Classe et État dans la Dictature du Prolétariat

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Cette contribution considère l’État de la Période de Transition comme une expression socialiste du Prolétariat et rejette la nécessité de vigilance à l’égard de l’État.

 

CLASSE ET ÉTAT DANS LA DICTATURE DU PROLETARIAT

1. Dans l’enchaînement des diverses phases des modes et formes de production sociale, sitôt la dissolution du communisme simple et grossier des temps primitifs, l’État apparaît à un moment déterminé du développement économique sur un territoire inscrit à l’intérieur de frontières, en lieu et place de la “Gens” consanguine. A la fois, il est l’organisme spécial rendu nécessaire par l’accroissement encore très faible des richesses maternelles, tout autant que de l’insuffisance de cette production incapable de satisfaire les besoins grandissants de la collectivité. A ce titre, il répond aux besoins d’organiser la société, celle-ci divisée en classes antagoniques, et son existence même prouve que les contradictions sociales sont devenues inconciliables. Dès son apparition, l’État s’accompagne de la création d’un corps spécialisé, bande année pour protéger et rendre possible la perpétuation des privilèges de la classe qui s’est appropriée la maîtrise des moyens de production et en contrôle la répartition forcément inégale.

2. Si le rôle de l’État peut provisoirement et de façon exceptionnelle éviter que la société ne se consume en luttes stériles, cela ne signifie pas le moins du monde qu’il parvient à concilier sur le terrain d’entente “démocratique” les antagonismes qui travaillent la société, qu’il a cessé de maintenir l’ordre public au profit de la classe dominante. Constituant une force coercitive de première force, un appareil administratif et militaire distinct du reste de la société, au lieu d’exclure les collisions sociales l’État aiguise toujours davantage les contrastes sociaux, surtout aux époques marquées par le mûrissement de la décadence de la classe régnante. Il n’est pas -et ne saurait devenir le couronnement d’un intérêt collectif. Il reste un instrument oppresseur de classe. En règle générale, l’État est la force et la puissance concentrées de la classe qui s’est imposée politiquement et militairement dans le rapport de forces historique.

3. Ainsi, le statu-quo social s’appuie et reflète la sujétion de toutes les autres formations sociales tenues en laisse. Mais celui-ci ne saurait être stable au sein d’une société continuellement déchirée par les antagonismes et luttes de classes. Dans une société basée sur l’antagonisme entre forces productives et rapports de production, il n’y a pas de statu-quo qui tienne, mais une succession de crises et de convulsions sociales. D’autres classes et couches de la société se disputent la revendication exclusive du pouvoir politique pour la défense de leurs propres intérêts; enjeu de cette lutte, l’appareil d’État devient, du coup, l’agent actif de la guerre civile. Loin de servir de tampon amortissant le choc des classes qui se heurtent de front, l’État remplit parfaitement sa fonction de trique entre les mains de la classe dominante, II est bel et bien l’organe d’une classe dans la mesure où il concrétise et symbolise la conservation des intérêts de celle-ci.

4. Alors que la bourgeoisie avait réalisé d’immenses progrès par une pénétration lente et graduelle de l’État d’Ancien Régime sur la base de la croissance irrésistible du capitalisme commercial à l’intérieur du cadre féodal, à l’inverse le prolétariat ne peut pas se servir des institutions et des organes de l’État issu des révolutions démocratiques libérales pour amener les nouveaux rapports de production. Ne possédant aucune assise économique, la classe dont la vie et la mort dépendent de la vente de sa force de travail, esclave de la classe bourgeoise toute entière, le prolétariat ne combat pas son ennemi de classe pour simplement lui arracher la mainmise sur l’appareil gouvernemental et le faire servir, tel quel, à ses fins propres : la suppression de la propriété en tant que telle. Quelle que soit la forme particulière que se donne l’État pour gouverner les hommes, il doit être réduit en pièces par la première classe de l’histoire qui soit à la fois classe exploitée et classe révolutionnaire, de laquelle seule dépend le départ ascensionnel de la société vers la communauté de l’espèce.

