Le gangstérisme aussi frappe et ravage. Au nord du Mexique, au Venezuela, en Haïti… le commerce de la drogue et de la prostitution s’épanouit, laissant dans son sinistre sillage tueries et viols de masse.
Partout, la misère se développe. Dans un pays comme le Royaume-Uni, une grande partie de la population n’a plus accès aux soins dentaires. Une expression terrible est apparue dans la presse pour qualifier ces gens qui se comptent par millions : « Les sans dents ».
Pour le dire en une phrase : Le capitalisme menace la survie de l’humanité. Si la classe ouvrière ne parvient pas à mettre à bas le capitalisme, ce système décadent va s’enfoncer dans la barbarie jusqu’à la mort de tous. La seule alternative, c’est la révolution prolétarienne mondiale. Pour y parvenir, notre classe doit développer ses luttes, son organisation et sa conscience à l’échelle internationale.
Depuis l’été 2022, sous les coups de boutoirs de la crise économique, la classe ouvrière a commencé à réagir. Les grèves qui ont éclaté au Royaume-Uni ont annoncé le retour du prolétariat sur le terrain de la lutte. En deux ans, des grèves qualifiées « d’historiques » par les médias ont eu lieu en France, aux États-Unis, au Canada, en Suède, en Allemagne, en Islande, au Bangladesh… Mais ce n’est là qu’un début, un premier pas. Le prolétariat a face à lui un très long chemin vers la révolution. Il va lui falloir apprendre dans les luttes comment s’unir et comment s’organiser, à repérer les pièges tendus par la bourgeoisie, à identifier ses « faux-amis » : les syndicats et les organisations de la gauche du Capital qui feront tout pour saboter de « l’intérieur » le processus révolutionnaire. La bourgeoisie est une classe machiavélique, elle est même la classe dominante la plus intelligente de l’Histoire. Pour conserver ses privilèges, elle sera prête à tous les crimes, toutes les manipulations, tous les mensonges. La classe ouvrière va devoir élever son niveau de conscience et d’organisation à la hauteur de cet adversaire. Plus encore, elle va devoir élever son niveau de conscience et d’organisation à la hauteur de la nouvelle société à instaurer, une société mondiale qui, à terme, sera sans classe ni frontière, sans exploitation ni concurrence, sans État. La révolution prolétarienne est sans aucun doute la plus haute marche qu’ait eu à franchir l’humanité.
La difficulté fondamentale de la révolution socialiste réside dans cette situation complexe et contradictoire : d’une part la révolution ne peut se réaliser qu’en tant qu’action consciente de la grande majorité de la classe ouvrière ; d’autre part cette prise de conscience se heurte aux conditions qui sont faites aux ouvriers dans la société capitaliste, conditions qui empêchent et détruisent sans cesse la prise de conscience par les ouvriers de leur mission historique révolutionnaire. Laissées à leur propre développement interne, les luttes des ouvriers contre les conditions d’exploitation capitaliste peuvent mener tout au plus à des explosions de révolte, réactions absolument insuffisantes pour la transformation sociale. Aller au-delà des expériences de luttes particulières, cumuler l’expérience historique du prolétariat, défendre et propager la conscience des finalités du mouvement, c’est le rôle politique crucial du Parti révolutionnaire. Le parti tire sa substance théorique, non des contingences et du particularisme de la position économique des ouvriers, mais du mouvement des possibilités et des nécessités historiques. Seule 1’intervention de ce facteur permet à la classe de passer de la révolte à la révolution. Le Parti est l’arme indispensable du prolétariat à la victoire finale, au succès de sa révolution.
Pour l’instant, ce Parti ne peut exister : la classe ouvrière est trop loin d’un processus révolutionnaire, sa conscience et sa capacité à s’organiser sont trop faibles. La fraction la plus déterminée et la plus claire du prolétariat, celle qui a conscience de ses buts généraux et historiques, ne peut qu’être regroupée sous la forme de petites organisations révolutionnaires.
Ces petites organisations révolutionnaires n’en ont pas moins un rôle immense et crucial pour l’avenir. Elles doivent s’organiser sur la base des intérêts historiques du prolétariat en vue de donner une orientation politique claire au mouvement et de favoriser activement le développement de la conscience de classe. Elles doivent aussi dès maintenant œuvrer à la préparation de la fondation du futur Parti. Pour cela, il leur faut sans cesse vérifier la véracité de leurs analyses face à l’évolution des événements, débattre et élaborer leurs positions, puiser dans l’histoire du mouvement ouvrier les leçons essentielles, lutter contre la pénétration en leur sein de l’idéologie dominante, défendre les forces et les positions autour desquelles se construira le futur Parti.
L’histoire a montré combien il est difficile de construire un parti à la hauteur de ses responsabilités, une tâche qui requiert des efforts nombreux et variés. Elle exige avant tout la plus grande clarté sur les questions programmatiques et sur les principes de fonctionnement de l’organisation, une clarté qui se fonde nécessairement sur toute l’expérience passée du mouvement ouvrier et de ses organisations politiques.
À chaque étape de l’histoire du mouvement ouvrier, la Gauche s’est distinguée comme la meilleure représentante de cette clarté, apportant une contribution décisive à l’avenir de la lutte. « Ce fut elle qui assura la continuité entre la Ie et la IIe Internationale à travers le courant marxiste, en opposition aux courants proudhonien, bakouniniste, blanquiste, et autres corporativistes. Entre la IIe et la IIIe Internationale, c’est encore la Gauche, celle qui mena le combat tout d’abord contre les tendances réformistes, ensuite contre les 'social-patriotes', qui assura la continuité pendant la Première Guerre mondiale en formant l’Internationale communiste. De la IIIe Internationale, c’est encore la Gauche, la 'Gauche communiste', et en particulier les Gauches italienne et allemande, qui ont repris et développé les acquis révolutionnaires foulés au pied par la contre-révolution social-démocrate et stalinienne ». (« La continuité des organisations politiques du prolétariat », Revue Internationale n° 50).
Le Parti communiste mondial, qui sera à l’avant-garde de la révolution prolétarienne de demain, devra s’appuyer sur l’expérience et la réflexion de tous ces courants de gauche, de toute cette filiation historique. C’est précisément en s’encrant dans cette filiation, en s’efforçant de toujours respecter les principes essentiels de ces courants que, face à l’épreuve de vérité de la Seconde Guerre mondiale, la Gauche communiste fut la seule à rester fidèle à l’internationalisme.
Les groupes de la Gauche communiste surgirent dès 1920 dans différents pays (Russie, Allemagne, Italie, Hollande, Grande-Bretagne, Belgique…). Ils n’atteignirent pas tous le même niveau de clarté et de cohérence et la majorité d’entre eux ne put résister à la terrible contre-révolution capitaliste. Ils disparurent victimes de l’action conjuguée de la répression des staliniens et des fascistes, de la démoralisation et de la confusion ambiantes. Dans les années 1930, seuls les groupes les plus cohérents réussirent à se maintenir et parmi eux la Gauche communiste d’Italie fut la plus claire et conséquente. Le groupe “Internationalisme” (1945-52), issu de cette dernière, parvint à une synthèse critique et cohérente du travail, très dispersé, des différents groupes de la Gauche Communiste : [1]
Ces positions de la Gauche communiste sont le nécessaire point de départ de tout le processus révolutionnaire à venir. Expression de la lutte historique du prolétariat, sa réappropriation par les masses ouvrières est la condition indispensable pour que son combat puisse apporter une solution révolutionnaire à la crise sans issue du capitalisme mondial. Le futur parti mondial, s’il veut apporter une réelle contribution à la révolution communiste, devra fonder son programme et ses méthodes d’action sur l’expérience et l’héritage de la Gauche communiste.
Nous reprenons ainsi à notre compte les mots de nos prédécesseurs : « La continuité historique entre l’ancien et le nouveau parti de la classe ne peut s’effectuer qu’au travers du canal de la Fraction, dont la fonction historique consiste à faire le bilan politique de l’expérience, de passer au crible de la critique marxiste les erreurs et l’insuffisance du programme d’hier, de dégager de l’expérience les principes politiques qui complètent l’ancien programme et sont la condition d’une position progressive du nouveau programme, condition indispensable pour la formation du nouveau parti. En même temps que la Fraction est un lieu de fermentation idéologique, le laboratoire du programme de la révolution dans la période de recul, elle est aussi le camp où se forgent les cadres, où se forme le matériel humain, les militants du futur parti. » (L’Etincelle, n° 10, janvier 1946).
C’est pourquoi, face à la guerre en Ukraine, le CCI a lancé avec Internationalism Voice et l’Istituto Onorato Damen un Appel commun à toutes les organisations de la Gauche communiste. En se fondant sur l’héritage de la conférence de Zimmerwald, le CCI voulait par cet appel non seulement brandir l’étendard internationaliste mais aussi plus généralement défendre la filiation historique, les principes et le fonctionnement de la Gauche communiste. Cet Appel devait être et est une pierre blanche déposée sur le chemin vers la révolution et le Parti. Un jalon pour préparer l’avenir.
Cet Appel commun a été rejeté par le reste de la Gauche communiste. Les différents « Partis Communistes Internationaux » (Programma communista, Il Partito Communsita, Le Prolétaire/Il Communista) l’ont ignoré par sectarisme revendiqué. Quant à la deuxième plus importante organisation de la Gauche communiste, la Tendance Communiste Internationaliste, elle a préféré à cet appel l’aventure des comités No war but the class war parce ce que, selon elle, il serait « nécessaire de voir au-delà de la ‘Gauche communiste’ ».
Le refus d’un travail commun avec d’autres groupes de la Gauche communiste défendant les principes historiques de ce courant au bénéfice d’une collaboration avec des forces du "marais" (la zone confuse entre les positions prolétariennes et celles la gauche de la bourgeoisie), cela porte un nom : l’opportunisme. Cette politique est particulièrement dangereuse parce qu’elle porte en elle la liquidation de toutes les leçons organisationnelles dont la Gauche communiste se revendique et est le fruit. Elle tourne le dos à la responsabilité principale qui nous incombe, celle de préparer la construction d’un futur parti armé du meilleur de la tradition du mouvement ouvrier, du combat de toutes ses gauches successives.
Cette dynamique opportuniste de la TCI l’amène d’ailleurs aujourd’hui jusqu’à balayer les leçons vitales de la lutte du courant marxiste au sein de l’AIT contre le poison mortel du parasitisme politique représenté par la tendance Bakounine pour justifier son ouverture aux groupes parasites actuels. Pire encore, elle n’hésite plus à s’accoquiner ouvertement avec une organisation menant une politique systématique de mouchardage, comme l’est le Groupe International de la Gauche Communiste (GIGC, ex-FICCI).
L’opportunisme, qui a constitué historiquement le plus grave danger pour les organisations du prolétariat, est une expression de la pénétration en leur sein d’idéologies étrangères, bourgeoises et surtout petite-bourgeoises. Il se distingue par le fait qu’il tend à sacrifier les intérêts généraux et historiques du prolétariat au bénéfice d’illusoires « succès » immédiats et circonstanciels. Un des moteurs de l’opportunisme est l’impatience qui exprime la vision d’une couche de la société condamnée à l’impuissance au sein de celle-ci et qui n’a aucun avenir à l’échelle de l’histoire. « L’opportunisme veut tenir compte d’une situation de conditions sociales qui ne sont pas arrivées à maturité. Il veut 'un succès immédiat'. L’opportunisme ne sait pas attendre et c’est pourquoi les grands événements lui paraissent toujours inattendus », écrivit Trotsky dans « 1905 ».
L’opportunisme est un poison mortel qui tente constamment à s’infiltrer dans les rangs des organisations révolutionnaires. Pour lui résister, il faut donc lui opposer un combat tout aussi permanent et déterminé, aiguiser sans cesse l’arme de la théorie :
En se vautrant aujourd’hui sans vergogne dans l’opportunisme, en tournant le dos aux combats successifs de l’aile gauche révolutionnaire menés depuis Marx et Engels, la TCI s’inscrit dans une longue tradition, celle qui a toujours mené au désastre. Cette politique calamiteuse, elle la mène parce que, jusqu’à maintenant, elle a refusé de faire la critique de ses erreurs originelles, se condamnant ainsi elle-même à reproduire sans cesse la même démarche opportuniste, en toujours pire. Lors de sa fondation en 1943, son ancêtre, le Parti Communiste internationaliste (PCint), avait admis en son sein et sans la moindre critique :
Pour préparer la construction du futur Parti, arme indispensable à la réussite de la révolution, la lutte contre l’opportunisme par l’aile gauche doit se poursuivre. C’est ce que se propose de faire la publication d'un ensemble d'articles introduite par celui-ci. Il s’agit d’un combat politique intransigeant qui se déroule au sein du camp révolutionnaire. Nous appelons ainsi tous nos lecteurs à se rattacher aux racines historiques de ce combat, à faire leur cette filiation et cette défense des principes organisationnels prolétariens, à participer à cette préparation de l’avenir. Nous appelons aussi la TCI à faire sienne ce principe prolétarien si bien exposé par Rosa Luxemburg : « Le marxisme est une vision révolutionnaire du monde qui doit appeler à lutter sans cesse pour acquérir des connaissances nouvelles, qui n’abhorre rien tant que les formes figées et définitives et qui éprouve sa force vivante dans le cliquetis d’armes de l’autocritique et sous les coups de tonnerre de l’histoire ». (Critique des critiques).
Rappelons ainsi comment, en 1903, Lénine pointait avec humour le ridicule orgueil blessé des futurs Mencheviks : « L’esprit de cercle et le défaut de maturité politique frappant, qui ne peut supporter le vent frais d’un débat public, apparaît ici en toute netteté […]. Imaginez un instant qu’une pareille absurdité, qu’une querelle comme la plainte d’une “fausse accusation d’opportunisme” ait pu se produire dans le parti allemand ! L’organisation et la discipline prolétariennes ont depuis longtemps fait oublier là-bas cette veulerie d’intellectuels […]. Seul l’esprit de cercle le plus routinier, avec sa logique : un coup de poing dans la mâchoire, ou bien la main à baiser, s’il vous plaît, a pu soulever cette crise d’hystérie, cette vaine querelle et cette scission du Parti autour d’une “fausse accusation d’opportunisme”. (Un pas en avant Deux pas en arrière, Chapitre « Ceux qui ont souffert d’être faussement accusés d’opportunisme »).
(Mars 2024)
L'indignation et l'inquiétude de la classe ouvrière face à la prolifération de guerres impérialistes de plus en plus destructrices s'expriment dans de petites minorités qui cherchent une réponse internationaliste.
Mais qu'est-ce que l'internationalisme ? Au nom de l'internationalisme, les groupes gauchistes - principalement les trotskistes - nous demandent de choisir un camp parmi les gangsters impérialistes. Pour eux, choisir la Palestine au nom de la "libération nationale des peuples" serait la réponse la plus internationaliste ! Ils nous vendent donc un "internationalisme" qui est son contraire, car l'internationalisme, c'est la lutte contre tous les camps impérialistes, la lutte de classe internationale, la perspective de la révolution mondiale qui seule peut mettre fin à la guerre.
Il existe d'autres visions de l'internationalisme. Ainsi les anarchistes ont tendance à le réduire à un rejet : rejet des armées, rejet du service militaire, rejet des guerres en général. Ces visions ne vont pas à la racine du problème, qui est la décadence du capitalisme et sa dynamique de destruction de la planète et de toute l'humanité.
Il faut donc d'abord clarifier ce qu'est l'internationalisme, en s'appuyant sur l'expérience historique du prolétariat.
La lutte contre la guerre ne peut être confiée à des hommes de bonne volonté ou à des politiciens sages et pacifiques... la lutte contre la guerre est une question de classe. Seule la classe ouvrière porte en elle la perspective communiste, la force et les intérêts qui lui permettent de mettre fin à la guerre.
C'est pourquoi nous disons dans notre Troisième Manifeste International : "De toutes les classes de la société, la plus affectée et la plus durement touchée par la guerre est le prolétariat. La guerre "moderne" est menée par une gigantesque machine industrielle qui exige une grande intensification de l'exploitation du prolétariat. Le prolétariat est une classe internationale qui n'a pas de patrie, mais la guerre est le meurtre des travailleurs pour la patrie qui les exploite et les opprime. Le prolétariat est la classe de la conscience ; la guerre est l'affrontement irrationnel, le renoncement à toute pensée et réflexion consciente. Le prolétariat a intérêt à rechercher la vérité la plus claire ; dans les guerres, la première victime est la vérité, enchaînée, bâillonnée, étouffée par les mensonges de la propagande impérialiste. Le prolétariat est la classe de l'unité au-delà des barrières de langue, de religion, de race ou de nationalité ; l'affrontement mortel de la guerre oblige au déchirement, à la division, à la confrontation entre les nations et les populations"[1].
L'internationalisme est l'expression la plus cohérente de la conscience et de l'intérêt historique du prolétariat.
La pierre angulaire de l'internationalisme se trouve dans les Principes du communisme de 1847, où, au point XIX, Friedrich Engels demande : "Une révolution est-elle possible dans un seul pays ?" et sa réponse est claire : "Non. En créant le marché mondial, la grande industrie a déjà mis tous les peuples de la Terre, et surtout les peuples civilisés, en relation si étroite les uns avec les autres qu'aucun d'entre eux n'est indépendant de ce qui arrive aux autres. En outre, elle a coordonné le développement social des pays civilisés à tel point que, dans tous ces pays, la bourgeoisie et le prolétariat sont devenus les classes décisives, et la lutte entre eux la grande lutte de l'heure. Il s'ensuit que la révolution communiste ne sera pas seulement un phénomène national, mais qu'elle doit se produire simultanément dans tous les pays civilisés, c'est-à-dire au moins en Angleterre, en Amérique, en France et en Allemagne. Elle se développera dans chacun de ces pays plus ou moins rapidement, selon que l'un ou l'autre aura une industrie plus développée, une richesse plus grande, une masse de forces productives plus importante. Ainsi, c'est en Allemagne qu'elle sera la plus lente et rencontrera le plus d'obstacles, en Angleterre qu'elle sera la plus rapide et rencontrera le moins de difficultés. Elle aura un impact puissant sur les autres pays du monde et modifiera radicalement le cours du développement qu'ils ont suivi jusqu'à présent, tout en en accélérant fortement le rythme. C'est une révolution universelle et, par conséquent, elle aura une portée universelle".
Le Manifeste communiste réaffirme et approfondit ce principe en proclamant "le prolétariat n'a pas de patrie, prolétaires du monde unissez-vous !".
Dans les années soixante du XIXe siècle, Marx et Engels ont combattu le panslavisme qui s'opposait à l'unité internationale de la classe ouvrière et ont défendu que le soutien à certaines guerres nationales pouvait accélérer les conditions de la révolution mondiale, mais pas au nom d'un soi-disant "droit national". Ce fut le cas de la guerre civile aux États-Unis et de la guerre franco-allemande de 1870. Comme le dit Lénine dans sa brochure "Le socialisme et la guerre", écrite juste avant la conférence de Zimmerwald en 1915 : "La guerre de 1870 était une "guerre progressive" comme celles de la révolution française qui, tout en apportant incontestablement tous les éléments de pillage et de conquête, ont eu pour fonction historique de détruire ou d'ébranler le féodalisme et l'absolutisme dans toute la vieille Europe encore fondée sur le servage"[2] .
La IIe Internationale est confrontée à un changement clair dans les guerres qui prennent de plus en plus un caractère impérialiste. Ainsi, en 1900, lors du congrès de Paris, elle adopte la position suivante : "les députés socialistes au Parlement de tous les pays sont tenus de voter contre toutes les dépenses militaires et navales, et contre les expéditions coloniales".
Mais la gravité croissante des tensions impérialistes, qui exprimaient le point de départ de la décadence du capitalisme et la nécessité d'une révolution prolétarienne mondiale, a fait naître le besoin de faire de l'internationalisme non seulement une position défensive de rejet de la guerre - dans laquelle la majorité de la Deuxième Internationale tendait à rester - mais de faire de la lutte contre la guerre la lutte pour la destruction du capitalisme, la lutte pour la révolution prolétarienne mondiale. C'est pourquoi au Congrès de Stuttgart (1907), face à une proposition de résolution sur la guerre d'August Bebel, formellement correcte mais trop timide et limitée, Lénine, Rosa Luxemburg et Martov ont proposé un amendement, finalement adopté, qui insistait sur la nécessité de "profiter par tous les moyens de la crise économique et politique pour soulever les peuples et précipiter ainsi la chute de la domination capitaliste".
De même, le Congrès extraordinaire de Bâle (1912) dénonce une éventuelle guerre européenne comme "criminelle" et "réactionnaire" et déclare qu'elle ne peut que "hâter la chute du capitalisme en provoquant immanquablement la révolution prolétarienne".
Cependant, la majorité des partis de la IIe Internationale "dénonçait surtout la guerre pour ses horreurs et ses atrocités, parce que le prolétariat fournissait la chair à canon à la classe dominante. L'antimilitarisme de la IIe Internationale était purement négatif (...) En particulier, l'interdiction de voter des crédits de guerre ne résolvait pas le problème de la "défense du pays" contre l'attaque d'une "nation agresseur". C'est par cette brèche que s'est engouffrée la meute des social-chauvins et des opportunistes"[3]
Face aux limites de la position majoritaire des partis de la IIe Internationale, à leurs confusions sur la question nationale et même au colonialisme de Hyndman de la Fédération sociale-démocrate de Grande-Bretagne, seule la gauche de la IIe Internationale, en particulier les bolcheviks et Rosa Luxembourg, a défendu l'internationalisme contre la guerre impérialiste et était pour la révolution prolétarienne mondiale. Ils ont clairement indiqué que l'internationalisme est la frontière qui sépare les communistes de tous les partis et organisations qui défendent la guerre capitaliste.
