En décembre dernier, le CCI a écrit à la TCI pour lui demander de publier un correctif portant sur de sérieuses falsifications concernant notre organisation, publiées sur le site de la TCI dans un article intitulé « Sur le quarante-cinquième anniversaire de la fondation de la CWO[1] ».
Le CCI ne demanderait pas semblables rectifications d’un groupe bourgeois. Nous n’attendons que mensonges de ce côté-là, et nous dénonçons simplement de telles diffamations qui sont la marque de fabrique de la classe ennemie.
Si nous demandons à la TCI de corriger d’importantes diffamations concernant le CCI, c’est parce que nous considérons que la TCI, malgré nos divergences politiques avec cette tendance, fait partie du camp prolétarien internationaliste, et nous avons un intérêt commun à rectifier d’importantes déviations de la vérité sur l’histoire de la Gauche communiste[2].
Nous espérions que la TCI reconnaîtrait ces importantes inexactitudes et en même temps accepterait de les rectifier, ou nous apporterait des preuves permettant de réfuter nos corrections.
Malheureusement, la TCI a répondu avec colère à notre demande, refusant de publier quelque correctif que ce soit, et suggérant que notre demande serait une « provocation » ou un « jeu politicien ». Elle a déclaré dans sa réponse que c’était son dernier mot sur le sujet et que cette correspondance était maintenant close[3].
Néanmoins, malgré cette rebuffade, le CCI a de nouveau écrit en espérant produire un changement d’état d’esprit, expliquant que notre demande de rectification n’était pas une provocation ou un jeu, ni une polémique sur l’interprétation par la CWO de sa propre histoire ou une tentative d’essayer d’imposer notre propre interprétation de celle-ci, mais une volonté de rétablir des faits importants. Et nous avons noté dans notre seconde lettre que, malgré le furieux refus de la TCI de publier notre correctif, sa réponse ne réfutait pas les faits en question, qui étaient bien tels que nous les décrivions. Mais la TCI a été conséquente sur un point : elle s’en est tenue à son unilatérale fin de non-recevoir, et trois mois après n’avait toujours pas répondu à notre seconde lettre.
Si nous publions aujourd’hui cette correspondance avec la TCI, c’est parce qu’il est visiblement impossible de parvenir à un accord négocié de concert avec elle, et du fait que nous considérons les falsifications comme suffisamment sérieuses pour nécessiter un correctif public. Du fait du refus de la TCI de discuter en privé d’un rectificatif public mutuellement acceptable, ce que nous aurions préféré, nous sommes contraints de rendre nous-mêmes les faits publics.
Notre première lettre :
Le CCI à la TCI
08/12/2020
Chers camarades,
Nous vous demandons de publier le présent correctif sur votre site web :
« Nous avons constaté qu’un article sur votre site web, « Sur le quarante-cinquième anniversaire de la fondation de la CWO », contient un certain nombre de mensonges qui diffament notre organisation. Trois sont particulièrement saillants et doivent être corrigés :
Premièrement, l’article déclare que le CCI a « calomnié » Battaglia Comunista en ce qui concerne ses origines au sein du Parti Communiste Internationaliste en 1943 : « Nous avons également découvert que les calomnies du CCI selon lesquelles il [le PCInt] aurait travaillé « au sein des Partisans » étaient fausses, le fait étant que le PCInt a travaillé partout où la classe ouvrière était présente ».
Une lettre de Battaglia Comunista au CCI reprise dans l’article « Les ambiguïtés sur les «partisans» dans la constitution du Parti Communiste Internationaliste en Italie », publié dans le numéro 8 de la Revue Internationale en 1977, disait :
« Les camarades qui l'ont constitué [le Parti Communiste Internationaliste] provenaient de cette Gauche qui avait la première dénoncé, aussi bien en Italie qu'à l'étranger, la politique contre révolutionnaire du bloc démocratique (comprenant les partis staliniens et trotskistes) et avait été la première et la seule à agir au sein des luttes ouvrières dans les rangs mêmes des Partisans, appelant le prolétariat contre le capitalisme quel que soit le régime dont il se recouvre.
Les camarades, que RI voudrait faire passer pour des "résistants", étaient ces militants révolutionnaires qui faisaient un travail de pénétration dans les rangs des Partisans pour y diffuser les principes et la tactique du mouvement révolutionnaire et qui, pour cet engagement, sont même allés jusqu'à payer de leur vie. ».
Le Parti Communiste Internationaliste dont Battaglia Comunista est issu a agi et pénétré les rangs des Partisans, d’après son propre témoignage. Ainsi, l’affirmation et la critique de ce fait par le CCI ne sont aucunement des calomnies.
Deuxièmement, l’article dit :
« en 1980, la troisième Conférence de la Gauche Communiste Internationale (à Paris) a mené à l’abandon des conférences par le CCI et d’autres petits groupes ».
Affirmer que le CCI a abandonné les conférences est une pure falsification de la réalité, une falsification qui est en fait contredite par ce qui est écrit auparavant dans votre article :
« Lors de la réunion [de la Troisième Conférence], la CWO et le GCI belge ont annoncé séparément qu’ils ne participeraient pas à la conférence suivante. La CWO n’a pas consulté le PCInt [c’est-à-dire Battaglia Comunista] avant cela, mais le PCInt, en tant qu’initiateur des conférences, a cherché à en sauver quelque chose en proposant un nouveau critère pour la conférence suivante qui satisferait (du moins le pensait-il) certains éléments comme la CWO et le GCI, et qui forcerait le CCI à prendre une position plus claire. Ça ne s’est pas passé comme le CCI l’avance, à savoir que la résolution n’avait pour but que de l’exclure. Il a tenté d’obtenir du PCInt une modification des termes du critère afin de continuer à entretenir le flou sur la question du Parti. Le PCInt en est resté à la formulation originelle et la délégation de la CWO a décidé de le soutenir. »
Ainsi ce n’est pas le CCI mais la CWO qui voulait abandonner les Conférences. Le PCInt, afin de « sauver quelque chose », a introduit un nouveau critère (qu’il a refusé de modifier, mais que la CWO a soutenu) pour la participation à la conférence, critère que le CCI ne pouvait pas accepter. Le débat sur la nature du parti entre les groupes présents aux Conférences a été artificiellement clos. Le CCI a de fait été exclu par les deux groupes, il n’a pas abandonné les Conférences.
Troisièmement, l’article dit ceci :
« Lorsque le CCI a commencé à s’introduire par effraction dans des logements privés (soi-disant pour récupérer ce qui lui appartenait), y compris chez JM qui était parti en même temps que les scissionnistes, Aberdeen l’a menacé d’appeler la police ».
L’affirmation que le CCI « aurait commencé à s’introduire par effraction dans des logements privés » est un mensonge malveillant répété à satiété par des parasites comme le défunt « Communist » Bulletin Group d’Aberdeen, lui permettant de justifier le vol de matériel du CCI, et pour excuser ses menaces d’appeler la police contre le CCI. L’insinuation de l’article, qui utilise l’adverbe « soi-disant », sous-entendant par là que la récupération de son matériel par le CCI n’était qu’un prétexte visant l’intimidation, est un autre mensonge mis en avant par les parasites pour excuser leurs propres vilenies.
L’un des principes qui a permis de différencier la tradition de la Gauche Communiste du stalinisme et du trotskisme, c’est de dire la vérité et de démasquer les mensonges de la contre-révolution, en particulier la falsification des faits historiques par cette dernière. Ce principe d’être factuellement précis est particulièrement important dans l’histoire de la Gauche Communiste. Les falsifications de l’article doivent être corrigées afin de donner une image véridique de cette histoire pour les nouvelles générations de militants communistes.
L’article est présent depuis déjà un certain temps sur votre site web, et il peut avoir été vu par de nombreux lecteurs, c’est pourquoi nous demandons que le correctif ci-dessus paraisse dans les deux semaines avec le texte en bonne place sur votre site.
Salutations communistes,
Le CCI »
Notre seconde lettre
Même si elle a refusé de publier cette lettre, la TCI a effectivement corroboré nos rectifications, comme nous l’avons mis en avant dans notre seconde lettre :
Les faits en question, ceux que nous rectifions dans notre première lettre et confirmons dans la seconde, et que la TCI ne conteste pas mais refuse de rectifier publiquement, ne sont clairement pas des broutilles, mais concernent directement des aspects majeurs de l’intégrité des positions du CCI. L’article de la CWO suggère que les différences de comportement entre le PCInt vis-à-vis des Partisans en Italie au cours de la Seconde Guerre mondiale – qui permettent de comprendre la trajectoire différente des ancêtres du CCI, la Gauche Communiste de France, et de ceux du PCInt au cours des années 1940 – est construite sur une « calomnie ».
