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A propos d'un article publié dans Le Prolétaire n° 463
Dans son numéro 463 (août-septembre 2002), le journal Le Prolétaire, organe du Parti communiste international (PCI)[1] publie un article intitulé : "A propos de la crise dans le CCI" qui mérite un certain nombre de rectifications.
En premier lieu, l'article affirme que l'un des membres de la soi-disant "fraction interne" qui s'était constituée dans le CCI[2] est "dénoncé dans RI comme un probable 'agent provocateur'". Voici ce que nous écrivions dans Révolution Internationale n° 321 concernant l'exclusion de Jonas (auquel se réfère implicitement Le Prolétaire) :
"Un des aspects les plus intolérables et répugnants de son comportement est la véritable campagne qu'il a promue et menée contre un membre de l'organisation (...) l'accusant dans les couloirs et même devant des personnes extérieures au CCI de manipuler son entourage et les organes centraux pour le compte de la police (...) Aujourd'hui, Jonas est devenu un ennemi acharné du CCI et il a adopté des comportements dignes de ceux d'un agent provocateur. Nous ne savons pas quelles sont ses motivations profondes, mais ce dont nous sommes sûrs, c'est qu'il représente un danger pour le milieu politique prolétarien."
Il est clair que les comportements du citoyen Jonas sont plus que troublants et tous les militants du CCI sont convaincus que ses agissements visaient à détruire notre organisation ou tout au moins à provoquer en son sein le plus de dégâts possibles comme aurait pu le faire un agent provocateur[3]. Cela dit, tout lecteur aura pu lire que "nous ne savons pas quelles sont ses motivations profondes" et pourra donc constater que, jusqu'à présent, nous n'avons jamais dit que Jonas est un "probable agent provocateur". Une telle accusation, même sous la forme d'hypothèse, est extrêmement grave et même si les organisations révolutionnaires peuvent être amenées à la porter contre un de leurs anciens membres, ce ne peut être qu'à la suite d'une enquête très approfondie. C'est pour cela d'ailleurs que notre Conférence extraordinaire qui s'est tenue au printemps dernier a mandaté une Commission spéciale pour poursuivre les investigations sur le compte de Jonas. Quant au PCI, nous pensons qu'il aurait mieux fait de s'appuyer strictement sur ce que nous avons réellement écrit jusqu'à présent plutôt que de se livrer à des extrapolations qui aboutissent à une falsification de nos affirmations.
Par ailleurs, le PCI nous dit que : "Il est évidemment exclu que, comme on nous l'a demandé, nous prenions position pour l'un ou l'autre camp - que ce soit pour les dissidents au nom de la démocratie, ou pour la majorité au nom de la 'défense des organisations du milieu prolétarien'..."
Cette phrase appelle plusieurs remarques.
En premier lieu, telle qu'elle est formulée, elle laisse penser (même si ce n'est pas dit explicitement) que le CCI comme la "FICCI" aurait demandé au PCI de prendre parti pour son camp. Rien n'est plus faux. La "FICCI" a effectivement demandé au PCI, dans une lettre qu'elle lui a adressée le 27 janvier 2002, en même temps qu'à d'autres groupes de la Gauche communiste, de prendre position en sa faveur contre le CCI :
"Aujourd'hui nous ne voyons plus qu'une seule solution : nous adresser à vous pour que vous demandiez à notre organisation d'ouvrir les yeux et de retrouver le sens de ses responsabilités. (...) Parce que nous sommes en désaccord, aujourd'hui le CCI fait tout pour nous marginaliser et nous démolir moralement et politiquement." [4]
Pour ce qui nous concerne, nous avons effectivement envoyé le 6 février 2002 un courrier au PCI, comme à d'autres organisations de la Gauche communiste (BIPR[5], PCI-Il Programma Comunista, PCI-Il Parti-to) concernant la "FICCI". Mais contrairement à celle de la prétendue "fraction", notre lettre ne demande nullement aux groupes destinataires de prendre position pour un camp contre l'autre ; son objectif est de rectifier un certain nombre de mensonges et de calomnies à l'encontre de notre organisation qui étaient contenus dans la lettre de la "fraction" du 27 janvier.
Cela dit, la principale remarque que l'on doit faire concernant l'affirmation du PCI suivant laquelle "il est évidemment exclu" qu'il prenne "position pour l'un ou l'autre camp", c'est qu'elle est contredite tout de suite après. En effet, on peut lire quelques lignes plus loin :
"Cela ne nous empêche pas cependant de relever que les méthodes employées par le CCI face à ses dissidents actuels, et qui ne datent sans doute pas d'hier, sont malheureusement trop connues : 'criminaliser' les opposants par des accusations infamantes afin de les isoler complètement, parer à tout doute éventuel ou à toute demande d'explication politique de la part des militants par la création d'un climat de 'forteresse assiégée' qui permet de les mobiliser 'en défense de l'organisation' contre les opposants qui finissent par être dépeints comme étant au service de la bourgeoisie. Ces procédés de sinistre mémoire n'ont jamais été employés ni par Marx ni par Lénine ; ils sont en fait caractéristiques d'organisations gangrenées par l'opportunisme et/ou travaillées par les graves contradictions qui existent entre leurs analyses et la réalité. Ils seraient mortels dans un parti révolutionnaire parce qu'ils détruisent inévitablement l'homogénéité politique qui en constitue le ciment, en croyant l'assurer au moyen d'un caporalisme bureaucratiquement réglementé : étouffant la vie politique interne, ce dernier tend à empêcher d'affronter et de résoudre les problèmes politiques que ne peuvent pas ne pas se poser les militants révolutionnaires et à transformer ceux-ci en simples perroquets. Les interrogations politiques refoulées continuent cependant inévitablement à agir souterrainement et elles finissent tôt ou tard par réapparaître avec d'autant plus de virulence, sous la forme de crises organisationnelles destructrices."