La réaction à la Première Guerre mondiale a clairement établi une distinction entre l'internationalisme d'une petite minorité des partis sociaux-démocrates et le chauvinisme de la grande majorité qui a détruit la Deuxième Internationale. Les internationalistes se regroupent lors des conférences de Zimmerwald qui débutent en septembre 1915.
Mais Zimmerwald n'est qu'un point de départ car il exprime aussi une grande confusion. Le mouvement de Zimmerwald était l'émanation des partis de la moribonde IIe Internationale qui s'était effondrée en 1914 et regroupait donc un ensemble de forces totalement hétérogènes, unies seulement par un rejet général de la guerre, mais dépourvues d'un véritable programme internationaliste.
Il y a les partisans d'un impossible retour au capitalisme d'avant la Première Guerre mondiale, qui appellent à la "paix" et veulent cantonner la lutte au parlement, en s'abstenant ou en refusant de voter les crédits de guerre (Ledebour du SPD). Il y a les pacifistes purs et durs, une aile centriste hésitante (Trotski, Spartacistes) et, enfin, la minorité claire et déterminée autour de Lénine et des bolcheviks, la gauche de Zimmerwald.
Comme le dit notre article dans International Review 155 : "dans le contexte de Zimmerwald, que la droite est représentée non pas par les "social-chauvins", pour reprendre le terme de Lénine, mais par Kautsky et consorts –tous ceux qui formeront plus tard la droite de l’USPD 3– alors que la gauche est constituée par les bolcheviks et le centre par Trotsky et le groupe Spartakus de Rosa Luxemburg. Le processus qui mène vers la révolution en Russie et en Allemagne est justement marqué par le fait qu’une grande partie du "centre" est gagnée par les positions bolcheviks"[4] .
Dès le début, seuls les bolcheviks ont proposé une réponse internationaliste authentique et cohérente en défendant trois points essentiels :
C'est autour de ces trois points qu'ils ont mené une lutte opiniâtre et inébranlable. Ils étaient conscients de la confusion qui régnait dans le "mouvement Zimmerwald" et que ce terrain marécageux de l'éclectisme, de la coexistence du "feu et de l'eau", conduisait au désarmement de la lutte anti-guerre et à l'affaiblissement de la perspective révolutionnaire qui mûrissait, avec les ouvriers de Russie à sa tête.
Il est vrai que les bolcheviks ont signé le compromis du Manifeste de Zimmerwald en 1915, mais cela ne signifiait pas l'acceptation de cette confusion, en particulier le ton pacifiste du Manifeste, mais la reconnaissance qu'il pouvait, en dénonçant les sociaux patriotes à l'ensemble de la classe ouvrière, être un premier pas dans l'adoption d'une ligne internationaliste intransigeante vers une nouvelle Internationale. En conservant leurs critiques du centrisme de Zimmerwald, les bolcheviks pouvaient poursuivre le nécessaire processus de décantation. Au vu des résultats de la conférence de Zimmerwald, les bolcheviks ont adopté les décisions suivantes :
Aujourd'hui, la Tendance Communiste Internationaliste et les parasites prétendent être les disciples de Zimmerwald. Ils mettent beaucoup de "likes" sur Zimmerwald. Cependant, son sens a été délibérément obscurci, voire inversé par la TCI et les éléments parasitaires déguisés en internationalistes. Pour la TCI, l'objectif de Zimmerwald était soi-disant de regrouper le plus grand nombre possible d'opposants à la guerre comme moyen pratique d'organiser les masses. "Ce n'est pas le moment de choisir parmi ceux qui s'opposent à la guerre sur la base d'un programme révolutionnaire. En premier lieu, comme avant Zimmerwald, toutes les énergies révolutionnaires et internationalistes valent la peine d'être regroupées. Mais plus encore, l'exemple de la France est significatif avec le Comité pour la Reprise des Relations internationales (CRRI), qui a été le plus actif et le cœur de l'opposition ouvrière à la guerre. Dès sa création, il regroupe des syndicalistes révolutionnaires, ainsi que des militants du Parti socialiste, la section de l'Internationale qui a échoué. En effet, la raison d'être de la CRRI était son opposition à la guerre et à l'Union sacrée, pour rassembler les différents opposants à celles-ci, issus du syndicalisme, du socialisme et de l'anarchisme"[5] . Il est clair que cette déformation et ce mépris des faits visent à justifier l'opportunisme de l'entreprise "No War But the Class War" (NWBCW)[6], contrairement aux bolcheviks qui, bien que très minoritaires, ont insisté sur le rejet du pacifisme, le rejet de la tentative de ressusciter la Deuxième Internationale et ont engagé la lutte pour le parti mondial. Le principe directeur des bolcheviks était de développer une "ligne de travail" pour la classe ouvrière à l'époque des guerres impérialistes, contre le marasme de la confusion centriste, même si cela signifiait, à l'époque, l'isolement numérique.
Zimmerwald n'était pas un regroupement d'éléments "anti-guerre", comme le prétendent la TCI et les parasites, même si au départ il était encore conçu comme un regroupement au sein des partis sociaux-démocrates à une époque où ces derniers étaient encore la référence politique de l'ensemble du prolétariat. L'orientation prise par les bolcheviks était la lutte pour surmonter cette confusion et aller vers la formation de la Troisième Internationale. Zimmerwald était compris comme étant sur un terrain de classe. Mais un processus de décantation se met en place qui conduit les centristes à la contre-révolution, et donc à soutenir leur propre bourgeoisie nationale, tandis que la gauche intransigeante reste le seul courant prolétarien internationaliste.
Le combat de la gauche de Zimmerwald a été validé dans la pratique par la révolution prolétarienne d'octobre 1917, qui a fait du slogan internationaliste "transformer la guerre impérialiste en guerre civile" une réalité. Le retrait immédiat du nouveau régime soviétique de l'alliance impérialiste de l'Entente au milieu de la Première Guerre mondiale et la publication des traités secrets – relatifs à "qui gagnerait quoi" en cas de victoire - ont provoqué une onde de choc dans la bourgeoisie mondiale, tandis que l'essor révolutionnaire de la classe ouvrière européenne a reçu une formidable impulsion, qui s'est traduite par le quasi-succès de la révolution allemande et la formation de l'Internationale communiste en 1919.
Si la voie de l'internationalisme durant la Première Guerre mondiale passait par la lutte de la gauche contre l'opportunisme des social-chauvins et des centristes, la continuité de cette voie dans les années 20 et 30 passait par la lutte de la gauche communiste contre la dégénérescence de l'Internationale communiste dans les années 20, puis contre celle de l'Opposition de gauche de Trotsky dans les années 30. Le Comintern, en raison de l'isolement et de la dégénérescence de la révolution en Russie, a de plus en plus capitulé devant les chauvins sociaux de la social-démocratie passée à l'ennemi, à travers la politique des Fronts unis et des gouvernements ouvriers. La politique de la IIIe Internationale est devenue de plus en plus le prolongement des intérêts de l'État russe au lieu des besoins de la révolution internationale, ce qui a contribué aux défaites de cette dernière en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Chine. Cette politique a été consolidée par l'adoption en 1928 par le Comintern du slogan nationaliste, "Le socialisme dans un seul pays", et par la capitulation complète de l'État russe dans le jeu de l'impérialisme mondial avec l'entrée de la Russie dans la Société des Nations en 1934.
La Gauche communiste a été la première à s'opposer à cette tendance, en particulier la tradition de la Gauche communiste italienne, qui a finalement été exclue du Parti communiste italien et de l'Internationale communiste. Elle a formé une Fraction en exil et, par la suite, une Fraction internationale de la Gauche communiste.
La défaite de la vague révolutionnaire internationale en 1928 a ouvert la voie à une nouvelle guerre mondiale impérialiste, et seule la gauche communiste est restée fidèle à la lutte internationaliste du prolétariat révolutionnaire, tant pendant la période précédant la Seconde Guerre mondiale que pendant et après la guerre elle-même.
Bilan a tracé une ligne de démarcation claire contre l'Opposition de Gauche autour de Trotsky sur la question clé de la défense de l'URSS, une position qui a contribué à entraîner le courant trotskiste dans le soutien à la guerre impérialiste :
Néanmoins, l'épreuve de vérité internationaliste pour les groupes et fractions révolutionnaires qui avaient été expulsés du Comintern en pleine dégénérescence a été la guerre en Espagne à partir de 1936, où le conflit entre les ailes républicaines et fascistes de la bourgeoisie espagnole est devenu le terrain d'une bataille par procuration entre les puissances impérialistes concurrentes, la Grande-Bretagne et la France, la Russie, l'Allemagne et l'Italie. Pourtant, les trotskystes qui avaient été exclus des partis communistes notamment pour leurs tentatives de défendre l'internationalisme, défendaient maintenant, au nom de l'antifascisme et de manière "critique" le camp républicain et trahissaient ainsi le prolétariat, qu'ils encourageaient à choisir un camp dans cette répétition générale inter-bourgeoise et inter-impérialiste de la Seconde Guerre mondiale.
Bilan doit lutter contre cette tendance à la capitulation qui entraîne les groupes prolétariens dans sa chute. Sa fidélité intransigeante à l'internationalisme le conduit alors à un isolement dramatique : seuls de petits groupes en Belgique ou au Mexique se joignent à son combat.
Cependant, la gauche communiste elle-même n'est pas à l'abri des dangers de l'opportunisme. Une minorité de la Fraction italienne rompt avec cette dernière et ses principes internationalistes et rejoint le combat antifasciste en Espagne.
Et la Seconde Guerre mondiale a trouvé la Fraction italienne en plein désarroi, son représentant le plus notable, Vercesi, affirmant que le prolétariat avait disparu et que la lutte politique pour l'internationalisme n'était plus viable. Ce n'est qu'avec une extrême difficulté qu'une partie de la Fraction italienne - prise entre la Gestapo et la résistance - réussit à se regrouper dans le Sud de la France et à proclamer les positions internationalistes de la Gauche communiste, c'est-à-dire contre les deux camps impérialistes, qu'ils soient "fascistes" ou "antifascistes".
Séparément, en 1943, le Partito Comunista Internazionalista (PCInt) a été formé en Italie du Nord, après le renversement de Mussolini, et a poursuivi la politique internationaliste de la Gauche communiste. Cependant, négligeant la critique de l'opportunisme du Comintern par la Fraction italienne en exil, et ignorant l'objectif de tirer les leçons d'une période de défaite pour le prolétariat, y compris l'intransigeance internationaliste face à la guerre en Espagne, le PCInt est revenu à la politique "d'aller vers les masses" et a imaginé qu'il pourrait transformer les partisans en Italie, c'est-à-dire les forces antifascistes travaillant pour le compte de l'impérialisme allié, en véritables internationalistes.[7]
Alors que le PCInt abandonnait prématurément le nécessaire travail de fraction internationale contre cette dérive opportuniste, la Gauche Communiste de France (qui publiait Internationalisme) poursuivait résolument le travail de la Fraction, élaborait les positions que Bilan avait commencé à développer. Le GCF dénonce clairement la fausse opposition Fascisme/Démocratie qui avait été l'étendard de la mobilisation pour la boucherie impérialiste, tandis qu'après la seconde guerre mondiale, et face à la nouvelle configuration impérialiste (la lutte entre les USA et l'URSS), il dénonce le moyen supplémentaire d'enrôlement pour la guerre : la "libération nationale" des "peuples opprimés" (Vietnam, Palestine, etc.).
Nous pouvons conclure que seule la gauche communiste est restée fidèle au prolétariat en défendant l'internationalisme contre les innombrables massacres militaires qui ont ensanglanté la planète depuis 1914. C'est pourquoi, dans notre Troisième Manifeste International, nous disons :
"Dans des situations historiques graves, telles que des guerres à grande échelle comme celle en Ukraine, le prolétariat peut voir qui sont ses amis et qui sont ses ennemis. Les ennemis ne sont pas seulement les grands leaders, comme Poutine, Zelensky ou Biden, mais aussi les partis d’extrême droite, de droite, de gauche et d’extrême gauche qui, avec les arguments les plus divers, y compris le pacifisme, soutiennent et justifient la guerre et la défense d’un camp impérialiste contre l’autre ".[8]
La continuité historique critique des positions communistes défendues et développées au cours du siècle dernier par la Gauche Communiste est la seule capable de fournir un corps d'analyse (nature du capitalisme, décadence, impérialisme, économie de guerre, décomposition capitaliste, etc.), une continuité dans les débats et dans l'intervention dans la classe, une cohérence, qui fournissent les armes de lutte pour la révolution communiste mondiale contre toutes les manifestations de la barbarie capitaliste et, surtout, de la guerre impérialiste.
Contre l'infâme carnage en Ukraine, le CCI a proposé une Déclaration commune de la gauche communiste qui a été signée par 3 autres groupes. Face à la nouvelle barbarie impérialiste à Gaza, nous avons lancé un appel à "la réalisation d'une déclaration commune contre toutes les puissances impérialistes, contre les appels à la défense nationale derrière les exploiteurs, contre les appels hypocrites à la "paix", et pour la lutte de classe prolétarienne qui mène à la révolution communiste".
Toutes les forces de la bourgeoisie (partis, syndicats, institutions telles que les églises, l'ONU, etc.) appellent les prolétaires à choisir un camp parmi les bandits impérialistes, à accepter les terribles sacrifices qu'impose la dynamique guerrière du capitalisme, bref, à se laisser prendre dans la machinerie de guerre et de destruction qui conduit à l'anéantissement de la planète et de l'humanité tout entière. Seule la voix de la Gauche communiste s'élève clairement contre ce concert des morts.
La déclaration commune et l'appel du CCI au milieu politique prolétarien sectaire et opportuniste d'aujourd'hui s'inscrivent dans la continuité de l'attitude des bolcheviks de Zimmerwald à l'égard des centristes. Les groupes de la Gauche Communiste sont le seul terrain de classe minimum solide pour une perspective internationaliste aujourd'hui. Or, les groupes de la Gauche Communiste issus du PCInt ont refusé de signer les propositions communes. Mais si ces groupes avaient signé les déclarations communes, cela aurait constitué un phare politique pour les forces révolutionnaires émergentes et aurait pu ouvrir un processus plus intense de décantation politique. La déclaration commune et l'appel[9] ont été conçus comme un premier pas vers la décantation politique nécessaire que la formation du futur parti exigera.
La bourgeoisie a besoin de faire taire la voix internationaliste de la gauche communiste. À cette fin, elle mène une guerre secrète et sournoise. Dans cette guerre, elle n'utilise pas ouvertement les organes répressifs de l'État ou les grands médias. Compte tenu de la petite taille, de l'influence réduite, de la division et de la dispersion des groupes de la Gauche Communiste, la bourgeoisie utilise les services des parasites.
Les parasites prétendent être internationalistes, rejetant les différentes parties par des déclarations grandiloquentes, mais tous leurs efforts se concentrent sur le dénigrement, la calomnie et la dénonciation des groupes authentiquement internationalistes comme le CCI. Il s'agit de mouchards et de gangsters comme le GIGC qui utilisent le verbiage "internationaliste" comme passeport pour attaquer les organisations communistes. Leurs méthodes sont la calomnie, la dénonciation, la provocation, les accusations de "stalinisme", contre le CCI. Ils proclament que notre organisation est "en dehors de la Gauche Communiste" et pour "combler le vide", ils flattent sans vergogne la TCI en lui offrant le trône de "l'avant-garde de la Gauche Communiste". Il s'agit donc de créer la division au sein de la Gauche Communiste et d'utiliser sans vergogne le sectarisme et l'opportunisme de la TCI pour la retourner encore plus fortement contre l'organisation la plus claire et la plus cohérente de la Gauche Communiste, le CCI.
La coterie parasitaire, un mélange chaotique de groupes et de personnalités, utilise un rabâchage indigeste des positions de la Gauche communiste pour attaquer la Gauche communiste réelle, la falsifier et la dénigrer. Cette attaque se présente sous différentes formes.
D'un côté, il y a le blog d'abord appelé Nuevo curso et ensuite déguisé en Comunia qui tente de nous berner : il utilise les positions confuses, dues à une rupture incomplète avec le trotskysme, d'un authentique révolutionnaire, Munís[10] , pour présenter une fausse gauche communiste, complètement frelatée et falsifiée. Cette entreprise d'imposture promue par l'aventurier Gaizka[11] a été soutenue sans réserve par le parasite GIGC.
Un autre front de la guerre contre la gauche communiste vient d'une farce de conférence tenue à Bruxelles, où plusieurs personnalités et groupuscules parasites ont "une base commune évidente (…) qu'ils préfèrent sans doute garder dans l’ombre : c’est la conviction que le marxisme et les acquis des combats de la Gauche communiste depuis cent ans sont obsolètes et doivent être "complétés", voire "dépassés" par le recours à différentes théories anarcho-conseillistes, modernistes ou écologistes radicales. C’est bien pour cela qu’ils se dénomment "pro-révolutionnaires", en se voyant comme une sorte d’ "amicale pour la propagation de la révolution"". Leur message est que la classe ouvrière doit "repartir à zéro" et, sous le vacarme des guerres, les vagues d'inflation et de misère, l'orgie de destruction, qu'elle doit attendre patiemment que ces "pro-révolutionnaires" de salon utilisent leurs incroyables cerveaux pour trouver une idée sur "comment combattre le capitalisme"[12] .
La guerre de la bourgeoisie contre l'internationalisme trouve un point d'appui dans la position sectaire et opportuniste de la TCI.
La TCI dénonce la guerre impérialiste, rejette toutes les parties en conflit et défend la révolution prolétarienne comme seule issue. Mais cet internationalisme risque de rester lettre morte car, d'une part, ils refusent de lutter contre la guerre en commun avec les autres groupes de la Gauche communiste (par exemple, en refusant de participer à la Déclaration commune proposée par le CCI dès le début de la guerre en Ukraine ou en rejetant également l'Appel que nous avons lancé face à la guerre à Gaza). De même, donnant à l'internationalisme une élasticité qui finit par le briser ou le diluer, ils préconisent des fronts (par exemple, le NWBCW) qui peuvent correspondre à des groupes gauchistes "internationalistes" face à un conflit militaire mais chauvins face à un autre, ou à des groupes confus qui ont une conception erronée de l'internationalisme.
Cette position sectaire et opportuniste n'est pas nouvelle, elle a près de 80 ans d'histoire comme nous l'avons vu plus haut à propos des origines du PCInt. Depuis le resurgissement historique du prolétariat en 1968, tant les groupes bordiguistes issus du PCInt que de la branche dameniste, prédécesseur de l'actuelle TCI, affichent d'une part le sectarisme du refus de toute déclaration ou action commune contre la guerre impérialiste proposée par le CIC et, d'autre part, collaborent avec des groupes confus ou clairement situés sur le terrain de la bourgeoisie.
Ainsi, la TCI, avec le sectarisme et l'opportunisme qui sont dans ses gènes, a rejeté toutes les actions communes de la gauche communiste proposées par le CCI contre la guerre impérialiste - depuis l'invasion russe de l'Afghanistan en 1979 - jusqu'aux guerres en Ukraine et à Gaza !
En même temps, elle a créé des fronts tels que No War But the Class War avec l'argument que le champ d'action de la gauche communiste est trop étroit et qu'elle atteint à peine la classe ouvrière.
La prétendue "étroitesse" de la Gauche Communiste conduit la TCI à "élargir le champ de l'internationalisme" en appelant des groupes anarchistes, semi-trotskystes, parasites, issus d'un marais plus ou moins gauchiste, à rejoindre le NWBCW. Ainsi, l'identité programmatique, la tradition historique, la lutte acharnée de plus d'un siècle menée par la Gauche Communiste sont niées par un "élargissement" qui signifie en réalité dilution et confusion.[13] .
Mais, en même temps, l'INTERNATIONALISME est piétiné car ces "internationalistes" ne sont pas internationalistes en toutes circonstances. Ils sont internationalistes contre certaines guerres, alors que contre d'autres ils se taisent ou les soutiennent plus ou moins ouvertement. Leurs arguments contre la guerre contiennent de nombreuses illusions sur le pacifisme, l'humanisme, l'interclassisme. Cela se voit dans l'attitude de la TCI à l'égard du groupe Communiste Anarchiste de Grande-Bretagne (ACG). Elle salue la position de ce groupe sur la guerre en Ukraine, mais "regrette" en même temps sa position contraire sur la guerre à Gaza.
La TCI, dans son empressement opportuniste à "unir" tous ceux qui disent "quelque chose contre la guerre", brouille la démarcation qui doit exister entre la gauche communiste qui lutte effectivement contre la guerre et l'ensemble du milieu composé de :
La TCI veut entretenir la confusion car elle affirme : "Ce que nous ne pensons que les internationalistes devraient faire, c'est ne pas s'attaquer les uns les autres. Nous avons toujours été d'avis que les vieilles polémiques seraient résolues ou rendues sans objet par l'apparition d'un nouveau mouvement de classe" (extrait de "The tasks of revolutionaries in the face of Capitalism's drive to war").
