La lutte contre la guerre impérialiste ne peut être menée qu'avec les positions de la gauche communiste

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L'indignation et l'inquiétude de la classe ouvrière face à la prolifération de guerres impérialistes de plus en plus destructrices s'expriment dans de petites minorités qui cherchent une réponse internationaliste.

Mais qu'est-ce que l'internationalisme ? Au nom de l'internationalisme, les groupes gauchistes - principalement les trotskistes - nous demandent de choisir un camp parmi les gangsters impérialistes. Pour eux, choisir la Palestine au nom de la "libération nationale des peuples" serait la réponse la plus internationaliste ! Ils nous vendent donc un "internationalisme" qui est son contraire, car l'internationalisme, c'est la lutte contre tous les camps impérialistes, la lutte de classe internationale, la perspective de la révolution mondiale qui seule peut mettre fin à la guerre.

Il existe d'autres visions de l'internationalisme. Ainsi les anarchistes ont tendance à le réduire à un rejet : rejet des armées, rejet du service militaire, rejet des guerres en général. Ces visions ne vont pas à la racine du problème, qui est la décadence du capitalisme et sa dynamique de destruction de la planète et de toute l'humanité.
Il faut donc d'abord clarifier ce qu'est l'internationalisme, en s'appuyant sur l'expérience historique du prolétariat.

Seule la classe ouvrière peut mettre fin à la guerre en mettant fin au capitalisme

La lutte contre la guerre ne peut être confiée à des hommes de bonne volonté ou à des politiciens sages et pacifiques... la lutte contre la guerre est une question de classe. Seule la classe ouvrière porte en elle la perspective communiste, la force et les intérêts qui lui permettent de mettre fin à la guerre.

C'est pourquoi nous disons dans notre Troisième Manifeste International : "De toutes les classes de la société, la plus affectée et la plus durement touchée par la guerre est le prolétariat. La guerre "moderne" est menée par une gigantesque machine industrielle qui exige une grande intensification de l'exploitation du prolétariat. Le prolétariat est une classe internationale qui n'a pas de patrie, mais la guerre est le meurtre des travailleurs pour la patrie qui les exploite et les opprime. Le prolétariat est la classe de la conscience ; la guerre est l'affrontement irrationnel, le renoncement à toute pensée et réflexion consciente. Le prolétariat a intérêt à rechercher la vérité la plus claire ; dans les guerres, la première victime est la vérité, enchaînée, bâillonnée, étouffée par les mensonges de la propagande impérialiste. Le prolétariat est la classe de l'unité au-delà des barrières de langue, de religion, de race ou de nationalité ; l'affrontement mortel de la guerre oblige au déchirement, à la division, à la confrontation entre les nations et les populations"[1].

L'internationalisme est l'expression la plus cohérente de la conscience et de l'intérêt historique du prolétariat.

La pierre angulaire de l'internationalisme se trouve dans les Principes du communisme de 1847, où, au point XIX, Friedrich Engels demande : " Non. La grande industrie, en créant le marché mondial, a déjà rapproché si étroitement les uns des autres les peuples de la terre, et notamment les plus civilisés, que chaque peuple dépend étroitement de ce qui se passe chez les autres. Elle a en outre unifié dans tous les pays civilisés le développement social à tel point que, dans tous ces pays, la bourgeoisie et le prolétariat sont devenus les deux classes les plus importantes de la société, et que l'antagonisme entre ces deux classes est devenu aujourd'hui l'antagonisme fondamental de la société. La révolution communiste, par conséquent, ne sera pas une révolution purement nationale. Elle se produira en même temps dans tous les pays civilisés, c'est-à-dire tout au moins en Angleterre, en Amérique, en France et en Allemagne. Elle se développera dans chacun de ces pays plus rapidement ou plus lentement, selon que l'un ou l'autre de ces pays possède une industrie plus développée, une plus grande richesse nationale et une masse plus considérable de forces productives. C'est pourquoi elle sera plus lente et plus difficile en Allemagne, plus rapide et plus facile en Angleterre. Elle exercera également sur tous les autres pays du globe une répercussion considérable et transformera complètement leur mode de développement. Elle est une révolution universelle; elle aura, par conséquent, un terrain universel ".

Le Manifeste communiste réaffirme et approfondit ce principe en proclamant "les prolétaires n'ont pas de patrie ; Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !!".