5. Bien qu’unique classe de l’histoire qui ne limite pas sa lutte sur l’objectif borné du pouvoir politique, mais qui s’assigne le grandiose projet de libérer l’humanité par l’établissement de nouveaux rapports de production, le prolétariat a besoin d’un État. Dans sa lutte contre la bourgeoisie, le prolétariat se constitue en classe dominante pour qui l’utilisation d’un appareil d’État reste l’instrument indispensable. Alors que les classes exploiteuses firent usage de l’État pour imposer et maintenir leur régime de violence, à son tour le prolétariat utilise et hérite d’une superstructure pour extirper toute racine d’exploitation et briser les dernières entraves au développement des forces productives. S’il pouvait être possible de supprimer sur le champ la division de la société en classes et d’aller du capitalisme au socialisme d’un bond, au moment de la crise du renversement politique de la bourgeoisie, les marxistes n’auraient jamais introduit la notion de “demi-État” en parlant de la Commune et d’Octobre.

6. La chute de la classe exploiteuse n’est que le premier acte de la révolution prolétarienne. Avant de parvenir au communisme, la société doit traverser une période transitoire encore divisée en classes à cause de l’immaturité des conditions de la société socialiste et qui, comme telle, engendre un État qui n’est rien d’autre que l’organisation d’une classe. Toute classe dominante venant d’être renversée n’est pas pour autant anéantie. Elle continue d’exister à l’état de puissance et, comme telle, constitue une véritable épée de Damoclès. Loin de déposer une fois pour toutes les armes aux pieds du vainqueur, elle cherche à organiser, à tout prix, un front de lutte militaire pour rétablir son ancienne domination sur la société. Ce qui a valu pour la bourgeoisie ayant à briser l’épine dorsale de la coalition des classes et ordres déchus, fomentant complots et Vendée, vaudra tout autant pour le prolétariat.

7. À son tour, le prolétariat utilise un instrument de contrainte sans lequel il ne lui serait pas possible de repousser les attaques et d’écraser les forces de la contre-révolution, de briser la résistance forcenée de la bourgeoisie à son expropriation. Plus la résistance de cette dernière sera grande et désespérée, plus la dictature prolétarienne se devra d’être inflexible et d’aller, dans les cas extrêmes, jusqu’à déclencher la Terreur, telle que nous le montre l’histoire vivante de toutes les révolutions, de la Réforme à Octobre en passant par la Commune. Une loi, valable pour toutes les révolutions, est fécondée par la lutte des classes : plus celles-ci gagnent d’ampleur, plus la guerre civile se fait impitoyable et acharnée. En temps de guerre civile, il est compréhensible que qui ne veut pas être exterminé doit liquider son adversaire. Le but n’est pas de supprimer des vies humaines, mais bien de les préserver dans son propre camp.

8. À la vieille machine qui a été démantelée succède la dictature du prolétariat, autrement dit le nouveau demi-État du prolétariat. La définition marxiste selon laquelle “l’organe central d’une classe dominant toutes les autres c’est l’État” garde toute sa signification historique en ce qui concerne le prolétariat, et ne souffre aucun démenti après les expériences d’Octobre, du nazisme et du fascisme. Cet “État-Commune” caractérise non pas le communisme mais la dictature d’une classe qui ne se déploie nullement dans des conditions de liberté. Cette dictature s’appuie sur le prolétariat en armes et non sur telle ou telle institution issue d’une consultation démocratique de toute la population. Au parlementarisme sénile, la révolution prolétarienne a substitué le système des Soviets; les prolétaires ont expulsé, sous la menace de leurs baïonnettes, les doctes assemblées démocratiquement constituées. La légalité bourgeoise s’est évanouie devant la force du prolétariat.

9. Il n’est pas possible d’envisager que la nouvelle forme de gouvernement dans la période de dictature n’ait aucune nature de classe sans répéter une formule vide de sens, stérile et non marxiste. D’aucune façon, elle n’élève la connaissance des règles programmatiques de la victoire du fait qu’elle renverse toute une vision historique, à savoir qu’État et dictature d’une classe sont synonymes pour lui substituer une pure abstraction. Comme tel, l’État n’a pas une vie propre, autonome, détachée fantastiquement des caractères spécifiques de la classe dominante. Dans le renversement violent de la bourgeoisie, la domination du prolétariat s’exprime à travers un demi-État, un État-Commune. Certes, le demi-État, dans la mesure même où il demeure un instrument de contrainte sur les hommes ne symbolise pas le socialisme, société sans classe, ni État. II n’est qu’une étape transitoire de la marche vers le socialisme, l’expression de la volonté de lutte du prolétariat.

