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Révolution Internationale n° 347 - juin 2004

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Attaques contre la sécurité sociale - La riposte est dans la rue, pas dans les urnes !

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Aujourd'hui, un an après la "réforme" sur les retraites, le prolétariat en France est confronté à une nouvelle attaque violente et frontale de sa bourgeoisie : la remise en cause de la Sécurité sociale et des dépenses de santé.

Une nouvelle attaque généralisée du capitalisme
contre la classe ouvrière

Celle-ci va toucher tous les ouvriers et se traduire par une aggravation considérable de leurs conditions de vie et une intensification de leur exploitation.
Les mesures déjà annoncées prévoient simultanément :

  • la taxation d'un Euro (qui pourrait être rapidement portée à 2 Euros) par consultation médicale ;
  • la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités imposables dont le taux passera de 6,2 à 6,6 % de leurs revenus ;
  • l'augmentation indirecte de cette même CSG pour tous les salariés, sans modifier son taux de 7,5 % mais en élargissant l'assiette servant de base à son calcul ;
  • l'augmentation du forfait hospitalier ;
  • la prolongation au-delà de 2014 de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) qui continuera ainsi à peser sur les jeunes et les futures générations ouvrières ;
  • une consultation plus chère et un accès plus sélectif et limité à la médecine spécialisée ;
  • la poursuite de la fermeture des structures hospitalières non rentables et de la "réforme" des hôpitaux d'ici 2007 ;
  • l'accélération de la politique de déremboursement des médicaments dont le champ devrait bientôt s'étendre à une majorité de prescriptions ;
  • la transformation de la carte vitale en outil de contrôle et de surveillance informatisé pour prévenir tout "recours abusif" à la médecine ou aux prescriptions médicales de chaque assuré social ;
  • l'annonce d'un flicage renforcé des arrêts de travail préconisant non seulement le remboursement des indemnités journalières par les patients mais exerçant également une pression directe à base de sanctions disciplinaires ou d'amendes pour les médecins afin de les dissuader d'accorder trop ou de trop larges arrêts-maladie.

Concrètement, les maladies non physiquement décelables comme la dépression nerveuse, l'angoisse, le stress, la fatigue qui deviennent de plus en plus le lot commun des ouvriers confrontés quotidiennement à la dégradation de plus en plus insupportable de la vie sociale et à l'intensification de l'exploitation seront systématiquement suspectées de fraude à l'assurance maladie.
Le cumul de ces ponctions allant toutes dans le même sens caractérise l'ampleur de l'accélération de la nouvelle attaque actuelle. Ainsi, plus personne n'est épargné, ce sont d'emblée tous les prolétaires, toutes générations confondues,qui vont subir de plein fouet cette attaque, dans le secteur privé comme dans le secteur public, les retraités comme les actifs, les chômeurs comme les salariés. Après avoir vu leur retraite considérablement amputée et avoir perdu l'espoir de s'assurer une vie décente au cours des dernières années de leur existence, les prolétaires se voient en plus aujourd'hui privés du droit de tomber malade et de se soigner. La classe ouvrière, désormais à peu près taillable et corvéable à merci, est ainsi brutalement ramenée à un niveau de misère, de précarité et d'exploitation comparable à celui qu'elle subissait au 19e siècle, mais cette fois sans pouvoir escompter une amélioration de sa condition tirée des progrès du capitalisme.
Contrairement au battage des médias qui la présentent comme une série de mesures hâtivement ficelées, cette attaque a été cette fois encore dûment planifiée et préparée depuis des mois. La bourgeoisie s'est donnée tous les moyens pour la mener avec le moins de danger possible de s'exposer à une réaction incontrôlable de la classe ouvrière.

Comment la bourgeoisie prépare l'attaque sur la Sécurité sociale ?

Après l'annonce télévisée des principales mesures le 17 mai, entre deux échéances électorales, ce qui est toujours une période où la bourgeoisie a le moins à craindre une mobilisation ouvrière, tout doit aller très vite : dans la foulée, les "partenaires sociaux", essentiellement les syndicats, sont officiellement consultés et reçus ; le 25 mai, le texte du projet de loi est déposé au Conseil d'Etat, à la mi-juin, il passe au conseil des ministres avant d'être débattu et adopté au parlement en juillet, en plein milieu des vacances d'été.
D'emblée, les médias minimisent la portée des mesures annoncées et mettent en avant qu'il ne s'agit que de mesurettes constituées de bric et de broc et non la grande réforme annoncée depuis des mois à grands renforts de publicité.
Les syndicats eux-mêmes sont loin de jeter de l'huile sur le feu et se contentent d'appeler à une journée de mobilisation-test pour le 5 juin, alors qu'une série d'autres mobilisations est annoncée sur d'autres motifs, dans des secteurs particuliers. Ainsi les fonctionnaires sont appelés à faire grève le 25 mai pour protester contre la non revalorisation des salaires dans la fonction publique et les coupes budgétaires alors que les hauts-fonctionnaires d'Etat s'attribuent dans le même temps des primes supplémentaires, donnant une large publicité aux échos sur le train de vie princier du couple Sarkozy. Les électriciens et les gaziers sont également appelés à se mobiliser tous les jours et à manifester "massivement" le 27 mai et le 15 juin contre le changement de statut d'EDF et de GDF et au nom de "la défense du service public".
Mais surtout, la bourgeoisie française pour dissuader les ouvriers d'entrer massivement en lutte lui tend un piège électoral et annonce cette attaque majeure et cette intensification de l'exploitation capitaliste en pleine période électorale pour mieux détourner le mécontentement des ouvriers du terrain de la lutte de classe et le pousser à s'exprimer dans les urnes. Déjà traditionnellement, les périodes électorales ne sont pas les plus favorables pour la classe ouvrière et sont profondément démobilisatrices. Mais aujourd'hui, la campagne électoraliste de la bourgeoisie est particulièrement adaptée pour intoxiquer au maximum la conscience des ouvriers et miner leur riposte aux attaques sur la Sécurité sociale. La bourgeoisie utilise à présent l'impopularité de Raffarin et de ses gouvernements successifs pour lui faire porter le chapeau d'une nouvelle attaque, quitte à le sacrifier par la suite. Ainsi, toute la bourgeoisie orchestre-t-elle une vaste campagne idéologique mettant en avant que, puisque le gouvernement Raffarin est le responsable des attaques, il faut confirmer la baffe qu'il a prise aux élections régionales, il faut continuer à le sanctionner avec son équipe à travers le bulletin de vote aux élections européennes. Depuis les élections régionales, au sein de l'appareil politique de la bourgeoisie, les syndicats et les gauchistes eux-mêmes appellent sans relâche les ouvriers à se mobiliser avant tout sur le terrain électoral et à exprimer leur mécontentement dans les urnes, apportant ainsi la meilleure caution à la parole de Raffarin lui-même au moment de l'attaque sur les retraites "Ce n'est pas la rue qui gouverne". Les ouvriers sont encouragés massivement par les syndicats et les gauchistes à faire du bulletin de vote une arme efficace pour atteindre cet objectif dérisoire devenu un mot d'ordre largement répandu : "virer Raffarin", ce dernier étant désigné comme unique responsable des attaques et de tous les maux du capitalisme.
Il faut rappeler que les attaques sur la Sécurité sociale adoptées par les équipes de droite actuelles sont la poursuite et l'intensification des mesures déjà prises par la gauche quand elle était elle-même au gouvernement. Il faut se souvenir que l'argumentation utilisée pour justifier ces attaques est elle aussi identique. Ainsi, par exemple, la "responsabilisation" des patients face au "trou de la Sécu" et aux soi-disant "abus" des dépenses de santé avait été l'enveloppe idéologique de l'institution du forfait hospitalier par le "communiste" Ralite en 1983. La fameuse CSG avait été instituée par le gouvernement Rocard, au nom de la "solidarité sociale" alors que la prolongation de la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale) dont le PS critique aujourd'hui le poids sur les générations futures avait déjà été précédemment pérennisée jusqu'en 2014 par le gouvernement Jospin. Quant à la politique intensifiée aujourd'hui sur le déremboursement des médicaments, il faut rappeler que c'est Madame Aubry qui l'avait initialisée. Il n'est pas une seule des mesures adoptées, intensifiées ou renforcées aujourd'hui qui n'ait été préparée, ébauchée ou entreprise par la gauche au gouvernement.
Derrière cela, il s'agit bien entendu de mystifier les ouvriers et de tenter de les persuader que la lutte ne sert à rien, que seul le bulletin de vote peut changer les choses. C'est une gigantesque escroquerie.
De tous temps, la bourgeoisie a cherché à persuader les prolétaires que "lutter ne sert à rien". Or, face au développement et à la succession des attaques capitalistes, le seul moyen de se défendre est de lutter. La classe ouvrière n'a pas d'autre choix. Car si elle ne le fait pas, la bourgeoisie va continuer à cogner toujours plus fort, sans retenue.
Quel est l'enjeu véritable de la situation ? Il s'agit pour la bourgeoisie de masquer aux yeux de la classe ouvrière que la véritable signification de l'attaque sur la Sécurité sociale est la même que celle sur les retraites l'an dernier, sur les chômeurs il y a quelques mois. Ces attaques n'ont rien à voir avec une "situation transitoire" liée à une "mauvaise conjoncture économique" ou encore avec une "mauvaise répartition des richesses" comme le prétendent les altermondialistes ou les gauchistes de "Lutte Ouvrière". Le démantèlement accéléré de l'Etat providence n'est pas particulier à la France. Partout, dans tous les pays industrialisés, qu'ils soient gouvernés par la gauche ou par la droite, les ouvriers subissent avec l'aggravation de la crise économique mondiale, la même remise en cause des "acquis sociaux" et de toute la protection sociale qui avait été mise en place, notamment en France, pour mieux amener les prolétaires "à retrousser les manches" pour faire redémarrer l'économie nationale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cela révèle au grand jour la faillite historique du système capitaliste qui n'a rien d'autre à offrir à l'humanité que toujours plus de misère, de massacres, de barbarie, de famines, d'épidémies.
C'est justement pour cela qu'il n'existe pas d'autre perspective pour les ouvriers que de renverser le capitalisme à l'échelle mondiale et de le remplacer par une autre société, basée non plus sur la recherche du profit et l'exploitation mais sur la satisfaction des besoins humains.
Ce n'est que par la lutte que la classe ouvrière peut freiner les attaques du capitalisme, reprendre confiance en ses propres forces et prendre conscience qu'elle est seule capable d'offrir une alternative à l'impasse du capitalisme.
Plus que jamais, il s'agit pour la bourgeoisie de faire obstacle à la prise de conscience au sein de la classe ouvrière que, face à ces attaques massives, les prolétaires sont poussés à entrer en lutte massivement, ensemble, à s'unir autour des mêmes revendications.

