Irak : Le capitalisme s'enfonce dans la barbarie guerrière

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 En Irak, un massacre en prépare un autre. Depuis début novembre, 1 200 insurgés de la guérilla irakienne et 51 soldats américains ont été tués, 400 autres blessés, au cours de l'offensive américaine d'envergure sur Fallouja mettant en oeuvre  les chars, les canons et l'aviation. Dans le même temps, attentats et répression aveugles continuent de semer la mort et la désolation dans le pays mis à feu et à sang. Si la guerre en Irak constitue actuellement un concentré de la barbarie guerrière du capitalisme, celle-ci est encore illustrée par tous les conflits qui ensanglantent la planète.

Aucun de ces conflits ne trouve de solution durable, comme le révèle, par exemple, la situation dans le Caucase ou encore dans les Balkans (dont on ne parle plus guère), une zone en grande partie ravagée et détruite qui connaît chaque jour des affrontements inter-ethniques directement attisés par la présence sur place des grandes puissances impérialistes. En revanche, il ne manque pas de facteurs d'aggravation du chaos. Ainsi la mort d'Arafat ouvre une période de guerre civile en Palestine qui, de surcroît, ne va en rien atténuer les antagonismes et les rivalités avec Israël (voir article page 8). Un nouveau foyer de tensions guerrières va probablement embraser la Côte d'Ivoire avec cette fois, en première ligne, la France, ce champion de la paix en Irak … pour contrer les ambitions américaines (voir l'article ci-dessous).

 

Une tentative désespérée de stabiliser la situation en Irak

C'est un fait indéniable, Fallouja va nécessairement être conquise par l’armée américaine. Dans un premier temps la ville a été prise sous un déluge de bombes et d’obus. Puis l’assaut a été donné. C’est le 8 novembre dernier que cette opération dénommé "Phantom fury" pour investir Fallouja a été déclenchée. Cette offensive contre la ville rebelle a commencé après le feu vert donné par le Premier ministre irakien lui- même, Iyad Allaoui, premier ministre d’un gouvernement intérimaire installé et maintenu au pouvoir par les Etats-Unis. De massacre dans la population civile, il n’en est pas question. La ville de Fallouja est aujourd’hui réduite à un tas de ruines, mais la population civile semble être (selon les medias bourgeois) totalement sortie indemne de tous les bombardements intensifs et de l’assaut progressant de maison en maison. Il est vrai que la plus grande partie de la population, terrifiée à juste titre par les annonces de l’offensive de l’armée américaine sur la ville, avait fui massivement en direction des campagnes alentour. Au retour de son exode, lorsque l’offensive sera terminée, cette population civile ne retrouvera qu’une ville totalement détruite, où le chaos et la guerre continueront à se développer. Cet assaut de l’armée américaine, cautionné idéologiquement par la participation de quelques milliers de soldats irakiens engagés à coups de dollars, a nécessité le bouclage des frontières avec la Syrie et la Jordanie, l’état-major américain craignant un afflux de combattants venant prêter main forte à la résistance sunnite à Fallouja. Le Los Angeles Times dans un éditorial affirme que " le pire aurait été de ne rien faire, et de céder la ville à la guérilla qui l’aurait érigé en exemple pour les autres villes irakiennes." Ainsi l’état-major de l’armée américaine aurait fait le choix le moins mauvais en attaquant la ville tout en sachant que "cette opération ferait des victimes, tout autant parmi les civils que chez les combattants, et pourrait soulever des réactions passionnées et enflammées chez les arabes bien loin de Fallouja et de l’Irak" (Ibid).