En fait, le PCI qui dit avoir lu "le matériel publié par les deux parties", épouse presque à la lettre les thèses calomnieuses répandues par la "FICCI" et prend donc bien position en faveur de celle-ci contre le CCI.
Le régime intérieur des organisations communistes
Il faut saluer le fait qu'aujourd'hui le PCI condamne "l'étouffement de la vie politique interne par un caporalisme bureaucratiquement réglementé empêchant d'affronter et de résoudre les problèmes politiques que ne peuvent pas ne pas se poser les militants révolutionnaires".
C'est une idée que notre courant ne cesse de répéter notamment contre les conceptions du PCI. En effet, voici ce qu'écrivaient déjà, en 1947, nos camarades de la Gauche communiste de France (ancêtre politique du CCI) à propos des conceptions organisationnelles du PCI :
" Sur cette base commune [les critères de classe et le programme révolutionnaire] et tendant au même but, bien des divergences surgissent immanquablement en cours de route. Ces divergences expriment toujours, soit l'absence de tous les éléments de la réponse, soit des difficultés réelles de la lutte, soit l'immaturité de la pensée. Elles ne peuvent être ni escamotées ni interdites mais au contraire doivent être résolues par l'expérience de la lutte elle-même et par la libre confrontation des idées. Le régime de l'organisation consiste donc, non à étouffer les divergences mais à déterminer les conditions de leur solution. C'est-à-dire, en ce qui concerne l'organisation, de favoriser, de susciter leur manifestation au grand jour au lieu de les laisser cheminer clandestinement. Rien n'empoisonne plus l'atmosphère de l'organisation que les divergences restées dans l'ombre. Non seulement l'organisation se prive ainsi de toute possibilité de les résoudre, mais elles minent lentement ses fondations. A la première difficulté, au premier revers sérieux, l'édifice qu'on croyait en apparence solide comme un roc, craque et s'effondre, laissant derrière lui un amas de pierres. Ce qui n'était qu'une tempête se transforme en catastrophe décisive. " (Internationalisme n° 25, "La discipline… force principale…", republié dans la Revue internationale n° 34)
Au début 1983, nous ne tenions pas un langage différent face à la crise que venait de connaître le PCI :
"Où est donc le fameux parti 'bloc monolithique' ? Sans failles ? Ce 'monolithisme', revendiqué par le PCI, n'a jamais été qu'une invention stalinienne. Il n'y a jamais eu d'organisation 'monolithique' dans l'histoire du mouvement ouvrier. La discussion constante et la confrontation politique organisées dans un cadre unitaire et collectif sont la condition d'une véritable solidité, homogénéité et centralisation d'une organisation politique prolétarienne. En étouffant tout débat, en cachant les divergences derrière le mot de 'discipline', le PCI n'a fait que comprimer les contradictions jusqu'à l'éclatement. Pire, en empêchant la clarification à l'extérieur comme à l'intérieur de l'organisation, il a endormi la vigilance de ses militants. La sécurisation bordiguiste de la vérité pyramidale, la direction des chefs a laissé les militants dépourvus d'armes théoriques et organisationnelles devant les scissions et les démissions. C'est ce que le PCI semble reconnaître lorsqu'il écrit : 'Nous entendons traiter [ces questions] de façon plus ample dans notre presse, en mettant nos lecteurs devant les problèmes qui se posent à l'activité du parti'" ("Le Parti Communiste International à un tournant de son histoire", Revue internationale n° 32)".
Lorsque nous défendions ces idées, le PCI n'avait pas de mots assez méprisants pour stigmatiser notre "démocratisme"[6] mais en comparant ce que nous écrivions il y a plus de 50 ans et il y a 20 ans avec ce que nous dit maintenant le PCI on ne peut qu'être frappé par la ressemblance des idées. En vérité, c'est presque une copie conforme. On peut au moins en déduire une chose : les camarades du PCI, malgré leurs grands discours sur "l'Invariance", ont été capables d'entendre nos arguments. Qu'ils se rassurent, nous ne leurs demanderons pas des droits d'auteur. Cela dit, nous pensons que plus que nos propres arguments, c'est la dure réalité des faits, et particulièrement l'effondrement dramatique du PCI en 1982, qui a été l'élément décisif ayant permis à une poignée de militants se réclamant des positions de Bordiga de comprendre l'absurdité de certains dogmes "invariants" sur le prétendu "monolithisme" du parti dont ils se réclamaient[7].