La nécessité de tirer les leçons de la défaite du printemps 2003

Mais pour cela, les prolétaires ne peuvent faire confiance ni aux syndicats, ni aux gauchistes. Si la bourgeoisie peut se permettre aujourd'hui cette nouvelle attaque, moins d'un an après avoir fait passer sa réforme des retraites, c'est parce que la classe ouvrière n'a pas pu faire reculer la bourgeoisie sur les retraites, parce qu'elle est tombée dans les pièges tendus conjointement par le gouvernement, les syndicats et les gauchistes. C'est la défaite subie l'an dernier qui permet à la bourgeoisie de préparer des attaques encore plus lourdes et généralisées contre les prolétaires.
Pour pouvoir faire face à ces attaques, les ouvriers ne doivent ni se laisser démoraliser, ni retomber dans les pièges que leur tend inévitablement la bourgeoisie. Ils ne doivent en particulier plus faire la moindre confiance à ceux qui prétendent défendre leurs intérêts et qui sont précisément les mêmes que ceux qui les ont conduits dans cette défaite l'an dernier, les syndicats et les organisations gauchistes.
C'est une des principales leçons que la classe ouvrière doit pleinement tirer de la défaite du printemps 2003. Il faut rappeler comment les syndicats et les gauchistes ont déjà manoeuvré les ouvriers dans ces moments décisifs, notamment en enfermant la lutte sur le terrain du corporatisme. Déjà, la bourgeoisie avait choisi le moment de porter son attaque sur les retraites et avait mis en place un dispositif pour que l'explosion inévitable de la colère ouvrière soit stoppée par la trêve des congés d'été. L'essentiel de sa manoeuvre a consisté à provoquer un secteur particulier, celui de l'Education nationale, au moyen d'une attaque spécifique particulièrement sévère, en vue d'obtenir que sa lutte se polarisant sur cette attaque la concernant en propre, il s'isole du reste de la classe désamorçant ainsi le risque d'une mobilisation généralisée de la classe ouvrière face à l'attaque sur les retraites. Alors même que les syndicats freinaient la lutte dans les autres secteurs (RATP, SNCF) sur la question des retraites, ils encourageaient les enseignants à se battre sur l'attaque spécifique concernant la décentralisation. Les syndicats ont été le fer de lance de l'enfermement dans la corporation, qui a joué un rôle décisif dans la défaite du printemps 2003. Ainsi, en poussant à la focalisation des enseignants sur cette attaque spécifique, ils ont à la fois permis de faire passer l'attaque sur les retraites au second plan des préoccupations des enseignants et installé sur le devant de la scène une attaque dans laquelle l'ensemble de la classe ouvrière ne pouvait plus se sentir immédiatement concernée. Cette manoeuvre de division a été parachevée avec la période des examens que les syndicats "radicaux" et les gauchistes ont menacé de bloquer, provoquant ainsi des réactions d'hostilité envers les enseignants de la part de prolétaires dont les enfants risquaient de faire les frais de ce blocage. Enfin, après avoir semé l'illusion que la détermination des enseignants à eux seuls pourraient faire reculer le gouvernement et avoir épuisé leur combativité dans une grève longue, les syndicats ont activement poussé les enseignants à faire porter le chapeau de la défaite aux autres secteurs de la classe ouvrière qui n'auraient pas manifesté leur solidarité envers les travailleurs de l'Education nationale. Les syndicats et les gauchistes ont ainsi favorisé et suscité la division des ouvriers, non seulement en permettant de faire passer l'attaque sur les retraites pour tous les ouvriers mais en infligeant un goût de défaite encore plus amer et démoralisant pour le secteur de l'Education nationale.
La classe ouvrière pour pouvoir se défendre et freiner les attaques de la bourgeoisie est amenée à surmonter le poids de la démoralisation des défaites précédentes, à réaffirmer et développer son combat de classe. Pour être en mesure de déjouer les pièges que lui tendra inévitablement la bourgeoisie, elle devra discerner quels sont ses ennemis. En particulier, les différentes fractions de la bourgeoisie, avec en leur sein les syndicats et les gauchistes, vont s'appuyer sur le même type de manoeuvres d'enfermement pour empêcher la mobilisation la plus large et unitaire possible de la classe ouvrière et faire passer l'attaque sur la Sécurité sociale et le système de santé.
C'est ce qu'ils font dès à présent en tentant de détourner la classe ouvrière d'une riposte massive et en cherchant à l'attirer sur le terrain de la bourgeoisie, vers l'impasse des urnes.
La classe ouvrière n'a pas d'autre choix que de se battre le plus massivement et le plus unitairement possible sur son terrain de classe pour être en mesure de résister aux attaques de la bourgeoisie. Elle doit réapprendre à ne compter que sur ses propres forces pour développer son combat de classe.

Wim (21 mai)

Situations territoriales: 

  • Situation sociale en France [1]

IRAK - MOYEN-ORIENT : La barbarie des grandes démocraties capitalistes

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Tous les jours, des heurts meurtriers se déroulent dans chaque ville irakienne comme à Kerbala le 19 mai dernier. Des massacres de populations civiles se perpétuent comme dans le village de Makredid où une fête de mariage a été bombardée faisant au moins 40 morts, principalement des femmes et des enfants. Les exécutions sommaires d'otages à l'arme blanche par des groupuscules fanatisés et armés toujours plus nombreux deviennent monnaie courante. Mais ce qui est nouveau dans la situation, c'est l'apparition sur les écrans de télévision du monde entier des tortures infligées aux prisonniers irakiens d'Abou-Ghraib. Il est certain que ces tortures ne doivent pas concerner que cette seule prison, pas plus qu'elles n'auraient seulement commencé qu'au mois de mai de cette année.


Devant cet immense "scandale" qui éclabousse toute l'armée américaine mais aussi l'ensemble du gouvernement des Etats-Unis, la défense de ceux-ci apparaît dérisoire. Elle consiste à affirmer que cela ne relève que de cas isolés et serait le produit d'initiatives personnelles de quelques soldats pervers. Cette barrière de défense provisoire a rapidement fait long feu. Aujourd'hui, c'est toute la chaîne américaine de commandement qui est mise en cause, et ceci jusqu'à D. Rumsfeld lui-même (secrétaire d'Etat américain à la Défense).

La réalité criante de la barbarie des grandes démocraties capitalistes

L'Etat américain est entré à nouveau en guerre contre l'Irak de Saddam Hussein au nom de la lutte contre le terrorisme, les Etats voyous, pour la défense de la civilisation et de la démocratie. Les tortures infligées aux prisonniers irakiens mettent clairement en lumière la véritable nature de la démocratie. En matière de barbarie, elle n'a rien à envier à n'importe quelle autre forme de dictature du capital. Les Etats-Unis ne sont pas le premier Etat démocratique à utiliser massivement la torture. Sans avoir besoin de remonter trop loin dans le temps, il suffit de se rappeler le rôle joué par la démocratie française au Rwanda en 1994, organisant cyniquement un génocide et des tortures à grande échelle qui allaient entraîner le massacre sauvage d'un million de personnes. Mais plus clairement encore, pendant la guerre d'Indochine, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale menée au nom de la lutte contre le monstre fasciste, l'armée française ne se prive pas d'utiliser massivement la torture. Parmi d'innombrables témoignages celui du jeune lieutenant-colonel Jules Roy est frappant dans sa dramatique ressemblance avec ceux qui nous parviennent aujourd'hui d'Irak : "Sur toutes les bases aériennes, à l'écart des pistes, étaient construites des cahutes, qu'on évitait et d'où, la nuit montaient des hurlements qu'on feignait de ne pas entendre... Je demandai à l'officier qui m'accompagnait ce que c'était 'Rien, des suspects '. Je demandai qu'on s'arrêtât. J'allai à la pagode. J'entrai : on amenait les files de Nha Que devant les tables où les spécialistes leurs brisaient les couilles à la magnéto" (Mémoires barbares, éd. Albin Michel, 1989). De ce point de vue, les tortures infligées également par l'armée française pendant la guerre d'Algérie à la fin des années 1950 n'ont rien à envier à celles pratiquées en Indochine. En Algérie, la torture a été promue par les chefs de l'armée française : Massu, Bigeard, Graziani au rang d'une véritable torture de masse. Dans chaque place du territoire algérien, il y avait un officier de renseignement tortionnaire officiel, entouré de son équipe de paras "spécialisés". Contrairement à ce qu'affirment tous les idéologues et autres défenseurs de l'ordre bourgeois, la démocratie, tout au long de son histoire, comme toute autre forme d'organisation du capital, n'a jamais cessé d'utiliser les moyens les plus barbares pour arriver à ses fins. Les larmes de crocodiles versées par le gouvernement français sur les horreurs perpétrées en Irak apparaissent ici clairement pour ce qu'elles sont : pure hypocrisie ! Il est indéniable que la révélation des tortures perpétrées en Irak ne se traduise par un nouvel affaiblissement du leadership américain. Il est évident que les principales puissances rivales des Etats-Unis ne pouvaient qu'utiliser à nouveau cet affaiblissement dans le sens de la défense du renforcement de leurs sordides intérêts nationaux.

C'est à cette logique qu'obéit le renforcement sans précédent de la coopération stratégique et militaire entre la France et la Russie. La mise en place de contacts réguliers entre leurs ministres de la défense et leurs chefs d'Etat-major, ainsi que le déroulement de manœuvres navales d'envergure sont l'expression directe de cette nouvelle politique impérialiste. Mais plus directement encore "La France a fait savoir la semaine dernière par la voix de son ministre des Affaires étrangères, M. Barnier, qu'elle n'enverrait pas de soldats en Irak 'ni maintenant, ni plus tard'" (Dépêche Internet du Monde datée du 20/05/04). Jusqu'à présent les dirigeants français s'en étaient tenus à une toute autre position. Ils affirmaient jusqu'ici que pour envisager une participation militaire de la France en Irak, il ne pouvait y avoir d'autre voie qu'un retour de l'ONU à la tête des opérations. Cette porte est dorénavant définitivement fermée. L'impérialisme français vient même de refuser d'accéder à la demande de C. Powell, chef de la diplomatie américaine, d'envoyer des soldats en Irak avec une mission limitée consistant seulement à protéger le personnel de l'ONU. Quelle que soit l'ampleur des massacres et des tortures infligées à la population irakienne, les puissances rivales des Etats-Unis ne peuvent que se réjouir secrètement de l'affaiblissement du leadership américain en Irak. Plus encore, elles pousseront celui-ci, au mépris de tout respect pour la vie humaine, dans un enlisement toujours plus profond dans le bourbier irakien.

En Irak, un chaos et une barbarie sans limites

Il est un fait évident, maintenant visible par tous, l'Irak est un pays en plein chaos. La guerre y est permanente et couvre tout le pays. L'armée américaine et ses alliés de la coalition s'enlisent dans un bourbier toujours plus grand, manifestant une perte de contrôle grandissante de la situation. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, le 9 avril 2003, les Etats-Unis s'enfoncent chaque jour un peu plus dans une violence qu'ils parviennent de moins en moins à contrôler. Attentats, prises d'otages et combats de rue se multiplient. La révolte chiite menée par le leader Moqtadta Al Sadr continue à s'étendre malgré les appels au calme lancés par l'ayatollah Al Sistani. L'attentat commis le 17 mai, qui a tué le président du gouvernement provisoire irakien est un nouveau revers important pour l'impérialisme américain. Il matérialise le refus par les diverses fractions ethniques irakiennes d'entériner la carte politique américaine, de la mise en place d'un gouvernement démocratique irakien aux ordres de Washington. En un peu plus d'une année de guerre, l'impérialisme américain se retrouve face à un front du refus, hier encore impensable, composé des différentes fractions ethniques et religieuses : Kurdes, Chiites, Sunnites.

