Bidault

Situation internationale - mars 1948

Concluant notre dernier aperçu de la situation internationale, nous y notions la tendance de l'économique à céder le pas au politique, et ce sur un rythme accéléré. Ainsi, nous affirmions que la conjoncture économique en Tchécoslovaquie favorisait l'initiative russe. Non que cette initiative fût déterminée par des considérations purement économiques. Ce qui, par ailleurs, provoquait une accélération du rythme dans le cours vers la guerre, c'est que, si limité ce pouvoir fut-il, la bourgeoisie de la propriété dite privée n'en conservait pas une certaine autorité.

Le gouvernement poursuit son plan de guerre

Le gouvernement Schumann poursuit son existence et la politique qu'il s'est fixées. Cela ne se fait naturellement pas sans accrocs. De temps en temps, quelques fractions parlementaires se payent le luxe de quelques obstructions, de quelques manœuvres, provoquant débats et assauts d'éloquence à l'Assemblée nationale. Mais invariablement, cela se termine par des votes de confiance répétés et tout rentre dans l'ordre. Les discours spectaculaires de De Gaulle n'impressionnent désormais plus aucun.

Le plan Marshall, échec de la conférence de Paris

Après Moscou, où l'impossibilité d'entente entre les 2 blocs impérialistes s'était manifestée avec une vigueur insoupçonnée, nous avions raison de dire que les ponts étaient pratiquement coupés entre l'Amérique et l'URSS. Il ne s'agissait pas de rechercher les points de désaccord entre les 2 grands, car aucun compromis n'était possible sinon viable.

La France : famine, crises, luttes impérialistes

Dans les conditions actuelles de l'économie française, la tâche principale de tout gouvernement à la tête de l'État est de faire accepter au prolétariat, d'une façon ou d'une autre, la situation de misère croissante dans laquelle le capitalisme français, misérable, se trouve obligé de l'entretenir pour ralentir sa faillite.

Les affaires d'Indochine

Les bulletins de guerre viennent de réapparaître avec toute la publicité adéquate : atrocité, ultimatum, poches que l'on colmate, déplacement de personnalités, conférence, parade. Le public peut être assuré de sa ration quotidienne de sadisme et de pseudo honnêteté et objectivité.

Seulement voilà, personne ne semble s'intéresser à ce qui se passe si loin. Peut-être est-ce dû aux 5%, à l'expérience Blum, au nouveau cabinet ou tout simplement à l'indifférence des masses saturées de promesses non réalisées.

Signification politique des élections

On connaît les résultats des dernières élections législatives en France : le PCF obtient 5475 mille voix (gain 273 mille voix) et devient le premier parti de France ; la SFIO, 3474 mille voix (perte de 744 mille voix) ; le MRP, 5066 mille voix (perte de 556 mille voix) et perd sa place de premier parti de France au bénéfice des staliniens ; les radicaux, 1971 mille voix (perte de 208 mille voix). Que signifient ces chiffres ?

S'abonner à RSS - Bidault