Cette approche est radicalement opposée à celle des bolcheviks de Zimmerwald. Lénine a considéré cette réunion des "internationalistes en général" comme une "flaque" et a mené une lutte sans concession pour séparer la position véritablement internationaliste de cette flaque de confusion qui bloquait la lutte cohérente contre la guerre.
Lénine et les bolcheviks ont montré que la "majorité de Zimmerwald" pratiquait un "internationalisme de façade" ; leur opposition à la guerre tenait plus de la posture creuse que du combat réel. De même, il faut mettre en garde contre l'internationalisme actuel de l'ICT. Certes, la TCI n'a pas trahi l'internationalisme, mais son internationalisme devient de plus en plus formel et abstrait, tendant à devenir une coquille vide par laquelle la TCI couvre son sabotage de la lutte pour le parti, sa complicité avec le parasitisme, sa collaboration avec les mouchards, sa connivence croissante avec le gauchisme.
Como & C.Mir 22-12-23
[1] Le capitalisme mène à la destruction de l'humanité… Seule la révolution mondiale du prolétariat peut y mettre fin [8]
[2] Cependant, il est nécessaire de souligner qu'après la Commune de Paris et la collaboration des bourgeoisies française et prussienne à sa répression, Marx est arrivé à la conclusion que cela marquait la fin des guerres nationales progressives dans les pays centraux du capitalisme.
[3] Bilan nº 21 août 1936
[6] La “Tendance Communiste Internationaliste” et l’initiative “No War But the Class War”: un bluff opportuniste qui affaiblit la Gauche communiste [11].
[7]Lire "Les ambiguïtés sur les «partisans» dans la constitution du parti communiste internationaliste en I [12]talie, publié dans la Revue internationale n° 8.
[8] Le capitalisme mène à la destruction de l'humanité… Seule la révolution mondiale du prolétariat peut y mettre fin [8]
[9]Appel de la gauche communiste [13] : À bas les massacres, pas de soutien à aucun camp impérialiste ! Non aux illusions pacifistes ! Internationalisme prolétarien ! Pas de soutien à aucun camp impérialiste !
[10] Nuevo Curso et la "gauche communiste espagnole" : Quelles sont les origines de la gauche communiste ? [14]
[12] Voir Une "conférence" du "communisme de gauche" à Bruxelles?... Un leurre pour qui veut s’engager dans le combat révolutionnaire! [16]
[13] Par exemple, dans un article intitulé "Les tâches des révolutionnaires face à la poussée guerrière du capitalisme", la TCI cite sans esprit critique cette déclaration ambiguë d'un syndicat, la CNT-AIT en France : "Une fois de plus, ceux qui décident des guerres ne sont pas ceux qui en meurent... Une fois de plus, ce sont les populations civiles qui trinqueront, de Sderot à Gaza. Toutes les idéologies utilisées par les gouvernants, à savoir le nationalisme et les religions, sont les piliers de cette logique meurtrière qui pousse les peuples à s'entretuer pour le plus grand profit des dirigeants de ce monde. Ni Hamas, ni colonisation ! Tant qu'il y aura des Etats, il y aura des guerres !".
Fin février 2022, la CCI a proposé aux autres groupes de la Gauche communiste une déclaration commune internationaliste contre la guerre impérialiste en Ukraine. Ces groupes sont les descendants actuels du seul courant politique prolétarien qui a combattu à la fois les camps impérialistes fascistes et démocratiques lors de la 2nde Guerre mondiale et donc le seul à pouvoir revendiquer encore aujourd'hui une continuité en paroles et en actes avec l'internationalisme prolétarien.
Dans les deux années qui ont suivi cette déclaration, le CCI a également proposé un "Appel" similaire aux mêmes groupes concernant la guerre à Gaza qui a éclaté à la fin de l'année 2023. (Par souci de concision, nous les appellerons toutes deux des déclarations conjointes).
Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette initiative qui peuvent nous guider dans une période où le carnage impérialiste va inévitablement augmenter et s'étendre ?
Sur les 6 groupes interrogés, deux ont approuvé la déclaration commune proposée et un groupe, le PCI (Corée), dont les origines ne sont pas dans la gauche communiste, l'a soutenue.
À première vue, ces initiatives internationalistes du CCI ne semblent pas avoir été un succès puisqu'elles n'ont pas conduit à une réponse unie de l'ensemble ou même de la majorité des courants de la gauche communiste, une réponse qui aurait fourni un phare d'internationalisme authentiquement communiste à tous les travailleurs qui cherchent une alternative de classe au massacre impérialiste.
Le manque de succès à court terme des initiatives du CCI confirmera sans aucun doute les illusions de ceux qui, se moquant de l'initiative en disant qu'elle "parlait aux convertis", pensaient qu'il était possible aujourd'hui de créer un "mouvement anti-guerre" plus large qui pourrait mettre fin à l'impérialisme en "faisant quelque chose maintenant" et en rassemblant autant de personnes que possible, quelles que soient leurs convictions politiques ou leur probité, dans une période de désorientation de la classe ouvrière sur cette question de la guerre. L'échec de ces illusions et projets militants a conduit ou conduira inévitablement à la passivité, à la confusion et à l'épuisement, ou pire, au choix de l'un ou l'autre des camps impérialistes - de manière critique bien sûr.
En réalité, l'expérience des initiatives du CCI permet de tirer d'importantes leçons à plus long terme pour faire avancer une ligne de travail politique qui doit conduire au futur parti de la classe ouvrière et au renversement du capitalisme mondial, seul moyen de mettre un terme à la guerre impérialiste. En d'autres termes, le succès ou l'échec se mesure en dernière analyse à l'aune de l'histoire, et non d'une impression à court terme.
Comparons ces deux initiatives du CCI de ces deux dernières années à des appels internationalistes similaires lancés à la gauche communiste pour un travail commun, qui remontent à 1979, au moment de l'invasion russe de l'Afghanistan. Lors de toutes les occasions précédentes, les propositions internationalistes communes du CCI n'ont jamais pu démarrer et dépasser le stade du concept, parce que le principe même d'une telle déclaration publique unitaire a été sommairement rejeté ou ignoré par les autres groupes.
Pour la première fois, la proposition d'une déclaration commune sur l'Ukraine a suscité des réponses positives de la part de deux autres groupes. Après que l'un de ces groupes, l'Istituto Onorato Damen, a proposé au CCI de rédiger une telle déclaration commune, cette dernière a été acceptée, imprimée et distribuée par la presse des trois groupes sous forme de tract.
Ce pas en avant, aussi minuscule qu'il puisse paraître, a suscité certaines autres avancées qui ne devraient pas passer inaperçues :
- l'un des groupes ayant refusé un travail commun - la Tendance Communiste Internationale - s'est engagé pour la première fois dans une longue correspondance avec le CCI sur la validité des raisons de son refus, qui s'est transformée en une sorte de polémique qui méritait d'être publié pour éclairer un lectorat plus large sur les responsabilités de la Gauche communiste dans son ensemble face au développement de la guerre impérialiste.
- Les cosignataires des déclarations communes se sont mis d'accord pour produire un bulletin de discussion dans lequel les différences d'analyse entre les quatre groupes pourraient être développées et confrontées. Jusqu'à présent, deux éditions de ces bulletins ont été publiées et ont inclus les contributions d'un groupe relativement nouveau de la gauche communiste - Internationalist Voice.
- La signification de Zimmerwald et de la gauche de Zimmerwald pendant la première guerre mondiale et son lien avec l'internationalisme d'aujourd'hui ont fait l'objet d'un examen plus approfondi.
- Les déclarations communes ont mis en lumière la nature d'une intervention internationaliste basée sur des principes en direction d'individus et groupes qui ne font pas partie de la gauche communiste mais qui recherchent néanmoins une orientation politique claire et cherchent à se détacher du gauchisme et de la confusion.
- L'atmosphère de solidarité créée par l'adhésion à l'initiative a également permis l'organisation de deux réunions publiques en ligne, l'une en italien et l'autre en anglais, pour discuter et clarifier la nécessité de la Déclaration commune et les tâches des révolutionnaires face à la guerre impérialiste et aux nouvelles conditions mondiales. Ces réunions publiques ont également donné lieu à un article bilan de celles-ci (Un bilan des réunions publiques sur la Déclaration commune de groupes de la Gauche communiste [23] ; A balance sheet of the public meetings about the Joint Statement by groups of the Communist Left on the war in Ukraine [24])
Elle peut être lue dans son intégralité dans l'article suivant : La Gauche communiste sur la guerre en Ukraine [25].[1] Il suffit donc de résumer les principaux arguments. Tout d'abord, la TCI a insisté sur le fait que les différences sur l'analyse de la guerre impérialiste (c'est-à-dire sur l'explication marxiste de la guerre impérialiste et ses perspectives aujourd'hui) entre les groupes étaient trop importantes pour leur permettre de signer la déclaration commune avec laquelle ils étaient par ailleurs d'accord. Deuxièmement, ils ont remis en question l'invitation des groupes bordigistes (PCI - Programma Comunista), PCI (Il Comunista - Le Prolétaire), PCI (Il Partito Comunista) à la déclaration commune et, d'autre part, ils ont regretté l'absence de certains groupes sur la liste des invités. Troisièmement, ils souhaitaient un mouvement plus large contre la guerre que la déclaration commune qui se limitait à la Gauche communiste.
Le CCI a répondu qu'en ce qui concerne les différences d'analyse, qui sont certes importantes, elles restent secondaires par rapport à l'accord fondamental sur un programme d'action internationaliste commun entre les groupes de la Gauche communiste. Faire de ces différences secondaires un obstacle à un tel travail commun, c'est donc élever les intérêts de son propre groupe au détriment des besoins du mouvement dans son ensemble - c'est donc classiquement sectaire. La version finale de la déclaration commune a en fait été en mesure de tenir compte d'une différence d'analyse de l'impérialisme entre l'IOD et le CCI afin de souligner la position de classe essentielle. Une différence assez similaire à celle que la TCI considérait comme une raison essentielle pour ne pas signer la déclaration.
Sur le deuxième point, il est ironique que la TCI se soit plainte que chacun des groupes bordiguistes invités se considérait comme le seul et unique parti communiste internationaliste au monde. Il s'agit là d'un cas où c’est l’hôpital qui se moque de la charité. En effet, la TCI, bien que se décrivant comme une "tendance", considère que sa principale composante, Battaglia Comunista, est également le Parti communiste internationaliste et est donc hostile à tous les autres prétendants à ce trône.
En ce qui concerne les groupuscules parasites se réclamant en paroles de la gauche communiste qui n'ont pas été invités à signer la déclaration commune, il était tout à fait logique de les en exclure puisque dans la pratique ces diverses cabales/cercles de tricotage font tout pour vilipender la gauche communiste. Mais la TCI, en voulant qu'ils soient invités, s'est donc opportunément ouverte à s'associer à des calomniateurs parasites et même à des mouchards qui n'ont rien à voir avec l'internationalisme en actes. Le sectarisme de la TCI à l'égard du reste de la Gauche Communiste - ses frères Bordiguistes et le CIC - a donc trouvé son complément naturel dans un opportunisme à l'égard de ceux qui sont en dehors de la Gauche Communiste et même hostiles à cette dernière.
Le désir de la TCI d'un "mouvement plus large au-delà de la gauche communiste" s'est donc immédiatement limité à exclure la majorité du milieu véritablement internationaliste existant aujourd'hui. Par la suite, son front "No War but the Class War" a été lancé avec des critères de participation plus élastiques que ceux de la déclaration commune et s'est donc rendu plus accessible à un milieu hétérogène d'anarchistes, de parasites et même de gauchistes. Ses réunions publiques ne dépassaient pas les limites de ce milieu. En fait, soit-dit en passant, la taille des délégations du CCI qui intervenaient dans ces réunions publiques était la composante la plus importante. Le NWBCW s'est avéré être un bluff opportuniste dont le but réel était de servir de courroie de transmission de la TCI plutôt que de créer un public plus large pour un internationalisme authentique.
La déclaration commune a fourni un cadre de principe de l'unité internationaliste dans l'action, des paramètres marxistes pour discuter et clarifier les différences théoriques et analytiques entre les groupes. Les Bulletins ne sont donc pas un conglomérat de positions et d'idées aléatoires, mais essentiellement un forum pour la confrontation d'arguments au sein de la gauche communiste, c'est-à-dire la polémique.
Jusqu'à présent, les deux bulletins ont inclus : la correspondance pertinente entre les groupes concernant la déclaration commune ; des déclarations d'analyse de la situation actuelle des guerres impérialistes en Ukraine et à Gaza par les organisations respectives ; plus important encore, une polémique permanente sur la façon dont les contradictions du capitalisme se traduisent en conflit impérialiste, que ce dernier soit le résultat direct d'ambitions économiques - telles que la préservation de l'hégémonie du dollar, ou le contrôle de la production et de la distribution du pétrole – ou le produit d'une dynamique autodestructrice résultant de l'impasse de la décadence du capitalisme dans cette période historique. Cette polémique est d'un grand intérêt et d'une grande importance pour comprendre les perspectives et les conditions du militarisme aujourd'hui. Elle doit être poursuivie.
La gauche communiste, s'inspirant de l'histoire du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière, se penche naturellement sur la nature et la signification du mouvement Zimmerwald pendant la Première Guerre mondiale.
Zimmerwald avait-il pour but de créer un mouvement anti-guerre aussi large que possible, comme le prétend la TCI, une sorte d'anticipation de la NWBCW ? Zimmerwald a effectivement été la première indication que la classe ouvrière perdait ses illusions dans la guerre impérialiste et confirmait ses espoirs qu'il existait une autre issue. Mais l'importance réelle et durable de Zimmerwald réside dans le développement d'une ligne internationaliste intransigeante au sein d'une petite minorité appelée la Gauche de Zimmerwald. Cette dernière reconnaissait que la Première Guerre mondiale n'était que le début d'une période historique entière dominée par la guerre impérialiste qui nécessiterait un programme maximal pour la classe ouvrière : guerre civile, renversement des régimes bourgeois, dictature du prolétariat avec une nouvelle Internationale communiste pour remplacer la 2e Internationale chauvine en faillite.
La majorité de Zimmerwald était ambivalente ou opposée à ce programme. Considérant la Première Guerre mondiale comme une aberration temporaire et espérant une réconciliation ou une reconstitution de la IIe Internationale qui s'était effondrée en 1914, elle voulait exclure ou neutraliser les "fauteurs de troubles" et les "scissionnistes" de la gauche. Finalement, les lignes de classe qui étaient implicites dans ces différences ont été tracées en 1917 par la révolution d'octobre.
Seuls la grande bourgeoisie et les États-nations qui défendent leurs privilèges s'engagent pleinement dans la guerre impérialiste rendue inévitable par le développement capitaliste. En termes de société dans son ensemble, la guerre impérialiste a un effet dévastateur sur les autres classes. La classe ouvrière est celle qui souffre le plus de l'impérialisme, car le rouleau compresseur militaire menace de la diviser, de l'entraîner dans un massacre fratricide et de transformer sa pauvreté en indigence. Dans le même temps, une couche intermédiaire - la petite bourgeoisie - située entre la bourgeoisie et le prolétariat prévoit la perte de son statut relativement plus sûr en raison du maelström impérialiste. En réaction à ce dernier, cette couche espère un retour à la normalité et à la paix, mais voit dans la lutte de la classe ouvrière une autre menace pour son statut en voie de disparition, une autre source de perturbation et de conflit.
Dans cette situation, les sentiments anti-guerre se développent à la fois dans le prolétariat et dans cette couche intermédiaire, mais dans cette réaction apparemment commune à l'impérialisme, des intérêts de classe différents et antagonistes sont pour ainsi dire cachés dans un embryon. Pour défendre ses intérêts, la classe ouvrière doit lutter pour se détacher de toutes les solutions pacifistes (aussi radicales qu'elles puissent paraître, comme l'antimilitarisme) qui sont répandues parmi les couches intermédiaires et se placer sur le terrain de sa propre lutte de classe qui mène les travailleurs à la guerre civile contre la bourgeoisie et le capitalisme dans son ensemble. La petite bourgeoisie, en revanche, qui n'a fondamentalement pas d'avenir historique, peut au mieux réagir impuissamment à la guerre impérialiste de diverses manières et reste enfermée dans l'ambiguïté. Ce mélange d'une classe qui lutte pour la conscience de ses intérêts internationalistes et d'une couche moyenne qui réagit avec horreur à la barbarie impérialiste est la base sociale de la croissance d'un marais politique entre la Gauche communiste et le gauchisme d'aujourd'hui, qui semble n'être ni l'un ni l'autre et qui est une contradiction et une agitation constantes.
L'intervention des internationalistes communistes auprès de ce milieu est donc vitale dans l'accélération du développement de la conscience de la classe ouvrière. Par définition, les organisations internationalistes ne naissent pas spontanément de ce marais qui, dans son ensemble, représente essentiellement une confusion politique dans la voie de la conscience de classe, mais sont le produit d'une expérience historique du mouvement révolutionnaire qui remonte à la Première Guerre mondiale et avant. L'existence et l'intervention de la Gauche communiste, sa présence politique, sont donc vitales non seulement pour combattre l'influence de la bourgeoisie, mais aussi pour mettre en évidence la différence d'intérêts de classe entre le prolétariat et les couches intermédiaires qui, malgré leur opposition radicale à la grande bourgeoisie, sont rétrogrades.
C'est là toute l'importance de la déclaration commune qui, en définissant la position commune de la Gauche communiste, a commencé à délimiter, au sein d'un milieu de confusion politique, un point de référence internationaliste.
Les deux dernières années et la réaction aux déclarations communes ont montré que la gauche communiste historique est toujours fragmentée et que beaucoup de ses groupes ont été incapables jusqu'à présent de mener une action internationaliste unie contre l'intensification de la guerre impérialiste. Cependant, de petits pas ont été faits dans cette direction, comme nous l'avons souligné plus haut. Ce n'est que sur la base de cette perspective politique et de la clarification des divergences que le prolétariat pourra s'armer dans la transformation éventuelle de la guerre impérialiste en guerre civile.
La Tendance Communiste Internationaliste (TCI) a récemment publié un article sur son expérience avec les comités No War But the Class War (NWBCW) qu’elle a lancés au début de la guerre en Ukraine : « S’il est vrai que toute guerre impérialiste met au jour la base de classe réelle sur laquelle reposent les antagonismes politiques, l'invasion de l'Ukraine n’a pas échappé à la règle » (1) expliquant que les staliniens et les trotskistes ont une fois de plus montré qu’ils appartiennent au camp du capital. Que ce soit en soutenant l’indépendance de la nation ukrainienne ou en se ralliant à la propagande russe sur la « dénazification » de l’Ukraine, les gauchistes appellent ouvertement la classe ouvrière à soutenir l’un ou l’autre camp dans une guerre capitaliste qui exprime l’approfondissement des rivalités entre les plus grands requins impérialistes de la planète et menace l’humanité de conséquences catastrophiques. La TCI note également que le mouvement anarchiste a été profondément divisé entre ceux qui appellent à la défense de l’Ukraine et ceux qui ont maintenu une position internationaliste de rejet des deux camps. En revanche, la TCI dit que « la Gauche communiste internationale est restée fermement attachée aux intérêts internationaux de la classe ouvrière et a dénoncé cette guerre pour ce qu'elle est ».
Jusqu’ici, tout va bien. Mais nous divergeons profondément lorsqu’ils affirment ensuite que « La TCI a poussé plus loin la position internationaliste en essayant de travailler avec d'autres internationalistes qui peuvent voir les dangers pour la classe ouvrière mondiale si celle-ci n’avait pas sa propre réponse au défi lancé par la guerre. C'est pourquoi nous avons rejoint l'initiative visant à développer des comités au niveau local, partout où nous sommes présents, afin d'organiser une réponse à ce que le capitalisme prépare pour les travailleurs du monde entier ».
À notre avis, l’appel de la TCI à la formation des comités NWBCW est tout sauf « pousser plus loin » dans la défense de l’internationalisme ou un pas vers un solide regroupement des forces internationalistes communistes.
Nous avons déjà écrit un certain nombre d’articles expliquant notre point de vue à ce sujet, mais la TCI n’a répondu à aucun d’entre eux, une attitude justifiée dans son article qui insiste sur le fait qu’ils ne veulent pas s’engager dans « les mêmes polémiques » avec ceux qui, selon eux, ont mal compris leurs positions. Pourtant, la tradition de la Gauche communiste, héritée de Marx et de Lénine, poursuivie dans les pages de Bilan, est de reconnaître que la polémique entre éléments prolétariens est indispensable à tout processus de clarification politique. En fait, l’article de la TCI est une polémique cachée, principalement avec le CCI. Mais de par leur nature même, de telles polémiques cachées, qui évitent de se référer à des organisations spécifiques et à leurs déclarations écrites, ne peuvent jamais conduire à une confrontation réelle et honnête des positions.
Dans son article sur les comités NWBCW, la TCI affirme que son initiative s’inscrit dans la continuité du courant de gauche de la conférence de Zimmerwald de 1915. La TCI avait déjà fait une affirmation similaire dans l’article « NWBCW et le “Bureau international véritable” de 1915 [28] » : « Nous estimons que l'initiative NWBCW se conforme aux principes de la Gauche zimmerwaldienne ».
