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Venez aux réunions publiques organisées le 7 mai 2022 par le CCI pour discuter des questions soulevées par la guerre en Ukraine et des tâches des révolutionnaires. Vous trouverez ci-dessous les horaires et les lieux de ces réunions publiques :
- Bruxelles : 14H00, Pianofabriek, rue du Fort 35, 1060 Bruxelles.
- Marseille : 15H00, local de Mille Babords, 61 Rue Consolât, Métro « Réformés », 13001 Marseille.
- Paris : 15H00 au CICP (21ter Rue Voltaire, 75011 Paris), Métro « Rue des Boulets ».
- Toulouse : 14H00, La Chapelle, 36 rue Danielle Casanova – 31000 TOULOUSE, Métro (ligne B) station « Canal du Midi / Compans-Caffarelli».
- Lille : 15H00, Café "Les Sarrazins", 52-54 rue des Sarrazins, Lille (Wazemmes).
Face à la guerre en Ukraine, le CCI s'appuie sur les contributions historiques de la Gauche communiste pour défendre une position internationaliste. En pratique, cela signifie :
- Aucun soutien à un quelconque camp dans les conflits impérialistes.
- Opposition au pacifisme
- Seule la classe ouvrière est une force de transformation sociale, qui aboutit au renversement révolutionnaire du capitalisme.
- Dans les luttes et les réflexions de la classe ouvrière, les organisations révolutionnaires ont un rôle essentiel à jouer dans le développement de la conscience de classe.
- La lutte contre la guerre impérialiste exige la coopération et la solidarité des authentiques internationalistes.
Campagnes idéologiques: Une propagande impérialiste, barbare et criminelle! [4] (new)
Déclaration du KRAS-AIT: Contre les attaques nationalistes, solidarité internationaliste! [5] (new)
Les anarchistes et la guerre: Entre internationalisme et “défense de la nation” [6] (new)
La guerre en Ukraine, un pas de géant dans la barbarie et le chaos généralisés [7]
Sommet de l'OTAN à Madrid: un sommet de guerre pour la guerre [8]
Un bilan des réunions publiques sur la Déclaration commune de groupes de la Gauche communiste [9]
Le trotskisme, grand rabatteur de l’impérialisme, recruteur de chair à canon [10]
Campagne idéologique: La propagande “humanitaire” au service de la guerre [12]
Réunions publiques du CCI: Qui peut arrêter les guerres et la barbarie capitaliste? [13]
Conférence de Zimmerwald: Une référence indispensable pour la défense de l’internationalisme [14]
Déclaration commune de groupes de la Gauche communiste internationale sur la guerre en Ukraine [15]
Éditorial: Face à la guerre impérialiste, opposons la lutte de classe! [16]
Face à la guerre comme face à la crise, la classe ouvrière ne doit accepter aucun sacrifice [17]
États-Unis, Russie, Union européenne, Ukraine… Tous les États sont responsables de la guerre! [18]
Conflit impérialiste en Ukraine: La classe dominante exige des sacrifices sur l’autel de la guerre! [20]
Alors que les deux candidats désignés au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, entrent à nouveau en lice pour le second tour, la bourgeoisie et ses médias continuent de propager un mensonge mille fois répété : l’avenir se jouerait dans les urnes. Enjeux pour la bourgeoisie, certes, mais pas pour les ouvriers ! L’expérience d’innombrables mandats, de droite, de gauche et du centre, comme celles des « fronts républicains » depuis 20 ans, ont clairement démontré que cette mascarade ne peut en rien empêcher la plongée constante de la société capitaliste dans la crise, le chaos et la dégradation inexorable des conditions de vie. Au-delà des apparences, de la variété de discours, pour la plupart sans couleur ni panache, tous les candidats ont défendu un même programme de fond : celui du capital national, qu’il s’agit, pour la classe dominante, de défendre dans l’arène mondiale face à une concurrence exacerbée, sur fond de crise économique, de guerre et de chaos croissant. La bourgeoisie n’a qu’une seule méthode pour mettre en œuvre son programme : accroître encore et encore l’exploitation de la force de travail pour en extraire un profit maximal et écarter les concurrents !