Ensuite l’article dit que nous avons abandonné les Conférences Internationales de la Gauche Communiste des années 1970 alors même que nous les avons défendues bec et ongles. L'impact négatif de l'échec de ces conférences se fait encore sentir aujourd'hui. Et finalement, l’article prétend que le CCI, qui a toujours défendu l’organisation révolutionnaire et son comportement honnête, aurait utilisé le même type de comportement de voyou que ceux qui ont tenté de le détruire par le vol, la calomnie et la menace d’appeler la police. En un mot, de façon totalement contraire aux faits, c’est nous qui dans l’article passons pour des calomniateurs, des voyous et des déserteurs.
Il n’est pas question ici d’exagération polémique, mais d’affabulations qui nous diffament.
Il est évident que le CCI est contraint de se défendre publiquement contre de tels dénigrements.
La CWO a voulu que son histoire permette aux nouveaux membres et contacts de connaître le « fondement de notre conscience et de nos perspectives politiques actuelles ». Et en tant que telle son histoire ne pouvait qu'avoir un côté polémique puisque son passé recoupe en de nombreux points celui du CCI. Mais c’est une raison de plus pour en rester aux faits afin de permettre aux nouveaux militants de connaître l’histoire réelle de ses divergences avec d’autres tendances. La profonde conviction des nouveaux militants dans les positions de la TCI, ou de toute autre tendance de la Gauche Communiste, ne peut se fonder sur la base de dénigrements et falsifications des autres tendances. Au contraire, la formation de nouveaux militants de la Gauche Communiste demande une connaissance des faits.
Malheureusement, comme le montre le sort de la demande du CCI à la TCI, la détermination collective à défendre la vérité au sein de l’ensemble de la Gauche Communiste – une partie de sa tradition historique – malgré ses désaccords politiques mutuels est de plus en plus oubliée, et la tentative de rectifier des falsifications est considérée par la TCI comme une tentative de « jouer un jeu ». Par exemple, la demande par le CCI d’être factuellement honnête est elle-même considérée comme étant malhonnête. Et donc refusée.
Ce misérable mépris de rétablir les faits est cependant une déviation assez récente de la tradition de la gauche marxiste et de la Gauche Communiste en particulier.
La nature révolutionnaire de la vérité a un sens général pour le marxisme en ce sens que la séquence des changements historiques d’un mode de production à un autre au cours de l’histoire de l’humanité ne peut qu’être scientifiquement et donc fidèlement comprise que comme le résultat de la lutte des classes. Et elle a une signification particulière pour la lutte de la classe ouvrière, laquelle cherche à démasquer les mensonges que la classe capitaliste utilise pour justifier son règne d’impitoyable exploitation, de crise économique et de misère, de guerre sans fin et de catastrophes. Du fait que la perspective communiste du prolétariat révolutionnaire n’est pas de justifier une nouvelle forme d’exploitation, mais d’abolir les classes et de créer une société de libre association des producteurs, la recherche de la vérité est l’arme politique et théorique principale de la classe ouvrière et de ses minorités communistes, à la fois contre la bourgeoisie et pour renforcer ses propres rangs.
Le développement théorique, politique et organisationnel de la tradition marxiste a été mené principalement par le biais de polémiques factuellement exactes. On se souvient des polémiques fameuses menées par Marx et Engels contre les Hégéliens de gauche (La Sainte famille, L’Idéologie allemande), contre Proudhon (Misère de la philosophie), l’Anti-Dühring, la Critique du programme de Gotha, la polémique de Rosa Luxemburg contre Eduard Bernstein (Réforme sociale ou révolution ?), celle de Lénine contre les Populistes russes dans Ce que sont les « Amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates, etc. Elles sont toutes basées sur des citations étendues d’écrits et de compte-rendus précis et probants des actions de ceux qui sont critiqués, et n’en sont de ce fait que plus fortes et véhémentes. À l’inverse, la tradition marxiste a été déterminée à répondre publiquement aux allégations sur sa politique, et plus particulièrement à mettre au jour les calomnies et manœuvres servant le camp ennemi, comme le livre de Marx sur l’espion policier Herr Vogt, ou le rapport de la Première Internationale sur la conspiration de Bakounine.
Ces principes de précision et d’honnêteté ont commencé à s’affaiblir dans le camp marxiste avec la dégénérescence opportuniste de la Seconde Internationale. Après l’effondrement de cette dernière en 1914 et le soutien de la plupart des partis sociaux-démocrates à la guerre impérialiste, puis la haine active contre la vague révolutionnaire qui a émergé en 1917, les calomnies contre la gauche marxiste internationale se sont intensifiées et ont été le prélude à la tentative d’exterminer ses militants. Les dénigrements contre Rosa Luxemburg dans la presse sociale-démocrate, par exemple, ont créé le climat permettant son assassinat en 1919. Lénine et Trotsky ont échappé au même sort au cours de l’été 1917 après avoir été traités d’agents allemands par les mencheviks et d’autres.
La longue contre-révolution stalinienne qui a suivi la vague révolutionnaire de 1917-23 a intensifié cette attaque contre les principes et l’honneur de l’avant-garde révolutionnaire, au nom du marxisme et de la classe ouvrière, une hypocrisie sans précédent dans l’histoire. Les attaques staliniennes, présentées sous couvert de « polémiques marxistes », avaient pour but la destruction de ceux qui conservaient le cœur internationaliste du programme marxiste face à la dégénérescence de la Révolution d’Octobre et de l’Internationale Communiste, c'est-à-dire l'Opposition de Gauche de Trotsky mais surtout les Gauches Communistes d'Allemagne et d'Italie. Les falsifications de l’histoire, les mensonges et dénigrements ont constitué le terreau des expulsions, emprisonnements, tortures, procès-spectacles et assassinats.
Trotsky a tenté de maintenir la véritable tradition marxiste avec la Commission Dewey qui, en 1936, a révélé les machinations des procès de Moscou à l’aide de preuves systématiques et circonstanciées.
Mais le trotskisme a rejoint le camp bourgeois lors de la Seconde Guerre mondiale en abandonnant l’internationalisme, et dans ce processus ses méthodes sont devenues peu ou prou celles de la contre-révolution stalinienne et sociale-démocrate. Mentir et calomnier sont devenus des comportements normaux au sein de la gauche et de l’extrême-gauche de la contre-révolution bourgeoise. Seule la Gauche Communiste est restée aux côtés du prolétariat et de la défense de la vérité au cours de la boucherie impérialiste de 1939-45. Et aujourd’hui encore, la Gauche Communiste doit faire face et se démarquer nettement des méthodes ignobles de la gauche contre-révolutionnaire.
Lors du resurgissement de la tradition de la Gauche Communiste après 1968, malgré le poids du sectarisme au sein des différents groupes et la difficulté pour de nouveaux militants à rompre avec les mœurs du gauchisme, la nécessité d’un effort commun pour rétablir la vérité a été mutuellement reconnue par les différents groupes. Comme la lettre du CCI à la CWO le montre, le CCI a publié en 1977 dans sa Revue Internationale la demande de Battaglia Comunista (c’est-à-dire le PCInt/TCI) d’une correction de l’article sur les Partisans et les origines du PCInt. Et à ce moment-là la demande du PCInt se réfère au principe révolutionnaire de vérité historique, un épisode que nous rappelons dans notre seconde lettre à la TCI :
« En 1976, le camarade Onorato Damen, au nom de l’Exécutif du Partito Comunista Internazionalista, a adressé une lettre à notre section en France en demandant que soient rectifiées certaines affirmations contenues dans une polémique avec le PCI bordiguiste publiée dans le n°29 de notre journal Révolution Internationale. Il a protesté, en particulier, contre ce que nous avions écrit sur la politique du Partito à propos de la question des Partisans. Et il concluait sa lettre par les lignes suivantes :
« nous souhaitons que tous les révolutionnaires sachent mener un sérieux examen critique des positions sur les principaux problèmes politiques de la classe ouvrière aujourd’hui, en se documentant avec le sérieux propre précisément aux révolutionnaires, lorsqu’il s'agit de revenir (et c'est là quelque chose qui est toujours nécessaire) sur les erreurs du passé. ». Nous avons publié la totalité de la lettre dans la Revue Internationale n°8, avec, bien sûr, notre propre réponse.
La question que nous vous posons est celle-ci : pensez-vous que le camarade Damen et l’Exécutif du PCInt s’étaient engagés dans une quelconque provocation, un « jeu politique », en nous demandant de publier un rectificatif ?
