Depuis le 6 juin dernier, l’administration Trump a décidé d’intensifier spectaculairement la politique anti-migrants de la bourgeoisie américaine en organisant des véritables chasses à l’homme contre les immigrés sans papiers, concentrées en particulier en Californie dans la région de Los Angeles, deuxième ville du pays, où vivent de nombreux ouvriers d’origine latino-américaine.
Comme nous l’avons souligné dans un tract écrit par un sympathisant proche du CCI, 1 cette provocation menée avec une brutalité extrême constitue une attaque contre l’ensemble du prolétariat. Ce sont nos frères de classe, la plupart du temps exploités dans des conditions difficiles, que la police traque et réprime. Ces descentes de la police fédérale de l’immigration (ICE) pour traquer, arrêter, entasser et expulser manu militari les migrants en allant les cueillir sur leur lieu de travail (chantiers, fabriques, commerces…) ont largement rappelé les scènes de rafles en Europe lors de la Seconde Guerre mondiale exercées contre les populations d’origine juive ou tzigane pour les déporter.
Cela a suscité des réactions de solidarité, d’indignation et de dégoût dans une large partie de la population, mais plus particulièrement parmi les exploités qui se sont mobilisés, y compris spontanées, et sont parfois parvenues à empêcher des arrestations, comme à Paramount dans la banlieue ouvrière de Los Angeles.
Mais ces réflexes initiaux de solidarité ont été immédiatement exploités et instrumentalisés par la bourgeoisie comme cela s’est déjà produit, en 2020, après l’assassinat de Georges Floyd à Minneapolis par des policiers. La bourgeoisie avait totalement détourné ces réflexes de solidarité derrière des marches de protestations encadrées par le mouvement antiraciste Black Lives Matter afin de réclamer plus de justice et d’égalité, voire l’abolition de la police… à l’État capitaliste, le fer de lance de l’exploitation et de la défense de l’ordre bourgeois !
De même aujourd’hui, les « comités de défense » (ceux du Los Angeles Rapid Response Network, notamment), composés de syndicats et de plusieurs organisations et associations de la gauche du capital, ont pu immédiatement canaliser les tentatives de réponses sur le terrain pourri de la « défense de l’État de droit », de la « solidarité citoyenne », de « l’anti-trumpisme »… c’est-à-dire les mêmes mystifications démocratiques qui conduisent inévitablement à désarmer le prolétariat, à désamorcer ses luttes, en faisant croire qu’il serait possible de rendre le capitalisme plus juste et humain. Nulle part les mobilisations ne sont exprimées sur un terrain de défense des intérêts de classe ouvrière, contrairement, par exemple, à ce qui s’était passé en 1917 en Russie lorsque la violente répression des manifestations lors de la journée internationale des femmes avait été le point de départ de l’extension des mouvements de grève ayant servi de détonateur à la vague révolutionnaire. De même, en février 1941, en pleine guerre, alors que les conditions de la lutte étaient extrêmement difficiles, les travailleurs d’Amsterdam, s’étaient mis en grève contre la déportation des Juifs. Entre le 22 mars et le 13 mai 1968, la répression féroce des étudiants avaient également mobilisé la classe ouvrière portée par ses élans instinctifs de solidarité.
Aujourd’hui, à l’inverse, comme le prolétariat n’est pas encore capable de répondre à la répression sur son terrain de classe, la bourgeoisie peut facilement le conduire vers des impasses et le réduire à l’impuissance. Ce n’est pas en tant que classe que les prolétaires de Los Angeles se sont mobilisés, mais en tant qu’individus indignés, voire en tant que citoyen. Dans ce contexte, les ouvriers présents dans ces mobilisations ne pouvaient nullement étendre la lutte à l’ensemble du prolétariat pour constituer un véritable rapport de force de classe contre la répression. Cela ne peut que favoriser l’instauration d’un climat de terreur et l’exacerbation des tensions entre communautés et alimenter les divisions entre prolétaires en favorisant le surgissement d’émeutes populaires impuissantes à l’instar des émeutes raciales du passé, nombreuses aux États-Unis et comme celles de 1992 en Californie après l’acquittement des policiers responsables des violences exercées sur le chauffeur de taxi Rodney King l’année précédente. Cela n’a fait que susciter soit des heurts et des affrontements sans aucune perspective avec la police et des blocages de circulation totalement stériles, soit engendrer des actions désespérées, des scènes de pillages, de vandalisme ou d’incendies de voitures… Bref, des piqûres de moustique sur le cuir épais de la bourgeoisie qui ont justifié un énorme déploiement de l’appareil répressif pour assurer le maintien de l’ordre public. C’est précisément le « maintien de l’ordre » qui a aujourd’hui servi de prétexte au gouvernement pour faire appel à l’armée avec l’envoi de plus de 4 000 réservistes de la garde nationale et de 700 marines, justement qualifiés par le passé de « chiens de guerre » dressés à tuer (et particulièrement redoutés) pour quadriller la ville.