Que valent donc les discours lénifiant des candidats face à l’aggravation spectaculaire du réchauffement climatique, des catastrophes en série, de la misère croissante, de la famine et du chaos guerrier sur tous les continents et jusqu’aux portes d’un des principaux centre du capitalisme mondial ? Que peuvent sérieusement proposer ces tristes candidats face à la crise économique mondiale, aux dettes abyssales, à l’inflation incontrôlable ? Dans ce contexte, que valent les promesses démagogiques et le slogan « Nous tous » de Macron, lui qui n’a cessé de mentir et de jouer sur les divisions en accentuant la précarité, la pauvreté ou le démantèlement des services de santé ? Celles de Marine Le Pen valent-elles mieux, elle qui prétend ouvertement rejeter les problèmes économiques et sociaux sur le dos des immigrés et sauver le « pouvoir d’achat des Français » et propose presque de « raser gratis », comme le faisait autrefois la gauche ? (1)
Voter, ce n’est pas seulement choisir entre Macron et Le Pen, entre « la peste et le choléra » ou entre « régime démocratique et régime autoritaire », c’est, en réalité, bien pire que cela ! C’est à nouveau plébisciter le capitalisme et son mode de domination destructeur.
Bien entendu, le bon sens commun du petit bourgeois répondra : « Malgré tout, il faut voter pour préserver ce droit acquis de haute lutte » ! Et les voix des gauchistes du même acabit ajouteront : « le mouvement ouvrier, les révolutionnaires ne participaient-ils pas traditionnellement aux élections et au travail au sein du parlement ? Le prolétariat ne s’est-il pas battu pour ce droit ? ». Toutes ces niaiseries n’expliquent nullement un curieux paradoxe historique : au moment de la conquête du suffrage universel par la classe ouvrière, au XIXe siècle, la bourgeoisie s’y opposait avec la dernière des brutalités, réprimant tous ceux qui se battaient pour ce qui était perçu alors comme un droit et un progrès. Or, aujourd’hui, tout au contraire, la bourgeoisie défend mordicus les urnes, vante ses institutions « démocratiques » à grands coups de slogans publicitaires, stigmatise les abstentionnistes « égoïstes » et envisage même, comme c’est déjà le cas en Belgique, d’infliger des sanctions à ceux qui refusent d’accomplir leur « devoir civique » !
En réalité, dès ses origines, le mouvement ouvrier et le courant marxiste (en dehors de ses courants opportunistes) ont toujours considéré que la démocratie bourgeoise et le prétendu « pouvoir du peuple » n’étaient que mystifications au service de la bourgeoisie et de l’exploitation capitaliste. Dans une société divisée en classes antagoniques, nulle « égalité » civique n’est possible, même dans la République bourgeoise la plus démocratique. Cependant, au XIXe siècle, dans cette période de phase ascendante du capitalisme, le prolétariat devait se constituer et s’affirmer comme classe, il lui était encore possible de s’appuyer sur des fractions bourgeoises progressistes face aux vieilles couches sociales réactionnaires. Il était aussi encore possible de lutter pour des réformes réelles et durables. En permettant de pousser la législation en leur faveur, en limitant, par exemple, le temps de travail quotidien, en améliorant les salaires, en défendant et arrachant, non sans luttes, de meilleures conditions de vie et de travail, les élections participaient à l’éveil des consciences et au renforcement de l’unité et de l’influence des ouvriers dans la société. Bien entendu, la fraction parlementaire socialiste était entièrement subordonnée au principe de la lutte de classe et conçue comme un moyen relié au but qui était de renverser, à terme, le capitalisme. (2)
En revanche, lorsque le capitalisme est entré dans sa phase de déclin historique, au moment de la Première Guerre mondiale, l’impossibilité d’octroyer des réformes durables et le développement du capitalisme d’État rendaient impossible toute participation fructueuse aux élections sans en payer les conséquences néfastes. Avec l’exacerbation des confrontations entre nations, induites par la décadence, s’est développé un des phénomènes caractéristiques de cette période : le capitalisme d’État, qui répond à la nécessité pour chaque pays, d’obtenir le maximum de discipline en son sein de la part des différents secteurs de la société, de réduire au maximum les affrontements entre classes mais aussi entre fractions rivales de la classe dominante afin, notamment, de rendre son économie la plus compétitive possible. L’octroi de réformes réelles en faveur de la classe ouvrière devient tout bonnement impossible, sous peine de reculer dans la compétition mondiale. Toutes les fractions bourgeoises sont ainsi devenues réactionnaires. Aujourd’hui, elles le sont toujours, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite. Comme le proclamait l’Internationale communiste, « le centre de gravité de la vie politique actuelle est complètement et définitivement sorti du parlement ».