Dans les années soixante du XIXe siècle, Marx et Engels ont combattu le panslavisme qui s'opposait à l'unité internationale de la classe ouvrière et ont défendu que le soutien à certaines guerres nationales pouvait accélérer les conditions de la révolution mondiale, mais pas au nom d'un soi-disant "droit national". Ce fut le cas lors de la guerre civile aux États-Unis et de la guerre franco-allemande de 1870. Comme le dit Lénine dans sa brochure "Le socialisme et la guerre", écrite juste avant la conférence de Zimmerwald en 1915 : " Ainsi, dans les guerres révolutionnaires de la France, il y avait un élément de pillage et de conquête des terres d'autrui par les Français; mais cela ne change rien à la portée historique essentielle de ces guerres qui démolissaient et ébranlaient le régime féodal et l'absolutisme de toute la vieille Europe, de l'Europe du servage "[2] .

La IIe Internationale est confrontée à un changement clair dans les guerres qui prennent de plus en plus un caractère impérialiste. Ainsi, en 1900, lors du congrès de Paris, elle adopte la position suivante : "les députés socialistes au Parlement de tous les pays sont tenus de voter contre toutes les dépenses militaires et navales, et contre les expéditions coloniales".

Mais la gravité croissante des tensions impérialistes, qui exprimaient l'entrée du capitalisme dans sa période de décadence et la nécessité d'une révolution prolétarienne mondiale, a fait naître le besoin de faire de l'internationalisme non seulement une position défensive de rejet de la guerre - dans laquelle la majorité de la Deuxième Internationale tendait à rester - mais de faire de la lutte contre la guerre la lutte pour la destruction du capitalisme, la lutte pour la révolution prolétarienne mondiale. C'est pourquoi au Congrès de Stuttgart (1907), face à une proposition de résolution sur la guerre d'August Bebel, formellement correcte mais trop timide et limitée, Lénine, Rosa Luxemburg et Martov ont proposé un amendement, finalement adopté, qui insistait sur la nécessité de "profiter par tous les moyens de la crise économique et politique pour soulever les peuples et précipiter ainsi la chute de la domination capitaliste".

De même, le Congrès extraordinaire de Bâle (1912) dénonce une éventuelle guerre européenne comme "criminelle" et "réactionnaire" et déclare qu'elle ne peut que "hâter la chute du capitalisme en provoquant immanquablement la révolution prolétarienne".

Cependant, la majorité des partis de la IIe Internationale "dénonçait surtout la guerre pour ses horreurs et ses atrocités, parce que le prolétariat fournissait la chair à canon à la classe dominante. L'antimilitarisme de la IIe Internationale était purement négatif (...) En particulier, l'interdiction de voter des crédits de guerre ne résolvait pas le problème de la "défense du pays" contre l'attaque d'une "nation agresseur". C'est par cette brèche que s'est engouffrée la meute des social-chauvins et des opportunistes"[3]

Face aux limites de la position majoritaire des partis de la IIe Internationale, à leurs confusions sur la question nationale et même au colonialisme de Hyndman de la Fédération sociale-démocrate de Grande-Bretagne, seule la gauche de la IIe Internationale, en particulier les bolcheviks et Rosa Luxembourg, a défendu l'internationalisme contre la guerre impérialiste et était pour la révolution prolétarienne mondiale. Ils ont clairement indiqué que l'internationalisme est la frontière qui sépare les communistes de tous les partis et organisations qui défendent la guerre capitaliste.

Le combat de Zimmerwald

La réaction à la Première Guerre mondiale a clairement établi une distinction entre l'internationalisme d'une petite minorité des partis sociaux-démocrates et le chauvinisme de la grande majorité qui a détruit la Deuxième Internationale. Les internationalistes se regroupent lors des conférences de Zimmerwald qui débutent en septembre 1915.

Mais Zimmerwald n'est qu'un point de départ car il exprime aussi une grande confusion. Le mouvement de Zimmerwald était l'émanation des partis de la moribonde IIe Internationale qui s'était effondrée en 1914 et regroupait donc un ensemble de forces totalement hétérogènes, unies seulement par un rejet général de la guerre, mais dépourvues d'un véritable programme internationaliste.

