Soumis par Révolution Inte... le
Bien que la guerre tende de plus en plus à être banalisée, à devenir une "habitude" et une fatalité à laquelle chacun est appelé à se résigner, elle suscite une inquiétude bien réelle dans la population, et notamment parmi la classe ouvrière.
- Vers où va le monde ?
- Existe-t-il une autre alternative historique face à l'aggravation inexorable des conflits impérialistes ?
Livré à sa propre dynamique, le capitalisme ne peut échapper à la guerre impérialiste. Tous les bavardages sur la paix, toute la prétendue "bonne volonté" de ceux qui nous gouvernent n'y peuvent rien et les périodes de "paix" ne sont que les moments où la bourgeoisie se prépare pour des affrontements encore plus destructeurs et barbares.
Depuis l'entrée du capitalisme dans sa période historique de décadence,
avec l'éclatement de la Première Guerre mondiale, les révolutionnaires
ont toujours dénoncé la guerre comme étant le mode de vie
permanent de ce système qui ne peut engendrer que des destructions de
plus en plus massives. A la suite de l'Internationale Communiste, le CCI a toujours
affirmé qu'avec la décadence du capitalisme s'était ouverte
"l'ère des guerres impérialistes et des révolutions
prolétariennes". La guerre impérialiste est, en ce sens,
la manifestation la plus significative de la faillite historique du mode de
production capitaliste. Elle met en évidence la nécessité
et même l'urgence du dépassement de ce mode de production avant
qu'il n'entraîne l'humanité dans l'abîme ou la destruction
définitive.
La classe ouvrière est le seul obstacle à la guerre
Contrairement au 19e siècle où la guerre, notamment les conquêtes coloniales, était le moyen indispensable au capitalisme lui ouvrant des possibilités de développement ultérieur, les guerres de la période de décadence du capitalisme sont l'expression du fait que ce mode de production a épuisé toutes ses possibilités d'expansion. La conquête de nouveaux marchés et des positions stratégiques par les grandes puissances ne peut qu'engouffrer dans l'abîme les forces productives et accumuler à un rythme accéléré ruines sur ruines. Contrairement aux guerres de la période ascendante du capitalisme qui ne touchaient que des zones limitées du globe et ne déterminaient pas toute la vie sociale de chaque pays, la guerre impérialiste du capitalisme décadent implique une extension mondiale et une soumission de toute la société à ses exigences, et en premier lieu évidemment de la classe productrice de l'essentiel de la richesse sociale : le prolétariat. C'est bien ce qu'ont tragiquement illustré les deux guerres mondiales du 20e siècle qui n'ont pu avoir lieu que grâce à l'embrigadement massif de la classe ouvrière comme chair à canon derrière les drapeaux nationaux.
C'est justement parce que la classe ouvrière est en première ligne des sacrifices imposés par la guerre impérialiste qu'elle porte en elle la fin de toutes les guerres et le seul avenir possible pour la société, le communisme. Exclu de toute propriété, n'ayant aucune patrie et aucun intérêt économique national à défendre, le prolétariat est la seule classe réellement internationale de la société. C'est la seule classe qui puisse donc offrir une perspective d'avenir à toute l'humanité en s'opposant à la tendance inéluctable du capitalisme vers la guerre, seule réponse que la bourgeoisie puisse apporter à l'aggravation de la crise de son système, une crise permanente et sans issue.
Ainsi, c'est la crise économique, et la capacité du prolétariat à y apporter sa propre réponse qui détermine l'évolution du cours historique. De sa capacité à réagir sur son propre terrain de classe aux attaques imposées par la crise du capitalisme, dépend l'alternative historique mise en évidence par les révolutionnaires depuis près d'un siècle : socialisme ou barbarie, révolution prolétarienne mondiale ou destruction de l'humanité.