Mais l’activité de la gauche de Zimmerwald, et surtout de Lénine, était caractérisée par une polémique implacable visant à une décantation des forces révolutionnaires. Zimmerwald a rassemblé différentes tendances du mouvement ouvrier opposées à la guerre. Il y avait des divergences considérables sur un certain nombre de questions. La gauche était pleinement consciente qu’une position commune contre la guerre, telle qu’exprimée dans le Manifeste de Zimmerwald, ne suffisait pas. Pour cette raison, la gauche de Zimmerwald n’a pas caché ses divergences avec les autres courants lors des conférences de Zimmerwald et de Kienthal, mais a ouvertement critiqué ces courants pour ne pas être cohérents dans leur lutte contre la guerre impérialiste. Dans et à travers ce débat, Lénine et ceux qui l’entouraient ont forgé un noyau qui allait devenir l’embryon de l’Internationale communiste.
Comme les lecteurs peuvent le lire dans la publication de notre correspondance avec la TCI au sujet de l’appel du CCI pour une Déclaration commune de la Gauche communiste face à la guerre en Ukraine (disponible sur notre site web [25]), le refus de la TCI de la signer et leur promotion de NWBCW comme une sorte de projet « rival » ont gravement affaibli la capacité de la Gauche communiste à agir ensemble en ce moment crucial. Cela a sabordé la possibilité d’un rassemblement de ses forces pour la première fois depuis l’échec des conférences internationales de la Gauche communiste au début des années 1980. La TCI a choisi de mettre fin à cette correspondance.
Nous avons également publié un article retraçant l’histoire réelle de NWBCW dans le milieu anarchiste dans les années 1990. (2) Ces groupes contenaient toutes sortes de confusions, mais à notre avis, ils exprimaient aussi la réponse d’une petite minorité critique vis-à-vis des mobilisations massives contre les guerres au Moyen-Orient et dans les Balkans, mobilisations qui étaient clairement sur le terrain de la gauche du capital et du pacifisme. Pour cette raison, nous avons estimé qu’il était important pour la Gauche communiste d’intervenir auprès de ces formations afin de défendre en leur sein des positions internationalistes claires.
En revanche, il y a aujourd’hui très peu de mobilisations pacifistes en réponse à la guerre d’Ukraine. Le milieu anarchiste, comme nous l’avons déjà noté, est profondément divisé sur la question. Ainsi, nous voyons très peu de choses dans les différents groupes NWBCW qui nous ont fait remettre en question notre conclusion à l’article : « L’impression que nous ont donnée les groupes dont nous connaissons l’existence, c’est qu’il s’agit principalement de “doublons” de la TCI ou de ses affiliés ».
À notre avis, cette duplication révèle de sérieux désaccords tant sur la fonction et le mode de fonctionnement de l’organisation politique révolutionnaire que sur ses rapports avec les minorités qui se situent sur un terrain prolétarien, et même avec la classe dans son ensemble. Ce désaccord remonte au débat sur les groupes d’usine et les comités de lutte, mais nous ne pouvons pas développer cette question dans cet article. (3)
Plus important (mais aussi lié à la question de la différence entre un produit du mouvement réel et les inventions artificielles de minorités politiques) est l’insistance de notre article sur le fait que l’initiative NWBCW est basée sur une évaluation erronée de la dynamique de la lutte de classe aujourd’hui. Dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le mouvement de classe se développe directement contre la guerre mais contre l’impact de la crise économique, une analyse qui, selon nous, a été amplement vérifiée par la reprise internationale des luttes qui a été déclenchée par le mouvement de grève en Grande-Bretagne à l’été 2022 et qui, avec des hauts et des bas inévitables, ne s’est toujours pas épuisée. Ce mouvement a été une réponse directe à la « crise du coût de la vie » et bien qu’il contienne les germes d’une remise en question plus profonde et plus généralisée de l’impasse du système et de sa poussée vers la guerre, nous en sommes encore loin.
L’idée que les comités NWBCW pourraient en quelque sorte être le point de départ d’une réponse directe de la classe à la guerre ne peut que conduire à une lecture erronée de la dynamique des luttes actuelles. Elle ouvre la porte à une politique activiste qui, à son tour, ne pourra pas se distinguer des positions immédiatistes de la gauche du capital.
L’article de la TCI insiste sur le fait que son initiative est avant tout politique et qu’elle s’oppose à l’activisme et à l’immédiatisme, et affirme que la direction ouvertement activiste prise par les groupes NWBCW à Portland et à Rome est basée sur une mauvaise compréhension de la nature réelle de l’initiative : « ceux qui ont adhéré au NWBCW sans comprendre de quoi il s'agissait réellement ou plutôt, qui l'ont considéré comme l'extension de leur activité réformiste radicale antérieure. C'est ce qui s'est passé à Portland et à Rome, où certains éléments ont vu dans NWBCW un moyen de mobiliser immédiatement une classe qui se remettait à peine de quatre décennies de recul et qui commençait à peine à trouver ses marques dans la lutte contre l'inflation. Leur perspective immédiate et ultra-activiste a conduit à la disparition de ces comités ». Pour nous, au contraire, ces groupes gauchistes ont, d’une certaine façon, parfaitement saisi la logique derrière les comités NWBCW qui échappe à la TCI : une initiative artificielle lancée en l’absence de tout mouvement réel contre la guerre (même au sein de petites minorités) ne peut que tomber dans l’impasse de l’activisme !
Nous avons mentionné que la Fraction italienne de la Gauche communiste, qui a publié la revue Bilan, a insisté sur la nécessité d’un débat public rigoureux entre les organisations politiques prolétariennes. Il s’agissait d’un aspect central de leur approche des regroupements, s’opposant en particulier aux efforts opportunistes des trotskistes et ex-trotskistes de l’époque de recourir à des fusions et regroupements qui n’étaient pas basés sur un débat sérieux autour des principes fondamentaux. À notre avis, l’initiative NWBCW est basée sur une sorte de logique « frontiste » qui ne peut conduire qu’à des alliances sans principes, voire destructrices.
L’article de la TCI admet que certains groupes ouvertement gauchistes ont détourné le slogan « Pas de guerre mais la guerre de classe » pour cacher leur soutien à l’un ou l’autre camp dans le conflit. La TCI insiste sur le fait qu’elle ne peut pas empêcher de telles manœuvres derrière un faux drapeau. Mais la lecture de notre article sur la réunion du comité NWBCW de Paris (4) permet de constater que, non seulement, une partie considérable des participants préconisaient des « actions » ouvertement gauchistes sous la bannière NWBCW, mais aussi qu’un groupe trotskiste Matière et Révolution qui défend le droit de l’Ukraine à l’autodétermination, avait en fait été invité à la réunion. De même, le groupe NWBCW de Rome semble avoir été basé sur une alliance entre la section de la TCI en Italie (qui publie Battaglia Comunista) et un groupe purement gauchiste. (5)
Ajoutons que le présidium de la réunion de Paris était composé de deux individus qui ont été exclus du CCI au début des années 2000 pour avoir publié des renseignements qui exposaient nos camarades à la répression étatique, une activité que nous avons dénoncée comme du mouchardage. L’un de ces individus est membre du Groupe international de la gauche communiste (GIGC), un groupe qui n’est pas seulement une expression typique du parasitisme politique, mais qui a été fondé sur la base de ce comportement policier et qui ne devrait donc pas avoir sa place dans le camp internationaliste communiste. L’autre individu est maintenant le représentant de la TCI en France. Lorsque la TCI a refusé de signer la Déclaration commune, elle a fait valoir que la définition de la Gauche communiste de la Déclaration était trop étroite, principalement parce qu’elle excluait les groupes définis par le CCI comme parasitaires. En fait, il a été démontré très clairement que la TCI préférerait être publiquement associée à des groupes parasitaires comme le GIGC plutôt qu’au CCI, et sa politique actuelle, via les comités NWBCW, ne peut avoir d’autre résultat que de donner à ces groupes un certificat de respectabilité et de renforcer leurs efforts de longue date pour faire du CCI un paria, précisément en raison de sa défense des principes de comportement clairs qu’ils ont violé à plusieurs reprises.
Dans certains cas, comme à Glasgow, les groupes NWBCW semblent avoir été basés sur des alliances temporaires avec des groupes anarchistes comme l’Anarchist Communist Group (ACG) qui ont pris des positions internationalistes sur la guerre d’Ukraine mais qui sont liés à des groupes qui se situent sur le terrain de la bourgeoisie (par exemple Plan C au Royaume-Uni). Récemment, l’ACG a montré qu’elle préférait s’associer à de tels gauchistes plutôt que de discuter avec une organisation internationaliste comme le CCI, qu’elle a exclue d’une récente réunion à Londres sans susciter aucune protestation de la part de la CWO. (6) Cela ne signifie pas que nous n’avons pas l’intention de discuter avec les anarchistes authentiquement internationalistes, et dans le cas du KRAS en Russie, qui a fait ses preuves dans l’opposition aux guerres impérialistes, nous leur avons demandé de soutenir la Déclaration commune de toutes les manières possibles.
Mais l’affaire de l’ACG illustre combien l’initiative NWBCW rappelle la politique opportuniste du front unique, dans laquelle l’Internationale communiste a exprimé sa volonté de travailler avec les traîtres de la social-démocratie. C’était une tactique pour tenter de renforcer l’influence communiste dans la classe ouvrière, mais son résultat réel a été d’accélérer la dégénérescence de l’Internationale communiste et de ses partis.
Au début des années 1920, la Gauche communiste italienne a critiqué sévèrement cette politique opportuniste de l’Internationale communiste. Elle a continué à adhérer à la position originelle de l’Internationale communiste : les partis sociaux-démocrates, en soutenant la guerre impérialiste et en s’opposant activement à la révolution prolétarienne, étaient devenus des partis du capital. Il est vrai que leur critique de la tactique du front unique a conservé une ambiguïté, l’idée du « front unique par la base », basée sur l’hypothèse que les syndicats étaient encore des organisations prolétariennes et que c’était à ce niveau que les travailleurs communistes et sociaux-démocrates pouvaient lutter ensemble.
Dans la conclusion de son article sur les comités NWBCW, la TCI affirme qu’il existe un précédent historique à ces comités dans le mouvement révolutionnaire : l’appel à un front prolétarien uni lancé par le Parti communiste internationaliste (PCInt) en Italie en 1944. Cet appel est fondamentalement internationaliste dans son contenu, mais pourquoi parle-t-il d’un « front prolétarien unique » ?
« Le temps présent exige la formation d’un front prolétarien unique, c’est-à-dire l’unité de tous ceux qui sont contre la guerre, qu’elle soit fasciste ou démocratique.
Travailleurs de toutes les formations politiques prolétariennes et sans parti ! Rejoignez nos ouvriers, discutez des problèmes de classe à la lumière des événements de la guerre et formez ensemble dans chaque usine, dans chaque centre, des comités du front unique capables de ramener la lutte du prolétariat sur son véritable terrain de classe ». Qui étaient ces « formations prolétariennes et sans parti » ? S’agissait-il d’un appel aux militants des anciens partis ouvriers pour qu’ils s’engagent dans une activité politique commune avec les militants du PCInt ?
L’appel de 1944 ne constituait pas une simple erreur, comme l’a illustré un nouvel appel (un an plus tard) des comités d’agitation du PCInt adressé explicitement aux comités d’agitation du Parti socialiste italien, du Parti communiste italien stalinien et d’autres organisations de la gauche bourgeoise, appelant à une action commune dans les usines. Nous en avons rendu compte dans la Revue internationale n° 32. Dans la Revue internationale n° 34, nous avons également publié une lettre du PCInt en réponse à nos critiques de l’Appel. Dans cette lettre, ils écrivaient : « Fut-il une erreur ? D’accord. Ce fut la dernière tentative de la Gauche Italienne d’appliquer la tactique de “front unique à la base” préconisé par le PC d’Italie dans sa polémique avec l’IC dans les années 21-23. En tant que tel, nous la cataloguons dans les “péchés véniels” parce que nos camarades ont su l’éliminer tant sur un plan politique que théorique, avec une clarté qui aujourd'hui nous rend sûrs de nous face à quiconque ».
Ce à quoi nous avons répondu : « Si une proposition de front unique avec les bouchers staliniens et sociaux-démocrates n’est qu’un “pêché véniel”, qu’aurait alors dû faire le PCInt en 45 pour qu’on puisse parler explicitement d’erreur… Entrer au gouvernement ? Mais Battaglia comunista nous rassure : ses errements, elle les a révisés depuis un bon moment, sans attendre le CCI, et elle n’a donc jamais eu de raisons de les cacher. C’est possible. Mais quand, en 77, nous avons mis pour la première fois l’accent, dans notre presse, sur la série d’erreurs du PCInt, dans l’après-guerre immédiat, Battaglia a répliqué dans une lettre indignée qu’elle admettait des défaillances, mais soutenait qu’elles étaient sous l’exclusive responsabilité des camarades qui étaient sortis en 52 pour constituer le PC International ».
Le fait que la TCI continue à défendre l’appel de 1944 en faveur d’un « front prolétarien uni » montre que cette profonde erreur n’a pas été « éliminée tant sur un plan politique que théorique ». La tactique du « front uni par la base » de 1921-23 demeure l’inspiration du « mouvement » opportuniste NWBCW de la TCI.
La TCI a donc raison sur un point à propos de NWBCW, ces comités s’inscrivent bien dans la continuité de l’appel opportuniste à un « front prolétarien uni » lancé par le PCInt en 1944. Mais ce n’est pas une continuité dont on peut être fier puisque cette tactique obscurcit activement la frontière de classe qui existe entre l’internationalisme de la Gauche communiste et le prétendu internationalisme du gauchisme et du parasitisme. De plus, NWBCW avait pour objectif exclusif d’être une « alternative » à l’internationalisme intransigeant de la Déclaration commune de la Gauche communiste, affaiblissant ainsi les forces révolutionnaires non seulement par opportunisme envers le gauchisme et le parasitisme, mais aussi par le sectarisme envers d’autres groupes authentiques de la Gauche communiste.
Amos, septembre 2023
1) « Sur l’initiative No War but the Class War » disponible sur le site web de la TCI
2) « Sur l’histoire des groupes No War but the Class War », Révolution internationale n° 494 (2022).
3) Voir, par exemple :
– « Réponse au P.C. Internazionalista (Battaglia Comunista) », Revue internationale n° 13 (1978).
– « L’organisation du prolétariat en dehors des périodes de luttes ouvertes (groupes, noyaux, cercles, etc.) », Revue internationale n° 21 (1980).
4) « Un comité qui entraîne les participants dans l’impasse » Révolution internationale n° 496 (2023).
5) L’article contient un lien vers un article de Battaglia Comunista sur le sort du comité de Rome : « Sur le Comité NWBCW de Rome : une interview ». Il décrit le résultat négatif d’une alliance avec un groupe appelé Societa Incivile (Société incivile). Il est écrit d’une manière si obscure qu’il est très difficile d’en tirer grand-chose. Mais en parcourant le site web de ce groupe, il paraît clairement relever du gauchisme pur et dur, chantant les louanges des partisans antifascistes et du Parti communiste italien stalinien.
6) « L’ACG exclut le CCI de ses réunions publiques, la CWO trahit la solidarité entre organisations révolutionnaires », Révolution internationale n° 498 (2023).
Bakounine a créé une organisation secrète au sein de l'AIT destinée soit à la prendre sous son contrôle, soit, si cela n'était pas possible, à la détruire. L'AIT a réagi à cette gigantesque intrigue en consacrant le Congrès de La Haye (1872) à la défense de l'organisation contre cette tentative parasitaire de destruction.
Il faut rappeler que ce congrès a lieu un an après la Commune de Paris, la première fois dans l'histoire que le prolétariat tentait de prendre le pouvoir. Cependant, l'importance cruciale de défendre l'organisation révolutionnaire contre les tentatives de destruction a été consciemment assumée par l'AIT en lui donnant une priorité absolue et en rendant ses travaux publics.
Les leçons de ce combat sont capitales. Cependant, elles ont été totalement enterrées pour diverses raisons. La première est qu'elles ont été rapidement oubliées dans le mouvement ouvrier ultérieur - à la seule exception des bolcheviks ; c'est ainsi que Franz Mehring, le camarade de combat de Rosa Luxemburg dans la gauche de la social-démocratie, présente, dans sa biographie de Marx, le combat de ce dernier contre la conspiration de Bakounine comme une "confrontation personnelle". Bien entendu, les nombreux auteurs (historiens, marxologues, politologues) qui ont parlé du Congrès de La Haye ont répété ad nauseam le même refrain : tout se résumait à un "choc de personnalités" ou à un "combat entre autoritaires et libertaires". Aucune rigueur scientifique ne peut être attendue d’eux. Mais ce qui est scandaleux, c'est qu'un groupe comme la TCI[1], qui se réclame de la Gauche communiste, qui prétend lutter pour le Parti mondial du prolétariat, publie un article sur le congrès de La Haye[2], 150 ans après : "150 Years On: The Split in the First International [32]" (Il y a 150 ans, la scission dans la Première Internationale), où se répètent les mêmes thèmes falsificateurs qui ont été propagés durant les 150 dernières années sur le dit congrès.
Qui était Bakounine ? Selon l'article de la TCI, un véritable révolutionnaire qui défendait des idées fausses comme le panslavisme, mais "Lorsque le soulèvement de 1863 éclata dans la Pologne divisée, Bakounine offrit ses services, mais fut repoussé. Il tenta alors de rejoindre le soulèvement par ses propres moyens, mais l'expédition échoua, tout comme le soulèvement lui-même : les insurgés polonais furent isolés et écrasés. Ces événements ont porté un coup aux espoirs panslavistes de Bakounine et l’ont finalement amené à reconsidérer ses idées politiques." Selon l'article de la TCI, cette reconsidération a conduit Bakounine à "formuler une nouvelle doctrine, caractérisée par l'abstentionnisme politique, l'antiétatisme et le fédéralisme, qui portait diversement les noms de socialisme révolutionnaire, de collectivisme et d'anarchisme. Il chercha d'abord des partisans parmi les partisans radicalisés de Giuseppe Garibaldi et des francs-maçons, pour finalement fonder une société secrète, l'Association révolutionnaire internationale. Les "catéchismes" de cette société secrète résument les idées autour desquelles Bakounine tentait de réorganiser les révolutionnaires en un réseau international".
Cette version donnée par l'article de la TCI ne correspond pas à celle du Conseil Général de l'AIT :
"À son retour de la Sibérie, il [Bakounine] prêcha dans le Kolokol de Herzen, comme fruit de sa longue expérience, le panslavisme et la guerre des races. Plus tard, durant son séjour en Suisse, il fut nommé au Comité directeur de la "Ligue de la paix et de la liberté", fondée en opposition à l’Internationale. Les affaires de cette société bourgeoise allant de mal en pis, son président, M. G. Vogt, sur l’avis de Bakounine, proposa une alliance au Congrès international réuni à Bruxelles en septembre 1868.
Le Congrès déclara à l’unanimité : de deux choses l’une, ou la Ligue poursuivait le même but que l’Internationale, et dans ce cas elle n’avait aucune raison d’être, ou bien son but était différent, et alors l’alliance était impossible. Au Congrès de la Ligue, tenu à Berne, quelques jours après, Bakounine opéra sa conversion. Il y proposa un programme d’occasion dont la valeur scientifique peut être jugée par cette seule phrase: "l’égalisation économique et sociale des classes". Soutenu par une infime minorité, il rompit avec la Ligue pour entrer dans l’Internationale, déterminé à substituer son programme de circonstance - repoussé par la Ligue - aux statuts généraux de l’Internationale et sa dictature personnelle au Conseil général. Dans ce but, il se créa un instrument spécial, l’Alliance internationale de la démocratie socialiste, destinée à devenir une Internationale dans l’Internationale".3]
Ainsi, contrairement à ce que dit la TCI, Bakounine n'était pas un révolutionnaire qui "évoluait dans ses idées". Ses changements de position n'étaient pas basés sur des considérations relatives aux expériences qu'il avait vécues. Il a passé une grande partie de sa carrière avec des positions clairement bourgeoises, voire réactionnaires (panslavisme, Ligue pour la paix), mais, sentant que l'Internationale pouvait tomber entre ses mains, il a rapidement retourné sa veste, délaissant la Ligue pour la Paix et la Liberté comme une camelote inutile et s'est empressé d'entrer dans l'Internationale, inventant pour l'occasion un "programme de seconde main" suivant les critères du "marxisme à la Groucho Marx qui disait "ce sont mes principes, mais si vous ne les aimez pas, j'en ai d'autres dans ma poche". Ce n’était pas un militant sincère qui "évolue", c’était un aventurier politique.[4] Ces personnages sont très dangereux pour le mouvement ouvrier car ce qui les anime n'est pas la lutte pour les intérêts de la classe, mais leur ambition personnelle de vouloir jouer un "rôle politique" en utilisant les organisations ouvrières à des fins fallacieuses. Lassalle voulait faire du mouvement ouvrier allemand un pion dans son jeu avec Bismarck, avec qui il avait conclu un accord secret.[5] Bakounine voulait mettre l'AIT à son service. Par ailleurs, il est faux que Bakounine ait adopté un programme "abstentionniste, fédéraliste et antiétatiste", ses "principes" variaient selon les circonstances. Comme nous le verrons plus tard, il a été ultra-centraliste lorsqu'il pensait avoir la conquête de l'AIT à sa portée, mais lorsqu'il a échoué, il a abandonné ce centralisme intéressé pour se draper dans la bannière du fédéralisme qui s'avérait être le meilleur instrument pour harceler un Conseil général de l'AIT qui refusait de se mettre à ses pieds. Nous sommes devant deux visions antagonistes. Celle de l'article de la TCI qui dépeint Bakounine comme "un révolutionnaire romantique aux idées erronées" et celle du Conseil général de l'AIT qui le voit comme un aventurier politique intriguant et sans scrupules. Nous choisissons résolument la seconde vision car elle fournit un armement politique pour défendre et construire l’organisation. L'organisation révolutionnaire est une arme vitale du prolétariat qui doit non seulement intervenir dans ses luttes, mais aussi se construire consciemment et défendre son existence contre la répression bourgeoise et tous les instruments qu'elle peut utiliser, comme les aventuriers, le parasitisme politique, etc.