Pour ce qui nous concerne, nous maintenons aujourd'hui ce que nous disions il y a 20 ou 50 ans et nous rejetons catégoriquement les accusations du PCI à propos de nos prétendues "méthodes face à nos dissidents actuels". Aujourd'hui comme hier, nous considérons que les désaccords politiques qui surgissent dans l'organisation doivent être réglés par le débat le plus large en son sein et non par des mesures administratives ou "bureaucratiques". Comme il y a 20 ans, nous faisons nôtres et nous appliquons les règles suivantes face aux divergences qui peuvent surgir dans notre organisation :
- "réunions régulières des sections locales et mise à l'ordre du jour de celles-ci des principales questions débattues dans l'ensemble de l'organisation : d'aucune façon le débat ne saurait être étouffé ;
- circulation la plus ample possible des différentes contributions au sein de l'organisation au moyen des instruments prévus à cet effet (les bulletins internes) ;
- rejet de toute mesure disciplinaire ou administrative de la part de l'organisation à l'égard de ses membres qui soulèvent des désaccords..." (Rapport sur la structure et le fonctionnement de l'organisation des révolutionnaires adopté par la Conférence internationale extraordinaire de janvier 1982, publié dans la Revue Internationale n° 33)
Cela dit, comme il y a 20 ans, nous estimons indispensable le respect des règles suivantes :
- "rejet... des correspondances secrètes et bilatérales qui, loin de favoriser la clarté du débat, ne peuvent que l'obscurcir en favorisant les malentendus, la méfiance et la tendance à la constitution d'une organisation dans l'organisation ;
- respect par la minorité de l'indispensable discipline organisationnelle... Si l'organisation doit s'interdire l'usage de tout moyen administratif ou disciplinaire face à des désaccords, cela ne veut pas dire qu'elle doit se priver de ces moyens en toutes circonstances. Il est au contraire nécessaire qu'elle recoure à de tels moyens, comme la suspension temporaire ou l'exclusion définitive, lorsqu'elle est confrontée à des attitudes, comportements ou agissements qui sont de nature à constituer un danger pour son existence, sa sécurité ou son aptitude à accomplir ses tâches... Par ailleurs, il convient que l'organisation prenne toute disposition nécessaire à sa protection face à des tentatives d'infiltration ou de destruction de la part des organes d'État capitalistes ou de la part d'éléments qui, sans être directement manipulés par ces organes, ont des comportements de nature à favoriser leur travail. Lorsque de tels comportements sont mis en évidence, il est du devoir de l'organisation de prendre des mesures non seulement en faveur de sa propre sécurité, mais également en faveur de la sécurité des autres organisations communistes." (Ibid.)
L'exclusion de Jonas et les sanctions contre des membres de la "fraction"
C'est donc en stricte application de ces principes, et non pour "criminaliser les opposants par des accusations infamantes afin de les isoler complètement" que le CCI a procédé au début 2002 à l'exclusion de l'élément Jonas et à la publication d'un communiqué dans sa presse à ce propos. C'est exactement de la même façon que nous avions agi en 1981 à propos de l'individu Chénier qui était entré dans notre organisation quelques années auparavant. Quelques mois à peine après son exclusion, Chénier a commencé une carrière officielle dans un syndicat et dans le parti socialiste (c'est-à-dire le parti qui dirigeait le gouvernement de cette époque) pour le compte de qui il travaillait probablement depuis longtemps en secret. Il est clair que le communiqué que nous avions publié dans la presse à son propos lui interdisait désormais toute possibilité de poursuivre le travail de destruction qu'il avait mené pendant plusieurs années au sein du CCI et des autres organisations par où il était passé auparavant, notamment le PCI. Si ce dernier s'était donné la peine de rendre publique sa propre décision d'exclure Chénier et les raisons de celle-ci (que nous n'avons apprises par un militant du PCI qu'après l'exclusion de Chénier du CCI) il est évident que nous n'aurions jamais laissé un tel élément entrer dans notre organisation. C'est bien pour cette raison que nous mettons en garde nos lecteurs contre Jonas "dont nous sommes sûrs... qu'il représente un danger pour le milieu politique prolétarien" tout comme Chénier en son temps, même si c'est peut-être pour d'autres motivations.
De même, les mesures disciplinaires que nous avons adoptées à l'encontre des autres membres de la "FICCI" n'ont rien à voir avec une "volonté d'étouffer le débat". C'est bien le contraire qui est vrai : c'est parce que ces militants se sont depuis le début refusé à mener le débat (parce qu'ils savaient qu'ils n'avaient pas d'argument sérieux pour convaincre les militants du CCI) qu'ils ont systématiquement violé les statuts de l'organisation : les mesures disciplinaires que celle-ci ne pouvait pas ne pas prendre leur ont alors servi de prétexte pour faire des scandales et crier à tue tête que "le CCI fait tout pour [les] marginaliser et [les] démolir moralement et politiquement".
Que le PCI nous dise si c'est faire preuve de "caporalisme bureaucratiquement réglementé" que de prendre des mesures disciplinaires lorsque des militants (parmi beaucoup d'autres infractions) :
- refusent d'être présents à des réunions auxquelles ils ont la responsabilité de participer ;
- violent les décisions adoptées unanimement par l'organisation (y compris par eux-mêmes) ;
- organisent des correspondances et des réunions secrètes avec le but, reconnu explicitement entre eux, de comploter contre l'organisation et de mener des campagnes de calomnies contre certains de ses militants ;
- refusent de payer l'intégralité du montant de leur cotisation ;
- volent le fichier d'adresses de nos abonnés, les notes des organes centraux (en vue de les utiliser de façon frauduleuse), ainsi que l'argent de l'organisation.
Ce n'est pas parce qu'une "direction liquidatrice" (suivant les termes de la "FICCI") a créé "un climat de 'forteresse assiégée' qui permet de mobiliser les militants 'en défense de l'organisation' contre les opposants", comme l'écrit le PCI, que notre Conférence extraordinaire a ratifié unanimement les sanctions contre Jonas et les autres membres de la soi-disant "fraction" ; c'est tout simplement parce que TOUS les militants du CCI, autres que les membres de cette "fraction", ont été convaincus de la nécessité de telles sanctions face à l'évidence et l'accumulation des agissements volontairement destructeurs de ces éléments. Les militants du CCI ne sont ni des "perroquets" ni des zombies. Si quelques uns d'entre eux ont décidé de piétiner les principes qu'ils avaient défendus jusqu'à présent en suivant aveuglément un individu particulier, en l'occurrence Jonas (pour des raisons de liens affinitaires, d'orgueil blessé, de frustrations, de règlements de compte personnels ou de perte de leurs convictions), tous les autres rejettent un tel comportement et sont capables de se faire une opinion par eux-mêmes sans qu'il ait fallu leur forcer la main.
