Soumis par Revue Internationale le
Des nations mort-nées.
Tout au long du 20e siècle, toutes les « nouvelles nations », à peine nées, sont déjà moribondes.
Au début de ce siècle, il y avait à peine 40 Etats indépendants dans le monde. Aujourd'hui, ils sont 169, auxquels il faut ajouter les quelques 20 nouveaux Etats surgis dernièrement de l'explosion de l'URSS et de la Yougoslavie.
La faillite sans appel de la kyrielle de « nouvelles nations » construites tout au long du 20e siècle, la ruine certaine de celtes qui viennent d'être créées, sont une démonstration évidente de l'échec du capitalisme. Pour les révolutionnaires, depuis le début du 20e siècle, ce qui est à l'ordre du jour n'est pas la constitution de nouvelles frontières, mais leur destruction par la révolution prolétarienne mondiale. C'est l'axe central de cette série d'articles de bilan de 70 ans de luttes de « libération nationale ».
Dans le premier article, nous avons vu comment la « libération nationale » a été un poison mortel pour la première vague révolutionnaire internationale de 1917-23. Dans la seconde partie, nous avons démontré comment les guerres de « libération nationale » et les nouveaux Etats ont été happées dans un engrenage inséparable des impérialismes et de la guerre impérialiste. Dans cette troisième et dernière partie, nous voulons montrer le tragique désastre économique et social auquel aboutit l'existence de ces 150 « nouvelles nations » créées au cours du 20e siècle.
La réalité a réduit en poussières tous les discours sur les « pays en voie de développement », qui devaient devenir les nouveaux pôles dynamiques du développement économique. Les bavardages sur les nouvelles « révolutions bourgeoises », qui allaient faire exploser la prospérité à partir des richesses naturelles contenues dans les anciennes colonies, n'annonçaient qu'un gigantesque fiasco : celui du capitalisme, l'incapacité de celui-ci de mettre en valeur les deux tiers de la planète, d'intégrer à la production mondiale les milliards de paysans qu'il a ruinés.
Le contexte dans lequel sont nées les « nouvelles nations » : la décadence du capitalisme
Le critère déterminant pour juger si le prolétariat doit ou ne doit pas appuyer la formation de nouvelles nations a toujours été fonction de la période que traverse le capitalisme au niveau historique et mondial. Dans une période d'expansion et de développement, comme au 19e siècle, un tel appui pouvait avoir un sens, et encore seulement dans le cas où la formation d'une nation contribuait à accélérer le développement du capitalisme et la constitution de la classe ouvrière, et à condition que soit maintenue l'autonomie de cette dernière par rapport aux forces progressistes de la bourgeoisie. Cet appui n'a plus aucun sens et doit être rejeté catégoriquement dès que le capitalisme entre, avec la première guerre mondiale, dans son époque de décadence mortelle.
«Le programme national n'a joué un rôle historique, en tant qu'expression idéologique de la bourgeoisie montante aspirant au pouvoir dans l'Etat, que jusqu'au moment où la société bourgeoise s'est tant bien que mal installée dans les grands États du centre de l'Europe et y a créé les instruments et les conditions indispensables de sa politique.
Depuis lors, l'impérialisme a complètement enterré le vieux programme bourgeois démocratique : l'expansion au delà des frontières nationales (quelles que soient les conditions nationales des pays annexés) est devenue la plate-forme de la bourgeoisie de tous les pays. Certes, la phase nationale est demeurée, mais son contenu réel et sa fonction se sont mués en leur contraire. Elle ne sert plus qu'à masquer tant bien que mal les aspirations impérialistes, à moins qu'elle ne soit utilisée comme cri de guerre, dans les conflits impérialistes, seul et ultime moyen idéologique de capter l'adhésion des masses populaires et de leur faire jouer leur rôle de chair à canon dans les guerres impérialistes » ([1]).
Ce critère global et historique est à l'opposé d'un critère basé sur des spéculations abstraites et sur des visions partielles ou contingentes. Ainsi, les staliniens, les trotskystes et même certains groupes prolétariens ont donné comme argument à l'appui de «l'indépendance nationale » des pays d'Afrique, d'Asie, le fait que ces pays conservaient d'importants vestiges féodaux et précapitalistes : de là, ils déduisaient que ce qui était à l'ordre du jour dans ces pays, c'était une « révolution bourgeoise » et non une révolution prolétarienne. Ce que nient ces messieurs, c'est que l'intégration dans le marché mondial de tous les principaux territoires de la planète ferme les possibilités d'expansion du capitalisme, pousse ce dernier à une crise sans issue, et que cette situation domine la vie de tous ces nouveaux pays : « Et si, se survivant, l'ancienne formation (sociale) restée maîtresse des destinées de la société, continue à agir et à guider la société, non plus vers l'ouverture des champs libres au développement des forces productives, mais d'après sa nouvelle nature désormais réactionnaire, elle oeuvre vers leur destruction. »([2])
Un autre argument invoqué en faveur de la constitution de nouvelles nations, c'est qu'elles possèdent d'immenses ressources naturelles qu'elles pourraient et devraient développer en se libérant de la tutelle étrangère. Cet argument tombe comme le précédent, dans une vision abstraite et localiste. Certes, ces énormes potentialités existent, mais justement, elles ne peuvent se développer dans le contexte mondial de crise chronique et de décadence qui détermine la vie de toutes les nations.