Bakounine a finalement réussi à adhérer à l'AIT. L'article de la TCI ignore totalement le danger que cette adhésion comportait et passe sous silence le fait que Bakounine avait l'intention d'entrer dans l'AIT en portant sur son dos l'Alliance internationale de la démocratie socialiste. Le Conseil général rejette ce piège :
"Considérant : que l'existence d'un second organisme international agissant au sein et en dehors de l'Association internationale des travailleurs serait le moyen le plus infaillible de la désorganiser ; que tout autre groupe d'individus résidant dans une localité quelconque aurait le droit d'imiter le Groupe de Genève initiateur et d'introduire, sous des prétextes plus ou moins ostensibles, au sein de l'Association internationale des travailleurs, d'autres Associations internationales ayant d'autres missions spéciales ; que, de cette façon, l'Association internationale des travailleurs deviendrait très vite le jouet de comploteurs de toute nationalité et de tout parti".
Face à ce refus, Bakounine commence à manœuvrer. Il fait semblant d'accepter les principes de l'Internationale et prétend dissoudre l'Alliance. Il recourt à une autre tromperie : il fait croire à l'organe central de l'AIT qu'il a reçu l'aval du Conseil fédéral de la Suisse Romande (ce qui s'avère faux). Fort de ces accréditations, Bakounine part à la conquête de l'Internationale et se rend au congrès de Bâle (1869) dans le but d'imposer son programme de circonstance basé sur "l'abolition du droit d'héritage" et surtout d'obtenir le transfert du Conseil général à Genève.
Avec cet objectif, Bakounine s'est imposé comme le plus ultra du centralisme. Cette manœuvre n'est pas reprise par la TCI dans son article, qui se montre "surprise" : "plus surprenant, Bakounine a également soutenu une motion visant à étendre les pouvoirs du Conseil général afin qu'il puisse suspendre toute section agissant contre les principes de l'Internationale".
L’article ne voit pas non plus la manœuvre d'instrumentalisation qui se cache derrière le "programme" de Bakounine : "Pour Bakounine, l'abolition du droit d'héritage constituait un point clé de son programme pour l'Alliance, une condition préalable à l'égalité sociale dans la société future. Pour Marx, toute la question du droit d'héritage était une distraction juridique qui serait résolue avec l'abolition de la propriété privée des moyens de production (déjà approuvée par l'Internationale)".
Selon l'article, il y aurait un "débat" entre la position de Marx et celle de Bakounine. Cette appréciation est erronée, il s'agit en réalité d'un lapin que Bakounine a sorti du chapeau, comme l'a dénoncé l'AIT : "le programme de l’Alliance, à la remorque d’un "Mahomet sans Coran", ne représente qu’un ramassis d’idées d’outre-tombe, déguisées sous des phrases ronflantes, ne pouvant effrayer que des bourgeois idiots, ou servir de pièces à conviction contre les internationaux aux procureurs bonapartistes ou autres". Bakounine ne cherchait pas le "débat", sa proposition vedette d'"abolition du droit d'héritage" était un moyen, associé à l'ultra-centralisme, pour prendre le contrôle de l'AIT. De même, pour la TCI, il n'y a rien d'anormal dans la revendication de déplacer le Conseil général à Genève où il pourrait être "accueilli "par Bakounine. Au contraire, la version de cette organisation est la suivante : "Les attaques contre sa personne n'ont pas cessé [se référant à Bakounine], puisque Moses Hess a publié un article à charge en octobre 1869, affirmant que Bakounine avait l'intention de saper l'Internationale et de transférer le Conseil général de Londres à Genève. Bakounine répondit par une tirade antisémite - non publiée - contre les "Juifs allemands" qui auraient conspiré contre lui (que même Herzen et Ogarev trouvèrent excessive). Par respect et par considération tactique, Bakounine épargna Marx, bien qu'il l'ait considéré à tort comme le cerveau de toutes ces attaques". Nous voyons ici que l’article de la TCI prend clairement le parti de Bakounine et loue même sa "magnanimité personnelle" à "pardonner" Marx. La TCI ne voit pas –ou ne veut pas voir– ce qui était en jeu, à savoir la manœuvre de Bakounine pour s'emparer de l'organe central de l'AIT en proposant de déplacer le Conseil général à Genève. Qu'est-ce qu'un organe central dans une organisation prolétarienne ? Un instrument de contrôle de l'organisation par un individu ou un groupe ? Ou une expression de l'organisation dans son ensemble qui doit être défendu contre les intrigues et les ambitions d'individus ou de groupes ? L'AIT adopte clairement cette dernière position qui est celle que nous, révolutionnaires, devons défendre, contrairement à celle de la TCI qui ne voit que des "conflits entre individus".
Le Congrès de Bâle rejette les "propositions" de Bakounine, ce qui l'amène à changer de stratégie : ne pouvant prendre le contrôle de l'AIT, il conspire désormais à sa destruction. Au service de cette stratégie, le centraliste extrême de Bâle devient le plus ultra-fédéraliste et son nouveau programme à la "Groucho Marx" est "l'abstention en politique", mais tout cela est "le signal de la guerre ouverte et incessante que fit l’Alliance, non seulement au Conseil Général, mais encore à toutes les sections de l’Internationale, qui refusèrent d’adopter le programme de cette coterie sectaire et surtout la doctrine de l’abstention absolue en matière politique"[6].
Examinons le cauchemar que Bakounine et son Alliance ont provoqué dans la vie de l'Internationale à partir de 1869. Nous en soulignerons quelques épisodes parmi les plus marquants.
"Déjà avant le Congrès de Bâle, Netchaïeff étant venu à Genève, Bakounine entra en relations avec lui, et fonda en Russie une société secrète parmi les étudiants. (…) Le grand moyen de propagande de cette société consistait à compromettre des personnes innocentes vis-à-vis de la police russe, en leur adressant de Genève des communications sous enveloppes jaunes, revêtues à l’extérieur, en langue russe, de l’estampille du "Comité révolutionnaire secret""[7].
Bakounine n'a aucun scrupule à rejoindre un informateur véreux qui livre aux tortionnaires tsaristes des personnes intéressées par l'Internationale. Ces "mauvaises fréquentations" sont considérées par la TCI comme une "erreur" de Bakounine, sans tenir compte du fait que, comme le montre le document de l'Internationale, c'est lui qui utilisait Netchaïeff. Selon la TCI, le goût de Bakounine pour les conspirations l'a rendu aveugle à l'ampleur de la tromperie et lorsqu'il a finalement pris ses distances avec Nechaïev, il était déjà trop tard. Des gens comme Borkheim et Outine disposaient désormais de munitions supplémentaires pour alimenter les soupçons de Marx. En d'autres termes, Bakounine était "friand de conspirations" (sic) et cela l'a "aveuglé" face aux manœuvres de Netchaïeff (sic) et lorsqu'il a fini par s'en rendre compte, il était "trop tard", ce qui a fini par donner des "munitions" à Marx mal conseillé par Berkheim et Outine. La TCI banalise le fait qu'au sein d'une organisation communiste il y ait des "amateurs de complots", ce qui signifie que, pour cette organisation qui se réclame de la Gauche communiste, l'"amateur de complot" pratiquerait un "passe-temps innocent", le "petit défaut" d'un "grand révolutionnaire" comme Bakounine.
Cette position de la TCI est tout simplement monstrueuse. Qu'au sein d'une organisation bourgeoise il y ait des "amateurs de complots" est habituel, mais qu'au sein d'une organisation communiste il y ait des "amateurs de complots" est quelque chose de radicalement incompatible avec ses principes de fonctionnement et de militantisme et qui la met immédiatement en péril.
Le "pauvre Bakounine" n'a pas vu l'ampleur des tromperies de Netchaïeff selon la TCI. Non ! La leçon à tirer est que Bakounine a utilisé et encouragé Netchaïeff, qu'il était au courant de ses agissements répugnants, et que lorsque toute l'affaire a commencé à être découverte, il était trop tard pour l'étouffer. Dans une organisation communiste, de telles "alliances" avec des éléments louches sont intolérables, et ceux qui les pratiquent sont tout aussi incompatibles avec les organisations communistes. Cela ne fait pas partie du champ de vision de la TCI et cela explique pourquoi elle n'a aucun scrupule à collaborer avec des mouchards et des escrocs comme la racaille du GIGC dans la mise en place des comités NWBCW.[8]
Voyons quelle version la TCI nous donne de cette affaire qui se déroule en 1870 : "La controverse suivante concerne la Fédération romande, la section genevoise de la Première Internationale, où L'Égalité, éditée par des disciples de Bakounine tels que Paul Robin et Charles Perron, avait formulé un certain nombre de plaintes concernant le travail du Conseil général. En mars 1870, le Conseil général a diffusé une réponse de Marx, qui répondait aux critiques. Toutefois, Marx semblait croire à tort que Bakounine était personnellement à l'origine de cette initiative. Nikolai Outine, un autre émigré russe ayant une vendetta contre Bakounine, sent alors sa chance et entreprend de reprendre L'Égalité au nom de Marx. La section se divise, les Genevois se déclarant adeptes de Marx, les Jurassiens adeptes de Bakounine, et les uns et les autres revendiquant le nom de la Fédération romande". Selon cette explication, les partisans de Bakounine, à son insu, auraient attaqué le Conseil général. Dans sa réponse, au nom de ce dernier, Marx aurait été "mal informé" et, de plus, un adepte de Marx, Outine, voulant faire une vendetta contre Bakounine, aurait provoqué une scission dans la Fédération romande. L'AIT présente une version radicalement différente : "L’Alliance commença dans ce temps une polémique publique contre le Conseil général, d’abord dans le Progrès de Locle, puis dans l’Egalité de Genève, journal officiel de la fédération romande où s’étaient glissés quelques membres de l’Alliance à la suite de Bakounine. Le Conseil général, qui avait dédaigné les attaques du Progrès, organe personnel de Bakounine, ne pouvait ignorer celles de l’Égalité, qu’il devait croire approuvées par le Comité fédéral romand"[9]. Dans la controverse, L'Égalité a accusé le Conseil général de ne pas remplir ses fonctions. Ce dernier, dans une circulaire, précise que les critiques sur le fonctionnement de l'AIT ne doivent pas être formulées dans la presse publique de l'organisation, mais doivent passer par les organes statutaires, faute de quoi ces "critiques" donneraient des munitions aux attaques incessantes de la presse bourgeoise contre l'Internationale : "Lorsque le Comité fédéral romand nous adressera des demandes ou des réprimandes par la seule voie légitime, c’est-à-dire par son secrétaire, le Conseil général sera toujours prêt à y répondre. Mais le Comité fédéral romand n’a le droit ni d’abdiquer ses fonctions entre les mains des rédacteurs de l’Egalité et du Progrès, ni de laisser ces journaux usurper ses fonctions. Généralement parlant, la correspondance administrative du Conseil général avec les Comités nationaux et locaux ne pourrait pas être publiée sans porter un grand préjudice à l’intérêt général de l’Association. Donc, si les autres organes de l’Internationale imitaient le Progrès et l’Egalité, le Conseil général se trouverait placé dans l’alternative, ou de se discréditer devant le public en se taisant ou de violer ses devoirs en répondant publiquement. L’Égalité s’est jointe au Progrès pour inviter" le Travail" (journal parisien) à attaquer de son côté le Conseil général. C’est presque une Ligue du bien public."[10]. Pour commencer, Bakounine avait utilisé ses laquais pour lancer une attaque publique contre le Conseil général en utilisant frauduleusement L'Égalité, l'organe de presse de la Fédération Romande. La réponse, basée sur le respect des principes d'organisation, de la part du Conseil général est que les critiques à son égard doivent se faire par l'intermédiaire de l'organe central de la Fédération Romande et non pas en diffusant publiquement ces critiques dans le dos de l'organisation. Cette attaque contre le Conseil général s'est étendue à un autre organe à Paris. Au fur et à mesure que le Conseil général la dénonce, une "ligue" d'attaque publique contre lui se met en place. L'objectif est clair : discréditer l'organe central élu par le Congrès de Bâle et détruire ainsi la centralisation de l'AIT. L'enjeu n'est donc pas une vendetta personnelle d'Outine contre Bakounine, ni un Marx "mal informé", mais la défense d'une méthode de débat centralisé où la critique n'est pas utilisée pour discréditer les organes centraux, mais pour renforcer l'ensemble de l'organisation et l'organe central. Là où l'AIT voit des attaques vicieuses contre son organe central, la TCI voit des "vendettas personnelles" contre Bakounine. L'article de la TCI est très frappant : à chaque étape, nous voyons que sa principale préoccupation est la défense du "pauvre Bakounine" et que tout ce qui concerne la défense de l'organisation révolutionnaire, sa centralisation, la méthode de critique et de débat, a complètement disparu de son radar.
Un autre épisode de la conspiration de Bakounine contre l'Internationale fut la tentative, au congrès de La Chaux-de-Fonds, de s'emparer de la Fédération Romande en avril 1870. Voyons les manœuvres et les intrigues auxquelles Bakounine et ses acolytes ont eu recours : "Bien que, d’après leur propre recensement, les partisans de l’Alliance ne fussent que la représentation du cinquième des membres de la fédération, ils réussirent, grâce à la répétition des manœuvres de Bâle, à se procurer une majorité fictive d’une ou deux voix, majorité qui, au dire de leur propre organe (voir la Solidarité du 7 mai 1870) ne représentait que quinze sections, tandis qu’à Genève seule il y en avait trente ! Sur ce vote, le Congrès romand se divisa en deux partis qui continuèrent leurs séances séparément. Les partisans de l’Alliance se considérant comme les représentants légaux de toute la fédération, transférèrent le siège du Comité fédéral romand à La Chaux-de-Fonds, et fondèrent à Neufchâtel leur organe officiel, la Solidarité rédigé par le citoyen Guillaume. Ce jeune écrivain avait pour mission spéciale de décrier "les ouvriers de fabrique" de Genève, ces "bourgeois odieux", de faire la guerre à l’Égalité, journal de la fédération romande, et de prêcher l’abstention absolue en matière politique. Les articles les plus marquants relatifs à ce dernier sujet eurent pour auteurs, à Marseille, Bastelica et à Lyon les deux grands piliers de l’Alliance, Albert Richard et Gaspard Blanc"[11]. Nous avons donc :
Cet épisode et les leçons claires qu'il nous enseigne sont ignorés par l'article de la TCI qui dit en passant, en se référant à la Conférence de Londres (1871) : "Au cours de la conférence, Marx prononce un discours dans lequel il reproche à l'Alliance de ne pas s'être dissoute en 1869, comme on le lui avait demandé, et prétend qu'elle existait comme société secrète au sein de la Première Internationale. Il soutient également que la section jurassienne ne doit pas utiliser le nom de Fédération romande (mais qu'elle peut s'appeler Fédération jurassienne) et il reproche à Guillaume d'avoir publié un appel en violation des statuts de l'Internationale". L'Alliance n'a pas commis d'"erreurs" comme le prétend la TCI, mais des attaques répugnantes contre l'organisation. L'article de la TCI ignore la raison précise de la dénonciation de Marx : "Le 10 août, l’Alliance, peu désireuse de voir ses agissements scrutés par une Conférence, déclarait qu’elle était dissoute depuis le 6 du même mois. Mais le 15 septembre, elle reparait et demande son admission au Conseil, sous le nom de Section des athées socialistes. D’après la résolution administrative n° V du Congrès de Bâle, le Conseil n’aurait pu l’admettre sans consulter le Comité fédéral de Genève, qui était fatigué des deux années de lutte avec les sections sectaires. D’ailleurs, le Conseil avait déjà déclaré aux sociétés ouvrières chrétiennes anglaises (Young mens’ Christian Association) que l’Internationale ne reconnaît pas de sections théologiques".[12] En d'autres termes, l'Alliance avait fait semblant de se dissoudre pour réapparaître sous les traits de la "Section des athées socialistes" ! La conspiration de Bakounine se poursuit et prend pour axe la Fédération Romande où il a (avec l'Espagne et l'Italie) une série d'adeptes. Depuis sa base d'opérations de La Chaux-de-Fonds, l'Alliance de Bakounine n'a de cesse de monter un scandale après l'autre pour désorganiser l'Internationale et paralyser son Conseil général par des exigences constantes. C'est ainsi qu'un délégué de l'Alliance, Robin, insiste avec acharnement pour que le Conseil général convoque une Conférence privée afin de donner enfin l'avantage à la "Fédération jurassienne" (le fief de Bakounine autour de La Chaux-de-Fonds) face à la Fédération romande.
Comme le Congrès de Bâle avait marqué l'impossibilité de reprendre l'AIT "par le haut", Bakounine fait maintenant de la politique "par le bas" en utilisant ses disciples comme promoteurs de toutes sortes de "sections" au fonctionnement "autonome" et en prônant les alternatives les plus fantaisistes comme remèdes aux maux du monde. Le Conseil général voit dans toute cette agitation deux dangers politiques fondamentaux.
L'AIT est disloquée par une prolifération chaotique de groupements arborant chacun une bannière différente. De plus, ces groupements aux mains de Bakounine et de l'Alliance se sont consacrés dès le début au harcèlement du Conseil général en recourant aux "arguments" les plus absurdes. Par exemple, le prétendu "pangermanisme" du Conseil général. Ainsi, un organe de presse, créé à la hâte par les amis de Bakounine en Suisse, la Révolution sociale, s’efforça "d’allumer, même dans l’Internationale, le feu des haines nationales. D’après lui, le Conseil général était un comité allemand, dirigé par un cerveau bismarkien". L'agitation antiallemande se poursuit par une action honteuse. Une "section émigrée de la Commune" installée à Londres, avec des provocateurs policiers comme Pyat, se consacre au dénigrement des militants ouvriers allemands qui se sont opposés à la guerre franco-prussienne : "La Conférence de Londres avait approuvé la conduite des ouvriers allemands pendant la guerre. […] huit jours après, le 20 novembre 1871, quinze membres de la "section française de 1871" inséraient dans le Qui vive! une "protestation" pleine d’injures contre les ouvriers allemands et dénonçait la résolution de la Conférence comme la preuve irrécusable de "l’idée pangermanique" qui possède le Conseil général. De son côté, toute la presse féodale, libérale et policière de l’Allemagne s’empara avidement de cet incident pour démontrer aux ouvriers allemands le néant de leurs rêves internationaux"[13].Il est important de noter que toutes les calomnies et insidiosités diffusées par les partisans de l'Alliance ont été immédiatement reprises dans les organes de presse bourgeois : "Remarquons en passant que le Times, ce Léviathan de la presse capitaliste, le Progrès (de Lyon), journal de la bourgeoisie libérale, et le Journal de Genève, journal ultra-révolutionnaire, accablèrent la Conférence des mêmes reproches et se servaient presque des mêmes termes que les citoyens Malon et Lefrançais."[14]
Toute l'agitation bakouniniste pour la création de sections sectaires au sein de l'AIT ramenait le mouvement ouvrier à l'époque de ses premiers pas (1800-1848) dominés par les sectes : "La première phase dans la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie est marquée par le mouvement sectaire. Il a sa raison d’être à une époque où le prolétariat n’est pas encore assez développé pour agir comme classe. Des penseurs individuels font la critique des antagonismes sociaux, et en donnant des solutions fantastiques que les ouvriers n’ont qu’à accepter, à propager, à mettre en pratique. Par leur nature même, les sectes formées par ces initiateurs sont abstentionnistes, étrangères à toute action réelle, à la politique, aux grèves, aux coalitions, en un mot à tout mouvement d’ensemble. La masse du prolétariat reste toujours indifférente ou même hostile à leur propagande. Les ouvriers de Paris et de Lyon ne voulaient pas plus des Saint-Simoniens, des Fouriéristes, des Icariens, que les chartistes et les trade-unionistes anglais ne voulaient des Owenistes. Ces sectes, leviers du mouvement à son origine, lui font obstacle dès qu’il les dépasse; alors elles deviennent réactionnaires; témoin, les sectes en France et en Angleterre, et dernièrement les Lassalliens en Allemagne qui, après avoir entravé pendant des années l’organisation du prolétariat, ont fini par devenir de simples instruments de police. Enfin, c’est là l’enfance du mouvement prolétaire, comme l’astrologie et l’alchimie sont l’enfance de la science. Pour que la fondation de l’Internationale fût possible, il fallait que le prolétariat eût dépassé cette phase". Contre ce retour en arrière, encouragé par Bakounine et sa multiplication des sections sectaires, "l’Internationale est l’organisation réelle et militante de la classe prolétaire dans tous les pays, liés les uns avec les autres, dans leur lutte commune contre les capitalistes, les propriétaires fonciers et leur pouvoir organisé dans l’État. Aussi les statuts de l’Internationale ne connaissent-ils que des simples sociétés « ouvrières » poursuivant toutes le même but et acceptant toutes le même programme, qui se limite à tracer les grands traits du mouvement prolétaire et en laisse l’élaboration théorique à l’impulsion donnée par les nécessités de la lutte pratique, et à l’échange des idées qui se fait dans les sections, admettant indistinctement toutes les convictions socialistes dans leurs organes et leurs Congrès"[15].
