Ce n'est jamais le prolétariat qui gagne les élections

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La gauche est contre la classe ouvrière

OUI, NOUS DENONÇONS LA GAUCHE, PS, PC ET GAUCHISTES. NOUS LES DENONÇONS POUR LES INNOMBRABLES SERVICES RENDUS AU CAPITAL NATIONAL, POUR LE NOMBRE DE GREVES ET MEME DE REVOLUTIONS, QU' ILS ONT BRISEES. POUR LEUR PATRIOTISME QUI A DEJA COUTE DES MILLIONS DE  MORTS DANS UNE GUERRE INUTILE.
NON, DENONCER LA GAUCHE, CE N'EST PAS OBLIGATOIREMENT DEFENDRE LA DROITE. LA FAUSSE ALTERNATIVE AVEC LAQUELLE ON VEUT NOUS BOURRER LE CRANE, NOUS LA REFUSONS.
IL Y A UNE AUTRE ALTERNATIVE QUI SE TROUVE DANS LA DIVISION REELLE DE LA SOCIETE : D’UN COTE LA CLASSE OUVRIERE, LES MILLIONS D'EXPLOITES QUI PEUPLENT LE MONDE ET DE L'AUTRE TOUTES LES FRACTIONS BOURGEOISES, DE DROITE COMME DE GAUCHE, QUI ESSAIENT DE SAUVEGARDER UN SYSTEME ECONOMIQUE POURRI.
LA LUTTE QUI OPPOSE LA CLASSE OUVRIERE A L’ETAT BOURGEOIS N'EST PAS LA LUTTE DROITE- GAUCHE. LA QUERELLE ENTRE LES CLIQUES BOURGEOISES PORTE SUR LE MEILLEUR MOYEN DE SAUVER LE CAPITAL NATIONAL, SUR LE DOS DE LA CLASSE OUVRIERE. LA LUTTE DE LA CLASSE OUVRIERE, ELLE, AVANCE DANS LA VOIE DE DETRUIRE DE FOND EN COMBLE LE CAPITALISME, ET SON APPAREIL POLITIQUE, DE DROITE COMME DE GAUCHE.

la victoire de Mitterrand n'est pas celle de la classe ouvrière: on n’a rien gagné

Pour les travailleurs ou les chômeurs qui ont pu se laisser duper par des vaines promesses électorales, la joie frelatée d'un soir d'élection ou d'investiture ne tardera pas à faire place à la plus amère désillusion. Pour la "relance de la consommation populaire", la disparition du chômage, la semaine de 35 heures sans diminution de salaire, l'élimination des "inégalités sociales", RIEN ne sera fait. Cela, c'était seulement des fariboles électorales, déversées sans compter durant des semaines pendant lesquelles la gauche s'abritait encore sous le paravent de "l'opposition".

Les mesures annoncées avant les élections d'austérité et de licenciements massifs vont s'avérer aussi inévitables pour la bourgeoisie avec un gouvernement de gauche qu'avec un gouvernement de droite. L'EQUIPE A CHANGE, MAIS CE QUI LUI ECHOIT C'EST LA MEME TACHE : ASSURER LA DEFENSE DU CAPITAL NATIONAL et, COMPTE-TENU DE L'AMPLEUR ET DE LA GRAVITE DE LA CRISE MONDIALE, cela signifie une attaque encore plus vive contre l'ensemble de la classe ouvrière. Ce "nouveau" gouvernement -même affublé d'une étiquette "de gauche"-va devoir pratiquer une politique "impopulaire", une politique "de droite" qui est celle que tout gouvernement est aujourd'hui condamné à pratiquer.

On n'a jamais rien gagné avec la gauche...

Les illusions sur un "changement de politique" ou sur un "pas positif" pour la classe ouvrière, avec une équipe de gauche au gouvernement ne peuvent résister à l'épreuve des faits. On l'a déjà vu dans le passé : contrairement à ce que veut faire croire la bourgeoisie, les grèves de 1936 n'ont pas été favorisées , ni produites par la victoire électorale de la gauche, type de situation qui encouragerait les travailleurs à imposer leurs revendications. Si des grèves éclatent en 1936, c'est face à une situation de crise économique où le niveau de vie de la classe ouvrière est durement attaqué par la bourgeoisie, et non grâce aux élections. Même si elles ont pu être dévoyées par la bourgeoisie, ces grèves ont lieu sur le terrain de l'auto-défense ouvrière et si un gouvernement de "front populaire" a été mis sur pied, c'est justement pour contrer efficacement le mécontentement social et qu'il représentait la force capable de casser ces grèves.

Quant aux "mesures sociales" qu'on nous cite de ce gouvernement :

  • la loi sur la semaine de 40 heures de travail ? Un an après sa promulgation, lors de la constitution du second gouvernement Blum, sa mise en application était déjà devenue lettre morte.
  • les conventions collectives ? Elles n'ont correspondu qu'à un besoin de contrôle et de régulation de la situation sociale qui a favorisé une coopération plus directe entre l'Etat et ses organes syndicaux d'encadrement de la classe en même temps que la réglementation plus poussée du "droit de grève" (institution d'un "préavis") conférait de même coup un caractère "illégal" à certaines grèves.
  • les augmentations de salaires ? Elles ont été rattrapées et même souvent dépassées en un an par la hausse du cout de la vie.
  • les congés payés ? Sous une forme ou sous une autre, ils se sont généralisés dans la plupart des Etats développés, quel que soit le gouvernement en place. La bourgeoisie y a vu un moyen d'encourager une meilleure reproduction de la force de travail et de meilleurs rendements, devant la nécessité d'obtenir une intensification des cadences de travail, et c'est surtout ça qui lui a permis cette "concession sociale".

Des acquis de cet acabit, des millions d'ouvriers ont dû les payer ensuite au prix de leur sang et de leur vie dans la seconde boucherie mondiale où la gauche avait réussi à les enrôler.

Mais l'œuvre de la gauche française au service du capital national ne s'est pas arrêté là : on lui doit encore le bombardement de Sétif en mai 45; le massacre de la rébellion malgache en 47, la participation au conflit de Suez puis l'intensification de la guerre d'Algérie sous Guy Mollet en 56 (doublement des effectifs du contingent).

On lui doit le "retroussage des manches" entre 45 et 47 pour l'œuvre de reconstruction nationale, le blocage des salaires et l'envoi des premiers CRS pour réprimer les grèves ouvrières en 1947.

C'est pourquoi LA GAUCHE COMME LA DROITE SONT NOS ENNEMIS DE CLASSE.

On ne gagnera jamais rien avec elle

Mais aujourd'hui la situation est toute différente de 1936 et des lendemains de la guerre mondiale, les quelques maigres "miettes" sociales que pouvait recueillir la classe ouvrière en contrepartie de sa démoralisation et de ses "sacrifices" ont disparu. Aujourd'hui c'est directement un programme draconien d'austérité qu'un gouvernement de gauche -comme l'on fait les travaillistes en Grande-Bretagne- va devoir faire appliquer. Une fois retombé le délire électoral, ce qui restera, c'est comme AVANT et comme PARTOUT, avec de plus en plus de netteté, l'épreuve de force entre la bourgeoisie et la classe ouvrière, c'est les mesures d'expulsion à l'encontre des travailleurs immigrés (la social-démocratie allemande ne s'est pas privée !), c'est la mise au chômage pour des centaines de milliers d'ouvriers dans les principaux secteurs industriels du pays pour "sauvegarder la compétitivité nationale", c'est l'envoi de la police contre les grévistes, c'est faire travailler plus intensivement avec moins de salaires. Aujourd'hui, ils nous parlent encore de "justice sociale", de "réduction des inégalités", d'"imagination au pouvoir", mais sous cet emballage, cet enrobage de circonstance, percent déjà les vrais projets. Dès les premiers discours du nouveau premier ministre Mauroy, lors même de sa prise de fonction, il est question "d'un gouvernement qui sera celui de la rigueur". Nous voici discrètement prévenus : "en ces temps difficiles, rien ne nous sera donné sans effort". Voici un air connu. L'univers à dimension "nationale" qu'on nous promet, c'est bien toujours le même univers d'exploitation, d'austérité, de misère .

Les boniments ont changé, la camelote non.

Il va s'agir de "travailler dur", de "réalisme", de "sacrifices" et de "solidarité nationale", comme en témoigne déjà le ministère nouvellement institué sous ce nom.

Pendant des mois, le gouvernement va s’employer à invoquer le "danger de la droite". -Elle va lui attribuer l'insuccès des mesures de redressement économique et des soi-disant "tentatives d'amélioration sociale".

Les mesures d'austérité seront mises sous la responsabilité des "patrons traîtres à la nation qui font fuir les capitaux", l'alibi des "manœuvres réactionnaires pour saborder l'œuvre sociale" permettra de repousser " "les mesures de changement de société" aux calendes grecques.

Ce sera la même argumentation qui sera utilisée pour dévier toute volonté d'attaque des prolétaires contre le gouvernement : il faudra laisser "ses chances" au gouvernement du Président Mitterrand (n'a-t-il pas dit que la durée était "un facteur primordial dans la situation actuelle" ?) , il faudra rester "responsables" ; faire grève, ce sera "faire le jeu de la droite".

Mais les illusions là-dessus seront de plus en plus difficiles à entretenir. La bourgeoisie le sait. Elle a pu constater le désintérêt croissant pour le jeu des partis politiques et la désyndicalisation importante de ces dernières années en France. C'est pourquoi CGT et CFDT se sont empressés de proclamer hautement dès le lendemain du 10 mai, leur "pleine indépendance" et leur "autonomie" vis-à-vis du gouvernement et de lancer des appels pour une "syndicalisation massive" .

Au gouvernement comme dans l'opposition, la gauche va continuer de faire écran au profit de l'ensemble de la bourgeoisie.

Combattre la gauche comme la droite

Pour la classe ouvrière, RIEN N'EST FAIT, TOUT RESTE A FAIRE.

Même avec une de ses fractions au gouvernement, la gauche ne va pas abandonner sa fonction essentielle au sein de la bourgeoisie qui est la nécessité de l'encadrement de la classe ouvrière et le dévoiement de ses luttes. Pour le prolétariat, rien n'a changé. Comme hier, comme aujourd'hui, la tâche va être demain de déjouer les pièges des mystifications de la gauche. La tâche va être d'affirmer à travers le terrain de la lutte de plus en plus nécessaire face aux attaques accrues de la bourgeoisie, une autonomie réelle de classe fondée sur la pratique des assemblées générales et de la solidarité ouvrière dans la lutte.

C'est aussi bien à toute la gauche, que ses fractions soient au pouvoir ou dans l’opposition, qu'à toute la droite que la classe ouvrière va devoir s'affronter. Quelles que soient les manœuvres et le partage des tâches au sein de la bourgeoisie, c'est à tous les défenseurs du capital national, qu’ils soient en face de lui ou se prétendent à ses côtés qu’il lui faudra s'opposer.

Y.D.

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