La prétendue "intimidation" d'un militant du PCI
Croyant sur parole ce que raconte la "FICCI" à propos des "méthodes staliniennes du CCI" (et ayant apparemment oublié la phrase de Lénine "Celui qui croit sur parole est un indécrottable idiot"), le PCI enchaîne sur ce thème :
"Il est inévitable que le climat qui s'est créé dans le CCI se répercute à l'extérieur. C'est ainsi qu'un de nos camarades qui avait eu le malheur de critiquer dans une réunion publique de cette organisation de telles méthodes (tout en réaffirmant qu'il ne défendait aucunement la Fraction), s'est vu en conséquence signifier la 'rupture de tout lien politique' avec lui. La signification de cette curieuse déclaration est apparue quelques jours plus tard, lorsqu'il s'est fait injurier et bousculer lors d'une vente par un militant du CCI. Nous ne voulons pas accorder une importance démesurée à cet incident, qui est peut-être dû à la surexcitation de militants locaux. Mais il doit être clair que nous n'entendons pas nous laisser dicter les limites de notre critique par quiconque, et par quelques mesures d'intimidation, y compris physiques, que ce soit.
A bon entendeur, salut."
De même que le PCI aurait dû mieux se renseigner avant que d'emboucher les mêmes trompettes que la "fraction", il aurait mieux fait de ne pas croire sur parole ce qu'a pu lui raconter son militant de Toulouse, W., à propos des incidents qui se sont produits entre lui et nos militants.
Une première chose : nous avons toujours et en tous lieux manifesté une attitude fraternelle envers les militants du PCI. Et cela pour la bonne raison que nous considérons que cette organisation, malgré ses erreurs programmatiques, appartient au camp de la classe ouvrière. La réciproque n'a pas toujours été vraie. Ainsi, en 1979, alors que les militants du PCI étaient impliqués dans le soutien du mouvement des résidents des foyers d'immigrés SONACOTRA, il leur est arrivé à plusieurs reprises, dans des rassemblements et des manifestations de rue, de constituer une sorte de "front unique" avec des militants maoïstes de l'UCFML (avec qui ils participaient aux service d'ordre) afin d'empêcher, y compris par la menace physique, les militants du CCI de prendre la parole et de diffuser la presse. C'est vrai qu'à cette époque, le PCI était dominé, notamment en France, par un courant gauchiste et tiers-mondiste qui allait faire scission quelques années plus tard en emportant la caisse et les moyens matériels. Les militants actuels du PCI ont fait la critique de cette tendance tiers-mondiste, mais à notre connaissance ils n'ont jamais condamné le comportement des membres du PCI de l'époque qui avaient empêché, à la grande satisfaction des staliniens de l'UCFML, que s'expriment les positions internationalistes au sein d'une lutte de la classe ouvrière.
Concernant W., membre du PCI à Toulouse et que nous connaissions depuis longtemps, nous avons manifesté à son égard la même attitude fraternelle qu'aux autres membres du PCI lorsqu'il est revenu dans cette ville après plusieurs années d'absence. Nous lui avons proposé d'exposer la presse du PCI dans nos réunions publiques et nous l'avons toujours invité à y prendre la parole. De même, nous avons incité les membres d'un cercle de discussion auquel nous participons d'inviter également le PCI, c'est-à-dire W., pour qu'il puisse y présenter ses positions. Pendant toute une période, d'ailleurs, sa propre attitude à l'égard de nos militants était également cordiale et il était toujours volontaire pour engager avec eux de longues discussions.
C'est depuis le début de cette année que l'attitude de W. a changé complètement :
- à la réunion du 12 janvier 2002 du cercle de discussion, il a traité nos deux militants présents d'antisémites[8];
- quelques jours après, alors qu'un de nos militants était allé lui demander des explications lors d'une vente de la presse sur un marché, il a réitéré les mêmes accusations, plus particulièrement envers un de nos camarades en donnant comme seul "argument" qu'il "savait de quoi il parlait puisqu'il le connaît depuis longtemps" (effectivement ils étaient au lycée ensemble) ; au cours de cette discussion il a également accusé les militants du PCI-Programma Comunista d'être des gens peu recommandables ;
- à la réunion du 16 février, les membres du cercle de discussion lui ont de nouveau demandé des explications sur ses accusations et il a alors quitté la réunion après avoir de nouveau proféré des insultes en affirmant que nous étions "tous à mettre dans le même sac" ;
- juste avant notre réunion publique du 1er juin qui devait se dérouler dans l'arrière salle d'un café, il a commencé par faire un esclandre dans la salle principale en prétendant que nous lui devions de l'argent, cela devant les consommateurs et au risque de nous faire interdire de réunion par le patron du café ;
- pendant la réunion publique elle-même il a lu une déclaration qu'il se proposait de faire circuler également auprès des autres groupes de la Gauche communiste ainsi qu'auprès du groupe trotskiste Lutte Ouvrière (!), déclaration dans laquelle il accusait le CCI de "stalinisme" pour avoir exclu "comme d'habitude" des "camarades expérimentés" ; il faisait référence à la "FICCI" et aussi à la brochure "Que ne pas faire ?", un recueil de calomnies contre notre organisation publié à la fin des années 90 par le "cercle de Paris", un regroupement parasitaire d'anciens militants du CCI dont aucun n'a été exclu mais dont l'anarchisme organisationnel leur avait rendu "insupportable" la présence dans une organisation communiste centralisée ;
- à la fin de cette réunion, il a fait un nouvel esclandre en accusant une de nos sympathisantes d'avoir "volé une brochure du PCI" (!) ;
- le 9 juin, une délégation de notre organisation est allé le trouver pour lui dire que, compte tenu de l'attitude qu'il avait eue dans la salle de café au risque de nous priver de notre lieu de réunion[9] et des insultes qu'il ne cessait de proférer à l'égard de nos militants, nous ne voulions plus avoir de relations avec lui ;
- le 7 juillet, alors que nos camarades sortaient les publications afin de commencer une vente sur un marché, il est venu les insulter en les traitant de "staliniens" et de "fascistes" ; un de nos camarades lui a demandé de se taire mais il s'est mis alors à vociférer de plus en plus fort ses insultes provoquant évidemment un attroupement ; notre camarade lui a demandé alors de partir sur un ton très ferme mais sans le "bousculer" comme le prétend l'article du Prolétaire ;
- à notre réunion publique du 14 septembre, un sympathisant du PCI nous a demandé s'il pouvait exposer la presse de cette organisation dans la salle de réunion ; nous lui avons répondu que non seulement il pouvait le faire mais que nous l'y encouragions ; c'est bien la preuve que notre attitude de fermeté envers W. résulte uniquement de ses comportements inacceptables et nullement d'une hostilité envers le PCI comme tel ;
- le 13 octobre, sur le marché où il vendait la presse du PCI, W. a insulté deux de nos sympathisantes en les traitant de "connasses" au moment où elles passaient devant lui.