Nous avons rappelé qui était Bakounine, son parcours et l'action de sabotage et de désorganisation qu'il avait menée au sein de l'AIT. Cette œuvre de destruction minait l'Internationale de l'intérieur. L'Internationale devait organiser sa défense et cette défense consista à :
Telle fut l'œuvre du congrès de La Haye de septembre 1872 : l'AIT tout entière s'est unie contre trois années d'intrigues incessantes qui l'ont empêchée de réaliser ses objectifs et l'ont conduite à la paralysie et à la destruction. L'article de la TCI voit les choses d'une manière antagoniste et différente :
1) La TCI estime qu'il y a eu des "divergences politiques" entre Marx et Bakounine : "Marx acceptait que la Première Internationale, en tant qu'organisation, puisse devenir obsolète avec le développement de la lutte des classes, alors que pour Bakounine la Première Internationale était l'embryon de la société future. Bakounine, bien qu'approuvant initialement l'augmentation des pouvoirs du Conseil général, conclut qu'il devrait être réduit à un simple bureau de correspondance et de statistiques entre des sections autonomes. Marx, qui voyait dans le Conseil général un moyen de centraliser l'action vers un but commun, répondait qu'il préférait voter pour la suppression du Conseil général que pour un Conseil général qui ne serait qu'une boîte aux lettres. Telles étaient leurs approches fondamentales différentes, et elles étaient incompatibles. Elles furent bientôt vulgarisées en un conflit entre "centralistes" et "fédéralistes"(distinction qu'Engels rejeta publiquement)". Nous avons déjà montré que ce "débat" était une manœuvre d'instrumentalisation pour détruire l'Internationale. Qu'au sein de l'Internationale il y ait des opinions différentes sur la centralisation, sur la fonction de l'organisation, sur les mesures pour atteindre le communisme, c'était évident. Mais pour cela, l'Internationale avait des statuts qui encourageaient le débat, comme l'a dit Engels, "Marx s'en remettait uniquement au développement intellectuel de la classe ouvrière, qui devait résulter de l'action et de la discussion communes. Les événements et les vicissitudes de la lutte contre le Capital, les défaites plus encore que les succès, ne pouvaient manquer de faire sentir aux combattants l'insuffisance de toutes leurs panacées et les amener à comprendre à fond les conditions véritables de l'émancipation ouvrière."[16] Les intrigues, les changements de position soudains et inexpliqués, les calomnies, les organisations secrètes, toute la pratique depuis 1868 de Bakounine et de ses disciples, n'ont fait qu'empêcher le débat, puisqu'ils exploitaient ces divergences à leurs propres fins inavouables, les mêlant à des tensions personnelles et à des intérêts fallacieux, les envenimant en rendant impossible leur clarification. Ce n'est pas le débat qu'ils recherchaient, mais la désorganisation, la division et l'affrontement au sein de l'AIT.
2) La TCI laisse entendre que Marx et "ses partisans" ont utilisé des méthodes et des alliances sournoises dans leur lutte contre Bakounine : "Pour un certain nombre de raisons, la fin de la procédure a été peu glorieuse. Au moins l'un des membres de la commission chargée d'enquêter sur l'Alliance s'est avéré par la suite être un espion bonapartiste. Et pour renforcer le dossier contre Bakounine, la commission spéciale l'a également accusé de vol et d'intimidation. Bakounine avait reçu l'avance pour la traduction du Capital, mais n'avait pas achevé le projet et n'avait pas rendu l'argent. C'est toutefois Netchaïeff, probablement à l'insu de Bakounine, qui a ensuite menacé l'éditeur de violence". Ainsi, les "partisans de Marx" auraient fait de "vilaines" choses et se seraient laissé emporter par l'antipathie envers Bakounine et auraient porté des accusations injustes contre lui. Il n'en est rien ; c'est l'ensemble du congrès qui a adopté comme point principal de l'ordre du jour l'enquête sur les activités de l'Alliance. Cette décision a été activement soutenue par les Proudhoniens et d'autres tendances anarchistes. Le Congrès de La Haye n'était pas une lutte entre "autoritaires marxistes" et "libertaires bakouninistes", mais une lutte pour la défense de l'organisation. Comme le dit notre article sur le congrès de La Haye : "Le Congrès, sauf la minorité bakouniniste, soutint les conclusions de la commission. En réalité, la commission ne proposa que 3 exclusions : celles de Bakounine, Guillaume et Schwitzguébel. Seules les deux premières furent adoptées par le Congrès. Voilà ce que vaut la légende selon laquelle l'Internationale voulait éliminer une minorité gênante par des moyens disciplinaires ! Contrairement à ce qu'anarchistes et conseillistes proclament, les organisations prolétariennes n'ont pas besoin de telles mesures, elles n'ont pas peur d'une clarification politique totale à travers le débat, mais y sont, au contraire, très attachées. Et elles n'excluent des membres que dans des cas, totalement exceptionnels, d'indiscipline ou de déloyauté graves. Comme l'a dit Johannard à La Haye : "L'exclusion de l'AIT constitue la sentence la pire et la plus déshonorante qui puisse être portée contre un homme ; un tel homme ne pourra plus jamais faire partie d'une société honorable." [17]
L'objectif n'était pas la personne de Bakounine, mais sa politique et surtout la dénonciation de l'organisation secrète qu'il avait mise en place, "une Internationale dans l'Internationale", c'était ses méthodes qu'on voulait dénoncer et éradiquer. L’enjeu du congrès de La Haye n’était pas de savoir si les partisans de Marx ou les partisans de Bakounine gagneraient, mais plutôt d’affirmer les principes organisationnels de l’Internationale. Une organisation communiste ne peut fonctionner sans des principes clairs d’organisation et de militantisme. C’est là le nœud du problème que l’article de la TCI ignore scandaleusement. Avec l'écrasement de la Commune de Paris, l'AIT se retrouve dans une situation très dangereuse : "Jules Favre demandait l’extradition des réfugiés comme criminels de droit commun, à tous les gouvernements, même à celui de l’Angleterre; où Dufaure proposait à l’Assemblée rurale une loi mettant l’Internationale hors la loi et dont Malou plus tard servait aux Belges une contrefaçon hypocrite; où, en Suisse, un réfugié de la Commune était arrêté préventivement, en attendant la décision du gouvernement fédéral sur la demande d’extradition; où la chasse aux Internationaux était la base ostensible d’une alliance entre Beust et Bismarck, dont Victor Emmanuel s’empressa d’adopter la clause dirigée contre l’Internationale; où le gouvernement espagnol, se mettant entièrement à la disposition des bourreaux de Versailles, forçait le bureau fédéral de Madrid à chercher un refuge en Portugal; au moment enfin où l’Internationale avait pour premier devoir de resserrer son organisation et de relever le gant jeté par les gouvernements."[18] L'attaque généralisée des gouvernements européens a été soutenue au sein de l'AIT par la cinquième colonne bakouniniste, "l’appui que la réaction européenne trouve dans les scandales provoqués par cette Société, à un moment où l’Internationale traverse la crise la plus sérieuse, depuis sa fondation, obligerait le Conseil Général à faire l’histoire de toutes ces intrigues".[19] L'Alliance et ses machinations constituaient une menace totale contre l'AIT, l'un des membres de l'Alliance, le lieutenant de Bakounine, Guillaume, allait jusqu'à dire avec impudence que : "Tout membre de l'Internationale a parfaitement le droit d'adhérer à n'importe quelle société secrète, même à la franc-maçonnerie. Toute enquête sur une société secrète équivaudrait simplement à une plainte à la police" [20].
Depuis l’aube du mouvement ouvrier, la bourgeoisie mène une guerre à mort contre les organisations communistes, aussi bien lorsqu’elles sont importantes et ont une grande influence, que lorsqu’elles sont minuscules et n’ont pratiquement aucun impact sur la classe. La Ligue des Communistes, une fois dissoute, ne fut pas oubliée par la bourgeoisie qui organisa le monstrueux procès de Cologne contre ses militants (1852). De même, Marx fut personnellement l'objet d'une campagne de diffamation orchestrée par Herr Vogt, qui l'obligea à faire un an de travail pour les réfuter[21]. L'expérience de l'AIT et celle des 40 dernières années de la Gauche Communiste mettent en lumière un autre moyen de guerre de la bourgeoisie contre les organisations révolutionnaires : utiliser des forces qui ne sont pas directement créées par elle, mais qui, en raison de leur haine aveugle des organisations communistes et de ce qu'elles représentent, agissent admirablement en faveur de la bourgeoisie. C’est le cas des parasites : "Le Congrès de La Haye montra que l'Alliance de Bakounine n'avait pas agi toute seule mais qu'elle était le centre coordinateur d'une opposition parasitaire au mouvement ouvrier soutenue par la bourgeoisie."[22]
Aux États-Unis, l'Alliance a reçu le soutien d'un groupe sinistre, d'orientation spiritualiste, celui de Victoria Woodfull, ainsi décrit par une intervention de Marx au Congrès de La Haye : "Le mandat de West est signé par Victoria Woodhull qui a mené des intrigues pendant des années pour accéder à la présidence des Etats-Unis ; elle est présidente des spiritualistes, prêche l'amour libre, fait des affaires bancaires, etc." Elle publia, comme l'a rappelé Marx, le "célèbre appel aux citoyens de langue anglaise des Etats Unis dans lequel toute une série de non-sens sont attribués à l'AIT et sur la base duquel plusieurs sections furent formées dans le pays. Entre autres choses, l'appel mentionnait la liberté personnelle, la liberté sociale (l'amour libre), la façon de s'habiller, le droit de vote des femmes, un langage universel, etc. (Ces gens) posaient la question des femmes avant celle de la classe ouvrière et refusaient de reconnaître l'AIT comme organisation ouvrière."[23] (intervention de Marx).
Le parasitisme allemand, c'est-à-dire les Lassalliens expulsés de l'Association pour l'éducation des travailleurs allemands à Londres, rejoignirent également ce réseau international du parasitisme, à travers le Conseil fédéraliste universel de Londres susmentionné, auquel ils participèrent ensemble avec d'autres ennemis du mouvement ouvrier tels que les francs-maçons radicaux français et les mazzinistes italiens (...) En Italie, par exemple, la bourgeoisie a lancé la Societa universale dei razionalisti qui, sous la direction de Stefanoni, s'est consacrée à attaquer l'Internationale dans ce pays. Sa presse publia les calomnies de Vogt et des Lassalliens allemands contre Marx et défendit ardemment l'Alliance de Bakounine.
"Le but de ce réseau de pseudo-révolutionnaires était de "calomnier à faire rougir les journaux bourgeois, dont ils sont les infâmes inspirateurs, contre les internationaux", et ils appelaient cela "grouper les ouvriers" (Intervention de Duval)[24].
Les leçons du congrès de La Haye sont fortes :
5) L'AIT s'est défendue en affirmant les principes prolétariens d'organisation et de fonctionnement, en nommant une commission d'enquête pour dénoncer la conspiration de Bakounine et de son alliance.
Ces leçons sont jetées à la poubelle par l'article de la TCI qui conclut : "Après une séance tumultueuse, Bakounine fut expulsé à la majorité et dès lors, les tendances rouge et noire du mouvement ouvrier suivirent leur chemin."
Il n’y a pas eu de scission entre la "tendance rouge" et la "tendance noire" ! Il n'y avait pas de contentieux personnel entre Marx et Bakounine, et les différences politiques ou la conception organisationnelle n'étaient pas non plus la cause de la scission au sein de l'AIT. Le véritable problème était la conspiration parasitaire de Bakounine contre l'Internationale et ce que le Congrès souverain de La Haye a fait en 1872 a été de défendre l'organisation contre ce complot destructeur.
Nous constatons donc que la TCI n'écrit pas l'article sur le Congrès de La Haye pour récupérer et nourrir la mémoire historique du prolétariat. Si tel avait été son objectif, elle aurait dû s'appuyer sur les documents du Congrès lui-même, qu'elle ne cite à aucun moment. Selon l’article lui-même, l’objectif est le suivant : "À ce moment historique crucial, où chaque jour où le capitalisme continue de survivre est une menace pour l’existence même de l’humanité, nous appelons tous ceux qui se considèrent comme des anarchistes dévoués à la lutte des classes à reconsidérer comment les choses ont changé sur ce long chemin vers l’auto-émancipation de la classe ouvrière il y a 150 ans".
Il existe ici un piège, l’anarchisme est un marécage où cohabitent de nombreuses tendances politiques. La majorité est clairement bourgeoise, ils soutiennent la guerre en Ukraine et défendent des positions telles que la libération nationale du peuple kurde du Rojava. Seule une minorité défend des positions clairement situées dans le camp du prolétariat. L’article ne s’adresse pas à cette minorité, mais avec un opportunisme évident, il s’adresse aux "anarchistes en général" et pour les satisfaire, il blanchit Bakounine, cache sa conspiration anti-organisationnelle, dénigre Marx et cache les leçons que l’AIT a tirées.
Il y a deux manifestations claires d’opportunisme dans ce comportement. La première est de prôner une "discussion" avec l’anarchisme, en cachant le fait que la majorité de ce milieu est clairement constitué par des organisations bourgeoises. Le deuxième, encore plus grave, est le blanchiment de personnages comme Bakounine et ses méthodes qui, comme l’a clairement démontré l’AIT, sont incompatibles avec les organisations communistes.
Bien sûr, ce devrait être à la TCI elle-même d'expliquer les raisons de son article ; cependant, une autre raison non dissimulée qui découle de sa collaboration actuelle à travers les comités NWBCW avec les parasites et, pire encore, les mouchards et para-policiers du GIGC. Il est évident qu’en plus de flirter sans vergogne avec l’anarchisme, l’article sur Bakounine sert également à blanchir le comportement du GIGC, en lui accordant une "légitimité", ce qui est tout simplement scandaleux.
Falsifier les leçons authentiques du Congrès de La Haye, blanchir Bakounine, donner une légitimité aux mouchards parasites du GIGC, flirter avec l'anarchisme... Jusqu'où ira la TCI dans son opportunisme ?
C. Mir (24 août 2023)
[1]Tendance Communiste Internationaliste
[2] Il est très choquant de voir comment l'article (“Meanwhile in London, the Polish uprising and the American Civil War served as the impetus for the founding of the First International in 1864”). considère les racines de l'AIT. En effet, il est incroyable qu'une organisation qui se réclame de la Gauche communiste voit les origines de l'AIT non pas comme une expression du mouvement ouvrier, mais comme le résultat de la révolte en Pologne ou de la guerre civile américaine ! Cela diffère radicalement de l’appréciation de Marx et Engels sur l’origine de l’AIT.
[3] Les prétendues scissions de l'Internationale [33]. Association Internationale des Travailleurs. (Marxists.org). Sans indication contraire, les citations proviennent de ce document.
[4] Lire à ce propos Questions d'organisation, IV - La lutte du marxisme contre l'aventurisme politique [34]- Revue internationale 88.
[5] Sur Lassalle, voir Lassalle et Schweitzer : La lutte contre les aventuriers politiques dans le mouvement ouvrier [35]- Revue internationale, 2021, Numéro spécial.
[6] Les prétendues scissions de l'Internationale.
[7] Les prétendues scissions de l'Internationale.
[8] Voir Attaquer le CCI : la raison d'être du GIGC et Un comité menant les participants dans une impasse -Courant communiste international (internationalism.org).
[9] Les prétendues scissions de l'Internationale
[17] Questions d'organisation, III : le congrès de La Haye de 1872 : la lutte contre le parasitisme politique [37]
[20] La vie de Karl marx, p. 409. B. Nicolaïevski, Edition Gallimard, 1970
[21] Lire en espagnol El caso Vogt: el combate de los revolucionarios contra la calumnia (I) [38] et El caso Vogt: el combate de los revolucionarios contra la calumnia (II) [39]
[22] Questions d'organisation, III : le congrès de La Haye de 1872 : la lutte contre le parasitisme politique [37], Revue Internationale 87, 1996
[23] Questions d'organisation, III : le congrès de La Haye de 1872 : la lutte contre le parasitisme politique [37], Revue Internationale 87, 1996
[24] Questions d'organisation, III : le congrès de La Haye de 1872 : la lutte contre le parasitisme politique [37], Revue Internationale 87, 1996
Comme le met clairement en évidence la correspondance publiée ci-après ainsi que nos articles précédents sur la question[1], l'individu Gaizka est manifestement un aventurier. Ses sites web : Communia (également connu sous le nom de Emancipación et Nuevo Corso)[2] font partie d'une tentative de créer une fausse "Gauche Communiste" pour usurper la réputation et l'identité des organisations existantes de la Gauche Communiste (notamment le Courant communiste international et la Tendance Communiste Internationale) qui sont les authentiques descendantes de la tradition politique de la Gauche communiste.
La correspondance entre la TCI et le CCI traite de la question de savoir s'il faut ou non, et comment, dénoncer publiquement un tel individu et son entreprise politique, de même que les parasites politiques qui le défendent. La Gauche Communiste dans son ensemble, indépendamment des différences politiques qui existent entre ses différentes composantes, doit-elle avertir publiquement tous les révolutionnaires, en particulier les plus jeunes et les moins expérimentés, du piège dangereux que représentent les actions d'un tel aventurier. Ou doit-elle garder publiquement silence à son propos ?
En initiant cette correspondance avec la TCI, l'intention du CCI était de partager et de vérifier les informations que nous avions déjà recueillies sur cet individu, d'avertir du danger qu'il représentait et de faire un front commun pour défendre la Gauche Communiste authentique.
Les divergences qui sont apparues entre nos deux organisations ne portaient pas sur le danger constitué par l'aventurisme de Gaizka -la TCI est tout à fait d'accord avec le CCI concernant l'escroquerie que constitue son projet d'usurpation d'une identité politique- mais sur l'opportunité de rendre publique cette situation et de faire cause commune avec la TCI pour y faire face.
La publication de cette correspondance se donne plusieurs objectifs :
Nous invitons donc la TCI, et tous ceux qui sont sincèrement intéressés à la défense de la Gauche communiste, à poursuivre le débat dans la presse.
À la suite de la publication intégrale de cette correspondance (à l'exception des données personnelles non pertinentes, des liens internet non viables et des aspects liés à l'analyse de la situation internationale), nous ajoutons quelques remarques en conclusion.
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26/9/2019 : CCI ==> TCI
Chers camarades,
Nous vous écrivons pour vous demander votre avis sur les informations que nous avons partagées avec votre camarade de la CWO concernant l'individu Gaizka qui anime la tendance Emancipación /Nuevo Corso.
Nous avons rencontré votre camarade il y a près de six mois à deux reprises à Londres pour lui présenter les éléments que nous avions recueillis sur la trajectoire de Gaizka et pour connaître votre opinion sur le préjudice que cette trajectoire représente pour la Gauche Communiste dans son ensemble. Nous avons compris, lors de ces rencontres, que votre organisation nous donnerait en temps voulu une position définitive de votre organe central concernant l'importance des informations sur Gaizka que nous avons fournies. Jusqu'à présent, nous n'avons pas reçu de communication de votre part à ce sujet. Peut-être n'avait-il pas été clair, lors de notre dernière rencontre, que nous attendions une réponse de votre part. Veuillez donc considérer cette lettre comme un rappel respectueux du fait que nous aimerions effectivement connaître votre opinion sur les faits concernant Gaizka que nous vous avons communiqués.
Après avoir lu votre récent article concernant Emancipación[4] sur leftcom.org, nous nous sommes rappelé l'urgence de déterminer la nature de Gaizka, en notant plusieurs points saillants de l'article :
Ces points tendent à confirmer, en ce qui nous concerne, que le projet d'Emancipación est de créer un faux "mouvement" international de la Gauche Communiste qui exclut la tradition authentique du camp existant de la Gauche Communiste et ses positions politiques (sans les confronter ouvertement et fraternellement) et qui agit donc comme un piège dangereux pour les nouveaux éléments, en particulier aux États-Unis, qui s'approchent des positions de classe."
Les informations sur Gaizka que vous avez reçues de notre part confirment, à notre avis, que cet objectif erroné et nuisible n'est pas le résultat de la naïveté ou d'une véritable erreur politique, mais qu'il est délibérément orchestré.
Par conséquent, nous aimerions recevoir à nouveau, dans un avenir proche, vos propres conclusions concernant les informations sur Gaizka que nous vous avons présentées.
Fraternellement
PS. Votre article sur Emancipación est mal informé lorsqu'il affirme que le CCI s'est "effondré" ou "désintégré". Nous tenons à rassurer les camarades de la TCI que, comme l'a dit Mark Twain, "Les rapports sur notre mort sont grandement exagérés".