Depuis ses origines, le capitalisme a été basé sur une concurrence féroce, au niveau des entreprises comme des nations. Ceci a produit un développement inégal de la production selon les pays :
« La loi du développement inégal du capitalisme, sur les extrapolations de laquelle Lénine et ses épigones basent leur thèse du "maillon le plus faible", se manifeste dans la période ascendante du capitalisme par une poussée impérieuse des pays retardataires vers un rattrapage et même un dépassement des pays plus développés. Par contre, ce phénomène tend à s'inverser au fur et à mesure que le système, comme un tout, approche de ses limites historiques objectives et se trouve dans l'incapacité d'étendre le marché mondial en rapport avec les nécessités imposées par le développement des forces productives. Ayant atteint ses limites historiques, le système en déclin n'offre plus de possibilité d'une égalisation dans le développement, mais au contraire dans la stagnation de tout développement, dans le gaspillage, dans le travail improductif et de destruction. Le seul "rattrapage" dont il peut être question est celui qui conduit les pays les plus développés à la situation qui existait auparavant dans les pays arriérés sur le plan des convulsions économiques, de la misère, et des mesures de capitalisme d'Etat. Si au 19ème siècle, c'est le pays le plus avancé, l'Angleterre, qui indiquait ce que serait l'avenir des autres, ce sont aujourd'hui les pays du «tiers-monde» qui indiquent d'une certaine façon de quoi est fait l'avenir des pays les plus développés.
Cependant, même dans ces conditions, il ne saurait exister de réelle "égalisation" de la situation des différents pays qui composent le monde. Si elle n'épargne aucun pays, la crise mondiale exerce ses effets les plus dévastateurs non dans les pays les plus développés, les plus puissants, mais dans les pays qui sont arrivés trop tard dans l'arène économique mondiale et dont la route au développement est définitivement barrée par les puissances les plus anciennes. »([3])
Tout ceci se concrétise dans le fait que « la loi de l'offre et de la demande joue contre tout développement de nouveaux pays. Dans un monde où les marchés sont saturés, l'offre dépasse la demande et les prix sont déterminés par les coûts de production les plus bas. De ce fait, les pays ayant les coûts de production les plus élevés sont contraints de vendre leurs marchandises avec des profits réduits quand ce n'est pas à perte. Cela ramène leur taux d'accumulation à un niveau extrêmement bas, et, même avec une main d'oeuvre très bon marché, ils ne parviennent pas à réaliser les investissements nécessaires à l'acquisition massive d'une technologie moderne, ce qui a pour résultat de creuser encore plus le fossé qui sépare ces pays des grandes puissances industrielles. » ([4])
Pour cela, «La période de décadence du capitalisme se caractérise par l'impossibilité de tout surgissement de nouvelles nations industrialisées. Les pays qui n'ont pas réussi leur "décollage" industriel avant la première guerre mondiale sont, par la suite, condamnés à stagner dans un sous-développement total, ou à conserver une arriération chronique par rapport aux pays qui "tiennent le haut du pavé" ». Dans ce cadre « Les politiques protectionnistes connaissent au 20e siècle une faillite totale. Loin de constituer une possibilité de respiration pour les économies les moins développées, elles conduisent à l'asphyxie de l'économie nationale. » ([5])
Guerre et Impérialisme aggravent le retard et le sous-développement
Dans ces conditions économiques globales, la guerre et l'impérialisme, attributs inséparables du capitalisme décadent, s'imposent comme une loi implacable à tous les pays et pèsent comme une chape de plomb sur l'économie des nouvelles nations. Dans la situation de marasme qui règne sur l'économie mondiale, chaque capital national ne peut survivre qu'en s'armant jusqu'aux dents. En conséquence, chaque Etat national se voit obligé de bouleverser sa propre économie : création d'une industrie lourde, mise en place d'industries dans des zones stratégiques mais qui ont des effets dévastateurs sur la production globale, soumission des infrastructures et des communications à l'activité militaire, énormes dépenses pour la «défense». Tout ceci a de très graves répercussions sur l'ensemble de l'économie nationale des pays dont le tissu social est sous-développé à tous les niveaux (économique, culturel, etc.) :
- l'insertion artificielle d'activités technologiquement très avancées provoque un énorme gaspillage de ressources et un déséquilibre de plus en plus accentué de l'activité économique et sociale ;
- le renforcement de l'endettement et l'accroissement permanent de la pression fiscale pour faire face à une spirale de dépenses dont on ne peut jamais sortir : « L'Etat capitaliste, sous l'impérieuse nécessité d'établir une économie de guerre, est le grand consommateur insatiable, qui crée son pouvoir d'achat au moyen d'emprunts gigantesques drainant toute l'épargne nationale, sous le contrôle et avec le concours "rétribuée" du capital financier ; il paie avec des traites d'hypothèques les revenus futurs du prolétariat et des petits paysans. »([6]).