Ce climat a également laissé le champ libre à une fraction de l’appareil du Parti démocrate pour dénaturer ces réactions élémentaires de solidarité et entraîner les prolétaires dans une vaste campagne idéologique sur le terrain totalement pourri de la défense de la démocratie bourgeoise et des droits des « citoyens », du non-respect des lois et de la Constitution américaine. Ce cheval de bataille a été mis en avant en particulier par le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui se présente déjà comme candidat potentiel à la prochaine présidentielle en multipliant les déclarations d’opposition à la politique de Trump, accusant ce dernier « d’abus de pouvoir », d’avoir procédé à des « enlèvements illégaux » sans passer par l’aval des autorités locales, d’avoir « pris un virage vers l’autoritarisme », de « se comporter comme un tyran » pour « réaliser le fantasme fou d’un président dictatorial », ajoutant que « son comportement menace le fondement même de notre démocratie ». 2 La maire démocrate de Los Angeles, Karen Bass, n’est pas en reste dans ce torrent hypocrite d’invectives. 3 En outre, le procureur général de Californie a déclaré avoir engagé une procédure de destitution de Trump devant les tribunaux pour « violation » de la Constitution américaine. Cette campagne anti-Trump s’est propagée très rapidement à l’ensemble du territoire, notamment dans d’autres grandes villes : San Francisco et Santa Ana en Californie, Dallas, Austin au Texas mais aussi à Chicago, Minneapolis, Atlanta, Boston, New York, etc.
Cette campagne très médiatisée pour la défense de la démocratie a du même coup permis de relancer la propagande anti-populiste, variante de la fausse opposition fascisme/antifascisme,4 déjà mise en avant par les franges les plus « radicales » du parti démocrate derrière Bernie Sanders et Alejandra Ocasio-Cortez et par le mouvement « Hands Off ! » (« Bas les pattes ! »), il y a quelques mois. Cette assimilation s’appuie aussi sur la protestation contre les méthodes « dictatoriales » de Trump aux États-Unis et elles ont été largement relayées par une vaste propagande anti-trumpienne au niveau international. Elle correspond, en réalité, à une gigantesque intoxication idéologique en désignant Trump comme le responsable de tous les maux pour mieux dédouaner le capitalisme et faire obstacle au développement d’une prise de conscience de la faillite irrémédiable d’un système d’exploitation en pleine putréfaction dont le populisme et Trump ne sont qu’une expression caricaturale.
Cependant, cette campagne idéologique revêt en apparence une certaine crédibilité car il existe une réelle mobilisation de certaines fractions bourgeoises américaines contre la politique de Trump et qui s’en inquiètent pour deux raisons essentielles :
– d’une part, ces fractions sont conscientes des dangers de cette politique qui ne fait que générer davantage de chaos, affaiblissant la crédibilité et ternissant l’image des États-Unis au niveau international et, sur le plan intérieur, accentuant les fractures sociales, risquant même à terme de créer un climat de guerre civile ;
– d’autre part, elles sont persuadées (et cela à juste titre) que cette politique ouvertement xénophobe va avoir des répercussions catastrophiques pour l’économie américaine en la privant d’une main-d’œuvre bon marché qui a permis jusqu’ici de maintenir à flots beaucoup d’entreprises ou de secteurs et de faire fructifier l’économie nationale. Les employeurs de plusieurs secteurs de l’économie ont ainsi exprimé leur inquiétude face à ces raids. Trump, lui-même, a finalement reconnu que ses politiques d’immigration nuisaient aux agriculteurs, aux hôtels et aux restaurants. Peu après, il a temporairement suspendu les raids contre ces entreprises.
Trump n’a cessé d’attiser cette campagne en allant toujours plus loin dans la surenchère sécuritaire, menaçant d’intervenir dans d’autres parties du territoire, en particulier à Chicago avec l’armée et de recourir aux mêmes moyens qu’à Los Angeles. Il menace également de recourir à l’Insurrection Act, c’est-à-dire d’instaurer l’état d’urgence tout en allant encore plus loin dans la persécution des migrants.
Dans le même temps, les mesures anti-migrants tendent à s’étendre dans les parties du territoire dominées par les populistes. Ainsi, le couvre-feu a été décrété à son tour par le gouverneur du Texas. Par ailleurs, la Cour suprême dominée par les conservateurs vient de légaliser la demande gouvernementale de leur déportation dans des pays tiers. Dans ce contexte, une escalade incontrôlée des tensions ne peut être exclue car la situation devient de plus en plus imprédictible et irrationnelle.
