Soumis par Révolution Inte... le
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Nous avons choisi de publier de larges extraits d’une présentation orale faite en avril par une participante du Comité de lutte Saint-Sernin et de l’assemblée populaire Ponzan à Toulouse, qui sont nés au cours des luttes de l’automne 2010 contre la réforme des retraites. Ces assemblées sont parvenues à rédiger, le plus collectivement possible étant donné la diversité des intervenants, une brochure qui tire un premier bilan de cette expérience riche de promesses pour l’avenir. Nous partageons l’espoir de la camarade que de nombreux contacts prennent plaisir à lire ce document, mais aussi nous les incitons à le diffuser, à en débattre et à en discuter le plus largement possible autour d’eux.
Nous sommes un certain nombre d’individus, militants ou non, à s’être réunis lors du mouvement social de cet automne. Nous avons tenté de proposer une alternative aux formes d’expression et d’organisation proposées traditionnellement par les partis politiques et les syndicats. Nous avons essayé de permettre à chacun de s’exprimer en dehors de la censure de la parole que nous impose la société. Cela a pris la forme d’assemblées populaires en fin de manifestations, de rassemblements, d’écriture de tracts, de participation à des blocages devant des entreprises. Toutes ces actions étaient décidées collectivement. Elles ont été menées à l’initiative du Comité de lutte de Saint-Sernin (des grévistes qui se réunissaient tous les soirs de la semaine devant la Bourse du travail, puis aux Pavillons sauvages les mardis soirs) et l’Assemblée populaire Ponzan (réunions les dimanches aux jardins de Ponzan puis à la Chapelle). Avec la fin du mouvement, les deux assemblées ont continué à se réunir et, comme elles partageaient beaucoup de choses, elles se sont fondues en une seule assemblée pour faire le bilan des expériences vécues, d’où la production d’une brochure qui recueille des témoignages individuels et collectifs, fruit de ce travail en commun.
Nous sommes venus ce soir dans un lieu (...) tout à fait adéquat pour parler de nos ressentis concernant l’injustice, le besoin de créer ensemble et de témoigner de nos réflexions, de notre expérience collective pour restaurer la dignité, pour se dire qu’il est possible de construire différemment de ce que nous propose ce monde moribond !
Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est parce que nous avons conscience qu’une lutte contre les injustices et l’oppression s’est engagée un peu partout dans le monde et que chacun d’entre nous est concerné. Ici, il ne s’agit pas d’une affaire de spécialistes mais de nous rapproprier la parole, savoir être à l’écoute des autres, avec pour objectif de contribuer à mettre fin à ce monde qui crée des inégalités. À notre niveau et avec beaucoup d’humilité, nous avons essayé de développer de nouvelles formes d’organisation, dont les assemblées populaires sont une expression. Quant on voit ce qui s’est passé sur la place Tahrir en Egypte, on se rend compte qu’au delà des différences apparentes, les mêmes besoins créent des volontés communes de se réunir, de prendre en charge nous-mêmes nos revendications, bref, de défendre notre dignité ! Dans cette aventure humaine qui dure depuis plusieurs mois, chacun de nous s’est interrogé. Car dans ces moments forts de l’histoire, de nombreuses questions émergent. Elles peuvent concerner une collectivité : Qui sommes-nous ? Contre qui ou quoi nous battons-nous ? Quelle(s) stratégie(s) devons-nous adopter ? Quels seront nos alliés dans cette bataille ? Quels sont ceux qui voudront nous mettre des bâtons dans les roues ? Comment s’y prendront-ils ? Comment anticiper cela et partager l’esprit de notre travail commun ? Ou bien toucher à notre intimité : Qu’est-ce que je défends ? Comment ai-je l’intention de me rendre utile ? Quelle est ma place dans ce groupe ? Est-ce que je m’y sens à l’aise ? Est-ce que je communique avec les autres comme je le voudrais ?
Certains ont peut-être douté face à l’ampleur de la tâche et les risibles moyens dont nous disposons pour nous en acquitter. On se sent alors découragé, isolé, tout petit et impuissant. D’autres auraient préféré que les choses aillent plus vite et ils n’ont plus trouvé d’intérêt à nous rejoindre et ils sont partis. Mais tous ont contribué, pendant un instant, à créer cet espace de discussion libre, d’expression de nos peurs, de nos idées, de nos points de désaccord et de nos espoirs. Nous avons appris à nous connaître au-delà des apparences, des barrières sociales et des préjugés. Nous nous sommes découverts dans nos différences, et ensemble, nous avons été capables de produire une brochure afin d’immortaliser ces réflexions. Elle n’est pas parfaite. Mais elle a le mérite d’être authentique. Nous avons voulu situer notre expérience collective de participation au mouvement social de cet automne dans le fil historique de la lutte en France depuis le xixe siècle, parce que conserver la mémoire du passé, c’est se préserver des écueils de l’oubli. Inscrire notre action dans un contexte historique, c’est donner une âme à ce mouvement qui semble encore fragile, c’est lui montrer sa force à travers les âges pour qu’il grandisse à nouveau. Et cela nous permet d’avoir une vision plus étendue du chemin parcouru et de celui qu’il reste encore à faire. Nous avons besoin de savoir où nous en sommes. C’est pourquoi chacun de ceux qui le souhaitaient a pu apporter sa contribution personnelle, un témoignage de son expérience et de son ressenti dans son propre langage, souvent avec humour et parfois de manière poétique. Nous espérons que vous prendrez plaisir à lire ce document comme nous avons pris plaisir à le composer. (...)