Bien sûr, il peut y avoir polémique sur la réalité des faits. Dans la Revue Internationale n°87 par exemple, nous avons publié une lettre de la CWO (une « provocation » ou un « jeu politique » ?) qui affirmait qu’il y avait des falsifications dans une ancienne polémique avec le CCI. Nous avons soutenu qu’en fait les éléments en question étaient vrais. »
Plus récemment, au cours de la dernière décennie, cette tradition révolutionnaire rappelée par Onorato Damen a été oubliée, en partie du fait de la faillite des Conférences de la Gauche Communiste dont nous avons parlé plus haut, et à cause de l’émergence d’une mentalité, pourtant combattue de toutes ses forces par le CCI, de « chacun-contre-tous », dans laquelle le principe d’honnêteté au sein de la Gauche communiste a été de plus en plus oublié. Le principe de discussion mutuelle et d’action commune établis par Marx dans la Première Internationale, tout comme l’éthique de toutes les tendances au sein du mouvement prolétarien, ont été de plus en plus ignorés. Concomitamment à cette faillite, et l’exacerbant, il y a eu une prolifération de groupes, souvent rien d’autre que des blogueurs mécontents qui se réclament verbalement de la Gauche Communiste, mais dont la fonction réelle n’a été que dénigrer et calomnier cette tradition organisée du Communisme de Gauche. Cependant, ce dernier dans son ensemble n'a pas réussi jusqu'à présent à serrer les rangs contre ce phénomène malin qui affaiblit encore plus le principe d'honnêteté au sein de la Gauche Communiste[4]
La contamination par les pratiques malhonnêtes du gauchisme, dont les symptômes apparaissent avec les falsifications de la CWO dans son dernier article sur son histoire, est une réminiscence d’un épisode précédent du même type, l’infâme scandale de « l’affaire du Circulo », lorsque la TCI (qui s’appelait encore Bureau International pour le Parti Révolutionnaire, BIPR) avait republié sur son site web, sans l’ombre d’une critique, une litanie de calomnies contre le CCI, dont l’origine était un groupe imaginaire d’Amérique Latine appelé « Circulo de Comunistas Internacionalistas ».
Au début des années 2000, le CCI a commencé à discuter avec un groupe en Argentine, sur les positions et principes organisationnels de la Gauche Communiste, et sur l’analyse du mouvement des piqueteros dans ce pays en décembre 2001. En conséquence, ce groupe, le Nucleo Comunista Internacionalista, a lancé un appel international aux groupes de la Gauche Communiste pour organiser des discussions, appel auquel malheureusement seul le CCI a répondu positivement. Le NCI a également écrit une prise de position condamnant les actions d’un groupe parasitaire contre le CCI[5].
Cependant les difficultés que les nouveaux groupes approchant la Gauche Communiste doivent affronter ont été mises au jour par un épisode étrange et destructeur.
Un individu ambitieux au sein du NCI (que nous allons nommer le Citoyen B) a développé un comportement clairement aventuriste au sein du groupe, prenant des allures de gourou, et a demandé péremptoirement une intégration immédiate dans le CCI. Lorsque les conditions de cette demande ont été rejetées, il s’est vengé en prétendant que le NCI s’était transformé lui-même en un groupe politique imaginaire, le « Circulo de Comunistas Internacionalistas »! Cette scandaleuse usurpation a été menée sans que les autres membres du NCI en aient la moindre connaissance.
Au nom de ce groupe fantôme qu’était le « Circulo », le Citoyen B a commencé à publier des prises de position sur Internet et sur son propre compte personnel, renversant ainsi les précédentes positions du NCI contre le parasitisme, et a ainsi soutenu les attaques de ce dernier contre le CCI.
La première de ces prises de position, distribuée sous forme papier lors d’une réunion publique de la TCI à Paris par le groupe parasitaire GIGC[6], déclarait :
Et on n’a pas seulement Staline, mais aussi Goebbels :
Toutes ces ordures calomniatrices contre le CCI, qui viennent des prises de position de ce « Circulo » bidon, sans la moindre preuve pour les étayer, ont été publiées sans commentaire et sans la moindre tentative de les vérifier, en plusieurs langues, sur le site web de la TCI. L’inexistant Circulo a même été salué comme un véritable apport dans les rangs des révolutionnaires.
Le CCI, alarmé par le fait que de pareilles calomnies soient publiées sur le site web d’un groupe de la Gauche Communiste contre une autre tendance de la Gauche Communiste, a immédiatement écrit à la TCI en lui fournissant des preuves que le Circulo n’était que la grotesque invention d’un aventurier, et a demandé que son texte de rectification contre ces scandaleuses calomnies soit publié par la TCI. Il a fallu trois lettres du CCI et trois semaines avant que cela soit fait. Mais le problème ne s’arrête pas là.
Le CCI a contacté les autres membres du NCI pour corroborer les faits et a constaté que les camarades étaient abasourdis d’apprendre l’usurpation et les calomnies du Citoyen B et de son Circulo, et ont décidé d’écrire eux-mêmes une prise de position dénonçant cette imposture et soutenant les faits tels que présentés par le CCI[7].
Tirant la leçon de ce contact, le Citoyen B a redoublé les calomnies de son premier texte, et a produit une seconde tirade.
L’actuelle politique du CCI provoque le doute et une atmosphère interne de mutuelle méfiance. Elle utilise la tactique stalinienne de la « terre brûlée », c’est-à-dire non seulement la destruction de notre petit et modeste groupe, mais également une opposition active à toute tentative de regroupement révolutionnaire qui ne serait pas mené par le CCI à travers sa politique sectaire et opportuniste. Et pour cela, il n’a pas hésité à user de toute une série de manœuvres répugnantes dont l’objectif principal était de démoraliser ses opposants, et en ce sens, éliminer tout « ennemi potentiel ».
Le Citoyen B s'est tellement laissé entraîner dans ses manœuvres et ses calomnies qu’il s’est retrouvé à accuser le CCI de détruire un groupe qu’il avait lui-même cherché à remplacer par un autre groupe complètement fictif sorti de son imagination ! Mais quand cette seconde déclaration calomnieuse du « Circulo » est apparue sur le site web de la TCI, cette dernière a refusé de publier la déclaration du NCI qui exposait complètement d’une part la fraude du « Circulo », et d’autre part permettait de clarifier et vérifier tout l’épisode de façon indépendante. La TCI ne l’a pas fait non plus avant que les faits ne deviennent évidents et que le Circulo et le Citoyen B ne disparaissent sans laisser de trace, elle n’a publié aucune rétractation ou mise au point expliquant pourquoi ces calomnies sont apparues sur son site web, ni reconnu les dommages qu’elles ont pu faire sur la réputation non seulement du CCI, mais aussi de toute la Gauche Communiste. La déclaration mensongère du Circulo est même restée plusieurs semaines sur le site web de la TCI avant d’être finalement retirée, comme si rien ne s’était passé.
Le CCI a par la suite écrit une lettre ouverte aux militants de la TCI sur l’extrême gravité qu’il y a à faciliter l’infiltration de méthodes pourries du gauchisme dans le comportement de la Gauche Communiste. Nous avons promis dans cette lettre ouverte que toute action du même type que le scandale du Circulo serait exposée au grand jour, particulièrement si la TCI essayait à nouveau de se sortir du scandale en traitant nos lettres par le silence[8]. Le présent article est la concrétisation de cette promesse.
Plutôt que de tirer les leçons de cette expérience et de reconnaître les attaques du Circulo pour ce qu’elles étaient, ainsi que leur propre grave erreur consistant à les republier, la TCI a répondu à l’époque en ajoutant l’insulte au préjudice subi par le CCI. Au lieu de dénoncer la fraude du Circulo, elle a dénoncé le CCI comme une organisation paranoïaque en plein processus de désintégration, et au lieu de ça s’est présentée en victime des attaques « vulgaires et violentes » du CCI.
Le crime de ce fiasco du Circulo, cependant, d’après ce scénario, n’était pas que la TCI ait facilité une attaque malsaine contre un autre groupe de la Gauche Communiste, mais le fait que le CCI a réagi à ce scandale et dénoncé cette fraude pour ce qu’elle était.
L’impudence ne s’est pas arrêtée là. Après avoir joué un rôle important en étant à l’origine du gâchis du Circulo, la TCI a prétendu être alors trop occupée pour aider à le régler et pour répondre aux critiques du CCI. Cela voulait dire que son important travail vis-à-vis de la lutte de classe signifiait qu’elle n’avait pas de temps à accorder aux disputes entre petits groupes, comme si la tentative de traîner un groupe de la Gauche Communiste dans la boue était une préoccupation mineure.