Il s’agit là d’une hypocrisie totale doublée d’un profond cynisme de la classe dominante qui se manifeste partout :
– aux États-Unis où la politique anti-migrants de Trump ne fait que suivre le sillon déjà tracé et développé par ses prédécesseurs Démocrates au gouvernement : c’est sous l’administration Obama que les mesures d’expulsion de travailleurs sans papiers ont atteint des chiffres record et c’est l’administration Biden qui a servi de modèle aux brutalités des méthodes de répression notamment en 2021 lors des charges féroces des garde-frontières à cheval et de la police aux abords de la frontière avec le Mexique ;
– dans le reste du monde, particulièrement sur le sol européen, que des masses croissantes de réfugiés cherchent à atteindre par tous les moyens. On en retrouve en perdition au large de la Méditerranée tentant d’échapper désespérément à la misère et à la guerre tant en Afrique qu’au Moyen-Orient. C’est là encore au nom du respect du Droit et des accords de l’espace Schengen de l’Union européenne que ces abominations sont pratiquées, quel que soit le gouvernement en place : en Italie Meloni a durci la législation anti-migrants (multiplication de centres de rétention, suppression de la protection des demandeurs d’asile, transfert en Albanie, incitation à signer des contrats de retour vers le pays d’origine, etc.). En France, Macron, qui cherche à se présenter dans l’arène internationale comme un champion des droits démocratiques, charge en même temps son ministre de l’intérieur Retailleau du sale boulot avec des méthodes qui n’ont rien à envier à Trump : ainsi, mi-juin, ce dernier a mobilisé plus de 4 000 hommes (gendarmes, policiers, douaniers, force armée baptisée « Sentinelle ») pour une vaste opération de contrôle contre « l’immigration illégale » au nom de la « tolérance zéro » gare du Nord à Paris et quasi simultanément sur 450 autres sites, tout en se félicitant d’avoir procédé à l’arrestation et au renvoi de plus de 47 000 « clandestins » depuis le début de l’année 2025. Des opérations similaires ont été déclenchées en Allemagne. En Espagne, sous le vernis respectable d’une « politique de régularisation » du gouvernement social-démocrate de Pedro Sanchez, des actes de barbarie sont régulièrement recensés : par exemple des cadavres de migrants ont été récemment découverts mains et pieds ligotés au large des îles Baléares.
La bourgeoisie n’a pas non plus manqué d’utiliser les fractions de migrants les plus perméables au poison du nationalisme. Ainsi, lors des mobilisations de protestation contre la politique anti-migrants de Trump, les médias ont complaisamment et largement diffusé les images de drapeaux mexicains brandis par certains manifestants.
Tous ces éléments ne font que confirmer le piège partout tendu à la classe ouvrière pour l’éloigner d’une riposte et d’une lutte sur son propre terrain en utilisant ses faiblesses et ses illusions pour l’entraîner dans un faux dilemme entre émeutes populaires impuissantes et désespérées ou ralliement aux campagnes démocratiques de la bourgeoisie.
Le prolétariat doit ainsi fermement rejeter les discours de violence xénophobes MAGA et autres, tout comme les appels des autres fractions de la bourgeoisie à défendre la démocratie sous peine de subir le joug de la dictature du capital qui ne peut l’entraîner que vers toujours plus de misère et de barbarie.
Pas d’illusions ! La défense des intérêts de la classe ouvrière passe par le rejet catégorique de céder aux chants de sirènes de la bourgeoisie et de sa défense de la démocratie qui tente de masquer la face hideuse de la dictature du capitalisme comme la puanteur de son propre pourrissement sur pied !
Malgré toutes leurs faiblesses et leurs difficultés, en particulier aux États-Unis, malgré aussi tous les obstacles et pièges dressés par leur ennemi de classe, les prolétaires ont démontré, ces dernières années, leur capacité de réagir aux attaques incessantes et toujours plus fortes de la bourgeoisie. Ils ont ainsi exprimé qu’il existe un autre pôle dans l’évolution de la situation actuelle, un pôle opposé à l’enfoncement dans la misère, la barbarie guerrière et l’anéantissement vers laquelle se dirige inexorablement ce système agonisant. Dans les entrailles de la société mûrit ce même cri de colère, « ça suffit ! » qui s’exprime ouvertement dans les luttes ouvrières, de façon encore confuse et heurtée mais qui proclame partout : « nous n’acceptons plus de subir passivement les attaques et la dégradation accélérée de nos conditions de vie et de travail qui nous sont infligées quotidiennement ! » 5
C’est ce qui s’est produit déjà aux États-Unis à l’automne 2023 lors des grands mouvements de grèves quasi-simultanées au sein des trois grandes firmes du secteur automobile, puis chez Boeing, contre les programmes de licenciements ou contre l’austérité. 6 Mais de façon tout aussi significative en pleine campagne électorale américaine, fin 2024, les ouvriers ont su se mobiliser sur leur terrain de classe comme dans le secteur hôtelier ou lors de la grève de près de 50 000 dockers qui a duré plusieurs jours avant que l’administration Biden n’y mette fin en négociant précipitamment. Ces derniers mois encore, sous l’ère « Trump 2 », où les attaques et les coupes budgétaires massives se sont intensifiées, les travailleurs ont démontré une combativité intacte, en particulier dans le secteur de la santé : en janvier, ce sont plus de 5 000 infirmières, sage-femmes et médecins qui ont déclenché une grève de 46 jours dans le réseau Providence de l’État d’Oregon (la plus longue jamais menée dans le secteur de la santé de cet État) ; en février, c’était au tour des infirmières du centre médical universitaire de La Nouvelle-Orléans de mener une grève de 48 heures, suivie par 800 autres en Pennsylvanie cette fois qui a duré 5 jours. En mars, c’est la Californie qui est devenue un des principaux foyers d’agitation sociale : les employés de la compagnie de transports de la vallée de Santa Clara sont entrés en grève pendant 17 jours, interrompue seulement par décision de justice et peu après des travailleurs des hôpitaux publics de la même région ont fait grève pendant 4 jours. Fin avril, plus de 50 000 travailleurs du district de Los Angeles ont fait grève, regroupant plusieurs secteurs (santé, services sociaux, personnel de nettoyage ou de garde des locaux, laborantins…) pour protester contre le nouveau contrat de travail qui leur était imposé.
