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A l’heure où l’OTAN couvre son aventure meurtrière d’un silence gêné et se fend de discrètes excuses vite recouvertes par mille faits-divers “pour s’être trompée de cible et avoir tué par erreur des familles de civils” en Libye, des révélations sur les crimes de l’armée américaine en Irak donnent une image très précise de ce qu’est une “guerre propre” pour l’ensemble des bourgeoisies du monde.
En avril et en novembre 2004, la ville de Falloujah, à l’ouest de Bagdad, fut le théâtre d’une gigantesque bataille opposant les forces américaines aux cliques baassiste et djihadiste de la région. Si les chiffres officiels font état de presque 500 victimes, le bilan de l’opération s’élève en réalité à plusieurs milliers de tués, dont de nombreux civils pris entre deux feux. Mais les victimes directes des combats ne représentent qu’une fraction d’un ensemble plus vaste, celui des estropiés, des orphelins, des sans-abris, etc.
Parmi ceux-ci, Falloujah compte désormais ses “bébés-monstres,” victimes des effets durables des armes à l’uranium appauvri. Ce métal, faiblement radioactif, est néanmoins très polluant et dangereux pour la santé en cas d’ingestion par la digestion ou la respiration. Dès 2008, le taux exceptionnellement élevé de nourrissons gravement malformés, la surmortalité infantile et l’explosion des cas de cancers (y compris dans l’armée et les unités ayant servi en Irak ou dans la guerre des Balkans) produisent quelques remous qui finissent par attirer l’attention des scientifiques. Plusieurs enquêtes finissent par établir un lien direct entre les nombreuses malformations et les obus à l’uranium appauvri utilisés lors des combats.
Le professeur Christopher Busby, connu pour ses recherches sur les effets sanitaires des faibles doses de rayonnements ionisants, affirme même avoir découvert des traces d’uranium cette fois “enrichi”, utilisé dans l’armement nucléaire, en analysant des échantillons prélevés sur place. En d’autres termes, la bourgeoisie américaine a fait tirer des armes irradiant durablement la population et ses propres soldats.
L’incurie des états-majors militaires pour la santé de la “piétaille” est d’ailleurs bien connue. A titre d’exemple stupéfiant, les déchets de l’armée sont soigneusement recyclés dans de grandes fournaises à ciel ouvert, entretenues au kérosène par des sous-traitants locaux sous l’œil des soldats. Les conséquences sanitaires sont évidemment catastrophiques, comme en témoignent les nombreuses insuffisances respiratoires, les lésions cérébrales et les cancers dont sont victimes les soldats chargés de la surveillance des décharges et que les hôpitaux militaires qualifient pudiquement de “troubles psychosomatiques”.
La guerre en Irak et toutes les “guerres justes” sont décidément de sales guerres.
V. (22 juin)