Il y a les partisans d'un impossible retour au capitalisme d'avant la Première Guerre mondiale, qui appellent à la "paix" et veulent cantonner la lutte au parlement, en s'abstenant ou en refusant de voter les crédits de guerre (Ledebour du SPD). Il y a les pacifistes purs et durs, une aile centriste hésitante (Trotski, Spartacistes) et, enfin, la minorité claire et déterminée autour de Lénine et des bolcheviks, la gauche de Zimmerwald.

 Comme le dit notre article dans International Review 155 : "dans le contexte de Zimmerwald, que la droite est représentée non pas par les "social-chauvins", pour reprendre le terme de Lénine, mais par Kautsky et consorts –tous ceux qui formeront plus tard la droite de l’USPD 3– alors que la gauche est constituée par les bolcheviks et le centre par Trotsky et le groupe Spartakus de Rosa Luxemburg. Le processus qui mène vers la révolution en Russie et en Allemagne est justement marqué par le fait qu’une grande partie du "centre" est gagnée par les positions bolcheviks"[4] .

Dès le début, seuls les bolcheviks ont proposé une réponse internationaliste authentique et cohérente en défendant trois points essentiels :

  • Seule la destruction du capitalisme peut mettre fin à la guerre impérialiste.
  • Seule la classe prolétarienne luttant pour la révolution mondiale peut accomplir cette tâche.
  • Il n'est pas possible de revenir à la Deuxième Internationale. Une nouvelle Internationale, la Troisième Internationale, est nécessaire et doit être fondée le plus rapidement possible.

C'est autour de ces trois points qu'ils ont mené une lutte opiniâtre et inébranlable. Ils étaient conscients de la confusion qui régnait dans le "mouvement Zimmerwald" et que ce terrain marécageux de l'éclectisme, de la coexistence du "feu et de l'eau", conduisait au désarmement de la lutte anti-guerre et à l'affaiblissement de la perspective révolutionnaire qui mûrissait, avec les ouvriers de Russie à sa tête.

Il est vrai que les bolcheviks ont signé le compromis du Manifeste de Zimmerwald en 1915, mais cela ne signifiait pas l'acceptation de cette confusion, en particulier le ton pacifiste du Manifeste, mais la reconnaissance qu'il pouvait, en dénonçant les sociaux patriotes à l'ensemble de la classe ouvrière, être un premier pas dans l'adoption d'une ligne internationaliste intransigeante vers une nouvelle Internationale. En conservant leurs critiques du centrisme de Zimmerwald, les bolcheviks pouvaient poursuivre le nécessaire processus de décantation. Au vu des résultats de la conférence de Zimmerwald, les bolcheviks ont adopté les décisions suivantes :

  • Présenter un projet de Manifeste beaucoup plus clair que le projet adopté.
  • Créer leur propre organe de presse qui regroupe la gauche de Zimmerwald.
  • Mener une polémique intransigeante contre les différents représentants de l'aile droite et de l'aile centriste : Plekhanov, Martov et surtout le centrisme de Kautsky, plus dangereux encore que le social-chauvinisme ouvert.

Aujourd'hui, la Tendance Communiste Internationaliste et les parasites prétendent être les disciples de Zimmerwald. Ils mettent beaucoup de "likes" sur Zimmerwald. Cependant, son sens a été délibérément obscurci, voire inversé par la TCI et les éléments parasitaires déguisés en internationalistes. Pour la TCI, l'objectif de Zimmerwald était soi-disant de regrouper le plus grand nombre possible d'opposants à la guerre comme moyen pratique d'organiser les masses. "Ce n'est pas le moment de choisir parmi ceux qui s'opposent à la guerre sur la base d'un programme révolutionnaire. En premier lieu, comme avant Zimmerwald, toutes les énergies révolutionnaires et internationalistes valent la peine d'être regroupées. Mais plus encore, l'exemple de la France est significatif avec le Comité pour la Reprise des Relations internationales (CRRI), qui a été le plus actif et le cœur de l'opposition ouvrière à la guerre. Dès sa création, il regroupe des syndicalistes révolutionnaires, ainsi que des militants du Parti socialiste, la section de l'Internationale qui a échoué. En effet, la raison d'être de la CRRI était son opposition à la guerre et à l'Union sacrée, pour rassembler les différents opposants à celles-ci, issus du syndicalisme, du socialisme et de l'anarchisme"[5] . Il est clair que cette déformation et ce mépris des faits visent à justifier l'opportunisme de l'entreprise "No War But the Class War" (NWBCW – Non à la guerre, seulement la guerre de classe)[6], contrairement aux bolcheviks qui, bien que très minoritaires, ont insisté sur le rejet du pacifisme, le rejet de la tentative de ressusciter la Deuxième Internationale et ont engagé la lutte pour le parti mondial. Le principe directeur des bolcheviks était de développer une "ligne de travail" pour la classe ouvrière à l'époque des guerres impérialistes, contre le marasme de la confusion centriste, même si cela signifiait, à l'époque, l'isolement numérique.