En Oman, le poste de défense absorbe 46% des dépenses publiques, en Corée du Nord rien de moins que 24% du PIB. En Thaïlande, alors que la production chute, quelle n’a augmentée que de 1% dans l’agriculture, en qu’on réduit les dépenses d’éducation, « les militaires ont exprimés leur volonté de faire participer l’Europe et les USA à la modernisation de leur armée, soulignant plus clairement dans le camp occidental, et projetant un porte hélicoptère allemand, plusieurs Linx franco-britannique, une escadrille (12 avions) de bombardiers F-16 et 500 tanks M60-A1 et M48-A5 américains » ([7]). En Birmanie, avec un taux de mortalité infantile de 6,45% (0,9% aux USA), une espérance de vie de 61 ans (75,9 aux USA), avec seulement 673 livres publiés (pour 41 millions d’habitants) : « de 1988 à 1990, l’armée birmane a augmenté de 170 000 à 230 000 hommes. Son armement aussi s’est amélioré. Ainsi en Octobre 1990, la Birmanie a commandé 6 avions G4 à la Yougoslavie et 20 hélicoptères à la Pologne. En Novembre, elle a signé un contrat de 1200 millions de dollars – la dette extérieure est de 4171 millions de dollars – avec la Chine pour acquérir, entre autre, 12 avions F-7, 12 avions F-6 et 60 blindés » ([8])
L'Inde est un cas particulièrement grave. L'énorme effort guerrier de ce pays est en grande partie responsable de ce que « entre 1961 et 1970, le pourcentage de la population rurale qui vit en dessous du minimum physiologique est passé de 52% à 70%. Alors qu'en 1880 chaque hindou pouvait disposer de 270 kilos de céréales et de légumes secs, cette proportion était tombée à 134 kilos en 1966. » ([9]). « Le budget militaire équivalait à 2% de son PNB en 1960, c'est-à-dire 600 millions de dollars. Pour rénover l'arsenal et le parc militaire, les usines d'armement se sont multipliées et ont diversifié leur production. Dix ans plus tard, le budget militaire s'élevait à 1600 millions de dollars, c'est à dire 3,5% du PNB (...) A tout cela s'est ajoutée une réforme de l'infrastructure, en particulier des routes stratégiques, des bases navales (...) Le troisième programme militaire, qui couvre 1974-1979, va absorber annuellement 2500 millions de dollars. »([10]) Depuis 1973, l'Inde possède la bombe atomique et a développé un programme de recherche nucléaire, des centrales pour la fusion du plutonium, etc., qui place le niveau de ses dépenses dédiées à la « recherche scientifique» dans les plus hauts du monde : 0,9 % du PNB !
Le militarisme aggrave
les désavantages des pays neufs par rapport aux pays anciens. Ainsi, le nombre
de soldats des 16 plus grands pays du «tiers-monde» (l'Inde, la Chine, le Brésil, la Turquie, le Vietnam,
l'Afrique du Sud, etc.) est passé de 7 millions, en 1970, à 9,3 millions en
1990, c'est-à-dire, un accroissement de 32 %. Par contre, le nombre de soldats
dans les quatre pays les plus industrialisés (USA, Japon, Allemagne, et France)
est passé de 4,4 millions, en 1970,
a 3,3 millions en 1990, ce qui signifie une réduction de
26%.([11]) Ce
n'est pas que ces derniers aient relâché leur effort militaire, mais c'est
qu'il est devenu beaucoup plus productif, leur permettant d'économiser sur les
dépenses en hommes. Dans les pays les moins développés, c'est la tendance
inverse, et de loin, qui domine : en plus d'augmenter les investissements en
armes sophistiquées et en technologie, ils doivent augmenter la participation
des hommes.
Cette nécessité de donner la priorité à l'effort de guerre a de graves conséquences politiques qui aggravent encore plus la faiblesse et le chaos économique et social de ces nations : elle impose l'alliance inévitable, contrainte et forcée, avec tous les restes de secteurs féodaux ou simplement retardataires, puisqu'il est plus important de maintenir la cohésion nationale, face à la jungle impérialiste mondiale, que d'assurer la « modernisation » de l'économie, qui passe pour un objectif secondaire et, en général, utopique, face à l'ampleur des impératifs impérialistes.
Ces survivances féodales ou précapitalistes expriment le poids du passé colonial ou semi-colonial qui leur a légué une économie spécialisée dans la production de matières premières agricoles ou minières, ce qui la déforme monstrueusement mil en découle le phénomène contradictoire par lequel l'impérialisme a exporté le mode de production capitaliste et a détruit systématiquement les formations économiques pré-capitalistes, tout en freinant simultanément le développement du capital indigène, en pillant impitoyablement les économies coloniales, en subordonnant leur développement industriel aux besoins spécifiques de l'économie des métropoles et en appuyant les éléments les plus réactionnaires et les plus soumis des classes dominantes indigènes (...) Dans les colonies et les semi-colonies, il ne devait pas naître de capitaux nationaux indépendants - pleinement formés avec leur propre révolution bourgeoise et leur base industrielle saine -, mais plutôt des caricatures grossières des capitaux des métropoles, affaiblies par le poids des vestiges en décomposition des modes de production antérieurs, industrialisées au rabais pour servir les intérêts étrangers, avec des bourgeoises faibles, nées séniles, à la fois au niveau économique et politique. » ([12])
Pour aggraver encore les problèmes, les anciennes métropoles (France, Grande-Bretagne, etc.), ainsi que d'autres concurrents (USA, l'ancienne URSS, l'Allemagne), ont tissé autour des «nouvelles nations» une toile d'araignée complexe : investissements, crédits, occupations d'enclaves stratégiques, "traités d'assistance, de coopération et de défense mutuelles", intégration dans des organismes internationaux de défense, de commerce, etc. Tout cela les tient pieds et poings liés, et constitue un handicap particulièrement insurmontable.
Cette réalité est qualifiée par les trotskystes, les maoïstes et tous les « tiers-mondistes » comme du «néo-colonialisme». Ce terme est un rideau de fumée qui cache l'essentiel : la décadence de tout le capitalisme mondial et l'impossibilité de développement de nouvelles nations. Les problèmes des nations du « tiers-monde», ils les résument à la « domination étrangère ». Il est certain que la domination étrangère fait obstacle au développement des nouvelles nations, mais ce n'est pas le seul facteur et surtout il ne peut être compris que comme une partie, un élément constitutif des conditions globales du capitalisme décadent, dominées par le militarisme, la guerre et la stagnation de la production.
Pour compléter le tableau, les nouvelles nations surgissent avec un péché originel : ce sont des territoires incohérents, formés par un agrégat chaotique de différentes ethnies, religions, économies, cultures. Leurs frontières sont pour le moins artificielles et incluent des minorités appartenant aux pays limitrophes ; tout cela ne peut que mener à la désagrégation et à des confrontations permanentes.
Un exemple révélateur est l'anarchie gigantesque créée par la coexistence de races, religions et nationalités, dans une région stratégique vitale comme le Moyen-Orient. Il y a d'abord les trois religions les plus importantes : le judaïsme, le christianisme et l'islamisme. Chacune d'elles est ensuite divisée à son tour en de multiples sectes qui s'affrontent entre elles : la religion chrétienne comporte des minorités maronite, orthodoxe, copte ; la religion musulmane a ses obédiences sunnites, chiites, alaouites, etc. Enfin, « il existe, en plus des minorités eihnico-linguistiques. En Afghanistan, les persanophones (Tadjiks) et les turcophones (Ouzbeks, Turkmènes) ainsi que d'autres groupements. (...) Les turbulences politiques du 20e siècle ont fait de ces minorités des "peuples sans Etats". Ainsi, les 22 millions de Kurdes : 11 millions en Turquie (20% de la population), 6 millions en Iran (12%), 4,5 en Irak (25%), 1 en Syrie (9 %), sans oublier l’existence d'une diaspora kurde au Liban. Il existe aussi une diaspora arménienne au Liban et en Syrie. Et, enfin, les palestiniens constituent un autre "peuple sans Etat" : 5 millions de palestiniens sont répartis entre Israël (2,6 millions), la Jordanie (1,5 millions), le Liban (400 000), le Koweït (350 000) la Syrie (250 000).» ([13])
Dans de telles conditions, les nouveaux Etats expriment de manière caricaturale la tendance générale au capitalisme d'Etat, lequel ne constitue pas un dépassement des contradictions mortelles du capitalisme décadent, mais une lourde entrave qui augmente encore les problèmes.
« Dans les pays les plus arriérés, la confusion entre l'appareil
politique et l'appareil économique permet et engendre le développement d'une
bureaucratie entièrement parasitaire, dont la seule préoccupation est de se
remplir les poches, de piller de façon systématique l'économie nationale en
vue de se constituer des fortunes colossales : les cas de Batista, Marcos, Duvalier,
Mobutu, sont bien connus, mais ils sont loin d'être les seuls. Le pillage, la
corruption et le racket sont des phénomènes généralisés dans les pays
sous-développés et qui affectent tous les niveaux de l'Etat et de l'économie.
Cette situation constitue évidemment un handicap supplémentaire pour ces
économies, qui contribue à les enfoncer toujours plus dans le gouffre. » ([14])
Un bilan catastrophique
Ainsi, tout nouvel Etat national, loin de reproduire le développement des jeunes capitalismes du 19e siècle, se confronte dès le départ à l'impossibilité d'une accumulation réelle et s'enfonce dans le marasme économique, le gaspillage et l'anarchie bureaucratique. Loin de fournir un cadre où le prolétariat pourrait améliorer sa situation, il crée, au contraire, un appauvrissement constant, la menace de la famine, la militarisation du travail, les travaux forcés, l'interdiction des grèves, etc.
Pendant les années 1960-70, des politiciens, des experts, des banquiers, ont disserté jusqu'à la nausée sur le « développement » des pays du «tiers-monde». De pays «sous-développés» ils sont devenus «pays en voie de développement». Un des leviers de ce soi-disant « développement » fut l'octroi de crédits massifs qui s'est accéléré surtout avec la récession de 1974-75. Les grandes métropoles industrielles ont concédé à tour de bras des crédits aux nouveaux pays, avec lesquels ces derniers ont acheté des biens d'équipement, des installations « clés-en-mains » pour une production qu'ils n'ont pas pu vendre, victimes de la surproduction généralisée.
Ceci n'a pas entraîné, comme cela est amplement démontré aujourd'hui, un véritable développement, mais par contre un grave endettement des pays neufs qui les a plongés définitivement dans une crise sans issue comme cela s'est vu tout au long de la décennie 1980.
Nos publications ont mis en évidence ce désastre généralisé, il suffit de rappeler quelques faits : en Amérique Latine, le PIB par habitant a chuté en 1989 au niveau où il était en 1977. Au Pérou, le revenu par habitant était en 1990... le même qu'en 1957 ! Le Brésil, présenté dans les années 1970 comme le pays du « miracle économique », a subi, en 1990, une baisse du PNB de 4,5% et une inflation de 1657 % ! La production industrielle de l'Argentine a chuté, en 1990, au niveau de 1975. ([15])
La population, et surtout la classe ouvrière, ont durement souffert de cette situation. En Afrique, 60 % de la population vivait en dessous du minimum vital en 1983 et pour 1995, la Banque Mondiale calcule qu'on arrivera à 80 %. En Amérique Latine, il y a 44 % de pauvres. Au Pérou, 12 millions d'habitants (sur une population totale de 21 millions) sont dépourvus de tout. Au Venezuela, un tiers de la population manque des revenus nécessaires pour acheter les produits de base.
La classe ouvrière s'est vue cruellement attaquée : en 1991, le gouvernement du Pakistan a fermé ou privatisé des entreprises publiques, mettant à la rue 250 000 ouvriers. En Ouganda, un tiers des employés publics a été licencié en 1990. Au Kenya, « le gouvernement a décidé en 1990 de ne pourvoir que 40 % des postes vacants dans la fonction publique, et que les usagers devaient payer les services publics. » ([16]) En Argentine, la part des salariés dans le revenu national est passé de 49 %, en 1975, à 30 %, en 1983.
La manifestation la plus évidente de l'échec total du capitalisme mondial est le désastre agricole que subit l'immense majorité des nations qui ont accédé à l'indépendance au 19e siècle : « La décadence du capitalisme n'a fait que pousser à son comble le problème paysan et agraire. Ce n'est pas, si l'on prend un point de vue mondial, le développement de l'agriculture moderne qui s'est réalisé, mais son sous-développement. La paysannerie, comme il y a un siècle, constitue toujours la majorité de la population mondiale. » ([17])
Les pays neufs, à travers l'Etat qui a créé une bureaucratie tentaculaire d'organismes de «développement rural», ont étendu les rapports de production capitalistes à la campagne, détruisant les anciennes formes d'agriculture de subsistance. Cependant, cela n'a pas produit un quelconque développement, mais au contraire un total désastre. Ces mafias du « développement », auxquelles se sont unis les caciques, les propriétaires terriens et les usuriers, ont ruiné les paysans, en les obligeant à introduire des cultures d'exportation qu'ils leur achètent à des prix dérisoires alors qu'ils leur vendent les semences, les machines, à des prix prohibitifs.
Avec la disparition des cultures de subsistance, « les menaces de famine sont aujourd'hui tout aussi réelles qu'elles l’étaient dans les économies antérieures : la production agricole par habitant est inférieure au niveau de 1940 (voir « Paysans sans terre » de R.Fabre). Signe de l'anarchie totale du système capitaliste, la plupart des anciens pays agricoles producteurs du "tiers-monde" sont devenus depuis la seconde guerre mondiale importateurs : l'Iran, par exemple, importe 40% des produits alimentaires qu'il consomme. » ([18])
Dans un pays comme le Brésil, le plus grand potentiel agricole du monde, « à partir de février 1991, on a pu constater une pénurie de viande, de riz, de haricots, de produits laitiers et d'huile de soja, » ([19]) . L'Egypte, grenier des Empires tout au long de l'histoire, importe aujourd'hui 60 % des aliments de base. Le Sénégal produit seulement 30 % de sa consommation de céréales. En Afrique, la production alimentaire parvient à peine à 100 kilos par an par habitant, alors que le minimum vital est de 145 kilos.
De plus, la canalisation de la production vers des monocultures destinées à l'exportation a coïncidé avec la baisse générale du prix des matières premières, tendance qui ne fait que s'aggraver avec l'approfondissement de la récession économique. En Côte d'Ivoire les rentrées de la vente du cacao et du café ont chuté de 55 % entre 1986 et 1989. Le cours du sucre a baissé dans les pays d'Afrique occidentale de 80% entre 1960 et 1985. Au Sénégal, un producteur de cacahuètes gagnait en 1984 moins qu'en 1919. En Ouganda, la production de café est passée de 186 000 tonnes en 1989 à 138 000 en 1990([20])
Le résultat en est l'anéantissement croissant de l'agriculture, aussi bien de l'agriculture de subsistance que de l'agriculture industrielle d'exportation.
Dans ce contexte, contraints par la chute du prix des matières premières et forcés par le phénoménal endettement dans lequel ils sont piégés depuis le milieu des années 1970, la plupart des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique, ont étendu encore la part des cultures industrielles destinées à l'exportation, ont massacré des forêts, entrepris des travaux de barrages pharaoniques, et des ouvrages d'irrigation très coûteux, en conséquence de quoi, les rendements ont décru de plus en plus, et l'épuisement de la terre est presque total. Le désert a avancé. Les ressources naturelles, si généreuses, ont été anéanties.
La catastrophe est d'une dimension incalculable : le fleuve Sénégal qui avait, en 1960, un débit de 24 000 millions de mètres cubes, avait baissé, en 1983, à seulement 7 000 millions de mètres cubes. La couverture végétale du territoire mauritanien était de 15 % en 1960, et avait chuté à 5 % en 1986. En Côte d'Ivoire, exportateur de bois précieux, la superficie des forêts est tombée de 15 millions d'hectares, en 1950, à seulement 2 millions, en 1986. Au Niger, 30 % des sols cultivables ont été abandonnés et le rendement par hectare des cultures de céréales est passé de 600 kilos en 1962 à 350 en 1986. En 1983, l'ONU chiffrait à 150 kilomètres par an l'avancée du désert saharien vers le sud.([21])
Les paysans sont expulsés de leurs régions d'origine et ils s'agglutinent dans les grandes villes dans d'horribles camps de bidonvilles. «Lima, qui fut la cité jardin des années 40, a vu se tarir ses eaux souterraines et est envahie par le désert. De 1940 à 1981 sa population s'est multipliée par 7. Aujourd'hui, avec 400 kilomètres carré de superficie et un tiers de la population péruvienne, l'oasis s'est couverte d'ordures et de béton. (...) Dans la décharge du Callao, des enfants pieds nus et des familles entières travaillent au milieu d'un enfer où l'odeur est insupportable et où pullulent des millions de mouches. » ([22])
« Le capital aime ses clients pré-capitalistes comme l'ogre aime les enfants : en les dévorant. Le travailleur des économies précapitalistes qui a eu "le malheur de toucher au commerce avec les capitalistes" sait que tôt ou tard, il finira, dans le meilleur des cas, prolétarisé par le capital, dans le pire - et c'est chaque jour le plus fréquent depuis que le capitalisme s'enfonce dans la décadence- dans la misère et l'indigence, au milieu des champs stérilisés, ou marginalisés, dans les bidonvilles d'une agglomération.» ([23])
Cette incapacité à intégrer les masses paysannes dans le travail productif est la manifestation la plus évidente de Péchec du capitalisme mondial. Son essence même est de généraliser le travail salarié, en arrachant les paysans et les artisans à leurs vieilles formes de travail pré-capitalistes et en les transformant en ouvriers salariés. Cette capacité de création de nouveaux emplois s'enlise et recule à Péchelle mondiale tout au long du 20e siècle. Ce phénomène se manifeste de façon criante dans les pays neufs : alors qu'au 19e siècle, le chômage moyen était en Europe de 4 à 6 %, et pouvait être résorbé après les crises cycliques, aujourd'hui, dans les pays du « tiers-monde », le chômage est monté à 20 ou 30 %, il s'est transformé en un phénomène permanent et structurel.
Les premières victimes de la décomposition mondiale du capitalisme
Les premières victimes de l'entrée du capitalisme, depuis la fin des années 1970, dans son ultime étape de décomposition mondiale, ont été toute cette chaîne de « jeunes nations», qui, dans les années 1960-70, nous étaient présentées par les champions, « libéraux » ou staliniens, de l’ordre bourgeois comme les « nations du futur ».
L'effondrement des régimes staliniens depuis 1989 a rejeté au second plan de l'actualité la situation épouvantable dans laquelle s'enfoncent ces « nations du futur ». Les pays qui étaient sous la botte stalinienne appartiennent au peloton des pays arrivés trop tard sur le marché mondial et manifestent les mêmes caractéristiques que les a pays neufs» du 20e siècle, bien que leurs spécificités ([24]) ont rendu leur effondrement beaucoup plus chaotique et lui ont donné une répercussion historico-mondiale incalculablement supérieure, surtout au niveau de l'aggravation du chaos impérialiste. ([25])
Pourtant, sans
sous-estimer les particularités des pays staliniens, les autres pays
sous-développés présentent les mêmes caractéristiques de base quant au chaos,
à l'anarchie et à la décomposition généralisée.