Si nous rappelons cette histoire du Circulo dans cet article, c’est pour montrer les leçons qui n’ont pas été apprises et les mêmes erreurs dommageables qui sont toujours commises. D’une façon similaire à l’épisode du Circulo, les récentes affabulations diffamatoires concernant le CCI contenues dans l’article sur l’histoire de la CWO sont toujours présentes sur son site web. Non seulement la TCI a refusé de publier la réfutation du CCI, mais elle a aussi refusé toute discussion sur la question avec le CCI, quand bien même en privé elle ne réfute pas les faits en question.
Dans sa lettre la TCI en effet répond à notre demande de rétablir les faits par des insultes similaires à celles qu’elle nous avait lancées en 2004. A l’écouter, le problème ne serait pas les falsifications dans l’article, mais le CCI qui sème le trouble en demandant qu’elles soient publiquement corrigées. La CWO prétend que le CCI joue un jeu politique pour la discréditer. Et elle fait semblant d’être trop occupée pour poursuivre sur cette question, ciao !
En réalité, le « jeu politique » se trouve dans cette tentative de masquer les falsifications contenues dans l’article en les aggravant encore. Le principal discrédit se trouve là. La rectification publique des falsifications originales aurait en fait été portée au crédit de la CWO.
La Gauche Communiste : des positions révolutionnaires + un comportement révolutionnaire
L’implication des réponses de la TCI à notre critique est que le CCI n’est pas lui-même concerné par la lutte de classe, mais seulement par les conflits entre groupes révolutionnaires. Un coup d’œil au travail du CCI sur son site depuis 45 ans révèle immédiatement que ce n’est pas vrai.
Il ne sert à rien de prétendre, pour cacher ses propres manquements à cet égard, que la question d’un comportement honnête des organisations révolutionnaires entre-elles est secondaire, ou sans intérêt par rapport aux buts politiques généraux, aux analyses et interventions de la Gauche Communiste. L’honnêteté organisationnelle de cette dernière dans la classe ouvrière est indispensable à son succès final. Inversement, adopter, ou excuser, des comportements qui sont voisins du gauchisme ne peut que risquer de démoraliser ceux qui rompent avec la gauche contre-révolutionnaire pour s’approcher des positions internationalistes.
Si le Citoyen B et son Circulo ont échoué à faire disparaître immédiatement le NCI en 2004 comme il le souhaitait, le NCI n’a malgré tout pas survécu à cet épisode entièrement frauduleux qui était, comme nous l’avons expliqué, plus proche du gauchisme dont il venait de s’échapper que du milieu de la Gauche Communiste qu’il croyait avoir rejoint. L’expérience a eu sur ses membres des effets démoralisateurs à long terme.
Aujourd’hui, sans un comportement révolutionnaire des groupes de la Gauche Communiste, il existe un réel danger de détruire le potentiel de nouveaux militants qui s’approchent des positions de classe.
Sans un comportement révolutionnaire, les nouveaux militants révolutionnaires auront du mal à distinguer non seulement la Gauche Communiste de toutes les strates du gauchisme, mais la véritable Gauche Communiste de la fausse. Les innombrables micro-groupes, aventuriers, individus pleins de rancœur, qui aujourd’hui prétendent faire partie de la tradition de la Gauche Communiste alors qu’ils se consacrent à la discréditer, comme cet infâme Circulo, sont la preuve que la plate-forme internationaliste est davantage qu’un document, c’est un mode de vie, d’intégrité organisationnelle.
Cependant, si les différents groupes respectaient un commun standard de comportement, cela renforcerait la présence du milieu Communiste de Gauche au sein de la classe ouvrière toute entière.
Le programme politique de la Gauche Communiste, c’est-à-dire l’élaboration dans la classe ouvrière de la vérité révolutionnaire de la lutte prolétarienne, dépend d’un comportement organisationnel cohérent avec ces idées politiques. Le combat pour l’unité internationale du prolétariat contre les mensonges de l’impérialisme et de tous ses thuriféraires, par exemple, ne peut être mis en œuvre avec les mêmes valeurs morales que ces derniers et leur mépris de la vérité.
Ce n’est pas un appel à une idée morale éternelle, mais la reconnaissance que la fin et les moyens d’une organisation révolutionnaire, le but et le mouvement, sont inséparables et en constante interaction.
Le CCI, en mettant en lumière les falsifications de l’article sur l’histoire de la CWO, ne joue pas un « jeu ». Il est très sérieux et continuera à faire de la question de l’honnêteté révolutionnaire et de la précision un aspect central de l’intervention communiste.
[1] Communist Workers Organisation, groupe affilié à la TCI en Grande-Bretagne, « On the Forty-Fifth Anniversary of the Founding of the CWO [1] », sur leftcom.org.
[2] Au côté de la CWO, la principale organisation de la TCI est le Parti Communiste Internationaliste (Partito Comunista Internazionalista / Battaglia Comunista) en Italie. Tout comme le CCI, elles sont les héritières de la tradition de la Gauche communiste, surtout connue pour ses positions internationalistes pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1984, lorsque le regroupement formel de la CWO et du PCInt s’est amorcé, et 2009, la TCI s’est appelée BIPR (Bureau International pour le Parti Révolutionnaire).
[3] La réponse de la TCI a été envoyée par « le Comité Exécutif de la CWO ».
[4] Cela ne veut pas dire que le PCInt/TCI a été incapable de réagir à de telles calomnies contre lui-même. En 2015, une prise de position est parue sur le site web de la TCI, « Réponse à une vile calomnie », dénonçant les mensonges d’anciens militants contre des membres de la TCI :« Leurs accusations ne nous auront rien épargné : peur, couardise, trahison, opportunisme individuel, jusqu’aux accusations de liens avec les services de l’État bourgeois. Ils n’ont jamais produit l’ombre d’une preuve. Mais vu que ceux qui profèrent des accusations ont la charge de la preuve, l’absence totale de telles preuves concrètes est aussi la preuve de la malhonnêteté de ces individus et de leurs manœuvres…
Dans l’histoire de notre Parti, nous n’avons vu pareille chose, sous une forme plus sérieuse, que pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque des militants internationalistes ont été ciblés par les malfrats de Togliatti, qui ont justifié leurs campagnes de persécution allant jusqu’à l’assassinat par l’accusation d’être « au service de la Gestapo ». »
Cependant la TCI a refusé de généraliser cette expérience et d’en tirer les évidents parallèles qui existent dans les attaques similaires contre le CCI. Elle a été de ce fait incapable de défendre le milieu de la Gauche Communiste dans son ensemble contre un milieu hostile de calomniateurs et de dénigreurs. Pire, la TCI a fait la grosse erreur de tenter de recruter de nouveaux membres et sections au sein de tels cloaques, et elle a inévitablement été infectée par ce dernier, au détriment de la Gauche communiste comme un tout.
Le CCI pour sa part a toujours tenté de défendre les autres groupes de la Gauche Communiste contre la calomnie, même si la solidarité du CCI n’a jamais été réciproque. Il soutient ainsi la TCI dans sa « Réponse à une vile calomnie » : Communiqué de solidarité avec la TCI [2]. Le CCI a fait de même lorsque le groupe Los Angeles Worker’s Voice a lancé une campagne visant à dénigrer la TCI (voir Révolution internationale n° 325 : Milieu politique prolétarien - Une attaque parasitaire contre le BIPR [3]).
[5] Voir Le Núcleo Comunista Internacional : Un effort de prise de conscience du prolétariat en Argentine [4] pour un historique de ce groupe.
[6] GIGC, groupe appelé auparavant FICCI. Pour une histoire de ce groupe, voir L'aventurier Gaizka a les défenseurs qu'il mérite : les voyous du GIGC [5]
[7] Les camarades du NCI ont également essayé de rencontrer face à face le Citoyen B à Buenos Aires, pour le confronter aux faits. Mais il est resté injoignable.
Nous republions une lettre que nous avions adressée au BIPR en décembre 2004 suite à l'apparition sur son site d'une déclaration émanant d'un mystérieux "Cercle des Communistes Internationalistes", comportant une série d'accusations extrêmement graves contre le CCI. Malgré les protestations de notre organisation dont il n'avait pas tenu compte, le BIPR n'avait alors pas entrepris la moindre vérification de la réalité du groupe ni du contenu des accusations en question. Il avait alors fallu que la réalité de l'imposture devienne tellement évidente pour que le BIPR (maintenant TCI) commence à retirer progressivement de son site, et en catimini, les accusations mensongères et calomnieuses à l'encontre de notre organisation qu'il avait complaisamment relayées.