Notre rejet catégorique du parlementarisme et des élections ne repose donc nullement sur un dogme moral ou des idées abstraites, mais sur l’analyse des conditions historiques de la lutte de classe et la tradition du combat révolutionnaire.
Prétendre, comme Mélenchon, qu’« un autre monde est possible » grâce au bulletin de vote est une imposture ! Aujourd’hui, rabattre les ouvriers vers les urnes, comme le font depuis des décennies les gauchistes, comme Poutou ou Nathalie Arthaud, en prétendant transformer les élections en « tribune révolutionnaire » en faveur de « l’urgence anticapitaliste » ou au nom du « camp des travailleurs », n’a fait qu’entretenir les pires illusions (3) sur des institutions bourgeoises de plus en plus boudées et désertées, exposées à la légitime méfiance des exploités. Alors que les ouvriers doivent défendre leur unité, les élections les atomisent au contraire dans les isoloirs, les divisent et les exposent aux pressions idéologiques nauséabondes du capital en attaquant leur conscience et les désarment en les berçant d’espérances illusoires.
Mais si le prolétariat doit effectivement rejeter les urnes, ce n’est pas en se repliant sur lui-même ou en boudant simplement l’élection, comme on le voit pour une partie de la population marquée par le désenchantement, la colère et le désespoir, mais en luttant fermement sur son terrain de classe contre les effets de la crise et les attaques du capital. Face au coût de la vie exorbitant, face à la dégradation de la situation et à la barbarie croissante, il n’y a pas d’autre choix que de se battre contre le système capitaliste lui-même, sa crise, sa logique de guerre et de concurrence généralisée. Pour cela, la classe ouvrière devra miser sur sa solidarité, sur ses propres méthodes de luttes pour affirmer son autonomie de classe en résistant aux attaques à venir. Elle en a la force et tout le potentiel, elle doit prendre confiance en elle-même, reconnaître qu’elle peut se mobiliser et résister collectivement, comme elle a commencé à le faire au moment de la lutte contre la réforme des retraites durant l’hiver 2019/2020. Elle devra baser sa réflexion, déjà présente dans de petites minorités, sur l’expérience des luttes du passé et l’histoire du mouvement ouvrier, s’engager dans un combat collectif et conscient pour en tirer les leçons, discuter et comprendre la situation dans des assemblées générales souveraines, s’organiser elle-même pour poser les conditions de la lutte afin de l’étendre le plus largement possible à tous les ouvriers.
Dans ce combat, les révolutionnaires auront un rôle primordial à jouer pour stimuler l’action du prolétariat qui permettra, à terme, de développer les conditions d’un combat ouvrier international, combat qui exprimera une politisation capable d’offrir une réelle perspective, celle de la destruction du capitalisme pour un projet authentiquement communiste.
WH, 15 avril 2022
1 Il faut se souvenir de tous les slogans bidons déversés jusqu’à plus soif d’élection en élection : « Changer la vie » (Mitterrand), « Sortir du tunnel », « Contre la fracture sociale » (Chirac), « Ensemble tout devient possible » (Sarkozy), « Le changement, c’est maintenant » (Hollande)… Comme l’ont dit cyniquement certains politicards : « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».
