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Que nous proposent aujourd'hui les syndicats qui prétendent défendre nos intérêts pour résister aux attaques massives de la bourgeoisie ? Ils nous appellent à nous mobiliser à travers une ribambelle de journées d'actions à répétition en évoquant le "succès" de celle du 4 octobre dernier qui était restée sans lendemain.
Le 31 janvier, l'appel à des mobilisations inter-professionnelles locales "pour la défense de l'emploi, des salaires et des conditions de travail" est lancé par la seule CGT.
Le 1er février, syndicats d'enseignants et de parents d'élèves sont appelés à une manifestation contre le manque de moyens des écoles dans la banlieue parisienne.
Le 2 février, c'est au tour de toute la fonction publique que les principaux syndicats (CGT, FO, FSU, CFDT) ont appelé à manifester pour réclamer une hausse des salaires des fonctionnaires et une refonte de la grille indiciaire, tout en faisant l'impasse sur les suppressions massives de postes et la dégradation des conditions de travail. En fait, pour mieux morceler cette "riposte", trois syndicats ont donné, quelques jours auparavant, leur accord (ce qui a clôturé la négociation) à une augmentation symbolique proposée par le gouvernement : deux augmentations salariales de 0,5 % en juillet et en… février 2007, agrémentées d'un dérisoire point d'incice supplémentaire à tous les agents de l'Etat en novembre prochain.
Le 7 février, en pleine période de vacances scolaires, (ce qui est un bon moyen d'éviter une mobilisation massive) CGT, FO, CFDT, CFTC, FSU, UNSA ainsi que le syndicat UNEF pour les étudiants et UNL pour les lycéens, appellent à un large rassemblement et à des manifestations communes pour "le retrait du contrat première embauche".
Enfin, à l'appel de la Confédération Européenne des Syndicats, une manifestation est organisée à Strasbourg contre l'hydre de la directive Bolkestein.
Que peuvent retirer les ouvriers de ces journées d'action ? Rien, sinon un épuisement stérile de leur combativité, un sentiment d'impuissance et de démoralisation avec l'impression que "lutter ne sert à rien". Et c'est exactement le but recherché par les syndicats et l'ensemble de la bourgeoisie. C'est aussi le but recherché par les organisations trotskistes, comme celle d' Arlette Laguiller, qui font semblant de défendre les luttes ouvrières contre le sabotage syndical.
Dans son n° 1956 du 27 janvier, le journal "Lutte Ouvrière" adopte un ton "radical" dans un article sur la journée d'action syndicale du 2 février :"Emploi et salaire sont des exigences partagées par tous. Malheureusement, l'égrènement des dates des journées fixées par les centrales syndicales dilue dramatiquement la réponse des travailleurs (…) C'est bien la même riposte qu'il faut construire". Mais dans le même numéro, un communiqué de LO en encadré appelle à participer à la journée d'action syndicale du 7 non pas contre TOUTES les attaques de la bourgeoisie, mais uniquement contre le Contrat Première Embauche avec comme mot s'ordre : "Villepin doit retirer son projet !"
La multiplication des mobilisations syndicales, l'éparpillement, le saucissonnage de la riposte, n'est ni un produit de la division syndicale, ni le résultat d'une tactique erronée. C'est une manœuvre de sabotage de la lutte qui correspond à la fonction que les syndicats occupent depuis près d'un siècle : être des organes d'encadrement de la classe ouvrière au service de l'Etat capitaliste (<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]-->). C'est pour cela que la mise en avant de revendications particulières à tel ou tel secteur, divisant, opposant, les intérêts des ouvriers entre eux constitue la tâche quotidienne, ordinaire et sans relâche des syndicats. Ce travail de division s'oppose directement aux besoins d'unité et de solidarité de la classe ouvrière. Les syndicats (et leurs appendices trotskistes) se posent d'autant plus comme des obstacles au développement des luttes ouvrières que les attaques massives actuelles n'épargnent aucun secteur ni aucune génération.
La multiplication actuelle de leurs "journées d'action" sert à émietter et défouler la montée du mécontentement social et à épuiser la combativité des ouvriers. C'est pour empêcher la classe ouvrière de prendre des initiatives que les syndicats prennent les devants en quadrillant tout le terrain social.
L'action des syndicats sert en même temps à paralyser la réflexion de la classe ouvrière et à l'empêcher de comprendre l'enjeu réel de ses luttes immédiates : la perspective de renversement du capitalisme, la possibilité de construire une nouvelle société qui abolira la misère, le profit et l'exploitation.
Alors que l'aggravation des attaques de la bourgeoisie est l'expression de la faillite irrémédiable du système capitaliste, l'idéologie syndicale veut faire croire que ces attaques seraient le produit d'un choix, d'une politique libérale d'un gouvernement de droite faisant le jeu du patronat privé. Bref, qu'il suffirait d'une "bonne" gestion de l'économie (ou de "prendre dans la poche des riches") pour améliorer le sort de la classe ouvrière.
Cette propagande est un complément de la mystification démocratique et électorale qui vise à faire croire qu'un bulletin de vote pourrait changer la donne.
Pour pouvoir développer leurs luttes, les ouvriers ne peuvent pas s'en remettre aux syndicats, ni rester à leur remorque. Ils doivent prendre eux-mêmes la direction de leur combat, à travers les Assemblées Générales massives, ouvertes à toute la classe exploitée, aux jeunes comme aux "seniors", aux ouvriers actifs comme aux chômeurs
L'expérience de la grève de masse en Pologne en août 1980 a montré que la classe ouvrière est capable de s'organiser sans les syndicats pour développer, unifier ses luttes et faire trembler la bourgeoisie. Cette expérience a montré que c'est grâce au syndicat Solidarnosc (soutenu par certains syndicats occidentaux) que la bourgeoisie en Pologne a pu briser la dynamique de la grève de masse. C'est à cause des illusions sur le syndicalisme "libre" et "démocratique", un syndicalisme "à l'occidentale", que les ouvriers de Pologne ont été battus (ce qui a permis le coup d'Etat du général Jaruzelski en décembre 1981) (<!--[if !supportFootnotes]-->[2]<!--[endif]-->).
Pour se défendre, opposer un front massif et uni face aux attaques de la bourgeoisie, les ouvriers doivent tirer les leçons de cette expérience : lutter derrière les syndicats, c'est aller à coup sûr à la défaite !
W (28 janvier)
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<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> Lire notre brochure Les syndicats contre la classe ouvrière.
<!--[if !supportFootnotes]-->[2]<!--[endif]--> Voir sur notre site Web notre article sur les leçons d'août 1980 en Pologne.