Ces derniers mois, face à la dégradation des conditions
de vie et de travail, face aux menaces de licenciements, de nombreux
mouvements de la classe ouvrière marqués par une forte combativité
et une forte participation se sont développés en Europe. Ainsi, en
Espagne en septembre et en octobre, les ouvriers des chantiers navals
de Galice, du Pays basque et d’Andalousie se sont massivement mis
en grève contre les licenciements et sont descendus dans la rue à
plusieurs reprises, parfois rejoints par ceux des entreprises dépendant
de cette industrie navale et largement soutenus par la population.
En Italie plus récemment, ce sont les employés des transports publics
de Rome, Naples et Milan qui ont simultanément cessé le travail une
journée entière pour exiger des augmentations de salaire. En Belgique
également, les conducteurs des bus et tramways de la capitale se sont
mis en grève totale pour l’embauche de chauffeurs supplémentaires.
En Allemagne encore, sous le coup d’une vague de licenciements et
de mesures "sociales" qui vont frapper des secteurs centraux
de l’économie, venant grossir les rangs des 5 millions de chômeurs
déjà existants, la classe ouvrière montre depuis des mois sa détermination
à riposter avec force. Dans l’industrie automobile, où menacent licenciements,
gel des salaires et augmentation des heures de travail, les ouvriers
sont entrés dans une série de grèves dures et de manifestations qui
a commencé à Mercedes-Daimler-Chrysler en juillet à Sindelfingen-Stuttgart.
Mi-octobre, ce sont 30 000 ouvriers d’Opel à Bochum qui suivaient
leur exemple et, début novembre, plus de 4000 étaient en grève chez
Volkswagen. Dans la fonction publique encore, l’annonce d’une "réforme"
comprenant la suppression de 150 000 emplois, avec augmentation
du temps de travail (de 38,5 à 41 heures hebdomadaires) et rémunérations
à la "performance", a provoqué tout récemment une vague
de grèves et de manifestations dans toute l’Allemagne. Il est certain
que les réactions de la classe ouvrière sont encore sous le contrôle
des syndicats qui canalisent l’énergie des ouvriers pour les entraîner
dans des impasses, brisent leur solidarité et les divisent afin de
faire passer les attaques de l’Etat et du patronat allemand. Ainsi,
l’IG Metall est arrivé à faire avaler aux ouvriers de Volkswagen une
plus grande "flexibilité" des heures de travail et le fait
que les nouveaux embauchés le soient à 20% moins cher contre "l’engagement"
de la direction à ne pas opérer de licenciements secs d’ici 2007 et
une prime de 1000 euros en mars 2005 (pour « compenser »
le gel des salaires). Dans les grands magasins Karstadt, le syndicat
Verdi, syndicat des services, a même fait prendre un accord particulièrement
pourri pour une victoire. Cependant, malgré cette position de force
des ennemis du prolétariat, ce dernier montre clairement que le réveil
de sa combativité n’est pas éphémère et au contraire annonciateur
de l’ouverture d’une nouvelle période dans le développement de ses
combats. Aussi, la question de comment et contre qui lutter se pose
de façon cruciale. C’est à cette question que répond le tract distribué
par la section du CCI en Allemagne lors des manifestations durant
la grève à Bochum chez Opel mi-octobre et dont nous publions ici de
larges extraits.