Tous aujourd'hui s'opposent à la présence américaine sur le sol irakien. Pour les Etats-Unis il n'existe plus de porte de sortie. G.W. Bush ne peut pourtant que réaffirmer que le transfert de souveraineté serait malgré tout maintenu au 30 juin. Un président américain intérimaire, un premier ministre et d'autres ministres devraient être désignés dans les semaines à venir d'après l'administration américaine. L'inquiétude devant l'évolution de la situation en Irak, se manifeste par une demande de donner plus de latitude aux Irakiens, en matière de sécurité et d'installations militaires de la part des principaux alliés de Washington. S. Berlusconi en visite tout récemment aux Etats-Unis, a même fait savoir qu'il avait pour projet : "le transfert complet de souveraineté à un gouvernement provisoire irakien au 30 juin, dans le cadre d'une nouvelle résolution du conseil de sécurité de l'ONU." Toutes ces tentatives de nommer un gouvernement provisoire en Irak, alors que le pays est occupé militairement par les Américains, sont vouées à l'échec. Ce gouvernement n'aurait aucune légitimité aux yeux de l'ensemble des Irakiens, quelle que soit leur ethnie ou religion. Ce gouvernement apparaîtrait nécessairement comme une création américaine et serait sans doute combattue en tant que tel. L'affaiblissement accéléré du leadership américain se manifeste également par un processus d'éclatement de la coalition. Depuis le retrait commencé des troupes espagnoles, des pays comme le Honduras, la Thaïlande et, en Europe, la Pologne, le Danemark, la Hollande ont fait savoir leur inquiétude grandissante et leur éventuel projet de retrait pur et simple de leur participation aux forces de la coalition. J.P. Balkemende, chef d'Etat des Pays Bas, le 11 mai dernier, suite à la mort du premier soldat hollandais en Irak a déclaré : "que la présence future et la légitimité des 1300 soldats sur place dépendront du rôle futur des Nations Unies en Irak." La situation de chaos est telle dans ce pays que la bourgeoisie américaine, républicains et démocrates confondus, est aujourd'hui dans l'incapacité de tracer une réelle perspective à la politique américaine sur le terrain. En effet, tant le retrait pur et simple des troupes engagées, comme celui de leur maintien sur place, voire de leur renforcement, n'offre aucune perspective de stabilisation de la situation.

L'approfondissement de la décomposition capitaliste au Moyen-Orient

Depuis quelques jours, l'Etat israélien poursuit une offensive militaire d'envergure, dans le Sud de la bande de Gaza, près de la ville de Rafah. Cette nouvelle opération militaire baptisée "Arc-en-ciel", se traduit par des dizaines de morts et la destruction de zones entières d'habitations. Le mois dernier, Sharon, chef de l'Etat israélien, en visite aux Etats-Unis et sortant d'une entrevue avec Bush présentait au monde son nouveau plan de paix, qui consistait, entre autre, au retrait programmé des colonies israéliennes de la bande de Gaza. En guise de plan de paix, les Palestiniens et notamment les femmes et les enfants, auront eu droit aux bombardements, tirs de missile et autres mortiers dans leurs villages. Ce plan de paix est en fait un plan de guerre qui vise à rejeter les Palestiniens au-delà du Jourdain et d'écraser dans le sang toute résistance dans la bande de Gaza. Cette politique de Sharon, de fuite en avant dans la guerre se révélera à terme totalement suicidaire pour toute la région, y compris pour l'Etat d'Israël.

Le Moyen-Orient est, comme l'Irak, à feu et à sang. La guerre et le chaos ne peuvent que s'y accélérer. Face à la gravité de la situation, et devant le processus accéléré de déstabilisation de tout le Moyen-Orient, le conseil de sécurité permanent de l'ONU a demandé à travers une résolution à l'Etat d'Israël "qu'il soit mis fin à la violence " Les arrières pensées des requins impérialistes siégeant en permanence à l'ONU ne fait aucun doute. Cette organisation de la bourgeoisie, contrairement aux discours mensongers qui sont perpétuellement avancés, n'est que le lieu de confrontations diplomatiques des rivalités inter-impérialistes. Chaque Etat n'y défend que ses propres intérêts. En ce sens, la résolution adoptée en opposition à l'opération militaire "Arc-en-ciel" n'a rien à voir avec un sentiment d'humanité, totalement étranger à ce type d'organisation. Cette prise de position n'est, ni plus ni moins, qu'un des moments d'affrontement entre puissances impérialistes dominantes. Le front antiaméricain qui s'y est exprimé par le vote de cette résolution participe de fait au développement de la guerre et du chaos au Moyen-Orient.

Mais le fait que les Etats-Unis soient amenés dans cette circonstance à s'abstenir au moment du vote en dit long sur l'affaiblissement de la première puissance mondiale. L'ambassadeur américain adjoint, J. Cunningham a justifié cette abstention en expliquant que la résolution ne prenait pas suffisamment en compte "le contexte des opérations militaires" destiné selon Israël a prévenir des attaques anti-israéliennes. L'incapacité de l'administration américaine à retenir son allié privilégié israélien s'étale ainsi au grand jour. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis n'ont été entraînés dans un tel processus d'affaiblissement. Cette situation est lourde de conséquences pour l'avenir. La décomposition de la société capitaliste qui s'exprime avec violence au Proche et au Moyen-Orient ne peut que s'accélérer dans la période à venir, d'affrontements militaires en attentats suicides toujours plus irrationnels. Il est à craindre notamment d'ici l'éventuelle nomination fin juin d'un gouvernement provisoire pro-américain en Irak, une montée en puissance de la violence qui n'épargnera plus aucun secteur de la population irakienne. Ce monde capitaliste en faillite qui s'écroule ainsi irrémédiablement met en danger de mort pas seulement la population d'Irak ou du Moyen-Orient, mais à terme celle de l'humanité toute entière.

Tim (20 mai)

 

Géographique: 

  • Irak [2]
  • Moyen Orient [3]

Récent et en cours: 

  • Guerre en Irak [4]

Campagne électorale de LO et de la LCR : Le mensonge d'une prétendue Europe sociale

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"Après la baffe électorale des élections régionales, à la tonalité clairement anti-libérale, la droite n'en demeure pas moins résolue à faire passer son programme de démolition sociale (...) Dans ces conditions, il est clair que les prochaines élections européennes devront enfoncer le clou : le gouvernement C.R.S. (Chirac, Raffarin, Sarkozy) et sa politique libérale n'ont plus la moindre légitimité. Par la rue et par les urnes, ils doivent être chassés" (Bulletin de la Fédération des Bouches-du-Rhône de la Ligue Communiste Révolutionnaire). Sur la même longueur d'onde, Lutte Ouvrière déclare dans son n° 1867 : "A coup sûr, les élections européennes offrent une nouvelle occasion de désavouer la politique de ce gouvernement à plat ventre devant le grand patronat et le Medef et qui, après avoir amputé les retraites, s'attaque à l'assurance maladie, au droit de se soigner convenablement. Ce serait dommage de ne pas se saisir de l'occasion." (Editorial d'Arlette Laguiller).


 
Au moment où le gouvernement concocte des mesures draconiennes avec la collaboration des syndicats pour démanteler la protection sociale, alors qu'il est nécessaire que les ouvriers se mobilisent, se rassemblent, s'organisent pour lutter face à cette nouvelle attaque, les organisations trotskistes LO/LCR invitent les prolétaires …à aller "massivement" déposer leur bulletin de vote dans l'isoloir, le 13 juin aux élections européennes pour sanctionner une deuxième fois le gouvernement. Les trotskistes entretiennent ainsi l'illusion, comme aux régionales, que c'est dans les urnes que la riposte ouvrière peut s'exprimer. Il est pourtant manifeste que le résultat des élections régionales n'a en rien permis d'améliorer le sort des ouvriers comme il n'a en rien permis de ralentir les attaques de la bourgeoisie. Le sens réel de la contribution des trotskistes est qu'ils sont les fers de lance d'une vaste campagne idéologique orchestrée par la bourgeoisie autour des élections européennes qui vise à détourner au maximum les ouvriers du chemin de la lutte de classe.

"L'autre raison de faire campagne dans ces élections européennes est de pouvoir y dire ce que personne d'autre ne dira, que nous sommes partisans de l'unification de l'Europe, justement parce que nous sommes internationalistes, communistes", déclare LO dans son n° 1865. C'est le même discours de fond que tient aussi la LCR : "Nous ne sommes pas opposés à l'idée d'une organisation des peuples à l'échelle européenne, ni même à l'échelle mondiale".
Les Etats-Unis d'Europe ? L'unité européenne au nom de l'Internationalisme prolétarien et du Communisme ? Quelle mystification ! Cela n'a jamais été le point de vue de l'internationalisme prolétarien et des communistes puisqu'il est clair pour eux que seule la lutte de la classe ouvrière à l'échelle internationale peut venir à bout du capitalisme et de ses divisions nationales. "Prolétaires de tous les pays, unissez vous" pour renverser le capitalisme disait le Manifeste communiste dès 1848 parce que précisément la classe ouvrière n'a pas de patrie ni de frontières à défendre fussent-elle dans le cadre d'un regroupement ou d'une coalition d'Etats. Après l'altermondialisme, les trotskistes appellent à construire "une autre Europe". Pas l'Europe des capitalistes, mais "l'Europe sociale", "l'Europe des travailleurs", proclament-ils. Pour la classe ouvrière, il ne s'agit pas de construire "une Europe des travailleurs" mais de renverser le capitalisme, d'abolir les frontières, de détruire les rapports d'exploitation à l'échelle mondiale, et cela ne se fera certainement pas par les urnes. La propagande des trotskistes en faveur de l'unité européenne a une toute autre fonction. "Les travailleurs, la population, ont intérêt à une Europe unie, sans frontières entre les peuples, aussi large que possible. Mais cette Europe ne pourra être sociale ni être véritablement unifiée que si elle est débarrassée de la dictature des groupes financiers". (Editorial d'Arlette Laguiller, dans LO du 14 mai, intitulé "Pour une Europe unie, débarrassée de la dictature des financiers"). Ce n'est donc pas du système d'exploitation capitaliste qu'il faut se débarrasser mais simplement "de la dictature des groupes financiers" qui, selon LO, "serait responsable du chômage, des bas salaires, des retraites amputées et de l'assurance maladie menacée". Ce n'est donc pas ce système d'exploitation qui doit être détruit, mais les méchants patrons, les abominables représentants du capital financier et leurs larbins gouvernementaux qui doivent être chassés. "Pour une Europe libre : muselons le Capital", réclame encore LO dans une de ses affiches électorales.
Les soi-disant mesures sociales que vante et préconise LO ne sont en fait que de la poudre aux yeux qui reviennent à chercher à persuader la classe ouvrière qu'elle n'a pas intérêt à détruire le capitalisme par ses luttes pour instaurer le communisme, mais plutôt voter pour changer l'équipe gouvernementale et entretenir la mystification européenne pour tenter de les persuader encore mieux de rester sur le terrain électoral de la bourgeoisie. Ils n'hésitent même pas à transposer le fonctionnement des assemblées générales ouvrières ou des conseils ouvriers sur le parlement européen bourgeois en réclamant "des députés européens élus et révocables à tout moment" (LO n°1866 du 7 mai). On ne saurait jeter davantage de confusion dans les consciences ouvrières. Cela revient à chercher à crédibiliser le vieux mythe d'une Europe unie, de la construction européenne de la bourgeoisie aux yeux des ouvriers. Si les trotskistes sont aujourd'hui aux avants-postes de la mystification bourgeoise, tout ce barouf ne sert qu'à une chose, à appâter un maximum d'ouvriers pour les pousser une fois de plus vers les urnes de la bourgeoisie. Les trotskistes se trouvent ainsi en première ligne de la propagande bourgeoise en alimentant le mythe de la construction de l'unité européenne, en cherchant à dénaturer dans la conscience des ouvriers les principes internationalistes. Mais en fait, le mythe qu'ils entretiennent sur la construction européenne s'inscrit directement dans une logique de concurrence impérialiste des Etats européens avec les Etats-Unis d'Amérique. Les trotskistes contribuent à enfermer les ouvriers dans le cadre bourgeois, celui des frontières, des élections, de la démocratie, derrière les partis de gauche et les syndicats. Ce faisant, ils s'érigent contre le développement de la lutte de classe et contribuent à paralyser les réactions ouvrières contre les attaques de la bourgeoisie.

