A gauche comme à droite, ils sont tous dans le camp du capital !

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La campagne électorale officielle pour les présidentielles en France ne commence que le 19 mars alors que depuis des mois tous les médias mettent le paquet et nous bourrent quotidiennement le crâne pour nous pousser vers les urnes, tentent de nous polariser sur de prétendus enjeux de société dont dépendrait ce "choix" pour l'avenir, à coups de shows télévisés, d'interviews, de débats, de commentaires, de sondages, de pronostics. La chaîne TF1 se félicite déjà de programmer huit fois plus de temps d'antenne pour ces élections qu'en 2002. Le dernier chic des candidats pour appâter le futur électeur, c'est de conclure un "pacte" avec les Français. La mode a été lancée par Nicolas Hulot avec son "pacte écologique", Sarkozy lui a emboîté le pas avec son "pacte républicain". Et voilà Ségolène Royal qui y va de son "pacte présidentiel". La montée en puissance de cette propagande s'est traduite ces dernières semaines par de spectaculaires "rebondissements" censés nous tenir en haleine : il y a eu "l'effet Ségolène", puis "l'effet Sarko", suivi de "l'effet Bayrou" dans les sondages. Sans oublier l'épouvantail Le Pen qui reste à l'affût… Et celui qui caracole en tête peut dégringoler du jour au lendemain, au gré des manipulations médiatiques de "l'opinion publique", maintenant intact cet "insoutenable suspense" à double détente : qui sera présent au second tour ? Qui sera le prochain président (ou la présidente) ? On voit ainsi Sarkozy se lancer dans des promesses sociales, Bayrou se présenter comme un "homme de gauche". Quant à l'ineffable Madame Royal, égérie de la "modernité", de l'écoute des aspirations populaires via ses "débats participatifs", qui ambitionne de devenir la première présidente de la République de l'histoire de France, après avoir martelé la nécessité de bousculer les conventions, elle finit par s'entourer de son pack d'éléphants du PS au grand complet, alors que la plupart d'entre eux, de DSK à Fabius en passant par Jospin, étaient naguère ses pires concurrents.

Et tous les candidats nous inondent de belles promesses. Alors qu'une flopée de "petits candidats" sont en chasse de parrainages, chacun des "grands", la main sur le cœur, se dit prêt à nous choyer (mais, attention, "sans tomber dans l'assistanat"), à nous sortir du marasme économique par le dynamisme de ses propositions, à nous donner un toit, à nous procurer du travail, à mieux nous payer, à mieux assurer notre protection et notre éducation. Le rêve ! Dans ce domaine, la candidate du PS n'hésite pas à faire de la surenchère, depuis son discours programme de Villepinte du 11 février, lançant les "100 propositions" de son pacte présidentiel, issu de ses 5000 débats de la "démocratie participative" jusqu'à sa prestation à l'émission de TF1 "J'ai une question à vous poser". Personne n'est oublié dans la distribution : du travail pour tous, hausse des salaires et du pouvoir d'achat, revalorisation des "petites retraites", des logements sociaux aux mal-logés, de l'insertion et de la formation pour "aider les jeunes", des crédits supplémentaires pour les éducateurs, les chercheurs, les enseignants, les fonctionnaires, les PME, les paysans, les artisans, les commerçants, les handicapés… Le tout ponctué par des envolées messianiques et patriotardes : "Je veux remettre la maison France debout (…). Je veux être la présidente de la France qui entreprend et qui gagne (…), il faut réconcilier les Français avec leurs entreprises (…). Je suis la mieux à même de relancer la machine économique."  Poudre aux yeux ! Et quelle "modernité", vraiment… : le recours à la vieille recette de la gauche qui lui a maintes fois servi déjà de pur leurre électoral : la relance de l'économie du pays par le développement de la "consommation populaire". Comme l'a souligné malicieusement un concurrent, "l'ordre juste", ce sera juste l'ordre ! Quant au reste, l'emprunt de mesurettes qui "marchent" dans d'autre Etats européens présentés comme modèles, ce ne sont que des gadgets destinés à masquer la détérioration globale des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière partout dans le monde. Et comment croire qu'un pays comme la France deviendrait d'un coup de baguette magique la locomotive de la relance mondiale ?

Loin du miroir aux alouettes de la "Ségosphère", tous les prolétaires seront confrontés dès demain, quel que soit l'élu de la République, à la même politique anti-ouvrière que son gouvernement mettra inévitablement en œuvre. Il n'y aura qu'un seul programme, le même à gauche ou à droite pour la classe dominante : attaquer la classe ouvrière toujours davantage.

Il n'y a même plus de trêve électorale à l'heure où Airbus-EADS, Alcatel-Lucent, PSA, etc. annoncent de nouvelles charrettes de milliers de licenciements. Il n'y a aucune illusion possible : passé le cirque électoral, les coupes budgétaires prévues seront appliquées, les suppressions d'emploi déjà annoncées dans la fonction publique seront effectives, la suppression des régimes spéciaux des retraites, la réduction des pensions et l'allongement de la durée des cotisations sont déjà sur leurs rampes de lancement, tous les budgets sociaux seront de plus en plus amputés, comme ailleurs. Les lois du capitalisme sont inexorables, poussant chaque capital national, chaque gouvernement à accroître toujours davantage la flexibilité et la précarisation du travail, à prescrire la réduction du coût du travail, la diminution des salaires et l'intensification de l'exploitation pour faire face à la concurrence. Et ce système fait tout pour masquer sa faillite qui se révèle dans son incapacité croissante à nourrir, à loger, à soigner ceux qu'il exploite ou licencie.

La classe ouvrière ne peut se permettre d'entretenir la moindre illusion sur une possibilité de voir son sort s'améliorer ni par les urnes, ni en faisant confiance à ceux qui prétendent répartir autrement les richesses. C'est exactement le contraire. Elle ne peut que s'enfoncer dans une misère de plus en plus insupportable. La voie électorale est un piège, une impasse totale depuis bien longtemps (voir l'article dans ce même numéro et dans Internationalisme no. 331). Seul le développement de ses luttes pour renverser ce système à l'échelle mondiale peut lui permettre de s'ouvrir une autre perspective.

Wim (24 février)

 

 

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