Les raisons profondes de cette offensive apparaissent clairement au grand jour dans la lettre du premier ministre irakien envoyé à Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, dans laquelle il affirme que : "Son gouvernement n’a pas d’autre choix que celui de prendre des mesures fermes et radicales pour venir à bout des violences qui risquaient de mener le pays vers des confrontations compromettant la tenue des élections." Il est en effet d’une extrême importance pour l’impérialisme américain que les élections devant se tenir dans quelques semaines puissent se dérouler dans une apparente sérénité et sécurité, permettant de les faire apparaître, de même que le gouvernement qui en sera issu, comme légitimes. Ce qui pourrait permettre aux Etats-Unis de tenter de crédibiliser idéologiquement un tant soit peu leur intervention militaire. De fait, la perspective de l’évolution de la situation dans ce pays est à l’exact opposé d’une pacification et d’une stabilisation impossibles. La guerre civile permanente qui règne dans le triangle sunnite, la répétition des offensives militaires dont il a été le théâtre ces derniers mois, l’offensive sur Samara au mois d’octobre, n’ont apporté aucune accalmie durable. L’invasion de Fallouja a d’ailleurs provoqué immédiatement une reprise de la violence et des accrochages militaires à Mossoul ainsi que des attentats terroristes et des prises d’otages dans l’ensemble du pays, y compris dans la région habitée majoritairement par les Chiites. Le Herald Tribune ne cache d’ailleurs pas la réalité : "La tenue d’élections est de moins en moins certaine…Les insurgés deviennent de plus en plus forts et audacieux. Si cette dynamique ne peut être renversée, Washington devra faire marche arrière et revoir ses objectifs de fond en comble."

Contrairement à ce qu’affirme la presse bourgeoise, il est plus que probable que l’enfoncement de l’impérialisme américain dans le bourbier irakien et son affaiblissement irréversible en tant que première puissance mondiale le poussent vers une fuite en avant militaire toujours plus incontrôlable. Il est à prévoir que la conférence internationale sur l’Irak en Egypte, qui doit se tenir le 25 novembre prochain et rassemblera tous les acteurs régionaux, les représentants de l’organisation de la conférence islamique, la Russie, les Etats européens ainsi que les Etats-Unis, ne sera qu’un marché de dupes où, derrière les discours diplomatiques officiels, s’exprimeront les appétits féroces et divergents de chacun des participants. L'Etat irakien est entrée dans un processus de décomposition irréversible, reflet du chaos qui gagne l’ensemble de la région y compris le Moyen-Orient. L’exécution macabre de 49 recrues de la pseudo- "nouvelle armée irakienne" le 29 octobre dernier en est une dramatique concrétisation. C’est le capitalisme comme un tout, en Côte d’Ivoire, en Irak et dans un nombre croissant de régions du monde qui est le seul responsable de cet effondrement de pans entiers de la planète dans un chaos de plus en plus sanglant.

Face au déchaînementd'un chaos sanglant, l'avenir est dans la lutte de la classe ouvrière

La faillite historique de ce système moribond ne peut que produire des situations comme en Irak, en Côte d’Ivoire, au Moyen-Orient ou au Darfour. Ce processus laissé à sa seule dynamique ne peut que se poursuive en submergeant d'autres pays de la région, tels que la Syrie ou l’Iran. La classe ouvrière et l'ensemble de l’humanité n’ont rien à espérer de la part de ce système en pleine putréfaction. Le seul avenir qu'il nous réserve, c'est une barbarie croissante.

Il n'existe qu'une seule perspective qui puisse mettre définitivement un terme à la folie meurtrière du capitalisme : le renversement de ce système décadent et la construction d'une autre société, sans classes et sans exploitation. Une société qui, en  abolissant les frontières nationales, mettra fin à la guerre et aux massacres. Une société que seul le prolétariat mondial est à même d'édifier. Parce qu'il est une classe exploitée et internationale, une classe qui n'a pas de patrie et qui subit partout les effets de la crise insoluble du capitalisme, le prolétariat détient entre ses mains l'avenir de l'humanité. Ce n'est qu'en unifiant ses luttes, en développant sa solidarité sur son propre terrain de classe que le prolétariat pourra remplir sa tâche historique de fossoyeur du capitalisme. 

L'enfer quotidien dans lequel sont plongées les populations en Irak comme au Moyen-Orient constitue un appel aux ouvriers des pays d'Europe occidentale.  C'est du développement de leurs combats, dans ces pays situés au coeur du capitalisme, que peut surgit une dynamique de luttes révolutionnaires vers le renversement du capitalisme. En ce sens, la seule solidarité que les prolétaires du monde entier peuvent apporter à leurs frères de classe des pays ravagés par la guerre, c'est de mener le combat contre les attaques que leur inflige "leur" propre bourgeoisie nationale, contre l'exploitation, le chômage et la misère.

Face à la guerre et à la crise du capitalisme, plus que jamais, la classe ouvrière doit faire vivre son mot d'ordre : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"     

 Tino (19 novembre)

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