2 Cette lutte pour des réformes ne doit pas être confondue avec le réformisme, une dérive opportunisme qui conduisait à séparer justement le but et les moyens, à s’accommoder au capitalisme pour in fine mieux capituler. Le cas le plus connu est celui de Bernstein pour qui le « mouvement est tout le but n’est rien ». Marx dénonçait d’ailleurs déjà à son époque le « crétinisme parlementaire ».
3 En 1981, Lutte ouvrière se servait de sa « tribune révolutionnaire » pour appeler à voter Mitterrand. Ce parti devait récidiver en 2007 en faveur de la candidate du Parti socialiste Ségolène Royal.
La qualification de Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, au deuxième tour de l’élection présidentielle donne l’occasion à la classe dominante d’asséner une nouvelle campagne de « diabolisation » de l’extrême droite en poussant les exploités à « défendre la démocratie » en votant pour Emmanuel Macron, sensé représenter le camp du « bien ». « Démocratie ou dictature » tel est le faux dilemme que tente d’imposer la classe dominante dans la droite ligne des campagnes antifascistes au cours des années 1930. La très faible affluence lors des marches contre l’extrême droite organisées le 16 avril, ainsi que le fort taux d’abstention pronostiqué par les sondages pour le deuxième tour, semblent montrer que le « front républicain » fait de moins en moins recette.
Si le poids grandissant des partis populistes est une marque des difficultés des fractions les plus rationnelles de la classe dominante à garder la maîtrise de l’appareil politique, cela ne concerne en rien les intérêts des exploités. Populistes ou pas, tous les partis présents aux élections sont les défenseurs du système et de l’exploitation du travail salarié. En jouant sur la peur du « danger fasciste », la bourgeoisie tente d’atténuer le discrédit de plus en plus fort pesant sur les élections et les « partis démocratiques ».
Les lecteurs pourront trouver ci-dessous un article paru dans la presse du CCI en 2005 montrant la différence entre les pouvoirs fascistes des années 1930 et la percée des partis populistes actuellement. Si plusieurs aspects factuels sont aujourd’hui dépassés, l’analyse générale reste pleinement valable selon nous.
– Montée de l’extrême-droite en Europe : Existe-t-il un danger fasciste aujourd’hui ? [35]
À peine quelques semaines et, déjà, le scandale des maltraitances dans les EHPAD du groupe ORPEA est relégué au fin fond de l’actualité soumise à une autre expression dramatique de la décomposition capitaliste, la guerre.
Dans un précédent article, nous avions clairement affirmé combien toute cette campagne médiatique et la fausse indignation du gouvernement sur la situation dans les EHPAD étaient d’une hypocrisie sans nom. (1) La main sur le cœur, des trémolos dans la voix, la ministre à l’autonomie, Brigitte Bourguignon, comme d’autres, osait affirmer de manière éhontée « qu’on ne fait pas n’importe quoi dans ce pays, dans une activité qui est lucrative mais qui ne doit pas l’être au détriment de la bientraitance ». Lucrative donc, c’est-à-dire source de profits, mais activité au plus haut point désintéressée et solidaire… De qui se moque-t-on ? Dernier exemple en date où la logique capitaliste et sa pourriture morale se sont confirmées, l’ancien directeur général d’ORPEA, censé garantir cette « bientraitance institutionnelle », a été limogé fin janvier suite au scandale mais aussi parce qu’il est soupçonné de délit d’initiés ; averti de la sortie du livre « Les Fossoyeurs », il aurait revendu « à l’insu de son plein gré » quelque 7 500 titres ORPEA lui ayant rapporté plus de 800 000 euros. Chassez le naturel… Au-delà du sentiment de dégoût, on ne peut que constater, une fois de plus, que la « bientraitance » sous le capitalisme n’est jamais que celle du profit extorqué à l’humanité comme marchandise qu’il faut rentabiliser jusqu’au bout dans des établissements mouroirs.
La question « des vieux » dans le capitalisme est devenue une véritable caricature de la barbarie ordinaire. La population mondiale vieillit. D’après les projections de l’ONU, 16 % des êtres humains auront 65 ans ou plus en 2050, contre seulement 9 % aujourd’hui. Même si avec l’épidémie de Covid, l’espérance de vie mondiale a connu en 2020 sa plus forte baisse depuis la Seconde Guerre mondiale (France Inter, septembre 2021), il n’en reste pas moins que ce vieillissement historique de la population mondiale inquiète économistes, gouvernements et États qui parlent d’un « tsunami gris » où la population active ne parviendra plus à subvenir aux besoins des plus âgés.
