Soumis par CCI le
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Nous ne l'oublierons pas !
(D'après Révolution Internationale N"124; juillet 84)
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Hier, en 81, le PCF entrait au gouvernement pour construire une France "socialiste".
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Aujourd'hui, il en sort : il ne serait plus d'accord avec la politique qu'il a pratiquée pendant 3 ans. Pourtant, cette politique n'a rien de nouveau ni d'exceptionnel pour lui : ce n'est pas la première fois que le PCF participe à un gouvernement : il y a été avec De Gaulle après la guerre. Et c'est bien la même politique qu'il a menée il y a 40 ans.
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Une politique capitaliste.
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Une politique anti-ouvrière.
Demain, ouvriers, il ne faudra pas oublier, quand le PCF parlera de la "défense des travailleurs", ce qu'il a toujours fait.
Il faudra garder bien en tête le travail effectué ces trois dernières années par ce parti qui se dit "communiste", mais dont la pratique n'est que la défense des intérêts de sa classe : la bourgeoisie.
Rappelons-nous sa participation à la politique militariste de la France, son soutien à l'augmentation énorme des budgets d'armement, à l'engagement dans les guerres du Liban et du Tchad. Il était au pouvoir. Il a approuvé et soutenu ces décisions. Rappelons-nous les premières mesures anti-ouvrières, dès 81, le plan Delors en 82, le deuxième plan Delors après les municipales en 83.
Il les a élaborées et il les a exécutées.
Rappelons-nous que les plans de licenciement jusqu'en 1988 sont déjà prêts.
Il était là pour les signer avant de partir.
Demain, quand il verra appliquer leurs plans et leurs mesures, il poussera un grand cri : "C'est un scandale !" Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, de toutes façons, ce sera pour les besoins de la politique du capital, contre les intérêts de la classe ouvrière.
Nous n’oublierons pas ces trois années !
Le PCF dans la guerre
Comme toute la bourgeoisie, de l'Est à l'Ouest, c'est sous couvert de la paix que le PC a dit OUI aux votes des budgets militaires. Il peut s'enorgueillir, par exemple, d'avoir participé en janvier à la meilleure vente d'armements français jamais réalisée à l'Arabie Saoudite. Meilleur marchand de canons que la droite!
Il était là quand, au nom de la paix, le bloc US assassinait à Sabra et Chat Ila pour mieux légitimer sa présence au Moyen-Orient ensuite. Il était au gouvernement pendant trois ans de massacres au Liban, en Irak, en Iran...
Il était là aussi quand les troupes françaises, envoyées par son gouvernement, opéraient au Tchad.
C'est normal. N'est-il pas un des plus ardents défenseurs du capital français ? Vaillant patriote, n'a-t-il pas déjà montré sa fidélité au drapeau national en 39-45, n'a-t-il pas crié et appelé à "chacun son boche" à la "Libération" ?.
Demain, quand il dénoncera les guerres, il ne faudra pas oublier qu'il ne le fait que pour mieux nous y conduire.
Le PCF et ses mesures "sociales"... d’austérité
Non, nous n'oublierons pas non plus le dévouement au gouvernement qu'ont montré les 4 ministres PC au pouvoir :
“Je crois que la présence des communistes est utile... indispensable à la majorité pour réussir. C'est une position unitaire, constructive.” a encore affirmé Pierre Juquin en février 84, 5 mois à peine avant la sortie du PC du gouvernement. Les ministres PC ont effectivement bien travaillé aux côtés du PS. Qu'on en juge:
IMPOTS : le PC accepte et vote le 2ème plan Delors en mars 83. 10% d'impôts supplémentaires pour la "solidarité nationale". 1% exceptionnel pour la Sécurité Sociale, reconduit lors du vote pour le budget de 84.
SALAIRES : la gauche a fait ce que partout la bourgeoisie a été contrainte de faire sous la pression de la crise économique, qu'elle soit "de droite" ou "de gauche" : bloquer les salaires. Elle l'a fait lors du premier plan Delors, en 82. CE plan-là, le PC "pour la France", et contre les ouvriers, l'a voté.