Malgré la politique d'ouverture que nous menons envers les autres groupes de la Gauche communiste il peut arriver que tel ou tel de nos militants perde son sang froid et commette un dérapage[10]. Cependant, dans ce cas précis, il n'y a pas eu de la part de nos militants ni dérapage, ni "surexcitation" et si quelqu'un a dérapé, et même à de nombreuses reprises, c'est bien le militant du PCI. Nous ne savons pas à quoi il faut attribuer son attitude au cours de la dernière année : est-elle le résultat de la tonalité des discussions au sein du PCI ou plutôt d'une certaine "surexcitation" (suivant les termes du Prolétaire) propre à W. ? [11]
De même, nous considérons comme vraisemblable que W. a donné à son organisation une version des faits différente de celle que nous venons d'exposer. C'est donc la parole de nos militants (et de nos sympathisants) contre celle du militant du PCI. Cependant, nous sommes sûrs de ce que nous avançons et nous pouvons le prouver car la plupart des agissements de W. que nous avons relatés ont eu lieu en présence de plusieurs personnes extérieures au CCI qui pourront témoigner. Nous souhaitons qu'il y ait une confrontation devant les autres militants du PCI entre leur militant W. et nos camarades ainsi que les personnes extérieures au CCI qui ont été témoins des incidents que nous avons évoqués. Nous sommes disposés, si nécessaire, à appeler à la constitution d'une commission spéciale de militants de la Gauche communiste chargée de faire la lumière sur ces faits.
Nous sommes particulièrement déterminés à ce que la vérité soit faite sur cette question car notre organisation est aujourd'hui la cible d'une campagne sans précédent de calomnies de la part d'un petit groupe d'anciens militants, ceux qui constituent la "FICCI", animés par un élément aux comportements troubles et dangereux pour les groupes de la Gauche communiste. Et le plus lamentable, dans cette affaire, c'est qu'un groupe comme le PCI apporte sa contribution, malgré sa volonté affichée de "ne pas prendre parti", à ce type de campagne, notamment en évoquant des incidents dont il est clair qu'il a une connaissance erronée.
L'utilisation de l'article du PCI par la "fraction"
D'ailleurs, les effets de l'article du PCI ne se sont pas fait attendre puisque, immédiatement après sa publication, il a été repris sur le site Internet de la FICCI accompagné d'une prise de position où l'on peut lire ce qui suit :
"D'abord nous condamnons l'attitude du CCI actuel et tenons à nous démarquer totalement de ses méthodes présentes. Nous nous solidarisons avec le militant du PCI victime de cette agression. Indépendamment de la réaction de soutien politique que nous apportons aux camarades du PCI, nous ressentons un choc douloureux face à ce nouvel épisode : il en dit long en effet, sur l'état de désarroi et de déboussolement des membres du CCI ; il est significatif de la profondeur de la dérive sectaire qui s'empare aussi rapidement du CCI. (...)
On aurait tort de banaliser cet incident ou de l'analyser comme un malheureux dérapage d'un militant. En effet, il n'est que la dernière illustration d'une dynamique opportuniste et sectaire qui s'est ouvertement développée d'abord au sein du CCI dès le lendemain de son 14e congrès (mai 2001) et de l'explosion ouverte de sa crise organisationnelle, puis publiquement toujours vis-à-vis des membres du CCI qui s'opposaient à cette nouvelle politique, et aujourd'hui vis-à-vis de tout le milieu politique vu comme un ennemi de classe.
(...) nous saluons cet article qui dénonce les mesures bureaucratiques et d'intimidations qui se sont instaurées à l'intérieur du CCI. Ça n'a jamais été l'attitude et les pratiques de Marx ni de Lénine, ni d'aucune organisation prolétarienne."
Nous ne ferons pas de commentaires supplémentaires sur la prose de la FICCI qui est dans la lignée de ses écrits précédents. Nous voudrions juste relever l'insondable hypocrisie de la phrase "nous ressentons un choc douloureux face à ce nouvel épisode". En réalité, l'attitude des membres de la "FICCI" que nous avons croisés quelques jours après la publication de l'article du Prolétaire parle d'elle-même : ce n'est pas la "douleur" qu'on pouvait lire sur leur visage, mais une jubilation ostensible.
Si c'est de façon sincère que les militants du PCI ne souhaitaient pas "prendre parti", on peut donc constater qu'ils ont singulièrement manqué leur coup.