10. En ce sens, l’exigence d’un “demi État” n’est pas la négation du caractère communiste du prolétariat, de même que l’instauration de celui-ci en classe dominante n’est pas synonyme d’émergence d’une nouvelle classe exploiteuse faisant peser sur la société une forme spécifique d’exploitation. A l’opposé de l’anarchiste, dénué de toute vision dialectique pour qui l’État est par principe “dépravateur”, le révolutionnaire doit en admettre la nécessité pour le prolétariat et l’appliquer le cas échéant, s’il ne veut pas échouer, à l’instar du libertaire, devant la question du pouvoir. La destruction de l’État bourgeois supprime un obstacle décisif pour l’avènement des nouveaux rapports de production ; mais comme le socialisme ne saurait se réaliser sans révolution, c’est-à-dire sans intervention de la violence, il faut un État de la classe révolutionnaire pour ouvrir la voie au socialisme en dissolvant par un acte politique conscient les anciennes conditions d’exploitation.

11. Contrairement à la bourgeoisie, classe très partiellement brimée par l’Absolutisme, et dont la révolution consista à rompre l’éloignement du pouvoir politique pour que ses représentants les plus éminents se hissent à la sphère privilégiée des gouvernants, ceci parachevant sa puissance définitive, par sa révolution le prolétariat n’organise pas une partie dominante de la société aux dépens de la société toute entière comme dans la révolution bourgeoise. Classe qui, par sa souffrance possède un caractère universel, le prolétariat ne revendique pas le rétablissement de ses “droits’ particuliers parce qu’il n’en a aucun. Ce qui fait que la révolution prolétarienne est une révolution politique à âme sociale, c’est la nature de son artisan, le Prolétariat, qui se débarrasse de l’enveloppe politique de son mouvement dès que commence son activité constructive. Pour la première fois de l’histoire, c’est une révolution politique qui précède et réunit les conditions de la transformation sociale. Le secret de l’extinction de ce demi-État est contenu dans l’exécution des mesures politiques, économiques et sociales qui réunissent les conditions nécessaires et indispensables pour le dépérissement de l’État : l’épanouissement croissant de la production de richesses sociales. En se libérant, le prolétariat libère toute l’humanité. L’émancipation du prolétariat est l’émancipation de l’humanité. La révolution ne peut se réaliser sans la suppression du prolétariat, le prolétariat ne peut se nier sans la réalisation du communisme.

12. La forme et la représentation politique de l’État du prolétariat se fonderont sur les organismes unitaires nés lors de la période pré-insurrectionnelle. La réponse immédiate et fondamentale que le prolétariat doit apporter au problème de l’organisation de sa propre dictature est de la conserver entre ses mains, et pour la maintenir réellement, la révolution doit s’étendre à plusieurs aires géographiques. Au lieu de constituer un appareil séparé avec son corps de fonctionnaires permanents, le prolétariat fusionne en un tout organique pouvoir législatif et pouvoir exécutif. Tandis que sous la démocratie formelle il est fait abstraction du dualisme existant entre société réelle et société légale, où chaque homme mène une vie double, une en tant que membre de la société réelle, l’autre comme citoyen de l’État, le demi-État réunit la société en un tout unitaire. La participation la plus large, effective, directe de l’immense majorité des travailleurs à tous les échelons de la gestion de l’État-Commune marque un moment décisif du procès de disparition de l’État. Expression de la nécessité de gouvernement, les Soviets préparent la société à se passer de l’État.