Dans cette dégradation des salaires, le ministre "communiste" Le Pors a joué un grand rôle. Un des secteurs les plus touchés a en effet été celui des "nantis", de ceux qui ont le privilège "royal" d'après lui d'avoir la sécurité de l'emploi : les fonctionnaires. Pourtant, ce secteur où la gauche avait promis d'embaucher, enregistre déjà 30 à 40.000 suppressions d'emplois, et 5 à 10.000 sont prévues avant fin 85.
Nos "nantis" ont eu l'immense privilège, sous le ministère Le Pors, d'avoir leurs salaires bloqués, et, pour 84 un blocage de l'augmentation indexée de 5% quel que soit le taux d'inflation.
Merci, patron. Quand demain, le PC organisera des manifestations et des grèves contre la baisse des salaires et du pouvoir d'achat, nous nous rappellerons que c'est lui aussi qui l'a votée et exécutée.
SANTE : là encore, le PCF peut être particulièrement fier de la bonne gestion en ce domaine. Ralite a été ministre de la santé. Son successeur peut le remercier de la justesse de ses analyses, puisqu'après avoir exécuté ses mesures, la Sécurité Sociale est aujourd'hui excédentaire. Nos "justiciers" sociaux ont compris que le déficit provenait du fait qu'il y avait trop de malades et trop d'infirmiers. Qu'à cela ne tienne ! 20F par jour de forfait décourage le malade et le boute plus rapidement hors du lit. Quant au personnel soignant, il y a eu en 84, 1.500 infirmiers recrutés pour 30.000 en 82, et 24.000 mises à la retraite par an !
ALLOCATIONS CHOMAGE : là aussi, la gestion capitaliste a été efficace. Conçue à l'origine pour trouver des emplois aux chômeurs, l'ANPE passe aujourd'hui plus de temps à les évincer de leurs droits qu'autre chose. On ne peut pas à la fois soulager la misère des prolétaires et les finances de l'Etat capitaliste. En novembre 82, le gouvernement PC-PS a réussi à économiser 10 milliards de francs sur ce poste et à éliminer 287.000 chômeurs du régime d'indemnisation.
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en faisant dépendre la durée du versement des allocations des mois et des années travaillées avant la mise au chômage.
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en limitant le cumul entre allocations chômage et indemnités de licenciements.
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en réduisant l'allocation spéciale octroyée pour licenciement économique.
EMPLOI : en 81, rappelons-nous la croisade des chevaliers PC et PS contre le chômage. Que de mots ! Car la réalité, c'est les 2.000 de Talbot, les 24.000 du plan acier en Lorraine dans les 4 ans qui viennent, les 6.000 dans le charbonnage en 84, qui seront suivis de 30.000 autres avant 88 ! Aujourd'hui Citroën et Creusot-Loire, demain Renault. Dégraissage, vidange, quel secteur a été épargné à part "armement ces trois dernières années ?
En avril 84, les statistiques montrent qu'il y a 1800 chômeurs de plus par jour, et augmentation de 11,4% des licenciements sur l’année.
Le Lancelot du licenciement, c'est Ralite. Et demain, quand le PCF viendra nous dire qu'il faut "agir, s'unir contre le chômage", il faudra se rappeler que c’est lui qui était au gouvernement quand les plans de licenciement ont été décidés.
Il faudra se rappeler que ces plans joliment appelés "restructuration industrielle" ont été élabores notamment le 30 janvier 84 à Matignon, où s'étaient réunis 13 ministres, dont Fiterman, Rigout et Ralite.
Ces 3 ans passés à la gestion de l'Etat capitaliste montre le PCF sous son vrai visage, contre les ouvriers. Il a montré sa nature, et quand il protestera dans l'opposition contre des mesures comme celles qu'il a promues, ce ne sera que pour mieux nous empêcher de nous battre contre la classe dont il fait partie, ce sera pour tenter de nous contrôler.
Le PCF contre les luttes ouvrières
Quand il appellera à la lutte, il faudra nous souvenir que dans les premières mesures que son gouvernement a prises en arrivant au pouvoir, il y a eu, sous prétexte de sécurité bien sûr, le renforcement des forces de police. Augmentation de 20% du budget de l'intérieur en 82. 7800 postes supplémentaires dans la police entre 82 et 83.