Cela démontre clairement que la montée de la colère et que la rupture avec la passivité au niveau international que nous avons maintes fois souligné depuis 2022, avec le changement d’état d’esprit qui les sous-tend au sein du prolétariat, ne sont pas un feu de paille et se poursuivent. Ces luttes ne peuvent que se développer face aux coups de boutoir de la crise et des attaques que réserve partout le capitalisme dans l’avenir.
Il doit aussi ressortir de cette situation qu’aux États-Unis comme ailleurs, la grève et les luttes contre les effets de la crise sont le terrain le plus favorable au développement du combat de classe et au développement de sa conscience. Dans ce contexte et avec cette perspective du futur certes encore lointain, où la classe aura davantage développé sa force collective et récupéré son identité de classe mais aussi sa capacité à politiser ses luttes, il ne fait aucun doute qu’elle sera aussi capable de répondre à la répression des migrants directement sur son terrain de mobilisation comme classe.
Wim, 26 juin 2025
1 « Face aux assauts xénophobes de Trump contre la classe ouvrière et au cri de “ [1]défense de la démocratie” [1], la classe ouvrière doit développer sa lutte sur son propre terrain ! [1] », publié sur le site web du CCI (juin 2025).
2 La duplicité de ce discours anti-Trump est à souligner : ce n’est nullement un souci de protéger les travailleurs immigrés qui est avancé. À preuve, c’est ce même gouverneur qui n’a pas hésité à appeler un contingent encore plus important de la garde nationale (8 000 hommes) en Californie en 2020 pour assurer le maintien de l’ordre par crainte des émeutes dans les jours qui ont suivi le meurtre de Georges Floyd
3 Il faut noter que Trump lui-même participe activement à cette joute verbale en disant que Gavin Newsom fait « un boulot horrible » et a même agité la menace d’une arrestation : « l’arrêter serait une bonne chose ».
4 Même si en réalité, cette assimilation masque que la situation et le contexte historique sont totalement différents d’une période à l’autre : le fascisme est une conséquence de l’écrasement physique et idéologique du prolétariat au cœur de la contre-révolution alors que la montée du populisme est un pur produit du degré de pourrissement de la bourgeoisie au sein de la période de décomposition du capitalisme décadent. Mais la fonction mystificatrice de ces idéologies reste la même. Lire notre brochure Fascisme et démocratie : deux expressions de la dictature du capital [2].
5 Cf. « La dynamique de la lutte de classes depuis 2022 [3] » Revue internationale n° 173 (mars 2025) et plus particulièrement la partie 1 sur « la maturation souterraine de la conscience de classe ».
Le 10 juin, en Autriche, un ancien élève, vivant «reclus à l’extrême», tuait dix personnes et en blessait onze autres dans une école de la ville de Graz. Le même jour, un collégien assassinait une surveillante du collège de Nogent-sur-Marne en France. Il n’avait que 14 ans ! Les deux sont arrivés avec des armes : le premier avec une arme à feu, tuant par balle en ouvrant le feu «sans discernement», le second avec un couteau de cuisine dans son sac, avec la volonté de planter quelqu’un. Ce quelqu’un ce sera cette mère de famille de 31 ans qui avait décidé d’exercer dans un collège pour venir en aide aux jeunes, pour les protéger. C’est d’ailleurs ce qu’elle faisait ce matin-là, au moment où les sacs étaient fouillés par les forces de l’ordre à l’entrée de l’établissement. Ces dernières années, en dehors des États-Unis, où le phénomène est devenu presque courant du fait de la circulation importantes d’armes à feu, ces horreurs se sont multipliées aussi un peu en Europe dans des écoles et universités, comme en Finlande, en République tchèque, en Croatie, en Serbie, etc.
Partout, le même no-futur qui torture l’humanité
Pourquoi de tels actes ? Parfois la haine de l’école, de cette institution de l’État qui renvoie l’image du no-futur, qui fait se sentir bon à rien, qui écrase sous le poids du désespoir, de la peur, du repli et des humiliations, les meurtriers sont eux-mêmes des mômes broyés de l’intérieur par une société violente et sans avenir, une société capitaliste qui pourrit sur pied. Bien souvent, ils ne peuvent mettre des mots sur cette rage qui les brûle et les consume jusqu’à transformer leur détresse en vengeance aveugle, et des êtres en tueurs de sang-froid. Alors ils rendent à la société coup pour coup : ils tuent comme socialement on les écrase, ils assassinent une sœur ou un frère de classe.
La société se fragmente, se délite. Partout, le chômage, la misère, les difficultés pour se loger, pour travailler, pour se soigner. Partout, les guerres qui se multiplient. Partout, la planète se détraque. Partout, le no-futur qui angoisse. L’absence de perspective est la cause la plus profonde de stress et même de profonds troubles psychiques. Par exemple, en 2025 en France, 25 % des adolescents seraient atteints de troubles anxieux généralisés, 40 % présenteraient des symptômes dépressifs et 17 % seraient susceptibles de souffrir de troubles psychologiques modérément sévères, voire sévères. [1] Et c’est la même chose dans tous les pays du monde. Le capitalisme se décompose et entraîne dans sa chute tout avenir et tout espoir. C’est l’effondrement du capitalisme sur lui-même qui pousse au nihilisme, toutes générations confondues, tous pays confondus.
