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Nous sommes aujourd’hui dans la rue pour la 12e journée de manifestations contre la réforme des retraites. Chaque fois, nous sommes des millions à nous dresser contre cette attaque, à refuser la dégradation continue de nos conditions de vie et de travail, à nous serrer les coudes, à lutter ensemble.
Travailleurs, chômeurs, étudiants et retraités, nous pouvons être fiers de ce combat collectif, de cette lutte pour la dignité, de cette solidarité qui nous cimente.
L’ampleur de notre mouvement est tel qu’il inspire, en ce moment-même, les travailleurs en Allemagne, en Italie, en Tchéquie, au Royaume-Uni… Eux aussi refusent d’être de plus en plus exploités et paupérisés. C’est à l’échelle internationale que les grèves se multiplient.
Pourtant, nous ressentons aussi, tous, la limite actuelle de notre mouvement. Au Royaume-Uni, les travailleurs enchaînent les grèves depuis dix mois sans que le gouvernement ne plie. Aucune augmentation réelle des salaires, au-delà de quelques miettes. En France, le gouvernement reste « droit dans ses bottes » et maintient son attaque. Pire, les prix alimentaires flambent et les salaires stagnent. Et la future réforme sur le travail annonce déjà la couleur : plus de flexibilité, plus de précarité.
Alors, comment développer un rapport de forces en notre faveur ? Comment faire reculer la bourgeoisie ?
Une partie de la réponse se trouve dans notre propre expérience, dans notre propre histoire, particulièrement dans cet épisode de la lutte de classe qui constitue notre dernière victoire : le mouvement contre le Contrat Première Embauche (CPE) en 2006. Face à la dynamique du mouvement, la bourgeoisie française avait, en effet, dû reculer et retirer sa loi, pourtant adoptée au Parlement. Les médias parlent, d’ailleurs, de la possibilité actuelle d’un « scénario à la CPE », mais sans jamais dire ce qui, à l’époque, avait fait trembler la bourgeoisie française et son gouvernement.
Le 16 janvier 2006, le gouvernement, sous prétexte de combattre le chômage des jeunes, soumet au Parlement un projet de loi (cyniquement intitulé « pour l’égalité des chances ») qui contient une disposition particulièrement inique : le CPE. Ce contrat permet aux patrons de licencier les salariés de moins de 26 ans pendant deux ans sans la moindre justification.
Dès le 17 janvier, la jeunesse réagit à cette attaque, comprenant immédiatement qu’elle vise à accroître sa précarité au travail. Dans toutes les universités, elle se rassemble en assemblées générales (AG) pour débattre et décider ensemble de la conduite du mouvement. Des collectifs pour obtenir le retrait du CPE se forment.
Le 24 janvier est lancé le premier appel à manifester.
Le 7 février, plusieurs centaines de milliers de personnes manifestent dans toute la France alors que, dans les entreprises, aucun syndicat n’appelle à une quelconque action ou AG.
Les 14 et 16 février, plusieurs milliers d’étudiants et de lycéens manifestent à Paris, Toulouse, Rennes et Lyon.
Le 27 février, le gouvernement utilise le 49.3 pour faire passer la loi (et donc le CPE) à l’Assemblée nationale.
Le 1er mars, treize universités sont en grève. Blocages, filtrages et fermeture totale des universités sont décidés par les AG des étudiants en grève. Ce sont de véritables AG : elles décident des actions à mener et des mots d’ordre, elles sont ouvertes aux travailleurs, aux chômeurs et aux retraités.
Le 4 mars, la Coordination nationale étudiante, constituée par les délégués élus par les AG, se réunit à Jussieu (Paris). Une cinquantaine de travailleurs, de chômeurs et de retraités venus des quatre coins de la France souhaitent participer aux débats. Mais le syndicat étudiant UNEF s’y oppose. Le débat s’engage dans l’assemblée, la position de l’UNEF est mise en minorité, les portes s’ouvrent et la cinquantaine « d’extérieurs » peut entrer. Durant toute la discussion, les représentants de l’UNEF n’auront de cesse de vouloir réduire le mouvement à des revendications purement estudiantines, quand le reste de l’assemblée œuvrera à élargir les mots d’ordre à tous les travailleurs.
Le 7 mars, la protestation s’intensifie. Près d’un million de manifestants défilent dans toute la France. On commence à voir des salariés se joindre à la manif, mais soit dans les cortèges étudiants, soit sur les trottoirs, rarement derrière les banderoles syndicales. À Paris, les syndicats se mettent en tête de la manifestation. Voyant cela, les étudiants se précipitent et s’imposent à l’avant du cortège. Une vingtaine d’universités sont en grève, avec toujours plus d’AG souveraines.
Le 8 mars, des étudiants de la Sorbonne occupent leur fac pour pouvoir tenir leurs assemblées. Le rectorat de Paris exige l’évacuation du bâtiment classé « monument historique ». Les étudiants refusent et sont encerclés par les CRS et les Gendarmes mobiles qui transforment l’université en véritable souricière.
Le 9 mars, le Parlement adopte définitivement le CPE. Le Premier ministre annonce que la mesure sera appliquée « dans les prochaines semaines ».