Les deux holocaustes du siècle dernier ont révélé que la préparation de la guerre impérialiste suppose pour le capitalisme le développement d'une économie de guerre dont le prolétariat, évidemment, a supporté le plus lourd fardeau. Ainsi, c'est en luttant déjà contre les mesures d'austérité imposées par la bourgeoisie qu'il entrave ces préparatifs guerriers et qu'il fait la démonstration de son refus des sacrifices encore plus terribles exigés lors d'une guerre impérialiste. Pratiquement la lutte de classe, même pour des objectifs limités, représente pour le prolétariat, une rupture de la solidarité avec "sa" bourgeoisie nationale, solidarité que celle-ci lui demande justement dans la guerre. Les luttes ouvrières expriment également une tendance à la rupture avec les idéaux bourgeois comme la "légalité", la "patrie", "l'Etat démocratique", le faux "socialisme" pour la défense desquels la classe dominante a appelé les ouvriers dans le passé à se faire massacrer et à massacrer leurs frères de classe. La lutte de classe, contre l'austérité et l'exploitation capitalistes, permet enfin au prolétariat de se confronter aux ennemis dans ses rangs, les syndicats, afin de développer son unité qui constitue la condition indispensable de sa capacité à s'opposer, à l'échelle internationale, aux règlements de compte entre gangsters impérialistes.
Le prolétariat a empêché la 3e guerre mondiale
A l'issue de la période de reconstruction qui a suivi le second après-guerre, la classe ouvrière a repris le chemin de sa lutte contre le capitalisme dès les premiers signes du retour de la crise économique. Ainsi, la formidable grève générale de mai 68 en France et toute la vague de luttes ouvrières internationales qui l'ont suivie a montré que, après quatre décennies de contre-révolution triomphante, le géant prolétarien avait relevé la tête et avait montré sa détermination à résister à la dégradation de ses conditions de vie. La bourgeoisie n'avait plus les mains libres désormais pour déclencher une nouvelle guerre mondiale. En effet, dès la fin du deuxième conflit mondial, le partage du gâteau impérialiste entre les deux principales puissances militaires, l'URSS et les Etats-Unis n'était qu'une étape vers la préparation d'une troisième guerre mondiale. C'est bien ce qu'ont révélé tant le développement faramineux de la course aux armements que les tensions opposant les deux blocs impérialistes rivaux, celui de l'URSS et des Etats-Unis, à travers la multiplication des conflits guerriers en Asie, en Afrique et en Amérique latine. La "guerre froide" n'était rien d'autre qu'une étape vers une nouvelle guerre impérialiste généralisée. Les "trente glorieuses" résultant de la période de reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale n'étaient qu'une pause éphémère dans la descente inexorable du capitalisme dans l'abîme. Avec la fin de cette période de relative "prospérité", la dynamique même du capitalisme ne pouvait que pousser la bourgeoisie vers une nouvelle guerre mondiale, à bouleverser l'ordre des accords de Yalta à travers l'affrontement armé entre le bloc russe et le bloc occidental.
Et si cette 3e guerre mondiale n'a pas eu lieu, c'est bien parce que, suite au resurgissement de la lutte de classe à la fin des années 60, notamment dans les grandes métropoles d'Europe occidentale, la bourgeoisie n'a pas été en mesure d'imposer au prolétariat sa propre réponse au retour de la crise économique.
Dans le passé, le terrain principal sur lequel s'est décidé le cours historique était l'Europe (notamment ses grandes concentrations industrielles d'Allemagne, d'Angleterre, de France, d'Italie). C'est l'Europe qui a été le théâtre du déclenchement des deux guerres mondiales. C'est ce continent qui a constitué l'enjeu essentiel de l'affrontement entre les deux blocs impérialistes rivaux après 1945. C'est de l'extension de la révolution prolétarienne en Europe (et notamment en Allemagne) que dépendait l'avenir de la révolution d'Octobre 1917 en Russie. C'est donc le rapport de forces entre bourgeoisie et prolétariat en Europe qui détermine l'alternative historique : guerre mondiale ou victoire de la révolution prolétarienne.
La reprise de la lutte de classe dans la vieille Europe occidentale a ainsi
ouvert un nouveau cours historique, un cours aux affrontements de classe, radicalement
opposé et faisant obstacle à la dynamique du capitalisme vers
une nouvelle guerre mondiale. En effet, le fait que, grâce à sa
capacité à reprendre le chemin de ses combats de classe, le prolétariat
ait clairement manifesté sa capacité à refuser la logique
du capitalisme en crise (notamment les baisses de salaires et la perspective
d'un retour du chômage à la fin des années 60) signifiait
qu'il était encore moins disposé à accepter le sacrifice
ultime, celui de verser son sang sur les champs de bataille du capital. Par
ailleurs, si la bourgeoisie n'a pu embrigader la classe ouvrière dans
une troisième guerre mondiale, c'est parce qu'elle n'a pas été
en mesure d'infliger au préalable à la nouvelle génération
de prolétaires, qui n'a pas connu la période noire de la contre-révolution,
une profonde défaite idéologique et physique comme ce fut le cas
lors des deux guerres mondiales. Au contraire, aux cours des trois grandes vagues
de luttes ouvrières qui se sont déroulées pendant deux
décennies depuis Mai 68, non seulement la classe ouvrière des
pays centraux du capitalisme n'a pas manifesté une adhésion enthousiaste
aux idéaux bourgeois (tels la défense de "l'Etat démocratique",
"l'anti-fascisme" ou le mythe de la "patrie socialiste"
à l'Est), mais elle a eu tendance, au contraire, à se détourner
de ces mystifications qui avaient permis son embrigadement dans les deux guerres
mondiales :
- les mythes de "l'anti-fascisme" ou de la défense de la "patrie socialiste" ont fait long feu ne serait-ce que face à l'absence d'un "fascisme épouvantail" et à la mise à nu de la réalité de l'exploitation et de la terreur dans les pays de l'ex-bloc de l'Est ;
- la croyance en un progrès permanent et pacifique du capitalisme a été sérieusement ébranlée par plus d'un demi-siècle de barbarie aux quatre coins de la planète, et les illusions sur la "prospérité économique" qui se sont développées avec la reconstruction du second après-guerre ont été battues en brèche par le développement de la crise et la dégradation inexorable des conditions de vie de la classe ouvrière ;
- le chauvinisme, même s'il s'est maintenu d'une façon non négligeable parmi un certain nombre d'ouvriers, n'a plus le même impact que par le passé. Ses bases ont été sapées par le développement du capitalisme qui, chaque jour, abolit un peu plus les spécificités et les différences nationales. Dans la mesure où c'est au nom de l'intérêt national que la bourgeoisie demande de plus en plus de sacrifices aux ouvriers face à la crise, cet "intérêt national" va apparaître de plus en plus comme l'ennemi direct de leurs intérêts de classe exploitée ;
- la défense de la "démocratie" et de la "civilisation", qui a pris la forme des campagnes sur les "droits de l'homme", ne rencontre de succès important que parmi les habituels signataires de pétitions du milieu intellectuel, mais très peu parmi les nouvelles générations de prolétaires qui ne voient pas quel rapport il peut exister entre leurs intérêts et ces "droits de l'homme" que leurs promoteurs bafouent cyniquement ;
- les anciens partis ouvriers (PS et PC) ont depuis trop longtemps trahi la
classe ouvrière pour qu'ils puissent avoir un impact comparable à
celui du passé. De plus, ce sont ces partis qui ont eu, dans les années
70, et ont aujourd'hui encore, la tâche, dans la plupart des pays d'Europe
occidentale, de diriger des gouvernements et de porter les attaques directes
contre la classe ouvrière. Ce sont eux qui, au gouvernement, mènent
les croisades impérialistes de leur capital national.
Avec la fin de la reconstruction du second après-guerre, la bourgeoisie
ne disposait donc plus de cet atout considérable pour entraîner
le prolétariat derrière la défense du drapeau national.
Ainsi, du fait de l'usure des mystifications bourgeoises qui avaient permis
l'embrigadement de dizaines de millions d'ouvriers dans la guerre en 1914 et
1939, le prolétariat, en développant ses luttes de résistance
à la crise ouverte du capitalisme à la fin des années 60,
a constitué le seul et unique obstacle au déclenchement d'une
3e guerre mondiale.
La contre-offensive de la bourgeoisie n'a pas inversé le cours historique
Si, tout au long des années 70 et 80 la classe ouvrière, grâce
aux développement de ses luttes, a pu empêcher la bourgeoisie de
déchaîner une nouvelle guerre mondiale (laquelle aurait probablement
signifié la fin de l'humanité compte tenu de la puissance de destruction
des armements modernes), elle n'a pas trouvé la force d'affirmer sa propre
alternative historique : le renversement du capitalisme et l'instauration d'une
nouvelle société basée non sur l'exploitation et la recherche
du profit mais sur la satisfaction des besoins de l'humanité. Cette difficulté
résulte de plusieurs facteurs :
- la contre-offensive de la bourgeoisie au développement de la première vague de luttes de la fin des années 60 : le piège électoral qui a permis à la classe dominante de faire miroiter l'alternative de la Gauche au gouvernement en semant l'illusion que ces partis dits "ouvriers" allaient pouvoir améliorer le sort des prolétaires par une meilleure gestion de l'économie nationale. Les années 70 ont ainsi été des années d'illusion qui ont permis à la classe dominante de briser l'élan de la première vague de lutte ;
- la capacité de la bourgeoisie, du fait du rythme relativement lent de la crise, à freiner l'effondrement de son système en reportant ses effets les plus dévastateurs à la périphérie du capitalisme, c'est-à-dire dans les pays du tiers-monde ;
- la capacité de la classe dominante à saboter le développement de la lutte de classe, notamment à travers le déploiement des pièges les plus sophistiqués du syndicalisme. En particulier, alors que tout au long des années 70 et surtout des années 80 la confrontation répétée aux manoeuvres des syndicats avait conduit la classe ouvrière à tenter de briser l'encadrement syndical, à prendre elle-même ses luttes en main pour les élargir et les unifier, la bourgeoisie a développé l'arme redoutable du syndicalisme de base pour enfermer les ouvriers dans le carcan du corporatisme, empêcher l'extension et l'unification de leurs luttes ;
- le poids de près d'un demi-siècle de contre-révolution et l'oubli des expériences du mouvement ouvrier du passé qui s'est concrétisé par une difficulté de la classe ouvrière à se réapproprier sa propre histoire, ses propres méthodes de luttes et son expérience révolutionnaire des années 1917-23 ;
- la méfiance envers toute organisation politique (et notamment les organisations
révolutionnaires qui se revendiquent de la révolution d'Octobre
17) résultant du poids de la contre-révolution stalinienne qui
a permis à la bourgeoisie de véhiculer le plus grand mensonge
de l'histoire : l'identification du communisme au stalinisme.
Malgré cette gigantesque contre-offensive de la bourgeoisie mondiale, celle-ci n'est pas parvenue à inverser le cours historique aux affrontements de classe ouvert à la fin des années 60. Ainsi, les années 80 ont véritablement été les "années de vérité" venant confirmer l'incapacité de la bourgeoisie à apporter sa propre réponse à la crise. Des années de vérité parce que l'alternative historique - guerre généralisée ou révolution mondiale -non seulement est devenue plus claire mais était en un sens décidée par les événements de la décennie qui s'ouvrait. Et effectivement, les événements inaugurant cette décennie l'ont montré concrètement : d'un côté l'invasion russe en Afghanistan a mis cruellement en lumière la "réponse" de la bourgeoisie à la crise et ouvrait une période de tensions militaires aiguës entres les deux blocs impérialistes rivaux, d'un autre côté, la grève de masse des ouvriers de Pologne en août 80 faisait clairement entrevoir la réponse prolétarienne. Le mouvement des ouvriers de Pologne a montré comment le prolétariat pouvait se poser en force sociale unifiée capable non seulement de résister aux attaques du capital mais aussi de montrer la perspective du pouvoir ouvrier, un danger bien réel identifié par la bourgeoisie qui a mis de côté ses rivalités impérialistes pour étouffer le mouvement, en particulier par la mise en place du syndicat Solidarnosc. Cette grève de masse a apporté ainsi la preuve définitive que la lutte de classe est la seule force qui puisse constituer un frein à la guerre. En particulier, elle a montré que le bloc russe était incapable de répondre à la crise économique croissante par une politique d'expansion militaire. Il était clair que les ouvriers de l'ex-bloc de l'Est ne pouvaient absolument pas être enrôlés comme chair à canon dans une quelconque guerre future pour la gloire du "socialisme". Ainsi, la grève de masse en Pologne est venu confirmer la perspective historique ouverte par la grève générale de mai 68, celle de la confrontation entre les deux classes fondamentales de la société, la bourgeoisie et le prolétariat, dont dépend l'avenir de l'humanité.
