Élections aux États-Unis, vague populiste dans le monde… L’avenir de l’humanité ne passe pas par les urnes, mais par la lutte de classe!

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Guerres, terrorisme, pandémies, dérèglement climatique, précarité généralisée, famines… Pas un jour ne passe sans une nouvelle catastrophe, sans un nouveau massacre ! Toutes les régions du monde, même au sein des pays les plus puissants, sont touchées par cet immense chaos planétaire. La bourgeoisie n’a pas de solution à la crise historique de son système, elle ne peut plus qu’entraîner l’humanité dans sa course folle de guerres et de destructions. Outre la tragédie des conflits guerriers toujours plus sanglants qu’elles alimentent et attisent de par le monde, les grandes puissances sont elles-mêmes affectées par des soubresauts politiques de plus en plus brutaux.

Présidentielle américaine, au cœur du chaos mondial

À cet égard, la situation aux États-Unis est emblématique : si Trump est une caricature d’égocentrisme et d’irresponsabilité, faisant ouvertement valoir ses petits intérêts de clique au détriment de ceux du capital national, toute la bourgeoisie américaine, y compris ses fractions les plus « responsables », est touchée par une épidémie du chacun pour soi à travers laquelle les différents partis de la classe dominante parviennent de moins en moins à coopérer. La tentative d’assassinat du candidat Républicain et la façon dont Joe Biden, président gâteux, s’est accroché désespérément à sa candidature en compromettant gravement la victoire de son camp, sont des symboles éclatants de cette tendance au délitement et au chaos au sein même de l’appareil d’État, censé garantir la cohésion de la société.

L’incapacité des factions dominantes de la bourgeoisie américaine de disqualifier jusqu’à présent Trump, malgré de nombreuses tentatives sur le plan judiciaire ou financier, n’ont fait qu’exacerber les tensions entre les différents camps politiques avec, notamment, l’intensification de l’esprit revanchard des partisans trumpistes ou le battage médiatique assourdissant autour du « danger » que représenterait Trump et sa clique pour la « démocratie américaine ».

Chaque camp se retrouve chauffé à blanc, d’autant que, depuis la démission forcée de Biden et malgré les craintes d’une implosion du camp démocrate, Kamala Harris a fait l’objet d’un soutien massif qui lui a permis d’être rapidement au coude-à-coude avec Trump dans les sondages. Le caractère indécis des résultats accentue la violence des confrontations et les difficultés à maîtriser le jeu électoral.

Les institutions de l’État américain se trouvent ainsi malmenées par une importante déstabilisation qui ne peut rester, du fait de la place des États-Unis dans l’arène impérialiste mondiale, sans conséquences sur l’ensemble de la planète. L’issue de cette confrontation entre Démocrates et Républicains ne cesse d’inquiéter les chancelleries du monde entier qui ne savent plus sur quel pied danser. Cette élection est aussi l’objet de vives inquiétudes sur le cours des conflits militaires, notamment en Ukraine ou au Moyen-Orient.

Mais au-delà des résultats immédiats de novembre, le niveau de tensions au sein de la bourgeoisie de la superpuissance américaine ne va pas s’améliorer et ne peut que déstabiliser davantage l’ensemble des rapports entre toutes les puissances impérialistes de la planète.

La montée du populisme fragilise le “vieux continent”

Si la situation politique aux États-Unis a un impact majeur sur tous les continents, celle-ci est cependant loin d’être un cas isolé. Elle se situe, au contraire, dans le prolongement de la vague populiste mondiale, pur produit de la décomposition du système capitaliste, où triomphent les conceptions bourgeoises les plus rétrogrades, clivantes et irrationnelles. La montée du populisme en Europe s’est largement confirmée lors des élections européennes, accélérant le processus de déstabilisation du « vieux continent » qui ne pourra que s’amplifier dans le futur.

Mais la vague populiste n’est que la forme la plus spectaculaire d’un processus bien plus large de délitement et de chaos croissant au sein des bourgeoisies européennes. En France, la dissolution de l’Assemblée nationale a conduit à une situation politique de moins en moins contrôlable. Le mariage forcé du couple franco-allemand bat de l’aile et le chancelier Scholz est lui-même affaibli politiquement par la forte poussée de l’AfD, en particulier à l’Est du pays. En Grande-Bretagne, le Parti conservateur s’est effondré et le Reform party populiste de Farage a réalisé une percée électorale inédite, tandis que les émeutes menées par des groupuscules d’extrême droite donnent lieu à des contre-manifestations qui traduisent une situation, elle aussi de plus en plus polarisée et chaotique. La déstabilisation et la fragilisation des États européens commencent d’ores et déjà à avoir des conséquences sur la situation mondiale, notamment sur le front ukrainien et en Europe de l’Est comme dans le chaos inextricable de l’Afrique subsaharienne.

La “démocratie” bourgeoise contre la classe ouvrière

La classe ouvrière est confrontée à l’enfoncement du capitalisme dans la crise économique, au chômage, à la précarité, aux coupes budgétaires et à une inflation non jugulée. Dans ce contexte fortement dégradé, les États sont obligés, face aux tensions et confrontations impérialistes tous azimuts, d’accroître les dépenses militaires déjà colossales qui ne peuvent que creuser les dettes et multiplier les coupes budgétaires comme les attaques.

Face à l’austérité, le prolétariat a déjà commencé à répondre partout dans le monde, comme ce fut le cas dans les vastes luttes en Grande-Bretagne de juin 2022 au printemps 2023, lors du mouvement en France contre la réforme des retraites en 2023 ou lors des grèves aux États-Unis dans la fonction publique en Californie ou dans l’automobile en 2023. Aujourd’hui encore, les mobilisations sont nombreuses : grèves des cheminots au Canada durant l’été, grèves massive chez Samsung en Corée du Sud, menace de débrayages massifs dans le secteur de l’automobile et de l’aviation aux États-Unis...

Le sentiment d’appartenir à une même classe, victime des mêmes attaques et devant se battre unie et solidaire commence peu à peu à se développer. Mais cette rupture, après des décennies d’atonie, reste marquée par des fragilités et des questions sans réponse. Comment échapper au corporatisme dans lequel nous enferment les syndicats ? Comment lutter pour ne pas rester impuissants ? Quelle société voulons-nous ?

La décomposition de la société bourgeoise et la déstabilisation des appareils politiques de la bourgeoisie ne constituent, actuellement, en rien un avantage pour le combat de la classe ouvrière. La bourgeoisie cherche à instrumentaliser tous les phénomènes et miasmes de la décomposition pour les exploiter idéologiquement et les retourner contre le prolétariat. Elle le fait déjà massivement avec les guerres en tentant de pousser les prolétaires à choisir un camp impérialiste contre un autre, comme on a pu le voir avec le conflit en Ukraine mais surtout dans la guerre à Gaza avec des manifestations pro-palestiniennes destinées à détourner le dégoût des massacres sur le terrain du nationalisme. Elle le fait aussi avec la montée du populisme et la déstabilisation de son appareil politique à travers une vaste propagande en faveur de la démocratie bourgeoise.

Les partis de gauche sont particulièrement efficaces dans ce domaine, ne cessant d’appeler à barrer la route au populisme dans les urnes, à revitaliser les institutions « démocratiques » contre la « lente fascisation de la droite », en promettant monts et merveilles une fois au pouvoir. En France, c’est le cas du Nouveau Front populaire qui s’insurge face au refus du Président Macron de nommer sa candidate Lucie Castets à Matignon et fustige ce « déni de démocratie ». Une partie de la gauche autour de La France insoumise et des écologistes ont d’ailleurs organisé « une riposte », le 7 septembre, pour occuper les rues et empêcher la classe ouvrière de lutter contre les attaques économiques et la barbarie capitaliste. Aux États-Unis, Kamala Harris, par son « empathie » et sa politique privilégiant la « proximité », chasse efficacement sur les terres de Trump et parvient à séduire un large auditoire féminin et un jeune électorat. Cette relance de la campagne idéologique en faveur de la démocratie, qui suscite un relatif succès, tente de détourner là aussi le prolétariat de la lutte.

La classe ouvrière doit rejeter en bloc ces campagnes idéologiques qui ne visent ni plus ni moins qu’à la réduire à l’impuissance, à la rabattre vers la défense de l’État « démocratique » bourgeois et le carcan nationaliste. Elle doit se méfier de cette idéologie et surtout de ses versions antifascistes, comme celles qui se sont déployées en Grande-Bretagne, à l’occasion des émeutes d’extrême droite, lors de manifestations où s’est particulièrement exprimé le faux radicalisme des gauchistes, notamment des trotskistes, toujours enclins à dénaturer le marxisme et l’histoire du mouvement ouvrier pour mieux rabattre le prolétariat sur le terrain de la bourgeoisie, sur celui du soutien aux « guerres justes » ou du « vote pour le changement ».

WH, 8 septembre 2024

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Les élections, un piège pour la classe ouvrière