Dans notre communiqué sur l'exclusion de Jonas, nous écrivions, comme on l'a déjà vu plus haut : "ce dont nous sommes sûrs, c'est qu'il (Jonas) représente un danger pour le milieu politique prolétarien". Cette affirmation s'est pleinement confirmée avec la politique manœuvrière que Jonas et sa "fraction" ont menée en direction des groupes de la Gauche communiste. Après avoir refusé de se défendre en faisant appel devant un Jury d'honneur, Jonas s'est servi de sa "fraction" pour tenter de "mouiller" le BIPR et le pousser à participer à la campagne de calomnies contre le CCI. Comme nous l'écrivions dans RI n° 324, la "manœuvre consistant à rendre publique la discussion que la 'fraction' a eue avec le BIPR ne peut que contribuer à discréditer ce dernier au sein du milieu politique prolétarien. Et c'est bien l'objectif que visait Monsieur Jonas : piéger le BIPR et le discréditer tout en semant la zizanie entre les groupes du courant de la Gauche communiste."
Aujourd'hui, c'est au tour du PCI de se laisser enrôler dans la guerre de la "fraction" de Monsieur Jonas contre le CCI. En entraînant les groupes de la Gauche communiste dans ses campagnes contre le CCI, Jonas, avec le soutien de ses fidèles, ne fait que poursuivre à l'extérieur la politique ignoble - une politique parfaitement consciente, délibérée et planifiée -qu'il avait menée à l'intérieur du CCI lorsqu'il avait tenté de semer la suspicion entre les militants pour les monter les uns contre les autres[12].
Pourquoi le PCI fait-il le jeu de la "fraction" ?
Les questions restent posées : pourquoi le PCI a-t-il fait preuve d'une telle complaisance envers la prétendue "fraction" ? Pourquoi s'est-il précipité pour publier un article prenant fait et cause pour la "fraction" et portant de graves accusations contre le CCI, sans nous avoir demandé plus de précisions comme nous lui en faisions la proposition dans notre lettre du 6 février 2002 qui se terminait ainsi : "Nous sommes évidemment à votre disposition pour vous donner plus d'éléments sur cette affaire si vous le souhaitez." ? Pourquoi a-t-il cru sur parole son militant de Toulouse et a-t-il fait état publiquement de ses dires sans même nous demander des explications ?
On comprend que la "FICCI", dès qu'elle a pris connaissance de l'article du Prolétaire et sans savoir de quoi il s'agissait, se soit précipitée comme une nuée de vautours pour "se solidariser avec le militant du PCI victime de cette agression" et pour conclure que cet incident était "la dernière illustration d'une dynamique opportuniste et sectaire qui s'est ouvertement développée d'abord au sein du CCI… et aujourd'hui vis-à-vis de tout le milieu politique vu comme un ennemi de classe." Pour Jonas et ses acolytes, tout ce qui peut jeter la boue sur le CCI est bon à prendre.
Mais qu'en est-il pour le PCI ?
Faut-il penser que cette organisation a été sensible aux campagnes de séduction que la "FICCI" a lancées en direction des groupes de la Gauche communiste afin de "se les mettre dans la poche" contre le CCI ?
De ce type de campagne, plusieurs militants du PCI ont pu être témoins lors de la réunion de lecteurs tenue par cette organisation le 28 septembre à Paris. Dans cette réunion consacrée à la question palestinienne, un militant du PCI a commencé par présenter la position classique de son organisation (qu'on peut retrouver dans un long article du Prolétaire n° 463, "Aux prolétaires israéliens, Aux prolétaires palestiniens, Aux prolétaires d'Europe et d'Amérique"). Les militants du CCI présents ont à leur tour présenté leur propre position critiquant celle du PCI. Et c'est justement au cours d'une intervention d'un de nos camarades, que la représentante de la "FICCI", Sarah, lui a coupé la parole à deux reprises pour dire en substance "mais ce n'est pas ce que dit le PCI", à quoi notre camarade a répondu, à deux reprises, que le PCI était assez grand pour rectifier lui-même si c'était nécessaire. En revanche, elle n'a à aucun moment pris la parole pour défendre la position du CCI sur la question nationale et coloniale (dont pourtant la "FICCI" continue de se réclamer). Ce n'est qu'à la fin de la réunion, et après un coup de chapeau à la présentation faite par le PCI sur la question palestinienne (même si elle admettait du bout des lèvres qu'il y ait des désaccords), que Sarah a fait une intervention, mais sur un sujet qui n'était pas directement à l'ordre du jour : la situation en Argentine. Et cette intervention était consacrée à dénoncer avec véhémence "l'indifférentisme" du CCI à propos des mouvements qui s'étaient produits dans ce pays à la fin 2001. Il faut d'ailleurs noter qu'elle n'a pas dit un mot de critique sur l'article publié dans Le Prolétaire n° 460 ("Les cacerolazos ont pu renverser les présidents, Pour combattre le capitalisme, il faut la lutte ouvrière") qui présente pourtant une analyse très proche de la nôtre (voir "Argentine, Une manifestation de la faillite du capitalisme", RI n° 319). La référence à "l'indifférentisme" du CCI était évidemment une grosse ficelle puisque c'est ainsi que le PCI qualifie souvent notre position sur la question nationale.
Sincèrement, les manœuvres de séduction de la part de Sarah étaient si grossières et empreintes d'une telle démagogie que nous avons peine à croire qu'elles aient pu avoir un impact sur les militants du PCI. Un militant communiste sérieux n'est pas comme le Corbeau sur son arbre et lorsqu'on vient le flatter comme l'a fait, tel le Renard de la fable, la représentante de la "FICCI", sa réaction normale doit être plutôt le scepticisme et la prudence pour ne pas lâcher son fromage au premier parasite venu !