André

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"Recalculés de Marseille" - Ce n'est pas devant les tribunaux bourgeois que les chômeurs peuvent lutter contre la misère

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Après un mois de tumulte juridique et de battage médiatique autour du sort des "recalculés" (sinistre euphémisme pour désigner les 265 000 chômeurs privés prématurément, en janvier dernier, de 7 mois d'indemnités suite à la réforme de l'Unedic !), le dénouement est subitement tombé de la bouche du ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo. En effet, ce "Monsieur social" du gouvernement Raffarin III a tout simplement annoncé le 3 mai la réintégration des "recalculés" dans le système d'assurance chômage, soit près de 600 000 personnes d'ici à fin 2005. Décision officialisée par le Conseil d'Etat le 11 mai avec l'annulation de l'agrément de la convention Unedic de décembre 2002 à l'origine de ce recalcul des prestations de centaines de milliers de chômeurs.
 

Il n'en fallait pas plus pour présenter les multiples procédures juridiques engagées auprès de 76 tribunaux, par les syndicats et associations de chômeurs (AC !, Apeis, CGT et MNCP), sous le jour d'"une grande victoire historique des chômeurs", "la victoire de milliers de pots de terre contre le supposé grand pot de fer" selon le comité national chômeurs-CGT ou encore "une gifle pour le Medef et le gouvernement", d'après les trotskistes de LO et de la LCR.
Mais peut-on imaginer un seul instant que la justice de la classe dominante, celle qui est délivrée par la bourgeoisie et dans ses intérêts, puisse prendre ne serait-ce qu'un moment fait et cause pour la classe ouvrière ? Bien sûr que non, et le mouvement ouvrier sait déjà depuis belle lurette tout ce que l'on peut attendre de la Justice dans la société bourgeoise : "Parmi bien d'autres institutions de l'Etat bourgeois, la justice sert à opprimer et à tromper les masses ouvrières. Cette institution respectable prononce ses jugements en se basant sur des lois faites dans l'intérêt de la classe des exploiteurs. Aussi, quelle que soit la composition du tribunal, la justice qu'il rend est limitée à l'avance par les articles d'un Code qui consacre les privilèges du Capital et l'absence de droits des masses ouvrières." (ABC du communisme, Nicolas Boukharine et Eugène Préobrajenski, 1919.)
Dès lors, que peuvent bien cacher ces lauriers qu'agite frénétiquement la bourgeoisie ? De quel genre de victoire pour la classe ouvrière nous parle-t-on ?
Ni les jugements favorables à la réintégration des chômeurs, rendus par les tribunaux de Marseille et Paris, respectivement le 15 avril et le 11 mai, ni la décision du Conseil d'Etat, n'ont remis en cause la réforme de l'Unedic. Bien au contraire, toute cette mascarade juridique n'a fait que renforcer cette attaque massive et brutale. Si l'Etat a lâché du lest pour les chômeurs entrés dans le système d'assurance chômage avant le 31/12/2002, ceux dont la situation avait déjà été recalculée, ce n'est que pour mieux enraciner la réforme face à l'ensemble de la classe ouvrière. C'est, en fin de compte, la vieille tactique empruntée au monde militaire qui consiste à faire croire à son ennemi qu'il remporte une victoire parce que l'on fait mine de battre en retraite alors que dans le même temps l'offensive se met en place.
D'abord, concernant certaines catégories de chômeurs, dont les médias se sont bien gardés de faire cas, aucune mesure rétroactive n'a été envisagée. Par exemple, les salariés ayant perdu leur emploi entre 50 et 55 ans doivent toujours subir une réduction de 22 mois d'indemnisation, qu'ils soient inscrits sur les listes de l'ANPE avant ou après le 1/01/2003 (voir RI 331).
Ensuite, pour la grande majorité "La décision annoncée par Jean-Louis Borloo maintient [l'essentiel] de la convention signée en décembre 2002. Tous les chômeurs entrés après le 1/01/2003 n'ont droit qu'à 23 mois [au lieu de 30 avant la réforme] d'indemnisation. Ensuite, il n'y a que les dispositifs d'Etat : Allocation spécifique de solidarité [ASS], RMI, voire rien du tout." (Libération du 4/05/2004.)
Il faut ajouter que dans le cadre de la réforme de l'assurance chômage, l'ASS doit être, dorénavant, limitée dans le temps (2 ou 3 ans) et, malgré la promesse de Chirac de réviser ce dossier, cette nouvelle attaque commencera à faire ses premières victimes dès le mois de juillet prochain.
Enfin, le PARE (plan d'aide au retour à l'emploi), instauré par le gouvernement Jospin en janvier 2001 et qui a déjà permis la radiation de centaines de milliers d'ouvriers des listes de l'ANPE, se trouve désormais entièrement consacré puisque les jugements successifs des tribunaux de Marseille et Paris lui ont reconnu une valeur de contrat. Ce même argument qui a servi à la réintégration des "recalculés" n'est en réalité qu'une étape juridique concoctée par la bourgeoisie pour aller encore plus loin dans la précarisation du travail et l'assouplissement des procédures de radiation du système d'assurance chômage. En effet, si un chômeurs refuse un emploi, quel qu'il soit, les Assedic pourront considérer qu'il y a rupture de contrat et par conséquent supprimer illico presto les indemnités perçues. Le président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, ne s'y est pas trompé en déclarant :"Nous avons applaudi au jugement de Marseille […] parce que nous avons toujours voulu que le PARE soit un contrat".
Voilà "la belle victoire" que célèbre dans une grande messe œcuménique syndicats, trotskistes, anarchistes officiels (type Alternative Libertaire), gauche plurielle, jusqu'à la députée UMP Christine Boutin.
En agitant ostensiblement "la victoire des recalculés", la bourgeoisie entérine sa réforme en suscitant le faux espoir chez les ouvriers suivant lequel, malgré les attaques violentes portées contre ses conditions de vie, le "petit pot de terre" peut prendre parfois le dessus sur le "grand pot de fer" car "il existerait finalement une justice en ce bas monde". Le prolétaire n'a plus qu'à se résigner en attendant que la bourgeoisie (qui, à la fois, fait office de juge et de bourreau) rende son verdict. La belle affaire !
Plus qu'un faux espoir, il s'agit d'une énorme mystification dont le but est d'atomiser les ouvriers, au chomage ou non, en les poussant à se défendre, isolés les uns des autres, dans les Palais de justice de la classe dominante et d'empêcher ainsi leur union sur le seul et unique terrain où ils représentent une force redoutable, celui de la lutte de classe.
Alors que la faillite du système capitaliste oblige la bourgeoisie à saigner encore plus le prolétariat en lui supprimant ses retraites, ses indemnités chômage et bientôt le remboursement de ses soins médicaux, ce dernier doit prendre conscience qu'il ne peut y avoir de justice pour les exploités dans un tel monde. Il n'y a qu'une sentence possible, la révolution communiste, et c'est au prolétariat qu'il revient, non seulement de la prononcer mais aussi de l'exécuter.

Azel (17 mai)

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Centenaire du journal L'Humanité : Comment le PCF falsifie sa longue histoire au service du capital

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Le 17 avril de cette année, le PCF a fêté le centenaire de la naissance du journal L'Humanité. Cet anniversaire, particulièrement marqué par un numéro spécial censé retracer la vie de ce journal, avait été lancé depuis près d'un an à coups de forums et de débats, agrémentés d'articles rassemblés sous une même rubrique appelant à "des futurs d'humanité". Prenant des poses "communistes" et "révolutionnaires", le PCF s'y vautre dans un de ses exercices préférés : la falsification de l'histoire du prolétariat et de la sienne propre. Il serait fastidieux et inutile de reprendre l'ensemble des exemples qui montrent qu'il s'agit d'une nouvelle tentative du PCF de détruire la conscience ouvrière et toute réflexion sur ce qu'est le PCF : un parti bourgeois à part entière.


Il suffit de citer par exemple l'interview de Marc Ferro, prétendu historien du mouvement ouvrier, dont L'Humanité utilise la "compétence" pour faire passer l'idée crapuleuse et propre à tous les mensonges bourgeois que la Révolution russe aurait été le résultat d'un coup d'Etat fomenté par le cerveau "génial" d'un Lénine manipulateur des masses et soutenu d'une poignée d'individus à sa botte. Par contre, pas un mot du PCF dans cette grande fresque "historique" sur le fait qu'il a soutenu la politique de Staline et les exactions commises en URSS et dans le monde contre la vieille garde bolchevique et les ouvriers révolutionnaires, dénoncée dans les colonnes de L'Humanité de l'époque comme traîtres à la "patrie" soviétique. Pas un mot sur les dénonciations aux nazis et à l'Etat pétainiste des éléments de la Gauche communiste au moment du pacte germano-soviétique. Pas un mot sur la contribution du PCF au déboussolement de la classe ouvrière et à son embrigadement vers la Seconde Guerre mondiale dans les années 1930. Pas un mot sur les mots d'ordre "A chacun son boche" faisant la Une de L'Humanité à la Libération. Pas un mot encore sur Thorez appelant les ouvriers à "retrousser les manches" pour la reconstruction de l'économie française, c'est-à-dire à leur faire accepter l'exploitation la plus forcenée. Le PCF fait encore bien des impasses qu'on ne pourrait citer sur sa véritable histoire (Voir notre brochure : "Comment le PCF est passé au service du capital"). Un des clous de cet anniversaire révélateur de l'entreprise crapuleuse qu'il constitue se trouve, dans son éditorial du 17 avril, où le PCF, porté par son élan de magouilleur patenté, va jusqu'à rassembler l'authentique socialiste Jean Jaurès, fondateur du journal en 1904, et… Nelson Mandela[1] [9] (1) !

Mais au-delà même de cet effort du PCF pour prouver à la bourgeoisie toute sa fidélité, cette mise en scène autour de la création de L'Humanité s'intègre dans les différentes tentatives du PCF visant à ravaler sa façade rongée par plus de soixante ans de soutien indéfectible aux pires horreurs du stalinisme en opérant un énième lifting "communiste", version plus "humaniste".
Dans les années 1990, suite à l'effondrement du bloc de l'Est et devant la faillite ouverte historique du capitalisme stalinien, le PCF avait cherché à se refaire une santé en se prévalant d'un "nouveau projet communiste", d'une "mutation" en son sein, pour tenter de se laver de l'image stalinienne qui lui collait à la peau dans la classe ouvrière. Il avait tenté en l'occurrence de faire croire à un retour aux sources, à ce qui avait été un moment de ses origines, à savoir la constitution en 1920, sous la poussée de la Révolution russe et du mouvement ouvrier mondial, d'un parti authentiquement prolétarien, expression véritable de la vague révolutionnaire internationale de 1917 et du début des années 1920. Dans ce but, on avait vu l'apparition d'une "Gauche communiste", issue du PCF et se réclamant des acquis de la Révolution russe mais aussi et surtout mettant l'accent sur l'apport des groupes révolutionnaires qui cherchèrent à tirer les leçons de 1917 et qui poussèrent à une réflexion de fond sur la dégénérescence des années 1920-1930. Il s'est avéré que la tentative a fait long feu car elle n'a pas permis au PCF de se doter d'une virginité révolutionnaire à travers la mise en place de cette prétendue "Gauche communiste" née du PCF, et non pas l'expression vivante de la réflexion issue du camp révolutionnaire suite à la dégénérescence de l'Internationale communiste dès les années 1920[2] [10] (2).
Alors que le PCF a passé le plus clair de son existence à combattre les héritiers de la social-démocratie, on le voit à présent s'en prévaloir et relier son "fil rouge" avec l'avant-Première Guerre mondiale et avec cette social-démocratie tant honnie, manière d'affirmer qu'il serait le représentant unique et authentique de la filiation entre le mouvement ouvrier du passé et celui d'aujourd'hui. Il y a deux raisons à cela. La première est une fois de plus d'éloigner le spectre du stalinisme qui plane peu ou prou encore sur lui en se faisant l'héritier de la période du mouvement ouvrier d'avant la Révolution russe, liée directement et de façon profondément mensongère par les médias bourgeois au stalinisme. C'est d'ailleurs pour cela que le PCF s'efforce d'en salir et d'en dénaturer la vraie signification, pour mieux s'en démarquer et du même coup se démarquer du stalinisme lui-même. Le PCF révèle donc ici une nouvelle fois le caractère profondément bourgeois de sa nature.
La deuxième raison est de contribuer à faire oublier que la social-démocratie a trahi le prolétariat en 1914 par l'union sacrée aux côtés de la bourgeoisie dans la guerre mondiale et que c'est même la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière), représentée par le journal L'Humanité, qui a directement envoyé des millions de prolétaires à la mort jusqu'en 1916 sous les différents gouvernements Viviani.
Lorsque le PCF se constitue en 1920 à Tours, ce sera avec nombre d'anciens sociaux-démocrates qui, s'ils n'avaient pas tous trahi en 1914, étaient très fortement gangrénés par l'opportunisme. Ce fut d'ailleurs un signe manifeste de cet opportunisme congénital du PCF qu'il reprenne le titre du journal de Jaurès. Ce dernier, s'il était sans conteste un socialiste convaincu et un ardent et authentique défenseur des intérêts ouvriers, était tout autant plutôt un socialiste "humaniste" sans attache profonde avec le marxisme, et s'il était un pacifiste des plus militants, il n'en était pas moins un patriote parmi les plus ardents.
Il faut répéter ici que le PCF, ainsi que tous les partis staliniens, qu'ils aient disparu ou qu'ils soient encore actifs, n'est plus depuis le début des années 1930 une organisation de défense des intérêts ouvriers.
Depuis plus de soixante-dix ans, le PCF a été un défenseur inconditionnel du capital national et un des plus dangereux et pernicieux ennemis de la classe ouvrière, un des pires représentants de la contre-révolution stalinienne en France et dans le monde.
Rappelons qu'il a été un des fers de lance de l'opposition au mouvement de Mai 68 en France, dénonçant et attaquant physiquement nombre de grévistes.
Et c'est au travers de sa participation active au gouvernement, au début des années 1980 et dans les années 1990, qu'il a encore assumé sa fonction de parti anti-ouvrier.

Mulan (21 mai)

[1] [11] Nelson Mandela, présenté (et pas seulement par le PCF !) comme l'exemple vivant du vieux lutteur héroïque n'est qu'un ancien petit chef mafieux et nationaliste, longtemps à la solde du bloc russe. Ce récent ex-chef de l'Etat sud-africain a été avant tout un des plus féroces responsables de la répression anti-ouvrière et contre les populations noires ou blanches, après comme pendant "l'apartheid". On est bien loin de la continuité avec Marx et Engels !

[2] [12] Même le "Mouvement pour la paix" qui restait son seul fonds de commerce est parti en lambeaux avec sa participation au gouvernement de la gauche plurielle qui a lui-même voté comme un seul homme la participation de l'impérialisme français aux expéditions guerrières en Afrique comme derrière les Etats-Unis en Irak en 1991 ou contre la Serbie en 1999.

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  • Vie de la bourgeoisie en France [5]

Révoltes en Thaïlande : Un suicide collectif qui illustre la décomposition du capitalisme

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Fin avril dernier, en Thaïlande, des affrontements ont opposé les forces de sécurité du pays à des groupes de jeunes musulmans armés qui ont lancé des attaques contre des postes de police dans trois provinces du pays. Ces affrontements violents se sont soldés par la mort de tous les assaillants armés de quelques fusils, de machettes et d'épées, armes pour le moins rudimentaires face à tout l'arsenal des forces de l'ordre étatique ! Celles-ci n'ont pas fait de quartier : lorsque certains des assaillants se sont retranchés dans une mosquée, l'armée a donné l'assaut et les a tous liquidés. Au total, 107 morts chez ces jeunes musulmans : pas de survivant.


Même si la situation internationale et la guerre impérialiste en Irak restent la toile de fond pour comprendre la radicalisation de nombreuses fractions islamistes ou terroristes comme l'organisation indonésienne Jemaah Islamiyah, à l'origine supposée de l'attentat de Bali, il n'y a ici aucune "logistique" terroriste chez ces jeunes fanatisés, aucun plan machiavélique préconçu pour tuer un maximum de civils, aucune préparation ou structure de type militaire, comme ce fut le cas à Madrid dernièrement ou en septembre 2001 à New-York. Cette révolte ressemble beaucoup plus à un suicide collectif qu'à une opération commando destinée à infliger le plus de dégâts possibles à l'adversaire désigné.

Pour la bourgeoisie thaïlandaise elle-même, les objectifs et les instigateurs de la révolte restent mystérieux : de terroristes islamistes séparatistes supposés, le gouvernement est passé à l'accusation de "trafiquants d'armes", de "simples bandits" à la solde de politiciens véreux.
Ainsi, pour d'autres spécialistes bourgeois, "ces événements s'expliquent entièrement par des paramètres locaux" (Libération du 28 avril). Sans nier ces paramètres locaux de minorités musulmanes au sein d'une population thaïe majoritairement bouddhiste au Sud du pays, il n'y a pas vraiment besoin de remonter à la fin du XVIIe siècle pour chercher les racines culturelles ou religieuses de cette révolte, que ce soit ici ou ailleurs dans le monde. Derrière tous les sentiments nationalistes, religieux, communautaires, on trouve souvent une population en proie à une misère permanente. Cette misère s'est accentuée au fil de l'aggravation de la crise économique, en Thaïlande comme ailleurs. D'autant plus dans des provinces excentrées, délaissées le plus souvent par l'Etat, réprimées régulièrement par la dictature militaire dès que s'exprimait le moindre souffle de révolte. C'est encore le cas aujourd'hui sous le règne de la démocratie. Pour fuir cette misère, beaucoup tentèrent d'émigrer vers la Malaisie, pays plus "prospère". Les traitements n'y furent pas meilleurs.
Depuis quelques années, la situation n'a fait que s'aggraver. Après l'effondrement du mythe de l'économie florissante des "dragons asiatiques" comme la Thaïlande et la Corée en 1997, des pans entiers de la population sont à l'abandon, avec comme seule perspective soit de se prostituer dès le plus jeune âge dans les zones urbaines du pays ou sur les sites touristiques où se concentrent le "marché" du tourisme sexuel, soit survivre de trafics divers, enrôlés par les diverses cliques mafieuses ou fondamentalistes.
Ces révoltes sont des révoltes sans perspective qui illustrent tout le degré de désespoir de ces jeunes. Elles illustrent surtout la décomposition grandissante de la société capitaliste.
Ce que montre cette révolte en Thaïlande, c'est que le degré de décomposition et d'incohérence de ce monde devient tel que, pour des secteurs entiers d'une population exclue, déclassée ou laissée à l'abandon, penser à une autre perspective de vie apparaît comme une illusion : seule la mort apparaît réaliste et libératrice.
Cette décomposition spectaculaire est aussi marquée en Cisjordanie ou à Gaza où ce sont des files entières de jeunes musulmans qui font la queue pour s'enrôler comme candidats au "martyr" pour le Hamas ou le Hezbollah. De jeunes candidats à l'attentat-suicide ont souvent exprimé le fait qu'ils n'avaient pas peur de mourir puisqu'ils étaient déjà morts !
Au fond, le désespoir et la misère sociale sont les mêmes. Par contre, au Moyen-Orient, la logistique et la manipulation guerrière, impérialiste sont d'un autre niveau : la bourgeoisie palestinienne et ses diverses fractions utilisent à leurs propres fins impérialistes cette chair à canon désespérée qui n'a plus d'autre envie que de mourir "pour la cause". La bourgeoisie sait se servir de ce désespoir, comme au Moyen-Orient, et cherche en permanence à l'utiliser pour mener sa guerre inter-impérialiste.
Mais, en l'occurrence, le désespoir de ces jeunes musulmans thaïlandais est devenu tel qu'il échappe même au contrôle et à l'utilisation, pour des fins politiques ou militaires, de telle ou telle fraction de la bourgeoisie, qu'elle soit islamiste, séparatiste ou démocratique. Voilà la conséquence ultime de ce monde en putréfaction qui n'offre plus de perspective viable ni même d'illusion alternative dans le cadre de son système. Et cela n'est pas cantonné aux seuls pays du "tiers-monde". Déjà, cette irrationalité s'exprime à des degrés divers dans tous les aspects de la vie sociale, politique et économique du monde capitaliste.
Sans le renouveau de la lutte prolétarienne sur un terrain de classe à l'échelle internationale, sans l'affirmation de sa perspective révolutionnaire pour elle-même et en définitive pour l'ensemble de l'humanité, la pourriture du monde capitaliste, sa décomposition sur pied ne peut que continuer à apporter la mort et l'enfoncement dans une barbarie sans limite.

So.

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  • Asie [13]

Derrière le mythe de "l'unité européenne", la réalité des tensions impérialistes

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L'élargissement tant attendu de l'Europe à vingt-cinq pays a enfin eu lieu le Premier mai 2004. Et il a bien sûr donné lieu à de grandes festivités dans les capitales européennes. Comme après le sommet de Maastricht fin 1991, on nous a gavé de grandes déclarations sur cette grande Europe, "continent enfin uni dans sa totalité"[1] [14] et de façon pacifique. Et avec la perspective des élections du 13 juin, il est certain que les trompettes de la propagande bourgeoise vont résoner à nouveau. Encensé comme un "tournant historique", l'élargissement de l'Union Européenne (UE), "formidable machine à exporter la paix et la stabilité"[2] [15] constituerait "l'acquis principal" et "l'achèvement le plus remarquable de l'Europe"[3] [16].
L'auto-célébration de la bourgeoisie ne doit pas faire illusion. Lorsque les bourgeois s'entendent entre eux, c'est sur le dos des ouvriers, sinon ils ne songent qu'à s'empoigner.


