Soumis par Révolution Inte... le
L'année 2006 est venue confirmer l'existence d'une remontée significative de la combativité de la classe ouvrière et de ses luttes à l'échelle internationale. Il faut dire que partout dans le monde, ses conditions de vie se dégradent et que les attaques pleuvent. Tous les Etats, avec à leur tête des gouvernements de gauche comme de droite, que ce soit en Grande-Bretagne, en Chine, en Allemagne, au Brésil, en Argentine ou ailleurs, mènent une politique anti-ouvrière féroce. La faillite historique dans laquelle se trouve le capitalisme pousse la classe dominante de tous les pays à baisser le coût de la main d'œuvre, en diminuant les salaires réels et en augmentant les charges de travail. C’est un pur mensonge que de dire que les ouvriers anglais - dont 17 % vivent en dessous du seuil de pauvreté - espagnols, chinois ou américains peuvent espérer voir leur situation s’améliorer. La réalité, c'est bien que, sous le capitalisme, la misère s’aggrave et va continuer de s'aggraver partout pour la classe ouvrière. Il en est de même en France où tous les prolétaires sont touchés par des attaques incessantes : les actifs, les chômeurs, les retraités. L'accroissement de la précarité, les plans de licenciements, les suppressions de postes, le blocage des salaires, la chute de mois en mois plus dramatique du pouvoir d'achat, l'abandon des couvertures sociales, la détérioration accélérée des conditions de travail dans tous les secteurs, dans le public comme dans le privé, poussent partout les prolétaires à se mobiliser contre ces attaques. Ils n'ont pas d'autre choix.
Récemment encore au Brésil, la grève des employés de banques en a fourni une claire illustration (voir RI n°373, novembre 2006). De façon plus significative encore, une lutte comme celle qui s'est produite au mois de mai à Vigo, en Espagne, autour des métallurgistes et suivie en solidarité par les ouvriers des chantiers navals, a su pendant quelques jours rompre l'enfermement syndical et corporatiste par l'organisation d'assemblées générales en-dehors des usines et ouvertes à la population de la ville (voir Internationalisme n°326, juin 2006). Après des années sombres, sans réaction, la classe ouvrière est en train de retrouver progressivement le chemin de sa lutte et de reprendre en main l'organisation de ce combat.
Evidemment, la bourgeoisie a parfaitement conscience de cette dynamique. Partout, dans tous les pays, elle tente de l'endiguer en dévoyant la réflexion, en sabotant les luttes, et parfois même en les réprimant, comme à Oaxaca, au Mexique (voir RI n°374).
En France, la classe dominante déploie une énergie considérable pour endiguer toute éventuelle riposte du prolétariat. Sur le terrain de la lutte, ce sont les syndicats qui sont chargés de ce sale boulot. Encadrer et saboter les grèves ouvrières, voilà quelle est toujours et partout la fonction des syndicats. Depuis trois mois, ceux-ci égrènent un chapelet de journées d'action épuisantes, démoralisantes, tantôt à la SNCF, tantôt dans les transports publics de telle ou telle ville, tantôt chez les pompiers civils, tantôt chez les fonctionnaires, noyant, saucissonnant et isolant systématiquement chaque lutte avec des revendications spécifiques par centre, par secteur, par corporation, par catégorie. Ainsi, dans l'Education nationale, le grève du 18 décembre ne fut proposée qu'au seul corps enseignant, excluant d’emblée les personnels administratifs et de service, ainsi que (comme de bien entendu) tout le reste des travailleurs.
Mais la bourgeoisie ne se contente pas de diviser les ouvriers grâce à ses chiens de garde syndicaux. En permanence, elle leur bourre le crâne de sa propagande, martelant encore et toujours le même message : "Votez, votez et revotez !". Ainsi, après avoir confisqué aux ouvriers l'organisation de leur lutte, elle fait tout pour les empêcher de réfléchir par eux-mêmes. Depuis plus de six mois, il n'est question dans les médias que des échéances électorales d’avril 2007. Toute la bourgeoisie s'efforce de faire gober à travers cet intense matraquage idéologique, contre toute évidence, que le sort de la classe ouvrière dépendrait du "choix" de tel ou tel candidat. Un battage monstre est organisé partout pour pousser les nouvelles générations de prolétaires à aller s'inscrire sur les listes électorales ; les rappeurs, les chanteurs, les sportifs et artistes en tous genres font du racolage tous azimuts envers les "jeunes". Ils nous chantent sur tous les tons "si tu veux que ça change, mon pote, utilise ton bulletin de vote" (voir notre article dans ce même numéro).
Mais ce barouf n'a rien d'étonnant. Si la bourgeoisie française déploie autant d'effort à saboter les luttes au risque de décrédibiliser ses syndicats, à pourrir la réflexion en usant jusqu'à la corde la mystification électorale, c'est parce que c'est justement en France que s'est produite la lutte la plus importante pour le prolétariat, non seulement pour 2006, mais de ces vingt dernières années : le mouvement anti-CPE.
Toute la bourgeoisie est aujourd'hui liguée pour tenter d'effacer des mémoires qu'au printemps dernier, un mouvement social dont les méthodes de lutte et d'organisation s'inspiraient du meilleure de la tradition ouvrière a été capable de faire reculer les attaques gouvernementales non seulement en France, mais aussi en Allemagne où l'Etat a été obligé de freiner la mise en œuvre du frère jumeau du CPE par peur de voir le mouvement de lutte s’étendre.
Les luttes de 2006 constituent une expression de la maturation et du développement de la lutte de classe à l'échelle internationale. Alors que les conditions de vie et de travail des ouvriers partout dans le monde ne cessent de se dégrader, alors que l’avenir que nous offre le système capitaliste est chaque jour plus sombre, alors que la barbarie s’étend sur une partie toujours plus grande de la planète, la classe ouvrière et en particulier ses nouvelles générations ont mené des luttes qui montrent le chemin et indiquent comment développer le combat de classe contre le capitalisme ! Voilà pourquoi la bourgeoisie déploie une telle débauche d'énergie pour tenter de les faire oublier.
W (16 décembre)