En 1973, sortait le film de science-fiction Soleil vert, librement inspiré du roman de Harry Harrison, Soylent green (1966), où dans une société totalitaire du futur (situé… en 2022 !), la pollution, le chômage massif, la surpopulation et le manque de nourriture amènent le pouvoir à créer des aliments artificiels et industriels, soi-disant issus de plancton mais, en réalité, fabriqué à partir des cadavres de vieux, de chômeurs suicidés ou euthanasiés. Cette vision de l’industrialisation et du « cannibalisme » social dans ce film avait fait grand bruit à l’époque. C’étaient les premières expressions écologistes petite-bourgeoises réagissant au retour de la crise et appelant à réduire la consommation dans un monde aux ressources gaspillées, vantant la perspective prétendument radicale et « révolutionnaire » de la « décroissance » avant l’heure.
Aujourd’hui, la réalité vient concrétiser sur bien des aspects cette œuvre d’imagination apocalyptique. L’ « anthropophagie » du Moloch capitaliste transforme tous les jours l’être humain en une pure marchandise à rentabiliser jusqu’au dernier souffle de vie. Alors que dans les sociétés du passé, les anciens étaient respectés parce que leur expérience était un trésor à transmettre aux générations futures, le vieillissement est considéré par le capitalisme comme une calamité, une charge insupportable et inutile pour le mode de vie de la société bourgeoise. Les retraités sont donc vus comme des « improductifs » et des « inutiles » à l’égard desquels l’État bourgeois exprime la plus profonde indifférence. C’est pourquoi la retraite, dans tous les pays et sous tous les gouvernements, est peu à peu repoussée à des âges canoniques et donne lieu à des pensions de plus en plus maigres. Tant pis si ces ouvriers sexagénaires ne peuvent plus assumer leur tâche. Et surtout, tant pis s’ils sont malades et épuisés, ou plutôt, tant mieux. Car c’est bien là le calcul de la classe dominante : que les ouvriers qui n’ont pas été licenciés en cours de route soient contraints de laisser tomber leur emploi, résignés et au bout du rouleau, sans avoir obtenu leur nombre de trimestres nécessaire pour une pension déjà à minima. Qu’ils crèvent à la tâche ou qu’ils partent avec leur pension de misère ! Et lorsqu’ils ne pourront plus vivre tout seuls, c’est le racket institutionnalisé dans les maisons de retraite. L’État en profitera pour récupérer les pensions des anciens et attaquer les salaires des autres membres de la famille obligés de prendre en charge ou de compléter le prix du « séjour ».
La paupérisation des vieux, particulièrement ceux de la classe ouvrière, est déjà spectaculaire dans les pays sous-développés, déjà choquante depuis longtemps, comme en Inde, par exemple, où il n’existe quasiment pas de prise en charge des personnes âgées. C’est aussi le cas dans les pays développés :
– En Corée du Sud, actuellement, près de la moitié des plus de 66 ans vit sous le seuil de pauvreté, conduisant les « Bacchus Ladies », ces dames âgées aux pensions ridicules, (la plupart ont entre 60 et 80 ans) qui se prostituent en plein Séoul pour pouvoir se nourrir !
– Au Japon, des retraités ne pouvant plus payer leur loyer choisissent même de commettre des délits pour s’offrir le luxe d’avoir un toit… en prison !