 
La poursuite de l'intégration européenne, commandée par l'intérêt commun des puissances de l'Europe de l'Ouest à créer un glacis de relative stabilité pour endiguer le chaos social et économique généré par l'implosion du bloc de l'Est en 1989, est loin de signifier "l'unité". Terrain d'affrontement privilégié des deux guerres mondiales, elle constitue l'épicentre des tensions impérialistes et il n'y a jamais eu de réelle possibilité de constitution d'une véritable unité qui permettrait de surpasser les intérêts contradictoires des différentes bourgeoisies nationales. En effet, "à cause de son rôle historique comme berceau du capitalisme et de sa situation géographique, (…) l'Europe au 20e siècle est devenue la clé de la lutte impérialiste pour la domination mondiale."[4] [17]

L'UE, une expression des tensions impérialistes
de l'après Seconde Guerre mondiale…

A une époque, la division du monde en deux blocs impérialistes lui conférait une relative stabilité, alors que la CEE (Communauté Economique Européenne) était l'instrument des Etats-Unis et du bloc occidental contre son rival russe, l'Europe pouvait avoir une certaine réalité. Suite à la Seconde Guerre mondiale, la construction de la communauté européenne a été soutenue par les Etats-Unis pour former un rempart contre les velléités d'avancée de l'URSS en Europe, et conçue pour renforcer la cohésion du bloc occidental. Bien que contenues et disciplinées par le "leadership" américain face à la nécessité de faire front à l'ennemi commun, d'importantes divisions n'ont cependant jamais cessé d'opposer les principales puissances européennes.
L'effondrement du bloc de l'Est en 1989 a entraîné la dissolution du bloc adverse et la réunification de l'Allemagne qui accédait ainsi à un rang supérieur de puissance impérialiste, décidée de mettre à profit cette opportunité de postuler à la direction d'un nouveau bloc opposé aux Etats-Unis. Les raisons qui contraignaient les Etats d'Europe occidentale à "marcher ensemble" ont volé en éclats et le phénomène s'est brutalement aggravé depuis quinze ans. Aussi, contrairement à tout le battage sur la marche en avant inexorable vers l'unité d'une grande Europe, c'est bien plutôt vers l'aggravation des tensions en son sein et des divergences d'intérêts qu'elle va.
Ce bouleversement historique a relancé la lutte pour l'hégémonie mondiale et la redistribution des cartes sur le continent européen. La lutte acharnée entre tous ces champions de la paix et de la démocratie pour le partage des dépouilles de l'ex-bloc russe a conduit, pour la première fois depuis 1945, au retour de la guerre en Europe au début des années 1990 en ex-Yougoslavie (et au bombardement par les forces de l'OTAN d'une capitale européenne, Belgrade, en 1999) où France, Grande-Bretagne et Etats-Unis, eux mêmes rivaux, s'opposent, par alliés interposés, à l'expansion allemande vers la Méditerranée, via la Croatie. La guerre en Irak a également encore montré l'absence fondamentale d'unité et les profondes dissensions et les rivalités entre nations européennes.

…qui s'aggrave encore après la Guerre froide

Depuis 1989, on voit l'Allemagne qui n'a pas cessé de manifester clairement ses prétentions impérialistes dans son aire d'expansion traditionnelle de la "Mitteleuropa", sous couvert de la construction européenne. Elle espère utiliser son poids économique sans équivalent dans les principaux pays de l'Est européen, ainsi que la proximité institutionnelle créée par l'élargissement pour arrimer ces pays à sa sphère d'influence. La bourgeoisie allemande ne peut cependant que se heurter d'un côté au chacun pour soi de ces différentes nations et de l'autre à la détermination des Etats-Unis d'y développer leur influence, par le biais en particulier de l'OTAN. "Cinq des nouveaux membres - l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie et la Slovénie - ont été accueillis en grande pompe, le 29 mars, à Washington, dans les rangs de l'OTAN, un mois avant leur intégration dans l'UE. La Hongrie, la Pologne et la République Tchèque font partie de l'Alliance depuis 1999. Les Etats-Unis font déjà campagne pour que la Bulgarie et la Roumanie, les deux autres nouveaux partenaires de l'OTAN, soient admises, à leur tour, dans l'UE."[5] [18] Les Etats-Unis comptent sur les pays de la "nouvelle Europe" pour paralyser son rival le plus dangereux et font le calcul que "plus l'UE s'étend, moins elle s'approfondit, et que cela complique la formation d'un contrepoids politique à la puissance américaine"[6] [19], comme le montrent les tiraillements à propos de l'adoption prochaine de la Constitution de l'UE.
Si, à l'Est, en dépit du chacun pour soi régnant, l'Allemagne renforce les potentialités d'accroître à terme son influence impérialiste, à l'Ouest elle se heurte en revanche à la fois à la France et à la Grande-Bretagne, qui ne peuvent que réagir à ce développement potentiel de l'impérialisme allemand.
La Grande-Bretagne, qui avait refusé en leur temps les accords de Maastricht, joue depuis et plus que jamais le rôle de soutien des Etats-Unis, faisant flèche de tous bois pour alimenter la zizanie entre les puissances européennes. Principal soutien à l'intervention militaire américaine en Irak, elle subit non seulement le discrédit de l'échec américain, mais se retrouve de plus en plus isolée en Europe. L'impact du bourbier irakien a fait voler en éclats la coalition "pro-américaine" formée par Londres, Madrid et Varsovie contre les ambitions franco-allemandes d'opposition aux Etats-Unis. L'adoption d'une orientation pro-européenne par le nouveau gouvernement Zapatero annonçant son retrait d'Irak, la prive de son principal allié en Europe. Cette défection a eu pour effet de précipiter la Pologne, ébranlée et divisée sur le choix de ses orientations impérialistes dans une crise politique qui a débouché sur la démission de son premier ministre et l'implosion du parti au pouvoir. En dépit des difficultés qu'elle rencontre, la Grande-Bretagne sera contrainte de continuer son travail de sabotage de toute alliance continentale durable en Europe.
Pour la France, qui rêvait de s'émanciper de la tutelle américaine depuis les années 1950, il n'est pas question de laisser l'Allemagne se fabriquer sur mesure une Europe sous son influence, ni surtout d'accepter le rôle subalterne que l'Etat allemand veut lui réserver dans le cadre de l'élargissement européen. C'est pourquoi elle espère trouver dans le renforcement et l'élargissement de l'UE les moyens de se garantir un contrôle "communautaire" capable de brider les ambitions de l'Allemagne. C'est encore pourquoi on la voit réactiver ses liens "historiques" avec la Pologne et la Roumanie et, fait plus récent, développer ceux tissés pour s'opposer à l'intervention américaine en Irak avec la Russie. En la matière, il faut souligner que cette dernière est tout à fait intéressée à cette "alliance" avec la France, du fait de sa propre inquiétude à se voir dépossédée de son ex-zone d'influence à l'Est de l'Europe, les limites de l'UE et de l'OTAN avançant jusqu'à ses frontières. Ceci afin de prendre l'Allemagne en tenaille sur son revers. D'autre part, au sein de l'UE, la France se mobilise pour reprendre de l'influence sur les pays du Sud de l'Europe, notamment l'Espagne, contre la position hégémonique de l'Allemagne et si elle répond aux sollicitations de la Grande-Bretagne de développer la défense européenne et de construire en commun un porte-avions, c'est pour étoffer ainsi face à l'Allemagne l'atout que constitue la puissance militaire dont cette dernière est dépourvue.

A quoi rime dans de telles conditions toute cette campagne sur la mythique "unité européenne" ? A servir de propagande idéologique et entretenir l'illusion sur un monde capitaliste qui sue par tous ses pores la mort et la misère.
La tendance au chaos et le règne du "chacun pour soi" ne sont en rien l'apanage des pays de l'ex-bloc de l'Est ou du "tiers-monde". La disparition de la division de la planète en deux blocs, en donnant le signal du déchaînement de la guerre de tous contre tous, place l'Europe elle-même au coeur des antagonismes impérialistes et rend déjà totalement illusoire toute idée d'une unité de l'ensemble des capitaux nationaux qui la composent. Plus encore, entre d'un côté‚ la détermination des Etats-Unis avec dans leur sillage, la Grande-Bretagne qui défend ici ses propres intérêts, de maintenir à tout prix leur suprématie sur le monde et de l'autre la montée en puissance de l'Allemagne, qui tend à se poser de plus en plus en rival des Etats-Unis, l'Europe ne peut que devenir l'enjeu ultime de cet affrontement.

Scott

[1] [20] Le Monde des 2 et 3 mai 2004

[2] [21] Le Monde du 4 mai 2004.

[3] [22] Le Monde du 4 mai 2004.

[4] [23] Voir Revue Internationale n°112, "L'Europe : alliance économique et champ de manœuvre des rivalités impérialistes".

[5] [24] Le Monde du 29 avril 2004.

[6] [25] Le Monde du 29 avril 2004.

Géographique: 

  • Europe [26]

Situations territoriales: 

  • Vie de la bourgeoisie en France [5]

XVIe congrès de Révolution Internationale - Le renforcement de l'unité et de la solidarité au sein de l'organisation

  • 2249 lectures

Au mois d'avril s'est tenu le 16è congrès de la section du CCI en France. Ce congrès a constitué une étape très importante dans la vie de notre organisation. En effet, il y a deux ans, le 15è congrès de RI avait été transformé en Conférence extraordinaire du CCI du fait que notre organisation avait traversé la crise la plus dangereuse de son histoire avec la constitution en son sein d'un groupuscule parasitaire dénommé "Fraction interne du CCI" et qui s'était formée sur la base de réunions secrètes fomentées à l'insu de l'organisation et visant à détruire les principes de fonctionnement unitaires et centralisés du CCI.


 
Cette conférence extraordinaire avait permis à tous les militants de prendre la mesure de la gravité des agissements destructeurs de cette prétendue "fraction interne", notamment la circulation de rumeurs suivant lesquelles les organes centraux du CCI seraient manipulés par un flic, le vol d'argent appartenant au CCI, de documents internes susceptibles d'être livrés à la police (et notamment le fichiers d'adresses de nos militants et de nos abonnés). Mais ce qui a surtout fini par convaincre les camarades qui avaient encore des hésitations sur le caractère trouble et destructeur de cette "FICCI", c'est son comportement politique consistant à kidnapper à l'aéroport de Roissy deux délégués de notre section mexicaine qui, bien qu'ayant rejoint la "fraction", avaient accepté de participer à cette conférence extraordinaire pour y défendre leurs désaccords. Alors que leur voyage avait été payé par le CCI, ces deux délégués ont été "cueillis" à l'aéroport par deux membres de la FICCI qui les ont empêchés de rejoindre notre conférence. La FICCI a refusé de rembourser au CCI le prix des deux billets d'avion (voir notre article dans RI n°323, "Le combat pour la défense des principes de fonctionnement de l'organisation"). Ce comportement de petits gangsters, de même que les méthodes visant à faire circuler des calomnies dans tout le CCI pour semer la méfiance, le trouble et la confusion et détruire l'organisation avaient justifié que ce congrès de RI se transforme en conférence extraordinaire avec comme principal objectif celui de mener le combat pour sauver le CCI et ses principes organisationnels.
Deux ans plus tard, la section en France, à l'occasion de son 16è congrès se devait donc en premier lieu de tirer le bilan de ce combat.

