons faire ici. Nous pouvons cependant énoncer certains points fondamentaux. La "protection" des classes moyennes présuppose la survie du système capitaliste. L'existence même des classes moyennes est directement liée à la perpétuation du système de production de marchandise, du marché et de la loi de la valeur. Le socialisme ne "protège" pas les classes moyennes et ne leur garantit aucune "stabilité". Il représente leur destruction en tant que couches distinctes ayant des privilèges et des propriétés.

C'est vrai que les classes moyennes sont victimes de la tendance centralisatrice du capital. Cependant, il n'existe pas de mode de production correspondant à la domination de la petite bourgeoisie. Les classes moyennes ne peuvent pas avoir un pouvoir étatique correspondant à leurs propres intérêts de classe. En effet, la petite bourgeoisie ne peut pas lutter contre le capitalisme sans se suicider en tant que classe possédante. Afin de préserver ce qui leur reste de privilèges et de propriété, les classes moyennes ne peuvent que se tourner vers les représentants du grand capital dans sa forme monopoliste ou étatique.

Si la centralisation du capital condamne la petite bourgeoisie à une destruction progressive, le désordre et le trouble social qu’apporte le réveil d’une insurrection prolétarienne constituent une menace bien plus grande et immédiate à la sécurité et la stabilité des classes moyennes. Face à la menace de la révolution prolétarienne, las classes moyennes apportent leur soutien au capitalisme dans ses formes d’oppression les plus brutales, dans l’espoir de débarrasser la société de l’insécurité que représente un prolétariat militant.

Cela ne veut pas dire que des éléments des classes moyennes ne peuvent pas être gagnés par la lutte pour le socialisme. Cependant, la petite bourgeoisie rejoint le mouvement prolétarien non pas pour défendre ses intérêts de classe, mais avec la conscience que la révolution socialiste veut dire l’élimination de la petite bourgeoisie non pas en tant qu’individus, mais en tant que classe distincte et privilégiée.

Le contenu réel du programme de l’aile gauche de la bourgeoisie, quoique celle-ci puisse bien dire, n’est pas la protection des classes moyennes. Si la gauche sauve les classes moyennes de la domination des monopoles privés, ce n’est que pour les assujettir au contrôle total et à la domination du capitalisme d’État. Les petites et moyennes entreprises qui ne sont pas nationalisées seront organisées et réglementées par l’État à travers son appareil de planification. Les producteurs indépendants seront organisés dans un réseau de ”coopératives” sous le contrôle total de l’État. Tandis que l’appareil de planification déterminera la répartition des matières premières, contrôlera les prix et les profits etc., les institutions du "crédit public" placeront les fonds dans ces entreprises déterminant ainsi les conditions de leur existence, leur taille etc. La base du programme de la gauche est la subordination stricte des plus petites entreprises et des producteurs indépendants les plus insignifiants aux besoins et aux diktats du grand capital

Dans le moment présent, les monopoles privés et leurs représentants dans le pouvoir d’État se trouvent devant un dilemme par rapport aux classes moyennes. À mesure que la crise s'approfondit, les monopoles ont besoin de se saisir de la part globale de plus-value que les classes moyennes s'approprient sous une forme ou une autre. Pour lutter contre l’inflation galopante, le grand capital a besoin d'une politique de restriction des crédits qui hâtera la destruction des petits capitalistes et de la petite bourgeoisie. Cependant, les politiques déflationnistes que requiert La conjoncture économique présente ont des ramifications politiques dangereuses dans la mesure où elles affectent les classes moyennes. La hausse des impôts et les restrictions de crédit peuvent provoquer des soubresauts violents de la petite bourgeoisie à une époque où le grand capital a besoin du soutien des classes moyennes contre le prolétariat. Pour pouvoir utiliser les classes moyennes contre le prolétariat, le grand capital doit au moins faire semblant de protéger leurs intérêts. La division dans les rangs du grand capital sur la question des classes moyennes (entre ceux qui suggèrent une vaste politique déflationniste et ceux qui parlent de la nécessité de protéger les classes moyennes) ne porte en fait que sur les moyens de s’attaquer aux couches moyennes. Face à la faillite économique, la grande bourgeoisie devra s’attaquer directement aux classes moyennes, même au risque de perdre leur soutien politique. Si la situation économique se stabilise, ne fût-ce que pour une courte période, le grand capital pourra se satisfaire d'une attaque indirecte sur les classes moyennes, ce qui permettrait la continuation du processus de centralisation sans entrave majeure, tout en essayant de garder le soutien politique de la petite bourgeoisie grâce aux promesses de protection du gouvernement.