Les raisons de la présente republication de ce document sont liées au fait que de nouveau nous sommes confrontés à un problème de comportement politique de la part de la TCI.[1]
Paris, le 7 décembre 2004
***
Camarades,
Depuis le 2 décembre, on a assisté à de discrètes modifications sur le site Internet du BIPR. Tour à tour la version anglaise puis la version espagnole de la « Déclaration du Cercle des Communistes Internationalistes contre la méthodologie nauséabonde du CCI » du 12 octobre qui s’y trouvaient depuis plus d’un mois et demi ont disparu (très curieusement, la version française de cette déclaration est encore présente au moment où nous vous envoyons cette lettre : le BIPR aurait-il une politique différente suivant les pays et suivant les langues ? ([2]). Par ailleurs, sur les pages en Italien de votre site, le chapeau précédant la « Prise de position du Cercle des Communistes Internationalistes sur les faits de Caleta Olivia » a été réduit des trois quarts en perdant le passage suivant : « Récemment, le Noyau Communiste Internationaliste d’Argentine a rompu avec le Courant communiste international, que, depuis longtemps, nous considérons comme une survivance désormais inutile d’une vieille politique indiscutablement non adaptée pour contribuer à la formation du Parti international. L’organisation argentine a également changé de nom en prenant celui de Cercle des Communistes Internationalistes. » (“Recentemente il Nucleo Comunista Internazionalista di Argentina ha rotto con la Corrente Comunista Internazionale, che da tempo indichiamo come ormai inutile sopravvivenza di una vecchia politica sicuramente non adeguata a contribuire alla formazione del Partito internazionale. L'organizzazione argentina ha anche cambiato nome assumendo quello di Circolo di Comunisti Internazionalisti.”).
Ces modifications démontrent que le BIPR commence (peut-être ?) à prendre conscience du guêpier dans lequel il s’est fourré en prenant pour argent comptant et en publiant sans la moindre précaution ce que le prétendu « Circulo » a raconté dans ses différentes « déclarations », notamment à propos du comportement du CCI. En d’autres termes, le BIPR n’est plus en mesure de se cacher à lui-même, ni surtout de cacher aux lecteurs de son site Internet, ce que le CCI a affirmé depuis près de deux mois : les accusations portées contre notre organisation sont de purs mensonges inventés par un élément trouble, un imposteur mythomane et sans scrupule. Cela dit, l’effacement discret et progressif de ces « déclarations » n’efface ni ne répare en aucune façon la faute politique considérable, pour ne pas dire le comportement inqualifiable, dont s’est rendue responsable votre organisation. Bien au contraire.
C’est pour cela que cette lettre se veut un appel solennel aux militants du BIPR face à un comportement de leur organisation absolument scandaleux et incompatible avec tout ce qui fonde une démarche de classe prolétarienne.
Un bref rappel des faits :
Vers la mi-octobre, le BIPR publie en plusieurs langues sur son site Internet cette fameuse « Déclaration contre la méthodologie nauséabonde du CCI » du soi-disant « Circulo de Comunistas Internacionalistas » qui se présente comme le successeur du « Nucleo Comunista Internacional » avec qui le CCI a entretenu des discussions depuis plusieurs mois (avec notamment deux rencontres en Argentine même entre le NCI et des délégations du CCI).
Que contient en substance cette « Déclaration » ? Il s'agit d'une série d'accusations extrêmement graves contre notre organisation :
N'importe quel lecteur averti des questions concernant les groupes de la Gauche communiste (ou qui s'en réclament) aura reconnu le style de calomnies que la FICCI déverse depuis plusieurs années sur notre organisation. Mais l'analogie ne s'arrête pas là. On la retrouve aussi dans l'aplomb avec lequel les mensonges les plus gros sont assénés :
La réalité est très différente, comme nous l'avons rapporté déjà dans d'autres textes et comme c'est dit dans la déclaration du NCI datée du 27 octobre : Effectivement, nous avons appelé un camarade du NCI mais ce n'était nullement pour tenter de « détruire [le NCI] ou ses militants de manière individuelle ».
Le but de notre premier appel était d’essayer de comprendre comment s’est constitué ce « Circulo de Comunistas Internacionalistas » et pourquoi des camarades qui avaient témoigné quelques semaines auparavant une attitude extrêmement fraternelle à notre délégation et qui n’avaient manifesté aucun désaccord avec le CCI (notamment à propos des comportements de la FICCI), adoptaient maintenant, le 2 octobre, une « Déclaration » particulièrement hostile à notre organisation et tournant le dos à tout ce qu’ils avaient défendu jusqu’à présent. Dès ce moment-là, nous nous doutions que l’ensemble des camarades du NCI n’étaient pas associés à cette « Déclaration » (malgré ce qui y était affirmé sur « l’unanimité » de cette démarche parmi les membres du NCI). Les discussions que nous avons eues par téléphone avec les camarades du NCI nous ont permis de les informer de ce qui était en train de se passer : l’apparition d’un « Circulo » qui se présentait comme le continuateur du NCI et qui déchaînait des attaques contre le CCI. Nous avons pu également vérifier que ces camarades n’avaient aucune connaissance de cette nouvelle politique menée par le citoyen B. (le seul à pouvoir accéder à l’Internet) dans leur dos et en leur nom. Quand nous avons demandé au camarade que nous avions pu joindre en premier s’il souhaitait qu’on le rappelle, il a répondu par l’affirmative en insistant pour que ces appels soient les plus fréquents possibles et il a suggéré que nous le rappelions au moment où il se trouverait en compagnie des autres camarades pour que nous puissions leur parler également. Voilà ce qu’il en est « de la demande unanime des camarades que le CCI a appelés » : ils n’ont nullement « proposé à l’ensemble des membres du ‘Cercle’ le rejet total de la méthode politique du CCI » mais l’ont chaleureusement approuvée. Et la méthode « qu’ils considèrent comme typiquement stalinienne » est celle de Monsieur B.
Cet intéressant personnage, au début de sa déclaration du 12 octobre nous avertit : ce qu’il affirme sur la « méthodologie du CCI » peut « sembler un mensonge ». Effectivement, les « déclarations » de Monsieur B. peuvent « sembler un mensonge ». Et il y a une bonne raison à cela : c’est réellement un mensonge, un pur mensonge. Évidemment, la FICCI a immédiatement cru ce mensonge qui ressemblait à un mensonge. Tout ce qui peut lui permettre de jeter de la boue sur notre organisation est pain béni pour elle et peu lui importe si l’accusation « peut sembler un mensonge ». Après tout, le mensonge est sa seconde nature, sa marque de fabrique (à côté du chantage, du vol et du mouchardage). Mais ce qui est en revanche absolument invraisemblable, qui « semble un mensonge », c’est qu’une organisation de la Gauche communiste, le BIPR ait pris le même chemin que la FICCI en publiant sur son site Internet, sans le moindre commentaire, donc en les cautionnant totalement, les élucubrations infâmes de Monsieur B.
Le BIPR aime bien faire la leçon aux autres, par exemple en donnant sa propre interprétation des crises du CCI en croyant sur parole les mensonges de la FICCI et sans même se donner la peine d’examiner sérieusement l’analyse qu’en fait le CCI lui-même (voir par exemple « Éléments de réflexion sur les crises du CCI » sur le site Internet du BIPR). En revanche, il n’apprécie pas qu’on lui fasse des suggestions sur sa façon de se comporter : « nous rejetons comme ridicule les ‘mises en garde’ de la part [du CCI] », « Ce n’est pas au CCI, ni à aucun autre que nous devons rendre compte de notre façon d’agir politique et la prétention du CCI à relancer de présumées traditions de la gauche communiste semble seulement pathétique » (voir Réponse aux accusations stupides d’une organisation en voie de désintégration, sur le site Internet du BIPR). Malgré cela, nous nous permettons de lui dire comment aurait agi le CCI s’il avait reçu une déclaration comme celles du « Circulo » mettant gravement en cause le BIPR.
La première chose que nous aurions faite, aurait été de contacter le BIPR et de lui demander son avis sur de telles accusations. Nous aurions également vérifié la crédibilité et l’honnêteté de l’auteur de ce type d’accusation. S’il s’était avéré que l’accusation était mensongère, nous aurions immédiatement dénoncé ce comportement en apportant notre solidarité au BIPR. Si l’accusation avait été fondée, et que nous avions estimé nécessaire de la faire connaître par nos moyens de presse, nous aurions demandé au BIPR sa propre position afin de la publier à côté du document l’accusant.
Vous pouvez peut être estimer que ce sont là des paroles platoniques et que dans la réalité nous aurions fait tout autre chose. Les lecteurs de notre presse en tout cas savent que c’est là la façon d’agir du CCI que nous avons d’ailleurs déjà mise en pratique lorsque la ‘LA Workers Voice’ s’est lancée dans une campagne de dénigrement du BIPR (voir Internationalism n° 122).