En Suède, le nombre de plaintes déposées par des professeurs pour violence à leur encontre a doublé en 10 ans. [2] Au Royaume-Unis, des dizaines de professeurs sont agressés par leurs élèves chaque année, l’un des taux les plus élevés d’Europe. [3] Et les agressions par arme blanche se multiplient partout, engendrant une paranoïa croissante, que ce soit au sein de l’école ou à l’extérieur. En 2022, un rapport de l’organe de recherche du ministère de l’Éducation Américaine annonçait 93 fusillades dans l’année contre 10, dix ans auparavant. Aux quatre coins du globe, l’«épidémie» de violence fait rage et touche des adolescents de plus en plus jeunes.
Et pour y faire face, les bourgeoisies ne rivalisent pas d’originalité : caméras portatives et cours de self-défense au Royaume-Unis, caméras et portiques de sécurité aux États-Unis, voire armement des enseignants. Et les politiques de prôner une plus grande «fermeté» judiciaire. En France, juste après ces minutes d’horreur, le Premier ministre François Bayrou a proposé en vrac des portiques de sécurité, une réponse pénale plus forte, un plan «santé mentale». [4] Marine Le Pen n’a rien trouvé de plus original que prôner la condamnation des parents.
Ici où ailleurs, la seule réponse que le capitalisme est capable d’apporter à l’accroissement des violences est toujours plus de violence et de répression. On enferme un gosse de 14 ans sans réelle aide psychologique, on condamne des parents sans aide éducative, on envisage de donner des armes aux profs pour répondre aux fusillades, etc.
Alors que pour accompagner un adulte en construction, il faut des moyens humains et financiers, il faut des enseignants et des assistants d’éducation en nombre, il faut des médecins, des infirmières scolaires, des psychologues et psychiatres, des suivis individualisés, aider les familles… À la place on réprime et, face à la crise, on diminue le nombre de professionnels et les structures d’accueil.
Ces jeunes meurtriers ne sont pas des monstres. Ce sont des êtres humains qui commettent des actes monstrueux. Ils ont été enfantés par une société malade, agonisante. Leur haine et leur ivresse meurtrière ont d’abord été intériorisées sous la terreur permanente que font régner les rapports sociaux capitalistes, puis ont été libérées sous la pression de ce même système en explosant, générant une série d’actes ignobles. Que l’on ait 14, 31 ou 70 ans, nous subissons tous les effets du pourrissement de la société capitaliste et de ses ravages dans le monde. Ce ne sont pas de caméras de surveillance, de sanctions ou de réforme des lois dont la jeunesse a besoin, c’est d’espoir. Et l’espoir se trouve dans la lutte pour un avenir meilleur, d’abord contre la misère, la précarité et les horreurs que nous fait subir le capitalisme et in fine lutter pour une société nouvelle, sans exploitation, sans crise ni guerre. Et lutter tous ensemble, toutes générations confondues, tous corps de métiers confondus face à la barbarie du système. Seule la lutte de la classe ouvrière a une perspective à offrir. «Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner».
Manon, 10 juillet 2025
[4] Finalement, Macron va entériner LA solution : l’interdiction de vente de couteaux aux mineurs…
Le Courant Communiste International organise une permanence en ligne le samedi 26 juillet 2025 à 15h. Ces permanences sont des lieux de débat ouverts à tous ceux qui souhaitent rencontrer et discuter avec le CCI. Nous invitons vivement tous nos lecteurs et tous nos sympathisants à venir débattre afin de poursuivre la réflexion sur les enjeux de la situation et confronter les points de vue.
Les lecteurs qui souhaitent participer à cette permanence en ligne nous adresse un message pour confirmer leur participation, en signalant quelles questions ils voudraient aborder afin de nous permettre d’organiser au mieux les débats : [email protected] [11] ou dans la rubrique « contact [12] ».
Les modalités techniques pour se connecter à la permanence seront communiquées par mail ultérieurement.
Le 12 juin, Israël bombarde massivement l’Iran qui aussitôt réplique. Des milliers de missiles, roquettes, drones traversent le ciel. Dessous, des habitations, des hôpitaux sont éventrés. La presse internationale parle d’une situation d’une extrême gravité pouvant plonger le Moyen-Orient dans le chaos.
Durant la nuit du 21 juin, les États-Unis entrent à leur tour dans le conflit en larguant notamment des bombes pénétrantes de treize tonnes pour détruire les sites nucléaires iraniens. Des engins aussi puissants n’avaient pas été utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale.
C’est dans cette situation de développement de la guerre et de la barbarie que notre organisation décide d’organiser une réunion publique internationale en ligne. Si le but de ce rassemblement est évidemment de discuter pour analyser et comprendre la situation, il y a plus important encore : regrouper les forces révolutionnaires, isolées les unes des autres dans de nombreux pays, pour affirmer ensemble la voix prolétarienne de l’internationalisme.
En ce sens, nous pouvons d’emblée dire que cette réunion publique internationale a été une véritable réussite. Organisée en quelques jours, de nombreux camarades ont répondu présents à l’appel, ont dénoncé la nature impérialiste de tous les camps, de toutes les nations en présence dans le conflit et ont défendu avec force que le seul avenir pour l’humanité, c’est la solidarité et l’unité des travailleurs, par-delà les frontières, les races et les religions.