La centralisation du capital, que la crise est en train d’accélérer, est aussi en train d’affecter le grand capital lui-même. À mesure que la crise s'approfondit, la tendance vers le capitalisme d'État se prononce de plus en plus. Dans les années à venir, la balance entre capital privé et capital d'État penchera de plus en plus en faveur de ce dernier. Il ne sera plus seulement question de nationaliser les industries qui marchent à perte, mais de nationaliser bon nombre d’industries les plus profitables. La perspective est à la fusion et non à une lutte violente entre les représentants du capital privé et d’État. Cependant, ce sera la force ou la faiblesse relative du capital national dans le marché mondial qui déterminera le nouveau point d'équilibre entre capital privé et étatisé. C'est la lutte entre les différentes fractions du capital pour un repartage du marché mondial, la nécessité de se préparer pour une guerre impérialiste mondiale, qui est à la base de la tendance inexorable vers le capitalisme d'État.

La "gauche" officielle est le véhicule de base des fractions de la bourgeoisie qui défendent le système capitaliste d'État le plus achevé. La "gauche" ne représente pas seulement l’aile la plus étatiste, elle représente aussi la plus nationaliste. Alors que l'aile "modérée" du Parti Travailliste anglais (Wilson, Healy) était le reflet fidèle des intérêts de la City et entretenait les relations les plus étroites possibles avec le capital américain, la "gauche" travailliste (Tony Benn, The Tribune Group) est le reflet d'une tendance grandissante à une; économie nationaliste et autarcique. Ainsi, la "gauche" travailliste est décidée à retirer l'Angleterre du Marché Commun et à utiliser le National Enterprise Board prévu pour, selon les mots mêmes de M.Benn "s'opposer aux multinationales et empêcher les industries anglaises d'investir outre-mer". Les nationalisations, les accords de planification, le N.E.B., les contrôles sur les échanges etc. voilà les instruments dont la "gauche" espère se servir pour conduire le capital britannique dans la voie de l'autarcie.

En France, aux récentes élections présidentielles, François Mitterrand, le candidat des partis Socialiste, Communiste et Radical de gauche a clairement fait savoir son intention de limiter les activités des compagnies multinationales, et de protéger l'"indépendance" du capital français. En réponse à un questionnaire de la revue "Entreprise", organe de pointe de l'aile "moderniste" du patronat, Mitterrand affirme :

  • "Je veux préserver notre indépendance dans trois domaines essentiels :

Vis-à-vis des investissements étrangers dans les secteurs-clé.

  • Technologiquement, surtout dans les industries de pointe (ordinateurs, énergie nucléaire).
  • En tenant compte des approvisionnements en énergie et en matières premières.

C'est dans cet esprit que ces mesures envers les multinationales seront étudiées et votées." (Entreprise n°975)

Mitterrand voit aussi les nationalisations comme un moyen de sauvegarder les "intérêts nationaux" français :

  • "Dans certains cas (les nationalisations) sont aussi une solution pour éviter que certaines compagnies ne tombent sous le contrôle étranger. Si Roussel-Uclaf avait été nationalisé, comme nous l'avons proposé en 1973, cela lui aurait évité de passer entre les mains du capital étranger. [1]" (Idem).

