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Ecœurante à tous les niveaux, l’affaire DSK, quelle que soit son issue, est venue nous rappeler quelle est la condition faite aux femmes. Que cet homme à la “stature de chef d’Etat” ait effectivement violé une domestique ou couché avec une prostituée qui s’est révélée être l’appât d’un piège… tout cela révèle le même fond : le mépris total et sociétal du genre féminin. Ce monde “développé” est capable de nous bassiner d’une “journée de la femme”, comme on parle de la “journée du sida” ou du “téléthon”. Cette société capitaliste sexiste, qui a repris à son compte les conceptions des sociétés patriarcales tribales du passé, ne peut dépasser cette idéologie d’un monde dominé par les hommes. La société capitaliste méprise les femmes, considérées comme une marchandise à la fois salariale et sexuelle. Et ses représentants politiques, comme DSK, en sont les meilleurs VRP. Il vaut la peine en l’occurrence de rappeler quelles ont été les réactions premières de ses amis, pourtant tous prétendument défenseurs des droits de l’homme et de la femme. Jean-François Kahn, pourfendeur populiste des tares de cette société et de ses représentants, ex-rédacteur en chef de Marianne, hebdo engagé dans toutes les causes des minorités, et donc de celle des femmes, s’est empressé de minorer “l’incident” en le qualifiant d’ “imprudence”, de “troussage de domestique”. C’est vrai, quoi, si on ne peut plus lutiner le petit personnel, où va-t-on ? Et puis si la bonne ne dit rien, effrayée de perdre sa place, on peut aller plus loin ! Pourquoi se gêner, surtout à Sofitel qui a pour habitude de couvrir les frasques de ce genre chez les “bons clients”.
Et que penser de la saillie de Jack Lang, glissant au passage d’un interview télévisé avec Pujadas : “Il n’y a pas mort d’homme.” Que diable mon Prince de Blois, n’y aurait-il eu au pire que viol de femme, et qui plus est de femme de chambre ? Au regard de l’avenir d’un des hommes les plus en vue de la politique française, ce ne sont là que billevesées !
Cette société capitaliste a beau faire se tortiller dans tous les sens ses hommes, et ses femmes, politiques pour nous convaincre d’une évolution des conditions de la femme et qu’ils oeuvrent en ce sens, rien n’est plus illusoire. Il n’y a pour s’en rendre compte que de prendre en exemple la moyenne des salaires de 30% inférieure, à charge de travail égale, pour les femmes par rapport aux hommes. Et même si un nombre relativement croissant de femmes occupe des postes à responsabilité dans les entreprises, c’est en fait parce qu’elles singent littéralement le comportement social “dominant”, agressif et “prédateur” des capitalistes qu’elles sont acceptées. En politique, on dit des “pointures” comme Mme Lagarde, nommée en remplacement de DSK au FMI : “Celle-là, elle a des couilles.” Et cela est si vrai que les députées (femmes) ne se présentent jamais (ou très rarement) en jupe à l’Assemblée Nationale, sous peine de subir les quolibets “joyeux” de la finesse de corps de garde qu’on imagine de la part de leurs confrères.
En réalité, la classe bourgeoise, et plus que jamais dans la décadence, est empreinte jusque dans ses gènes de cet esprit machiste nauséabond, ne considérant la femme que comme l’objet de l’assouvissement du besoin sexuel de l’homme.
La publicité est d’ailleurs en cette occurrence un bon “sexomètre”. Celle sur Orangina qui fleurit sur panneaux géants tous les printemps depuis quelques années, dans les gares, les centres commerciaux, etc., en est un prototype des plus “excitants” intellectuellement. On peut y voir des animaux, censés être femelles, affublés de sous-vêtements “sexy”, dans des poses provocantes, tous étant censés représenter des femmes “épanouies” grâce à Orangina ! En fait des objets sexuels avilis et rabaissés. L’indécence de cette publicité, le mépris ouvert qu’elle affiche pour les femmes renvoie à cette maxime populaire qu’on utilise pour les sexopathes avérés et invétérés : “Une chèvre avec une culotte, et c’est bon pour lui.”Hasard ou coïncidence, il y a d’ailleurs même une chèvre dans la publicité Orangina qui fait le ménage ! On nous dira que nous sommes des imbéciles qui ne comprennent rien à l’humour au second degré. Eh bien oui ! Car cet “humour” est le reflet exact de la pitoyable pensée bourgeoise, de la séparation et de la ségrégation qu’elle opère entre les sexes.
Lutte féministe ou combat révolutionnaire ?
L’injustice criante et révoltante faite aux femmes pousse souvent les plus indignés à s’engager sur la voie du féminisme. Ceux-là luttent avant tout pour l’égalité entre les sexes. Il s’agit là d’un combat voué à l’échec, d’une impasse. Le sort réservé aux femmes est le fruit du capitalisme. Pour changer réellement les choses, il faut donc l’abattre. Aucun aménagement ne sera possible. En effet, le capitalisme est une société de classe et d’exploitation, en cela il induit forcément cette injustice entre les sexes. Comme l’écrivait Engels “la première opposition de classe qui se manifeste dans l’histoire coïncide (souligné par nous) avec [ ] la première oppression de classe avec l’oppression du sexe féminin par le sexe masculin.” et “De nos jours, l’homme dans la grande majorité des cas, doit être le soutien de la famille et doit la nourrir, au moins dans les classes possédantes ; et ceci lui donne une autorité souveraine qu’aucun privilège juridique n’a besoin d’appuyer. Dans la famille, l’homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat.”
Ce n’est donc pas un hasard si c’est le mouvement ouvrier dès sa naissance qui, en luttant contre le capitalisme, a aussi posé en premier la question de la place de la femme dans la société. Comme l’a écrit la militante ouvrière Flora Tristan en 1843 dans son livre L’Union ouvrière : “L’affranchissement des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. Elle est le prolétaire du prolétaire même”. Autrement dit, pour abolir l’exploitation de la femme par l’homme, il faut abolir l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
Wilma (1er juillet)