Un seul regret : l’absence des autres groupes révolutionnaires de la Gauche communiste que nous avions pourtant chaleureusement invités. 1
L’ensemble des participants ont affirmé que les guerres actuelles qui s’accumulent sont le produit du système capitaliste et des rivalités impérialistes entre puissances, petites ou grandes. Comme l’a souligné un camarade : « la boîte de Pandore a été ouverte en 1914 ». Mais comment expliquer la montée des tensions actuelles ? Pourquoi les guerres recommencent à s’étendre et à menacer des régions de plus en plus vaste de la planète ? Pourquoi partout la production d’armement explose ?
Bon nombre de camarades ont souligné la polarisation croissante entre la puissance américaine et la Chine :
– « Il s’agit d’une lutte mondiale entre deux grandes puissances : la Chine et les États-Unis ».
– « Les États-Unis recentrent leur attention impérialiste sur la Chine, et cela est très clair depuis les accords AUKUS avec l’Australie, en particulier ».
Des interventions ont aussi mis en avant la recherche d’intérêts économiques :
– « ce conflit est fondamentalement lié aux routes commerciales et aux portes d’entrée économiques ».
– « Ces puissances se disputent le contrôle économique, les routes commerciales et la supériorité technologique ».
D’autres interventions encore ont insisté sur ce qui était, à leurs yeux, une vision rationnelle et politique de la bourgeoisie : « [les guerres] sont des outils politiques de la classe dirigeante, utilisés pour retarder les mouvements révolutionnaires, exploiter les sociétés et garantir les intérêts capitalistes ».
D’autres camarades ont au contraire mis en évidence que la racine de la dynamique actuelle était celle du développement d’un chaos croissant. Un intervenant a insisté dans ce sens, sur la réalité d’une « fragmentation » et celle du « chacun pour soi », soulignant « les fluctuations de la politique de Trump qui reflètent les luttes au sein de la bourgeoisie ». Nous sommes parfaitement d’accord avec cette réponse qui a émergé dans le débat. La dynamique de la discussion a alors permis de commencer à aborder la question qui se cache derrière l’ensemble de la dynamique mondiale actuelle : sommes-nous face à la constitution de deux nouveaux blocs impérialistes, comme durant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide ? Autrement dit, sommes-nous en train de nous diriger vers la Troisième Guerre mondiale ? La question a son importance car une telle déflagration planétaire, compte-tenu de la capacité d’annihilation de très nombreuses puissances, serait synonyme d’un holocauste nucléaire généralisé et donc de la fin de l’humanité. La réponse apportée par le débat a été majoritairement : NON ! C’est très clairement qu’un camarade a affirmé : « Nous ne nous dirigeons pas vers des blocs comme lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, mais vers une fragmentation, comme on le voit en Ukraine, en Afrique et au Moyen-Orient ». Un autre a complété : « En ce qui concerne les blocs, je n’en vois pas la formation. Il est intéressant de voir dans quelle mesure Netanyahou agit de son propre chef : il sera intéressant de savoir si le CCI pense que les États-Unis utilisent Israël comme chien d’attaque ou s’il s’agit plutôt, pour Netanyahou, de suivre la politique du “chacun pour soi” ». 2
Pour saisir pleinement la signification de la dynamique du chaos, il faut partir de la phase historique du capitalisme : la décomposition. C’est à la fin de cette discussion que le CCI est intervenu pour défendre cette idée à notre avis essentielle : « De 1945 à 1990, le monde était structuré en deux blocs avec deux superpuissances […]. En 1989, avec l’effondrement de l’URSS, on aurait pu croire que les États-Unis allaient sortir grand vainqueurs et dominateurs, mais la bourgeoisie américaine a compris les difficultés qui allaient naître, tout de suite. Il y a eu le grand discours de Bush père soulignant la nécessité d’un “nouvel ordre mondial” et il y a la démonstration de force militaire dans le Golfe. […] Pourquoi cette démonstration ? La bourgeoisie américaine a dit au monde et en particulier à ses alliés “vous nous devez obéissance, nous avons une force militaire écrasante”. Sur le plan immédiat, la première guerre du Golfe est une immense victoire militaire. Mais deux ans après seulement, la Yougoslavie explose : les ex-allés (la France, l’Allemagne, les États-Unis) vont jouer leur propre carte. […] Et ça va faire exploser la Yougoslavie en quatre ou cinq pays. Là est résumé ce qui se passe depuis maintenant 35 ans. C’est-à-dire que les États-Unis ont une puissance militaire de plus en plus écrasante par rapport à tous leurs concurrents, ils creusent l’écart. Ils investissent chaque année autant que le reste du monde. Et ils frappent de plus en plus fort. On le voit avec l’Iran. Et pourtant cela ne calme pas tous les adversaires. Au contraire ! Cela nourrit la dispersion. Cela nourrit les velléités de chaque impérialiste à jouer sa propre carte. C’est la vraie dynamique historique qui ne va pas s’arrêter et c’est pour cela que ce qui se passe en Iran est extrêmement grave et historique ».
Le constat d’un affaiblissement de l’Iran ayant été acté par quelques interventions, il était possible à la discussion d’aller plus loin : « L’Iran est humilié et affaibli, mais les mollahs restent aux commandes. La question est celle de la déstabilisation de la région, de l’importance de la classe ouvrière en Iran et de la capacité des mollahs de se maintenir au pouvoir. Leur manque de force aérienne […] enhardit ses voisins ».