Comme l'indépendance du capital français ou anglais est une illusion, et que la seule alternative à la domination américaine est de se tourner vers le capital russe, la dégradation de la situation économique va renforcer l'influence de la fraction de gauche du capital, aussi sûr que la nationalisme et l'étatisme sont deux manifestations de l'orientation grandissante vers la guerre.

Les solutions de la bourgeoisie

Intensification du travail, blocage des salaires, programmes d'austérité et déflation servent à reporter la crise sur le prolétariat et à abaisser les salaires. Les énormes investissements en capital fixe sont de moins en moins en mesure d'aider le grand capital, entraîné, dans une crise qui s'approfondit, face à la saturation des marchés, à augmenter la productivité du travail. La baisse des profits, les taux d'intérêt élevés, les taxes qui augmentent rapidement ont d'ores et déjà entamé la capacité du capitalisme à faire de nouveaux investissements importants. Ainsi en Mai en Angleterre, la Confédération de l'industrie britannique "affirmait qu'il y avait eu un effondrement sans précédent dans les perspectives du capital" (Financial Times 4/6/74 Pour relever le taux de profit, la bourgeoisie devra de plus en plus utiliser la bonne vieille méthode d'intensification du travail, avec ses conséquences Inévitables: épuisement, maladies, accidents et mort précoce qui seront le sort des ouvriers qui auront encore du travail. Cette augmentation du taux d'exploitation entraînera dans son sillage un chômage massif, puisque moins de travailleurs produisent plus de plus-value.

La lutte pour les marchés s'intensifiant, chaque fraction nationale de la bourgeoisie doit tenter de réduire ses coûts de production. Pour renforcer sa compétitivité et élever son taux de profit, la bourgeoisie essaie aujourd'hui de diminuer ses frais salariaux, de réduire le coût de travail à son strict minimum, jusqu'à payer les ouvriers en-dessous de la valeur de leur force de travail.

Lors de la dernière grande crise économique des années 30, la bourgeoisie avait deux politiques de base qu'elle pouvait utiliser alternativement dans ses assauts contre le niveau de vie du prolétariat : la déflation, qui entraîna une réduction directe des salaires (Allemagne, Italie, Flandin et Laval en France) l'inflation, qui, elle, entraîna une baisse indirecte du pouvoir d'achat dû à la dépréciation de la valeur de la monnaie (Etats-Unis, Angleterre, Blum en France). Dans la mesure où les prix étaient tombés depuis cinq ans à un niveau sans précédent, et où le lourd fardeau des dettes (les crédits bancaires qui ont financé la reconstruction d'après-guerre) condamna bien des capitaux à l'oisiveté, le grand espoir de la bourgeoisie résidait dans une politique inflationniste comme celle de Roosevelt aux Etats-Unis, qui cherchait à relever les prix et à délivrer les capitalistes du poids de leur endettement grâce à la dévaluation de la monnaie. Les répercussions sur le prolétariat ne furent pas moins désastreuses que celles de la politique déflationniste allemande. D'après William Green, président de l'A.F.L., le revenu des ouvriers a augmenté de 7,5% entre Avril 1933 où le Dollar avait été dévalué et Février 1934, alors que le prix des produits alimentaires de base augmentait de 16,7% et les prix des vêtements et autres marchandises de 27,5%. "Il y eut une hausse du salaire nominal mais une baisse du salaire réel" (Lucien Laurat "Cinq Années de Crise Mondiale", Paris 1934, p.74).