C'est pour cela qu'il existe sûrement d'autres causes à la bienveillance manifestée par le PCI envers la "FICCI". Une de ces causes est peut-être que les militants du PCI, traumatisés par le régime interne qui existait par le passé dans l'organisation bordiguiste où le "monolithisme" était la règle officielle, ont tendance à prendre spontanément le parti de ceux qui se présentent comme "opprimés par les méthodes staliniennes du CCI", sans chercher à en savoir plus. En fait, leur réaction serait un peu sur le même modèle que celle des conseillistes qui, parce que les partis communistes sont devenus à un moment donné des ennemis du prolétariat, en déduisent que tout parti est destiné à trahir celui-ci et qu'il faut donc rejeter par principe toute tentative de constituer un parti révolutionnaire.
Mais il existe probablement une autre raison, plus fondamentale, à la démarche du PCI. Celui-ci, comme tous les autres PCI (Programma et Il Partito) considère qu'il est LE Parti, tous les autres groupes du courant de la Gauche communiste n'étant que des usurpateurs. La conception bordiguiste, contrairement à celle du CCI et de la Gauche italienne de la période de Bilan, considère qu'il ne peut exister qu'une seule organisation révolutionnaire au monde. La conséquence logique de cette vision est de renvoyer dos à dos le CCI et la "fraction" qui officiellement défendent la même position. C'est d'ailleurs ce que prétend faire le PCI dans son article. Mais s'il prend en réalité parti pour la "fraction", comme on l'a vu, c'est que la conception du "PCI seul au monde" conduit à la vision que les seuls rapports pouvant exister entre deux organisations se réclament de la Gauche communiste sont des rapports de rivalité et de concurrence. De ce fait, on aboutit à l'idée que tout ce qui peut discréditer les autres organisations est positif puisque cela "fait de la place" pour sa propre organisation. Si la "FICCI" peut créer des ennuis au CCI, considéré par le PCI comme un concurrent, et le discréditer, c'est bon à prendre. Telle est probablement la logique, même si elle n'est pas totalement consciente, qui explique l'accès spontané de sympathie qu'à provoqué la "FICCI" auprès des militants du PCI.
En 1978, lorsque le PCI avait été invité à participer à la deuxième conférence des groupes de la Gauche communiste, il avait annoncé son refus par un article publié dans Programma Comunista[13] sous le titre élégant de "La lutte entre Fottenti et Fottuti" (littéralement, entre "enculeurs et "enculés"). Pour le PCI, cette conférence n'avait d'autre signification que de permettre à chacun des groupes d'essayer de "baiser" les autres. Voilà la vision qu'avait cette organisation des rapports entre groupes de la Gauche communiste.
Le PCI d'aujourd'hui ne tient plus ce même langage et il a fait la critique de certaines de ses erreurs passées. Cependant, nous pensons qu'il lui reste encore un effort à faire pour se dégager totalement de la logique des "fottenti" et "fottuti" sachant que, jusqu'à présent, il n'a jamais fait la moindre critique de cette conception exprimée par le peu glorieux article de Programma Comunista.
En tout cas, même si le PCI n'avait pas l'intention d'être le "fottento" du CCI, ce qui est sûr c'est qu'il est bien parti pour être le "fottuto" de Jonas et de sa "fraction" !
CCI (21 octobre 2002)
[1] Il s'agit du PCI qui publie en Italie Il Comunista à ne pas confondre avec le PCI qui publie dans ce pays Il Programma Comunista et les Cahiers internationalistes en France ni avec le PCI qui publie Il Partito Comunista et La Gauche Communiste, chacun de ces trois PCI se désignant comme le véritable représentant du courant de la Gauche communiste d'Italie animé par Amadeo Bordiga après la seconde guerre mondiale.
[2] Voir à ce propos nos articles "Le combat pour la défense des principes de fonctionnement de l'organisation", "Le combat pour la défense des principes du mouvement ouvrier" et "Un groupe parasitaire qui sert admirablement la bourgeoisie" respectivement dans Révolution internationale n° 323, 324 et 326 ainsi que "Le combat pour la défense des principes organisationnels" dans la Revue internationale n° 110.
[3] Voir à ce sujet notre article "Le combat des organisations révolutionnaires contre la provocation et la calomnie" dans RI n° 321.
[4] Malgré cette lettre, la FICCI a le culot d'écrire dans son Bulletin n°13 : "nous voulons affirmer que pour notre part, nous n'avons jamais demandé à personne de prendre parti entre le CCI et la Fraction". C'est un nouveau mensonge éhonté de la "FICCI" bien dans la tradition de ce regroupement qui semble avoir fait sienne la devise de Goebbels, chef de la propagande nazie : "Un mensonge mille fois répété devient une vérité".
[5] BIPR (Bureau International pour le Parti Révolutionnaire - www.ibrp.org) : groupe se revendiquant de la Gauche communiste italienne constitué par le Partito Comunista Internazionalista en Italie et la Communist Workers' Organisation en Angleterre.
[6] Il faut noter que ces attaques étaient portées essentiellement de façon verbale par les militants du PCI et qu'on en trouve très peu d'exemples dans ses publications. En effet, à cette époque, alors que le PCI représentait à l'échelle internationale l'organisation la plus importante se réclamant de la Gauche communiste et qu'il affichait un dédain transcendantal à l'égard du CCI, sa presse ne daignait pas polémiquer avec la nôtre, sinon de façon exceptionnelle. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ce qu'évidemment nous saluons, sauf lorsque cette polémique se base sur des rumeurs infondées et non sur des réalités.