Zimmerwald n'était pas un regroupement d'éléments "anti-guerre", comme le prétendent la TCI et les parasites, même si au départ il était encore conçu comme un regroupement au sein des partis sociaux-démocrates, à une époque où ces derniers étaient encore la référence politique de l'ensemble du prolétariat. L'orientation prise par les bolcheviks était la lutte pour surmonter cette confusion et aller vers la formation de la Troisième Internationale. Zimmerwald était compris comme étant sur un terrain de classe. Mais un processus de décantation se met en place qui conduit les centristes à la contre-révolution, et donc à soutenir leur propre bourgeoisie nationale, tandis que la gauche intransigeante reste le seul courant prolétarien internationaliste.

Le combat de la gauche de Zimmerwald a été validé dans la pratique par la révolution prolétarienne d'octobre 1917, qui a fait du slogan internationaliste "transformer la guerre impérialiste en guerre civile" une réalité. Le retrait immédiat du nouveau régime soviétique de l'alliance impérialiste de l'Entente au milieu de la Première Guerre mondiale et la publication des traités secrets – relatifs à "qui gagnerait quoi" en cas de victoire - ont provoqué une onde de choc dans la bourgeoisie mondiale, tandis que l'essor révolutionnaire de la classe ouvrière européenne a reçu une formidable impulsion, qui s'est traduite par le quasi-succès de la révolution allemande et la formation de l'Internationale communiste en 1919.

Le combat de la gauche communiste

Si la voie de l'internationalisme durant la Première Guerre mondiale passait par la lutte de la gauche contre l'opportunisme des social-chauvins et des centristes, la continuité de cette voie dans les années 20 et 30 passait par la lutte de la Gauche communiste contre la dégénérescence de l'Internationale communiste dans les années 20, puis contre celle de l'Opposition de gauche de Trotsky dans les années 30. Le Comintern, en raison de l'isolement et de la dégénérescence de la révolution en Russie, a de plus en plus capitulé devant les chauvins sociaux de la social-démocratie passée à l'ennemi, à travers la politique des Fronts unis et des gouvernements ouvriers. La politique de la IIIe Internationale est devenue de plus en plus le prolongement des intérêts de l'État russe au lieu des besoins de la révolution internationale, ce qui a contribué aux défaites de cette dernière en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Chine. Cette politique a été consolidée par l'adoption en 1928 par le Comintern du slogan nationaliste, "Le socialisme dans un seul pays", et par la capitulation complète de l'État russe dans le jeu de l'impérialisme mondial avec l'entrée de la Russie dans la Société des Nations en 1934.

La Gauche communiste a été la première à s'opposer à cette tendance, en particulier la tradition de la Gauche communiste italienne, qui a finalement été exclue du Parti communiste italien et de l'Internationale communiste. Elle a formé une Fraction en exil et, par la suite, une Fraction internationale de la Gauche communiste.

Le combat de Bilan

La défaite de la vague révolutionnaire internationale en 1928 a ouvert la voie à une nouvelle guerre mondiale impérialiste, et seule la gauche communiste est restée fidèle à la lutte internationaliste du prolétariat révolutionnaire, tant pendant la période précédant la Seconde Guerre mondiale que pendant et après la guerre elle-même.

