Face aux convulsions du stalinisme : les délires irresponsables de "Battaglia Comunista" et du "Ferment Ouvrier Révolutionnaire"

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Les bouleversements que provoque aujourd’hui, sur tous les plans de la situation internationale, l’effondrement du bloc de l’Est exigent de la part des révolutionnaires une compréhension claire des données historiques nouvelles dans lesquelles se pose la lutte du prolétariat mondial. Face à tout bouleversement de la société, la responsabilité première des révolutionnaires est d’être capable d’identifier sa nature de classe. C’est particulièrement vrai face aux événements qui secouent les pays du glacis soviétique. Seule une appréciation correcte du contenu de ces mouvements présentés partout par les médias bourgeois comme des "révolutions populaires” peut permettre aux révolutionnaires de combattre les campagnes idéologiques assourdissantes visant à entraîner le prolétariat hors de la défense de ses intérêts de classe et à l’embrigader derrière tel ou tel secteur de la bourgeoisie. Et une telle clarté est d’autant plus indispensable que ces campagnes ont, à l’heure actuelle, un certain impact sur la classe ouvrière.

Or, si l’on examine les prises de positions des groupes politiques prolétariens tels que "Battaglia Comunista" (BC) et le “Ferment Ouvrier Révolutionnaire” (FOR) concernant, par exemple, les événements sanglants de Roumanie, on est obligé de constater que ces organisations, malgré leur dénonciation des illusions démocratiques qui pèsent sur le prolétariat de ce pays, sont bien en deçà de leur responsabilité. Loin de renforcer le combat contre les campagnes bourgeoises, leur intervention aboutit, en fin de compte, à favoriser l’impact de ces campagnes. C’est ainsi que, tant dans le numéro de janvier de "Battaglia Comunista" que dans "Alarme" n”44 (organe de presse du FOR), on trouve une analyse erronée et dangereuse de la nature de classe des événements de Roumanie.

L’opportunisme mène à perdre de vue le terrain de classe et les principes essentiels du marxisme

Les concessions du milieu révolutionnaire à l’idéologie bourgeoise ont ainsi conduit les camarades de BC à reprendre à leur propre compte l’idée suivant laquelle les "forces motrices de la crise qui a changé la face du soi-disant monde du socialisme réel" résideraient dans une "authentique insurrection populaire qui a entraîné la chute du gouvernement Ceaucescu". Ainsi, il est navrant de constater qu’aujourd’hui, les camarades de BC ont à tel point perdu la boussole qu’ils sont conduits à remettre en cause un principe de base du marxisme : le prolétariat n’est pas le "peuple", le concept d’insurrection "populaire" est un concept bourgeois véhiculé par l’idéologie dominante depuis 1789. Faut-il rappeler à BC que le terrain sur lequel se situent les révolutionnaire, c’est celui de la lutte de classe, une lutte où le prolétariat se distingue de l’ensemble de la population en se mobilisant comme force autonome sur son propre terrain, pour la défense de ses propres intérêts? En saluant l’insurrection "populaire" en Roumanie, BC ne fait rien de moins que participer, elle aussi, à l’instar de toutes les forces capitalistes, à la mystification consistant à noyer le prolétariat dans le "peuple", défendant ainsi une vision interclassiste qui tourne carrément le dos aux principes fondamentaux de la lutte de classe. Et lorsque BC affirme que toutes les conditions étaient mûres pour qu’en Roumanie cette "insurrection populaire" puisse "se transformer en réelle et authentique révolution sociale", non seulement les camarades ne se posent même pas la question de savoir de quelle force peut partir une véritable révolution, mais de plus, ils tombent dans une vision de la transformation d’un "mouvement populaire" en "révolution sociale" que nous connaissons trop bien : c’est la vision que défendent les staliniens et les trotskystes depuis des décennies. Ainsi, lorsqu’on commence à prendre pour argent comptant les discours de la bourgeoisie, lorsqu’on se laisse impressionner par ses campagnes médiatiques, par "le poids de ses mots et le choc de ses photos", lorsqu’on est amené à "caresser dans le sens du poil" ceux qui se sont enthousiasmés à la vue de ces images de la population en armes laissant exploser sa joie, on aboutit à tourner le dos aux principes de base du marxisme. Cela, camarades, s’appelle l’opportunisme. Ou bien, les mots n’ont plus de sens. D’ailleurs, cette démarche opportuniste, nous la retrouvons bien dans la façon dont BC s’arrange pour embrouiller les problèmes. Ainsi, BC emploie le terme de "révolution sociale". En soi, le terme n’est pas faux. Mais, dans ce contexte, il n’est pas fait pour clarifier les choses, puisque d’autres courants non prolétariens, tels les anarchistes ou les modernistes, l’utilisent également. Pourquoi ne pas parler de révolution "prolétarienne" ou "socialiste", puisqu’apparemment c’est de cela qu’il s’agit pour BC? Mais ce serait trop lui demander : il est tellement plus confortable d’entretenir l’ambiguïté. De cette façon, on s’évite de prendre la pleine responsabilité de ses affirmations et on peut toujours, après coup, surtout lorsque l’erreur politique devient évidente, servir comme argument que "les autres ont mal compris". Ce ne serait pas la première fois que BC se livre à ce genre de contorsions !