Le 10 mars, les étudiants des autres facs décident de se rendre massivement et pacifiquement à la Sorbonne, pour apporter leur solidarité et de la nourriture à leurs camarades affamés et pris en otage sur ordre du Recteur de l’Académie de Paris et du ministère de l’Intérieur.
Dans la nuit du 10 au 11, les forces de l’ordre envahissent la Sorbonne, à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Ils expulsent les étudiants en lutte et en arrêtent plusieurs dizaines.
Le 16 mars, 64 des 84 universités sont bloquées.
Le 18 mars, démonstration de force des anti-CPE : près d’un million et demi de personnes dans la rue. Les syndicats ne font toujours rien dans les entreprises, aucune action, aucune AG.
Le 19 mars, les syndicats brandissent « la menace d’une grève générale »... une menace en l’air jamais exécutée. Un texte normalement réservé aux membres de l’UNEF fuite dans les rangs étudiants. Ce texte explique à ses adhérents comment noyauter les AG, contrôler les débats et les décisions. L’indignation est générale. Certaines assemblées scandent « Unef-Medef », pour souligner le travail de sape du syndicat de l’intérieur au profit du patronat.
Le 20 mars, le Premier ministre exclut une nouvelle fois tout retrait du CPE.
Le 21 mars, un quart des lycées sont bloqués.
Les 28 mars et 4 avril, nouvelles mobilisations record : près de trois millions de manifestants défilent dans toute la France.
Le 10 avril, le CPE est retiré !
Ce qui a fait la force de ce mouvement, c’est d’abord et avant tout le renforcement de la solidarité active dans la lutte. C’est en resserrant les rangs, en construisant un tissu très serré, en comprenant que l’union fait la force, que les étudiants (et les lycéens) ont pu mettre en pratique le vieux mot d’ordre du mouvement ouvrier : « Un pour tous, tous pour un ! »
Les assemblées générales massives, poumon du mouvement
Les amphithéâtres où se tenaient les AG étaient pleins à craquer. Les travailleurs, chômeurs, retraités étaient invités à venir participer aux débats, à apporter leur expérience. Tous les travailleurs qui ont assisté à ces AG ont été sidérés par la capacité de cette jeune génération à distribuer la parole, à convaincre, à confronter les arguments… Les étudiants défendaient en permanence le caractère souverain des AG, avec leurs délégués élus et révocables (sur la base de mandats et remises de mandat), à travers le vote à main levée. Tous les jours, des équipes différentes organisaient le débat à la tribune. Pour pouvoir répartir les tâches, centraliser, coordonner et garder la maîtrise du mouvement, les comités de grève décidaient d’élire différentes commissions : presse, animation et réflexion, accueil et information, etc. C’est grâce aux AG, véritables lieux ouverts de débats et de décisions, et à la centralisation de la lutte que les étudiants décidaient des actions à mener, avec comme principale préoccupation l’extension du mouvement aux entreprises.
La dynamique vers l’extension de la lutte à toute la classe ouvrière
Les étudiants avaient parfaitement compris que l’issue de leur combat était entre les mains des travailleurs salariés. Comme l’avait dit un étudiant dans une réunion de la coordination francilienne du 8 mars « si on reste isolés, on va se faire manger tout crus ». Cette dynamique vers l’extension du mouvement, vers la grève de masse, a démarré dès le début de la mobilisation. Les étudiants ont envoyé partout des délégations massives vers les travailleurs des entreprises proches de leurs lieux d’études. Mais ils se sont heurtés au « blocage de l’économie » syndical : les travailleurs sont restés enfermés dans leurs entreprises sans possibilité de discuter avec les délégations d’étudiants. Alors les « petits sioux » des facs ont dû imaginer un autre moyen de contourner le barrage syndical. Ils ont ouvert les amphithéâtres dans lesquels se tenaient leurs AG. Ils ont demandé aux travailleurs et retraités de leur transmettre leur expérience. Ils avaient soif d’apprendre des vieilles générations. Et les « vieux » avaient soif de transmettre aux « jeunes ». Tandis que les « jeunes » gagnaient en maturité, les « vieux » étaient en train de rajeunir ! C’est cette osmose entre toutes les générations de la classe ouvrière qui a donné une impulsion nouvelle au mouvement. La plus grande victoire, c’est la lutte elle-même : « Parfois les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leur lutte est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs » (Marx et Engels, Manifeste communiste, 1848).
Le mouvement des étudiants de 2006 allait bien au-delà d’une simple protestation contre le CPE. Comme l’avait dit un professeur de l’université de Paris-Tolbiac, à la manifestation du 7 mars : « le CPE n’est pas seulement une attaque économique réelle et ponctuelle. C’est aussi un symbole ». Effectivement, c’était le « symbole » de la faillite de l’économie capitaliste.
C’était aussi une réponse implicite contre les « bavures » policières (celle qui, à l’automne 2005, avait provoqué la mort « accidentelle » de deux jeunes innocents dénoncés comme « cambrioleurs » par un « citoyen » et poursuivis par les flics). La répression des étudiants de la Sorbonne qui voulaient seulement pouvoir tenir des AG n’a fait que renforcer la détermination des étudiants. Toute la bourgeoisie et ses médias aux ordres n’ont cessé, heure après heure, de faire de la publicité mensongère pour faire passer les étudiants pour des « voyous ». Mais la classe ouvrière n’a pas mordu à l’hameçon. Au contraire, la violence des flics de la bourgeoisie a révélé au grand jour la violence du système capitaliste et de son État « démocratique ». Un système qui jette sur le pavé des millions d’ouvriers, qui veut réduire à la misère les jeunes comme les retraités, un système qui fait régner « le droit et l’ordre » par la matraque.
Les nouvelles générations de la classe ouvrière ont refusé de céder à la provocation de l’État policier. Elles ont refusé d’utiliser la violence aveugle et désespérée. Face à la répression et aux provocations, elles ont maintenu leur méthode de lutte : les AG souveraines, la solidarité et l’extension de la mobilisation !
Ces méthodes de lutte qui ont fait la force du mouvement en 2006, qui ont fait trembler la bourgeoisie et l’ont contrainte à reculer, nous aussi nous sommes capables de les mettre en œuvre !
Le CPE n’attaquait pas les jeunes précaires en tant qu’étudiants mais en tant que futurs travailleurs. Les méthodes de lutte qu’ont employées instinctivement les étudiants en grève sont celles de toute la classe ouvrière. Prendre ainsi la lutte en main sur les lieux de travail, se rassembler en AG souveraines, décider collectivement des actions et des mots d’ordre, débattre et construire ensemble le mouvement, étendre la lutte aux secteurs géographiques les plus proches, en allant à la rencontre des travailleurs de l’école, de l’hôpital, de l’usine, de l’administration d’à-côté… tout cela est possible. Réfléchir et élaborer ensemble au sein de ces AG est aussi le moyen de ne pas tomber dans le piège des provocations policières et des affrontements stériles. Les étudiants en 2006 l’ont prouvé !
Nous organiser en AG est aujourd’hui l’étape décisive que nous ne sommes pas encore parvenus à franchir pour transformer les millions que nous sommes dans la rue en véritable force collective, unie et solidaire. Parce que nous manquons de confiance en nous-mêmes, parce que nous confions la direction de nos luttes aux organisations syndicales, parce que nous avons oublié que nous avons déjà été capables de lutter ainsi par le passé. En Pologne en 1980, en Italie en 1969, en France en 1968... pour ne prendre que les trois exemples les plus célèbres des soixante dernières années.
Pour passer ce cap, tous les travailleurs, chômeurs, retraités, étudiants qui cherchent à développer la lutte et la force collective de notre classe, doivent se réunir pour débattre, échanger sur leur expérience et essayer ensemble de se réapproprier les leçons du passé.
L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes !
Courant Communiste International, 5 avril 2023
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« Trop c’est trop ! » – Royaume-Uni. « Pas une année de plus, pas un euro de moins » – France. « L’indignation vient de loin » – Espagne. « Pour nous tous » – Allemagne. Tous ces slogans, scandés lors des grèves de ces derniers mois à travers le monde, révèlent à quel point les luttes ouvrières actuelles expriment le refus de la dégradation générale de nos conditions de vie et de travail. Au Danemark, au Portugal, aux Pays-Bas, aux États-Unis, au Canada, au Mexique, en Chine… les mêmes grèves contre la même exploitation de plus en plus insoutenable. « La vraie galère : ne pas pouvoir se chauffer, manger, se soigner, rouler ! »
Mais nos luttes sont aussi beaucoup plus que cela. Dans les manifestations, on commence à lire sur quelques pancartes le refus de la guerre en Ukraine, le refus de produire toujours plus d’armes et de bombes, de devoir se serrer la ceinture au nom du développement de cette économie de guerre : « Pas de sous pour la guerre, pas de sous pour les armes, des sous pour les salaires, des sous pour les retraites » a-t-on pu entendre lors des manifestations en France. Elles expriment aussi le refus de voir la planète être détruite au nom du profit.
Nos luttes sont le seul rempart contre cette dynamique autodestructrice, le seul rempart face à la mort que promet le capitalisme à toute l’humanité. Car, laissé à sa seule logique, ce système décadent va entraîner des parties de plus en plus larges de l’humanité dans la guerre et la misère, il va détruire la planète à coups de gaz à effet de serre, de forêts rasées et de bombes.
La classe qui dirige la société mondiale, la bourgeoisie, a en partie conscience de cette réalité, de cet avenir barbare que nous promet son système moribond. Il suffit de lire les études et travaux de ses propres experts pour le constater. Selon le « Rapport sur les risques mondiaux » présenté au Forum économique mondial de Davos de janvier 2023 : « Les premières années de cette décennie ont annoncé une période particulièrement perturbée de l’histoire humaine. Le retour à une “nouvelle normalité” après la pandémie de Covid-19 a été rapidement affecté par l’éclatement de la guerre en Ukraine, inaugurant une nouvelle série de crises alimentaires et énergétiques […]. En ce début d’année 2023, le monde est confronté à une série de risques […] : inflation, crises du coût de la vie, guerres commerciales […], affrontements géopolitiques et spectre de la guerre nucléaire […], niveaux d’endettement insoutenables […], déclin du développement humain […], pression croissante des impacts et des ambitions liés au changement climatique […]. Tous ces éléments convergent pour façonner une décennie unique, incertaine et troublée ».
En réalité, la décennie à venir n’est pas si « incertaine » que cela, puisque selon ce même Rapport : « La prochaine décennie sera caractérisée par des crises environnementales et sociétales […], la “crise du coût de la vie” […], la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes […], la confrontation géoéconomique […], la migration involontaire à grande échelle […], la fragmentation de l’économie mondiale, les tensions géopolitiques […]. La guerre économique devient la norme, avec des affrontements croissants entre les puissances mondiales […]. La récente augmentation des dépenses militaires […] pourrait entraîner une course mondiale aux armements […], avec le déploiement ciblé d’armes de nouvelle technologie à une échelle potentiellement plus destructrice que celle observée au cours des dernières décennies ».
Face à cette perspective accablante, la bourgeoisie ne peut qu’être impuissante. Elle et son système ne sont pas la solution, ils sont la cause du problème. Si dans les grands médias, elle cherche à nous faire croire qu’elle met tout en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique, qu’un capitalisme « vert » et « durable » est possible, elle sait l’ampleur de son mensonge. Car, comme le souligne le « Rapport sur les risques mondiaux » : « les niveaux atmosphériques de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux ont tous atteint des sommets. Les trajectoires d’émissions rendent très improbable la réalisation des ambitions mondiales visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C. Les événements récents ont mis en évidence une divergence entre ce qui est scientifiquement nécessaire et ce qui est politiquement opportun ».
En réalité, cette « divergence » ne se limite pas à la question climatique. Elle exprime la contradiction fondamentale d’un système économique basé non sur la satisfaction des besoins humains mais sur le profit et la concurrence, sur la prédation des ressources naturelles et l’exploitation féroce de la classe qui produit l’essentiel de la richesse sociale : le prolétariat, les travailleurs salariés de tous les pays.
Ainsi, le capitalisme et la bourgeoisie forment l’un des deux pôles de la société, celui qui mène l’humanité vers la misère et la guerre, vers la barbarie et la destruction. L’autre pôle, c’est le prolétariat et sa lutte. Depuis un an, dans les mouvements sociaux qui se développent en France, au Royaume-Uni, en Espagne… travailleurs, retraités, chômeurs, étudiants se serrent les coudes. Cette solidarité active, cette combativité collective, sont les témoins de ce qu’est la nature profonde de la lutte ouvrière : une lutte pour un monde radicalement différent, un monde sans exploitation ni classes sociales, sans concurrence, sans frontières ni nations. « Les ouvriers restent soudés », crient les grévistes au Royaume-Uni. « Soit on lutte ensemble, soit on finira par dormir dans la rue ! », confirment les manifestants en France. La bannière « Pour nous tous » sous laquelle a eu lieu la grève contre la paupérisation en Allemagne, le 27 mars, est particulièrement significative de ce sentiment général qui grandit dans la classe ouvrière : nous sommes tous dans le même bateau et nous luttons tous les uns pour les autres. Les grèves en Allemagne, au Royaume-Uni et en France s’inspirent les unes des autres. En France, des travailleurs se sont explicitement mis en grève par solidarité avec leurs frères de classe en lutte en Angleterre : « Nous sommes solidaires des travailleurs anglais, qui sont en grève depuis des semaines pour l’augmentation des salaires ». Ce réflexe de solidarité internationale est l’exact opposé du monde capitaliste divisé en nations concurrentes, jusqu’à la guerre. Il rappelle le cri de ralliement de notre classe depuis 1848 : « Les prolétaires n’ont pas de patrie ! Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Ainsi, de par le monde, l’ambiance sociale est en train de changer. Après des décennies d’atonie et de tête basse, à subir, la classe ouvrière commence à retrouver le chemin de sa lutte et de sa dignité. Voilà ce qu’a montré « L’été de la colère » et le retour des grèves au Royaume-Uni, près de quarante ans après la défaite des mineurs face à Thatcher en 1985.
Mais nous ressentons aussi tous les difficultés et les limites actuelles de nos luttes. Face au rouleau compresseur de la crise économique, de l’inflation et des attaques gouvernementales qu’ils nomment « réformes », nous ne parvenons pas encore à établir un rapport de forces en notre faveur. Souvent isolés dans des grèves séparées les unes des autres, ou frustrés de réduire nos manifestations à des marches-défilés, sans rencontres ni discussions, sans assemblées générales ni organisations collectives, nous aspirons tous à un mouvement plus large, plus fort, plus solidaire et unitaire. Dans les cortèges en France, l’appel à un nouveau Mai 68 revient sans cesse. Face à la « réforme » qui repousse l’âge de départ en retraite à 64 ans, le slogan le plus populaire sur les pancartes brandies est : « Tu nous mets 64, on te re-Mai 68 ».
En 1968, le prolétariat en France s’est uni en prenant en mains ses luttes. Suite aux immenses manifestations du 13 mai pour protester contre la répression policière subie par les étudiants, les débrayages et les assemblées générales se sont propagés comme une traînée de poudre dans les usines et tous les lieux de travail pour aboutir, avec ses 9 millions de grévistes, à la plus grande grève de l’histoire du mouvement ouvrier international. Face à cette dynamique d’extension et d’unité de la lutte ouvrière, gouvernement et syndicats se sont empressés de signer un accord de hausse généralisée des salaires afin d’arrêter le mouvement. En même temps que se produisait ce réveil de la lutte ouvrière, on pouvait assister à un retour en force de l’idée de la révolution, laquelle était discutée par de nombreux travailleurs en lutte.
Un événement d’une telle ampleur était le signe d’un changement fondamental dans la vie de la société : c’était la fin de la terrible contre-révolution qui s’était abattue sur la classe ouvrière à partir de la fin des années 1920 avec l’échec de la révolution mondiale ayant suivi sa première victoire d’octobre 1917 en Russie. Une contre-révolution qui avait pris notamment le visage hideux du stalinisme et du fascisme, qui avait ouvert la porte de la Seconde Guerre mondiale avec ses 60 millions de morts et qui s’était poursuivie pendant deux décennies après celle-ci. Et cela s’est confirmé rapidement dans toutes les parties du monde par une série de luttes d’une importance inconnue depuis des décennies :
– L’automne chaud italien de 1969, baptisé aussi « le Mai rampant », qui voit des luttes massives dans les principaux centres industriels et une remise en cause explicite de l’encadrement syndical.
– Le soulèvement des ouvriers de Córdoba en Argentine, la même année.
– Les grèves massives des ouvriers de la Baltique en Pologne, durant l’hiver 1970-71.
– De multiples autres luttes les années suivantes dans pratiquement tous les pays européens, particulièrement au Royaume-Uni.
– En 1980, en Pologne, face à l’augmentation des prix de l’alimentation, les grévistes portaient encore plus loin cette vague internationale en prenant en main leurs luttes, en se rassemblant en d’immenses assemblées générales, en décidant eux-mêmes des revendications comme des actions à mener et, surtout, en ayant pour souci constant d’étendre la lutte. Face à cette force, ce n’est pas simplement la bourgeoisie polonaise qui avait tremblé mais celle de tous les pays.
En deux décennies, de 1968 à 1989, toute une génération ouvrière a acquis une expérience dans la lutte. Ses nombreuses défaites, ses victoires parfois, ont permis à cette génération de se confronter aux nombreux pièges tendus par la bourgeoise pour saboter, diviser, démoraliser. Ses luttes doivent nous permettre de tirer des leçons vitales pour nos luttes actuelles et à venir : seul le rassemblement au sein d’assemblées générales ouvertes et massives, autonomes, décidant réellement de la conduite du mouvement, hors et même contre le contrôle syndical, peut constituer la base d’une lutte unie et qui s’étend, portée par la solidarité entre tous les secteurs, toutes les générations. Des AG dans lesquelles nous nous sentons unis et confiants en notre force collective. Des AG dans lesquelles nous pouvons adopter ensemble des revendications de plus en plus unificatrices. Des AG dans lesquelles nous nous rassemblons et depuis lesquelles nous pouvons partir en délégations massives à la rencontre de nos frères de classe, les travailleurs de l’usine, de l’hôpital, de l’établissement scolaire, du centre commercial, de l’administration... les plus proches.
La nouvelle génération ouvrière, qui aujourd’hui est en train de reprendre le flambeau, doit se rassembler, débattre, pour se réapproprier ces grandes leçons des luttes passées. Les anciens doivent raconter aux jeunes leurs combats, pour que l’expérience accumulée se transmette et devienne une arme dans les luttes à venir.
Mais il nous faudra aussi aller plus loin. La vague de lutte internationale commencée en Mai 68 était une réaction au ralentissement de la croissance et à la réapparition du chômage de masse. Aujourd’hui, la situation est autrement plus grave. L’état catastrophique du capitalisme met en jeu la survie même de l’humanité. Si nous ne parvenons pas à le renverser, la barbarie va progressivement se généraliser.
L’élan de Mai 68 a été brisé par un double mensonge de la bourgeoisie : lors de l’effondrement des régimes staliniens en 1989-91, elle a prétendu que la faillite du stalinisme signifiait la mort du communisme et qu’une nouvelle ère de paix et de prospérité s’ouvrait. Trois décennies après, nous savons d’expérience qu’en guise de paix et de prospérité, nous avons eu la guerre et la misère. Il nous reste à comprendre que le stalinisme est l’antithèse du communisme, qu’il s’agit d’une forme particulièrement brutale de capitalisme d’État issue de la contre-révolution des années 1920. En falsifiant l’Histoire, en faisant passer le stalinisme pour du communisme (comme hier l’URSS et aujourd’hui la Chine, Cuba, le Venezuela ou la Corée du Nord !), la bourgeoisie est parvenue à faire croire à la classe ouvrière que son projet révolutionnaire d’émancipation ne pouvait que mener à la ruine. Jusqu’à ce que le mot « révolution » lui-même devienne suspect et honteux.
Mais dans la lutte, nous allons peu à peu développer notre force collective, notre confiance en nous-mêmes, notre solidarité, notre unité, notre auto-organisation. Dans la lutte, nous allons peu à peu nous rendre compte que nous, la classe ouvrière, sommes capables d’offrir une autre perspective que la mort promise par un système capitaliste en décomposition : la révolution communiste. La perspective de la révolution prolétarienne va faire son retour dans nos têtes et nos combats.
L’avenir appartient à la lutte de classe !
Courant Communiste International, 22 avril 2023
Partout dans le monde nous voyons des ouvriers rentrer en lutte… et de nouveau aujourd’hui apparaissent dans les manifestations des références à Mai 68.
Mais cette fois il faudra ALLER PLUS LOIN QU’EN 1968 !
Tous les camarades ont certainement vu dans les manifestations ce slogan qui est apparu dans plusieurs villes : "Tu nous mets 64, on te re-Mai 68 !" Cette référence à Mai 68 est le signe qu’il existe une réflexion souterraine dans la classe sur les leçons des luttes passées, ce qui se traduira tôt ou tard par de nouvelles avancées du mouvement.
Nous voulons contribuer à cette réflexion et cela tombe bien car c’est aujourd’hui un jour d’anniversaire. En effet, nous sommes le 13 mai 2023 et il y a tout juste 55 ans, le 13 mai 1968, des manifestations, d’une ampleur jamais vue, eurent lieu dans toute la France à l’appel des grandes centrales syndicales. Elles faisaient suite aux manifestations spontanées qui, le samedi 11 mai, avaient protesté énergiquement contre la répression extrêmement violente qu’avaient subie les étudiants la veille. Cette mobilisation oblige la bourgeoisie à reculer. Pompidou annonce que les forces de l’ordre seront retirées du Quartier latin, que la Sorbonne sera rouverte et que les étudiants emprisonnés seront libérés. Les discussions se multiplient partout, pas seulement sur la répression mais aussi sur les conditions de travail des ouvriers, l’exploitation, l’avenir de la société. Ces manifestations du 13 mai en solidarité avec les étudiants sont appelées par des syndicats qui sont dans un premier temps débordés et qui cherchent à reprendre le contrôle du mouvement.
Ces manifestations représentent un tournant, non seulement par leur ampleur mais surtout parce qu’elles annoncent l’entrée en scène de la classe ouvrière. Le lendemain, les ouvriers de Sud-Aviation à Nantes déclenchent une grève spontanée. Ils seront suivis par un mouvement de masse qui atteindra les 9 millions de grévistes le 27 mai. C’était la plus grande grève du l’histoire du mouvement ouvrier international. Partout on revendique, on s’indigne, on se politise, on discute, dans les manifestations, les assemblées générales et les comités d’action qui naissent comme des champignons.
Même si c’est en France que le mouvement est allé le plus loin, il s’inscrivait dans une série de luttes internationales qui ont touché de nombreux pays dans le monde. Ces luttes internationales étaient le signe d’un changement fondamental dans la vie de la société, elles marquaient une rupture avec la période précédente : c’était la fin de la terrible contre-révolution qui s’était abattue sur la classe ouvrière suite à l’échec de la vague révolutionnaire mondiale initiée par le succès de la révolution de 1917 en Russie.
Même si ce n’est pas avec la même ampleur, il se produit à nouveau aujourd’hui une telle rupture avec la période précédente. Partout dans le monde, on voit des ouvriers entrer en lutte contre des conditions de vie et de travail insupportables, en particulier contre l’inflation qui réduit les salaires comme une peau de chagrin. On lit sur les pancartes et les banderoles : « Trop c’est trop ! » au Royaume-Uni ; « Pas une année de plus, pas un euro de moins » en France ; « L’indignation vient de loin » en Espagne ; « Pour nous tous » en Allemagne.
Au Danemark, au Portugal, aux Pays-Bas, aux États- Unis, au Canada, au Mexique, en Chine et en ce moment en Suède où se déroule une grève sauvage chez les conducteurs de trains de banlieue à Stockholm ; dans de nombreux pays, ce sont les mêmes grèves contre la même exploitation, comme le résument très bien les ouvriers anglais : « La vraie galère : [c’est] ne pas pouvoir se chauffer, manger, se soigner, se déplacer ! » La rupture à laquelle nous assistons aujourd’hui, c’est la reprise d’une dynamique de luttes internationales après des décennies de recul de la combativité et de la conscience dans la classe ouvrière. En effet, la faillite du stalinisme en 1989-91 avait été l’occasion de vastes campagnes idéologiques sur l’impossibilité d’une alternative au capitalisme, sur l’éternité de la démocratie bourgeoise comme unique régime politique viable. Ces campagnes ont eu un très fort impact sur une classe ouvrière qui n’avait pas réussi à pousser plus loin la politisation de ses luttes.
Dans les manifestations en France, on a commencé à lire sur quelques pancartes le refus de la guerre en Ukraine, le refus de se serrer la ceinture au nom de cette économie de guerre : « Pas de sous pour la guerre, pas de sous pour les armes, des sous pour les salaires, des sous pour les retraites ».
Même si ce n’est pas toujours clair dans la tête des manifestants, seul le combat du prolétariat sur son terrain de classe peut être un rempart contre la guerre, contre cette dynamique autodestructrice, un rempart face à la mort que promet le capitalisme à toute l’humanité. Car, laissé à sa seule logique, ce système décadent va entraîner des parties de plus en plus larges de l’humanité dans la guerre et la misère, il va détruire la planète à coups de gaz à effet de serre, de forêts rasées et de bombes.
Comme le dit la première partie du titre de notre 3ème manifeste : « Le capitalisme mène à la destruction de l’humanité… » La classe qui dirige la société mondiale, la bourgeoisie, a en partie conscience de cette réalité, de cet avenir barbare que nous promet son système moribond. Il suffit de lire les études et travaux de ses propres experts pour le constater. Notamment le « Rapport sur les risques mondiaux » présenté au Forum économique mondial de Davos de janvier 2023 et que nous avons largement cité dans notre dernier tract [1].
Face à cette perspective accablante, la bourgeoisie ne peut qu’être impuissante. Elle et son système ne sont pas la solution, ils sont la cause du problème. Si dans les grands médias, la bourgeoisie cherche à nous faire croire qu’elle met tout en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique, qu’un capitalisme « vert » et « durable » est possible, elle sait très bien que ce sont des mensonges.
En réalité, le problème ne se limite pas à la question climatique. Il exprime la contradiction fondamentale d’un système économique basé NON sur la satisfaction des besoins humains mais sur le profit et la concurrence, sur la prédation des ressources naturelles et l’exploitation féroce de la classe qui produit l’essentiel de la richesse sociale : le prolétariat, les travailleurs salariés de tous les pays. Ainsi, le capitalisme et la bourgeoisie constituent l’un des deux pôles de la société, celui qui mène l’humanité vers la misère et la guerre, vers la barbarie et la destruction. L’autre pôle, c’est le prolétariat et sa lutte de résistance au capitalisme devant déboucher sur son renversement.
Ces réflexes de solidarité active, cette combativité collective que nous voyons aujourd’hui, sont les témoins de la nature profonde de la lutte ouvrière destinée à assumer une lutte pour un monde radicalement différent, un monde sans exploitation ni classes sociales, sans concurrence, sans frontières ni nations. « Soit on lutte ensemble, soit on finira par dormir dans la rue ! », confirment les manifestants en France. La bannière « Pour nous tous » sous laquelle a eu lieu la grève contre la paupérisation en Allemagne, le 27 mars, est particulièrement significative de ce sentiment général qui grandit dans la classe ouvrière : « nous sommes tous dans le même bateau » et nous luttons tous les uns pour les autres. Les grèves en Allemagne, au Royaume-Uni et en France s’inspirent les unes des autres. Par exemple, en France, les travailleurs du Mobilier national, avant l’annulation de la visite de Charles III, se sont explicitement mis en grève par solidarité avec leurs frères de classe en Angleterre : « Nous sommes solidaires des travailleurs anglais, qui sont en grève depuis des semaines pour l’augmentation des salaires ». Ce réflexe de solidarité internationale, même s’il est encore embryonnaire, est l’exact opposé du monde capitaliste divisé en nations concurrentes, jusqu’à la guerre. Il rappelle le cri de ralliement de notre classe depuis 1848 : « Les prolétaires n’ont pas de patrie ! Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Mais nous ressentons aussi tous les difficultés et les limites actuelles de ces luttes. Face au rouleau compresseur de la crise économique, de l’inflation et des attaques gouvernementales qu’ils nomment « réformes », les ouvriers ne parviennent pas encore à établir un rapport de forces en leur faveur. Souvent isolés par les syndicats dans des grèves séparées les unes des autres, ils sont frustrés de réduire les manifestations à des marches-défilés, sans rencontres ni discussions ni organisation collective, souvent ils aspirent tous à un mouvement plus large, plus fort, plus solidaire et unitaire. Dans les cortèges en France, l’appel à un nouveau Mai 68 revient régulièrement.
Effectivement, il faut reprendre les méthodes de luttes qu’on a vu s’affirmer dans toute la période qui commence en 1968. Un des meilleurs exemples est celui de la Pologne en 1980. Face à l’augmentation des prix de l’alimentation, les grévistes portaient encore plus loin cette vague internationale en prenant en main leurs luttes, en se rassemblant en d’immenses assemblées générales, en centralisant les différents comités de grève grâce au MKS, le comité inter-entreprises. Ainsi dans toutes ces assemblées, les ouvriers décidaient eux-mêmes des revendications comme des actions à mener et, surtout, avaient pour souci constant d’étendre la lutte. Face à cette force, nous savons que ce n’est pas simplement la bourgeoisie polonaise qui avait tremblé mais celle de tous les pays.