Comment a agi le BIPR quand il a reçu la « Déclaration du ‘Circulo’ » ? Non seulement il s’est contenté de la cautionner en la publiant en plusieurs langues sur son site sans la moindre vérification de son authenticité, mais il a refusé pendant plus d’une dizaine de jours de publier le démenti que nous lui avions demandé à plusieurs reprises (voir nos lettres des 22, 26 et 30 octobre) d’adjoindre à la déclaration du « Circulo ».
La publication de notre démenti était le minimum que pouvait faire le BIPR (et que n’importe quel journal bourgeois accepte en général) et il a fallu cependant trois lettres pour qu’il y parvienne, trois lettres et un certain nombre de faits qui commençaient à démontrer le caractère mensonger de la « déclaration ». L’insertion de notre démenti était le minimum mais c’était encore nettement insuffisant puisque, en ne prenant pas position sur la déclaration du « Circulo » le BIPR continuait à cautionner ses mensonges. C’est pour cela que dans nos lettres du 17 et du 21 novembre nous vous avons demandé « de publier immédiatement (c'est-à-dire dès réception de ce courrier) sur votre site Internet la Déclaration du NCI du 27 octobre qui se trouve sur notre propre site dans toutes les langues correspondantes », une déclaration n’émanant pas du CCI, dont on pouvait toujours laisser entendre qu’il racontait n’importe quoi, mais des principaux témoins de l’imposture et des mensonges calomnieux de Monsieur B. A ce jour, vous n’avez toujours pas publié cette déclaration du NCI (qui vous l’a adressée de Buenos Aires par courrier postal) dont vous savez pertinemment qu’elle est véridique puisque vous avez entrepris de retirer progressivement et discrètement de votre site la déclaration du « Circulo ».
Pendant des semaines, vous avez « fait le mort » devant les demandes du CCI afin que soit rétablie la vérité. Maintenant que celle-ci éclate de plus en plus (et ce n’est pas grâce à vous), vous choisissez la méthode la plus hypocrite possible pour tenter d’éviter qu’elle ne vous éclabousse : vous retirez un document qui pendant près de deux mois a déversé sur notre organisation des tombereaux de boue avec le même silence qui avait accompagné sa mise en circulation par vous.
Camarades, êtes-vous conscients de la gravité de vos comportements ? Êtes-vous conscients que cette attitude n’est pas digne d’un groupe qui se réclame de la Gauche communiste mais appartient aux méthodes du trotskisme dégénéré, voire du stalinisme. Vous rendez-vous compte que vous faites la même chose que Monsieur B. (dont les tractations récentes avec le site « Argentina Roja » font la preuve qu’il revient à ses anciennes amour staliniennes) qui a passé son temps à faire apparaître et disparaître des documents sur son site Internet afin d’essayer de masquer ses coups tordus ?
En tout cas, puisque vous avez mis vos moyens de communication au service de la calomnie contre le CCI, il ne suffit pas d’escamoter discrètement cette calomnie comme si rien ne s’était passé. Vous avez commis une faute politique d’une extrême gravité et il faut maintenant la réparer. Le seul moyen digne d’une organisation du prolétariat est de déclarer sur votre site Internet que le document qui s’y est trouvé pendant près de deux mois est une collection de mensonges et de dénoncer les agissements de Monsieur B.
Nous comprenons l’amère déception que vous avez dû ressentir en découvrant la vérité : le NCI n’a pas rompu avec le CCI et le « Circulo » sur qui vous fondiez les plus grands espoirs (voir votre article dans Battaglia Comunista d’octobre « Anche in Argentina qualcosa si muove ») n’est pas autre chose qu’une imposture sortie de l’imagination de Monsieur B. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour esquiver toute prise de position sur les méthodes de cet imposteur. C’est aussi une question de solidarité élémentaire avec les militants du NCI qui ont été les premières victimes des manipulations infâmes de cet élément qui a usurpé leur nom.
De même, nous comprenons qu’il vous soit pénible de reconnaître publiquement, une nouvelle fois (après votre communiqué du 9 septembre 2003 sur les « Communistes radicaux d’Ukraine »), que vous avez été victimes d’une imposture. Lorsque cette mésaventure vous est arrivée, le CCI n’a pas fait le moindre commentaire. Plutôt que de remuer le couteau dans la plaie, nous avons pensé qu’il vous appartenait, puisque vous êtes une « force dirigeante responsable » (suivant vos propres termes), de tirer les leçons de cette expérience. Pourtant celle-ci ne nous a pas surpris après les déboires que vous aviez rencontrés, notamment avec le SUCM et le LAWV, malgré nos mises en garde que vous aviez « rejetées comme ridicules ». Mais aujourd’hui, le problème va bien plus loin que le ridicule d’avoir été le dindon de la farce. Derrière la touchante naïveté avec laquelle vous avez cru sur parole un escroc mythomane, il y a la duplicité avec laquelle vous avez accueilli sur votre site les infamies de cet individu. C’est un comportement absolument indigne d’une organisation qui se réclame de la Gauche communiste.
Le BIPR affirme que le CCI a « perdu toute capacité/possibilité de contribuer positivement au procès de formation de l'indispensable parti communiste international » (« avendo cioè perso ogni capacità/possibilità di contribuire positivamente al processo di formazione dell'indispensabile partito comunista internazionale », Battaglia comunista d’octobre 2004, « Anche in Argentina qualcosa si muove »). Contrairement au BIPR (et aux différentes petites chapelles du courant bordiguiste), le CCI n’a jamais considéré qu’il était la seule organisation capable de contribuer positivement à la formation du futur parti révolutionnaire mondial, même si, évidemment, il estime que sa propre contribution à cette tâche sera la plus décisive. C’est pour cela que, depuis qu’il est réapparu en 1964 (donc bien avant la fondation du CCI proprement dite), notre courant a repris l’orientation qui était celle de la Gauche communiste de France et a toujours défendu la nécessité du débat fraternel et de la coopération (évidemment dans la clarté) entre les forces de la Gauche communiste. Avant même que Battaglia Comunista en fasse la proposition en 1976, nous avions déjà, à plusieurs reprises, mais en vain, proposé à cette organisation d’organiser des conférences internationales des groupes de la Gauche communiste. C’est pour cela que nous avons répondu avec enthousiasme à l’initiative de Battaglia et que nous nous sommes impliqués avec sérieux et détermination dans cet effort. C’est pour cela également que nous avons regretté et condamné la décision de Battaglia et de la CWO de mettre fin à cet effort à la fin de la 3e conférence en 1980.
Effectivement nous considérons que certaines des positions du BIPR sont confuses, erronées ou incohérentes et qu’elles peuvent créer ou entretenir des confusions au sein de la classe. C’est pour cela que nous publions régulièrement dans notre presse des polémiques critiquant ces positions. Cependant, nous pensons que le BIPR, par ses principes fondamentaux, est une organisation du prolétariat et qu’il apporte une contribution positive au sein de celui-ci face aux mystifications bourgeoises (notamment quand il défend l’internationalisme face à la guerre impérialiste). C’est pour cela que nous avons toujours considéré jusqu’à présent qu’il était de l’intérêt de la classe ouvrière de préserver une organisation comme le BIPR. Ce n’est pas votre analyse concernant notre propre organisation puisque après avoir affirmé dans votre réunion avec la FICCI de mars 2002 que « si nous sommes amenés à conclure que le CCI est devenu une organisation 'non valable', alors notre but sera de tout faire pour pousser à sa disparition » (Bulletin de la FICCI n° 9) vous avez maintenant entrepris effectivement de tout faire pour atteindre ce but.
Le fait que vous estimiez que le CCI constitue un obstacle à la prise de conscience de la classe ouvrière et qu’il est préférable pour le combat de celle-ci qu’il disparaisse ne nous pose pas en soi de problème. Après tout, c’est la position qu’ont toujours défendue les différentes chapelles du courant bordiguiste. De même, cela ne nous pose pas de problème que vous vous donniez les moyens de parvenir à cet objectif. La question est : quels moyens ? La bourgeoisie également est intéressée à la disparition du CCI, comme à la disparition des autres groupes de la Gauche communiste. C’est pour cela, notamment, qu’elle a déchaîné des campagnes répugnantes contre ce courant en l’assimilant au courant « révisionniste » complice de l’extrême droite. Pour la classe dominante TOUS les moyens sont bons, y compris et surtout, le mensonge et la calomnie. Mais tel n’est pas le cas pour une organisation qui prétend lutter pour la révolution prolétarienne. Au même titre que les autres organisations révolutionnaires du mouvement ouvrier qui l’ont précédée, la Gauche communiste ne se distingue pas seulement par des positions programmatiques, tel l’internationalisme. Dans son combat contre la dégénérescence de l’IC et contre la dérive opportuniste du trotskisme qui l’a conduit dans le camp bourgeois, la Gauche a toujours revendiqué une méthode basée sur la clarté, et donc la vérité, notamment contre toutes les falsifications dont le stalinisme s’est fait le pourvoyeur. Marx disait « la vérité est révolutionnaire ». En d’autres termes, le mensonge, et encore plus la calomnie, ne sont pas des armes du prolétariat mais de la classe ennemie. Et l’organisation qui en fait un de ses instruments de combat, quelle que soit la validité des positions inscrites dans son programme, prend le chemin de la trahison ou, en tout cas, devient un obstacle décisif à la prise de conscience de la classe ouvrière. Dans un tel cas, effectivement, et bien plus qu’au motif de la présence d’erreurs dans son programme, il est préférable, du point de vue des intérêts du prolétariat, qu’une telle organisation disparaisse.