L'actuelle crise mondiale bien que caractérisée par une chute de production et une augmentation du chômage (quoiqu'à un niveau différent de celui qui a suivi le krach de 1929) ne se manifeste pas par une chute vertigineuse des prix mais au contraire par l'inflation galopante. Le palliatif temporaire de politique inflationniste qu'avait utilisé le New Deal américain et le Front Populaire français dans les années 30 est aujourd'hui impossible. Les tentatives de renflouer l'économie à travers, soit la diminution des taxes, soit les mesures destinées à faciliter le crédit (mesures prônées par The Economist en Angleterre ou Keyserling aux Etats-Unis) entraîneraient une sur-inflation à côté de laquelle l'actuel chiffre d'inflation semble modeste et un risque d'effondrement économique. En Occident, la bourgeoisie a opté pour une politique déflationniste dans l'espoir d'enrayer l'inflation. Aux Etats-Unis, Arthur Burns, le président du Fédéral Reserve Board, a affirmé "l'inflation où elle en est risque de saper les fondements de notre société...l'avenir de notre pays est en danger". Le taux d'intérêt aux Etats-Unis s'est élevé à un niveau record de 11,5% et la bourgeoisie semble déterminée à sa politique d'argent cher, malgré la menace très réelle d'une crise des liquidités et d'une vague de banqueroutes. En Italie, Guido Carli, le gouverneur de la Banque d'Italie insiste sur la nécessité de prendre "de sévères mesures pour limiter le crédit", pour enrayer le déficit des paiements qui s'amorce et éviter la banqueroute nationale. En Italie, le taux d'intérêt est monté jusqu'à 15,5% en Juin ! En France, Wormser qui était le gouverneur de la Banque de France jusqu'en Juin, appelait à une "déflation orthodoxe',' seul moyen de sauver la France de la ruine économique. Sa politique semble avoir gagné l'accord du nouvel occupant de l'Élysée puisque le nouveau gouverneur de la Banque Centrale, B. Clappier a annoncé le 20 Juin que la Banque de France avait augmenté son taux d'escompte de 2%, la plus grande augmentation de l'histoire du pays (ce taux atteint le niveau sans précédent de 13%). Bien que la déflation ne signifie pas que l'État bourgeois va permettre l'effondrement des grandes banques et entreprises par manque de crédits (comme la théorie orthodoxe le recommanderait) rien ne dit que la bourgeoisie soit prête à accepter et supporter la dépression économique et le taux de chômage, impensables il y a quelques années dans un effort désespéré d'arrêter le cycle d'inflation. Entre la sur-inflation (style Weimar), d'un côté, et une crise des liquidités accompagnée d'une chute massive de la production de l'autre, la bourgeoisie a un champ de manœuvre restreint.

L'effet le plus désastreux de la politique déflationniste en sera les conséquences pour la classe ouvrière. C'est le prolétariat qui devra faire les sacrifices nécessaires pour rendre chaque capital national à nouveau compétitif sur le marché mondial, pour arrêter la baisse des profits . Les blocages de salaires, les politiques de revenus, et les "contrats sociaux" pour empêcher la hausse des salaires et par là-même pour amener une baisse du salaire réel. Plus encore, il est important de constater que la part du capital variable destiné à payer les salaires directement aux ouvriers décroît, contrairement à ce qui se passait à l'époque du capitalisme "libéral" (19° siècle.) Une part croissante des coûts destinés à entretenir et assurer la reproduction de la force de travail .des ouvriers est prélevée directement par l'État (le représentant du capital national global) grâce à des taxes directes ou indirectes, et ainsi ne passe pas dans les mains du patron individuel et n'apparaît pas dans la paye des ouvriers. Dans ces coûts sont inclus, en partie ou en totalité, le logement, l'éducation, les transports, l'hygiène, la sécurité sociale, etc. Ainsi les salaires ou les coûts d'entretien des ouvriers peuvent être largement réduits par l'action de l'État, sans que cela prenne la forme d'une réduction du salaire nominal directement payé aux ouvriers. Cette réduction peut prendre la forme d'une réduction de "services sociaux" ou d'une élévation de facto. De telles réductions de "salaires" ne peuvent être combattues au niveau de l'entreprise et demandent une réponse politique immédiate de la classe ouvrière. Enfin, la bourgeoisie se servira aussi du chômage massif pour baisser les salaires.