L'explosion des Etats
En Somalie, les chefs
tribaux du Nord annonçaient le 24 avril 1991 la partition du pays et la
création de l'Etat de « Somaliland». L'Ethiopie est démembrée : le 28 mai,
l'Erythrée se déclare souveraine. Le Tigre, les Oromes, l’Ogaden, échappent
totalement au contrôle de l'autorité centrale. L'Afghanistan a été divisé en
quatre gouvernements différents, chacun contrôlant ses propres territoires :
celui de Kaboul, l'islamiste radical, l'islamiste modéré et le Chiite. Presque
deux tiers du territoire péruvien sont dans les mains des gangs du trafic de
drogue et des mafias des guérillas du Sentier Lumineux ou de Tupac Amaru. La
guerre au Libéria a fait 15 000 morts et provoqué la fuite de plus d'un million
de personnes (sur une population totale de 2,5 millions). L'Algérie, avec
l'affrontement ouvert entre le FLN et le FIS (qui couvre un affrontement
impérialiste entre la France
et les USA) plonge dans le chaos.
L'effondrement de l’armée
Les révoltes de soldats au Zaïre, l'explosion de l'armée ougandaise en multiples bandes qui terrorisent la population, la gangstérisation généralisée des polices en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud, expriment la même tendance, bien que de manière moins spectaculaire, que l'actuelle explosion de l'armée de l'ex-URSS.
La paralysie générale de l’appareil économique
L'approvisionnement, les transports, les services, s'effondrent totalement et l'activité économique se réduit à sa plus simple expression : dans la république Centrafricaine, Bangui, la capitale, « a été complètement isolée du reste du pays, l’ex-métropole coloniale vit des subsides que lui accorde la France et du trafic de diamants. » ([26])
Dans ces conditions, la faim, la misère, la mort se généralisent, la vie ne vaut rien. A Lima des hommes et des femmes de forte corpulence sont séquestrés par des bandes qui les assassinent et vendent leur graisse à des entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques américaines ! En Argentine, un demi-million de personnes survit de la vente de foies, reins et autres viscères. Au Caire, un million de personnes vivent dans les tombes du cimetière copte. Les enfants sont enlevés en Colombie ou au Pérou pour être envoyés dans des mines ou dans des exploitations agricoles où ils travaillent dans des conditions d'esclavage telles qu'ils meurent comme des mouches. La chute du prix des matières premières sur le marché mondial a conduit le capitalisme local à ces pratiques atroces pour compenser la baisse de ses profits. Au Brésil, l'impossibilité d'intégrer les nouvelles générations au travail salarié a développé la sauvagerie de bandes de policiers et de vigiles qui se livrent à l'extermination rémunérée de gosses des rues embrigadés dans les gangs mafieux de trafics de toutes sortes. La Thaïlande est devenue le plus grand bordel du monde, et le SIDA se généralise : 300 000 cas en 1990 ; on en prévoit deux millions pour l'an 2000.
La vague d'émigration qui s'est accélérée depuis 1986 en provenance de l'Amérique Latine, de l'Afrique et de l'Asie, sanctionne la faillite historique de ces nations et, à travers elle, la faillite du capitalisme.
La désintégration des structures sociales, nées comme les cellules dégénérées d'un corps mortellement malade, le capitalisme décadent, vomit littéralement des masses humaines qui fuient le désastre, affluant vers les vieilles nations industrielles, lesquelles, confirmant leur stagnation économique, ont depuis longtemps « affiché complet », et ne tiennent, vis-à-vis de ces masses affamées, que le langage de la répression, de la mort, de la déportation.
L'humanité n'a pas besoin de nouvelles frontières, mais de l'abolition de toutes les frontières
Les «nouvelles nations» du 20e siècle n'ont pas grossi les rangs prolétariens, mais, ce qui est le plus dangereux pour la perspective révolutionnaire, elles ont placé le prolétariat de ces pays dans des conditions de fragilité et de faiblesse extrêmes.
Le prolétariat est une minorité dans l'immense majorité des pays sous-développés : il constitue à peine 10 à 15 % de la population, contre plus de 50 % dans les grands pays industrialisés. De plus, il est très dispersé dans des centres de production éloignés des centres névralgiques du pouvoir politique et économique et n'a pas autant d'expérience politique de la confrontation comme classe à la bourgeoisie que dans les pays les plus développés. Il vit le plus souvent immergé dans une masse immense de marginalisés et de lumpen très vulnérables aux idéologies les plus réactionnaires et qui influent très négativement sur lui.
