Manifestation des lycéens à Lyon : des provocations policières pour tenter de pourrir le mouvement

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Nous publions ci-dessous un compte-rendu à chaud qui nous a été transmis par des militants du CCI qui, lors de la diffusion de leur presse dans une manifestation lycéenne à Lyon, ont pu constater à la fois l'inquiétude de ces jeunes pour leur avenir, leur combativité et les provocations policières qui tentent ainsi de pourrir le mouvement.

Compte-rendu

Le 18 décembre 2008, s'est déroulée à Lyon, comme dans beaucoup d'autres villes en France, une manifestation de lycéens et de collégiens, rassemblant largement plus de 9000 personnes. Tous ces jeunes exprimaient ainsi leur rejet des réformes du gouvernement et du Ministre de l'éducation, le tristement célèbre Darcos. Mais comme au moment de la lutte contre le CPE en 2006, les jeunes générations manifestaient surtout ici, par leur lutte, leur angoisse pour un avenir qu'ils ressentent à juste titre comme de plus en plus bouché, incertain et précaire. Cette manifestation se déroulait de manière résolue, mais sans aucune violence d'aucune sorte. Et contrairement à ce que disent déjà certains journaux bourgeois comme Libération (qui, sous le titre « Lycéens et policiers blessés en marge de la manif à Lyon », publie une photo d'une voiture en flamme avec, en arrière fond, une poignée de jeunes casseurs... photo censée résumer cette journée), la manifestation n'a pas dégénéré parce que les jeunes auraient incendié une voiture ou jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Tout cela est faux ! Tout se passait calmement quand, sans aucun avertissement, sans aucune provocation de la part des lycéens, les forces de répression, CRS en tête, ont commencé brutalement à bombarder la manifestation de bombes lacrymogènes, provoquant une fuite panique chez la plupart de ces jeunes manifestants dont la moyenne d'âge ne devait pas dépasser 15 ou 16 ans ! Pratiquement toutes les rues étaient barrées par des rangs de CRS, bouclier en avant et matraque au poing. Seules quelques rues étaient laissées libres.

Quant à la voiture incendiée, c'est l'acte d'une petite poignée de jeunes ''casseurs", largement en marge du cortège. La véritable violence est venue clairement d'ailleurs, des forces de répression de la bourgeoisie. Et la question à se poser est la suivante : pourquoi cette violente attaque de la part des CRS ? Le premier effet des différentes charges policières a été visible immédiatement : panique, fuite et éparpillement de la majorité des lycéens. La manifestation s'est donc arrêtée là. Toute possibilité de se rassembler sur une grande place pour parler tous ensemble de la suite à donner au mouvement, comme par exemple de prendre la décision d'aller discuter avec les étudiants des facultés de Lyon et de chercher leur solidarité, était ainsi réduite à néant.

Mais plus encore, ces méthodes policières de répression ne sont en fait que de la provocation et de l'intimidation : si les lycéens, ulcérés par cette attaque, s'étaient eux-mêmes réellement battus contre les CRS, ou avaient REELLEMENT participé à des dégradations ou destructions importantes de voitures ou de biens publics, que n'aurait-on pas lu ou entendu ce soir dans les journaux, sur les radios et autres chaînes de télévision ! Il aurait été alors encore plus facile de présenter les manifestants comme des bandes de délinquants violentes organisée et autres casseurs. Pour tous ces lycéens (manifestant d'ailleurs pour certains pour la première fois), pour leurs parents, pour les travailleurs solidaires comme les enseignants, le message et clair : «  Si vous manifestez, c'est à vos risques et périls, c'est dangereux ». Voilà l'objectif de fond d'une telle violence : distiller la peur pour qu'une grande partie de ces futurs chômeurs restent prudemment chez eux, malgré leur colère et leur frustration. Voilà le message qui leur est directement destiné. Heureusement, contrairement aux mensonges des journalistes, ces lycéens ne sont pas tombés dans la provocation. Une mère de famille participant à cette manifestation n'en croyait pas ses yeux, devant l'ampleur de la violence policière. Elle se proposait même d'aller, inquiète de la tournure prise par les événements, parler aux CRS afin de tenter de les raisonner et pour qu'ils cessent leurs provocations.

Une première leçon doit être tirée immédiatement de tout cela, car ce genre de manœuvre va se reproduire à l'avenir : en cas de provocation policière et si l'on ne peut pas rester tous ensemble dans la rue ou sur une place en fin de manifestation, il est nécessaire de prévoir à l'avance des lieux où l'on puisse se retrouver le plus massivement possible pour discuter. Cette information peut tout à fait être diffusée au départ de la manifestation ou même pendant son déroulement.

L'autre enseignement majeur de cette expérience concerne l'ensemble des luttes futures. Comme lors de la manifestation du 18 décembre à Lyon, il ne faut absolument pas tomber dans la provocation de la violence policière recherchée par l'Etat pour discréditer le mouvement lycéen et étudiant qui se développe, pour l'isoler de l'ensemble des prolétaires. Ce que le pouvoir et le gouvernement craignent en définitive le plus, c'est notre force de classe collective, notre capacité de réflexion pour agir de manière solidaire et massive.

Lyon (18 décembre)


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