Camarades,
Nous vous le disons franchement : si le BIPR persiste dans la politique du mensonge, de la calomnie et, pire encore du « laisser dire » et du silence complice devant les agissements des groupuscules dont c’est la marque de fabrique et la raison d’exister, tels le « Circulo » et la FICCI, alors il fera la preuve qu’il est devenu lui aussi un obstacle à la prise de conscience du prolétariat. Ce sera un obstacle non pas tant pour le discrédit qu’il pourra apporter à notre organisation (les derniers événements ont montré que nous étions capables de nous défendre, même si vous estimez que « le CCI est en voie de désagrégation »), mais par le discrédit et le déshonneur que ce type de comportements inflige à la mémoire de la Gauche communiste d’Italie, et donc à sa contribution irremplaçable. Dans ce cas, effectivement, il sera préférable que le BIPR disparaisse et « notre but sera de tout faire pour pousser à sa disparition » comme vous le dites si bien. Il est clair, évidemment, que pour atteindre ce but nous emploierons exclusivement des armes appartenant à la classe ouvrière en nous interdisant, cela va de soi, le mensonge et la calomnie.
Un dernier point :
La déclaration du 12 octobre du « Circulo », de même que l’article de la FICCI dans son Bulletin 28, évoque nos prétendues « tentatives de sabotage » lors de votre réunion publique du 2 octobre à Paris. Vous-mêmes n’êtes pas étrangers à ce type d’accusations puisque dans la première version de votre prise de position sur cette réunion publique parue uniquement en italien (et non en français – encore un mystère du BIPR !) vous évoquiez « le avanguardie rivoluzionarie anche laddove scarseggiano, ostacolate nel loro emergere dai miasmi prodotti da una organizzazione in via di disfacimento, come la Cci a Parigi. E' per questo che il Bipr continuerà il suo lavoro anche su Parigi, prendendo tutte le misure necessarie a prevenire ed evitare sabotaggi, da qualunque parte essi vengano. »(les avant-gardes révolutionnaires même si elle sont réduites, et entravées dans leur émergence par les miasmes produits par une organisation en voie de désagrégation, comme le CCI à Paris. C’est pour cela que le BIPR poursuivra son travail même sur Paris, en prenant toutes les mesures nécessaires pour prévenir et éviter des sabotages, d’où qu’ils viennent. »). Par la suite, vous avez retiré la fin de ce passage (preuve que vous n’étiez pas très sûrs de vous), et notamment la référence à nos « sabotages ». Cela dit, un certain nombre de visiteurs de votre site et les contacts abonnés à vos communiqués par Email ont pu prendre connaissance de ces accusations. De même, la FICCI et le « Circulo » continuent de les afficher sur leur propre site sans que vous les démentiez.
Camarades, si vous estimez que nous avons essayé de saboter votre réunion publique à Paris, alors dites-le franchement, en expliquant pourquoi. Nous pourrons alors en discuter avec des arguments au lieu d’être confrontés à une rumeur sournoise.
Une toute dernière chose. La présente lettre est centrée autour d’une seule question : la publication sur votre site Internet d’une « Déclaration » infâme calomniant le CCI. Cela dit, l’usage (de façon active ou passive) du mensonge et de la calomnie comme moyen de « combat » contre le CCI ne s’arrête pas là. Nous vous rappelons que nous vous avons écrit deux lettres dans lesquelles nous vous demandons entre autres une prise de position sur une question de la plus haute importance (à moins que les mots n’aient pas de sens) : « Pensez-vous, comme n'a cessé de le répéter la FICCI, que le CCI serait sous la coupe d'agents de l'État capitaliste (appartenant à sa police ou à une secte franc-maçonne) ? »
Nous vous rappelons également qu’à ce jour, même si vous justifiez le vol par la FICCI de notre fichier des abonnés, vous n’avez pas fourni d’explication au fait que ces derniers ont reçu par la poste une invitation à votre réunion publique, même lorsqu’ils ne vous avaient pas communiqué leur adresse. La seule « explication » que nous ayons eue est celle d’un membre du présidium de votre réunion publique du 2 octobre à Paris qui a dit : « nous n’étions pas au courant de l’envoi de ces invitations et nous ne sommes pas d’accord ».
Si vous n’avez pas envie de fournir ces explications au CCI, nous vous demandons d’avoir au moins la correction de les fournir à nos abonnés, lesquels ne sont pas nécessairement des sympathisants du CCI.
Voici donc un ensemble de questions qui pour nous ne sont pas closes. Et nous les remettrons sur le tapis chaque fois que nécessaire si vous décidez d’appliquer votre politique traditionnelle du silence face à nos courriers.
Recevez, camarades, nos salutations communistes.
Le CCI
[1] Lire notre article "La vérité est révolutionnaire - Pour une histoire véridique de la Gauche communiste (Correspondance avec la TCI) [10]".
[2] C’est une question qui ne se pose pas seulement à propos de la date du retrait de la « Déclaration » du 12 octobre mais également à propos de son insertion dans le site du BIPR. En effet, cette déclaration n’est jamais parue en italien alors que dans cette langue ont été publiés deux autres textes du Circulo « Presa di posizione del Circolo di Comunisti Internazionalisti sui fatti di Caleta Olivia » (« Prise de position du Cercle des Communistes Internationalistes sur les faits de Caleta Olivia ») et « Prospettive della classe operaia in Argentina e nei paesi periferici » (« Perspective du prolétariat Argentin et dans les nations périphériques ») lesquels, paradoxalement, n’ont pas été publiés dans d’autres langues par le BIPR. Comprenne qui pourra. Nous espérons au moins que les militants du BIPR connaissent les raisons de ces choix surprenants.
Nous publions ci-dessous le courrier d’un camarade à propos de notre traitement du mouvement des “gilets jaunes”, suivi de notre réponse. Dans l’esprit de débat fraternel qui a toujours animé le CCI, nous invitons nos lecteurs à suivre l’exemple du camarade et à nous envoyer questions ou divergences. Nous ne pouvons naturellement publier l’ensemble des courriers, mais nous nous efforçons de répondre aux principales préoccupations et aux questions centrales pour le développement de la conscience de classe.
“La lecture du journal est toujours intéressante et enrichissante mais ce courrier est destiné à donner mon sentiment sur un article particulier de ce numéro : “Hordes trumpiste et gilets jaunes, un amalgame pour criminaliser toute révolte contre la misère”.(1)
En effet, je trouve que le ton général de cet article resitue bien le mouvement des gilets jaunes dans le contexte de son apparition : “un mouvement de révolte contre la misère et la pauvreté” comme il est dit dans le dernier paragraphe de l’article.
Dans les articles du journal parus “à chaud” pendant le mouvement, fin 2018 à mi-2020, le ton était beaucoup plus agressif vis-à-vis des participants. Comme il est rappelé dans le n° 486, c’était “les secteurs les plus pauvres du prolétariat (les zones rurales et péri-urbaines”. En plus de cette localisation géographique, on peut ajouter la surreprésentation des retraités, des femmes élevant seules leurs enfants, des chômeurs, des précaires. J’ai eu l’impression à cette époque qu’il n’y avait aucune empathie de la part des camarades qui écrivent les articles pour ces secteurs peut-être faibles du prolétariat, mais en en faisant partie quand même. J’ai ressenti à ce moment un ton du journal dénué de compassion, sur un ton professoral, condescendant, donneur de leçons. Ce ton m’avait gêné à l’époque même si je ne vous en avais pas fait part
Dans l’article du n° 486, les faiblesses de ce mouvement sont redites, mais pas de la même façon. Il est réaffirmé deux fois qu’il y avait une composante ouvrière dans les gilets jaunes qui est sortie du piège de l’interclassisme en “faisant valoir ses propres revendications”.