En deux décennies, de 1968 à 1989, toute une génération ouvrière a acquis une expérience dans la lutte. Ses nombreuses défaites, ses victoires parfois, ont permis à cette génération de se confronter aux nombreux pièges tendus par la bourgeoise pour saboter, diviser, démoraliser. Ses luttes doivent nous permettre de tirer des leçons vitales pour nos luttes actuelles et à venir : seul le rassemblement au sein d’assemblées générales ouvertes et massives, autonomes, décidant réellement de la conduite du mouvement, en contestant et neutralisant le contrôle syndical dès que possible, peut constituer la base d’une lutte unie et qui s’étend, portée par la solidarité entre tous les secteurs.
Lors de la diffusion du dernier tract, un manifestant nous a exprimé son accord sur les méthodes de lutte qu’il fallait reprendre, mais il était sceptique sur le titre. « Aller plus loin qu’en 68 ? Si nous faisions comme en 68 ce serait déjà pas mal, nous a-t-il dit. » Si ! Il faut aller plus loin qu’en 68 car les enjeux ne sont plus les mêmes. La vague de lutte internationale commencée en Mai 68 était une réaction aux premiers signes de la crise et à la réapparition du chômage de masse. Aujourd’hui, la situation est autrement plus grave. L’état catastrophique du capitalisme met en jeu la survie même de l’humanité. Si la classe ouvrière ne parvient pas à le renverser, la barbarie va progressivement se généraliser.
L’élan de Mai 68 a été brisé par un double mensonge de la bourgeoisie : lors de l’effondrement des régimes staliniens en 1989-91, elle a prétendu que la faillite du stalinisme signifiait la mort du communisme et qu’une nouvelle ère de paix et de prospérité s’ouvrait. Trois décennies après, nous savons d’expérience qu’en guise de paix et de prospérité, nous avons eu la guerre et la misère, que le stalinisme est l’antithèse du communisme (comme hier l’URSS et aujourd’hui la Chine, Cuba, le Venezuela ou la Corée du Nord !). En falsifiant l’histoire, la bourgeoisie est parvenue à faire croire à la classe ouvrière que son projet révolutionnaire d’émancipation ne pouvait que mener à la ruine. Jusqu’à ce que le mot « révolution » lui-même devienne suspect et honteux. Mais dans la lutte, les ouvriers peuvent peu à peu développer leur propre force collective, la confiance en eux-mêmes, la solidarité, leur unité, l’auto-organisation. La lutte permet peu à peu à la classe ouvrière de se rendre compte qu’elle est capable d’offrir une autre perspective que la mort promise par un système capitaliste en décomposition : la révolution communiste. La perspective de la révolution prolétarienne va faire son retour dans la tête et les combats à venir. Cette fois l’idée de révolution de Mai 68 est en train de se transformer en enjeu pour l’humanité. Face au spectacle du capitalisme en décomposition où règne le « no future », nous proclamons : « L’avenir appartient à la lutte de classe ! »
Pour finir, il nous semble que la situation présente fait émerger un certain nombre de questions que nous avons essayé d’illustrer dans cet exposé :
Venez discuter des leçons de Mai 68 pour les luttes d’aujourd’hui !
Lille : le 13 mai à 15h00, au café « Waz », 54 rue des Sarrazins (Métro « Gambetta »).
Lyon : le 13 mai à 15H00, Salle 5, 1er étage, CCO Jean-Pierre Lachaize, 39 rue G.Courteline - Villeurbanne.
Paris : le 27 mai à 15h00, au CICP, 21ter rue Voltaire, 11e arrondissement (Métro « Rue des boulets »).
Marseille : le 27 mai à 15h00, Local « Mille Babords », 61 rue Consolat.
Nantes : le 13 mai à 15H00, Salle de la Fraternité, 3 rue de l'Amiral Duchaffault, 44100 Nantes, (Station de Tramway "Duchaffault", ligne 1).
Toulouse : le 13 mai, à 14H00, Salle Castelbou 22 rue Léonce Castelbou à Toulouse, (Métro "Compas Caffarelli").
[1] . Pour la discussion : Sur BFM TV, Robert Badinter tirait lui aussi la sonnette d’alarme : Si un hélicoptère s’écrasait sur l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporija, la catastrophe serait encore pire que Tchernobyl.
Liens
[1] https://fr.internationalism.org/files/fr/tract_4.4.23_12.pdf
[2] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/lutte-classe-monde-2022-2023
[3] https://fr.internationalism.org/content/10877/critiques-des-soi-disant-communisateurs-i-introduction-a-serie
[4] https://fr.internationalism.org/content/10878/critique-des-soi-disant-communisateurs-ii-du-gauchisme-au-modernisme-mesaventures
[5] https://fr.internationalism.org/content/10942/pourquoi-proletariat-classe-revolutionnaire-notes-critiques-larticle-lecons-lutte-des
[6] https://fr.internationalism.org/content/11021/critique-des-soi-disant-communisateurs-iii-jacques-camatte-du-bordiguisme-a-negation
[7] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/communisateurs
[8] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/anarchisme-modernisme
[9] https://fr.internationalism.org/files/fr/tract_22.4.23_bat.pdf
[10] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/interventions
[11] https://fr.internationalism.org/tag/situations-territoriales/lutte-classe-france
[12] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/reforme-des-retraites