Soumis par Révolution Inte... le
Après la
loi sur la "sécurité intérieure" de Sarkozy
(voir RI n°328), le projet de réforme de la loi de modernisation
sociale (LMS) promulguée par la "gauche plurielle",
et les projets de réforme des retraites et de la sécurité
sociale montrent clairement la détermination du gouvernement
Raffarin à accélérer les attaques contre la classe
ouvrière.
Raffarin et ses ministres ne s'en cachent pas et ne cessent de déclarer,
à travers les médias, qu'il faut se préparer à
la "rigueur", alors que dans tous les secteurs sont annoncés
des licenciements, sur fond de prévisions particulièrement
pessimistes concernant l'état de l'économie.
La gauche attaque la conscience ouvrière
Mais ce discours de "vérité" de la droite annonçant
une politique d'austérité ouverte permet à l'ancienne
gauche plurielle de rebondir pour "dénoncer" cette
entreprise de "démolition des acquis sociaux et des mesures
positives de la gauche" (dixit Jack Lang). Qu'ont représenté
en réalité ces mesures de gauche ? La mise en place de
dispositions permettant le déploiement d'attaques en profondeur
de la classe ouvrière. Aussi, non seulement la droite est loin
de les jeter au panier, mais tout au contraire elle prend appui dessus
pour mettre les bouchées doubles dans les attaques contre la
classe ouvrière. Qu'on regarde par exemple la "loi de modernisation
sociale", sortie du chapeau de la gauche au moment des licenciements
chez Michelin, Lu-Danone, Mark and Spencer, etc., afin d'alimenter l'illusion
dans la classe ouvrière que cela pourrait constituer un moyen
d'empêcher les patrons de licencier. Cette loi "sociale"
n'a, dans la réalité, aucunement freiné les licenciements,
mis à part dans les petites entreprises, mais bien plutôt
permis de les faire passer plus facilement en chloroformant les ouvriers.
On l'a vu dans les grandes entreprises qui ont continué à
virer en masse leurs salariés ! Les annonces des derniers plans
de licenciement montrent bien qu'il n'était pas nécessaire
d'attendre le gel de la LMS proposé par Fillon.
C'était cela la vraie politique de la gauche : exhiber d'une
main des lois "sociales" aux intitulés ronflants pour
mieux frapper de l'autre.
Au premier semestre 2002, les entreprises françaises ont procédé
à 150 000 licenciements, portant à 2,4 millions le nombre
de sans-emploi officiel, dont 50% à peine sont indemnisés.
Qui était aux rênes du pouvoir jusqu'au 5 mai ? La gauche.
Depuis septembre 2001 (donc plus de huit mois sous le règne PS-PC-Verts),
le chômage aura augmenté de 20% dans la région la
moins touchée jusqu'alors, la région parisienne. Et cela,
alors même que les radiations en masse de chômeurs des listes
de l'ANPE augmentaient de 72,8%. Il faut d'ailleurs signaler que ce
procédé, dans l'art duquel le PS est passé maître,
a été tellement apprécié par la bourgeoisie
allemande qu'elle l'a copié outre-Rhin. Le PS peut prétendre
nous faire "découvrir" que la suppression de sept articles
de la LMS ouvre la porte à la multiplication de "charrettes
de licenciements" et le PC voir la preuve dans le projet Fillon
que cette loi était bien l'expression d'une "politique anti-droite",
tout cela n'est destiné qu'à brouiller les cartes. Il
en est ainsi des attaques contre les conditions de vie des chômeurs
-que la gauche "dénonce" aujourd'hui- comme des licenciements
massifs : la gauche, avant la droite, avait déjà accéléré
le mouvement. En effet, le PS n'a eu de cesse, lorsqu'il était
au gouvernement, à travers des "aménagements"
multiples du chômage (le plus récent étant le PARE),
de s'attaquer au chômage... en attaquant les chômeurs par
leur éviction pure et simple des statistiques, puis du circuit
du travail ou en installant des masses grandissantes d'ouvriers dans
une pseudo-assistance et la précarité réelle.
La "remise en cause" des 35 heures, vaste réforme "historique"
censée lutter contre le chômage, fait encore partie de
la panoplie des accusations de la gauche à l'encontre de la droite.