Et c'est cette police qui est intervenue pour vider des usines occupées par les grévistes à plusieurs reprises. Rappelons-nous Peugeot-Talbot. Rappelons-nous Citroën.
Et quand un journaliste demande à Fiterman, alors ministre des transports, s'il compte recourir à la force contre les grèves d'Air-France, de la RATP et de la SNCF, en octobre 81, il répond: "Je dois veiller aux besoins des usagers. Dans la réalisation de cette tâche, je serai toujours prêt à prendre toutes mes responsabilités". A quoi lui répond Vivien (RPR) : "Je vous félicite. Je veux dire que vous savez prendre les grévistes en main. Continuez..."
Il a continué, il y a deux mois à peine, en organisant une chasse aux sorcières contre les grévistes de la gare St Lazare.
Le PCF est passé maître dans l'art de monter les ouvriers les uns contre les autres : des "faux chômeurs" qui volent leurs allocations aux "vrais chômeurs", aux ghettos immigrés qui "volent leur pain au français" ou des fonctionnaires trop "nantis", tout est bon pour légitimer l'attaque qu'il fera dans le secteur dénoncé. On l'a vu pour légitimer les baisses de salaires des fonctionnaires. On l'a vu pour légitimer les coupes sombres dans les allocations chômage et l'élimination de chômeurs des listes de l'ANPE. On le voit de manière ignoble aussi pour les ouvriers immigrés. Non content de les faire traquer en permanence par la police, le PCF les dénonce comme posant "des problèmes de charges sociales, de scolarité, de chômage"...
Il y a 4 ans, le maire de Vitry (PC) donne l'ordre d'attaquer à coups de bulldozer un foyer immigré de la commune. Aujourd'hui, il a obtenu le droit légitime de déloger de ces taudis les immigrés qui y vivent encore -sans les reloger bien sûr !- mais au-delà de ces méthodes infectes, préconisées et pratiquées par le PCF, le but recherché est d'éjecter le plus d'ouvriers possible de la production : les ouvriers français à la rue, les ouvriers immigrés dans leur pays de misère.
Nous n'oublierons pas que le PCF et le PS ont compté sur nous pour supporter en silence leur crise économique, pour accepter l'exploitation et les licenciements pour les besoins et les profits de LEUR classe.
En 45, Thorez disait aux ouvriers : "si des ouvriers doivent mourir à leur tâche, les femmes les remplaceront pour gagner la bataille de la production". En août 83, Krasucki (membre du comité central du PC) essayait le même coup : "La rigueur pour nous, a un autre sens. La notion d'effort ne nous rebute pas. Les travailleurs y sont aptes. "
Mais les ouvriers ont montré qu'ils n'étaient pas prêts à se laisser licencier et affamer en silence, des charbonnages du nord aux chantiers navals méditerranéens.
En 1950, la bourgeoisie envoie les CRS pour évacuer 500 ouvriers enfermés dans l'usine Renault. L'Humanité présente l'occupation de l'usine par la police comme une grande victoire des ouvriers qui ont su déjouer la provocation". C'était LEUR victoire, contre les ouvriers de Renault.
En décembre 83, le PC présente le résultat des négociations sur le nombre de licenciements à Talbot (1900 au lieu de 3000) comme "satisfaisant", et Ralite, ministre PC comme "intéressant". C'était satisfaisant et intéressant pour eux, pas pour les ouvriers. Ralite ajoute que pour lui, les négociations sont l'aboutissement "d'une consultation constructive marquée par la démarche active et responsable des travailleurs de Talbot et des syndicats".
A ce résultat "intéressant", les ouvriers de Talbot ont répondu de manière sûrement un peu trop "active" au gré du gouvernement ! Les victoires de la gauche, les intérêts de la gauche ne sont pas ceux des ouvriers, et la lutte à Talbot, terminée comme Renault en 1950, par l'envoi des flics pour faire sortir les grévistes de l'usine, restera dans nos mémoires.