Bilan a tracé une ligne de démarcation claire contre l'Opposition de Gauche autour de Trotsky sur la question clé de la défense de l'URSS, cette position ayant contribué à entraîner le courant trotskiste dans le soutien à la guerre impérialiste :

  • "Nous considérons qu'en cas de guerre, le prolétariat de tous les pays, y compris la Russie, aurait le devoir de se concentrer en vue de transformer la guerre impérialiste en guerre civile. La participation de l'URSS à une guerre de rapine n'altérerait pas son caractère essentiel et l'État prolétarien ne pourrait que sombrer sous les coups des contradictions sociales qu'une telle participation entraînerait. Les bolcheviks-léninistes quittent le terrain du marxisme lorsqu'ils invitent le prolétariat à sacrifier sa lutte pour la révolution mondiale en échange de la défense de l'URSS" (Bilan nº 10 août 1934)

Néanmoins, l'épreuve de vérité internationaliste pour les groupes et fractions révolutionnaires qui avaient été expulsés du Comintern en pleine dégénérescence a été la guerre en Espagne à partir de 1936, où le conflit entre les ailes républicaines et fascistes de la bourgeoisie espagnole est devenu le terrain d'une bataille par procuration entre les puissances impérialistes concurrentes, la Grande-Bretagne et la France, la Russie, l'Allemagne et l'Italie. Pourtant, les trotskystes qui avaient été exclus des partis communistes notamment pour leurs tentatives de défendre l'internationalisme, défendaient maintenant, au nom de l'antifascisme et de manière "critique" le camp républicain et trahissaient ainsi le prolétariat, qu'ils encourageaient à choisir un camp dans cette répétition générale inter-bourgeoise et inter-impérialiste de la Seconde Guerre mondiale.

Bilan doit lutter contre cette tendance à la capitulation qui entraîne les groupes prolétariens dans sa chute. Sa fidélité intransigeante à l'internationalisme le conduit alors à un isolement dramatique : seuls de petits groupes en Belgique ou au Mexique se joignent à son combat.

Le combat de Internationalisme (GCF)

Cependant, la gauche communiste elle-même n'est pas à l'abri des dangers de l'opportunisme. Une minorité de la Fraction italienne rompt avec cette dernière et ses principes internationalistes et rejoint le combat antifasciste en Espagne.

Et la Seconde Guerre mondiale a trouvé la Fraction italienne en plein désarroi, son représentant le plus notable, Vercesi, affirmant que le prolétariat avait disparu et que la lutte politique pour l'internationalisme n'était plus viable. Ce n'est qu'avec une extrême difficulté qu'une partie de la Fraction italienne - prise entre la Gestapo et la résistance - réussit à se regrouper dans le Sud de la France et à proclamer les positions internationalistes de la Gauche communiste, c'est-à-dire contre les deux camps impérialistes, qu'ils soient "fascistes" ou "antifascistes".

Parallèlement, en 1943, le Partito Comunista Internazionalista (PCInt) a été formé en Italie du Nord, après le renversement de Mussolini, et a poursuivi la politique internationaliste de la Gauche communiste. Cependant, négligeant la critique de l'opportunisme du Comintern par la Fraction italienne en exil, et ignorant l'objectif de tirer les leçons d'une période de défaite pour le prolétariat, y compris l'intransigeance internationaliste face à la guerre en Espagne, le PCInt est revenu à la politique "d'aller vers les masses" et a imaginé qu'il pourrait transformer les partisans en Italie, c'est-à-dire les forces antifascistes travaillant pour le compte de l'impérialisme allié, en véritables internationalistes.[7]

Alors que le PCInt abandonnait prématurément le nécessaire travail de fraction internationale contre cette dérive opportuniste, la Gauche Communiste de France (qui publiait Internationalisme) poursuivait résolument le travail de la Fraction, élaborait les positions que Bilan avait commencé à développer. La GCF dénonce clairement la fausse opposition Fascisme / Démocratie qui avait été l'étendard de la mobilisation pour la boucherie impérialiste, tandis qu'après la Seconde Guerre mondiale, et face à la nouvelle configuration impérialiste (la lutte entre les USA et l'URSS), il dénonce le moyen supplémentaire d'enrôlement pour la guerre : la "libération nationale" des "peuples opprimés" (Vietnam, Palestine, etc.).