J’espère que l’article du n° 486 marque une évolution dans l’évaluation du mouvement des gilets jaunes qui me convient beaucoup mieux. Les articles précédents me laissant un goût amer. En étant excessif, je dirais qu’ils me rappelaient la réflexion du personnage d’artiste joué par Jean Gabin dans le film La traversée de Paris : “salauds de pauvres !”.
Amitiés.
D.”
Tout d’abord, nous voulons saluer le courrier que nous adresse le camarade. En effet, il est toujours très important d’exprimer ses doutes et désaccords afin d’avancer dans la clarification des questions politiques qui sont posées à la classe ouvrière. Nous saluons d’ailleurs la confiance du camarade envers le CCI pour l’expression de ses questionnements et de ses critiques face à une situation complexe qui touche aux difficultés actuelles de la classe ouvrière.
Dans ce courrier, deux questions sont posées à notre avis :
– Le CCI aurait modifié sa position concernant le mouvement des “gilets jaunes” ou, tout du moins, aurait modifié son analyse concernant la participation d’ouvriers dans ce mouvement.
– Le CCI aurait fait preuve, précédemment, d’un certain “mépris” à l’égard des prolétaires ayant participé au mouvement.
Sur la première question, la position du CCI a toujours été la même dans le fond comme dans la forme : le mouvement des “gilets jaunes” était un mouvement interclassiste et non prolétarien, même s’il a entraîné dans son sillage un certain nombre d’ouvriers excédés par les augmentations de taxes sur les carburants, réagissant à toute la pression étatique et se sentant “délaissés” par un pouvoir, pour le coup, méprisant.
Sur le fond, ce mouvement a largement été initié par des petits patrons, auto-entrepreneurs et petits-bourgeois réclamant plus de considération de la part de l’État, réclamant une plus grande justice fiscale favorable à leur petite entreprise, une meilleure gestion du système économique capitaliste, un fonctionnement plus démocratique de l’État, avec des revendications économiques et politiques, relevant pour beaucoup d’une vision nationaliste petite-bourgeoise, souvent chauvine et même xénophobe par moments ! Cela au point que même la droite et l’extrême-droite on pu exprimer sans sourciller leur soutien au mouvement.
Un certain nombre d’ouvriers particulièrement issus des zones péri-urbaines, provinciales, excédés certes, mais très peu politisés et sans véritables expériences de luttes collectives et massives sur un terrain prolétarien, se sont effectivement agrégés à ce mouvement en y ajoutant des revendications salariales noyées dans toutes les autres revendications et, à aucun moment, reprises sérieusement à leur compte par l’ensemble du mouvement. Rapidement, ces revendications sont d’ailleurs entrées en contradictions avec les intérêts des petits patrons qui ne voulaient surtout pas entendre parler d’augmentation du salaire minimum.
La présence d’ouvriers n’a donc jamais donné un caractère prolétarien au mouvement des “gilets jaunes”, n’a jamais “transformé” de manière prolétarienne ni le terrain de lutte ni les moyens de lutte qui sont restés typiquement petit-bourgeois, l’expression même de l’impuissance de la petite bourgeoisie à avoir une perspective historique et une vision collective et associée de sa lutte…
Sur ce plan, notre position n’a jamais changé. Jamais nous n’avons laissé entendre que la présence de prolétaires était porteuse de “potentialités” de transformation du mouvement lui-même. Ce mouvement était, au contraire, comme nous l’avons toujours mis en avant dans notre intervention, une impasse pour tous les ouvriers qui s’y sont impliqués. À aucun moment, il ne pouvait y avoir l’espoir d’une transformation du mouvement en quelque chose de plus “prometteur”, la transformation d’une révolte, d’une “confusion”, en un mouvement plus conscient et plus clair.
Nous en venons ainsi à la deuxième question : est-ce à dire que le CCI aurait été méprisant ou manquait d’empathie à l’égard des ouvriers illusionnés par la combativité spectaculaire du mouvement des “gilets jaunes”, galvanisés par la confrontation souvent violente à l’État, mais totalement impuissants à faire valoir une véritable perspective prolétarienne ? Le camarade D. semble exprimer une idée sous-jacente : nous aurions “enfin” entendu en quoi le mouvement des “gilets jaunes” était “un mouvement de révolte contre la misère et la pauvreté”. Pourtant, dès novembre 2018, nous écrivions que “malgré la colère légitime des “gilets jaunes”, parmi lesquels de nombreux prolétaires qui n’arrivent pas à “joindre les deux bouts”, ce mouvement n’est pas un mouvement de la classe ouvrière”.
Nous avons clairement fait le constat de la profondeur des attaques qui touchent les prolétaires en “gilet jaune”, nous l’avons comprise. À aucun moment, nous n’avons pris de haut et méprisé les ouvriers ayant participé à ce mouvement. Au contraire, c’est avec une profonde confiance dans le rôle historique de la classe ouvrière, la conscience de ce qui est de sa responsabilité pour l’avenir de l’humanité, que nous avons largement insisté sur les dangers que représente un tel mouvement interclassiste (et ceux à venir !) pour l’autonomie de la classe ouvrière. Depuis novembre 2018, nous avons défendu qu’un tel “mouvement interclassiste où les revendications ouvrières se sont mêlées à celle de la petite bourgeoisie ne pouvait conduire qu’à diluer les secteurs les plus fragiles et marginalisés du prolétariat dans “le peuple”, sans aucune distinction de classe. C’est pour cela que le mouvement des “gilets jaunes” a été immanquablement marqué par l’idéologie et les méthodes de la petite bourgeoisie victime de déclassement, de la paupérisation liée aux ravages de la crise économique et portée par le sentiment de frustration et de revanche sociale” (mars 2021). “Malgré la colère légitime de nombreux prolétaires”, le mouvement des “gilets jaunes” n’avait aucune perspective et ne pouvait pas faire réellement reculer les attaques du gouvernement et du patronat.
La solidarité et surtout la responsabilité des révolutionnaires envers la classe ouvrière s’expriment inlassablement dans la mise en lumière des pièges qui jalonnent tout son combat et qui, hélas, vont le jalonner encore longtemps. Le mouvement interclassiste des “gilets jaunes” n’est, en effet, pas un évènement ponctuel ou exceptionnel. Avec l’approfondissement de la crise et la plongée dans la décomposition généralisée de l’ensemble de la société, de nombreuses couches sociales, non exploiteuses certes mais non révolutionnaires, vont être amenées à réagir, à se révolter, sans avoir la capacité à offrir une perspective politique à la société. Sur le terrain de ces révoltes multiformes, radicales peut-être mais stériles, le prolétariat ne peut être que perdant. Seule, la défense de son autonomie de classe exploitée et révolutionnaire est porteuse d’une véritable confrontation à la classe dominante et à son État, peut lui permettre d’élargir toujours plus sa lutte et d’agréger, à terme, d’autres couches à son propre combat contre le capitalisme. Cette intransigeance dans la défense de cette autonomie n’est en aucun cas un “mépris” ou une vision “élitiste” du combat de notre classe : elle est la seule capable de contribuer à une véritable maturation de la conscience ouvrière, la seule capable de contribuer à construire un rapport de forces pour l’éclosion de la révolution prolétarienne.
SJ, 4 avril 2021
1“Hordes trumpistes et “gilets jaunes”: Un amalgame pour criminaliser toute révolte contre la misère ! [13]” Révolution internationale n° 486 (janvier février 2021). NdR
Liens
[1] https://www.leftcom.org/en/articles/2020-09-24/on-the-forty-fifth-anniversary-of-the-founding-of-the-cwo
[2] https://fr.internationalism.org/icconline/201504/9207/communique-solidarite-tci
[3] https://fr.internationalism.org/ri325/BIPR_MPP.htm
[4] https://fr.internationalism.org/rint/120_nci
[5] https://fr.internationalism.org/content/10408/laventurier-gaizka-a-defenseurs-quil-merite-voyous-du-gigc
[6] https://fr.internationalism.org/content/1168/lettre-ouverte-du-cci-aux-militants-du-bipr-decembre-2004
[7] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/polemique
[8] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/gauche-communiste
[9] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/tci-bipr
[10] https://fr.internationalism.org/content/10436/verite-revolutionnaire-histoire-veridique-gauche-communiste-correspondance-tci
[11] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/defense-lorganisation
[12] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/correspondance-dautres-groupes
[13] https://fr.internationalism.org/content/10382/hordes-trumpistes-et-gilets-jaunes-amalgame-criminaliser-toute-revolte-contre-misere
[14] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/courrier-des-lecteurs
[15] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/gilets-jaunes