Crise financière : toujours plus de misère

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Tout irait très bien. Ce ne serait pas grave. Il ne faudrait pas s’affoler. Que de discours hypocrites et mensongers. La bourgeoisie le mois dernier, au moment où éclatait la nouvelle phase d’accélération de la crise économique mondiale du capitalisme, appelée crise des “subprimes”, désirait à tout prix nous vendre sa salade idéologique, qui se voulait tout particulièrement rassurante. La crise financière ne serait que passagère. Elle serait même salutaire et souhaitable, afin de corriger certains excès spéculatifs de quelques requins de la finance mal intentionnés. Seulement voilà, depuis lors et en quelques semaines seulement, la réalité est venue balayer en un tour de main tous les discours de ces bonimenteurs appointés par la bourgeoisie.

En effet, il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour voir cette crise de l’endettement et du crédit se propager à toute l’économie. Comme il était prévisible que l’économie américaine entrerait alors très rapidement en récession. Ceci est déjà un fait acquis. Dans ce pays, l’économie perd 100 000 emplois par mois. Les employés des banques sont fortement touchés, et les licenciements massifs pleuvent quotidiennement.1 D’ailleurs, même en Suisse, pays symbole de l’aisance du niveau de vie en régime capitaliste, les licenciements sont à l’ordre du jour, comme vient de l’annoncer l’organisme bancaire le Crédit Suisse. Aux Etats-Unis, dans le seul secteur de la construction, les suppressions de postes se chiffrent d’ores et déjà par dizaines de milliers. Ce secteur est, sans aucun doute pour le moment, le plus touché par la crise. Les constructions de bâtiments et de maisons neuves face à un stock croissant d’invendus, viennent de connaître un violent ralentissement, alors que ce secteur était un des piliers majeurs de la croissance. L’inhumanité et l’indifférence de la bourgeoisie n’ayant pas de limite quand il s’agit de son intérêt, ce sont près de 500 000 ouvriers émigrés travaillant dans ce secteur qui ont vu brutalement leur emploi supprimé. Ces travailleurs de nationalité mexicaine vont se voir, eux et leurs familles lorsque celles-ci ont pu les rejoindre aux Etats-Unis, reconduire à la frontière sans autre forme de procès. Cette pratique infecte de la part de la bourgeoisie préfigure le type de comportement dont est capable cette classe d’exploiteurs, lorsqu’elle n’a plus besoin des ouvriers. Mais le prix que doit dès maintenant payer la classe ouvrière à la crise capitaliste ne s’arrête pas là !

Dans le capitalisme, rien n’est jamais garanti à la classe ouvrière

 Qui aurait pu imaginer il y a quelques semaines encore, voir des ouvriers former des files d’attentes dans les rues devant des agences bancaires, venir dès l’aurore tenter de retirer en catastrophe leurs économies de toute une vie ? Ceci se passe aujourd’hui à Londres devant les succursales de la Northern Rock, huitième institution financière d’Angleterre et troisième plus gros prêteur sur le marché immobilier. Incapable de rembourser sa montagne de dettes, cette institution financière en appelait à la banque d’Angleterre et au gouvernement afin de ne pas se retrouver instantanément en faillite. Ceux-ci se portaient immédiatement garants et assuraient publiquement que tous ceux qui avaient déposé de l’argent dans cette banque seraient remboursés intégralement. En fait, tous ces capitalistes se moquent totalement qu’après une vie de travail et de privation, des milliers d’ouvriers se retrouvent du jour au lendemain sans un sou. Leur peur est ailleurs. Nothern-Rock n’est que la première victime après Countrywide aux Etats-Unis et plusieurs autres banques en Allemagne, de cette crise généralisée de l’endettement et du crédit. Ce que craignent tous ces messieurs, c’est l’effet de contagion. Toutes les banques partout dans le monde en grands prédateurs qu’elles sont, ont plus ou moins utilisé les économies déposées à leurs guichets afin de spéculer sans vergogne, prenant toujours plus de risques afin de ramasser toujours plus gros. Pire encore, s’endettant elles-mêmes à tour de bras, elles ont poussé encore et encore à ce que des familles ouvrières avec de tout petits salaires s’endettent sans limite pour consommer. Que se passerait-il si tous ceux qui ont placé leurs économies en banque, pris de panique à juste titre, se précipitaient à tous les guichets pour réclamer leur argent ? Malgré les promesses de la bourgeoisie, rien ne leur serait rendu. C’est pour cela qu’il y a des files d’attentes devant la Northern Rock.

C’est bien face à la crainte des faillites de tout le système bancaire que la bourgeoisie a réagi. En Grande-Bretagne et à l’image des Etats-Unis, la dette des ménages est supérieure à 100% du produit intérieur brut et est constituée à 80% par les emprunts immobiliers. Autrement dit, tout le travail accumulé pendant un an dans tout ce pays, sans rien consommer ne suffirait même pas à rembourser ! Après l’explosion de la bulle spéculative et immobilière en août aux Etats-Unis et en attendant celle des autres pays développés, c’est maintenant au tour de l’Angleterre de connaître le même sort.

La fuite en avant du capitalisme dans l’endettement s’accélère

Les principales banques centrales du monde et notamment la Réserve fédérale américaine ainsi que la Banque centrale européenne avaient déjà injecté au mois d’août des sommes colossales pour soutenir l’économie et empêcher autant que possible les faillites à la chaîne.

Mais tout cela n’a pas suffi. Au cours des dernières semaines les bourses étaient toujours à la baisse et l’activité américaine en plein ralentissement. La banque centrale américaine a alors baissé en une seule fois le taux auquel elle prête de l’argent à toutes les banques et autres institutions de crédit de 0,50 point de base. En termes clairs, et comme par magie, elle vient de créer artificiellement une somme colossale d’argent nouveau, qu’elle sort de nulle part si ce n’est de ses ordinateurs. De manière immédiate et à très court terme cela a certes un impact très limité sur l’économie. Mais cela n’empêchera pas la phase de crise actuelle de continuer à se développer. Bien plus, cette politique d’un endettement toujours plus profond et généralisé, qui est à la base de l’actuelle accélération de la crise, ne peut pour demain que préparer des catastrophes économiques toujours plus violentes et profondes.

Tino

 

1) Pour de plus amples informations sur la crise de l’endettement et du crédit, voir le numéro précédent de Révolution internationale (n° 382)

 

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