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L'explosion de la misère en Grèce est ce qui attend la classe ouvrière dans tous les pays !
L’État grec est au bord du gouffre. Sa “faillite” (1) fait la une de tous les médias, dans tous les pays. Une véritable “tragédie grecque” se plaisent même à répéter les journalistes, fiers de leurs traits d’esprit dramaturgiques. Mais derrière ces envolées lyriques se cache une réalité terrible, celle ressentie dans leur chair par les travailleurs, les chômeurs, les retraités, les jeunes précaires… bref, la classe ouvrière.
Loin d’être renvoyée aux calendes grecques, la brutale dégradation des conditions de vie est en effet pour elle une réalité d’ores et déjà bien tangible. Les plans d’austérité se succèdent à un rythme infernal. Les usines ferment. Les taxes s’envolent. Les fonctionnaires voient leur maigre salaire se réduire drastiquement, quand ils ne sont pas tout simplement licenciés. Au moment de mettre sous presse ce journal, le gouvernement hellénique s’apprête à annoncer encore de nouvelles attaques. D’après des “fuites” savamment orchestrées pour préparer “l’opinion publique”, il s’agirait “entre autres” (sic!) d’un “relèvement [supplémentaire] de la TVA de 1 à 2 points”, de “la suppression des 13e et 14e mois dans le secteur public”, d’une “hausse à 4 % par an, contre 2 % actuellement, de la proportion d’employés pouvant être licenciés”, d’un “gel pluriannuel des rémunérations dans le secteur public” (2) et d’une hausse de l’âge légal de départ à la retraite pour les fonctionnaires de 53 à 67 ans! D’après la presse bourgeoise même, il s’agit là d’une “cure d’austérité inédite” (Libération) (3), d’une “austérité sans précédent” (les Echos) (4), d’un “traitement de choc” (le Monde et le Figaro) (5).
Et la peur de “l’effet domino”, de “la contagion”, de “la panique”… commence à poindre dans les déclarations des responsables politiques et économiques européens. Le Portugal et l’Espagne sont à leur tour pointés du doigt. Leur capacité à maîtriser la dette publique est jugée trop “incertaine”. Ces États doivent donc réduire eux aussi de façon drastique leurs dépenses pour limiter la hausse de l’endettement public. Le gouvernement portugais vient ainsi d’annoncer lui aussi un nouveau plan d’austérité. La cure grecque est administrée aux habitants de la péninsule ibérique. Aux mêmes maux les mêmes “remèdes” : réduction des pensions, des allocations, des salaires et des effectifs, dans le privé comme dans le public, hausse des impôts…
Pourtant, ces derniers mois, les docteurs en économie ont voulu nous faire croire que la Grèce était un cas particulier, qu’elle était la victime du manque d’honnêteté de ses responsables politiques (qui ont effectivement truqué, a priori plus que les autres encore, les statistiques de l’économie nationale) et de l’appétit des prédateurs de la spéculation boursière. Ils ont voulu nous cacher la sombre réalité : tous les États de la planète sont surendettés. L’économie mondiale survit depuis des décennies à crédit et l’heure des comptes a sonné. La crise qui a débuté en 1967 a brutalement accéléré depuis juillet 2007. Aujourd’hui, le capitalisme mondial convulse. L’avenir va dorénavant être fait d’une succession de récessions de plus en plus violentes, brutales et dévastatrices. Rien à voir, donc, avec une quelconque “spécificité grecque” !
Le Portugal et l’Espagne (6) commencent eux aussi à craquer, l’Italie et l’Irlande sont dans une situation économique dramatique… et il n’y a pas que les “PIIGS” (7) de concernés ! La France est l’un des pays européen les plus endettés. La Grande-Bretagne fait partie des nations les plus touchées, voire ravagées, par la crise et la bourgeoisie anglaise attend sûrement l’après-élection pour annoncer la réelle gravité de la situation et les mesures drastiques à venir. Quant à la première puissance mondiale, les États-Unis, elle joue toujours son rôle de locomotive de l’économie mondiale, mais elle entraîne maintenant les autres pays vers l’abîme !
L’état désastreux de l’économie mondiale peut effrayer. Comment lutter, et contre qui, quand les États sont au bord de la faillite ? Quoi faire quand les responsables politiques effectuent ce chantage immonde : “vous devez accepter les plans d’austérité pour sauver l’économie nationale, l’État, les retraites…” ? De tels coups de massue ont un effet paralysant. Mais ils rendent aussi évident aux yeux de tous que le capitalisme n’a pas d’avenir, que ce système d’exploitation est inhumain, qu’il ne peut engendrer que toujours plus de larmes, de sueur et de sang. Surtout, cette crise économique dévastatrice révèle que l’État (quelle que soit sa couleur, le bleu de la droite, le rose de la gauche ou le rouge de l’extrême-gauche) est le pire ennemi de la classe ouvrière. C’est lui qui assène les attaques économiques les plus violentes. C’est lui qui réprime sans vergogne.
L’avenir appartient à la lutte de classe !
Face au monstre étatique, à ce représentant de la force et de l’unité politique de la bourgeoisie, un ouvrier isolé ne peut que se sentir écrasé et impuissant.
Que peuvent faire une poignée d’individus, quand leur école, leur hôpital, leur administration, leur usine ferme ? Rien, s’ils restent isolés ! Mais aujourd’hui, toute la classe ouvrière est simultanément touchée. Dans tous les pays, les travailleurs du public comme du privé, les retraités comme les chômeurs et les jeunes précaires, subissent une insoutenable paupérisation. Cette situation, jugée socialement “explosive” par la bourgeoisie elle-même, est propice à faire comprendre que tous les ouvriers ont les mêmes intérêts, le même ennemi (la bourgeoisie et son État) et que ce n’est qu’en luttant de façon organisée, consciente, en tant que classe, qu’ils peuvent résister aux attaques. Seules des luttes massives, mettant en acte ce qu’est l’unité et la solidarité ouvrière, peuvent faire trembler la bourgeoisie ! Le capitalisme est en faillite, l’avenir appartient à la lutte de classe !
Pawel (29 avril)
1) Tout au long de cet article, ce terme sera utilisé par nous sous un sens bien particulier. Un État ne peut faire faillite comme une entreprise. La bourgeoisie ne va pas mettre la clef sous la porte et laisser sa place à qui voudra bien la prendre. Derrière le mot “faillite”, nous entendons un État qui ne peut plus rembourser l’intérêt de sa dette et dont l’économie nationale est alors ravagée. Mais même plongée dans une profonde dépression, la classe dominante fera toujours face politiquement et militairement à la classe ouvrière. Les ouvriers et les jeunes grecs en lutte victimes de la répression peuvent en témoigner.
2) lesechos.fr du 29 avril.
3) libération.fr du 29 avril.
4) lesechos.fr du 29 avril.
5) lemonde.fr et lefigaro.fr du 29 avril.
6) Le taux de chômage vient d’ailleurs de dépasser les 20 % dans ce pays !
7) Jeu de mot anglais assimilant ironiquement le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne (Spain), à des cochons !