Le rétablissement de la confiance et de la solidarité
au sein de l'organisation

Comme tous les congrès de RI, celui-ci avait une dimension internationale puisque toutes les sections du CCI y étaient représentées. La section en France, appuyée par l'ensemble des délégations internationales, a tiré un bilan très positif de son activité au cours des deux dernières années. Malgré les attaques qu'elle a subies de la part de la FICCI et qui ont contraint le CCI à se mobiliser pour défendre sa principale section, RI a été capable de poursuivre son activité au sein de la classe ouvrière. Elle a su resserrer les rangs en son sein pour mener le combat contre les manœuvres parasitaires de la FICCI en dénonçant publiquement ses comportements de mouchard (voir notre article "Les méthodes policières de la FICCI" dans RI n°330). Ce combat n'a pu se réaliser que grâce au rétablissement de la confiance et de la solidarité au sein de l'organisation basée sur une réappropriation collective des principes du mouvement ouvrier.
Le congrès a mis en évidence que la section en France est aujourd'hui plus unie et plus soudée que jamais. Elle a fait la preuve ces deux dernières années de sa capacité à défendre les principes organisationnels du CCI, et notamment ses principes de centralisation.
Le congrès de RI a tiré un bilan très positif du travail réalisé par son nouvel organe central qui a été à la hauteur de ses responsabilités comme l'ont révélé les textes préparatoires à ce congrès.
Aujourd'hui, la principale section de RI est totalement débarrassée des clans et des clivages basés sur des loyautés purement affinitaires à tel ou tel individu.
Ainsi, la résolution d'activités adoptée à l'unanimité par ce congrès affirmait que : "La section en France est sortie renforcée de cette crise qui lui a permis de retrouver un esprit de fraternité en son sein et une compréhension en profondeur du poison que représentent pour le tissu organisationnel les dénigrements et la calomnie (…) Les divergences et désaccords peuvent s'exprimer dans un climat de confiance mutuelle sans qu'ils ne débouchent sur des attaques et conflits personnels." (point 3). "La centralisation est l'expression organisée de l'unité de l'organisation. En ce sens, elle est étroitement liée à celle de la solidarité et de la confiance qui sont les deux principes de base de la classe porteuse du communisme (…) C'est également grâce au renforcement de la centralisation à tous les niveaux (international, territorial, local) que la section a été capable de se mobiliser pour soutenir et défendre la section Nord de RI contre les manœuvres d'encerclement de la FICCI, en faisant vivre la solidarité et en s'appuyant sur la confiance entre camarades (…) Cette capacité de la section à renforcer sa centralisation afin de développer la solidarité en son sein et opposer un front uni dans le combat contre la FICCI (notamment en interdisant aux mouchards l'entrée de nos réunions publiques) a largement contribué à renforcer la confiance de nos contacts envers le CCI. Ainsi, loin d'inspirer la méfiance, le doute, les suspicions, cette politique centralisée de défense de l'organisation et du milieu politique prolétarien a au contraire renforcé la crédibilité du CCI. C'est justement notre capacité à montrer au grand jour ce qu'est la confiance et la solidarité en notre sein qui a permis à nos contacts d'assimiler en profondeur les principes élémentaires de la classe porteuse du communisme. C'est ce dont témoignent aujourd'hui le rapprochement et la fidélisation de nos sympathisants, de même que la volonté d'engagement de certains d'entre eux." (point 5).
C'est dans ce contexte de renforcement de l'unité de l'organisation, de rétablissement de la confiance et de la solidarité qui doit unir les militants d'une organisation communiste, que la section du CCI en France a pu intégrer dans ses rangs de nouveaux camarades et qu'elle peut aujourd'hui assumer ses responsabilités face aux nouveaux éléments qui se rapprochent ou veulent adhérer au CCI.

Le tournant dans la dynamique de la lutte de classe

Alors que la conférence extraordinaire qui s'était tenue il y a deux ans avait été entièrement polarisée autour de la question de la défense de l'organisation menacée de destruction par les agissements de la FICCI, le 16è congrès de RI a pu de nouveau se pencher sur l'analyse de l'évolution de la situation internationale afin de dégager des perspectives d'activités non seulement pour la section en France mais pour tout le CCI.
Des rapports avaient été préparés et discutés dans toutes les sections sur les trois aspects fondamentaux de la situation internationale : la crise économique du capitalisme, les affrontements impérialistes et l'évolution de la lutte de classe. Cependant, le congrès a pris la décision de concentrer la discussion sur ce dernier point dans la mesure où les deux autres, particulièrement sur les conflits uimpérialistes, avaient été amplement discutés lors du précédent congrès international alors que la situation, comme l'avaient mis en évidence les débats préparatoires, n'avait pas soulevé de questions nouvelles. Tel n'était pas le cas, en revanche, en ce qui concerne l'évolution de la lutte de classe. En particulier, le congrès a entériné l'analyse adoptée par l'organe central du CCI à l'automne dernier (voir notre article dans RI n° 347) concernant le tournant que connaît la dynamique de la lutte de classe depuis un an et dont les grèves du printemps 2003 en France contre la réforme du système des retraites a constitué la manifestation la plus évidente dans les pays centraux d'Europe occidentale. Les débats de ce congrès ont été particulièrement riches et animés. Ils ont permis un approfondissement des questions concernant le lien entre combativité et conscience au sein de la classe ouvrière. En particulier, la section en France et l'ensemble des délégations internationales se sont clairement prononcées sur la nécessité de se dégager des schémas du passé pour comprendre la dynamique actuelle du rapport de force entre les classes. Ainsi, il s'est dégagé de ce congrès une analyse claire et homogène sur le fait que les luttes de la période actuelle bien qu'elles n'aient pas connu un développement à la mesure des attaques massives portées par la bourgeoisie avec l'effondrement de l'Etat-providence, contiennent des potentialités beaucoup plus significatives sur le plan de la réflexion en profondeur sur la faillite historique du capitalisme et la nécessité de construire un autre monde. Ce sont justement ces potentialités, résultant de la situation objective de faillite du système capitaliste (aggravation simultanée de la crise et de la barbarie guerrière) qui expliquent que la bourgeoisie, pour saper la prise de conscience du prolétariat, soit aujourd'hui contrainte de prendre les devants en promouvant une fausse alternative : la mystification de l'altermondialisme (non seulement en France mais à l'échelle internationale).
En ce sens, les débats qui ont animé ce 16e congrès de RI ont permis à notre organisation de prendre la mesure des enjeux de ce tournant dans la lutte de classe. Bien que le redéploiement de la combativité ouvrière n'ait pas encore permis au prolétariat de retrouver son identité de classe et de reprendre confiance en lui-même, les questions de fond qui surgissent aujourd'hui (Vers où va la société ? Quel avenir ce système peut-il offrir à nos enfants ? Un autre monde est-il possible ? etc.) sont porteuses d'un développement de la conscience de classe beaucoup plus profond que celles qui se posaient dans les vagues des luttes des années 1970-80.
En particulier, le congrès a clairement mis en évidence que le surgissement de minorités (souvent en rupture avec le gauchisme et l'anarchisme) et d'éléments à la recherche des positions de classe dans tous les pays (et qui ont pris contact avec le CCI afin de participer activement au combat des organisations révolutionnaires) constituent aujourd'hui une illustration particulièrement éloquente de cette maturation de la conscience au sein de la classe ouvrière.
Le congrès s'est donc donné comme tâche prioritaire d'adapter son intervention en fonction de cette analyse du tournant dans la lutte de classe. C'est d'ailleurs cette orientation que notre organisation avait déjà mise en application en menant le combat contre l'idéologie altermondialiste depuis l'été 2003 à travers une intervention déterminée dans notre presse et dans les différentes kermesses de la bourgeoisie (Forum Social Européen, Forum Mondial de Bombay, etc.). Au sein des luttes elles-mêmes, la tâche que le CCI doit se donner ne peut se limiter à une intervention immédiatiste, au risque de tomber dans l'ouvrièrisme et de faire le jeu des gauchistes, mais a pour objectif majeur de développer la réflexion au sein de la classe en poussant les ouvriers à prendre conscience de l'impasse du capitalisme qui apparaît de plus en plus clairement comme un système n'ayant pas d'autre avenir à offrir à l'humanité qu'une misère et une barbarie croissantes.
C'est avec une vision historique et à long terme que les révolutionnaires se doivent d'examiner les changements dans la situation de la lutte de classe. Ce qui nécessite de la patience, en sachant que les combats que la classe ouvrière a développés depuis le printemps 2003 (en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Autriche, etc.) étaient certes des escarmouches au regard de l'ampleur des attaques portées, mais n'en sont pas moins significatifs de ce tournant dans la dynamique générale de la lutte de classe.

Les travaux de ce 16e congrès de RI, la richesse des débats qui l'ont animé, en particulier le fait que tous les militants aient pu s'exprimer (y compris les camarades nouvellement intégrés dans le CCI) dans un climat de confiance, ont témoigné de la vitalité de notre organisation et du redressement de sa section en France. Les discussions sur la situation internationale ont révélé une volonté d'approfondissement de la méthode, basée sur une vision historique, avec laquelle les révolutionnaires doivent examiner la dynamique de la lutte de classe. Ce congrès a pu ainsi dégager des orientations claires d'activités pour la période actuelle. Le tournant dans la situation de la lutte de classe "exige que les révolutionnaires soient à leur poste pour être facteur actif dans le développement des luttes ouvrières et pour stimuler la réflexion et l'évolution des jeunes éléments à la recherche d'une perspective de classe. Cette responsabilité des révolutionnaires est difficile, mais la conscience de cette responsabilité ne doit pas nous faire baisser les bras. Au contraire, elle doit constituer un stimulant permanent pour notre activité. Elle doit renforcer la conviction et la détermination des militants à poursuivre le combat (y compris contre les infamies du parasitisme) (…) Aujourd'hui encore reste valable ce que Marx écrivait il y a près de 150 ans : "J'ai toujours constaté que toutes les natures vraiment bien trempées, une fois qu'elles se sont engagées sur la voie révolutionnaire, puisent constamment de nouvelles forces de la défaite et deviennent de plus en plus résolues à mesure que le fleuve de l'histoire les emporte plus loin." (Lettre à J. Philip Becker). (Résolution d'activités, point 14).

RI

Vie du CCI: 

  • Résolutions de Congrès [27]
  • Défense de l'organisation [28]

La classe ouvrière est-elle toujours capable de renverser le capitalisme

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L'idéologie dominante, à travers d'incessantes campagnes, véhicule tout un arsenal de mensonges et de mystifications qui ont pour but de creuser le fossé le plus large possible entre la classe ouvrière et son expérience du passé. A tel point qu'il est plus que fréquent d'entendre autour de nous s'exprimer des doutes sérieux sur la classe ouvrière, sur son existence même, et donc encore davantage sur sa capacité à affronter une bourgeoisie considérée comme toute puissante.
Ces doutes ne remettent pas tellement en cause la nécessité d'un "autre monde". Il y a aujourd'hui de plus en plus de réflexions qui naissent sur la nécessité de changer la société dans laquelle nous vivons. La bourgeoisie ne s'y est pas trompée quand elle a mis en route son incroyable battage altermondialiste. Ces questionnements ne sont peut-être pas toujours très développés, mais quand ils existent, ils arrivent toujours à la question centrale : qui peut changer ce monde ? Les révolutionnaires disent : la classe ouvrière, et elle seule. Les altermondialistes disent : l'individu, le citoyen. Il faut combattre cela, il faut réaffirmer avec force le fait historique incontournable qui fait de la classe ouvrière la seule classe révolutionnaire dans le capitalisme. Et il faut avant tout être particulièrement fermes sur le fait que cela est pleinement valable aujourd'hui, quoiqu'on dise sur la classe ouvrière.