13. Prétendre que de tous temps l’État a constitué une force, sinon réactionnaire, du moins conservatrice, c’est reprendre à son compte l’explication anarchiste de l’histoire. Un principe fondamental du marxisme consiste à réfuter l’automatisme économique, négateur du rôle joué dans l’histoire par les superstructures. En face des courants de “lutte économique pure”, l’effort du marxisme a consisté à montrer l’effet des superstructures dans le procès de révolutionnement de la base économique. Marx, qui a reconnu le caractère progressif du féodalisme par rapport à l’esclavagisme, a mis en lumière le rôle de la Monarchie absolutiste du XVIIIème siècle pour son oeuvre de sape des ordres parasitaires, pour son action de développement des manufactures et du commerce extérieur. L’autorité royale a préparé les conditions matérielles de la révolution bourgeoise, tout comme la bourgeoisie a élaboré les prémisses pour la construction du communisme après avoir retiré au travail social son caractère individuel. Aux yeux d’Engels, l’existence de plusieurs États nationaux solidement campés sur leurs bases géographiques, la course aux profits et aux marchés fut un pas énorme de l’évolution de l’humanité. Les grandes découvertes technologiques et l’essor économique, bien qu’asservissant encore plus le travail vivant au capital, ont aplani la voie du progrès humain.

14. À l’aide du suffrage universel, la bourgeoisie propagea la fiction idéologique du principe égalitaire dans la participation de toutes les classes (Peuple) à la marche de l’État. Ainsi, elle réussit à dissimuler aux yeux des classes exploitées la véritable nature de l’État, dans les faits elle écrasait les premiers mouvements autonomes de la classe, prélude immédiat de la révolution du prolétariat moderne.

A la différence, le prolétariat proclame hautement les buts de classe du nouvel État. Ce dernier ne constitue pas une arène parlementaire pour permettre “en toute liberté” les exhibitions politiques de chaque parti. Il ne sanctionne pas un compromis entre eux : il est l’expression d’un rapport de force et s’en revendique pleinement. Aucune autre classe que le prolétariat ne pourra porter les armes, aucun conseil composé de couches ne vivant pas de leur travail ne sera toléré. Dans l’ordre historique, la formation de la classe précède celle de l’État, le droit suit et cristallise le fait. Ces lois édictées par le demi-État mettront hors la loi toutes les couches exploiteuses qui seront considérées comme otage de guerre. Afin de vaincre la contre-révolution, le prolétariat peut parfaitement décider des mesures de conciliation avec les couches paysannes pour leur faire supporter le fardeau de la guerre civile. En ce sens, il ne s’agit jamais d’un partage du pouvoir. Sous ce rapport, le rôle de l’État-Commune consiste à mobiliser tous les exploités dans l’oeuvre générale de l’instauration du communisme. Plutôt que d’utiliser et exercer aveuglément la violence sur celles-ci en cas de résistance de leur part, le prolétariat doit s’efforcer de les élever à la conscience de la nécessité du socialisme.
Tout en dirigeant la grande masse de la population laborieuse non prolétarienne vers le secteur de la production socialisée, la dictature saura rester vigilante et prendra garde à leurs toujours possibles oscillations.

15. Si la violence doit être employée énergiquement contre la bourgeoisie, avec prudence et circonspection sur les couches intermédiaires, elle doit être strictement exclue dans les rapports qui régissent la vie de la classe révolutionnaire, le prolétariat. A l’intérieur de la classe qui défend et incarne la révolution, aucun recours à des méthodes coercitives ne saurait être toléré un seul instant; aucune atteinte ne pourra être admise dans la vie des formations politiques agissant et s’orientant autour du programme de la révolution communiste. Face à un possible éclatement de conflit dressant le prolétariat à l’État, le rôle des communistes ne peut que consister dans l’élévation de toute la classe ouvrière au niveau de l’avant-garde communiste. Le drapeau de la révolution se trouverait souillé de façon indélébile si jamais l’État de la dictature exerçait sa contrainte sur le prolétariat. Dès que le problème de l’emploi de la violence surgit en ces termes, se pose le problème de la dégénérescence de la Révolution. Pour ne pas recommencer la tragédie de Kronstadt, l’issue et la solution des terribles difficultés, la seule garantie de la victoire réside dans le triomphe du prolétariat à l’échelle mondiale.