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01/10/2019 : TCI ==> CCI
Le BI de la TCI se réunit le week-end prochain et je lui transmettrai ce message. Ma crainte est qu'une critique politique soit transformée en une attaque contre un individu (sur lequel nous avons encore plus de preuves) et devienne ainsi contre-productive. Nous avons rencontré ceux qui, au sein de Emancipación, soutiennent la ligne selon laquelle le "CCI est une secte", mais même les plus jeunes de nos sympathisants peuvent voir qu'avec Emancipación, nous avons affaire à une véritable secte avec un gourou qui ne tolère aucune contradiction et qui n'affronte pas les positions politiques honnêtement et directement. Cependant, les jeunes que nous espérions sauver restent de vrais croyants. Nous notons également la ligne totalement opportuniste suivie par le GIGC [5] à cet égard. Parfois, s'en prendre à ces personnes ne fait que leur donner une publicité qu'elles ne méritent pas et nuit à la Gauche Communiste dans son ensemble.
C'est mon opinion personnelle, mais je la défendrai dans nos discussions
Salutations internationalistes
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11/10/2019 : CCI ==> TCI
Chers camarades
Nous vous remercions de la réponse rapide de J. à la lettre du CCI du 26.09.19 qui donne son avis sur Gaizka et NC/Emancipación, et mentionne que l'organe central de la TCI se réunira bientôt pour discuter de cette question. Nous attendons des nouvelles de la TCI une fois que votre organe central aura pris sa décision sur les informations que nous vous avons fournies au sujet de cette personne.
Nous avons été intéressés de lire dans la réponse de J. que vous avez des preuves concernant Gaizka qui ne figuraient pas dans les informations que nous vous avons fournies. Nous aimerions connaître ces preuves supplémentaires en vue de construire une image aussi complète que possible de l'activité de cette personne. Nous aimerions également savoir si vos preuves complètent ou modifient nos propres informations à quelque égard que ce soit. Ces preuves supplémentaires pourraient nous être transmises à Londres.
Nous attendons votre réponse à ces deux questions dans les plus brefs délais.
Fraternellement
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Entre le 11/10/2019 et le 18/10/2019 : TCI ==> CCI
Une réponse officielle est en cours de préparation (résumant nos discussions de la semaine dernière) mais j'ai copié-collé un message de quelqu'un concernant des informations complémentaires sur Gaizka et ses deux complices féminines.
J'ai lu votre récent texte sur Nuevo Curso sur le web. Et je voudrais partager avec vous quelques informations que j'ai découvertes récemment.
J'ai connu certains membres de Nuevo Curso il y a deux ans, au début de leur activité. Le groupe fondateur est composé de membres de la coopérative Las Indias. L'âme du groupe est un homme qui s'appelle Gaizka. Il n'est pas tout à fait inconnu. Le groupe a commencé il y a deux ans en cherchant des "internationalistes" sur le réseau social Twitter, avec des "bots", c'est-à-dire de faux comptes programmés pour localiser des personnes spécifiques. Si nous lisons les déclarations de son leader en 2014, nous pouvons supposer qu'il s'agit d'une conversion récente au communisme. Et avec sa création d'une "nouvelle tradition trotskiste-munisiste", qui me semble être un rejeton direct de Gaizka, on peut supposer qu'il est un aventurier politique. Mais il est vrai que c'est un aventurier qui peut faire beaucoup de mal à notre cause, parce qu'il peut attirer beaucoup de jeunes, grâce à sa bonne utilisation de l'internet et des réseaux sociaux.
Je ne pense pas que cela ajoute beaucoup à ce que vous savez (sauf plus de couleurs au caméléon) - c'est un punk, un anarchiste, un communiste etc.
IG
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18/10/2019 : TCI ==> CCI
Camarades
Comme promis, notre BI a discuté de votre lettre et sommes entièrement d'accord avec le passage suivant :
"Ayant lu votre récent article concernant Emancipación sur leftcom.org nous avons nous-mêmes été rappelés à l'urgence de la nécessité de déterminer la nature de Gaizka, en notant plusieurs points saillants de l'article :
- Emancipación prétend être un nouveau pôle de regroupement de la Gauche Communiste pour le futur parti mondial, basé sur des principes internationalistes, alors qu'il n'a pas réussi à produire une plateforme politique qui défende ces principes.
- Emancipación fonde sa perspective non pas sur les positions et la tradition de la Gauche Communiste mais sur le Programme de Transition de Trotsky que Munis a tenté de revitaliser dans un sens révolutionnaire dans la période d'après-guerre sans succès.
- L'approche d'Emancipación n'est pas la clarification des différences politiques avec les courants existants de la Gauche Communiste mais suit plutôt la 'voie de l'ambiguïté'".
Nous pouvons confirmer qu'au cours de nos premières discussions avec eux, ils ont nié qu'ils visaient à créer une organisation politique distincte, mais plutôt à éduquer plus largement les jeunes concernant l'histoire de la classe ouvrière afin qu'ils puissent décider eux-mêmes de la voie à suivre. Lorsque certains de leurs jeunes partisans sont devenus plus enclins au militantisme politique, ils nous ont demandé de ne pas nous engager dans des discussions sur des questions politiques sérieuses avec eux, mais plutôt de leur proposer une coopération pratique basée sur le principe "on ne pose pas de questions". Nous avons rejeté cette proposition et ils ont ensuite entamé une série de manœuvres visant à définir leur "nouvelle tendance" et à rompre la discussion avec nos sympathisants et membres aux Etats-Unis, ainsi qu'avec les groupes "Workers Offensive" et "Gulf Coast Communist Fraction". Lorsque nous avons montré ouvertement quelles étaient leurs manœuvres, ils ont brusquement coupé toute communication avec nous. En fait, Gaizka (comme nous continuerons à l'appeler) ne peut tolérer aucune forme de contradiction et exclut automatiquement même les interlocuteurs les plus innocents qui remettent en question l'une ou l'autre de ses hypothèses.
Cependant, la question est de savoir comment faire face à cette menace et nous pensons que notre attaque contre cet individu dangereux doit passer par une critique de l'organisation à laquelle il a donné naissance, à la fois dans son cadre politique et dans son mode de fonctionnement. À cet égard, nous avons l'intention de préparer davantage de critiques du projet Emancipación en tant que tel, en évitant l'argumentum ad hominem dans le sens le plus direct, mais en révélant clairement la faible base organisationnelle sur laquelle il opère. Comme toujours, nous le ferons à notre manière et nous espérons que vous ferez de même. C'est probablement la meilleure façon d'aborder la situation, car des critiques puissantes et distinctes sont plus susceptibles d'atteindre un public plus large et, bien sûr, nous avons une approche différente pour traiter les éléments sectaires qui apparaissent de temps à autre en marge de la gauche communiste.
Salutations internationalistes
Le Bureau international de la TCI
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26/03/2020 : CCI ==> TCI
Chers camarades,
Nous espérons qu'aucun de vos camarades n'a succombé au virus corona et qu'ils prennent toutes les mesures de précaution nécessaires pour s'en prémunir. Les quelques militants de la Gauche Communiste dans le monde sont précieux pour l'avenir de la classe ouvrière.
Cela fait maintenant deux mois que nous avons publié l'article sur Gaitzka[6] qui donnait suffisamment d'éléments pour mettre en évidence le caractère suspect de cet élément et le danger qu'il représente pour la Gauche Communiste authentique et les nouveaux éléments qui se rapprochent d'elle.
Comme vous vous en souvenez, nous vous avions déjà présenté ces faits à son sujet et nous étions parvenus à un accord concernant la sérieuse menace qu'il représente pour la Gauche Communiste, comme vous l'avez souligné dans un courriel du 18 octobre 2019.
La réponse de NC/Gaitzka à l'article a été un silence assourdissant ; une approche lâche qui est en fait symptomatique de sa nature douteuse. Il serait difficile de croire qu'il n'a pas remarqué l'article : si les mesures de notre site Web sont exactes, près de deux mille personnes ont lu cet article dans les premières semaines de sa parution.
En fait, il n'y a eu qu'une seule réponse publique à cet article - celle du GIGC (également reproduite sur le blog Pantopolis de Philipe Bourrinet). Dans cette réponse intitulée "Nouvelle attaque du CCI contre le Camp Prolétarien International", le GIGC défend fermement Nuevo Corso pour avoir "joué un rôle actif dans l'émergence et le regroupement international de nouvelles forces révolutionnaires et communistes, en particulier sur le continent américain". Sans contester aucun des faits présentés dans notre article, le GIGC allègue que l'article se situe sur le "terrain pourri de la personnalisation des questions politiques" et fait partie d'une campagne du CCI de "provocation, manœuvre, dénigrement, calomnie ou rumeur" contre les groupes ou militants révolutionnaires et qu'il "vise à pourrir et saper le processus international d'émergence, de développement, de regroupement et de clarification politique qui est actuellement en cours". Il conclut que l'objectif principal du CCI dans cet article est "d'affaiblir et si possible de détruire toute tentative, tout processus de regroupement et de lutte pour le parti".
Nous serions intéressés de connaître votre opinion sur ces allégations du GIGC et son soutien aux douteux Gaitzka et Nuevo Corso.
Dans l'e-mail mentionné ci-dessus, vous avez dit que vous prépariez d'autres critiques du projet Emancipación. Seront-elles publiées dans un avenir proche ?
Fraternellement
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12/04/2020 : TCI ==> CCI
Camarades
Merci pour votre courrier et nous partageons vos sentiments concernant la sécurité de tous les camarades en cette période.
Le CE du CWO s'est réuni jeudi et a discuté de votre lettre, mais nous sommes convaincus que nous parlons au nom du reste de la TCI (qui se réunit la semaine prochaine).
L'absence de réponse à votre critique est probablement une bonne chose. Pour autant que nous le sachions, seul le GIGC a soutenu Gaizka. Nous lui avions déjà envoyé nos critiques concernant son refus de reconnaître ce qu'est devenu Emancipación, mais il continue à nous ignorer. De notre côté, nous n'avons pas l'intention de donner à l'un ou à l'autre l'oxygène de la publicité. Nous pensons que la plupart des gens savent déjà ce qu'est le GIGC. Nous avons également reçu une demande du Workers' Group aux États-Unis (qui soutenait Gaizka auparavant) nous demandant si nous pouvions confirmer les grandes lignes de votre critique de Gaizka et nous l'avons fait assez longuement. Là encore, nous n'avons pas reçu de réponse, mais leur enquête les a rendus très méfiants quant au fait que Gaizka ne tente pas de se défendre contre les accusations portées contre lui.
Nous sommes d'accord pour dire que Gaizka est un caméléon politique qui opère à son propre niveau subjectif et qu'il est en fait le gourou d'une secte (en l'occurrence, une vraie !). Cependant, notre position reste la même que la dernière fois lorsque nous avons écrit que nous pensons que nous devrions nous en tenir à des critiques politiques plutôt que de nous impliquer dans un argumentum ad hominem (qui sera toujours interprété comme une calomnie sectaire). À un moment donné, la question organisationnelle et la question politique rendront cet autre commentaire à la fois nécessaire et possible, mais pour l'instant nous en restons à notre critique politique de la fantaisie qu'est Emancipación. Nous constatons déjà que certains de ses partisans américains se sont retirés et que ceux qui restent sont de plus en plus considérés comme incohérents.
Pour l'instant, nous pouvons constater qu'une toute nouvelle génération vient à la politique communiste, mais ce n'est pas le moment de se laisser distraire par quelque chose qui pourrait disparaître aussi vite qu'il est apparu. Nous avons une tâche plus importante, celle de construire la réponse de la Gauche Communiste face à des diversions bien plus sérieuses qui affectent de nombreux jeunes qui n'apprennent à nous connaître qu'à travers le prisme déformé des médias sociaux, et c'est sur cela que nous nous concentrerons jusqu'à ce qu'une nouvelle occasion se présente qui exige une réponse politique éloquente.
Salutations internationalistes
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04/05/2020 : CCI ==> TCI
Chers camarades,
Merci pour votre courriel de la CE de CWO (12.04.20). Nous avons été heureux d'apprendre que vos camarades et votre famille sont indemnes du virus.
Le fait que vous ayez répondu à une demande du Workers Group aux États-Unis confirmant les faits à propos de la nature suspecte de Gaizka révélés dans notre article "Who's who in Nuevo Corso" est un pas positif. Il est dommage qu'aucune réponse de leur part n'ait été reçue jusqu'à présent.
Nous savons que votre position, à la différence de la nôtre, continue à être celle selon laquelle rendre publique cette information inciterait à des accusations de sectarisme, et qu'en conséquence et jusqu'à nouvel ordre, vous préférez critiquer le projet de Emancipación. Dans le cadre de cette approche limitée, nous pensons qu'il serait logique de remettre publiquement les pendules à l'heure en ce qui concerne un article que la TCI a écrit en 2018, saluant Emancipación comme un nouveau groupe authentique de la gauche communiste[7], d'autant plus que dans votre article critique du groupe en 2019, vous avez déclaré que votre rupture avec le groupe "s'est produite d'une manière qui n'a pas été suffisamment publique et claire"[8]. Dans ce contexte, puisque vous avez écrit au GIGC pour lui faire part de votre position sur Emancipación, il serait opportun de publier cette lettre de clarification.
Cependant, la raison principale de notre lettre précédente était de vous demander votre position sur la réponse nocive du GIGC à l'article du CCI sur Gaizka. Il nous dénonce en allant bien au-delà de toute accusation de sectarisme et prétend que le CCI calomnie Gaizka avec des ragots afin de détruire les autres groupes de la gauche communiste. Bien que vous disiez que "tout le monde sait ce qu'est que le GIGC" - ce qui signifie sans doute qu'il est une source de mensonges et de violence - vous ne nous dites pas réellement dans votre lettre ce qu'est le GIGC. Mais vous ne nous dites pas ce que vous pensez de son soutien à Gaizka/NC et de sa dénonciation du CCI dans sa réponse. Etant donné le silence général autour de la dénonciation du GIGC, nous espérions - et espérons toujours - un message de solidarité avec nous contre leur attaque, même si ce n'est que dans un courriel nous étant adressé.
Nous pensons que la réaction généralement silencieuse à la publication de notre article sur Gaizka et à notre dénonciation par le GIGC n'est pas un signe positif, même si elle confirme, dans le cas de Gaizka lui-même, la véracité des faits que nous avons présentés à son sujet. Le silence lui permet de jouer la victime blessée par une "attaque personnelle" et d'inviter, sinon à la sympathie, du moins à la neutralité des autres groupes du milieu politique prolétarien et des éléments qui s'en rapprochent concernant la dangereuse prétention que Nuevo Curso et Emancipación font partie de la Gauche communiste. La GIGC a exploité cette neutralité silencieuse pour inverser complètement la vérité et présenter le CCI, au lieu du projet bidon d'Emancipación, comme attaquant la Gauche Communiste existante.
Rendre publique la nature de ces faux groupes communistes est à notre avis vital pour cette raison, et le silence et la neutralité sur cette question nuisent à l'unité et à l'intégrité de la vraie Gauche Communiste et favorisent les objectifs de division de Gaizka, du GIGC et des autres.
Vous estimez qu'il est dangereux de leur donner "l'oxygène de la publicité", mais le forum de la TCI leftcom.org a récemment donné de l'oxygène à un message du GIGC sur la pandémie, sans commentaire[9]. À notre avis, l'identification publique de ces virus politiques, que constituent de tels groupes, et le fait de les faire mieux connaître et comprendre, est la condition préalable à leur éradication. Bien que de très petite taille, ce virus politique est conçu pour s'attacher et détruire une organisation politique saine. Il se nourrit de l'absence de vaccin, de la passivité de l'hôte à son égard et de l'illusion qu'il ne s'agit que de la grippe annuelle contre laquelle il existe soi-disant une "immunité collective".
Dans l'attente d'une réponse de votre part à l'attaque du GIGC à notre encontre.
Fraternellement
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17/05/2020 : TCI ==> CCI
Camarades
Merci pour votre lettre du 4 mai. Nous espérons que vos camarades se rétabliront sans séquelles. Depuis notre dernière lettre, un camarade a également été touché par le Covid-19, mais il est suffisamment jeune et fort pour s'en sortir. Merci de nous avoir signalé que le GIGC avait une fois de plus spammé notre forum. Nous ne l'avions pas remarqué et le spam a été supprimé conformément à notre politique habituelle. En ce qui concerne Emancipación et l'accueil que nous lui avons réservé, nous pensons que notre réponse politique indique clairement notre position actuelle. Nous avons une correspondance étendue avec eux qui montre clairement leur évolution glissante et nous la publierons si et quand cela s'avérera nécessaire.
Nous ne serons pas d'accord sur l'approche de la question de ces petits groupes qui prétendent faire partie de la Gauche Communiste. Bien qu'ils soient agaçants, ils ne méritent pas notre attention. Ils sont peut-être plus ennuyeux pour vous parce qu'ils se sont manifestés en premier dans ou à proximité du CCI. Pour nous, il y a des choses politiques bien plus sérieuses qui exigent notre attention.
Nous sommes tout à fait disposés à discuter de cette question avec n'importe qui, y compris vous, mais nous ne voulons pas que la Gauche Communiste soit connue pour ses querelles internes qui nous diminuent tous et donnent des munitions à la gauche du capital.
Salutations internationalistes
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01/06/2020 : CCI ==> TCI
Chers camarades
Merci pour votre lettre du 17 mai. La pandémie de Covid est en effet un événement catastrophique pour le capitalisme mondial, qui accélère la crise économique existante et entraîne un chômage de masse, la misère et la mort prématurée des prolétaires à une échelle jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale.
La Gauche Communiste doit fournir au prolétariat une perspective révolutionnaire actualisée qui tienne compte des particularités de la situation actuelle.
La signification historique de la situation actuelle doit être pleinement expliquée à la classe ouvrière. Seule la Gauche Communiste a l'intégrité programmatique et organisationnelle pour révéler, dans les conditions actuelles, l'immensité de la mission historique de la révolution communiste qui se cache derrière la paupérisation croissante de la classe ouvrière.
Il est clair que seule la Gauche Communiste peut remplir cette tâche aujourd'hui, dans la mesure de ses capacités limitées, et dans le futur, lorsque le parti communiste mondial devra être créé.
C'est pourquoi nous continuons à consacrer de nombreux articles et brochures à la situation sur notre site web, en plusieurs langues. Nous augmentons le nombre de réunions virtuelles afin d'apporter la perspective communiste à un public plus large pour la discussion et la réflexion. De nombreux aspects de la situation actuelle restent à clarifier et nous sommes également attachés à les analyser en détail.
Les communistes doivent être capables de mener plusieurs tâches de front ; une approche unidimensionnelle de l'intervention n'est pas adéquate.
Aujourd'hui et à l'avenir, la protection de l'intégrité de la Gauche Communiste doit être intégrée dans son intervention. Si de véritables organisations de la Gauche Communiste peuvent être discréditées aujourd'hui par de faux groupes essayant d'usurper ses traditions comme Nuevo Corso ou diffamées par des voyous et des calomniateurs comme le GIGC sans aucune défense publique collective de son honneur et de son authenticité, alors la crédibilité de son intervention actuelle et du futur parti sera compromise. Il est vrai que le GIGC est ouvertement calomnieux à l'égard du CCI alors qu'actuellement il ne cesse de flatter la TCI. En apparence, il semble donc que l'ensemble de la Gauche Communiste ne soit pas attaqué par le GIGC. Mais que l'on vous jette de la saleté au visage ou que vous la trouviez collée au fond de votre chaussure, le résultat net est en fin de compte le même : une atteinte à la réputation. La suppression des messages du CIGC de votre site est bienvenu, mais une prise de distance plus explicite est nécessaire.
La tâche de la défense de la Gauche Communiste ne se pose certainement pas au même niveau que la tâche d'orienter la classe dans son ensemble avec une perspective globale. Mais cela ne signifie pas que la seconde rende la première inutile ou sans importance. Il est parfaitement possible de combiner le travail nécessaire de défense de l'intégrité du camp de la Gauche Communiste et de fournir une perspective révolutionnaire à l'échelle de la classe, comme en témoigne notre site web.
L'histoire du mouvement marxiste montre que l'importance de la défense de sa propre probité peut même, en certaines occasions, prendre le pas sur les questions de politique générale et d'analyse. Même Engels s'est impatienté lorsque Marx a pris une année sur la préparation du Capital (1859/60) pour réfuter de manière exhaustive les calomnies de Karl Vogt[10], mais il a été obligé par la suite de reconnaître que le changement de priorités était correct. Les calomnies de Vogt selon lesquelles Marx était un maître chanteur et de mèche avec la police secrète devaient être ouvertement et complètement condamnées. Il fallait, selon les mots de Marx, "combattre le feu par le feu".
L'exemple le plus célèbre est le congrès de La Haye de l'AIT, qui s'est tenu un peu plus d'un an après la défaite de la Commune de Paris, mais qui n'a pas été consacré à cet événement majeur de la vie de la classe ouvrière, mais à la dénonciation de l'Alliance secrète et à l'expulsion de son dirigeant Bakounine. Dans une période de défaite, il était vital de préserver l'honneur de la Première Internationale et d'éviter qu'elle ne tombe entre les mains d'une cabale dirigée par un aventurier qui avait accusé le Conseil général légitime d'être une clique de "Juifs allemands".
Notre dénonciation des descendants de Vogt, Lassalle, Bakounine etc. aujourd'hui n'est précisément pas une bataille interne à la Gauche Communiste, mais une démarcation externe de celle-ci par rapport aux usurpateurs et aux abuseurs en série. La séparation de classe est d'autant plus nécessaire que le seul but de leur existence est de discréditer la Gauche Communiste authentique au service de la bourgeoisie.