En fin de compte, ce nouveau conflit entre Israël, l’Iran et les États-Unis marque un pas qualitatif dans l’accélération du chaos et de la barbarie guerrière. Pour la première fois depuis 2003, alors que les États-Unis souhaitaient renforcer leur positionnement dans le Pacifique, ils ont de nouveau été obligés d’intervenir militairement, ce qui témoigne encore du déclin de leur hégémonie. La démonstration de force par des bombardements destinés à impressionner la Chine et à tenter (de façon totalement illusoire) d’imposer leur autorité en est un signe clair. Par ailleurs, cette nouvelle guerre implique deux puissances régionales, dont une, l’Iran menace de s’effondrer, ce qui avec l’affaiblissement extrême du pouvoir des mollahs, contribue à une déstabilisation sans précédent de tout le Moyen-Orient et même plus largement du monde entier. 3
Face à la barbarie croissante et à la guerre qui tend à se généraliser, il était manifeste que l’ensemble des participants recherchait un lieu de débat pour défendre l’internationalisme prolétarien. C’est ce dont témoignait cette intervention : « je me réjouis que nous recherchions une ligne internationaliste prolétarienne cohérente ». Cette recherche a permis d’énoncer en toute clarté que « l’internationalisme est une position que nous défendons. La classe ouvrière est internationale et notre stratégie et notre tactique sont basées sur ce principe ». La discussion s’est donc appliquée ensuite à pousser la réflexion sur la façon dont il fallait mettre en œuvre ce principe cardinal du mouvement ouvrier énoncé depuis le Manifeste du Parti communiste de 1848, soulignant que « les prolétaires n’ont pas de patrie ». Le point de vue partagé a été de mettre en avant, comme l’a affirmé un camarade, que « face à la barbarie de la guerre impérialiste, nous appelons le prolétariat à ne pas soutenir un pays plutôt qu’un autre. Contre la guerre, nous appelons les travailleurs du monde entier à s’unir et à adopter une position de classe et non une position nationaliste ». Tout le monde a reconnu qu’il s’agissait là d’une exigence, d’un combat difficile face à une intense propagande bourgeoise. La discussion s’est poursuivie en tentant d’ailleurs de cerner les pièges idéologiques, les obstacles qui sont tendus par la bourgeoisie à la classe ouvrière, en dénonçant les mystifications démocratiques, faux amis que sont la gauche, les syndicats et particulièrement les gauchistes qui ont le vent en poupe : « le gauchisme peut se mobiliser pour soutenir le nationalisme ou les manifestations anti-Trump ».
Face à toute cette propagande, la discussion a été source de réflexion concernant la façon dont la classe ouvrière menait son combat aujourd’hui pour tenter d’en tirer les leçons :
– La première leçon a été la claire reconnaissance du fait que la classe ouvrière « n’est pas défaite ». Il a ainsi été souligné le contexte dans lequel il fallait évaluer la réalité « d’une maturation souterraine de la conscience » au sein du prolétariat et une dynamique de « rupture » face à l’atonie des dernières décennies. 4
– la seconde leçon essentielle est le fait que la classe ouvrière n’a pas la force de s’opposer à la guerre dans les pays belligérants où elle est prise sous le feu des bombes et la logique de vengeance. De la même manière, dans les pays périphériques, elle reste trop marquée par la mystification démocratique et le poids du nationalisme. Comme le souligne un camarade : « Le nationalisme est une maladie grave qui touche la classe ouvrière et le tiers-mondisme dans les pays sous-développés. Voyez les illusions, par exemple, sur Nasser, Mugabe, etc. Ils étaient des oppresseurs brutaux et non des défenseurs de la liberté. Les scènes de personnes célébrant les attaques du Hamas contre Israël sont une honte pour la classe ouvrière ».
– la troisième leçon est de reconnaître l’importance de l’expérience du prolétariat des pays occidentaux, la réalité de ses luttes, même si ces dernières ne permettent pas encore de s’opposer à la guerre et encore moins de l’arrêter : « face au développement des guerres, on peut avoir envie qu’il y ait une vraie réponse ouvrière qui arrête les guerres. En fait, pour l’instant, pour un long moment encore, ce n’est pas possible ! »
– la quatrième leçon que nous pouvons tirer est que malgré ses luttes, les faiblesses du prolétariat sont trop importantes encore pour qu’il puisse développer sa conscience au point de politiser son combat. Ce sera un processus lent, difficile, encore très long, semé d’obstacles et d’embûches.