Les secteurs dirigeants de la bourgeoisie sont à présent engagés dans une politique déflationniste, mais l'application de cette politique s'avère difficile. Dans les années 30, la bourgeoisie affrontait un prolétariat physiquement vaincu ou dominé idéologiquement par les partis contre-révolutionnaires social-démocrates et staliniens. Le chemin était alors laissé libre à la bourgeoisie d’imposer ses solutions à la crise (d'abord Inflation ou déflation, ensuite guerre mondiale impérialiste). Aujourd'hui elle affronte un prolétariat qu'il reste encore à vaincre par la terreur ou l'affrontement armé, et qui n'est plus soumis au strict contrôle idéologique de la gauche officielle Les cinq dernières années ont vu un essor des luttes ouvrières caractérisé par une combativité accrue et une indépendance vis-à-vis des syndicats et des partis de "gauche". La tentative d'imposer son programme d'austérité est lourde de dangers pour la bourgeoisie, d'autant plus qu'elle risque de provoquer une forte explosion sociale et un affrontement armé avec le prolétariat, pour lequel les capitalistes ne sont pas encore préparés. Le problème pour la bourgeoisie est de trouver un cadre dans lequel elle puisse sans danger lancer son assaut contre la classe ouvrière. Les changements dans les gouvernements occidentaux, qui ont pris des proportions démesurées cette année (Angleterre, Belgique, Danemark, France, Italie ainsi que les difficultés de Tanaka au Japon et de Nixon aux U. S. A) sont les symptômes d'une crise politique de la bourgeoisie. La participation active des syndicats et des partis de "gauche" au gouvernement, que ce soit dans un gouvernement d’"Unité nationale" ou par la formation d’un bloc politique de gauche est la plus sûre garantie de la bourgeoisie pour imposer sa politique, calmer les ouvriers et préparer le massacre du prolétariat. Les trotskistes, maoïstes et autres gauchistes qui apportent leur "soutien critique" à la fraction de gauche du capital ne font que révéler une fois de plus leur participation active à la contre-révolution.

Le nouveau gouvernement travailliste anglais a proposé un budget déflationniste digne d'un Enoch Powell. Il a essayé de divertir la classe ouvrière par une brusque augmentation des taxes sur la part de plus-value consommée individuellement par les capitalistes, mais il agit d'une façon strictement orthodoxe (très appréciée dans les milieux financiers internationaux) en imposant une élévation des taxes sur l'industrie pour obtenir un effet de déflation sur l'économie. Plus important toutefois est le coup porté au prolétariat par le budget de Healy présenté au parlement. D'abord, il y a une série d'augmentations exorbitantes des prix des services sociaux de base, pour pallier au déficit énorme qui entrave les industries nationalisées. L’électricité à usage domestique augmentera de 30% (le budget d’origine parlait de 60% pour les tarifs de nuit, mais il a été modifié depuis). Le charbon à usage domestique, les chemins de fer et le téléphone augmenteront de 12 à 15%. Les impôts directs sur les revenus (même pour les bas salaires) augmenteront de 30 à 33% par rapport à leur taux actuel. La T.V.A a été étendue aux confiseries, boissons non-alcoolisées et au pétrole, tandis que la taxe à la vente a augmenté sur les cigarettes, la bière, le whisky et les paris. Comme toutes les taxes à la vente, c'est sur la classe ouvrière qu'elles pèseront plus lourd.

Pour maintenir les salaires à un bas niveau, le gouvernement travailliste a établi son fameux contrat social avec le T.U.C, avec l'accord des syndicats :

  • ne pas renégocier tout de suite les contrats signés au cours de la "phase trois” de Heath.
  • un écart de douze mois entre deux négociations
  • "Les prochaines mesures permettront seulement aux salaires de rattraper les prix”. -"Il devra y avoir aussi peu de grèves que possible”.