Nous pouvons conclure que seule la gauche communiste est restée fidèle au prolétariat en défendant l'internationalisme contre les innombrables massacres militaires qui ont ensanglanté la planète depuis 1914. C'est pourquoi, dans notre Troisième Manifeste International, nous disons :

  • "Dans des situations historiques graves, telles que des guerres à grande échelle comme celle en Ukraine, le prolétariat peut voir qui sont ses amis et qui sont ses ennemis. Les ennemis ne sont pas seulement les grands leaders, comme Poutine, Zelensky ou Biden, mais aussi les partis d’extrême droite, de droite, de gauche et d’extrême gauche qui, avec les arguments les plus divers, y compris le pacifisme, soutiennent et justifient la guerre et la défense d’un camp impérialiste contre l’autre ".[8]

La continuité historique critique des positions communistes défendues et développées au cours du siècle dernier par la Gauche Communiste est la seule capable de fournir un corps d'analyse (nature du capitalisme, décadence, impérialisme, économie de guerre, décomposition capitaliste, etc.), une continuité dans les débats et dans l'intervention dans la classe, une cohérence, qui constituent les armes de la lutte pour la révolution communiste mondiale contre toutes les manifestations de la barbarie capitaliste et, surtout, de la guerre impérialiste.

Le combat mené par le CCI

 Contre l'infâme carnage en Ukraine, le CCI a proposé une Déclaration commune de la gauche communiste qui a été signée par 3 autres groupes. Face à la nouvelle barbarie impérialiste à Gaza, nous avons lancé un appel[9] à "la réalisation d'une déclaration commune contre toutes les puissances impérialistes, contre les appels à la défense nationale derrière les exploiteurs, contre les appels hypocrites à la "paix", et pour la lutte de classe prolétarienne qui mène à la révolution communiste".

Toutes les forces de la bourgeoisie (partis, syndicats, institutions telles que les églises, l'ONU, etc.) appellent les prolétaires à choisir un camp parmi les bandits impérialistes, à accepter les terribles sacrifices qu'impose la dynamique guerrière du capitalisme, bref, à se laisser prendre dans la machinerie de guerre et de destruction qui conduit à l'anéantissement de la planète et de l'humanité tout entière. Seule la voix de la Gauche communiste s'élève clairement contre ce concert des morts.

La déclaration commune et l'appel du CCI au milieu politique prolétarien sectaire et opportuniste d'aujourd'hui s'inscrivent dans la continuité de l'attitude des bolcheviks de Zimmerwald à l'égard des centristes. Les groupes de la Gauche Communiste sont le seul terrain de classe minimum solide pour une perspective internationaliste aujourd'hui. Or, les groupes de la Gauche Communiste issus du PCInt ont refusé de signer les propositions communes. Mais si ces groupes avaient signé les déclarations communes, cela aurait constitué un phare politique pour les forces révolutionnaires émergentes et aurait pu ouvrir un processus plus intense de décantation politique. La déclaration commune et l'appel[10] ont été conçus comme un premier pas vers la décantation politique nécessaire que la formation du futur parti exigera.

La guerre menée par la bourgeoisie contre l'internationalisme

 La bourgeoisie a besoin de faire taire la voix internationaliste de la gauche communiste. À cette fin, elle mène une guerre secrète et sournoise. Dans cette guerre, elle n'utilise pas ouvertement les organes répressifs de l'État ou les grands médias. Compte tenu de la petite taille, de l'influence réduite, de la division et de la dispersion des groupes de la Gauche Communiste, la bourgeoisie utilise les services des parasites.

Les parasites prétendent être internationalistes, rejetant les différentes parties par des déclarations grandiloquentes, mais tous leurs efforts se concentrent sur le dénigrement, la calomnie et la dénonciation des groupes authentiquement internationalistes comme le CCI. Il s'agit de mouchards et de gangsters comme le GIGC qui utilisent le verbiage "internationaliste" comme passeport pour attaquer les organisations communistes. Leurs méthodes sont la calomnie, la dénonciation, la provocation, les accusations de "stalinisme", contre le CCI. Ils proclament que notre organisation est "en dehors de la Gauche Communiste" et pour "combler le vide", ils flattent sans vergogne la TCI en lui offrant le trône de "l'avant-garde de la Gauche Communiste". Il s'agit donc de créer la division au sein de la Gauche Communiste et d'utiliser sans vergogne le sectarisme et l'opportunisme de la TCI pour la retourner encore plus fortement contre l'organisation la plus claire et la plus cohérente de la Gauche Communiste, le CCI.