– dernière leçon, face à cette réalité difficile, le CCI a insisté sur le danger de céder à l’impatience. En effet, il s’agit d’un fléau qui est la marque de l’influence de l’idéologie petite bourgeoise et un vecteur de l’opportunisme au sein du mouvement ouvrier : « Trevor [un participant] a dit que Marx comprendrait la nécessité d’éviter l’impatience, c’est vrai. Dans le mouvement ouvrier, la question de l’immédiatisme et de l’impatience a été un véritable problème. Dans la Ligue communiste, lors de la confrontation entre Marx et la tendance Willich-Schapper, […] Willich et Schapper ont dit qu’il fallait faire la révolution maintenant. Marx a dit que c’était une impasse, que le prolétariat devrait lutter pendant de nombreuses décennies pour être capable d’affronter la bourgeoisie. C’était un problème déjà présent au XIXe siècle. L’impatience est à la base de l’opportunisme. Il existe un texte célèbre de Rosa Luxemburg qui explique que pendant de nombreuses années, nous sommes allés de victoire en victoire, puis nous avons essuyé de terribles défaites. Chez les vrais révolutionnaires, l’idée est que nous ne pouvons pas résoudre les problèmes maintenant. Il y a beaucoup de désastres, de massacres, de barbarie : nous ne pouvons pas empêcher cela maintenant. Cette idée doit être présente dans nos esprits. C’est une distinction avec les gauchistes : les gauchistes disent “maintenant”, en 68 le slogan était la “révolution maintenant”, une idée petite-bourgeoise. Nous travaillons pour l’avenir, la perspective. Après 68, beaucoup de jeunes déçus, qui voulaient la révolution tout de suite, ont été perdus pour la lutte (il a même été évoqué le suicide de jeunes déçus). Nous devons revenir et lutter fermement contre l’immédiatisme. Le mouvement ouvrier existe depuis deux siècles, nous ne savons pas quand la révolution aura lieu, mais la seule façon de préparer la perspective est d’empêcher la destruction du potentiel qui existe dans une minorité de la classe, nous devons dire qu’il faut être patient ».
Une des toutes dernières interventions a insisté pour dire qu’ « il est très important que les camarades ne se découragent pas face à l’absence de grèves massives au cœur de l’Europe, cela prendra beaucoup de temps. Aujourd’hui, un pas en avant a été franchi : les révolutionnaires et les internationalistes se sont réunis pour clarifier une dimension de la lutte des classes ». Nous considérons que le souci et l’état d’esprit porté par cette intervention sont importants pour résister et combattre.
Pour conclure cet article, nous réitérons notre appel à la discussion et encourageons tous nos camarades, tous nos lecteurs à venir participer à nos prochaines réunions. Il suffit pour cela de surveiller notre site internet où nous publions régulièrement les dates et lieux de ces débats. Nous appelons aussi à diffuser nos tracts récemment publiés sur la question de la guerre comme ceux sur la lutte de classe (qui sont sur notre site web en format pdf).
WH, 29 juin 2025
1 Nous nous joignons là aux propos très justes de l’un des participants : « Il est regrettable qu’aucun camarade d’autres organisations de la Gauche communiste ne soit présent. Il est important que les organisations maintiennent la polémique, les discussions et la correspondance. Ce n’est que dans le cadre de la Gauche communiste que la classe ouvrière sera victorieuse ».
2 Nous pensons que ces deux aspects ne se contredisent pas : Biden puis Trump ont dû faire face à la logique de « chacun pour soi » qui embrase le Moyen-Orient, y compris le gouvernement israélien qui favorise ses propres intérêts avant ceux de son allié américain. Dans ce cadre, les États-Unis ont cependant mené des politiques qui cherchent à maintenir au mieux leur mainmise sur la situation.
3 L’Iran est miné par les forces centrifuges de ses minorités, les Azéris au Nord, les Baloutches au Sud et ses clivages religieux, sans compter les puissances frontalières aux aguets, dont les tensions impérialistes s’aiguisent à l’image des tensions entre l’Inde et la Pakistan. Il ne s’agit là que des premières réflexions qu’il faudra poursuivre dans de nouvelles discussions afin de mieux comprendre le contexte géopolitique et le chaos dans lequel la lutte prolétarienne devra se développer.
4 Voir notamment dans la Revue Internationale n° 173, « Les racines historiques de la “rupture” dans la dynamique de la lutte des classes depuis 2022 (Partie I) [3] » et Partie II [14] (mars 2025).
Liens
[1] https://fr.internationalism.org/content/11614/face-aux-assauts-xenophobes-trump-contre-classe-ouvriere-et-au-cri-defense-democratie
[2] https://fr.internationalism.org/content/fascisme-democratie-deux-expressions-dictature-du-capital
[3] https://fr.internationalism.org/content/11523/racines-historiques-rupture-dynamique-lutte-des-classes-depuis-2022-partie-i
[4] https://fr.internationalism.org/content/11457/greves-aux-etats-unis-au-canada-italie-depuis-trois-ans-classe-ouvriere-se-bat-contre
[5] https://fr.internationalism.org/tag/5/50/etats-unis
[6] https://fr.internationalism.org/tag/30/475/donald-trump
[7] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/anti-populisme
[8] https://www.ipsos.com/fr-fr/barometre-du-moral-des-adolescents-2025
[9] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/10/en-suede-l-inquietude-face-a-la-violence-croissante-contre-les-enseignants_6209938_3210.html
[10] https://www.franceinfo.fr/monde/royaume-uni/royaume-uni-des-solutions-face-aux-agressions-des-professeurs-par-leurs-eleves_4295847.html
[11] mailto:[email protected]
[12] https://fr.internationalism.org/contact
[13] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/permanences
[14] https://fr.internationalism.org/content/11550/racines-historiques-rupture-dynamique-lutte-des-classes-depuis-2022-partie-ii
[15] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/reunions-publiques
[16] https://fr.internationalism.org/tag/geographique/iran
[17] https://fr.internationalism.org/tag/5/57/israel