« Pour le capitalisme, les vieux, comme les handicapés, les marginaux ou les clochards, ne sont que des bouches inutiles à nourrir, des improductifs, aux yeux de l’État et des patrons, des “assistés”, tout juste bons à se faire “plumer” par des rapaces comme ceux du groupe ORPEA ». (2) Effectivement, l’exclusion ne concerne pas seulement les personnes âgées même s’ils en sont significativement les premières victimes, mais tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ne correspondent pas aux exigences de productivité de la société capitaliste marchande, tous les laissés pour compte : les chômeurs, les retraités, les SDF ou sans-abris, tous les « accidentés de la vie », tous les malades, psychiatriques ou physiques, tous ceux qui, au-delà même de ne plus être rentables, représentent un « poids social », un « coût économique » affaiblissant d’autant le profit global de la nation capitaliste. Cela ne date pas d’hier, mais de toutes les sociétés d’exploitation, la société capitaliste reste le nec plus ultra de l’exclusion généralisée pour garantir l’exploitation et le profit maximal.
Bien sûr, la classe dominante cherche par tous les moyens à masquer ou détourner cet instinct naturel du capitalisme à grands coups de « campagnes de communication ». Les discours et la propagande sur le handicap en sont un parfait exemple. Ainsi, la vitrine des jeux paralympiques ou du handisport vient « valoriser », de manière hypocrite, le handicap, source d’exclusion, dans une prétendue perspective « d’intégration et d’égalité ». Il s’agit, en réalité, d’un bourrage de crâne basé sur le culte de la réussite individuelle et la propagande du « si on veut, on peut ! », qui cache mal les réalités de l’exclusion sociale de l’immense majorité des handicapés. La fonction du sport, comme pour les « valides », n’est fondamentalement ici qu’un conditionnement pour adhérer à la culture et à l’exaltation de la compétition, du nationalisme et de la concurrence entre nations qui sont les « valeurs » mêmes sur lesquelles s’appuie le capitalisme !(3) L’exclusion du handicap reste toujours la règle dans un monde capitaliste qui se doit d’être efficace, rapide, rentable pour suivre les lois économiques et la logique de l’exploitation.
Hannah Arendt écrivait en 1961 : « Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire ». Le « chômage de masse » auquel fait référence Arendt forme la plus grande marmite à exclusion et à atomisation que le capitalisme à l’agonie peut fournir.
Si l’État, dans certains pays occidentaux comme la France, a permis après la Seconde Guerre mondiale un relatif « soutien » et le maintien d’un salaire social nécessaire pour entretenir une « armée de réserve » efficace pour l’intensification de la production et une exploitation forcenée, c’était à des fins de « reconstruction » et de compétitivité de l’économie nationale. Cet « État-Providence », devenu désormais trop coûteux, a été largement démantelé et tend à disparaître partout, avec les coups de boutoir croissants de l’aggravation de la crise économique, précarisant, jetant à la rue et marginalisant totalement ceux qui sont devenus « inutiles » ou « inaptes à la production ». C’est cette sordide réalité que tente de masquer l’hypocrisie bourgeoise et sa fausse solidarité, développée sous toutes ses formes, en vantant les « efforts » d’aide sociale des États aux plus faibles ou démunis, en faisant appel au portefeuille de la « solidarité citoyenne », en multipliant la mise en sous-traitance du marché des « aides sociales » par des entreprises elles aussi uniquement motivées par le profit maximum à retirer de ce créneau, qui va des mouroirs déshumanisés que sont les EHPAD à la gestion hospitalière, des « foyers » ou « centres spécialisés » pour « encadrer » les jeunes en difficulté aux « aides aux handicapés » et autres « association d’aides à domicile », etc.
La solidarité que prône et dont se gargarise la bourgeoisie ne peut être qu’une fausse solidarité reposant sur le mensonge et la poursuite de conflits d’intérêts mercantiles, totalement sous l’emprise du « chacun pour soi » et de la concurrence capitaliste : « L’idée que l’État serait l’incarnation de la solidarité, telle que l’ont cultivée en particulier la social-démocratie et le stalinisme, est l’un des plus grands mensonges de l’histoire. La solidarité ne peut jamais être imposée contre la volonté. Elle n’est possible que si ceux qui expriment la solidarité et ceux qui la reçoivent partagent la conviction de sa nécessité. La solidarité est le ciment qui tient ensemble un groupe social, qui transforme un groupe d’individus en une seule force unie ». (4)
L’accélération de la crise économique partout dans le monde pousse des millions d’exploités non seulement au chômage, mais également à ses conséquences les plus sordides que sont la vie « dans la rue », la drogue, la délinquance… Cette logique infernale de désocialisation touche aujourd’hui des masses toujours plus nombreuses de l’humanité. Là encore, la bourgeoisie n’hésite pas à instrumentaliser la situation de ces populations en les présentant comme des « incapables », des « poids morts », des « assistés » ne pouvant s’en prendre qu’à eux-mêmes. En d’autres termes, il s’agit de culpabiliser ces « individus hors norme » pour mieux cacher l’abjecte indifférence de la société capitaliste.
