Expulsion de sans papiers à Calais : la jungle, c'est le capitalisme

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Le 22 septembre, suivi par une cohorte de journalistes armés de leurs caméras, un grand spectacle médiatique était organisé par le gouvernement à Calais pour l’évacuation programmée de “la jungle”, refuge de milliers de migrants entassés misérablement sous des planches et des toiles de tentes, survivant péniblement grâce à quelques bénévoles.

On a pu voir l’évacuation musclée d’un camp d’êtres humains, traqués et pourchassés comme des animaux nuisibles, désignés avec mépris sous le terme de “clandestins” comme s’ils s’agissaient de délinquants. Leur crime ? Avoir voulu fuir la misère ou la guerre, souvent les deux, de leur pays d’origine, en ayant tout quitté au péril de leur vie, pour échouer dans ces bidonvilles. Tous poursuivent le même rêve : ils cherchent obstinément à gagner l’Angleterre où ils espèrent trouver du travail et, pour cela, tentent de s’embarquer à bord de camions lors des contrôles de passage au port malgré les dissuasives fouilles minutieuses. Ce sont donc ceux-là qui étaient attendus par tous ces charognards de journaleux en quête de scoop grâce à l’intervention massive des forces de l’ordre. Spectacle ignoble, digne de celui que nous avons connu récemment lors de l’expulsion violente de ces émigrés, femmes et enfants compris, qui s’étaient réfugiés dans les locaux de la CGT et qui ont été jetés de force sur le pavé par les gros bras de ce syndicat, sous l’œil compatissant de la bourgeoise de droite comme de gauche.

A l’issue de ce cirque médiatique, la plupart de ces déshérités ont été capturés pour se retrouver parqués ailleurs dans des centres de rétention, dans l’attente de leur expulsion définitive. Ceux qui n’ont pas été pris continueront à se cacher dans les dunes de sable qui entourent Calais ou à errer aux abords de la ville, quitte à crever sur le trottoir.

Comme toujours, l’hypocrisie de la bourgeoisie est sans limite. On a ainsi pu entendre et lire Eric Besson, transfuge du Parti “socialiste” et ministre de l’immigration en exercice, répétant que toute cette opération avait pour but, non pas de lutter contre les émigrants mais contre les passeurs. Sortez vos mouchoirs !

Faire donner 500 CRS contre moins de 300 personnes (la plupart Afghans) dont plus de la moitié sont mineures, des enfants, est sans aucun doute un super-coup porté aux trafiquants de vie humaine, trafiquants protégés par les mafieux des pouvoirs publics, ceux-là même qui vendent d’autres enfants et des adolescentes, filles et garçons, aux réseaux de prostitution de toute l’Europe ! A qui cet hypocrite veut-il faire avaler une telle ineptie ? La destruction au bulldozer de cette “jungle”, comme après la fermeture du camp de Sangatte en 2004, n’empêchera pas ces malheureux, qui n’ont de toute façon aucun autre choix, de revenir dans les parages, avec bien d’autres.

En réalité, cette expulsion spectaculaire et militarisée à l’extrême traduit en premier lieu la volonté de la bourgeoisie française de ne plus accepter sur son sol de candidats à l’immigration. Cette intervention et cette mise en scène ont pour objectif de signifier que la politique de répression et d’expulsion va être rigoureusement et fortement renforcée. Avec la montée en masse du chômage et de la misère, la bourgeoisie française veut autant que possible se débarrasser d’un maximum de ces gens totalement indésirables. Le message est clair, il se résume en quelques mots : “Allez crever ailleurs !” De plus, cette politique de fermeté vient rappeler à tous que le gouvernement s’occupe de manière décidée de la sécurité du territoire.

Cette écœurante et déplorable mise en scène est révélatrice une fois de plus du degré d’inhumanité des gouvernements et des serviteurs zélés du capitalisme.

Tino (25 septembre)


Géographique: