Soumis par Révolution Inte... le
"Prolétaires,
serrez-vous la ceinture ! Travaillez plus, plus longtemps, soignez-vous
moins et moins bien ! Etc." Dans tous les pays, c'est le même
discours qui est tenu aux ouvriers, et les mêmes attaques qui
leur sont portées à travers l'adoption de "réformes"
qu'il fallait, nous dit-on, "avoir le courage de prendre".
Dans quel but ? Afin de "sauver l'accès pour tous à
une retraite digne, aux soins, etc." Au-delà de nuances
exprimées pour la forme, la gauche aussi bien que la droite soutiennent
ces paroles hypocrites destinées à faire passer une pilule
amère pour la classe ouvrière. Toutes les deux sont en
faveur de ces attaques et c'est de façon très conséquente
qu'elles en assument la mise en place lorsqu'elles se trouvent au gouvernement,
au moment où il s'impose de les prendre.
Un tel constat est tout à fait conforme à la nature bourgeoise
de ces partis. Si des "réformes" sont nécessaires,
c'est-à-dire s'il faut diminuer les dépenses affectées
à l'entretien de la force de travail, c'est bien dans l'intérêt
de l'économie nationale contre celui de la classe ouvrière,
en vue de maintenir la compétitivité nationale sur l'arène
internationale. C'est encore la même logique qui est à
l'œuvre lorsque, face à la contraction du marché
mondial, les entreprises se débarrassent d'une partie de leurs
effectifs alors que, dans le même temps, des mesures sont prises
partout pour revoir à la baisse les conditions d'indemnisation
du chômage. Ici aussi, droite et gauche sont en phase : après
les attaques contre l'indemnisation du chômage, au printemps dernier,
par l'Etat allemand, gouverné par la gauche, c'est au tour de
l'Etat français, gouverné par la droite, de radier par
milliers des ouvriers des listes du chômage, en application d'une
loi adoptée quelques mois auparavant.
L'évolution de la situation économique ne laisse pas d'autre
choix à la bourgeoisie de chaque pays que d'attaquer toujours
davantage les conditions de vie des prolétaires, ce qui à
terme ne peut qu'aggraver la crise. En effet, la misère croissante
dans laquelle la classe ouvrière est plongée va aussi
constituer une entrave à l'exploitation, et donc à l'accumulation
capitaliste, pour la simple et bonne raison qu'un ouvrier affaibli par
l'âge, la maladie ou la sous-alimentation peut d'autant moins
être productif qu'un ouvrier en bonne santé. C'est là
une illustration de l'impasse totale dans laquelle se trouve le capitalisme.
Le phénomène du chômage massif croissant en constitue
une autre, plus frappante encore. En rejetant du processus de production
une partie de ceux-là mêmes qui constituent la source presque
exclusive du profit, la bourgeoisie se prive de la richesse que pourrait
procurer leur exploitation. En quelque sorte, elle scie la branche sur
laquelle elle est assise. Alors que la fonction historique du capitalisme
avait été, pendant toute sa phase ascendante jusqu'au
début du 20e siècle, d'étendre les rapports de
production capitalistes à l'ensemble de la planète, à
travers un formidable développement des forces productives et
de la classe ouvrière, ce système constitue au contraire,
depuis qu'il est entré dans sa phase de décadence, une
entrave croissante à un tel développement. Ainsi donc,
le phénomène planétaire du chômage massif,
celui de la désindustrialisation des pays les plus développés,
n'ont d'autre cause que la crise irréversible du capitalisme.
Les contradictions insurmontables de ce système l'entraînent
à sa perte, et avec lui l'humanité tout entière.
En effet, la crise économique constitue le soubassement de toutes
les autres calamités qui menacent aujourd'hui la survie de l'humanité
:
- depuis l'entrée du capitalisme dans la période de décadence
au début du 20e siècle, la guerre et le militarisme expriment,
avant tout, la fuite en avant des différents pays face à
l'impasse économique dans un marché mondial saturé
; ils sont devenus le mode de vie permanent du capitalisme comme en
attestent les deux guerres mondiales et la chaîne ininterrompue
des conflits locaux, de plus en plus destructeurs, depuis la fin de
la Seconde Guerre mondiale ;
- dans sa fuite en avant, le capitalisme imprime sa marque à
toutes les sphères de l'activité humaine, y inclus ses
rapports avec la nature. C'est ainsi que, pour maintenir ses profits,
il se livre massivement, depuis plus d'un siècle, au saccage
et au pillage à grande échelle de l'environnement. Si
bien qu'aujourd'hui, sous l'effet de l'accumulation de pollutions de
tous ordres, le désastre écologique constitue une menace
tangible pour l'écosystème de la planète.
Afin d'éviter que l'aggravation de la crise et des attaques ne
favorise au sein de la classe ouvrière une remise en cause en
profondeur du système, la bourgeoisie tente de semer des illusions
dans la tête des prolétaires sur les bienfaits d'une future
reprise qui aurait comme condition "d'accepter les sacrifices aujourd'hui
afin que cela aille mieux demain". Cette vieille rengaine nous
est servie régulièrement par la bourgeoisie depuis les
années 1970, et depuis lors la situation n'a cessé de
se dégrader ! Ses fractions de gauche et d'extrême gauche
s'emploient à intoxiquer la conscience des prolétaires
en proclamant que des solutions sont possibles au sein du capitalisme,
notamment en redonnant à l'Etat le rôle plus central que
le libéralisme lui aurait confisqué. Une telle mystification
ne résiste pas à la réalité présente
où c'est l'Etat lui-même, avec à sa tête des
gouvernements de gauche comme de droite, qui orchestre les attaques
les plus massives contre la classe ouvrière depuis la fin des
années soixante.
La classe ouvrière ne peut et ne doit compter que sur ses propres
forces (et ses organisations révolutionnaires, aussi réduites
soient elles aujourd'hui), pour avancer dans la voie d'une résistance
croissante, à travers la lutte, aux attaques capitalistes et
prendre conscience de la nécessité de renverser ce système.
Ce n'est qu'ainsi qu'elle sera en mesure de s'affirmer comme la seule
force dans la société à même de présenter
une autre perspective à l'humanité que l'impasse et la
barbarie capitalistes.