La gauche se vantait même d'avoir créé à
travers elle près de 2 millions d'emplois ! Une fois de plus,
il suffit de se pencher sur les chiffres du chômage et sur le
nombre de licenciements effectués depuis plus d'un an pour se
rendre compte qu'il s'agit d'un énorme mensonge. Mais la gauche
de la bourgeoisie n'est plus à cela près, son cynisme
et son culot constituant justement deux de ses forces permettant de
mieux mystifier les ouvriers. La loi Aubry, au-delà des discours
mensongers, c'est tout simplement la flexibilité accrue du travail.
Tout cela la droite ne peut pas le renier, elle ne peut qu'en remercier
la gauche … mais pas publiquement (voir RI n° 327).
Les syndicats pourrissent le terrain de la riposte ouvrière
Parallèlement à ce battage de la gauche, les syndicats
sont à l'offensive pour pourrir le terrain des luttes. Depuis
la manifestation d'EDF-GDF d'octobre (voir RI n°328), on les voit
organiser des journées d'action dans tout un tas de secteurs,
annonçant l'entrée dans une période où ils
vont prétendre contraindre le gouvernement Raffarin à
un bras de fer. D'ailleurs, devant la multiplication des conflits qui
s'annoncent fin novembre et début décembre, routiers,
paysans, fonction publique, etc., les médias nous répètent
que Raffarin cherche à tout prix à éviter "la
contagion des conflits". Le "spectre de 1995" est même
régulièrement et de plus en plus clairement mis en avant,
manière d'accréditer la détermination des syndicats
à en découdre. En réalité, il s'agit de
la poursuite d'une stratégie de dispersion et d'éparpillement
des ouvriers pour faire passer les attaques en évitant les tentatives
réelles de s'y opposer. S'ils multiplient les appels à
la mobilisation derrière eux, par secteurs, par corporations,
les uns après les autres avec des revendications spécifiques,
c'est afin de pousser à la division et à l'isolement et
mieux saboter les potentialités de riposte ouvrière. Et
lorsqu'ils prétendent faire "l'unité", c'est
en fait pour dévoyer les inquiétudes des ouvriers sur
de fausses questions comme celle de la "défense du service
public" (mobilisation du 3 octobre dernier) et pour orchestrer
la dispersion à travers la mise en avant d'une collection de
revendications spécifiques et de cas "particuliers".
C'est ce qu'ils préparent à nouveau avec la journée
d'action du 26 novembre, dont le résultat escompté est
le déboussolement, le sentiment d'impuissance. Initialement planifiée
par cinq fédérations de cheminots sur la question de "moyens
humains, matériels et financiers" et contre la libéralisation
du secteur ferroviaire, elle se transforme à présent en
une journée d'action de différents secteurs aux objectifs
informes, en un fatras où les revendications légitimes
sur les retraites dans la fonction publique vont être soigneusement
noyées au milieu de mystifications telles que la "défense
du service public" contre les privatisations et la "politique
ultralibérale" du gouvernement. Un tel amalgame présente
un triple avantage pour ces ennemis de la classe ouvrière. Tout
d'abord la mise en œuvre de la dispersion totale de la journée
d'action et de la manifestation, chaque syndicat appelant à la
mobilisation sur tel ou tel aspect catégoriel comme cela se dessine
pour les salariés d'Air France, de la RATP, de France Telecom
ou encore les hospitaliers. Puis la division entre différentes
catégories, tous les syndicats n'appelant pas forcément
à la manifestation à l'instar de la FSU qui veut mobiliser
les enseignants le dimanche 8 décembre. Enfin, l'isolement des
ouvriers du public de ceux du privé, faisant de la revendication
légitime des premiers sur les retraites une spécificité
ne concernant pas les seconds. Or, si les salariés du secteur
privé ont déjà connu une attaque en profondeur
contre leurs retraites - allongement de la durée de temps de
travail allié au développement du travail à temps
partiel - la perspective annoncée est d'imposer à tous
les ouvriers, du public comme du privé, 42 ans de cotisations.
Cette fausse unité est un véritable poison pour la classe
ouvrière, tout autant que les mobilisations ouvertement sectorielles.
Elle fait partie d'un travail de pourrissement de la conscience ouvrière
et du terrain de ses luttes, de manière à affaiblir ses
capacités de riposte face aux attaques massives à venir.
Il ne faut pas être dupes, suivre les syndicats, écouter
les sirènes de la gauche, c'est se livrer pieds et poings liés
à une aggravation sans précédent de toutes les
conditions de vie et de travail.