Les sans-abris, toxicomanes et drogués que l’on trouve dans toutes les concentrations urbaines sont ainsi présentés comme marginaux par « accident » ou « incompétence », « manque de volonté », incapables de « s’intégrer », de travailler, des « déchets » sociaux sources de toutes les vilenies. Souvent, ils ne sont pourtant et de plus en plus que des jeunes en souffrance, éjectés du rouleau compresseur de l’école, éjectés de pays en guerre, traumatisés, délaissés par des familles impuissantes, rejetés par le système productif ou tout simplement délaissés par les services de santé des États ! Seule l’économie parallèle du trafic de stupéfiants, les mafias de la came, trouvent avantage à l’exploitation jusqu’à la mort d’une partie de ces exclus.
La solidarité est une expression concrète de la nature sociale de l’humanité, une tendance vers une activité pratique de soutien mutuel entre les êtres humains dans la lutte pour l’existence, aujourd’hui pervertie par la société capitaliste. Elle n’est pas un idéal utopique à atteindre, mais au contraire une force matérielle active caractérisée par la conscience, la volonté et par l’initiative. La solidarité est donc le dépassement de l’individualisme et du particularisme dans l’intérêt de l’ensemble de la communauté aussi vieille que l’humanité elle-même. Bien que dans l’histoire de l’humanité, la solidarité entre les membres de la société ait été avant tout un réflexe instinctif de préservation, plus la société humaine devient complexe et conflictuelle, depuis l’apparition des sociétés de classes, plus haut est le niveau de conscience nécessaire à son développement. En ce sens, la solidarité de classe du prolétariat constitue la forme la plus haute de la solidarité humaine jusqu’ici.
Or, là où règnent en permanence les rapports marchands, la réduction des hommes eux-mêmes à des marchandises et le principe bourgeois du calcul d’intérêt, des avantages et des inconvénients de ce que l’on offre à l’autre, la tendance consécutive inexorable à la désagrégation des rapports sociaux qui culminent dans le capitalisme décadent, il n’y a pas de solidarité possible autre que dans le combat de classe. La bourgeoisie ne peut ainsi que prolonger et accentuer toujours plus les souffrances de l’humanité en défendant bec et ongles son système de domination.
La classe ouvrière est la seule force sociale, à travers le développement de ses luttes sur son terrain de résistance et de lutte contre l’exploitation capitaliste et de sa perspective révolutionnaire, capable d’exprimer sa solidarité à tous les exclus du système, à tous les exploités parce qu’à l’opposé de la bourgeoisie, le prolétariat est amené à développer dans sa lutte contre le capitalisme une solidarité de classe, expression de son unité et qui correspond en même temps à sa tache historique de libérer l’ensemble de l’humanité du fléau et des chaînes de l’exploitation.
Sa solidarité est celle d’une classe internationale qui, en luttant au-delà de toutes les particularités nationales, raciales, physiques, pourra bannir l’exploitation en mettant fin au travail salarié par la révolution communiste en instaurant une société dont les rapports sociaux seront non plus établis sur la base d’un rapport entre exploités et exploiteurs mais selon le principe suivant : « De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins », lequel reposera l’ossature de la société communiste.
Stopio, 19 mars 2022
1 « Les maltraitances dans les maisons de retraite sont un produit de la barbarie du capitalisme [36] », disponible sur notre site internet (5 février 2022).