Malgré les difficultés de la lutte de classe depuis l'effondrement du bloc de l'Est...
Confrontée à l'approfondissement de la crise économique, la lutte de classe, bien qu'elle ait continué à avancer tout au long des années 80 dans les pays centraux du capitalisme, malgré la défaite et la répression des ouvriers de Pologne, n'a pas réussi à se hisser au niveau requis pour que le prolétariat puisse s'affirmer en tant que force révolutionnaire. Bien que les combats de la classe ouvrière aient constitué un frein à la guerre, ils ne sont pas parvenus à dépasser le niveau de simples luttes défensives, de résistance aux attaques capitalistes. Cette situation où, face à une crise sans cesse plus profonde, ni la bourgeoisie, ni le prolétariat n'ont été en mesure d'apporter leur propre réponse aux convulsions du capitalisme, s'est traduite par un blocage de l'alternative historique "guerre mondiale ou révolution prolétarienne". Après 20 ans de crise ouverte, ce blocage a donné naissance au phénomène de décomposition, de pourrissement sur pied du capitalisme que nous avons mis en évidence à la fin des années 80. Cette décomposition a culminé dans les gigantesques événements de 1989 qui ont marqué l'ouverture définitive d'une nouvelle phase dans la longue chute du capitalisme en faillite, une phase durant laquelle tout l'édifice social a commencé à craquer, trembler et s'écrouler.
L'effondrement du bloc de l'Est et des régimes staliniens a donné
un coup d'arrêt à la dynamique générale de la lutte
de classe ouverte depuis mai 68. Il a permis à la bourgeoisie de développer
toute une série de campagnes autour du thème de la "mort
du communisme" et de la "fin de la lutte de classe" qui ont profondément
affecté la capacité de la classe ouvrière à développer
ses luttes dans la perspective de la construction d'une nouvelle société,
à se présenter en force autonome et antagonique au capital, ayant
ses propres intérêts à défendre. Le fait que la lutte
de classe n'ait joué aucun rôle dans l'effondrement du stalinisme
a profondément entamé la confiance en soi du prolétariat.
Sa combativité et sa conscience ont toutes deux subi un recul considérable,
permettant à la bourgeoisie de regagner du terrain. Ainsi, la classe
dominante des pays centraux du capitalisme a pu profiter de ces événements
pour développer ses campagnes sur les "bienfaits" du capitalisme
démocratique à l'occidentale présenté comme la seule
alternative possible à la terreur stalinienne. Sur le terrain de la lutte
de classe, elle a pu de nouveau profiter de la perte de confiance en soi de
la classe ouvrière pour remettre en selle ses syndicats (et, plus généralement,
l'idéologie syndicaliste) qui ont pu faire un retour triomphal (notamment
lors des grèves de l'automne 95 en France -cf. notre brochure Luttes
dans la fonction publique de décembre 95) comme "seuls et véritables
défenseurs des intérêts ouvriers".
Néanmoins, le profond recul que le prolétariat a subi avec les
campagnes sur la "faillite du communisme", n'a nullement remis en
cause le cours historique aux affrontements de classe ouvert à la fin
des années 60.
