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Les attaques continuent de tomber à la pelle en France aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Partout, grandit un même sentiment de ras-le-bol et d‘exaspération chez les travailleurs. Mais les réactions ouvrières, nombreuses, comme en témoigne la multiplicité des grèves un peu partout, se retrouvent complètement isolées les unes des autres. On voit depuis plusieurs mois une totale dispersion des luttes, ponctuée par quelques journées d’action syndicales stéréotypées de moins en moins mobilisatrices qui renvoient les ouvriers à un sentiment d’impuissance. Malgré quelques tentatives d’étendre la lutte à l’échelle régionale dans les Pôles emploi, la plupart des luttes restent enfermées sur un site, comme Fralib à Gemenos près de Marseille où la grève dure depuis près de deux mois. Dans le public comme dans le privé, chaque bureau, chaque centre, chaque usine reste isolé : à La Poste, dans les crèches, les hôpitaux, les écoles ou les centres d’éducation spécialisée, à la RATP comme dans les dépôts de bus en province.
A quoi cela est-il dû ? Au fait que partout les syndicats sont à la manœuvre pour que les ouvriers continuent à lutter chacun dans leur coin, pour défendre “leur” entreprise, “leur” emploi, “leur” secteur derrière telle ou telle revendication spécifique, en empêchant la moindre expression de solidarité et de lutte unitaire. La caricature de cet émiettement et ce cet enfermement est donnée par la récente grève à la SNCF. En effet, lors de la troisième grève déclenchée depuis le début de l’année, la CGT et Sud-Rail, qui se sont âprement disputés le contrôle de la lutte, ont canalisé la combativité en “organisant” les ouvriers dans de prétendues assemblées générales soigneusement cloisonnées corporation par corporation, dépôt par dépôt, atelier par atelier, transformées en simples bureaux de vote pour la poursuite ou non de la grève. De même à Airbus-Toulouse, l’intersyndicale organise actuellement une série de grèves “tournantes” de quelques heures impliquant à tour de rôle les équipes travaillant sur tel ou tel type d’avion pour isoler les ouvriers et les empêcher de se mobiliser ensemble. Et alors que tous les syndicats concoctent actuellement main dans la main avec le gouvernement le scénario pour faire passer cet été l’attaque générale sur les retraites qui va toucher de plein fouet toutes les générations ouvrières, ces mêmes syndicats s’arrangent non seulement pour éviter une mobilisation massive dans la rue mais pour renvoyer aux ouvriers une image démoralisante de division lors des défilés du Premier mai organisés en ordre dispersé. La division et la démoralisation sont un objectif des syndicats pour dissuader à tout prix les ouvriers d’entrer massivement en lutte. D’ailleurs, les syndicats ne cessent de pousser les ouvriers vers des gestes désespérés comme à Sodimatex, avec la menace de faire sauter leur usine, ou vers des actions stériles en séquestrant des patrons ou des cadres quelques heures. Cela suscite de plus en plus de réactions chez certains syndiqués eux-mêmes sincèrement écœurés et ulcérés en réaction aux agissements de leur centrale, comme en témoignent les deux courriers que nous publions ci-dessous. Mais surtout, au delà de cette simple indignation face au sabotage des luttes par les syndicats, beaucoup de prolétaires se posent les mêmes questions plus fondamentales auxquelles nous nous proposons de répondre pour tenter de dissiper un certain nombre d’illusions sur la nature des syndicats.
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