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A l’occasion de la commémoration des dix ans de la mort de Mitterrand, début janvier 2006, le groupe trotskiste "Lutte Ouvrière" (LO) a, une fois encore, dévoilé son hypocrisie et sa duplicité.
Dans l’éditorial de son hebdomadaire n°1954, Arlette Laguiller n’a aujourd’hui pas de mots assez durs pour dénoncer Mitterrand, en rappelant que "cet ‘homme de gauche’ avait commencé sa carrière sous Pétain comme homme de droite (…)" et qu’il "s’était illustré par des déclarations de guerre du genre (…) : ‘La seule négociation, c’est la guerre’" (lors de la guerre d’Algérie).
A la fin de son éditorial, Arlette appelle donc la classe ouvrière à se souvenir de Mitterrand comme "d’un homme qui a rendu au grand patronat et à la bourgeoisie le fier service de faire passer pour une politique de gauche une politique de soutien sans faille au grand patronat, au détriment des intérêts élémentaires du monde du travail."
Notre Arlette nationale, ne se prive pas, au passage, d’épingler le PCF : elle lui reproche d’avoir mystifié les ouvriers en les appelant à voter pour Mitterrand en 1974 et 1981. Et, mieux encore, LO reproche au PC d’avoir dévoyé les luttes ouvrières sur le terrain électoral puisqu’il a fait "croire aux travailleurs que Mitterrand représentait un espoir, en propageant parmi eux l’idée funeste que ce n’était pas par leurs propres luttes qu’ils pouvaient se défendre mais en permettant à la gauche d’arriver au pouvoir".
Que LO exhorte la classe ouvrière à ne jamais oublier "le mal" que Mitterrand "faisait aux travailleurs", c’est très bien ! Qu’elle dénonce le PC comme rabatteur pour le PS lors des campagnes électorales des années 1970-80, c’est très bien ! Qu’elle affirme aujourd’hui que les ouvriers devaient "se défendre" par "leurs propres luttes" et non pas en votant pour la gauche, bravo ! Arlette a fait un "sans faute"…ou presque.
En effet, il y a dans son pensum juste deux ou trois petites choses qu’elle a "oublié" de rappeler à ses lecteurs. D’abord, le PC n’est pas le seul à avoir appelé les ouvriers à voter pour Mitterrand. LO a fait exactement la même chose ! En 1974, au second tour des présidentielles, voilà ce qu’on pouvait lire dans son hebdomadaire : "Le 19 mai, les travailleurs doivent voter Mitterrand, (…) pas une seule voix ouvrière ne doit manquer à la gauche" ("Lutte Ouvrière" n° 298). En 1981, si Mitterrand a pu être élu président c’est aussi grâce à la campagne de LO dont le mot d’ordre était "Le 10 mai, sans illusion MAIS SANS RÉSERVE, votons Mitterrand" ("Lutte Ouvrière" n°675) (<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]-->).
Arlette semble avoir la mémoire bien courte, ou plutôt une mémoire très sélective (avec l’âge, l’éternelle candidate de LO commencerait-elle à avoir ce type de problèmes ?).
Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. La vérité, c’est qu’avec ses grossiers mensonges "par omission", LO nous prend pour des imbéciles ! En appelant les travailleurs à "se souvenir" de la politique anti-ouvrière et militariste de Mitterrand, LO cherche tout simplement à faire oublier sa complicité avec le PC. Elle cherche à faire oublier son sale travail de dévoiement des luttes ouvrières sur le terrain bourgeois des élections et son propre rôle de rabatteur de la gauche.
C’est justement parce que LO a fait la même chose que le PC qu’elle utilise les mêmes méthodes que son grand frère stalinien. Ainsi, depuis 1992, LO refuse de nous attribuer un stand et des forums à sa kermesse annuelle, la "Fête de Lutte Ouvrière". La raison "officielle" invoquée par LO pour justifier cette décision était la suivante : nous aurions été "malpolis" à son égard lors d’un forum, l’année précédente. En effet, au cours d’une intervention, nous avions eu la "mauvaise idée" de rappeler, preuves à l’appui, que LO avait appelé les ouvriers à voter Mitterrand en 1974 et 1981. Dès que nous avons commencé à évoquer ces faits "gênants" en brandissant les pages de couverture de son hebdomadaire du 14 mai 1974 et du 9 mai 1981, LO nous a immédiatement empêché de parler en coupant le micro. C’est pour cela que nous avons protesté en dénonçant cette attitude digne des flics staliniens (voir RI n° 214, 244 et 291).
Aujourd’hui, LO a le culot d’affirmer, avec une répugnante duplicité, que les ouvriers "ne pouvaient se défendre" que "par leurs propres luttes" et non en votant pour Mitterrand. A travers ce "radicalisme" de façade, LO ne vise qu’un seul but : tenter de se refaire une virginité pour continuer à mystifier la classe ouvrière et mieux saboter ses luttes.
Si les ouvriers doivent se souvenir de la politique capitaliste de Mitterrand, ils doivent aussi se souvenir que cette politique n’a pu être menée que grâce à tous ceux qui, comme le PC et comme LO, ont appelé à voter pour lui. Ceux-là sont tous dans le camp de la bourgeoisie !
Sofiane
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<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> Les premières pages des numéros 298 et 675 de Lutte Ouvrière, dont il est question, peuvent être adressés à tout lecteur qui nous en fera la demande.