[7] Néanmoins, les camarades du PCI semblent toujours se revendiquer de ce "monolithisme" conduisant à exclure les "dissidents". C'est bien ce dont témoigne ce passage de l'article que Le Prolétaire a publié récemment, "En mémoire de Suzanne Voute" :
"Marginalisée dans le Parti, Suzanne cessa dès lors sa participation à la presse et aux organes centraux. De plus en plus réticente à l'activité qui était menée, elle bascula dans l'opposition ouverte à la fin des années soixante dix, quand commencèrent à se manifester les premiers signes d'une nouvelle crise politique, en accusant le Parti d'être tombé dans l'activisme et la direction de se faire l'agent d'influences opportunistes. Les divergences étaient telles qu'elles poussèrent Suzanne et les camarades qui la suivaient à constituer une sorte de groupe fractionniste à l'intérieur du Parti. L'impossibilité du travail en commun et la volonté de sa part et des militants qui partageaient ses orientations de ne pas quitter l'organisation en dépit de la rupture politique advenue dans les faits, conduisirent à la décision de les exclure en 1981." (Le Prolétaire n° 461, mars-avril 2002). Nous voulons relever ici que, aux dires même du Prolétaire, l'exclusion de Suzanne Voute était basée sur le fait qu'elle exprimait des désaccords avec l'orientation du PCI à cette époque et non sur ses comportements au sein de l'organisation. Le Prolétaire pourrait d'ailleurs nous dire si Suzanne, par exemple, racontait dans les couloirs ou à l'extérieur que tel militant du PCI était un "flic", etc. Pour ce qui concerne le CCI, les seules exclusions qu'il ait prononcées faisaient suite à la mise en évidence de "comportements indignes d'un militant communiste" (Chénier en 1981, Simon en 1995, Jonas au début 2002). Pour ce qui concerne l'exclusion de Jonas, la seule que nous ayons prononcée dernièrement (puisque, contrairement à ce qu'ils racontent, les autres membres de la "fraction" n'ont pas été exclus), le critère retenu n'avait rien à voir avec des "divergences politiques" qu'il n'a d'ailleurs jamais exprimées, mais sur le fait, comme c'est dit plus haut, qu'il avait "adopté des comportements dignes de ceux d'un agent provocateur".
[8] Il faut mesurer la gravité d'une telle accusation contre des militants communistes, surtout après les campagnes orchestrées par la bourgeoisie assimilant la Gauche communiste qui a refusé de marcher dans l'antifascisme au cours de la seconde guerre mondiale aux écoles "révisionnistes" qui remettent en cause l'extermination des juifs par les nazis et alimentent la propagande de l'extrême droite. Lorsque le PCI avait subi, il y a quelques années, une attaque sur ce thème (du fait qu'il avait publié l'excellente brochure "Auschwitz ou le grand alibi"), nous lui avions apporté, évidemment, notre pleine solidarité.
[9] A Toulouse, depuis l'explosion de l'AZF l'an dernier, il est extrêmement difficile de trouver des salles de réunion.
[10] Ainsi, lors de la fête de Lutte Ouvrière du printemps 2000, un de nos militants, Juan, aujourd'hui membre éminent de la "fraction", s'était montré très agressif (et de plus publiquement sous les yeux des militants de LO qui assistaient au "spectacle"), envers un vieux camarade qui voulait quitter notre organisation avec la perspective d'intégrer le BIPR. Nous lui avions demandé de se calmer et par la suite nous avons fait la critique de son comportement inadmissible. En même temps, nous avions fait nos excuses au camarade qui avait été rudoyé et qui estimait que le comportement agressif de Juan traduisait un certain "sectarisme" de notre part envers le BIPR. C'est d'ailleurs le même Juan qui s'est jeté rageusement sur l'un de nos camarades et lui a donné un coup de pied lorsqu'une délégation du CCI s'est présentée chez un membre de la "fraction" pour faire l'inventaire des documents appartenant au CCI qui étaient entreposés chez lui. Cette agression physique envers notre militant a fait suite à une provocation de Jonas. En effet, alors qu'il n'avait pas à participer à cet inventaire, Jonas était présent (à notre grande surprise !) et prenait ostensiblement des notes de la discussion entre nos camarades et les membres de la FICCI. C'est après que l'un de nos camarades ait pris des mains de Jonas (sans même effleurer celui-ci) le bout de papier sur lequel il écrivait que Juan s'est violemment jeté sur notre militant.
[11] A l'appui de cette hypothèse, il y a notamment son obsession, sans le début d'une preuve, sur le prétendu "antisémitisme" de certains de nos militants et les insultes grossières qu'il adresse à nos militants et sympathisants.
[12] D'ailleurs, comme par hasard, c'est après la publication de cet article du Prolétaire, que Jonas est enfin sorti de l'ombre, comme en témoigne le fait qu'il a trouvé l'audace de signer une "contribution" (sur les élections en Allemagne) publiée sur le site Internet de la FICCI (alors que pendant les trois décennies qu'il a passées dans le CCI, il n'a JAMAIS fait la moindre contribution écrite aux débats). Convaincu qu'il a maintenant des "alliés" parmi les groupes de la Gauche communiste, l'éminence grise de la FICCI peut désormais se donner une respectabilité en faisant sa première apparition "publique" à travers cet article (même s'il reste confortablement installé dans ses pantoufles et préfère envoyer ses amis de la FICCI aux permanences du PCI). Pour notre part, nous continuons à exiger que Jonas fasse appel à un Jury d'honneur. Tant qu'un tel jury n'aura pas statué sur son cas, nous estimons que cet individu n'a aucun droit de cité dans le milieu politique prolétarien.
[13] Qui était son journal en Italie avant la scission entre Il Comunista et Programma.