Une telle démarche permettra éventuellement à BC de gagner la sympathie de quelques ouvriers confus. Elle lui évitera peut-être de perdre deux ou trois "contacts" qui se sont laissés piéger par l’euphorie ambiante[1]. Mais avec une telle attitude, on ne participe en rien à la prise de conscience du prolétariat. Au contraire, on réussit à apporter sa petite contribution aux mystifications de la bourgeoisie.

Mais BC n’est pas la seule organisation révolutionnaire à s’être fait aussi lamentablement piéger par les campagnes médiatiques. La vision que développe le FOR dans son article intitulé "Roumanie : une insurrection, pas une révolution" n’est, en fin de compte, guère plus reluisante puisqu’elle considère que "le prolétariat... a contribué largement à mettre en œuvre... les changements survenus à l’Est? bien que "nulle part il n’a pu se battre durablement (souligné par nous) pour son propre compte".

Ainsi, m BC ni le FOR ne semblent se soucier des critères essentiels qui doivent permettre aux révolutionnaires de caractériser la nature de classe des événements de Roumanie : le prolétariat, en tant que force autonome, distincte du reste de la "population", était-il présent avec ses propres revendications ? Est-ce le prolétariat qui a constitué l’élément moteur dans l’effondrement du régime stalinien ou n’était-il au contraire rien d’autre qu’un simple pion manipulé, embrigadé derrière une fraction bourgeoise contre une autre ? Si on est incapable de répondre clairement à ces questions essentielles, toute dénonciation des illusions démocratiques et nationalistes, derrière lesquelles se sont mobilisés les prolétaires en Roumanie, n’est qu’une coquille vide.

BC et le FOR voient une fois encore la classe ouvrière là où elle n’est pas

  • "En Roumanie, le nouveau cours a dû se frayer un chemin à la suite d’une réelle et authentique insurrection (...) qui a entraîné la chute du gouvernement. " ("Battaglia Comunista”).
  • "Le prolétariat n’a pu mettre à profit les bouleversements qu’il a contribué largement à mettre en œuvre" dans la mesure où, en Roumanie, "les prolétaires y ont rapidement abandonné la direction de l’insurrection aux spécialistes de la confiscation du pouvoir. " ("Alarme").

Pour ces deux organisations, l’effondrement du gouvernement Ceaucescu aurait donc été le produit de la révolte spontanée des masses. La première chose qu’il faut constater c'est qu’une telle analyse ne fait que reprendre à son propre compte les discours dont nous ont abreuvés les médias lorsqu’ils retransmettaient en direct les événements de Roumanie. Cependant, 15 jours à peine après la prise du pouvoir par le désormais célèbre "Comité du Front de Salut National", c’est à travers ces mêmes médias qu’on finissait par apprendre tout à fait incidemment, à l’occasion d’une "gaffe" commise par le bien nommé Militaru, ministre de la Défense, que la nouvelle équipe dirigeante à Bucarest préparait son coup depuis près de 6 mois avec la soutien de l’armée et de Gorbatchev. Ainsi, cette fameuse "insurrection populaire", tant saluée par les camarades du FOR et de BC, s’est très vite révélée au grand jour pour ce qu’elle était : un vulgaire coup d’Etat militaire (cf. RI n°187).

Mais si les camarades du FOR et de BC continuent aujourd’hui encore à nier l’évidence, c’est du fait de leur absence d’analyse claire des véritables conditions historiques et enjeux de la lutte de classe dans la période présente.

C’est pour cette raison que ces groupes sont amenés à prendre des vessies pour des lanternes, à ne pas voir que l’état-major militaire téléguidé par Moscou ne faisait qu’appliquer son plan : s’appuyer sur la colère de la population au lendemain des massacres de Timisoara (qui, probablement constituaient une provocation destinée à "galvaniser" les masses) et l’exploiter à son propre compte. Telle est la triste réalité que les camarades du FOR et de BC se refusent obstinément à voir : le terrain sur lequel s’est développée cette pseudo-insurrection n’était rien d’autre qu’un terrain d’affrontements où le prolétariat, comme l’ensemble de la population, s’est trouvé pris en étau entre deux pouvoirs militaires rivaux, défendant les intérêts des deux cliques bourgeoises en présence. En Roumanie, pas plus que dans les autres pays du glacis soviétique, à aucun moment le prolétariat n’a été un acteur conscient des convulsions sanglantes qui ont précipité la chute du régime stalinien.

Contrairement à ce que prétend le FOR, la nature de classe de cette "insurrection" n’a absolument rien à voir avec les luttes ouvrières de Brasov en 87 où c’est sur leur propre terrain, contre la misère et la pénurie, que s’étaient mobilisés les ouvriers, alors qu’aujourd’hui, le prolétariat en tant que classe a été totalement absent de la scène. Que des milliers d’ouvriers aient été embarqués dans cette prétendue insurrection n’est pas à saluer mais à déplorer : c’est pour le compte d’une fraction bourgeoise, sur le terrain bourgeois des mystifications démocratiques qu’ils se sont laissés entraîner et massacrer. Ainsi lorsque le FOR nous dit que "des mesures comme l’armement des prolétaires, le maintien des comités de la production (...), l’exigence de dissolution des corps armés étatiques (...) et la jonction avec par exemple le comité occupant le palais présidentiel, eussent constitué les premiers pas d’une révolution communiste", cela relève purement d’une vision fantasmatique des conditions de la révolution prolétarienne, ramenée selon la logique implacable du FOR à une série de "mesures", de recettes à la sauce "y’a qu’à" et qui ne fait que révéler la démarche volontariste, étrangère au marxisme, dont ces camarades ne parviennent décidément pas à se décrotter. Faut-il rappeler au FOR que les premiers pas d’une révolution communiste", c’est l’organisation du prolétariat en classe, sur son terrain de classe et que, avant de prendre les armes, le prolétariat doit d’abord s'armer de sa conscience. Et, en Roumanie, il n’y avait rien de tout cela.

La compréhension des conditions de la révolution prolétarienne : une nécessité vitale pour les révolutionnaires

Selon BC, "il existait en Roumanie toutes les conditions objectives et presque toutes les conditions subjectives pour que l’insurrection puisse se transformer en réelle et authentique révolution sociale". Pour ce qui concerne les conditions objectives de la révolution prolétarienne, BC n’a vraiment rien inventé. Cela fait plus de 3/4 de siècle que les révolutionnaires ont toujours affirmé que l’entrée de capitalisme dans sa phase de décadence avait mis à l’ordre de jour la nécessité et la possibilité de la révolution, non seulement dans des aires géographiques où la classe ouvrière subit la misère et l’oppression capitalistes de façon particulièrement brutale, mais dans toutes les parties du monde. Sur ce point, on ne peut qu’être d’accord avec BC.

Mais là où l’analyse de BC commence franchement à friser le délire, c’est lorsqu’elle affirme que "presque toutes les conditions subjectives11 étaient présentes en Roumanie et que l’échec de cette "insurrection" était du essentiellement à "l’absence d’une force politique authentiquement de classe". Et il faudra attendre la conclusion de cet article pour découvrir enfin que cette fameuse force politique qui a tant fait défaut à l’insurrection en Roumanie n’est rien de moins que... le parti révolutionnaire ! Voilà la seule leçon que BC ait été capable de tirer des massacres de prolétaires en Roumanie : "l’insurrection roumaine montre à quel point il est urgent de reconstruire le parti révolutionnaire à l’échelle mondiale qui sache reprendre le fil rouge rompu par le stalinisme".

Ainsi, toujours fidèle à sa démarche consistant à dire une chose et son contraire, d’un côté BC déplore que le prolétariat en Roumanie ait été "animé par une terrible illusion : la démocratie bourgeoise", de l’autre elle affirme que toutes les conditions subjectives pour la révolution étaient présentes... excepté le parti. Or, dans la vision marxiste, la maturité des conditions subjectives n’est rien d’autre que le degré de conscience atteint par les masses des buts et des moyens de leur combat. Cette maturité s’exprime en particulier par l’auto-organisation du prolétariat en classe, par le surgissement de cette 'forme enfin trouvée de la dictature du prolétariat" (Lénine) que sont les conseils ouvriers, conditions subjectives fondamentales de la révolution communiste que BC semble ignorer superbement. Et où était l’organisation autonome du prolétariat en Roumanie ? Où se trouvaient les conseils ouvriers ? Lorsque des millions d’ouvriers adhèrent aux mensonges démocratiques, abandonnant toute revendication de classe pour réclamer des "élections libres", un Parlement, des droits syndicaux, et entonnent des chants patriotiques sous les drapeaux de l’Etat national, comme c’est aujourd’hui le cas dans ce pays (et dans tous les pays de l’Est), oser affirmer qu’il s’agit là des prémices de la révolution communiste, c’est carrément se moquer du monde. Déjà au moment des événements sanglants qui ont secoué la Chine au printemps 89, les oscillations de BC sur la nature de classe de ce mouvement nous avaient donné un avant- goût du degré de désorientation de cette organisation (cf. RI n° 182) L’analyse que BC développe aujourd’hui sur les événements sanglants de Roumanie montre à quel point, à force d’avaler toutes les couleuvres de la propagande bourgeoise, cette organisation a fini par perdre complètement la tête.

Mais, nous répliquera BC, si la force politique essentielle, le parti révolutionnaire, avait été présent en Roumanie, il aurait été capable de donner une orientation claire aux masses prolétariennes les empêchant de se fourvoyer derrière les idéaux bourgeois. Malheureusement, il n’est pas (venu à l’esprit des camarades de BC de se poser sérieusement la question : pourquoi le parti de classe était-il absent en Roumanie ? Affirmer que la contre-révolution stalinienne

a systématiquement laminé toute possibilité de surgissement d’une avant-garde du prolétariat est une réponse largement insuffisante. Encore faut-il comprendre que c’est justement le degré de conscience politique dans l’ensemble de la classe ouvrière qui constitue la condition de surgissement du parti révolutionnaire. C’est malheureusement ce que BC est incapable de comprendre avec sa vision d’un parti révolutionnaire parachuté, surgissant ex nihilo et seul détenteur de la conscience de classe (cf. l’article "Conscience de classe et parti" dans notre Revue internationale n°57).

Les aberrations de BC sur la signification des événements de Roumanie trouvent leur origine dans une incompréhension de fond des conditions premières de la révolution communiste : ce n’est qu’à l’échelle mondiale que peut s’évaluer le rapport de forces entre les classes, que se pose la question de la maturité des conditions de la révolution. Et dans ce cadre international, c’est le niveau de conscience des bataillons les plus expérimentés du prolétariat mondial, celui d’Europe occidentale, qui constitue le facteur déterminant l’ouverture d’une réelle perspective révolutionnaire et non pas là où la classe ouvrière est la plus faible, la plus mystifiée, la plus soumise à l’idéologie bourgeoise.

Qu’un groupe comme le FOR ne se soucie nullement du cadre international pour comprendre la nature de classe des événements de Roumanie n’a rien d’étonnant : c’est avec la même désinvolture que cette organisation issue du trotskysme a toujours salue la guerre d’Espagne en 36 comme une authentique révolution prolétarienne alors que cet épisode sanglant, qui se déroulait dans un contexte de contre-révolution à l’échelle internationale, fut une tragédie pour le prolétariat dans la mesure où il ne faisait que préparer le déchaînement de la deuxième guerre mondiale. Mais qu’une organisation comme BC qui, elle, se réclame de la gauche communiste se rallie aujourd’hui à la démarche du FOR prouve à quel point ces camarades sont désorientés et ont perdu toute notion des critères déterminant une perspective révolutionnaire[2].

Les causes du déboussolement actuel au sein du milieu révolutionnaire

Les prises de positions de BC et du FOR concernant les événements de Roumanie sont particulièrement significatives du degré de déboussolement, de confusion, dans lequel se trouve aujourd’hui le milieu révolutionnaire. On doit constater que plus l’Histoire s’accélère, plus les faiblesses programmatiques de ces groupes les font marcher à contretemps de la réalité qui se déroule sous leurs yeux. Ainsi, lorsque la lutte de classe connaissait un réel développement dans les pays centraux du capitalisme avec la reprise des combats ouvriers à l’automne 83, lorsque le prolétariat le plus expérimenté du monde tendait de plus en plus, dans ses luttes, à briser l’encadrement syndical, la plupart des groupes du milieu révolutionnaire ne cessaient ae souffler le froid, incapables de reconnaître les avancées de la lutte de classe. En revanche, lorsque le prolétariat quitte son terrain de classe pour se laisser embrigader derrière les mystifications bourgeoises, lorsqu’il se fait massacrer pour des intérêts qui ne sont pas les siens, comme c’est le cas aujourd’hui dans les pays de l’Est, alors ces mêmes organisations révolutionnaires s’extasient devant les "formidables pas en avant" de la lutte de classe, allant même jusqu’à proclamer qu’une situation pré-révolutionnaire, insurrectionnelle, s’est ouverte dans ces pays. H faut être particulièrement aveugle et borné pour ne pas savoir faire la différence entre un coup d’Etat fomenté par une clique bourgeoise qui cherche à sauver sa peau et une insurrection prolétarienne !

Un tel déboussolement s’explique, en réalité, par le fait qu’aucun de ces groupes révolutionnaires n’a la moindre idée de ce que peut être un cours historique. C’est bien pour cela que le FOR n’avait pas compris que le rapport de forces entre les classes dans les années 30 ne pouvait déboucher que sur la perspective d’une deuxième guerre mondiale et voyait dans la guerre d’Espagne une révolution prolétarienne.

Quant à BC, l’analyse du cours historique a toujours été le dernier de ses soucis. Que la société s’achemine vers la barbarie généralisée ou vers des affrontements révolutionnaires dont dépend l’avenir de l’humanité, cela n’a au fond aucune importance pour BC. Sans ce cadre d’analyse fondamental, sans une vision claire du cours historique actuel, ces groupes politiques ne peuvent être que condamnés à se laisser balloter au gré des événements, à être constamment à côté de la plaque face aux coups d’accélération de l’Histoire.

A force de courir après TOUT ce qui bouge, on court le risque de ne pas voir CE qui bouge réellement. Heureusement que BC, pas plus que le FOR, n’a aucune influence réelle au sein de la classe ouvrière car avec de telles confusions, elle ne pourrait la conduire qu’à la catastrophe.

A baisser le pied quand l’escalier monte et à le lever quand l’escalier descend, ces groupes révolutionnaires ne perdent aucune occasion de se casser la figure. Ce faisant, ils se sont avérés incapables d’encourager la classe ouvrière, d’impulser ses luttes lorsque celles-ci se développaient tout au long des années 80. Ils risquent demain de la précipiter dans l’aventure s’ils continuent sur la même lancée.

Avril


[1]Ce type de préoccupation n’était probablement pas absent chez les membres de BC qui, à l’issue d’une récente réunion publique de ce groupe, à Milan, sont venus reprocher à l’un de nos militants d’avoir, lors de celle-ci, critiqué les prises de position de BC sur la Roumanie et annoncé la tenue de notre propre réunion publique. Visiblement, cela dérange BC que ses sympathisants puissent prendre connaissance de nos analyses et de nos critiques à son égard : n’est-ce pas un aveu de ses propres faiblesses ? Ce groupe préférerait probablement "garder au chaud", à l’abri des "mauvaises fréquentations", SES contacts. Pour notre part, nous considérons que ce n’est pas le meilleur moyen de développer une clarté parmi les éléments qui essayent de comprendre les enjeux des événements présents. Nous avons une toute autre idée du débat politique.

[2] BC se prépare-t-elle à rééditer l’"exploit" de son "organisation-sœur", le CWO de Grande-Bretagne, qui, en 81, alors que le prolétariat de Pologne était complètement isolé au niveau international, l’appelait à faire "la révolution maintenant". Avec de telles analyses, on peut tout craindre.

Vie du CCI: 

Courants politiques: 

Rubrique: 

Intervention des révolutionnaires