... l'avenir appartient toujours au prolétariat
Et si aujourd'hui la bourgeoisie des grandes puissances "démocratiques" s'engage, derrière le gendarme américain, dans des guerres toujours plus sanglantes, comme on l'a vu avec celle du Golfe, au Kosovo et maintenant en Afghanistan, ce n'est pas parce qu'elle aurait emporté l'adhésion enthousiaste des grandes masses ouvrières d'Europe occidentale. Le fait que ce ne soient pas des ouvriers en uniformes, enrôlés derrière les drapeaux nationaux, mais des troupes professionnelles qui sont mobilisées dans ces nouveaux massacres, signifie que le prolétariat n'a pas capitulé devant la logique barbare du capital et qu'il n'est pas disposé à verser son sang pour servir les croisades "humanitaires" de "sa" bourgeoisie nationale au nom du "droit international" ou de "la lutte contre le terrorisme". Bien qu'il ne soit pas en mesure aujourd'hui de freiner le déchaînement des massacres et qu'il assiste, impuissant, à cette orgie des hyènes impérialistes, il détient toujours la clef de la situation historique. L'avenir de l'humanité est toujours entre ses mains.
Malgré toutes les difficultés auxquelles elle a été confrontée pour développer ses luttes depuis l'effondrement du bloc de l'Est et le profond recul qu'elle a subi dans sa conscience, la classe ouvrière n'est pas défaite. De plus, toutes les mystifications que la bourgeoisie a mises en avant depuis dix ans ont été rapidement balayées une par une par l'accélération de la crise économique et la multiplication de conflits guerriers. Il en est ainsi du mensonge du "nouvel ordre mondial", de "l'ère de paix et de prospérité" que le capitalisme à l'occidental était censé offrir à l'humanité après l'effondrement de "l'Empire du Mal". Il en est ainsi également du mythe des "guerres propres" et "humanitaires" que les Etats-Unis et leurs acolytes européens ont essayé de nous faire avaler depuis la guerre du Golfe. Aujourd'hui, la croisade "humanitaire" pour libérer le monde du terrorisme montre encore plus ouvertement le vrai visage de la "civilisation" bourgeoise. Elle met de plus en plus clairement en lumière le cynisme sans nom de ces grandes puissances démocratiques qui, au nom de la "paix" et de la "liberté des peuples", massacrent les populations civiles, les terrorisent, les condamnent à l'exode massif en les livrant à la famine et aux épidémies. A tel point que les médias eux-mêmes sont obligés aujourd'hui de reconnaître que les représailles de l'Oncle Sam en Afghanistan vont se solder par une véritable "catastrophe humanitaire".
Plus la bourgeoisie est poussée à s'engager dans des aventures
militaires de plus en plus sanglantes, plus elle dévoilera aux yeux du
prolétariat la barbarie sans fin du capitalisme.
Ainsi, l'aggravation de la crise économique et la multiplication des
croisades militaires des grandes démocraties d'Europe et d'Amérique
ne pourront que continuer à révéler au grand jour la faillite
irrémédiable du capitalisme et constituer pour le prolétariat
un facteur de prise de conscience de la nécessité d'en finir avec
ce système.
Avec le recul de sa conscience résultant des campagnes anticommunistes qui ont suivi l'effondrement du bloc de l'Est, le prolétariat a pris un retard considérable. Alors que le capitalisme s'enfonce chaque jour plus dans le chaos et la barbarie, le prolétariat n'a pas encore retrouvé le chemin de sa perspective révolutionnaire. Mais ce profond recul ne signifie nullement que le cours aux affrontements de classe soit remis en cause. En effet, la gravité de la situation historique ouverte avec l'effondrement du stalinisme a suscité au sein d'une minorité de la classe ouvrière une réflexion en profondeur qui a conduit un certain nombre d'éléments en recherche à se rapprocher des positions révolutionnaires, et même à y adhérer. Cela confirme que la situation actuelle contient aussi des potentialités pour une prise de conscience de la faillite du capitalisme et de la nécessité de la révolution communiste, même si cette prise de conscience est aujourd'hui encore très minoritaire.
De plus, avec l'aggravation des attaques contre ses conditions de vie, avec les vagues de licenciements massifs qui vont accompagner la récession, le prolétariat dans son ensemble n'aura pas d'autre alternative que de développer ses luttes. Ce n'est que dans et par la lutte qu'il pourra retrouver son identité de classe, reprendre confiance en lui-même, en ses propres forces, et dans la perspective historique que portent ses combats. La crise reste, aujourd'hui plus que jamais, la meilleure alliée du prolétariat.
CF