16. État à caractère transitoire destiné à s’éteindre, celui de la dictature du prolétariat ne peut s’enfermer dans un ensemble de règles stables, dans une constitution immuable. Étant donné que la révolution ne se résume pas à une simple question formelle, il s’ensuit que la contre-révolution ne peut dériver et trouver son origine dans la conception visuelle bolchevique de l’État. Contrairement à ce que croient les anarchistes, l’État n’a aucune nature “inhérente” ou comme chez les réformistes et révisionnistes de la IIème Internationale, ne représente un organe “neutre” au-dessus des classes par vocation, indépendant de leurs luttes. Encore une fois, il est l’organe, le prolongement de cette classe. Aussi, ne sert-il à rien de tergiverser et d’éluder le problème: La dictature du prolétariat constitue un État. Mais, fait sans précédent dans l’histoire autre que la Commune et l’Octobre prolétarien, c’est l’État de l’immense majorité sur une infime minorité d’exploiteurs déchus de tout droit. Pour la première fois, la classe ouvrière se “gouverne” elle-même ; pour la première fois il n’y a non pas participation forcée à la vie sociale, mais adhésion consciente et volontaire.

17. Ce serait par trop simpliste d’imputer la dégénérescence de la révolution de la méthode d’identification “État-prolétariat”. Lors de sa fondation, l’État ouvrier se reliait intimement à la lutte du prolétariat mondial. À cet instant, il ne se pose pas le problème d’édification du socialisme par le triomphe des plans quinquennaux, de conquérir à la sueur du prolétariat, une position économique consolidée sur une arène impérialiste. Pour parvenir à l’État contre-révolutionnaire, pour que l’État surgissant d’Octobre se transforme en une machine de guerre contre la classe, en un État typique de la période de décadence avec son lot de capitalisme d’État, il a fallu passer par tout un processus contre-révolutionnaire au niveau international. Le divorce s’opérant entre le mouvement révolutionnaire international et les tâches spécifiques russes que s’assigne l’État soviétique proviennent de la défaite en 1923. Des défaites sanglantes subies sur le théâtre gigantesque de la révolution mondiale, de l’Allemagne à la Chine, devait naître, d’abord en Russie, le stalinisme. Celui-ci dut s’emparer non seulement de l’État, mais encore et surtout du Parti et de l’Internationale. Toute cette politique contre-révolutionnaire est symbolisée par l’exclusion des fractions de la Gauche et le bannissement des compagnons de Lénine ; elle est marquée par l’introduction, en contrebande, de la théorie frauduleuse du “socialisme en un seul pays”.

18. En définitive, il faut considérer cet État-Commune comme un des instruments de la lutte mondiale du prolétariat ; le subordonner à la seule et unique direction de l’Internationale. Tant que son rôle et son but n’entrent pas en contradiction avec ceux du prolétariat -l’écrasement du capitalisme international- il représente une force d’appui pour la lutte des exploités.
Si la révolution n’éclate et ne se poursuit pas en d’autres pays, aussi bien l’Internationale que l’État ouvrier seront engloutis dans un rapide cours de dégénérescence. Tout comme l’Internationale représente la cristallisation la plus haute, la conscience la plus parfaitement élaborée, l’État ouvrier quant à lui est la “forme enfin trouvée” dans et par laquelle les prolétaires se rassemblent et agissent pour faire valoir leurs intérêts généraux de classe qui sont aussi ceux de l’humanité toute entière. Entre l’Internationale Communiste et l’État ouvrier, il ne s’intercale aucun rapport d’antagonisme principiel. Issu du mouvement révolutionnaire victorieux à l’échelle d’un pays donné, l’État ouvrier est une réalisation de tout le prolétariat international, le premier épisode de l’entrée fracassante de la Révolution Mondiale sur la scène de l’histoire. A ce titre, il est le dépassement des limites nationales imposées au prolétariat par la division du monde en nations, blocs et continents.
Par suite de la contre-révolution, par après la victoire du stalinisme et du changement total d’orientation politique découlant de la funeste théorie du socialisme en un seul pays, il y eut brisure, séparation des rapports reliant l’État ouvrier à l’internationale Communiste; empêchement du contrôle absolu de l’État par celle-ci.
Une véritable reconstitution de l’organisme révolutionnaire d’avant-garde, l’enrichissement réel du patrimoine idéologique exigent et dépendent de la conservation pleine et entière de ces deux acquis fondamentaux que constituent le Parti Mondial et 1’État Ouvrier.

R.C.; Révolution Internationale / France, (Mai 1977)

Conscience et organisation: 

Heritage de la Gauche Communiste: