Violences dans les stades de football: la barbarie du capitalisme a le sport qu’elle mérite!

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Jets de projectiles envers des joueurs à Montpellier, bagarres entre supporters et joueurs à Nice, jets de briques sur la pelouse après une décision arbitrale à Ajaccio, siège arraché et jeté sur un enfant de 11 ans à Paris, pelouse envahie par des supporters à Lens, guet-apens tendu à l’encontre de supporters à Montpellier, bagarres entre supporters à Angers… Le retour du public dans les stades de football en ce début de saison de Ligue 1 en France est marqué par une accumulation de heurts.

L’illustration d’une société à l’agonie

La violence dans les stades est congénitale au sport moderne. Celle-ci avait d’ailleurs trouvé son paroxysme dans les années 1980 et 1990 dans plusieurs pays d’Europe à travers le hooliganisme, ces hordes d’individus pour qui les rencontres sportives étaient une occasion de se défouler brutalement et semer la terreur dans et autour des stades. Le spectacle d’horreur du Heysel le 29 mai 1985 puis celui d’Hillsborough en 1989 obligèrent les États et les instances sportives, principaux responsables de ces « massacres », (1) à prendre des mesures afin de canaliser ce phénomène de violence aveugle et nihiliste, sans pour autant éradiquer sa racine évidemment. Celle-ci résidant dans la dégradation matérielle et la dépravation morale engendrées par la crise économique du capitalisme et la spirale mortifère dans laquelle celui-ci entraîne la civilisation. (2)

Ainsi, les violences entre supporters sont restées une constante au cours des dernières années avec des moments paroxystiques, comme durant le Mondial 98 et l’Euro 2016 en France ou encore dans les travées du Parc des Princes dans les années 2000 où les « ultras » parisiens ont souvent fait régner la terreur. Le regain de violences de ces dernières semaines n’est donc pas fortuit. C’est la conséquence du pourrissement de la société capitaliste que la pandémie de Covid-19 (et ses dégâts sociaux et psychologiques) n’a fait qu’amplifier drastiquement.

Une société au sein de laquelle des individus toujours plus atomisés, écrasés, broyés, humiliés trouvent dans l’appartenance à ces bandes, et les rixes auxquelles elles s’adonnent, un moyen de se défouler, d’avoir le sentiment « d’exister », « d’être quelqu’un » en crachant leurs pulsions de haine et d’agressivité.

La « condamnation » par les médias de ces individus montre toute l’hypocrisie de la bourgeoisie quand on sait que la presse sportive, les dirigeants, les États et les gouvernements sont les premiers à galvaniser ces hordes d’individus en faisant du sport-spectacle l’arène de la rivalité, de la concurrence, du chauvinisme, du nationalisme, de la victoire à tout prix !

Comme l’exprimait l’écrivain George Orwell : « pratiqué avec sérieux, le sport n’a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d’autres mots, c’est la guerre, les fusils en moins ».

Une bonne occasion de renforcer la répression

« Il faut être ferme. Ce sont des gens qui abîment l’image du sport, qui renversent ce que le sport doit être, c’est-à-dire la fraternité entre les citoyens » (Blanquer),

« Moi je suis un supporter de football, je ne veux pas que quelques-uns emmerdent la grande majorité des supporters ». (Darmanin).

Voici un condensé de toute la campagne menée par la classe dominante : répression face à la démocratie en danger ! D’où les sempiternelles propositions de mesures que les responsables politiques ou représentants des institutions sportives ont dégainé par la suite : « Matchs à huis clos », « perte de points pour les clubs », « interdictions de stade ou de déplacements de supporters », « identification et fichage des individus », « renforcement de la vidéo-surveillance », « sanctions pénale », etc.

Elles visent toutes à braquer les projecteurs sur l’insuffisance (réelle) des dispositifs de sécurité mis en place par les clubs et sur la culpabilité des hooligans. Tout cela pour mieux cacher que ce regain de violence, dans les stades comme ailleurs, est le produit de la société capitaliste en pleine agonie !

Surtout, cette campagne permet une nouvelle fois de justifier le renforcement des forces de répression et le durcissement de l’appareil judiciaire dans l’ensemble de la vie sociale. Elle contient également, en creux, l’amalgame implicite entre les hooligans et les black-blocs ayant comme mode d’expression la même violence aveugle et nihiliste.

Ce qui ne peut que contribuer à intimider tous ceux qui voudraient participer à des mobilisations ou des manifestations ouvrières.

Voilà dans le fond, le sens de ce type de campagne : déboussoler, terroriser et prévenir toute expression collective de colère ouvrière.

Vincent, 2 octobre 2021

 

2 Voir « Les Thèses sur la décomposition », Revue internationale n°107.

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Violences urbaines