Le contrat social doit encore être mis à l'épreuve, mais la perspective n'est pas bonne pour la bourgeoisie. Les syndicats ont réussi à détourner la lutte de classe dans des chemins corporatistes et sectoriels, mais ils risquent de perdre leur contrôle sur les ouvriers s'ils tentent d'étouffer les grèves qui revendiquent des augmentations de salaire. La stratégie de Wilson consiste à reporter la crise sur les ouvriers par le biais des réductions des services sociaux et une augmentation des taxes, tout en comptant sur l'impact dégrisant de la menace du chômage pour désamorcer la lutte de classe.

La réaction du prolétariat à cette érosion constante de son niveau de vie apparaîtra clairement en automne, lors de la nouvelle vague de grèves prévue. Si Wilson et les syndicats ne peuvent contenir la classe ouvrière grâce au contrat social et à la menace du chômage , l'actuel gouvernement travailliste aura échoué. Face à la sur-inflation, au déficit spectaculaire des paiements et à la chute raide de la production, la bourgeoisie doit trouver une nouvelle politique pour éviter le désastre économique et social. La tentation s va devenir forte de recourir à une série de mesures protectionnistes pour réduire les importations à leur strict minimum. La voie sera alors ouverte à la gauche travailliste qui réagira à la crise en se retirant du Marché Commun et en réorganisant l’économie sur une base autarcique. Benn et le "Tribune Group” sont persuadés qu’ils pourront imposer une telle politique aux ouvriers qui devront faire les sacrifices nécessaires à une Angleterre socialiste.

Il y a une autre alternative possible pour la bourgeoisie. Si la sur-inflation domine le contexte social, la bourgeoisie peut s'apprêter à se tourner vers Enoch Powell. En plein désastre social (entraîné par une inflation type Weimar), Powell pourrait mobiliser les classes moyennes, le lumpen-prolétariat, les petits capitalistes, etc. En imposant un chômage massif (la base de son programme économique) comme le dernier reste d'effort pour sauver la Grande-Bretagne et rendre à l’économie sa santé.

En Italie les différentes fractions de la bourgeoisie se sont aujourd’hui accordées sur la base d’un programme d'austérité. La bourgeoisie a déjà imposé de sévères restrictions sur les importations et une politique monétaire rigoureuse, et a décidé après la dernière crise politique du gouvernement, de la nature des sacrifices que les travailleurs seront obligés de faire. Les dépenses en services sociaux vont subir une réduction vertigineuse. Les prix des transports urbains et de l'électricité, du gaz et de l’eau vont être augmentés-sans parler de l’augmentation de l’essence. Les taxes sur les revenus et à la vente vont être relevées, de telle sorte que les propriétaires de voiture devront payer une taxe supplémentaire. Les nouvelles taxes sont destinées à soutirer au moins cinq milliards de dollars sur le pouvoir d'achat dans l'espoir de combattre l’inflation et de freiner ensuite les augmentations. La plus grande partie de ces cinq milliards de dollars seront enlevés de la poche des travailleurs.

Premier Mariano Rumor en plus de s’être de longue date engagée dans la consultation des leaders syndicaux en matière de politique économique, a été requis pour la coalition gouvernementale par ses partenaires socialistes, pour assurer une consultation régulière du PC avant toute décision importante. C’est le premier pas vers la coalition de "sécurité nationale’’ proposée par les syndicats. Bien que le PC ne soit pas encore au gouvernement, l’appel à un "compromis historique que Berlinguer a lancé aux démocrates-chrétiens montre que le PC est déjà prêt à prendre ses ’’responsabilités’’ pour assurer la mise en place du programme d’austérité. Giovanni Agnelli, la tête du gigantesque empire de Fiat et le nouveau président de la ”Confindustria" (l’association des patrons) a récemment fait savoir son adhésion à une telle ouverture "à gauche". Le nouveau programme d’austérité sera mis à l’épreuve dans les mois à venir, ainsi que la capacité que pourront avoir les syndicats comme la gauche de le faire accepter à la classe ouvrière.