La coterie parasitaire, un mélange chaotique de groupes et de personnalités, utilise un rabâchage indigeste des positions de la Gauche communiste pour attaquer la Gauche communiste réelle, la falsifier et la dénigrer. Cette attaque se présente sous différentes formes.

D'un côté, il y a le blog d'abord appelé Nuevo curso et ensuite déguisé en Comunia qui tente de nous berner : il utilise les positions confuses, dues à une rupture incomplète avec le trotskysme, d'un authentique révolutionnaire, Munís[11] , pour présenter une fausse gauche communiste, complètement frelatée et falsifiée. Cette entreprise d'imposture promue par l'aventurier Gaizka[12] a été soutenue sans réserve par le parasite GIGC.

Un autre front de la guerre contre la gauche communiste vient d'une farce de conférence tenue à Bruxelles, où plusieurs personnalités et groupuscules parasites ont "une base commune évidente (…) qu'ils préfèrent sans doute garder dans l’ombre : c’est la conviction que le marxisme et les acquis des combats de la Gauche communiste depuis cent ans sont obsolètes et doivent être "complétés", voire "dépassés" par le recours à différentes théories anarcho-conseillistes, modernistes ou écologistes radicales. C’est bien pour cela qu’ils se dénomment "pro-révolutionnaires", en se voyant comme une sorte d’ "amicale pour la propagation de la révolution"". Leur message est que la classe ouvrière doit "repartir à zéro" et, sous le vacarme des guerres, les vagues d'inflation et de misère, l'orgie de destruction, qu'elle doit attendre patiemment que ces "pro-révolutionnaires" de salon utilisent leurs incroyables cerveaux pour trouver une idée sur "comment combattre le capitalisme"[13] .

L'opportunisme de la TCI sur la question de la lutte contre la guerre

La guerre de la bourgeoisie contre l'internationalisme trouve un point d'appui dans la position sectaire et opportuniste de la TCI.

La TCI dénonce la guerre impérialiste, rejette toutes les parties en conflit et défend la révolution prolétarienne comme seule issue. Mais cet internationalisme risque de rester lettre morte car, d'une part, ils refusent de lutter contre la guerre en commun avec les autres groupes de la Gauche communiste (par exemple, en refusant de participer à la Déclaration commune proposée par le CCI dès le début de la guerre en Ukraine ou en rejetant également l'Appel que nous avons lancé face à la guerre à Gaza). De même, donnant à l'internationalisme une élasticité qui finit par le briser ou le diluer, ils préconisent des fronts (par exemple, le NWBCW) qui peuvent correspondre à des groupes gauchistes "internationalistes" face à un conflit militaire mais chauvins face à un autre, ou à des groupes confus qui ont une conception erronée de l'internationalisme.

Cette position sectaire et opportuniste n'est pas nouvelle, elle a près de 80 ans d'histoire comme nous l'avons vu plus haut à propos des origines du PCInt. Depuis le resurgissement historique du prolétariat en 1968, tant les groupes bordiguistes issus du PCInt que de la branche dameniste, prédécesseur de l'actuelle TCI, affichent d'une part le sectarisme du refus de toute déclaration ou action commune contre la guerre impérialiste proposée par le CCI et, d'autre part, collaborent avec des groupes confus ou clairement situés sur le terrain de la bourgeoisie.

Ainsi, la TCI, avec le sectarisme et l'opportunisme qui sont dans ses gènes, a rejeté toutes les actions communes de la gauche communiste proposées par le CCI contre la guerre impérialiste - depuis l'invasion russe de l'Afghanistan en 1979 - jusqu'aux guerres en Ukraine et à Gaza !

En même temps, elle a créé des fronts tels que No War But the Class War avec l'argument que le champ d'action de la gauche communiste est trop étroit et qu'il touche à peine la classe ouvrière.

La prétendue "étroitesse" de la Gauche Communiste conduit la TCI à "élargir le champ de l'internationalisme" en appelant des groupes anarchistes, semi-trotskystes, parasites, issus d'un marais plus ou moins gauchiste, à rejoindre le NWBCW. Ainsi, l'identité programmatique, la tradition historique, la lutte acharnée de plus d'un siècle menée par la Gauche Communiste sont niées par un "élargissement" qui signifie en réalité dilution et confusion.[14] .