D'un autre côté, la forme dans laquelle se manifeste la faillite du capitalisme de ces pays y rend beaucoup plus difficile la prise de conscience du prolétariat :
-domination irrésistible des grandes puissances impérialistes, ce qui favorise l'influence du nationalisme ;
-corruption généralisée et gaspillage invraisemblable des ressources économiques, ce qui obscurcit la compréhension des véritables racines de la crise capitaliste ;
-domination ouvertement terroriste de l'Etat capitaliste, même lorsqu'il se donne une façade « démocratique », ce qui donne plus de poids aux mystifications démocratiques et syndicales ;
- formes particulièrement barbares et archaïques d'exploitation du travail, ce qui rend plus forte l'influence du syndicalisme et du réformisme.
Comprendre cette situation ne signifie pas nier que ces ouvriers, comme partie inséparable de la lutte du prolétariat mondial ([27]), ont la force et la potentialité de lutter pour la destruction de l'Etat capitaliste et pour le pouvoir international des conseils ouvriers : « La force du prolétariat dans un pays capitaliste est infiniment plus grande que sa proportion numérique dans la population. Et il en est ainsi parce que le prolétariat occupe une position clé au coeur de l'économie capitaliste et aussi parce que le prolétariat exprime, dans le domaine économique et politique, les intérêts réels de l’immense majorité de la population laborieuse sous la domination capitaliste. » (Lénine)
La vraie leçon est que l'existence de ces « nouvelles nations », au lieu d'apporter quelque chose à la cause du socialisme, a eu l'effet exactement inverse : elle a créé de nouveaux obstacles, de nouvelles difficultés pour la lutte révolutionnaire du prolétariat.
« On ne peut pas soutenir, comme le font les anarchistes, qu'une perspective socialiste restait ouverte quand bien même les forces productives seraient en régression. Le capitalisme représente une étape indispensable et nécessaire pour l'instauration du socialisme dans la mesure où il parvient à développer suffisamment les conditions objectives. Mais, de même qu'au stade actuel il devient un frein par rapport au développement des forces productives, de même la prolongation du capitalisme, au delà de ce stade, doit entraîner la disparition des conditions du socialisme C'est en ce sens que se pose aujourd'hui l'alternative historique : socialisme ou barbarie. » ([28])
Les « nouvelles nations » ne favorisent ni le développement des forces productives, ni la tâche historique du prolétariat, ni la dynamique vers l'unification de l'humanité. Au contraire, elles sont, comme expression organique de l'agonie du capitalisme, une force aveugle qui entraîne la destruction des forces productives, des difficultés pour le prolétariat, la dispersion, la division et l'atomisation de l'humanité.
Adalen, 8 février 1992.
[1] Rosa Luxemburg, La crise de la social-démocratie, chap. 7.
[2] Internationalisme, Rapport sur la situation internationale, juin 1945.
[3] Revue Internationale n° 31, Le prolétariat d'Europe de l'Ouest au coeur de la généralisation internationale de la lutte de classe.
[4] Revue Internationale n°23, La lutte du prolétariat dans la décadence du capitalisme.
[5] Idem.
[6] Bilan n°11, Crise et cycles dans l'économie du capitalisme à l'agonie.
[7] El Estado del mundo, 1992.
[8] Idem.
[9] Révolution Internationale n° 10 : L'Inde : un cimetière à ciel ouvert.
[10] Idem.
[11] Les faits ont été tirés des statistiques sur les armées mentionnées dans la publication annuelle El estado del mundo, 1992. Le choix des pays et le calcul des moyennes sont de notre fait.
[12] Revue Internationale n° 19 : Sur l'impérialisme.
[13] Idem.
[14] Revue Internationale n° 60 : Thèses sur la crise économique et politique des pays de l'Est.
[15] Faits tirés de la publication annuelle El estado del mundo, 1992.
[16] El estado del mundo, 1992.
[17] Revue Internationale n° 24 : Notes sur la question agraire et paysanne.
[18] Idem.
[19] El estado del mundo, 1992.
[20] Faits tirés du livre de René Dumont Pour l'Afrique, j'accuse.
[21] Faits tirés du livre de R. Dumont.
[22] De l'article «Le choiera des pauvres» publié par El Pais du 27 mai 1991.
[23] Revue Internationale n° 30 : Critique de Boukharine, 2e partie.
[24] Voir les « Thèses sur la crise économique et politique des pays de l'Est » dans la Revue Internationale n 60.
[25] D'un autre côté, l'identification stalinisme = communisme qu'emploie aujourd'hui la bourgeoisie pour convaincre les prolétaires qu'il n'y a pas d'alternative à l'ordre capitaliste, est plus persuasive si elle amplifie les phénomènes de l'Est et relativise ou banalise ce qui arrive dans les nations du « tiers-monde ».
[26] El estado del Mundo, 1992.
[27] Le centre de la lutte révolutionnaire du prolétariat est constitué par les grandes concentrations ouvrières des pays industrialisés : voir, dans la Revue internationale n°31, « Le prolétariat d'Europe occidentale au centre de la généralisation de la lutte de classe ».
[28] Internationalisme n°45 : L'évolution du capitalisme et la nouvelle perspective.