3 Voir notre série sur le sport, et notamment : « Le sport, le nationalisme et l’impérialisme [37] (Histoire du sport dans le capitalisme, partie III) ». Sans compter que le handisport et les JO paralympiques sont aussi un vecteur important de la concurrence féroce entre entreprises ou entre nations et que « la guerre des prothèses » n’a rien à envier à la « guerre des masques » ou celle des vaccins que nous avons largement dénoncées dans nos articles sur la pandémie.
4 « La confiance et la solidarité) dans la lutte du prolétariat [38] ». (2001)
Links
[1] https://fr.internationalism.org/files/fr/la_guerre_imperialiste_en_ukraine_et_les_taches_des_revolutionnaires_1.pdf
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/reunions-publiques
[3] https://fr.internationalism.org/content/10792/cinq-mois-doperation-speciale-affrontements-imperialistes-ukraine-intensifient-chaos
[4] https://fr.internationalism.org/content/10791/campagnes-ideologiques-propagande-imperialiste-barbare-et-criminelle
[5] https://fr.internationalism.org/content/10794/declaration-du-kras-ait-contre-attaques-nationalistes-solidarite-internationaliste
[6] https://fr.internationalism.org/content/10795/anarchistes-et-guerre-entre-internationalisme-et-defense-nation
[7] https://fr.internationalism.org/content/10787/guerre-ukraine-pas-geant-barbarie-et-chaos-generalises
[8] https://fr.internationalism.org/content/10784/sommet-lotan-a-madrid-sommet-guerre-guerre
[9] https://fr.internationalism.org/content/10778/bilan-des-reunions-publiques-declaration-commune-groupes-gauche-communiste
[10] https://fr.internationalism.org/content/10741/trotskisme-grand-rabatteur-limperialisme-recruteur-chair-a-canon
[11] https://fr.internationalism.org/content/10771/signification-et-impact-guerre-ukraine
[12] https://fr.internationalism.org/content/10740/campagne-ideologique-propagande-humanitaire-au-service-guerre
[13] https://fr.internationalism.org/content/10738/reunions-publiques-du-cci-qui-peut-arreter-guerres-et-barbarie-capitaliste
[14] https://fr.internationalism.org/content/10739/conference-zimmerwald-reference-indispensable-defense-linternationalisme
[15] https://fr.internationalism.org/content/10735/declaration-commune-groupes-gauche-communiste-internationale-guerre-ukraine
[16] https://fr.internationalism.org/content/10736/editorial-face-a-guerre-imperialiste-opposons-lutte-classe
[17] https://fr.internationalism.org/content/10733/face-a-guerre-face-a-crise-classe-ouvriere-ne-doit-accepter-aucun-sacrifice
[18] https://fr.internationalism.org/content/10732/etats-unis-russie-union-europeenne-ukraine-tous-etats-sont-responsables-guerre
[19] https://fr.internationalism.org/content/10731/declaration-internationaliste-russie
[20] https://fr.internationalism.org/content/10716/conflit-imperialiste-ukraine-classe-dominante-exige-des-sacrifices-lautel-guerre
[21] https://fr.internationalism.org/content/10713/militarisme-et-decomposition-1991
[22] https://fr.internationalism.org/content/10714/conflit-imperialiste-ukraine-capitalisme-cest-guerre-guerre-au-capitalisme-tract
[23] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/399/ukraine
[24] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/513/russie
[25] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/biden
[26] https://fr.internationalism.org/en/tag/30/534/poutine
[27] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/zelensky
[28] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/guerre-ukraine
[29] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/otan
[30] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/vie-bourgeoisie-france
[31] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/macron
[32] https://fr.internationalism.org/en/tag/30/371/pen
[33] https://fr.internationalism.org/en/tag/personnages/melenchon
[34] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/election-presidentielle
[35] https://fr.internationalism.org/rinte110/extreme.htm
[36] https://fr.internationalism.org/content/10672/maltraitances-maisons-retraite-sont-produit-barbarie-du-capitalisme
[37] https://fr.internationalism.org/icconline2012/le_sport_le_nationalisme_l_imperialisme.html
[38] https://fr.internationalism.org/rinte111/confiance.htm
[39] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/maison-retraite
[40] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/ehpad