 

Le recul de la conscience de classe
provoqué par l'effondrement du stalinisme

Ces doutes et ces remises en cause de la nature révolutionnaire du prolétariat aujourd'hui ont plusieurs origines. Il y a d'abord un constat immédiat et figé de la situation actuelle de la classe ouvrière laquelle, elle-même, dans son immense majorité, ne se reconnaît pas comme classe ; ce constat est valable : la classe ouvrière a aujourd'hui, en grande partie, perdu son identité de classe.
Ensuite, pour envisager la perspective de renverser le capitalisme, il faut aussi avoir confiance en soi. Or, la classe aujourd'hui montre qu'elle n'a pas cette confiance qu'elle avait manifestée en 1968, de même que dans les années 1970 et 1980, lorsqu'elle développait des vagues de luttes pour s'imposer contre les licenciements et la montée du chômage ; et a fortiori il est clair que la classe ouvrière n'a pas la confiance en elle qu'elle avait manifestée en 1917.
Est-ce qu'elle peut encore récupérer cette combativité, cette confiance en soi, son identité de classe, sa perspective propre, en tant que classe ?
Il est vrai qu'après l'effondrement du bloc de l'Est et l'effondrement du stalinisme, la bourgeoisie, au niveau mondial, s'est employée à bien enfoncer dans la tête de la classe ouvrière que stalinisme égale communisme et marxisme et que tout cela vient de s'effondrer, effaçant toute perspective d'avenir pour le prolétariat. Cette campagne, massive, a eu un poids très important. Ce poids n'a fait que renforcer encore les discours de toujours de la bourgeoisie sur le fait que, de toutes façons, même dans le meilleur des cas, la perspective du renversement du capitalisme et de l'instauration d'une véritable société communiste, c'est-à-dire enfin de la communauté humaine, est peut-être une vision noble mais purement utopique étant donné ce qu'est "la nature humaine", marquée par l'esprit individualiste, de concurrence, la violence, etc.
En réponse à ces doutes, et face au poison idéologique de l'altermondialisme qui considère le marxisme comme de l'idéalisme et de l'utopie, nous affirmons au contraire que la classe ouvrière est toujours capable de renverser le capitalisme. Pour cela, nous nous appuyons sur plusieurs éléments. D'abord, la classe ouvrière existe toujours. Contre les mensonges de la bourgeoisie sur la disparition de la classe, assimilée aux ouvriers en bleu de chauffe, nous affirmons que le prolétariat existe et n'a pas disparu. Tant que le capitalisme existera, il ne pourra se passer d'une classe ouvrière. Il ne faut pas oublier que la classe ouvrière est la seule véritable source de création de richesses dans le capitalisme ; sans elle, il n'y a pour ainsi dire pas de possibilité pour le capitalisme de faire du profit. Ce profit provient in fine de l'exploitation de la classe ouvrière par les capitalistes, et c'est contre cette exploitation que la classe ouvrière est amenée à lutter. Donc tant que la classe ouvrière existera, elle sera obligée de lutter contre l'exploitation qu'elle subit, ce qui contient, de façon générale, l'hydre de la révolution. Les luttes récentes, en France, en Autriche, en Italie, en Grande-Bretagne, malgré toutes leurs limites, viennent rappeler que les ouvriers ne sont pas prêts à se laisser faire.
La faiblesse actuelle de la classe ouvrière est cependant réelle, et elle s'explique : d'abord, dans l'histoire, ce n'est qu'à certains moments qu'elle a pu manifester qu'elle n'était pas seulement classe exploitée, mais aussi classe révolutionnaire, et ceci à cause même de ses conditions de classe exploitée : en 1848, en 1871, en 1905, en 1917. Ensuite, sa situation de faiblesse actuelle s'explique par plusieurs facteurs : le fait qu'à la suite du mouvement de mai 68, à cause de sa méfiance envers le stalinisme, une méfiance fondée, elle avait rejeté même les organisations prolétariennes. Ce faisant, elle avait posé ses combats sur des bases politiquement bien trop étroites et, de plus, elle avait encore des illusions sur le fait que le capitalisme pouvait lui garantir encore un avenir. Enfin, les campagnes consécutives à l'effondrement du stalinisme lui ont porté un coup très rude, lui faisant payer la faiblesse politique qu'elle avait manifestée malgré sa combativité ; cela a mis en évidence que la confiance qu'elle montrait, dans ses phases de luttes précédentes, ne reposait pas sur des bases politiques suffisamment profondes. Le développement lent de sa conscience a connu un coup d'arrêt très fort avec les événements de 1989, coup d'arrêt et même recul qui ont été le fruit de ces événements, bien exploités par la bourgeoisie.

Des conditions actuelles spécifiques

Où en est la classe ouvrière aujourd'hui ? Face aux attaques qualitativement différentes de celles des années 1970 et 1980, non seulement on voit qu'elle tend à redévelopper sa combativité, même si c'est avec difficulté et manque de confiance en elle, mais on voit, surtout, une maturation en son sein qui commence, un questionnement. Ce questionnement qui se développe aujourd'hui plus particulièrement dans une minorité significative au niveau international exprime une tendance à ce que les questions de fond sur la faillite du capitalisme qui n'étaient pas posées, ou très insuffisamment dans les années 1970 et 1980, le soient maintenant.
Il faut ajouter que c'est essentiellement une nouvelle génération de prolétaires qui se pose ces questions de fond : "on nous avait parlé d'une ère de paix et de prospérité au début des années 1990 ; or depuis, on voit le développement de la guerre, de la misère, du chômage, la dégradation des conditions de vie, le développement du chaos et de la barbarie, jusque dans le cœur même du capitalisme." Le terme "barbarie", dans les années 1980, n'était utilisé que par les révolutionnaires ; aujourd'hui il est dans la bouche de prolétaires qui se posent des questions.
La massivité des attaques va obliger la classe ouvrière à développer des combats de plus en plus massifs. Cela ne se fera pas immédiatement, de manière mécanique et linéaire. Le processus sera heurté, en dents de scie, il y aura des moments difficiles. Mais bien plus important que de savoir à quel rythme va se redévelopper cette combativité, le phénomène que l'on observe de questionnement sur des thèmes politiques globaux et de fond, contient la potentialité d'une politisation des luttes à venir, sur des bases bien plus profondes que celles des années 1970 et 1980. Cette politisation potentielle est contenue dans ces questions de fond parce qu'elles orientent vers une remise en question du capitalisme. Dans cette dynamique se trouve la possibilité, pour la classe, à cause des luttes de plus en plus massives qu'elle devra mener, de "se voir", de se "reconnaître" en tant que classe, de retrouver son identité de classe et, avec cela, le sens de la solidarité prolétarienne, la possibilité de l'extension des luttes. La tendance à la politisation la poussera à lutter de façon plus déterminée et consciente.
Tout cela illustre le fait que le cours historique aux affrontements de classe reste ouvert, ce qui veut dire que la classe ouvrière, potentiellement, porte toujours en elle la possibilité de retrouver la confiance en elle et de développer la conscience des enjeux de ses combats et de sa responsabilité historique en leur sein. Ce développement de la conscience, aujourd'hui, n'est pas spectaculaire, il est même lent, il est fragile, mais malgré cela, il est profond.

Les dangers qui guettent ce développement de la conscience de classe

Comme nous l'avons dit plus haut, les révolutionnaires ne sont pas les seuls à avoir compris cette situation, la bourgeoisie l'a même sans doute comprise avant eux. Elle ne reste pas les bras croisés. Elle développe ses poisons idéologiques comme l'alter-mondialisme pour tenter de faire avorter ce développement de la conscience dans la classe. En effet, bien plus que de la combativité de la classe, c'est de sa conscience qu'elle a peur. C'est ce développement qu'elle redoute. Elle se sert et elle continuera à se servir de la décomposition de sa société pour la retourner contre le prolétariat, contre sa réflexion, contre le développement de sa solidarité.
Nous allons donc vers une bataille idéologique de la bourgeoisie pour tenter de pourrir le développement de la conscience. A côté de l'alter-mondialisme et son lot de nationalisme et de réformisme capitaliste d'Etat, on voit par exemple déjà aujourd'hui comment est expliquée chaque fermeture d'usine pour empêcher les prolétaires d'y voir une expression de la faillite du capitalisme ; on voit comment sont expliquées les guerres, comme produits de la folie ou de la cupidité de certains dirigeants ou gouvernement, voire de leur tyrannie…
Une chose doit être claire : le combat pour la révolution ne se limite pas à celui de l'insurrection, il est quotidien. C'est ce combat quotidien, pour développer la clarté politique, pour combattre les mystifications de la bourgeoisie, qui, dès aujourd'hui, la prépare.
La responsabilité des organisations révolutionnaires dans ce processus actuel est essentielle. Il est nécessaire que les révolutionnaires puissent intervenir dans les luttes et au sein des minorités qui se posent des questions, afin de faire fructifier cette maturation politique. Dans cette intervention, il faut dénoncer tous les pièges et les mystifications de la bourgeoisie, se fonder sur l'expérience historique de la classe, montrer la force de la théorie marxiste, véritable arme de combat pour la classe ouvrière et transmettre les acquis programmatiques et organisationnels à la nouvelle génération à la recherche d'une perspective révolutionnaire. Cette génération est un terreau pour la préparation du futur parti, qui est indispensable à la révolution, et pour une politisation plus large et profonde des luttes. Les révolutionnaires doivent rappeler et démontrer, haut et fort, que la classe ouvrière est toujours capable de renverser le capitalisme et que le processus actuel de prise de conscience de l'impasse du capitalisme, malgré le fait qu'il soit encore embryonnaire, en est une claire manifestation.

Plus que jamais, nous voyons à quel point la lutte de classe oppose les deux classes ennemies et à quel point la classe ouvrière, loin d'être morte, conserve au contraire toutes ses potentialités. C'est la confiance dans ces potentialités, dans le futur, qui doit guider l'intervention des révolutionnaires. Nous devons être parfaitement conscients, et c'est le marxisme qui nous permet de le comprendre, que si la classe ouvrière ne parvient pas à détruire le capitalisme, aucune autre force dans la société n'en est capable. Si la classe ouvrière ne retrouve pas sa conscience de classe révolutionnaire, le capitalisme ne pourra être stoppé dans sa spirale destructrice. C'est pourquoi, quelles que soient les difficultés qui attendent la classe ouvrière sur son chemin, quelle que soit l'ampleur de la tâche qui attend les révolutionnaires dans ce processus, il n'y a pas d'autres voies possibles. Quand les révolutionnaires du début du 20e siècle posaient la question en ces termes : "socialisme ou barbarie", ils résumaient on ne peut mieux l'alternative placée devant l'humanité. Et au sein de cette humanité, l'avenir repose sur la classe ouvrière et ses minorités d'avant-garde.

G (21 mai)

Vie du CCI: 

  • Courrier des lecteurs [29]

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