Bien sûr, pour la Gauche du capital, la Gauche Communiste a toujours été sectaire parce que nous dénonçons la bourgeoisie dans son ensemble. Nous n'avons pas besoin d'essayer de répondre à leurs distorsions délibérées en restant neutres à propos de la fausse gauche communiste. Au contraire, c'est de façon plus intransigeante que nous devons effectuer la démarcation de la Gauche Communiste et ainsi frapper deux ennemis qui utilisent des méthodes malignes similaires contre le camp communiste.
La contrepartie évidente de la séparation claire du camp de la Gauche Communiste d'avec celui de la Gauche du capital et du milieu parasitaire est l'accroissement de sa propre solidarité et cohésion publiques. La manière la plus efficace pour ce camp d'éviter que ses différences n'apparaissent comme des querelles mesquines est d'affirmer sa base de classe commune et d'organiser en commun la discussion de ses différences. Nous restons attachés à la perspective des Conférences de la Gauche Communiste de la fin des années 70, même si elles ont été étouffées dans l'œuf. L'absence de ce projet au cours des dernières décennies n'a pas amélioré la position du camp de la Gauche Communiste dans son ensemble ; au contraire, les forces hostiles qui l'entourent ont bénéficié d'une plus grande marge de manœuvre politique.
Nous sommes conscients de nos divergences sur cette question et nous continuerons tous deux à défendre nos positions différentes. Mais, même s'il est clair que vous n'accordez pas la même importance que nous à la solidarité mutuelle de la Gauche Communiste, nous ne comprenons toujours pas pourquoi une déclaration de solidarité, même minimale, avec le CCI contre les récentes calomnies révoltantes du GIGC vous semble inacceptable, puisque nous ne pouvons pas croire qu'une telle déclaration enfreindrait un de vos principes.
Espérons que nos précieux militants de la Gauche Communiste restent (relativement) indemnes du virus.
fraternellement
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June 2020 : TCI ==> CCI
Chers camarades
Merci pour votre lettre du 1er juin que nous avons discutée au sein du Bureau international de la TCI.
Votre premier paragraphe est un développement de ce que nous vous avons brièvement dit dans notre lettre précédente, mais vous constaterez que nous sommes au moins d'accord sur la situation actuelle si vous lisez Reflections on the Coronavirus and Economic Crises [71] et le premier paragraphe du graphique de The Global Pandemic and Imperialist Competition [72]. Cependant, nous devons une fois de plus souligner que la crise actuelle a commencé au début des années 1970 (lorsque le boom d'après-guerre a pris fin) et non en 1989 lorsque vous vous êtes soudainement réveillés au fait que la classe ouvrière avait reculé pendant plus d'une décennie (comme nous vous avons dit à plusieurs reprises tout au long des années 1980). La "solution" postmoderniste selon laquelle tout n'est que chaos et décomposition n'a qu'une base matérielle dans le fait que la crise s'aggrave et que les palliatifs que les capitalistes produisent ne font que repousser le jour du bilan et ne le résolvent pas.
Nous ne doutons pas que la Gauche Communiste possède l'analyse nécessaire pour comprendre cela. Notre problème collectif est que la classe ouvrière dans son ensemble ne le comprend pas et, jusqu'à présent, ne réagit pas universellement à la lente progression vers le désastre que le système est en train d'opérer. Pour nous, cela reste l'objectif principal. Pour nous, "multitâches" signifie développer le cadre analytique de la réalité sociale en évolution qui se trouve devant nous, et chercher de plus en plus de moyens d'atteindre l'ensemble de la classe.
Nous ne pouvons que répéter qu'il est contre-productif de s'engager dans ce qui est perçu comme des dénonciations personnalisées de groupes sectaires qui n'ont aucune incidence significative sur la classe ouvrière ou sur sa vie. "L'atteinte à la réputation" peut être auto-infligée et, pour dire la vérité absolue, nous pensons que la défense continuelle par le CCI d'attaques mesquines contre de tels groupes a coûté non seulement au CCI mais aussi à l'ensemble de la tradition de la Gauche Communiste, car la boue s'est répandue partout. Nous ne voulons pas être associés à cette méthode et nous vous avons constamment conseillé de ne pas recourir à l'argumentum ad hominem. Vous avez ignoré notre conseil et vous nous demandez maintenant de soutenir une mesure que nous n'approuvions pas avant qu'elle ne soit prise.
Ces personnes s'exposeront politiquement d'elles-mêmes. En fait, ils le font déjà. Il est également évident que vous ne faites pas attention. La GIGC a cessé de "flatter" la TCI depuis quelque temps. Elle l'a remplacée par un chantage selon lequel la TCI doit "assumer ses responsabilités" (c'est-à-dire parler avec le CIGC). C'est une responsabilité que nous avons singulièrement manqué d'assumer. Leur lien totalement opportuniste avec Nuevo Curso est une raison politique suffisante pour les dénoncer comme des charlatans après toutes les critiques qu'ils ont formulées à l'encontre des différents groupes de la Gauche Communiste au fil du temps. Si vous avez été attentifs, vous aurez également remarqué que le Groupe des Travailleurs de Detroit (sans aucun contact avec nous depuis que nous avons écrit pour confirmer que l'attaque du CCI contre Gaizka était factuellement correcte) a maintenant rompu avec la coterie GIGC/NC/WO/GCCF (WO : Workers Offensive; GCCF : Gulf Coast Commuist Fraction), mais pour des raisons politiques (leur dénonciation non prolétarienne des manifestations et des émeutes aux États-Unis). Mais pendant que nous y sommes, ce ne sont pas les seuls à se livrer à la calomnie. Apparemment, de jeunes sympathisants nous disent qu'il existe un groupe de sympathisants du CCI qui calomnient régulièrement la TCI sur Instagram et d'autres médias sociaux. Comme ils expriment souvent des opinions que le CCI ne partagerait pas, nous ne savons pas à quel point ils sont proches de vous, mais nous n'avons pas réagi pour la même raison que d'habitude. Ils peuvent faire leurs commentaires vides dans le vide - notre réponse serait de donner de la dignité à leurs jeux infantiles. Il y a un travail plus sérieux à faire.
Salutations internationalistes
TCI
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10/07/2020 : CCI ==> TCI
Chers camarades,
Nous vous remercions pour votre courriel du 17 juin. Nous aimerions répondre à certains de vos points dans une autre lettre.
Ici, nous voudrions simplement exprimer notre inquiétude lorsque nous lisons dans votre courriel qu'un groupe de sympathisants du CCI a régulièrement calomnié la TCI sur Instagram et d'autres médias sociaux. Nous n'avons rien trouvé à ce sujet et aimerions avoir plus d'informations de votre part à ce propos, car nous avons l'intention de mettre un terme à tout comportement de ce type.
Nous avons appris avec tristesse le décès tragique d'un ancien sympathisant de la TCI.
Salutations internationalistes
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Juillet 2020 : TCI ==> CCI
Camarades
Nous avons discuté de la question de vos sympathisants, mais nous pensons que c'est une question qui vous concerne et nous vous laissons faire vos propres recherches auprès des personnes que vous connaissez. Nous avons également écrit au GIGC pour lui dire que, bien que nous soyons en désaccord avec votre décision d'ignorer nos conseils concernant le passé trouble du camarade Gaizka, nous considérons également sa décision de prendre sa défense comme une indication de son incapacité à défendre la Gauche Communiste et nous avons mis fin à toute correspondance avec lui. Nous souhaitons également vous faire savoir très clairement qu'il s'agit de notre dernière communication sur le GIGC et Emancipación (mais nous devrions dire que nous considérons ces deux organisations, et leurs acolytes, comme le produit de votre méthode). Nous n'avons rien d'autre à gagner que de défendre politiquement la Gauche Communiste quand cela s'avère opportun. Toute correspondance future de votre part sur cette question sera ignorée.
Salutations internationalistes
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12/08/2020 : CCI ==> TCI
Chers camarades,
Voici quelques réponses à votre courriel du 23.07.20.
Comme nous l'avons mentionné dans notre dernière lettre, nos propres investigations sur les calomnies apparentes de la TCI par des sympathisants du CCI n'ont pas permis de trouver de preuves. Si vous ne souhaitez pas préciser vos sources, pourriez-vous nous aider en nous indiquant la nature de ces calomnies afin que nous puissions aller au cœur du problème ?
En ce qui concerne votre lettre au GIGC, nous sommes bien sûr d'accord avec vous pour dire que leur défense de Nuevo Corso est une attaque contre la Gauche Communiste. Votre lettre privée au GIGC sur l'imposture de Nuevo Corso laisse cependant le public prendre ce dernier pour un authentique groupe de gauche communiste. Il est essentiel de dénoncer publiquement cette imposture.
En outre, alors que vous coupez les relations avec la GIGC en privé, le public continue à le considérer comme un véritable groupe révolutionnaire.
Nous notons également, d'après la description de votre lettre au GIGC, que si vous avez critiqué le CCI pour avoir rendu publique la nature de ces groupes, vous ne semblez pas avoir exprimé votre solidarité avec le CCI contre les calomniateurs du GIGC - une déclaration que nous vous avons demandée tout au long de notre récente correspondance, en vain.
Nous sommes perplexes quant à votre idée que le CCI partage la même "méthodologie" que Nuevo Corso et le GIGC. Notre méthodologie est diamétralement opposée à celle de ces deux groupes imposteurs. Notre objectif et notre méthode sont le renversement de la bourgeoisie par la classe ouvrière internationale ; les leurs consistent à renverser les organisations révolutionnaires existantes au bénéfice de la bourgeoisie. Nous ne voyons aucune convergence entre ces deux méthodes de base.
Vous dites que vous ignorerez toute autre correspondance de notre part sur ce sujet. Cependant, ignorer le problème de ces groupes ne le fera pas disparaître. Ils poursuivront leur course destructrice et la Gauche Communiste authentique continuera à être confrontée à la nécessité de serrer publiquement les rangs contre eux afin d'affaiblir l'intégrité du camp de la Gauche Communiste.
Fraternellement
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Ce qui ressort de la correspondance entre nos deux organisations, c’est que pour la TCI, démasquer des aventuriers comme Gaizka et mettre publiquement en évidence leur projet clairement antiprolétarien, comme le fait le CCI, crée plus de dommages à la Gauche Communiste que l'aventurier lui-même. Ainsi exposer au grand jour une attaque qui se mène contre la classe ouvrière est considéré comme plus néfaste que l'attaque et ses conséquences possibles. Rien n'est plus absurde :
Une telle démarche de la TCI, qui déjà en elle-même constitue une aberration, aboutit à d'autres aberrations :
La TCI est en grande partie consciente de la menace que constituent les aventuriers et les parasites et qu'effectivement, les organisations communistes doivent s'en préoccuper, comme cela transparait clairement dans ses propres lettres. Elle préfère néanmoins traiter le problème "en privé", tout en gardant un silence public sur l'existence de ce phénomène dangereux, s'illusionnant sur la possibilité de parvenir à une "influence significative" dans la vie de la classe ouvrière …. et de préserver ses droits de pêche dans les eaux troubles de l'aventurisme et du parasitisme.
Par ailleurs, il subsiste chez la TCI une incompréhension de la fonction spécifique de Gaizka : miner le terrain de la constitution du futur parti. La cible du groupe de Gaizka, et de ses défenseurs parasites, n'est pas la classe ouvrière dans son ensemble -il n'a pas de programme politique par exemple- mais vise à empêcher la germination du futur parti et l'évolution des nouveaux militants en particulier. Ainsi, la fraude Gaizka a eu un "impact significatif" au niveau de minorités politiques de la classe ouvrière, en particulier aux États-Unis. Face à cela, l'approche contradictoire et double qu'a la TCI de la question de l'aventurisme et du parasitisme crée inévitablement l'illusion que les aventuriers et les parasites sont d'authentiques communistes, alors que, dans le même temps, une véritable organisation de la Gauche Communiste, le CCI, en dénonçant la fraude, ne ferait que "jeter de la boue" dans le milieu politique en éveil. Selon la logique tordue de la TCI, le véritable ennemi est le CCI !
Pour mieux comprendre l'attitude contradictoire et néfaste de la TCI, il convient d'examiner son idée selon laquelle la "secte" de Gaizka n'a "aucune influence significative sur la classe ouvrière ou sur sa vie". Malheureusement, le manque d'influence générale dans la classe ouvrière concerne également la Gauche Communiste authentique. Cela s'explique par le fait que le niveau général de la lutte de classe est encore loin de permettre une telle activité. Dans ce contexte, s'imaginer qu'il est possible d'obtenir une "influence significative sur la vie de la classe" ne peut qu'avoir des conséquences néfastes. En particulier, on peut être conduit à rechercher une telle influence en "adaptant" les positions politiques et le type d'intervention de l'organisation au niveau de conscience dans la classe ouvrière à un moment donné, en d'autres termes en faisant des concessions aux illusions et mystifications qui pèsent sur celle-ci, c'est-à-dire en adoptant une démarche opportuniste dont la caractéristique fondamentale consiste dans la recherche de "succès" immédiats au détriment de la perspective future des combats du prolétariat. Et cet opportunisme peut affecter les questions organisationnelles comme l'a très bien montré le combat des bolcheviks contre les mencheviks lors du 2e congrès du POSDR, ce qui conduit notamment à se désengager de la défense des principes politiques organisationnels en les considérant comme des "querelles internes qui nous diminuent tous et donnent des munitions à la gauche du capital", et donc à se désengager de la défense publique de l'organisation communiste authentique et réellement existante.
Ainsi, en maintenant l'illusion (pour elle-même et un milieu proche) de la possibilité d'une influence significative dans le prolétariat aujourd'hui, la TCI fait obstacle à la préparation politique et organisationnelle solide des conditions du futur parti réel qui aura une "influence significative" sur la vie de la classe ouvrière. Cette illusion s'accompagne par ailleurs de la prétention qu'elle est actuellement en concurrence directe avec la gauche du capital pour influencer la classe[11]. Or, cette idée fausse tend à renforcer sa lutte opportuniste pour gagner de l'"influence".
Les questions et désaccords soulevés à propos de la nécessaire attitude vis-à-vis du parasitisme et de l'aventurisme appellent une discussion sur l'importance de la défense systématique des principes organisationnels révolutionnaires dans la préparation du futur parti communiste. Pour le CCI, sans une action commune des organisations révolutionnaires pour une telle approche de principe, sans un combat constant contre l'opportunisme, il n'y a pas de base pour la formation réussie des futures générations de militants communistes et celle du futur parti communiste.
[1] Note du CCI. Qui est qui dans "Nuevo Curso" ? [73] Gaizka se tait: un silence assourdissant [74]. L'aventurier Gaizka a les défenseurs qu'il mérite : les voyous du GIGC [75].
[2] Note du CCI. Nuevo Curso et la "Gauche Communiste espagnole": Quelles sont les origines de la Gauche Communiste ? [76]
[3] Note du CCI. Lire nos articles en anglais : German Social Democracy 1872 – 1914: the fight against organisational opportunism, Part 1 [77] ; German Social Democracy 1872 – 1914: the fight against organisational opportunism, Part 2 [78].
[5] Note du CCI : Groupe International de la Gauche Communiste, un groupe parasitaire
[6] Note du CCI : Lire Qui est qui dans "Nuevo Curso" ? [73]
[10] Lire nos articles en Espagnol El caso Vogt: el combate de los revolucionarios contra la calumnia (I) [38] ; El caso Vogt: el combate de los revolucionarios contra la calumnia (II) [39]
[11] "nous ne voulons pas que la Gauche Communiste soit connue pour ses querelles internes qui nous diminuent tous et donnent des munitions à la gauche du capital" (Lettre au CCI du 17/05/2020))
Links
[1] https://fr.internationalism.org/brochure/effondt_stal_4_1#_ftn3
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/courant-communiste-international
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/tci-bipr
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/communist-workers-organisation
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/bordiguisme
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/aventurisme-parasitisme-politiques
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/ficci-gigcigcl
[8] https://fr.internationalism.org/content/10874/capitalisme-mene-a-destruction-lhumanite-seule-revolution-mondiale-du-proletariat-peut
[9] https://fr.internationalism.org/revue-internationale/201508/9244/conference-zimmerwald-courants-centristes-organisations-politiques-
[10] https://www.leftcom.org/en/articles/2022-07-22/nwbcw-and-the-real-international-bureau-of-1915
[11] https://fr.internationalism.org/content/11168/tendance-communiste-internationaliste-et-linitiative-no-war-but-the-class-war-bluff
[12] https://fr.internationalism.org/rinte8/partisan.htm
[13] https://fr.internationalism.org/content/11198/appel-gauche-communiste
[14] https://en.internationalism.org/content/16727/nuevo-curso-and-spanish-communist-left-what-are-origins-communist-left
[15] https://en.internationalism.org/content/16802/who-who-nuevo-curso
[16] https://fr.internationalism.org/content/11174/conference-du-communisme-gauche-a-bruxelles-leurre-qui-veut-sengager-combat
[17] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/mouvement-zimmerwald
[18] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/troisieme-internationale
[19] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/gauche-italienne
[20] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/gauche-germano-hollandaise
[21] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/gauche-communiste-france
[22] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/lopposition-gauche
[23] https://fr.internationalism.org/content/10778/bilan-des-reunions-publiques-declaration-commune-groupes-gauche-communiste
[24] https://en.internationalism.org/content/17203/balance-sheet-public-meetings-about-joint-statement-groups-communist-left-war-ukraine
[25] https://fr.internationalism.org/content/10811/gauche-communiste-guerre-ukraine
[26] https://en.internationalism.org/content/17240/correspondence-joint-statement-groups-communist-left-war-ukraine
[27] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/gauche-communiste
[28] https://www.leftcom.org/fr/articles/2022-07-22/nwbcw-et-le-bureau-international-v%C3%A9ritable-de-1915
[29] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/polemique
[30] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/nwbcw
[31] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/battaglia-comunista
[32] https://www.leftcom.org/en/articles/2022-09-02/150-years-on-the-split-in-the-first-international
[33] https://www.marxists.org/francais/marx/works/1872/03/scissions.pdf
[34] https://fr.internationalism.org/rinte88/organisation.htm
[35] https://fr.internationalism.org/content/9996/lassalle-et-schweitzer-lutte-contre-aventuriers-politiques-mouvement-ouvrier
[36] https://www.marxists.org/francais/engels/works/1890/05/fe18900501.htm
[37] https://fr.internationalism.org/rinte87/parasitisme.htm
[38] https://es.internationalism.org/content/4787/el-caso-vogt-el-combate-de-los-revolucionarios-contra-la-calumnia-i
[39] https://es.internationalism.org/content/4836/el-caso-vogt-el-combate-de-los-revolucionarios-contra-la-calumnia-ii
[40] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/interventions
[41] https://fr.internationalism.org/en/tag/histoire-du-mouvement-ouvrier/lassociation-internationale-des-travailleurs
[42] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/franz-mehring
[43] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/rosaluxemburg
[44] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/marx
[45] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/engels
[46] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/bakounine
[47] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/mazzini
[48] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/stefanoni
[49] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/dufaure
[50] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/mahomet
[51] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/moseshess
[52] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/herzen
[53] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/ogarev
[54] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/borkheim
[55] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/outine
[56] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/bastelica
[57] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/albertrichard
[58] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/malou
[59] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/guillaume
[60] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/malon
[61] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/lefrancais
[62] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/schwitzguebel
[63] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/johannard
[64] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/saint-simon
[65] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/fourrier
[66] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/owen
[67] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/beust
[68] https://fr.internationalism.org/en/tag/30/387/bismarck
[69] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/victoremmanuel
[70] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/parti-et-fraction
[71] http://www.leftcom.org/en/articles/2020-05-06/reflections-on-the-coronavirus-and-economic-crises
[72] https://www.leftcom.org/en/articles/2020-06-14/the-global-pandemic-and-imperialist-competition
[73] https://fr.internationalism.org/content/10055/qui-qui-nuevo-curso
[74] https://fr.internationalism.org/content/10103/gaizka-se-tait-silence-assourdissant
[75] https://fr.internationalism.org/content/10408/laventurier-gaizka-a-defenseurs-quil-merite-voyous-du-gigc
[76] https://fr.internationalism.org/content/9961/nuevo-curso-et-gauche-communiste-espagnole-quelles-sont-origines-gauche-communiste
[77] https://en.internationalism.org/node/17123
[78] https://en.internationalism.org/node/17206
[79] http://www.leftcom.org/en/articles/2018-07-10/welcome-to-%25E2%2580%259Cemancipaci%25C3%25B3n%25E2%2580%259D-spain
[80] http://www.leftcom.org/en/articles/2018-07-10/welcome-to-%E2%80%9Cemancipaci%C3%B3n%E2%80%9D-spain
[81] http://www.leftcom.org/en/articles/2019-09-14/on-the-establishment-of-the-group-emancipacion
[82] http://www.leftcom.org/en/forum/2020-03-20/coronarivus-and-catastrophic-crisis-the-tragic-responsability-of-communists-igcl
[83] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/gaizka
[84] https://fr.internationalism.org/en/tag/30/528/lenine
[85] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/luxemburg
[86] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/marktwain
[87] https://fr.internationalism.org/en/tag/30/539/trotsky
[88] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/munis
[89] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/philipebourrinet
[90] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/karlvogt
[91] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/lassalle