En France, en Belgique et au Danemark, la bourgeoisie élabore désespérément de nouveaux programmes d’austérité qui seront dévoilés dans les semaines à venir. D’un bout de l’Occident à l’autre, de l’Angleterre et d’Italie au Japon, à l’Allemagne de l’Ouest et aux USA, la bourgeoisie s’est engagée dans une politique de déflation à l’intérieur et d’exportations accrues, pair tenter de résoudre la crise. Ces mesures déflationnistes, qui assaillent brutalement le prolétariat, ne peuvent pas arrêter l’inflation galopante. La réduction la plus énergique des coûts d’entretien des ouvriers, n’aura pas d’effet sur la croissance démesurée des dépenses improductives qui sont indispensables à la survie du système capitaliste dans sa phase de décadence[2]. Ces dépenses, qui sont la véritable cause de l’inflation dévastatrice qui est aujourd’hui en train de saper les bases du système capitaliste, s’étendront au fur et à mesure que la crise s’approfondira et que l’appareil productif sera consacré, de plus en plus, à la production de moyens de destruction. Les barrières de douane se dressant partout dans le monde et l’heure étant à l’économie nationale et à l’autarcie, les espoirs que la bourgeoisie met dans un boom des exportations pour enrayer les déficits grandissants du commerce et des paiements, se révéleront illusoires.

De même qu’il était impossible à la bourgeoisie dans les années 30 de résoudre la crise par de sévères mesures inflationnistes ou déflationnistes, de même aujourd’hui, ni la déflation, ni l’effort d’exportation ne constituent une porte de sortie à la bourgeoisie pour se libérer de la crise . Il n’y a qu’une solution capitaliste à la crise : la guerre mondiale impérialiste. La signification réelle des différentes mesures que prend la bourgeoisie en période de crise, c’est la préparation à la guerre. Cette préparation implique la forme la plus extrême de centralisation du capital -le capitalisme d’État- qui met en place les structures économiques nécessaires à la guerre. Les attaques contre le prolétariat sont le pendant indispensable de la préparation de la bourgeoisie à la guerre.

  • "La destruction de la conscience de classe du prolétariat par la mystification idéologique et son écrasement physique par la terreur, sont les moyens employés tour à tour et simultanément pour obtenir l’adhésion ou tout au moins la passivité docile de la classe ouvrière, condition indispensable permettant au capitalisme d’aller à la guerre." (R.I. Bulletin d’étude et de discussion n° 5)

Que la bourgeoisie n’ait qu’une issue ne signifie pas que la perspective est à une guerre impérialiste mondiale. L’intensification de la lutte de classe montre à quel point le prolétariat peut barrer la route à la guerre. Les prochaines années seront décisives. Il dépend aujourd’hui de la réaction du prolétariat à la crise que la bourgeoisie puisse ou non imposer sa solution.

Mac Intosh.


[1] Roussel-Uclaf, une des compagnies pharmaceutiques françaises de pointe tombée récemment sous le contrôle de Hoechst, trust géant allemand de la chimie.

[2] Pour une analyse des causes fondamentales de l’inflation, voir "Surproduction et Inflation". Révolution Internationale n° 6

Questions théoriques: 

  • L'économie [4]

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • Capitalisme d'Etat [5]

Rubrique: 


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Liens
[1] https://fr.internationalism.org/tag/situations-territoriales/france [2] https://fr.internationalism.org/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france [3] https://fr.internationalism.org/tag/heritage-gauche-communiste/lutte-proletarienne [4] https://fr.internationalism.org/tag/questions-theoriques/leconomie [5] https://fr.internationalism.org/tag/heritage-gauche-communiste/capitalisme-detat