Mais, en même temps, l'INTERNATIONALISME est piétiné car ces "internationalistes" ne sont pas internationalistes en toutes circonstances. Ils sont internationalistes contre certaines guerres, alors que contre d'autres ils se taisent ou les soutiennent plus ou moins ouvertement. Leurs arguments contre la guerre contiennent de nombreuses illusions sur le pacifisme, l'humanisme, l'interclassisme. Cela se voit dans l'attitude de la TCI à l'égard du groupe Communiste Anarchiste de Grande-Bretagne (ACG). Elle salue la position de ce groupe sur la guerre en Ukraine, mais "regrette" en même temps sa position contraire sur la guerre à Gaza.

La TCI, dans son empressement opportuniste à "unir" tous ceux qui disent "quelque chose contre la guerre", brouille la démarcation qui doit exister entre la gauche communiste qui lutte effectivement contre la guerre et l'ensemble du milieu composé de :

  1. Ceux qui sont circonstanciellement opposés à telle ou telle guerre (comme le disait Bilan "Le caractère d'une guerre n'est pas donné par la nature spécifique de chacun des États qui y participent, mais résulte du caractère du conflit dans son ensemble. Ce fait doit nous inciter à prendre une position unifiée, générale et analogue pour tous les pays, à l'égard de la guerre". nº 8 juin 1934)
  2. Ceux qui s'opposent à la guerre en général. Ceux-là refusent que "la classe ouvrière ne puisse connaître et revendiquer qu'un seul type de guerre : la guerre civile dirigée contre les oppresseurs dans chaque État et se terminant par une victoire insurrectionnelle" (Bilan nº 16 mars 1935) ;

La TCI veut entretenir la confusion car elle affirme : "Ce que nous ne pensons que les internationalistes devraient faire, c'est ne pas s'attaquer les uns les autres. Nous avons toujours été d'avis que les vieilles polémiques seraient résolues ou rendues sans objet par l'apparition d'un nouveau mouvement de classe" (extrait de "The tasks of revolutionaries in the face of Capitalism's drive to war").

Cette approche est radicalement opposée à celle des bolcheviks de Zimmerwald. Lénine a considéré cette réunion des "internationalistes en général" comme une "flaque" et a mené une lutte sans concession pour séparer la position véritablement internationaliste de cette flaque de confusion qui bloquait la lutte cohérente contre la guerre.

Lénine et les bolcheviks ont montré que la "majorité de Zimmerwald" pratiquait un "internationalisme de façade" ; leur opposition à la guerre tenait plus de la posture creuse que du combat réel. De même, il faut mettre en garde contre l'internationalisme actuel de la TCI. Certes, la TCI n'a pas trahi l'internationalisme, mais son internationalisme devient de plus en plus formel et abstrait, tendant à devenir une coquille vide par laquelle la TCI couvre son sabotage de la lutte pour le parti, sa complicité avec le parasitisme, sa collaboration avec les mouchards, sa connivence croissante avec le gauchisme.

Como & C.Mir 22-12-23


[2] Cependant, il est nécessaire de souligner qu'après la Commune de Paris et la collaboration des bourgeoisies française et prussienne à sa répression, Marx est arrivé à la conclusion que cela marquait la fin des guerres nationales progressives dans les pays centraux du capitalisme.

[3] Bilan nº 21 août 1936

[9] Appel de la gauche communiste : À bas les massacres, pas de soutien à aucun camp impérialiste ! Non aux illusions pacifistes ! Internationalisme prolétarien ! Pas de soutien à aucun camp impérialiste !

[10] Idem

[14] Par exemple, dans un article intitulé "Les tâches des révolutionnaires face à la poussée guerrière du capitalisme", la TCI cite sans esprit critique cette déclaration ambiguë d'un syndicat, la CNT-AIT en France : "Une fois de plus, ceux qui décident des guerres ne sont pas ceux qui en meurent... Une fois de plus, ce sont les populations civiles qui trinqueront, de Sderot à Gaza. Toutes les idéologies utilisées par les gouvernants, à savoir le nationalisme et les religions, sont les piliers de cette logique meurtrière qui pousse les peuples à s'entretuer pour le plus grand profit des dirigeants de ce monde. Ni Hamas, ni colonisation ! Tant qu'il y aura des Etats, il y aura des guerres !".

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Lutte contre l'opportunisme